[n° ou bulletin] est un bulletin de / Alexandre Lacroix (2011)Titre : | N°146 - Février 2021 - 2021. On improvise! Comment agir dans l'incertitude | Type de document : | texte imprimé | Année de publication : | 2021 | Importance : | 98 p. | Présentation : | ill. en coul. | Format : | 29 cm | Langues : | Français (fre) | Catégories : | Philosophie
| Tags : | Improvisation covid-19 (vaccin) Descartes laïcité | Index. décimale : | 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique | Note de contenu : | 2021, on improvise ! Comment agir dans l’incertitude
Numéro 146 - Février 2021
QUE VA-T-IL SE PASSER EN 2021 ?
La pandémie va-t-elle refluer ? Y aura-t-il de nouvelles vagues ? Reviendra-t-on au monde d’avant ? Ou de grands bouleversements politiques, économiques et sociaux vont-ils changer la donne ? On n’en sait rien. Alors ? On improvise !
ÉDITO
Article 3 min
À même la blessure
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Deux histoires d’improvisation appartenant à la légende dorée du jazz me tiennent à cœur. Lorsque Miles Davis enregistra, avec ses musiciens, la bande-son du film de Louis Malle Ascenseur pour l’échafaud lors d’une session qui commença à 9 heures du soir dans les studios ..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Peut-on ne plus aimer la philosophie ?”
Charles Pépin 14 janvier 2021
— Question d’Enzo Labetoulle
“Peut-on ne plus aimer la philosophie ?”
REPÉRAGES
Article 1 min
L’image/Écrire, dit-iel
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
L’écriture inclusive, avec son accumulation de points et de tirets, vous rebute ? Tristan Bartolini, étudiant à la Haute École d’art et de design (HEAD) de Genève, a une solution : le jeune designer a mis au point une police de caractère, « l’inclusif-ve », pour signaler ..
L’image/Écrire, dit-iel
Article 1 min
Le mot/Lassitude
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
“Je sais votre lassitude, vos doutes, vos souffrances” — Jean Castex, au cours d'une conférence de presse, le 10 décembre 2020 “La lassitude est à la fin des actes d’une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience” ..
Article 1 min
La notion/Syndémie
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
« Le Covid-19 n’est pas une pandémie », affirmait il y a peu Richard Horton, rédacteur en chef de la plus célèbre revue médicale, The Lancet. Certes, sa propagation est devenue un problème mondial (du grec pan-, « tout »). Mais le virus a également profité de l’en..
La notion/Syndémie
Article 1 min
Le chiffre/300 millions de dollars
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
Ce serait le montant déboursé par Universal Music Group pour acquérir le répertoire de Bob Dylan – environ 600 titres. Une somme considérable, à la hauteur du talent et de la notoriété du chanteur, lauréat du prix Nobel de littérature en 2016. Pourtant, la quantification de la valeur d�..
Article 2 min
Le décryptage/Quand on aime, on compte
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
Les Français sont nuls en maths : au lendemain de la publication, en novembre dernier, des résultats de la dernière enquête internationale Timss sur l’acquisition des compétences en mathématiques et en science, la presse titrait à l’unisson. Indéniablement, le niveau hexagonal en la ma..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Le localisme est-il de gauche ou de droite ?
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
Le 15 novembre 2020, deux élus proches du Rassemblement national ont fondé le Parti localiste. Quelles sont les racines de ce courant de pensée prônant un retour à la terre ? Et pourquoi semble-t-il attirer les extrêmes ?
Le localisme est-il de gauche ou de droite ?
Article 3 min
Qu’est-ce qu’une “conviction philosophique” ?
Nicolas Tenaillon 14 janvier 2021
Le gouvernement vient d’autoriser la collecte de fichiers de police et de gendarmerie comprenant les « convictions philosophiques et religieuses ». Mais que révèlent nos convictions sur ce que nous sommes ?
Qu’est-ce qu’une “conviction philosophique” ?
Article 3 min
Yves Sintomer : “La participation citoyenne est réduite à un rôle consultatif”
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
Pourquoi seule une petite partie des 149 mesures issues de la Convention citoyenne pour le climat a été retenue pour élaborer le projet de loi destiné à assurer la transition écologique ? L’analyse du politologue Yves Sintomer.
Yves Sintomer : “La participation citoyenne est réduite à un rôle consultatif”
Article 3 min
“Cyberpunk 2077” : retour vers le futur ?
Nicolas Gastineau 14 janvier 2021
Le dernier blockbuster en date du jeu vidéo imagine notre futur avec une vision héritée des années 1980. Une manière de regarder l’avenir avec des yeux dans le dos ?
“Cyberpunk 2077” : retour vers le futur ?
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
Batteries et grosses caisses
Sven Ortoli 14 janvier 2021
Première automobile à dépasser les 100 km/h, la Jamais contente, prototype belge de voiture électrique, était équipée de batteries d’une autonomie de 89 km. Elle a atteint les 109 km/h en 1899. En 1900, on comptait 1 500 voitures électriques et 1 500&nb..
Batteries et grosses caisses
RENCONTRE
Article 5 min
Le Covid-19 à l’épreuve de la collapsologie
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Fondateurs de cette théorie de l’effondrement, Raphaël Stevens et Pablo Servigne viennent de faire paraître l’ouvrage collectif Aux origines de la catastrophe (Les Liens qui libèrent). Ils tentent d’y repérer les causes, proches ou lointaines, de la crise écologique. Une méthode que nous leur avons proposé d’appliquer au cas particulier de la pandémie de Covid-19.
Le Covid-19 à l’épreuve de la collapsologie
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Kombucha. Les ferments de la rébellion
Tobie Nathan 14 janvier 2021
Bio et bonne pour la santé ! Cela suffit-il à expliquer le succès viral de cette boisson pétillante ? Non, car son mode de fabrication quasi magique en fait aussi une arme de résistance face à la standardisation du monde.
Kombucha. Les ferments de la rébellion
REGARDS
9 articles
Covid-19 : les philosophes face au vaccin
Publié le 14 janvier 2021
L’un des grands enjeux de l’année 2021, ce sont les campagnes de vaccination contre le Covid-19. Viendront-elles à bout de la pandémie ? Permettront-elles un retour à la « vie d’avant » ? Leur efficacité sera-t-elle annulée par l’opposition de la population, notamment en France où 6 Français sur 10 n’ont pas l’intention de s’y soumettre ? Si la vaccination n’est pas obligatoire, elle devient une affaire de choix personnel. Un choix aux dimensions à la fois éthiques et politiques. Nous avons demandé aux philosophes s’ils comptaient, ou non, se faire vacciner, et quels principes guidaient leur attitude. Il en résulte un pluralisme de voix qui va bien au-delà de l’opposition caricaturale entre pro- et antivaccin.
Covid-19 : les philosophes face au vaccin
Article 4 min
Philippe Huneman : “J’hésite et attends d’en savoir davantage”
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Spécialiste de philosophie des sciences, Philippe Huneman soulève une question cruciale : les vaccins contre le Covid-19 prochainement mis sur le marché ne feront-ils qu’empêcher le développement de la maladie ou préviendront-ils également sa transmission ?
Philippe Huneman : “Je prendrai des informations très précises avant de me faire vacciner”
Article 3 min
Pascal Bruckner : “Avec le vaccin, je rêve du miracle de la normalité retrouvée”
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
L’essayiste a réfléchi à la condition des personnes âgées, à ces dernières décennies de la vie en lesquelles il voit une “brève éternité”. Moraliste à la plume acérée, il récuse l’idée que la politique sanitaire aurait sacrifié la jeunesse.
Pascal Bruckner : “Avec le vaccin, je rêve du miracle de la normalité retrouvée”
Article 3 min
Catherine Malabou : “Nous sommes au seuil d’une révolution biotechnologique”
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Passionnée par les recherches en épigénétique, la philosophe estime que les craintes concernant les vaccins à ARN messager sont infondées. Au contraire, ils ouvrent la voie à de nouveaux traitements.
Catherine Malabou : “Nous sommes au seuil d’une révolution biotechnologique”
Article 2 min
Markus Gabriel : “Si les ‘antivax’ sont trop virulents, il faudra rendre la vaccination obligatoire !”
Svenja Flaßpöhler 14 janvier 2021
Mais comment peut-on être “antivax” ? C’est la question que se pose ce penseur prodige de la philosophie allemande, alors que près de la moitié de ses compatriotes se montrent sceptiques face à la vaccination.
Markus Gabriel : “Si les ‘antivax’ sont trop virulents, il faudra rendre la vaccination obligatoire !”
Article 2 min
Alexis Lavis : “Le rapport au vaccin est très différent en Chine”
Michel Eltchaninoff 14 janvier 2021
Philosophe français enseignant à Pékin, grand connaisseur du bouddhisme et du taoïsme, il fait le point sur la situation en Chine, pays qui a contrôlé la pandémie par la distanciation, et ne planifie pas de vaccination.
Alexis Lavis : “Le rapport au vaccin est très différent en Chine”
Article 1 min
Francis Wolff : “C’est d’abord par honte que j’irai me faire vacciner”
Martin Legros 14 janvier 2021
Le philosophe et professeur émérite de l’École normale supérieure plaide pour un retour à la raison et à l’esprit des Lumières.
Francis Wolff : “Je suis en colère contre les ‘antivax’, qui accroissent l’irrationnalisme et l’anti-humanisme”
Article 2 min
Angélique del Rey : “Je préfère attendre, en appliquant le principe de précaution”
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Pour la philosophe, notre volonté d’en finir au plus vite avec le Covid-19 ne doit pas faire l’économie d’une analyse des risques préalables à la modification génétique du vivant.
Angélique Del Rey : “Cette pandémie devrait être l’occasion de réfléchir différemment à la santé humaine”
Article 3 min
Vanessa Nurock : “En adoptant la logique du care, on se défait du fantasme de maîtrise absolue”
Anne Robin 14 janvier 2021
Maîtresse de conférences à l’université Paris-8, chercheuse au laboratoire d’études de genre et de sexualité (Legs), elle a travaillé sur les théories de la justice et les éthiques du care. Elle expose la pertinence de ces approches face à la pandémie de Covid-19.
Vanessa Nurock : “En adoptant la logique du care, on se défait du fantasme de maîtrise absolue”
Article 2 min
Guillaume le Blanc : “Accepter la vaccination, c’est assumer l’intégralité de nos vulnérabilités”
Anne Robin 14 janvier 2021
Professeur à l’université Paris-Diderot et directeur du laboratoire du changement social et politique (LCSP), il a beaucoup travaillé sur la justice sociale et réfléchit ici en termes de relations.
Guillaume le Blanc : “Accepter la vaccination, c’est assumer l’intégralité de nos vulnérabilités”
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Captcha, l’attrape-humains ?
Isabelle Sorente 14 janvier 2021
Pour prouver notre humanité, il suffirait de cliquer sur les images représentant un feu de circulation. Mais, avec ces tests, n’est-ce pas nous qui servons désormais d’outils à la machine… et aux Gafa ?
Captcha, l’attrape-humains ?
DOSSIER
6 articles
2021, on improvise ! Comment agir dans l’incertitude
Publié le 14 janvier 2021
Que va-t-il se passer en 2021 ? La pandémie va-t-elle refluer ? Y aura-t-il de nouvelles vagues ? Reviendra-t-on au monde d’avant ? Ou de grands bouleversements politiques, économiques et sociaux vont-ils changer la donne ? On n’en sait rien. Alors ? On improvise ! C’est pourquoi ce dossier n’est pas construit comme les autres. Nous avons mis dans un chapeau cinq questions cruciales, liées aux difficultés de l’art d’improviser. Chaque journaliste était libre de choisir un format pour répondre à la question posée : reportage, entretien, rencontre... Une seule contrainte, de place : nous aurions quatre pages pour traiter chaque question. Cédric Enjalbert a tiré du chapeau : « Improviser, en quoi est-ce différent de s’adapter ? » et « Peut-on vivre sans planifier ? ». Alexandre Lacroix est tombé sur : « Peut-on improviser en morale ? », Michel Eltchaninoff sur : « Comment créer en direct ? » et Martin Legros sur : « L’Univers est-il une vaste improvisation ? ». Un dossier à lire dans n’importe quel ordre, pour commencer l’année de n’importe quel pied…
2021, on improvise ! Comment agir dans l’incertitude
Article 6 min
Renverser Descartes
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Vivre est une incessante improvisation. Certes, mais alors d’où vient notre difficulté à nous adapter aux imprévus, aux aléas et aux crises  ? Et si c’était la faute au cogito ?
Renverser Descartes
Article 9 min
Adapte-toi si tu peux !
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Improviser, en quoi est-ce différent de s’adapter ? Et si la crise n’avait pas seulement créé l’obligation d’improviser mais surtout exacerbé une injonction plus ancienne, celle de devoir s’adapter ? Trois philosophes évaluent cette hypothèse : Barbara Stiegler, Miguel Benasayag et Frédéric Worms.
Adapte-toi si tu peux !
Article 9 min
L’éthique dans le feu de l’action
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Peut-on improviser en matière de morale ? Pilotes, militaires, travailleurs de l’humanitaire… Certaines personnes sont amenées, dans des situations exceptionnelles, à prendre des décisions éthiques cruciales. Comment faire pour agir dans l’instant et ne pas se tromper ?
L’éthique dans le feu de l’action
Article 10 min
Et si on tapait un bœuf ?
Michel Eltchaninoff 14 janvier 2021
Comment créer en direct ? Pour le savoir, nous sommes partis dans le Morvan assister à un cours d’improvisation de jazz. Une séance pleine de moments de grâce, pour atteindre des instants rares, sans préméditation ni traces.
Et si on tapait un bœuf ?
Article 10 min
François Jullien. L’art d’agir sans méthode
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Peut-on vivre sans planifier ? Alors que la crise compromet nos projets, bouscule nos calendriers et nous oblige à réviser nos organisations, doit-on aussi revoir complètement nos façons de vivre et de penser ? Le philosophe spécialiste de la pensée chinoise François Jullien, auteur d’une Politique de la décoïncidence, nous éclaire sur la stratégie à adopter.
François Jullien. L’art d’agir sans méthode
Article 9 min
Louis Armstrong a-t-il provoqué le big-bang ?
Martin Legros 14 janvier 2021
L’Univers est-il une vaste improvisation ? Pour répondre à cette question, il faut oser penser le cosmos comme un morceau de jazz, prendre quelques notes de métaphysique et redessiner notre carte du monde. Vous êtes prêt ?
Louis Armstrong a-t-il provoqué le big-bang ?
ENTRETIEN
Entretien 17 min
Catherine Kintzler : “Le dépaysement offert par le savoir est un appel d’air, une renaissance”
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Philosophe de terrain, Catherine Kintzler est passionnée de rugby et d’opéra. Mais elle est aussi l’une des grandes voix de la laïcité. L’entendre, alors que le projet de loi contre le séparatisme doit arriver à l’Assemblée nationale en février, permet de raison garder sur un sujet brûlant.
Catherine Kintzler : “Le dépaysement offert par le savoir est un appel d’air, une renaissance”
LE CLASSIQUE SUBJECTIF
3 articles
Gilles Deleuze vu par Pierre Ducrozet
Publié le 14 janvier 2021
Gilles Deleuze est l’un des philosophes qui a le plus écrit sur la littérature. En retour, il inspire nombre de romanciers. Parmi eux, Pierre Ducrozet. Pour lui, Deleuze, infatigable inventeur de concepts et penseur du devenir, permet de défricher de nouvelles façons d’écrire un monde toujours plus en mouvement.
Pierre Ducrozet : “Deleuze est un moteur pour la création”
Article 11 min
Pierre Ducrozet : “Deleuze est un moteur pour la création”
Victorine de Oliveira 14 janvier 2021
Gilles Deleuze est l’un des philosophes qui a le plus écrit sur la littérature. En retour, il inspire nombre de romanciers. Parmi eux, Pierre Ducrozet. Pour lui, Deleuze, infatigable inventeur de concepts et penseur du devenir, permet de défricher de nouvelles façons d’écrire un monde toujours plus en mouvement.
Pierre Ducrozet : “Deleuze est un moteur pour la création”
Article 3 min
Gilles Deleuze commenté par Pierre Ducrozet
Victorine de Oliveira 14 janvier 2021
L’extrait de Gilles Deleuze « Un livre n’a pas d’objet ni de sujet, il est fait de matières diversement formées, de dates et de vitesses très différentes. Dès qu’on attribue le livre à un sujet, on néglige ce travail des matières, et l’extériorité de leurs relations. O..
Article 5 min
La fabrique des concepts
Victorine de Oliveira 14 janvier 2021
Gilles Deleuze, qui définissait la philosophie comme « l’art de former, d’inventer, de fabriquer des concepts », a vu les siens connaître un succès inhabituel. Sans doute qu’ils semblent aujourd’hui d’une pertinence rare, peut-être encore plus que de son vivant.
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi sommes-nous fascinés par les faits divers ?
Hannah Attar 14 janvier 2021
Ils font les gros titres, mais les « chiens écrasés » ont mauvaise presse. Et s’ils présentaient un intérêt philosophique ? Pour en témoigner, faites entrer ces quatre penseurs !
Pourquoi sommes-nous fascinés par les faits divers ?
Article 1 min
Mokita
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Du cancer d’un président à la patate qui sert de nez à un collègue, il n’est pas rare que nous nous interdisions d’aborder un sujet délicat, pourtant connu de chacun. Le kilivila, l’une des langues de Papouasie-Nouvelle-Guinée, possède ..
Article 2 min
Espoir
Anne Robin 14 janvier 2021
Votre souhait le plus cher est de comprendre cette notion ? Ces classiques vous exaucent.
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Une religion sans dogme est-elle possible ?
Nicolas Tenaillon 14 janvier 2021
Analyse des termes du sujet « Religion » Doctrine fondée sur la croyance en une ou plusieurs divinités, institution gardienne de cette doctrine, ensemble de rites relatifs à une réalité sacrée. « Dogme » Affirmation tenue pour indiscutable imposée par une autorité religieuse à laquelle les fidèles doivent adhérer. « Possible » Logiquement envisageable, c’est-à-dire : non contradictoire, mais aussi légitime.
LIVRES
Article 2 min
Pendant que j’y pense/Février 2021
Victorine de Oliveira 14 janvier 2021
Pour tourner la page – d’une relation sans lendemain, d’un mauvais livre ou d’une année pourrie –, rien de tel qu’un peu de dérision, histoire de faire passer la pilule entre deux gloussements. Ces derniers temps, je me suis souvent demandé à quoi ressembleraient les Guigno..
Livre
Gérald Bronner
Apocalypse cognitive
Publié le 11 janvier 2021
Préhistoire de l’attention Selon le sociologue Gérald Bronner, la révolution numérique révélerait notre nature humaine la plus profonde, qui s’est construite durant la Préhistoire. Une hypothèse stimulante ou simpliste ? Voici un essai aussi passionnant que déroutant. Avec un sens de la dramatisation argumentée, Gérald Bronner propose un diagnostic original sur la crise de notre temps. Elle tient moins à des problèmes objectifs, comme le réchauffement climatique ou la montée en puissance des régimes autoritaires, qu’à un ressort psychique : la bataille de l’attention. Jamais dans l’histoire, l’humanité n’a disposé d’un tel capital attentionnel. Avec la réduction massive du temps éveillé que nous consacrons au travail sur toute une vie – en France, il est passé de 48 % en 1800 à 11 % aujourd’hui –, l’humanité a gagné un temps libre considérable – le fameux « temps de cerveau humain disponible », selon la formule de Patrick Le Lay, le patron de TF1, à propos du capital que la chaîne vendait à ses annonceurs et que Bronner reprend à son compte sans jamais le citer, étrangement. « Ce temps libéré de notre esprit a été multiplié par plus de cinq depuis 1900 et par huit depuis 1800 ! Il représente aujourd’hui dix-sept années, soit près d’un tiers de notre temps éveillé. C’est un fait inédit et significatif dans l’histoire de l’humanité. » Toute la question est de savoir ce que nous allons faire de cette précieuse ressource ? Allons-nous la consacrer à traiter collectivement les défis du moment, à base d’inventions scientifiques et technologiques, de partage des connaissances, de délibération démocratique et de régulation internationale ? Ou allons-nous la laisser se faire capturer par le marché dérégulé de l’information qui, à rebours de l’idéal d’émancipation des fondateurs de l’Internet, donne libre cours à nos penchants et favorise les biais cognitifs et le temps court ? À suivre Bronner, la balance penche du mauvais côté. Les informations qui nous captivent sont celles qui entretiennent nos peurs, confondent causalité et corrélation, relaient notre besoin de nous exhiber et de nous comparer, nous désinhibent de la violence et nous incitent à préférer les satisfactions immédiates du virtuel à la rude confrontation avec le réel. Selon le sociologue, ce tableau clinique est une véritable « révélation ». D’où le terme d’« apocalypse cognitive » – apocalypse signifiant d’abord révélation d’une vérité cachée. Que révèle donc la dérégulation du marché de l’information ? Ni plus ni moins que… notre nature humaine la plus profonde, constituée par les structures de notre cerveau et les habitus cognitifs acquis durant la Préhistoire. Loin d’avoir « dénaturé » l’homme en le soumettant à des dispositifs aliénants, le capitalisme numérique ferait apparaître les invariants de la nature humaine que nous avons tendance à refouler. L’homme des clashs sur les réseaux sociaux, prêt à adhérer aux infox et aux thèses complotistes, c’est « l’homme préhistorique qui revient sur le devant de la scène ». Un homme à qui il faut réapprendre à « différer la satisfaction de ses désirs immédiats » et à « domestiquer l’empire de ses intuitions erronées ». Si l’hypothèse est intéressante, on est stupéfait de l’anthropologie simpliste sur laquelle elle repose. Pour Bronner, l’homme préhistorique est en effet un homme tellement occupé à assurer sa subsistance dans un milieu hostile qu’il ne peut s’expliquer le fonctionnement de la nature qu’en peuplant le ciel de créatures enchantées avec lesquelles il doit négocier en permanence. Jusqu’au jour où surgit la raison qui lui permet de passer d’un rapport de soumission à un rapport de domination avec le monde. Marx ironisait sur les « robinsonnades » par lesquelles les philosophes du XVIIIe siècle se représentaient l’homme préhistorique. On est stupéfait qu’un sociologue français, qui ne peut ignorer les travaux sur la Préhistoire et l’ethnologie moderne, d’André Leroi-Gourhan à Claude Lévi-Strauss en passant par Pierre Clastres ou Philippe Descola, puisse se faire une image aussi rudimentaire de l’homme prémoderne et de ses croyances. Et quand Bronner nous annonce que « l’heure de la confrontation avec notre propre nature va sonner », on est séduits par l’hypothèse, mais on se demande où il a été cherché une image aussi fruste de Robinson.
Apocalypse cognitive
Livre
Emmanuel Chaussade
Elle, la mère
Publié le 11 janvier 2021
Les silences de la mère Quête de la figure maternelle, ce roman ressuscite les paroles d’une femme qui en était avare. « Dans le sein maternel, écrit Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe, l’enfant est injustifié, il n’est encore qu’une prolifération gratuite, un fait brut dont la contingence est symétrique de celle de la mort. » C’est entre ces deux pôles – l’aléatoire biologique de la naissance et la réappropriation du lien filial – que se déploie le texte d’Emmanuel Chaussade. D’un côté, la part subie et opaque de la filiation ; de l’autre, la recherche tâtonnante d’une connaissance et d’une reconnaissance, « la mère ». Composé de longs fragments de souvenirs, Elle, la mère chemine vers une impossible rencontre. La mère est morte, elle ne parlera plus. « À part une bouchée de terre, que peut-elle bien avaler maintenant. Il n’y a pas de pissenlits autour de sa tombe. Les couleuvres, elle les a avalées de son vivant. » Son fils parle d’elle et pour elle, comme s’il voulait rendre justice de ce silence imposé. Plutôt que de dresser le portrait d’une mère disparue, ce livre plonge dans la part la plus intime, la plus inaccessible de la défunte : son tenace désir de vivre, de persister malgré les épreuves, les vexations et le manque d’amour. Le fils-narrateur tend ses filets, il ramène à la surface les lambeaux d’une existence silencieuse. Il évoque l’institution religieuse où sa mère fut élevée par charité et les abus sexuels qu’elle y a subis. Il peint d’une âpre couleur les années de l’après-guerre, les familles trop nombreuses, la mort omniprésente, les barrières de classes, la violence au sein du couple et le spectre de la folie. Mais il invoque aussi l’étrange pouvoir de sa mère « d’aimer sans réfléchir, tout de suite, jamais ou pour la vie ». La phrase syncopée d’Emmanuel Chaussade restitue l’opacité des consciences. Plus elle réveille la mémoire, mieux elle fuit la psychologie. Elle tente de capter au plus près la vibration d’une existence fugace et avare de paroles. « On est toujours novice pour mourir », écrit le narrateur. Dans la mort, la banalité par excellence rejoint l’exception absolue. À mesure que la mère se recroqueville dans la vieillesse, sa présence ne cesse de grandir aux yeux du lecteur. C’est dans la grisaille d’une maison de retraite qu’elle exerce le mieux son pouvoir d’envoûtement. Réinventant la tradition poétique du « tombeau », Emmanuel Chaussade réveille les tourments d’une vie pour mieux accomplir le deuil.
Elle, la mère
Livre
Bruno Latour
Où suis-je ? Leçons du confinement à l’usage des terrestres
Publié le 11 janvier 2021
Bruno Latour, lanceur d’alertes Comment faire prendre conscience des enjeux colossaux de la crise écologique ? En expérimentant, comme le fait Bruno Latour avec Où suis-je ?, son dernier essai écrit au « je », un conte philosophique noir qui rend compte de l’urgence climatique. Ou encore en mobilisant un « nous » comme le fait Le Cri de Gaïa, l’ouvrage collectif qui lui est consacré. « Nul n’est prophète en son pays » : cette formule biblique semble faite pour Bruno Latour, dont la pensée ne rencontre pas en France l’écho qu’elle a dans le reste du monde, en particulier anglo-saxon. Il faut dire que cette pensée est tentaculaire, transversale et difficile à situer tant elle emprunte à des domaines nombreux et variés : histoire des sciences, anthropologie, sociologie, philosophie, art contemporain, etc. Latour aime brouiller les pistes et aller là où on ne l’attend pas – que ce soit à Abidjan pour rédiger une thèse sur Péguy, au Conseil d’État où il est allé comme dans une contrée exotique pour en dresser l’ethnographie, ou encore sur les planches de théâtre et dans des salles d’exposition pour y présenter des performances comme Iconoclash. Plus qu’un prophète, il faudrait donc dire de Bruno Latour qu’il est un chercheur de terrain, un expérimentateur et un innovateur, qui ne prétend pas voir l’avenir mais veut ouvrir des chantiers nouveaux, seuls capables à ses yeux de prendre la mesure de notre présent : c’est ainsi qu’il a ouvert à Sciences-Po un laboratoire interdisciplinaire qui mêle le numérique et les sciences sociales, et monté un programme en arts politiques. Mais quelle que soit la forme de son travail, il s’agit pour lui de penser les enjeux que notre monde contemporain doit affronter. Or ces enjeux sont « colossaux », pour reprendre un adjectif qu’il affectionne. Car c’est la révolution d’une crise écologique qu’il nous faut absorber, c’est-à-dire encaisser comme on encaisse des coups, non pas en adaptant notre vision du monde mais en en changeant aussi radicalement que nous devrions changer nos pratiques. Son nouveau livre Où suis-je ? prend la suite de Où atterrir ? (La Découverte, 2017) qui s’intéressait déjà à la mutation climatique. Latour y dressait le constat d’une Terre devenue inhabitable, qu’il fallait fuir, sans savoir où aller, en quête désespérée d’un refuge susceptible de nous accueillir. Trois ans plus tard, la désorientation est encore plus grande, puisque nous avons perdu tous nos repères. Il nous décrit perdus et hagards après un confinement qui n’en finit pas de laisser groggy. Mais plutôt qu’un nous, c’est un « je » qui parle, et quel je ! « En me réveillant, écrit Latour, je me mets à ressentir les tourments subis par le héros de Kafka, dans sa nouvelle La Métamorphose, qui pendant son sommeil s’est transformé en blatte, crabe ou cancrelat. » Cette blatte, ce crabe ou ce cancrelat, c’est nous, ou plutôt, c’est moi, Gregor Samsa, monstre qui fait horreur dans un monde n’ayant plus rien de familier : « C’est comme si j’avais subi, moi aussi, une vraie métamorphose, poursuit-il. Je me souviens encore que, avant, je pouvais me déplacer innocemment […]. Maintenant je sens que je dois avec effort tirer dans mon dos une longue traînée de CO2 qui m’interdit de m’envoler en prenant un billet d’avion et qui embarrasse désormais tous mes mouvements », puisque je me mets à culpabiliser à chaque initiative de consommation dont j’imagine aussitôt l’impact environnemental et sociétal. Et Latour de se (me ?) décrire en train de gémir d’une métamorphose dont on comprend qu’elle est définitive, puisque aucun retour en arrière n’est possible. Le confinement s’est généralisé et confondu avec le changement climatique pour signifier la chape de plomb tombée sur notre avenir, celui d’un devenir-blatte. Le conte philosophique de Latour est d’une noirceur irrespirable. À l’isolement sans issue de l’insecte répond cependant le collectif d’universitaires qui cosignent Le Cri de Gaïa, en forme d’écho rendu à l’ouvrage Face à Gaïa que Latour avait publié en 2015 à La Découverte. Emanuele Coccia, Vinciane Despret, Patrice Maniglier et Baptiste Morizot, notamment, y racontent la manière dont l’hypothèse Gaïa portée par Latour les a interrogés et a modifié leur travail et leur manière d’être. Un cri comme celui qu’on pousse au réveil d’un cauchemar mais qui aura au moins le mérite de faire penser que le salut passera par le travail collaboratif et la prise de conscience collective. 3 notions clés chez Bruno Latour Gaïa Latour reprend ce terme à l’environnementaliste James Lovelock pour désigner ce qui n’est ni la déesse grecque, ni la nature au sens d’un paysage, ni la Terre en tant que planète, mais une personnification de ce système pleinement vivant qui évolue avec nous et qui nous fait face. Au lieu de penser la Terre comme surface inerte, ou l’environnement comme contexte qui nous abrite, Gaïa nous questionne et nous interpelle de manière violente si l’on prend la mesure du défi écologique, géopolitique et existentiel qu’il nous faut affronter. Le Nouveau Régime Climatique C’est l’équivalent sur le plan sociologique et politique de ce qu’est l’Anthropocène sur le plan géologique. L’expression s’oppose également à l’« Ancien Régime » et contient l’idée de révolution à inventer : le changement climatique impose en effet une réorganisation de l’espace public pour adapter nos conditions d’existence à cette situation inédite et subversive. La Théorie de l’acteur-réseau (TAR ou ANT, acronyme d’Actor-Network Theory) C’est un élément fondamental de la nouvelle sociologie des sciences et des techniques portée par Bruno Latour avec Michel Callon et Madeleine Akrich. Au lieu de comprendre une réalité à partir des seuls humains, il s’agit de tenir compte des non-humains : des animaux, des objets, des techniques, des lieux et des discours qui la constituent. Cette approche doit intégrer ces éléments « actants » pour penser leur totalité comme un réseau aux multiples (inter)actions. Bibliographie sélective Pasteur. Guerre et paix des microbes (Métailié, 1984 ; rééd. La Découverte, 2001). Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique (La Découverte, 1991). La Fabrique du droit. Une ethnographie du Conseil d’État (La Découverte, 2002). Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique (La Découverte, 2015). Où atterrir ? Comment s’orienter en politique (La Découverte, 2017). Voir aussi le site bruno-latour.fr
Où suis-je ? Leçons du confinement à l’usage des terrestres
Livre
Frédérique Aït-Touati et Emanuele Coccia (dir.)
Le Cri de Gaïa. Penser la Terre avec Bruno Latour
Publié le 11 janvier 2021
Bruno Latour, lanceur d’alertes Comment faire prendre conscience des enjeux colossaux de la crise écologique ? En expérimentant, comme le fait Bruno Latour avec Où suis-je ?, son dernier essai écrit au « je », un conte philosophique noir qui rend compte de l’urgence climatique. Ou encore en mobilisant un « nous » comme le fait Le Cri de Gaïa, l’ouvrage collectif qui lui est consacré. « Nul n’est prophète en son pays » : cette formule biblique semble faite pour Bruno Latour, dont la pensée ne rencontre pas en France l’écho qu’elle a dans le reste du monde, en particulier anglo-saxon. Il faut dire que cette pensée est tentaculaire, transversale et difficile à situer tant elle emprunte à des domaines nombreux et variés : histoire des sciences, anthropologie, sociologie, philosophie, art contemporain, etc. Latour aime brouiller les pistes et aller là où on ne l’attend pas – que ce soit à Abidjan pour rédiger une thèse sur Péguy, au Conseil d’État où il est allé comme dans une contrée exotique pour en dresser l’ethnographie, ou encore sur les planches de théâtre et dans des salles d’exposition pour y présenter des performances comme Iconoclash. Plus qu’un prophète, il faudrait donc dire de Bruno Latour qu’il est un chercheur de terrain, un expérimentateur et un innovateur, qui ne prétend pas voir l’avenir mais veut ouvrir des chantiers nouveaux, seuls capables à ses yeux de prendre la mesure de notre présent : c’est ainsi qu’il a ouvert à Sciences-Po un laboratoire interdisciplinaire qui mêle le numérique et les sciences sociales, et monté un programme en arts politiques. Mais quelle que soit la forme de son travail, il s’agit pour lui de penser les enjeux que notre monde contemporain doit affronter. Or ces enjeux sont « colossaux », pour reprendre un adjectif qu’il affectionne. Car c’est la révolution d’une crise écologique qu’il nous faut absorber, c’est-à-dire encaisser comme on encaisse des coups, non pas en adaptant notre vision du monde mais en en changeant aussi radicalement que nous devrions changer nos pratiques. Son nouveau livre Où suis-je ? prend la suite de Où atterrir ? (La Découverte, 2017) qui s’intéressait déjà à la mutation climatique. Latour y dressait le constat d’une Terre devenue inhabitable, qu’il fallait fuir, sans savoir où aller, en quête désespérée d’un refuge susceptible de nous accueillir. Trois ans plus tard, la désorientation est encore plus grande, puisque nous avons perdu tous nos repères. Il nous décrit perdus et hagards après un confinement qui n’en finit pas de laisser groggy. Mais plutôt qu’un nous, c’est un « je » qui parle, et quel je ! « En me réveillant, écrit Latour, je me mets à ressentir les tourments subis par le héros de Kafka, dans sa nouvelle La Métamorphose, qui pendant son sommeil s’est transformé en blatte, crabe ou cancrelat. » Cette blatte, ce crabe ou ce cancrelat, c’est nous, ou plutôt, c’est moi, Gregor Samsa, monstre qui fait horreur dans un monde n’ayant plus rien de familier : « C’est comme si j’avais subi, moi aussi, une vraie métamorphose, poursuit-il. Je me souviens encore que, avant, je pouvais me déplacer innocemment […]. Maintenant je sens que je dois avec effort tirer dans mon dos une longue traînée de CO2 qui m’interdit de m’envoler en prenant un billet d’avion et qui embarrasse désormais tous mes mouvements », puisque je me mets à culpabiliser à chaque initiative de consommation dont j’imagine aussitôt l’impact environnemental et sociétal. Et Latour de se (me ?) décrire en train de gémir d’une métamorphose dont on comprend qu’elle est définitive, puisque aucun retour en arrière n’est possible. Le confinement s’est généralisé et confondu avec le changement climatique pour signifier la chape de plomb tombée sur notre avenir, celui d’un devenir-blatte. Le conte philosophique de Latour est d’une noirceur irrespirable. À l’isolement sans issue de l’insecte répond cependant le collectif d’universitaires qui cosignent Le Cri de Gaïa, en forme d’écho rendu à l’ouvrage Face à Gaïa que Latour avait publié en 2015 à La Découverte. Emanuele Coccia, Vinciane Despret, Patrice Maniglier et Baptiste Morizot, notamment, y racontent la manière dont l’hypothèse Gaïa portée par Latour les a interrogés et a modifié leur travail et leur manière d’être. Un cri comme celui qu’on pousse au réveil d’un cauchemar mais qui aura au moins le mérite de faire penser que le salut passera par le travail collaboratif et la prise de conscience collective. 3 notions clés chez Bruno Latour Gaïa Latour reprend ce terme à l’environnementaliste James Lovelock pour désigner ce qui n’est ni la déesse grecque, ni la nature au sens d’un paysage, ni la Terre en tant que planète, mais une personnification de ce système pleinement vivant qui évolue avec nous et qui nous fait face. Au lieu de penser la Terre comme surface inerte, ou l’environnement comme contexte qui nous abrite, Gaïa nous questionne et nous interpelle de manière violente si l’on prend la mesure du défi écologique, géopolitique et existentiel qu’il nous faut affronter. Le Nouveau Régime Climatique C’est l’équivalent sur le plan sociologique et politique de ce qu’est l’Anthropocène sur le plan géologique. L’expression s’oppose également à l’« Ancien Régime » et contient l’idée de révolution à inventer : le changement climatique impose en effet une réorganisation de l’espace public pour adapter nos conditions d’existence à cette situation inédite et subversive. La Théorie de l’acteur-réseau (TAR ou ANT, acronyme d’Actor-Network Theory) C’est un élément fondamental de la nouvelle sociologie des sciences et des techniques portée par Bruno Latour avec Michel Callon et Madeleine Akrich. Au lieu de comprendre une réalité à partir des seuls humains, il s’agit de tenir compte des non-humains : des animaux, des objets, des techniques, des lieux et des discours qui la constituent. Cette approche doit intégrer ces éléments « actants » pour penser leur totalité comme un réseau aux multiples (inter)actions. Bibliographie sélective Pasteur. Guerre et paix des microbes (Métailié, 1984 ; rééd. La Découverte, 2001). Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique (La Découverte, 1991). La Fabrique du droit. Une ethnographie du Conseil d’État (La Découverte, 2002). Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique (La Découverte, 2015). Où atterrir ? Comment s’orienter en politique (La Découverte, 2017). Voir aussi le site bruno-latour.fr
Le Cri de Gaïa. Penser la Terre avec Bruno Latour
Livre
Arnold Gehlen
L’Homme. Sa nature et sa position dans le monde
Publié le 11 janvier 2021
L’homme est un « être déficient », infirme, inadapté. Non qu’il serait, comme la théologie l’a seriné pendant des siècles, l’image imparfaite de Dieu : l’homme est déficient au regard des autres animaux, en particulier de ses plus proches parents, les primates. Tel est le point de départ depuis lequel le sociologue allemand Arnold Gehlen se propose, en 1940, de repenser l’énigme de l’Homo sapiens. Énigme car, en dépit de sa supposée insuffisance, l’homme a survécu des millénaires durant. Pourtant, d’un point de vue physique, son corps semble bloqué à un stade juvénile, immature – comme s’il était né un an trop tôt. Il est dépourvu d’organes d’attaque et de défense ; ses sens sont de piètre qualité ; son instinct, confus, est incapable de le guider. Fragile et nu, l’homme est jeté dans un monde où il n’a nulle part sa place – au contraire des autres animaux qui sont toujours déjà adaptés à leur milieu. Égaré sur la Terre, il est acculé, submergé par un « excédent impulsionnel » : l’environnement autour de lui est une surprise permanente. Mais c’est précisément par ce décalage de la surprise que l’homme peut s’ouvrir au monde, se détacher de l’instinct qui enchaîne l’animal au milieu environnant. L’animal ne fait pas d’erreur ; sapiens, au contraire, essaie, échoue, corrige ses mouvements sans arrêt. Son action est déjà une forme de réflexivité. Gehlen y voit la source du développement des fonctions psychiques supérieures. Non qu’il faille séparer vie et esprit : les animaux aussi sont dotés d’une forme de psychisme ; mais la déficience organique essentielle donne à l’esprit humain une forme inédite, celle de l’inventivité et de l’anticipation inquiète. Le monde auquel s’ouvre l’homme est un monde symbolisé, virtualisé, un monde de langage qui échappe à la tyrannie du présent. Tirant ce fil de la déficience humaine, Gehlen déploie une réflexion parfois ardue qui fraye une voie philosophique originale au milieu des avancées scientifiques innombrables du milieu du XXe siècle. Avec une ambition : refonder l’anthropologie.
L’Homme. Sa nature et sa position dans le monde
Livre
Pascal Chabot
Avoir le temps. Essai de chronosophie
Publié le 11 janvier 2021
À moins d’un malheur, l’avenir nous réserve une sacrée quantité de temps. Et pourtant, nous nous plaignons constamment d’en manquer. À quoi tient ce paradoxe ? C’est que les heures devant nous ont perdu en qualité, estime Pascal Chabot. Après avoir longuement vécu sous les régimes du Destin et du Progrès, la majeure partie de l’humanité vit désormais sous le joug de l’Hypertemps et du Délai. Avec le Destin, « la puissance, la force irrésistible, l’éternelle loi qui dictait le cours des choses », le temps avait « son maître ». Chabot lui attribue l’image d’une coquille en spirale, mystère naturel dans lequel le temps joue d’une manière qui nous dépasse. Le Progrès se met en place avec les avancées technologiques et leur promesse d’un avenir meilleur. Avoir le temps, c’est désormais « le mesurer, le chiffrer, se le faire indiquer » : voici le règne des horloges, de la montre et de leurs ressorts. C’est sous le régime de l’Hypertemps et du Délai que l’on perd pied, pris dans le vertige de spirales qui ne mènent nulle part si ce n’est au burn-out. Face à ces quatre règnes, le philosophe propose celui de l’Occasion, qui ressemble au kairos grec. Une invitation à se réapproprier plus intimement ce temps qui nous échappe d’autant plus que nous essayons de le maîtriser.
Avoir le temps. Essai de chronosophie
Livre
James C. Scott
L’Œil de l’État
Publié le 11 janvier 2021
Son œil, James C. Scott l’a posé sur l’État depuis un moment. Dans ce livre écrit en 1997, qui vient d’être traduit, l’anthropologue s’intéresse avec une érudition enthousiasmante à tout ce que la modélisation d’État manque et tente de réprimer. Il parle de « haut-modernisme » pour qualifier les « grandes utopies d’ingénierie sociale du XXe siècle », qui ont en commun de chercher à simplifier la nature et la société pour les rendre lisibles et les ordonner au service d’un pouvoir. Et d’évoquer, comme exemple, la sylviculture développée au XVIIIe siècle, qui rend la forêt « scientifique » plus facile à gérer… mais aussi plus fragile, du fait de la monoculture. Cette vaste « mission civilisatrice » rationaliste, qui écrase les savoir-faire et pratiques indigènes, ne va pas sans violences. En effet, leur disparition n’est pas une conséquence malheureuse du progrès mais une condition de possibilité de « la mise en place d’un ordre administratif ». Car toutes ces formes « d’infrapolitique » sont aussi, localement, des « arts de la résistance », montre Scott, des façons « de ne pas être gouverné ». Cette contre-histoire de la modernité invite à la vigilance, car, dans les temps de crise, les fantasmes de grandes transformations trouvent un écho particulièrement favorable, « au nom et avec le soutien de citoyens en quête d’assistance et de protection ».
L’Œil de l’État
Livre
Arnaud-Dominique Houte
Propriété défendue. La société française à l’épreuve du vol. XIXe-XXe siècles
Publié le 11 janvier 2021
Il y a quelque chose d’étrange avec le vol, même mineur, quand nous en sommes victimes : même si nous restons physiquement indemnes, nous avons l’impression d’avoir été atteints intimement. Sans parler du traumatisme toujours vif du cambriolage. Ce sentiment, ainsi que les multiples injonctions à « faire attention » lues et entendues à longueur de journée dans les lieux publics, est le point de départ de la passionnante enquête de l’historien Arnaud-Dominique Houte consacrée à « la peur du vol ». L’histoire le prouve : l’idée de propriété a le cuir solide. Elle s’est même solidifiée avec le temps, notamment avec l’avènement de la société de consommation. Des pratiques de glanage encore courantes jusqu’à la fin du XVIIIe siècle – on tolérait alors que les plus nécessiteux prennent gratuitement ce qu’il restait au sol après une récolte par exemple – aux grandes enseignes qui aspergent d’eau de Javel leurs invendus jetés aux poubelles, l’arsenal législatif a accompagné une forme d’« absolutisation du droit de propriété ». Au point que « la sécurité » hante régulièrement les préoccupations des Français dans les sondages. Tous les soirs à 20 heures, la France a peur : qu’on lui arrache son téléphone, qu’on la cambriole, qu’on lui vole une paire de baskets à la mode… ou, tout simplement, son identité de propriétaire.
Propriété défendue. La société française à l’épreuve du vol. XIXe-XXe siècles
Livre
Jean-Louis Poirier
L’Antiquité en détresse
Publié le 11 janvier 2021
Comment le monde gréco-romain vivait ses catastrophes et ses épidémies ? Jean-Louis Poirier compile ici des extraits de dizaines d’historiens, de géographes et de philosophes de l’Antiquité. Ces fragments contant les cataclysmes – rêvés ou réels – et les vies quotidiennes bouleversées sont de précieuses lucarnes où se dévoile l’esprit des peuples disparus. Ces fléaux sont tantôt le langage mythologique de la nature, tantôt le décor de légendes, comme l’Atlantide engloutie ou le déluge de Noé. Ils dévoilent la charpente du monde : les vents souterrains d’Aristote ou la lutte perpétuelle des éléments chez Lucrèce. Ils sont les funestes présages annonciateurs de chamboulements politiques ou les memento mori rappelant l’homme à sa condition, comme chez Sénèque ou les chrétiens. Enfin, ce sont ces incompréhensibles malheurs, terreau de la révolte humaine. Comme dans cette lamentation du rhéteur romain Libanios sur le tremblement de terre qui détruisit la cité de Nicomédie, en Asie mineure, en 358. L’ode à cette beauté perdue, écrite comme une « remontrance aux dieux », est traduite ici en français pour la première fois.
L’Antiquité en détresse
Livre
Thomas Lepeltier
L’Univers existe-t-il ?
Publié le 11 janvier 2021
Le modèle du big-bang est-il scientifique ? La question semble provocatrice. Cependant, elle fait écho à une histoire critique de la cosmologie que l’on entend peu et que Thomas Lepeltier, astrophysicien et philosophe des sciences, expose ici. L’Univers est trop uniforme ? On invente une théorie de l’inflation. La matière connue ne suffit pas à expliquer la cohésion des galaxies ? On postule l’existence d’une matière noire jamais identifiée. Incompréhensible accélération de l’expansion de l’Univers ? On imagine une « mystérieuse » énergie noire. Pour l’auteur, ces hypothèses quasi invérifiables censées sauver le big-bang ne sont pas seulement suspectes. Elles finissent par invalider la possibilité même de réfuter ce modèle par l’expérience. Or, là où certains cosmologistes plaident pour une révolution épistémologique dans les sciences, Lepeltier s’accroche au critère de réfutabilité comme pilier de la connaissance scientifique. Et il pose une question encore plus fondamentale : dans quelle mesure peut-on considérer la cosmologie comme une science ? Le débat, autrefois vif, n’existe plus aujourd’hui. Hier encore, l’épistémologue Gaston Bachelard tranchait que l’inaccessible Univers ne pourrait jamais échapper au rêve. Il est « déjà un au-delà », une « transcendance susceptible de compléter facilement toutes les données de l’expérience ».
L’Univers existe-t-il ?
Livre
Philippe Urfalino
Décider ensemble. La fabrique de l’obligation collective
Publié le 11 janvier 2021
Comment bien prendre une décision collective ? Cette question éminemment politique paraît rebattue depuis l’Antiquité, et pourtant, le sociologue Philippe Urfalino lui donne une actualité nouvelle dans un livre à la fois technique et inspiré. Selon lui, une décision collective ne peut se réduire ni à un vote ni à un agrégat de préférences – chose que les économistes ont tendance à faire, comme avec la « théorie du choix social ». « Décider ensemble » suppose d’abord d’obéir à des normes partagées par les membres du groupe, que Philippe Urfalino nomme « règles d’arrêt ». À l’aide d’exemples variés (la « palabre », le choix d’une pizza…), Urfalino en distingue trois, scrutant tour à tour leur efficacité et leur équité. Si la majorité absolue reste d’après lui « la règle préférable », il n’est pas sûr que nous en fassions toujours bon usage. Notamment car « l’obligation majoritaire ne vaut que pour les décisions qui ne divisent pas une communauté au point de la dissoudre ». Sur des sujets sensibles pouvant modifier l’identité du collectif, « un assentiment plus large » est jugé nécessaire. Une réflexion salutaire au moment où, par exemple, l’exécutif entend modifier la Constitution par référendum. Et s’il fallait inventer d’autres voies ?
Décider ensemble. La fabrique de l’obligation collective
Livre
Vincent Zonca
Lichens. Pour une résistance minimale
Publié le 11 janvier 2021
Sur les troncs, les pierres, les murs : partout ils prolifèrent. Et pourtant, c’est à peine si nous les remarquons. Lui, ces organismes le fascinent depuis l’enfance. Sortez vos loupes : Vincent Zonca se penche sur les lichens dans une enquête qui emprunte le « tournant végétal » de la pensée contemporaine, à la nuance près que les lichens ne sont pas des plantes ; ils appartiennent au règne fongique. Mobilisant le savoir biologique, l’ouvrage montre comment les lichens ont inspiré artistes et écrivains. La poétique des lichens ? Ce qui attire chez eux, c’est qu’ils sont à la fois humbles et extrêmement résistants, symboles d’une vie qui persévère dans son être – Thoreau saluait leur « santé titanesque ». Mais Zonca propose également une métaphysique et une politique des lichens. À la base, ce constat : ces formes de vie sont doubles, associant un champignon et une algue qui interagissent. Dans le sillage de philosophes tels Donna Haraway ou Emanuele Coccia (qui préface le livre), l’auteur insiste sur le mélange et l’alliance entre les êtres et les règnes hétérogènes. Symbiotique, le lichen inviterait les hommes à « [se] reconnecter aux autres espèces vivantes qui sont nos “co-habitants” ». Après tout, « dans lichens il y a liens ».
Lichens. Pour une résistance minimale
Livre
Corine Pelluchon
Les Lumières à l’âge du vivant
Publié le 11 janvier 2021
Ces temps-ci, les Lumières ont plutôt mauvaise presse. Accusées d’être trop universalistes, aveugles aux particularismes, trop anthropocentrées, trop occidentales et complices d’un libéralisme qui sacre une illusoire autonomie du sujet, elles ne refléteraient en réalité que la volonté d’hégémonie d’une partie de l’humanité. Par rapport à ce procès, Corine Pelluchon fait un pas de côté. Elle qui plaide pour une meilleure reconnaissance de la souffrance animale et pour la mise en place de lois et de nouveaux comportements en conséquence tient à redéfinir le projet des Lumières sans s’en débarrasser définitivement. Ce n’est plus l’être humain qu’il s’agirait d’affranchir de l’obscurantisme, mais le vivant tout entier qu’il faudrait consacrer dans sa diversité et sa vulnérabilité : « Les Lumières du XXIe siècle doivent traduire cet espoir qui s’appuie sur un projet écologique impliquant la sortie d’un modèle de développement destructeur et violent et la décolonisation de notre imaginaire marqué par la domination de la nature, des autres, et par la répression de notre sensibilité. » L’intention, louable, gagnerait à se voir accompagnée de propositions plus directement concrètes. Autrement, l’imaginaire risque de rester la première et la dernière étape d’un projet pourtant stimulant.
Les Lumières à l’âge du vivant
Livre
Edgar Morin
Culture et barbarie européennes
Publié le 11 janvier 2021
Ensauvagement, barbarie, bestialité : autant de mots qui saturent aujourd’hui l’espace médiatique, autant de termes brandis comme repoussoirs par l’homme « civilisé ». Reléguer la cruauté dans les limbes d’un ailleurs, la rejeter hors de soi, c’est pourtant s’interdire de la comprendre, comme l’explique Edgar Morin : « La barbarie n’est pas seulement un élément qui accompagne la civilisation, elle en fait partie intégrante. » Barbarie purificatoire tout d’abord, car les civilisations brassent une diversité croissante d’hommes dont les différences sont vécues comme une menace. Et cette barbarie est d’autant plus brutale qu’elle bénéficie de la « démesure » des moyens techniques et bureaucratiques à sa disposition. Guerres de conquêtes et de domination, épurations religieuses et ethniques, colonisation du monde, totalitarisme, mondialisation sauvage… Les exemples ne manquent pas de cette cruauté décuplée, déchaînée, « raffinée ». Il ne s’agit pas de nier que la civilisation – européenne, en particulier – a nourri « un épanouissement des arts, de la culture, de la connaissance » inédit : il faut assumer l’ambivalence de la civilisation, capable du meilleur comme du pire, afin d’y trouver les remèdes contre sa propre barbarie. Alors seulement la civilisation peut devenir la source d’un « humanisme planétaire ».
Culture et barbarie européennes
CULTURE
Article 2 min
Histoires de fesses
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Avec l'exposition L’Empire des sens. De Boucher à Greuze, le musée Cognacq-Jay (à Paris) met à l'honneur l'art érotique du XVIIIe siècle et révèle le corps en pleine lumière.
Histoires de fesses
Article 2 min
“Suzanna Andler” : triangle d’amour
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Le réalisateur Benoît Jacquot a tenu sa promesse à Marguerite Duras : adapter pour le cinéma sa pièce de théâtre Suzanna Andler, une exploration du sentiment amoureux, entre amitié, désir et passion.
“Suzanna Andler” : triangle d’amour
Article 2 min
“Maîtres anciens” : Transmission impossible ?
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Nicolas Bouchaud adapte pour la scène ce roman de Thomas Bernhard, au Théâtre de la Bastille (Paris). Un réjouissant jeu de massacre du patrimoine culturel européen en forme de salutaire appel d’air.
“Maîtres anciens” : Transmission impossible ?
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 5. Lisons tout ce qui nous tombe sous la main
François Morel 08 janvier 2021
Quand les librairies sont fermées, c’est ennuyeux, bien sûr. Notamment pour les lecteurs. Qu’à cela ne tienne. Les livres ne sont pas les seuls objets de lecture. Afin que le lecteur ne soit pas abandonné comme un chien par un maître indélicat pendant les vacances, certains commerces autor..
Conseil n° 5. Lisons tout ce qui nous tombe sous la main
JEUX
Article 1 min
Philocroisés #66
Gaëtan Goron 14 janvier 2021
Horizontalement I. Il est, à n’en pas douter, du doute un spécialiste. II. #Metoo montre le mal qu’il peut faire. On en fait une bête qui pique. III. Substance de la périphérie dernière de l’Univers pour Aristote. Parc à huîtres. IV. Passion en bleu et blanc...
Philocroisés #66
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Bertrand Mandico. Mondes mutants
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
« Un esprit libre prend des libertés même à l’égard de la liberté. » À cette citation du peintre Francis Picabia, Bertrand Mandico souscrit, lui qui, après avoir réalisé des films d’animation et des courts métrages, a ravi les esprits et les prix avec un premier long en 2017 : Les Garçons sauvages, et son univers luxuriant de piraterie queer. Il achève le prochain – Paradis sale, entre science-fiction et western – et s’attelle à un projet mêlant cinéma, spectacle vivant et réalité virtuelle au théâtre Nanterre-Amandiers, au mois de mars : Conan la Barbare, tout féminin ! Il y sera question de romantisme et de barbarie, mais aussi de l’épuisement de l’artiste et de la jeunesse perdue.
Bertrand Mandico. Mondes mutants
(Philomag) |
[n° ou bulletin] est un bulletin de / Alexandre Lacroix (2011)N°146 - Février 2021 - 2021. On improvise! Comment agir dans l'incertitude [texte imprimé] . - 2021 . - 98 p. : ill. en coul. ; 29 cm. Langues : Français ( fre) Catégories : | Philosophie
| Tags : | Improvisation covid-19 (vaccin) Descartes laïcité | Index. décimale : | 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique | Note de contenu : | 2021, on improvise ! Comment agir dans l’incertitude
Numéro 146 - Février 2021
QUE VA-T-IL SE PASSER EN 2021 ?
La pandémie va-t-elle refluer ? Y aura-t-il de nouvelles vagues ? Reviendra-t-on au monde d’avant ? Ou de grands bouleversements politiques, économiques et sociaux vont-ils changer la donne ? On n’en sait rien. Alors ? On improvise !
ÉDITO
Article 3 min
À même la blessure
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Deux histoires d’improvisation appartenant à la légende dorée du jazz me tiennent à cœur. Lorsque Miles Davis enregistra, avec ses musiciens, la bande-son du film de Louis Malle Ascenseur pour l’échafaud lors d’une session qui commença à 9 heures du soir dans les studios ..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Peut-on ne plus aimer la philosophie ?”
Charles Pépin 14 janvier 2021
— Question d’Enzo Labetoulle
“Peut-on ne plus aimer la philosophie ?”
REPÉRAGES
Article 1 min
L’image/Écrire, dit-iel
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
L’écriture inclusive, avec son accumulation de points et de tirets, vous rebute ? Tristan Bartolini, étudiant à la Haute École d’art et de design (HEAD) de Genève, a une solution : le jeune designer a mis au point une police de caractère, « l’inclusif-ve », pour signaler ..
L’image/Écrire, dit-iel
Article 1 min
Le mot/Lassitude
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
“Je sais votre lassitude, vos doutes, vos souffrances” — Jean Castex, au cours d'une conférence de presse, le 10 décembre 2020 “La lassitude est à la fin des actes d’une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience” ..
Article 1 min
La notion/Syndémie
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
« Le Covid-19 n’est pas une pandémie », affirmait il y a peu Richard Horton, rédacteur en chef de la plus célèbre revue médicale, The Lancet. Certes, sa propagation est devenue un problème mondial (du grec pan-, « tout »). Mais le virus a également profité de l’en..
La notion/Syndémie
Article 1 min
Le chiffre/300 millions de dollars
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
Ce serait le montant déboursé par Universal Music Group pour acquérir le répertoire de Bob Dylan – environ 600 titres. Une somme considérable, à la hauteur du talent et de la notoriété du chanteur, lauréat du prix Nobel de littérature en 2016. Pourtant, la quantification de la valeur d�..
Article 2 min
Le décryptage/Quand on aime, on compte
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
Les Français sont nuls en maths : au lendemain de la publication, en novembre dernier, des résultats de la dernière enquête internationale Timss sur l’acquisition des compétences en mathématiques et en science, la presse titrait à l’unisson. Indéniablement, le niveau hexagonal en la ma..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Le localisme est-il de gauche ou de droite ?
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
Le 15 novembre 2020, deux élus proches du Rassemblement national ont fondé le Parti localiste. Quelles sont les racines de ce courant de pensée prônant un retour à la terre ? Et pourquoi semble-t-il attirer les extrêmes ?
Le localisme est-il de gauche ou de droite ?
Article 3 min
Qu’est-ce qu’une “conviction philosophique” ?
Nicolas Tenaillon 14 janvier 2021
Le gouvernement vient d’autoriser la collecte de fichiers de police et de gendarmerie comprenant les « convictions philosophiques et religieuses ». Mais que révèlent nos convictions sur ce que nous sommes ?
Qu’est-ce qu’une “conviction philosophique” ?
Article 3 min
Yves Sintomer : “La participation citoyenne est réduite à un rôle consultatif”
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
Pourquoi seule une petite partie des 149 mesures issues de la Convention citoyenne pour le climat a été retenue pour élaborer le projet de loi destiné à assurer la transition écologique ? L’analyse du politologue Yves Sintomer.
Yves Sintomer : “La participation citoyenne est réduite à un rôle consultatif”
Article 3 min
“Cyberpunk 2077” : retour vers le futur ?
Nicolas Gastineau 14 janvier 2021
Le dernier blockbuster en date du jeu vidéo imagine notre futur avec une vision héritée des années 1980. Une manière de regarder l’avenir avec des yeux dans le dos ?
“Cyberpunk 2077” : retour vers le futur ?
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
Batteries et grosses caisses
Sven Ortoli 14 janvier 2021
Première automobile à dépasser les 100 km/h, la Jamais contente, prototype belge de voiture électrique, était équipée de batteries d’une autonomie de 89 km. Elle a atteint les 109 km/h en 1899. En 1900, on comptait 1 500 voitures électriques et 1 500&nb..
Batteries et grosses caisses
RENCONTRE
Article 5 min
Le Covid-19 à l’épreuve de la collapsologie
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Fondateurs de cette théorie de l’effondrement, Raphaël Stevens et Pablo Servigne viennent de faire paraître l’ouvrage collectif Aux origines de la catastrophe (Les Liens qui libèrent). Ils tentent d’y repérer les causes, proches ou lointaines, de la crise écologique. Une méthode que nous leur avons proposé d’appliquer au cas particulier de la pandémie de Covid-19.
Le Covid-19 à l’épreuve de la collapsologie
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Kombucha. Les ferments de la rébellion
Tobie Nathan 14 janvier 2021
Bio et bonne pour la santé ! Cela suffit-il à expliquer le succès viral de cette boisson pétillante ? Non, car son mode de fabrication quasi magique en fait aussi une arme de résistance face à la standardisation du monde.
Kombucha. Les ferments de la rébellion
REGARDS
9 articles
Covid-19 : les philosophes face au vaccin
Publié le 14 janvier 2021
L’un des grands enjeux de l’année 2021, ce sont les campagnes de vaccination contre le Covid-19. Viendront-elles à bout de la pandémie ? Permettront-elles un retour à la « vie d’avant » ? Leur efficacité sera-t-elle annulée par l’opposition de la population, notamment en France où 6 Français sur 10 n’ont pas l’intention de s’y soumettre ? Si la vaccination n’est pas obligatoire, elle devient une affaire de choix personnel. Un choix aux dimensions à la fois éthiques et politiques. Nous avons demandé aux philosophes s’ils comptaient, ou non, se faire vacciner, et quels principes guidaient leur attitude. Il en résulte un pluralisme de voix qui va bien au-delà de l’opposition caricaturale entre pro- et antivaccin.
Covid-19 : les philosophes face au vaccin
Article 4 min
Philippe Huneman : “J’hésite et attends d’en savoir davantage”
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Spécialiste de philosophie des sciences, Philippe Huneman soulève une question cruciale : les vaccins contre le Covid-19 prochainement mis sur le marché ne feront-ils qu’empêcher le développement de la maladie ou préviendront-ils également sa transmission ?
Philippe Huneman : “Je prendrai des informations très précises avant de me faire vacciner”
Article 3 min
Pascal Bruckner : “Avec le vaccin, je rêve du miracle de la normalité retrouvée”
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
L’essayiste a réfléchi à la condition des personnes âgées, à ces dernières décennies de la vie en lesquelles il voit une “brève éternité”. Moraliste à la plume acérée, il récuse l’idée que la politique sanitaire aurait sacrifié la jeunesse.
Pascal Bruckner : “Avec le vaccin, je rêve du miracle de la normalité retrouvée”
Article 3 min
Catherine Malabou : “Nous sommes au seuil d’une révolution biotechnologique”
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Passionnée par les recherches en épigénétique, la philosophe estime que les craintes concernant les vaccins à ARN messager sont infondées. Au contraire, ils ouvrent la voie à de nouveaux traitements.
Catherine Malabou : “Nous sommes au seuil d’une révolution biotechnologique”
Article 2 min
Markus Gabriel : “Si les ‘antivax’ sont trop virulents, il faudra rendre la vaccination obligatoire !”
Svenja Flaßpöhler 14 janvier 2021
Mais comment peut-on être “antivax” ? C’est la question que se pose ce penseur prodige de la philosophie allemande, alors que près de la moitié de ses compatriotes se montrent sceptiques face à la vaccination.
Markus Gabriel : “Si les ‘antivax’ sont trop virulents, il faudra rendre la vaccination obligatoire !”
Article 2 min
Alexis Lavis : “Le rapport au vaccin est très différent en Chine”
Michel Eltchaninoff 14 janvier 2021
Philosophe français enseignant à Pékin, grand connaisseur du bouddhisme et du taoïsme, il fait le point sur la situation en Chine, pays qui a contrôlé la pandémie par la distanciation, et ne planifie pas de vaccination.
Alexis Lavis : “Le rapport au vaccin est très différent en Chine”
Article 1 min
Francis Wolff : “C’est d’abord par honte que j’irai me faire vacciner”
Martin Legros 14 janvier 2021
Le philosophe et professeur émérite de l’École normale supérieure plaide pour un retour à la raison et à l’esprit des Lumières.
Francis Wolff : “Je suis en colère contre les ‘antivax’, qui accroissent l’irrationnalisme et l’anti-humanisme”
Article 2 min
Angélique del Rey : “Je préfère attendre, en appliquant le principe de précaution”
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Pour la philosophe, notre volonté d’en finir au plus vite avec le Covid-19 ne doit pas faire l’économie d’une analyse des risques préalables à la modification génétique du vivant.
Angélique Del Rey : “Cette pandémie devrait être l’occasion de réfléchir différemment à la santé humaine”
Article 3 min
Vanessa Nurock : “En adoptant la logique du care, on se défait du fantasme de maîtrise absolue”
Anne Robin 14 janvier 2021
Maîtresse de conférences à l’université Paris-8, chercheuse au laboratoire d’études de genre et de sexualité (Legs), elle a travaillé sur les théories de la justice et les éthiques du care. Elle expose la pertinence de ces approches face à la pandémie de Covid-19.
Vanessa Nurock : “En adoptant la logique du care, on se défait du fantasme de maîtrise absolue”
Article 2 min
Guillaume le Blanc : “Accepter la vaccination, c’est assumer l’intégralité de nos vulnérabilités”
Anne Robin 14 janvier 2021
Professeur à l’université Paris-Diderot et directeur du laboratoire du changement social et politique (LCSP), il a beaucoup travaillé sur la justice sociale et réfléchit ici en termes de relations.
Guillaume le Blanc : “Accepter la vaccination, c’est assumer l’intégralité de nos vulnérabilités”
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Captcha, l’attrape-humains ?
Isabelle Sorente 14 janvier 2021
Pour prouver notre humanité, il suffirait de cliquer sur les images représentant un feu de circulation. Mais, avec ces tests, n’est-ce pas nous qui servons désormais d’outils à la machine… et aux Gafa ?
Captcha, l’attrape-humains ?
DOSSIER
6 articles
2021, on improvise ! Comment agir dans l’incertitude
Publié le 14 janvier 2021
Que va-t-il se passer en 2021 ? La pandémie va-t-elle refluer ? Y aura-t-il de nouvelles vagues ? Reviendra-t-on au monde d’avant ? Ou de grands bouleversements politiques, économiques et sociaux vont-ils changer la donne ? On n’en sait rien. Alors ? On improvise ! C’est pourquoi ce dossier n’est pas construit comme les autres. Nous avons mis dans un chapeau cinq questions cruciales, liées aux difficultés de l’art d’improviser. Chaque journaliste était libre de choisir un format pour répondre à la question posée : reportage, entretien, rencontre... Une seule contrainte, de place : nous aurions quatre pages pour traiter chaque question. Cédric Enjalbert a tiré du chapeau : « Improviser, en quoi est-ce différent de s’adapter ? » et « Peut-on vivre sans planifier ? ». Alexandre Lacroix est tombé sur : « Peut-on improviser en morale ? », Michel Eltchaninoff sur : « Comment créer en direct ? » et Martin Legros sur : « L’Univers est-il une vaste improvisation ? ». Un dossier à lire dans n’importe quel ordre, pour commencer l’année de n’importe quel pied…
2021, on improvise ! Comment agir dans l’incertitude
Article 6 min
Renverser Descartes
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Vivre est une incessante improvisation. Certes, mais alors d’où vient notre difficulté à nous adapter aux imprévus, aux aléas et aux crises  ? Et si c’était la faute au cogito ?
Renverser Descartes
Article 9 min
Adapte-toi si tu peux !
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Improviser, en quoi est-ce différent de s’adapter ? Et si la crise n’avait pas seulement créé l’obligation d’improviser mais surtout exacerbé une injonction plus ancienne, celle de devoir s’adapter ? Trois philosophes évaluent cette hypothèse : Barbara Stiegler, Miguel Benasayag et Frédéric Worms.
Adapte-toi si tu peux !
Article 9 min
L’éthique dans le feu de l’action
Alexandre Lacroix 14 janvier 2021
Peut-on improviser en matière de morale ? Pilotes, militaires, travailleurs de l’humanitaire… Certaines personnes sont amenées, dans des situations exceptionnelles, à prendre des décisions éthiques cruciales. Comment faire pour agir dans l’instant et ne pas se tromper ?
L’éthique dans le feu de l’action
Article 10 min
Et si on tapait un bœuf ?
Michel Eltchaninoff 14 janvier 2021
Comment créer en direct ? Pour le savoir, nous sommes partis dans le Morvan assister à un cours d’improvisation de jazz. Une séance pleine de moments de grâce, pour atteindre des instants rares, sans préméditation ni traces.
Et si on tapait un bœuf ?
Article 10 min
François Jullien. L’art d’agir sans méthode
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Peut-on vivre sans planifier ? Alors que la crise compromet nos projets, bouscule nos calendriers et nous oblige à réviser nos organisations, doit-on aussi revoir complètement nos façons de vivre et de penser ? Le philosophe spécialiste de la pensée chinoise François Jullien, auteur d’une Politique de la décoïncidence, nous éclaire sur la stratégie à adopter.
François Jullien. L’art d’agir sans méthode
Article 9 min
Louis Armstrong a-t-il provoqué le big-bang ?
Martin Legros 14 janvier 2021
L’Univers est-il une vaste improvisation ? Pour répondre à cette question, il faut oser penser le cosmos comme un morceau de jazz, prendre quelques notes de métaphysique et redessiner notre carte du monde. Vous êtes prêt ?
Louis Armstrong a-t-il provoqué le big-bang ?
ENTRETIEN
Entretien 17 min
Catherine Kintzler : “Le dépaysement offert par le savoir est un appel d’air, une renaissance”
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Philosophe de terrain, Catherine Kintzler est passionnée de rugby et d’opéra. Mais elle est aussi l’une des grandes voix de la laïcité. L’entendre, alors que le projet de loi contre le séparatisme doit arriver à l’Assemblée nationale en février, permet de raison garder sur un sujet brûlant.
Catherine Kintzler : “Le dépaysement offert par le savoir est un appel d’air, une renaissance”
LE CLASSIQUE SUBJECTIF
3 articles
Gilles Deleuze vu par Pierre Ducrozet
Publié le 14 janvier 2021
Gilles Deleuze est l’un des philosophes qui a le plus écrit sur la littérature. En retour, il inspire nombre de romanciers. Parmi eux, Pierre Ducrozet. Pour lui, Deleuze, infatigable inventeur de concepts et penseur du devenir, permet de défricher de nouvelles façons d’écrire un monde toujours plus en mouvement.
Pierre Ducrozet : “Deleuze est un moteur pour la création”
Article 11 min
Pierre Ducrozet : “Deleuze est un moteur pour la création”
Victorine de Oliveira 14 janvier 2021
Gilles Deleuze est l’un des philosophes qui a le plus écrit sur la littérature. En retour, il inspire nombre de romanciers. Parmi eux, Pierre Ducrozet. Pour lui, Deleuze, infatigable inventeur de concepts et penseur du devenir, permet de défricher de nouvelles façons d’écrire un monde toujours plus en mouvement.
Pierre Ducrozet : “Deleuze est un moteur pour la création”
Article 3 min
Gilles Deleuze commenté par Pierre Ducrozet
Victorine de Oliveira 14 janvier 2021
L’extrait de Gilles Deleuze « Un livre n’a pas d’objet ni de sujet, il est fait de matières diversement formées, de dates et de vitesses très différentes. Dès qu’on attribue le livre à un sujet, on néglige ce travail des matières, et l’extériorité de leurs relations. O..
Article 5 min
La fabrique des concepts
Victorine de Oliveira 14 janvier 2021
Gilles Deleuze, qui définissait la philosophie comme « l’art de former, d’inventer, de fabriquer des concepts », a vu les siens connaître un succès inhabituel. Sans doute qu’ils semblent aujourd’hui d’une pertinence rare, peut-être encore plus que de son vivant.
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi sommes-nous fascinés par les faits divers ?
Hannah Attar 14 janvier 2021
Ils font les gros titres, mais les « chiens écrasés » ont mauvaise presse. Et s’ils présentaient un intérêt philosophique ? Pour en témoigner, faites entrer ces quatre penseurs !
Pourquoi sommes-nous fascinés par les faits divers ?
Article 1 min
Mokita
Octave Larmagnac-Matheron 14 janvier 2021
Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Du cancer d’un président à la patate qui sert de nez à un collègue, il n’est pas rare que nous nous interdisions d’aborder un sujet délicat, pourtant connu de chacun. Le kilivila, l’une des langues de Papouasie-Nouvelle-Guinée, possède ..
Article 2 min
Espoir
Anne Robin 14 janvier 2021
Votre souhait le plus cher est de comprendre cette notion ? Ces classiques vous exaucent.
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Une religion sans dogme est-elle possible ?
Nicolas Tenaillon 14 janvier 2021
Analyse des termes du sujet « Religion » Doctrine fondée sur la croyance en une ou plusieurs divinités, institution gardienne de cette doctrine, ensemble de rites relatifs à une réalité sacrée. « Dogme » Affirmation tenue pour indiscutable imposée par une autorité religieuse à laquelle les fidèles doivent adhérer. « Possible » Logiquement envisageable, c’est-à-dire : non contradictoire, mais aussi légitime.
LIVRES
Article 2 min
Pendant que j’y pense/Février 2021
Victorine de Oliveira 14 janvier 2021
Pour tourner la page – d’une relation sans lendemain, d’un mauvais livre ou d’une année pourrie –, rien de tel qu’un peu de dérision, histoire de faire passer la pilule entre deux gloussements. Ces derniers temps, je me suis souvent demandé à quoi ressembleraient les Guigno..
Livre
Gérald Bronner
Apocalypse cognitive
Publié le 11 janvier 2021
Préhistoire de l’attention Selon le sociologue Gérald Bronner, la révolution numérique révélerait notre nature humaine la plus profonde, qui s’est construite durant la Préhistoire. Une hypothèse stimulante ou simpliste ? Voici un essai aussi passionnant que déroutant. Avec un sens de la dramatisation argumentée, Gérald Bronner propose un diagnostic original sur la crise de notre temps. Elle tient moins à des problèmes objectifs, comme le réchauffement climatique ou la montée en puissance des régimes autoritaires, qu’à un ressort psychique : la bataille de l’attention. Jamais dans l’histoire, l’humanité n’a disposé d’un tel capital attentionnel. Avec la réduction massive du temps éveillé que nous consacrons au travail sur toute une vie – en France, il est passé de 48 % en 1800 à 11 % aujourd’hui –, l’humanité a gagné un temps libre considérable – le fameux « temps de cerveau humain disponible », selon la formule de Patrick Le Lay, le patron de TF1, à propos du capital que la chaîne vendait à ses annonceurs et que Bronner reprend à son compte sans jamais le citer, étrangement. « Ce temps libéré de notre esprit a été multiplié par plus de cinq depuis 1900 et par huit depuis 1800 ! Il représente aujourd’hui dix-sept années, soit près d’un tiers de notre temps éveillé. C’est un fait inédit et significatif dans l’histoire de l’humanité. » Toute la question est de savoir ce que nous allons faire de cette précieuse ressource ? Allons-nous la consacrer à traiter collectivement les défis du moment, à base d’inventions scientifiques et technologiques, de partage des connaissances, de délibération démocratique et de régulation internationale ? Ou allons-nous la laisser se faire capturer par le marché dérégulé de l’information qui, à rebours de l’idéal d’émancipation des fondateurs de l’Internet, donne libre cours à nos penchants et favorise les biais cognitifs et le temps court ? À suivre Bronner, la balance penche du mauvais côté. Les informations qui nous captivent sont celles qui entretiennent nos peurs, confondent causalité et corrélation, relaient notre besoin de nous exhiber et de nous comparer, nous désinhibent de la violence et nous incitent à préférer les satisfactions immédiates du virtuel à la rude confrontation avec le réel. Selon le sociologue, ce tableau clinique est une véritable « révélation ». D’où le terme d’« apocalypse cognitive » – apocalypse signifiant d’abord révélation d’une vérité cachée. Que révèle donc la dérégulation du marché de l’information ? Ni plus ni moins que… notre nature humaine la plus profonde, constituée par les structures de notre cerveau et les habitus cognitifs acquis durant la Préhistoire. Loin d’avoir « dénaturé » l’homme en le soumettant à des dispositifs aliénants, le capitalisme numérique ferait apparaître les invariants de la nature humaine que nous avons tendance à refouler. L’homme des clashs sur les réseaux sociaux, prêt à adhérer aux infox et aux thèses complotistes, c’est « l’homme préhistorique qui revient sur le devant de la scène ». Un homme à qui il faut réapprendre à « différer la satisfaction de ses désirs immédiats » et à « domestiquer l’empire de ses intuitions erronées ». Si l’hypothèse est intéressante, on est stupéfait de l’anthropologie simpliste sur laquelle elle repose. Pour Bronner, l’homme préhistorique est en effet un homme tellement occupé à assurer sa subsistance dans un milieu hostile qu’il ne peut s’expliquer le fonctionnement de la nature qu’en peuplant le ciel de créatures enchantées avec lesquelles il doit négocier en permanence. Jusqu’au jour où surgit la raison qui lui permet de passer d’un rapport de soumission à un rapport de domination avec le monde. Marx ironisait sur les « robinsonnades » par lesquelles les philosophes du XVIIIe siècle se représentaient l’homme préhistorique. On est stupéfait qu’un sociologue français, qui ne peut ignorer les travaux sur la Préhistoire et l’ethnologie moderne, d’André Leroi-Gourhan à Claude Lévi-Strauss en passant par Pierre Clastres ou Philippe Descola, puisse se faire une image aussi rudimentaire de l’homme prémoderne et de ses croyances. Et quand Bronner nous annonce que « l’heure de la confrontation avec notre propre nature va sonner », on est séduits par l’hypothèse, mais on se demande où il a été cherché une image aussi fruste de Robinson.
Apocalypse cognitive
Livre
Emmanuel Chaussade
Elle, la mère
Publié le 11 janvier 2021
Les silences de la mère Quête de la figure maternelle, ce roman ressuscite les paroles d’une femme qui en était avare. « Dans le sein maternel, écrit Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe, l’enfant est injustifié, il n’est encore qu’une prolifération gratuite, un fait brut dont la contingence est symétrique de celle de la mort. » C’est entre ces deux pôles – l’aléatoire biologique de la naissance et la réappropriation du lien filial – que se déploie le texte d’Emmanuel Chaussade. D’un côté, la part subie et opaque de la filiation ; de l’autre, la recherche tâtonnante d’une connaissance et d’une reconnaissance, « la mère ». Composé de longs fragments de souvenirs, Elle, la mère chemine vers une impossible rencontre. La mère est morte, elle ne parlera plus. « À part une bouchée de terre, que peut-elle bien avaler maintenant. Il n’y a pas de pissenlits autour de sa tombe. Les couleuvres, elle les a avalées de son vivant. » Son fils parle d’elle et pour elle, comme s’il voulait rendre justice de ce silence imposé. Plutôt que de dresser le portrait d’une mère disparue, ce livre plonge dans la part la plus intime, la plus inaccessible de la défunte : son tenace désir de vivre, de persister malgré les épreuves, les vexations et le manque d’amour. Le fils-narrateur tend ses filets, il ramène à la surface les lambeaux d’une existence silencieuse. Il évoque l’institution religieuse où sa mère fut élevée par charité et les abus sexuels qu’elle y a subis. Il peint d’une âpre couleur les années de l’après-guerre, les familles trop nombreuses, la mort omniprésente, les barrières de classes, la violence au sein du couple et le spectre de la folie. Mais il invoque aussi l’étrange pouvoir de sa mère « d’aimer sans réfléchir, tout de suite, jamais ou pour la vie ». La phrase syncopée d’Emmanuel Chaussade restitue l’opacité des consciences. Plus elle réveille la mémoire, mieux elle fuit la psychologie. Elle tente de capter au plus près la vibration d’une existence fugace et avare de paroles. « On est toujours novice pour mourir », écrit le narrateur. Dans la mort, la banalité par excellence rejoint l’exception absolue. À mesure que la mère se recroqueville dans la vieillesse, sa présence ne cesse de grandir aux yeux du lecteur. C’est dans la grisaille d’une maison de retraite qu’elle exerce le mieux son pouvoir d’envoûtement. Réinventant la tradition poétique du « tombeau », Emmanuel Chaussade réveille les tourments d’une vie pour mieux accomplir le deuil.
Elle, la mère
Livre
Bruno Latour
Où suis-je ? Leçons du confinement à l’usage des terrestres
Publié le 11 janvier 2021
Bruno Latour, lanceur d’alertes Comment faire prendre conscience des enjeux colossaux de la crise écologique ? En expérimentant, comme le fait Bruno Latour avec Où suis-je ?, son dernier essai écrit au « je », un conte philosophique noir qui rend compte de l’urgence climatique. Ou encore en mobilisant un « nous » comme le fait Le Cri de Gaïa, l’ouvrage collectif qui lui est consacré. « Nul n’est prophète en son pays » : cette formule biblique semble faite pour Bruno Latour, dont la pensée ne rencontre pas en France l’écho qu’elle a dans le reste du monde, en particulier anglo-saxon. Il faut dire que cette pensée est tentaculaire, transversale et difficile à situer tant elle emprunte à des domaines nombreux et variés : histoire des sciences, anthropologie, sociologie, philosophie, art contemporain, etc. Latour aime brouiller les pistes et aller là où on ne l’attend pas – que ce soit à Abidjan pour rédiger une thèse sur Péguy, au Conseil d’État où il est allé comme dans une contrée exotique pour en dresser l’ethnographie, ou encore sur les planches de théâtre et dans des salles d’exposition pour y présenter des performances comme Iconoclash. Plus qu’un prophète, il faudrait donc dire de Bruno Latour qu’il est un chercheur de terrain, un expérimentateur et un innovateur, qui ne prétend pas voir l’avenir mais veut ouvrir des chantiers nouveaux, seuls capables à ses yeux de prendre la mesure de notre présent : c’est ainsi qu’il a ouvert à Sciences-Po un laboratoire interdisciplinaire qui mêle le numérique et les sciences sociales, et monté un programme en arts politiques. Mais quelle que soit la forme de son travail, il s’agit pour lui de penser les enjeux que notre monde contemporain doit affronter. Or ces enjeux sont « colossaux », pour reprendre un adjectif qu’il affectionne. Car c’est la révolution d’une crise écologique qu’il nous faut absorber, c’est-à-dire encaisser comme on encaisse des coups, non pas en adaptant notre vision du monde mais en en changeant aussi radicalement que nous devrions changer nos pratiques. Son nouveau livre Où suis-je ? prend la suite de Où atterrir ? (La Découverte, 2017) qui s’intéressait déjà à la mutation climatique. Latour y dressait le constat d’une Terre devenue inhabitable, qu’il fallait fuir, sans savoir où aller, en quête désespérée d’un refuge susceptible de nous accueillir. Trois ans plus tard, la désorientation est encore plus grande, puisque nous avons perdu tous nos repères. Il nous décrit perdus et hagards après un confinement qui n’en finit pas de laisser groggy. Mais plutôt qu’un nous, c’est un « je » qui parle, et quel je ! « En me réveillant, écrit Latour, je me mets à ressentir les tourments subis par le héros de Kafka, dans sa nouvelle La Métamorphose, qui pendant son sommeil s’est transformé en blatte, crabe ou cancrelat. » Cette blatte, ce crabe ou ce cancrelat, c’est nous, ou plutôt, c’est moi, Gregor Samsa, monstre qui fait horreur dans un monde n’ayant plus rien de familier : « C’est comme si j’avais subi, moi aussi, une vraie métamorphose, poursuit-il. Je me souviens encore que, avant, je pouvais me déplacer innocemment […]. Maintenant je sens que je dois avec effort tirer dans mon dos une longue traînée de CO2 qui m’interdit de m’envoler en prenant un billet d’avion et qui embarrasse désormais tous mes mouvements », puisque je me mets à culpabiliser à chaque initiative de consommation dont j’imagine aussitôt l’impact environnemental et sociétal. Et Latour de se (me ?) décrire en train de gémir d’une métamorphose dont on comprend qu’elle est définitive, puisque aucun retour en arrière n’est possible. Le confinement s’est généralisé et confondu avec le changement climatique pour signifier la chape de plomb tombée sur notre avenir, celui d’un devenir-blatte. Le conte philosophique de Latour est d’une noirceur irrespirable. À l’isolement sans issue de l’insecte répond cependant le collectif d’universitaires qui cosignent Le Cri de Gaïa, en forme d’écho rendu à l’ouvrage Face à Gaïa que Latour avait publié en 2015 à La Découverte. Emanuele Coccia, Vinciane Despret, Patrice Maniglier et Baptiste Morizot, notamment, y racontent la manière dont l’hypothèse Gaïa portée par Latour les a interrogés et a modifié leur travail et leur manière d’être. Un cri comme celui qu’on pousse au réveil d’un cauchemar mais qui aura au moins le mérite de faire penser que le salut passera par le travail collaboratif et la prise de conscience collective. 3 notions clés chez Bruno Latour Gaïa Latour reprend ce terme à l’environnementaliste James Lovelock pour désigner ce qui n’est ni la déesse grecque, ni la nature au sens d’un paysage, ni la Terre en tant que planète, mais une personnification de ce système pleinement vivant qui évolue avec nous et qui nous fait face. Au lieu de penser la Terre comme surface inerte, ou l’environnement comme contexte qui nous abrite, Gaïa nous questionne et nous interpelle de manière violente si l’on prend la mesure du défi écologique, géopolitique et existentiel qu’il nous faut affronter. Le Nouveau Régime Climatique C’est l’équivalent sur le plan sociologique et politique de ce qu’est l’Anthropocène sur le plan géologique. L’expression s’oppose également à l’« Ancien Régime » et contient l’idée de révolution à inventer : le changement climatique impose en effet une réorganisation de l’espace public pour adapter nos conditions d’existence à cette situation inédite et subversive. La Théorie de l’acteur-réseau (TAR ou ANT, acronyme d’Actor-Network Theory) C’est un élément fondamental de la nouvelle sociologie des sciences et des techniques portée par Bruno Latour avec Michel Callon et Madeleine Akrich. Au lieu de comprendre une réalité à partir des seuls humains, il s’agit de tenir compte des non-humains : des animaux, des objets, des techniques, des lieux et des discours qui la constituent. Cette approche doit intégrer ces éléments « actants » pour penser leur totalité comme un réseau aux multiples (inter)actions. Bibliographie sélective Pasteur. Guerre et paix des microbes (Métailié, 1984 ; rééd. La Découverte, 2001). Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique (La Découverte, 1991). La Fabrique du droit. Une ethnographie du Conseil d’État (La Découverte, 2002). Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique (La Découverte, 2015). Où atterrir ? Comment s’orienter en politique (La Découverte, 2017). Voir aussi le site bruno-latour.fr
Où suis-je ? Leçons du confinement à l’usage des terrestres
Livre
Frédérique Aït-Touati et Emanuele Coccia (dir.)
Le Cri de Gaïa. Penser la Terre avec Bruno Latour
Publié le 11 janvier 2021
Bruno Latour, lanceur d’alertes Comment faire prendre conscience des enjeux colossaux de la crise écologique ? En expérimentant, comme le fait Bruno Latour avec Où suis-je ?, son dernier essai écrit au « je », un conte philosophique noir qui rend compte de l’urgence climatique. Ou encore en mobilisant un « nous » comme le fait Le Cri de Gaïa, l’ouvrage collectif qui lui est consacré. « Nul n’est prophète en son pays » : cette formule biblique semble faite pour Bruno Latour, dont la pensée ne rencontre pas en France l’écho qu’elle a dans le reste du monde, en particulier anglo-saxon. Il faut dire que cette pensée est tentaculaire, transversale et difficile à situer tant elle emprunte à des domaines nombreux et variés : histoire des sciences, anthropologie, sociologie, philosophie, art contemporain, etc. Latour aime brouiller les pistes et aller là où on ne l’attend pas – que ce soit à Abidjan pour rédiger une thèse sur Péguy, au Conseil d’État où il est allé comme dans une contrée exotique pour en dresser l’ethnographie, ou encore sur les planches de théâtre et dans des salles d’exposition pour y présenter des performances comme Iconoclash. Plus qu’un prophète, il faudrait donc dire de Bruno Latour qu’il est un chercheur de terrain, un expérimentateur et un innovateur, qui ne prétend pas voir l’avenir mais veut ouvrir des chantiers nouveaux, seuls capables à ses yeux de prendre la mesure de notre présent : c’est ainsi qu’il a ouvert à Sciences-Po un laboratoire interdisciplinaire qui mêle le numérique et les sciences sociales, et monté un programme en arts politiques. Mais quelle que soit la forme de son travail, il s’agit pour lui de penser les enjeux que notre monde contemporain doit affronter. Or ces enjeux sont « colossaux », pour reprendre un adjectif qu’il affectionne. Car c’est la révolution d’une crise écologique qu’il nous faut absorber, c’est-à-dire encaisser comme on encaisse des coups, non pas en adaptant notre vision du monde mais en en changeant aussi radicalement que nous devrions changer nos pratiques. Son nouveau livre Où suis-je ? prend la suite de Où atterrir ? (La Découverte, 2017) qui s’intéressait déjà à la mutation climatique. Latour y dressait le constat d’une Terre devenue inhabitable, qu’il fallait fuir, sans savoir où aller, en quête désespérée d’un refuge susceptible de nous accueillir. Trois ans plus tard, la désorientation est encore plus grande, puisque nous avons perdu tous nos repères. Il nous décrit perdus et hagards après un confinement qui n’en finit pas de laisser groggy. Mais plutôt qu’un nous, c’est un « je » qui parle, et quel je ! « En me réveillant, écrit Latour, je me mets à ressentir les tourments subis par le héros de Kafka, dans sa nouvelle La Métamorphose, qui pendant son sommeil s’est transformé en blatte, crabe ou cancrelat. » Cette blatte, ce crabe ou ce cancrelat, c’est nous, ou plutôt, c’est moi, Gregor Samsa, monstre qui fait horreur dans un monde n’ayant plus rien de familier : « C’est comme si j’avais subi, moi aussi, une vraie métamorphose, poursuit-il. Je me souviens encore que, avant, je pouvais me déplacer innocemment […]. Maintenant je sens que je dois avec effort tirer dans mon dos une longue traînée de CO2 qui m’interdit de m’envoler en prenant un billet d’avion et qui embarrasse désormais tous mes mouvements », puisque je me mets à culpabiliser à chaque initiative de consommation dont j’imagine aussitôt l’impact environnemental et sociétal. Et Latour de se (me ?) décrire en train de gémir d’une métamorphose dont on comprend qu’elle est définitive, puisque aucun retour en arrière n’est possible. Le confinement s’est généralisé et confondu avec le changement climatique pour signifier la chape de plomb tombée sur notre avenir, celui d’un devenir-blatte. Le conte philosophique de Latour est d’une noirceur irrespirable. À l’isolement sans issue de l’insecte répond cependant le collectif d’universitaires qui cosignent Le Cri de Gaïa, en forme d’écho rendu à l’ouvrage Face à Gaïa que Latour avait publié en 2015 à La Découverte. Emanuele Coccia, Vinciane Despret, Patrice Maniglier et Baptiste Morizot, notamment, y racontent la manière dont l’hypothèse Gaïa portée par Latour les a interrogés et a modifié leur travail et leur manière d’être. Un cri comme celui qu’on pousse au réveil d’un cauchemar mais qui aura au moins le mérite de faire penser que le salut passera par le travail collaboratif et la prise de conscience collective. 3 notions clés chez Bruno Latour Gaïa Latour reprend ce terme à l’environnementaliste James Lovelock pour désigner ce qui n’est ni la déesse grecque, ni la nature au sens d’un paysage, ni la Terre en tant que planète, mais une personnification de ce système pleinement vivant qui évolue avec nous et qui nous fait face. Au lieu de penser la Terre comme surface inerte, ou l’environnement comme contexte qui nous abrite, Gaïa nous questionne et nous interpelle de manière violente si l’on prend la mesure du défi écologique, géopolitique et existentiel qu’il nous faut affronter. Le Nouveau Régime Climatique C’est l’équivalent sur le plan sociologique et politique de ce qu’est l’Anthropocène sur le plan géologique. L’expression s’oppose également à l’« Ancien Régime » et contient l’idée de révolution à inventer : le changement climatique impose en effet une réorganisation de l’espace public pour adapter nos conditions d’existence à cette situation inédite et subversive. La Théorie de l’acteur-réseau (TAR ou ANT, acronyme d’Actor-Network Theory) C’est un élément fondamental de la nouvelle sociologie des sciences et des techniques portée par Bruno Latour avec Michel Callon et Madeleine Akrich. Au lieu de comprendre une réalité à partir des seuls humains, il s’agit de tenir compte des non-humains : des animaux, des objets, des techniques, des lieux et des discours qui la constituent. Cette approche doit intégrer ces éléments « actants » pour penser leur totalité comme un réseau aux multiples (inter)actions. Bibliographie sélective Pasteur. Guerre et paix des microbes (Métailié, 1984 ; rééd. La Découverte, 2001). Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique (La Découverte, 1991). La Fabrique du droit. Une ethnographie du Conseil d’État (La Découverte, 2002). Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique (La Découverte, 2015). Où atterrir ? Comment s’orienter en politique (La Découverte, 2017). Voir aussi le site bruno-latour.fr
Le Cri de Gaïa. Penser la Terre avec Bruno Latour
Livre
Arnold Gehlen
L’Homme. Sa nature et sa position dans le monde
Publié le 11 janvier 2021
L’homme est un « être déficient », infirme, inadapté. Non qu’il serait, comme la théologie l’a seriné pendant des siècles, l’image imparfaite de Dieu : l’homme est déficient au regard des autres animaux, en particulier de ses plus proches parents, les primates. Tel est le point de départ depuis lequel le sociologue allemand Arnold Gehlen se propose, en 1940, de repenser l’énigme de l’Homo sapiens. Énigme car, en dépit de sa supposée insuffisance, l’homme a survécu des millénaires durant. Pourtant, d’un point de vue physique, son corps semble bloqué à un stade juvénile, immature – comme s’il était né un an trop tôt. Il est dépourvu d’organes d’attaque et de défense ; ses sens sont de piètre qualité ; son instinct, confus, est incapable de le guider. Fragile et nu, l’homme est jeté dans un monde où il n’a nulle part sa place – au contraire des autres animaux qui sont toujours déjà adaptés à leur milieu. Égaré sur la Terre, il est acculé, submergé par un « excédent impulsionnel » : l’environnement autour de lui est une surprise permanente. Mais c’est précisément par ce décalage de la surprise que l’homme peut s’ouvrir au monde, se détacher de l’instinct qui enchaîne l’animal au milieu environnant. L’animal ne fait pas d’erreur ; sapiens, au contraire, essaie, échoue, corrige ses mouvements sans arrêt. Son action est déjà une forme de réflexivité. Gehlen y voit la source du développement des fonctions psychiques supérieures. Non qu’il faille séparer vie et esprit : les animaux aussi sont dotés d’une forme de psychisme ; mais la déficience organique essentielle donne à l’esprit humain une forme inédite, celle de l’inventivité et de l’anticipation inquiète. Le monde auquel s’ouvre l’homme est un monde symbolisé, virtualisé, un monde de langage qui échappe à la tyrannie du présent. Tirant ce fil de la déficience humaine, Gehlen déploie une réflexion parfois ardue qui fraye une voie philosophique originale au milieu des avancées scientifiques innombrables du milieu du XXe siècle. Avec une ambition : refonder l’anthropologie.
L’Homme. Sa nature et sa position dans le monde
Livre
Pascal Chabot
Avoir le temps. Essai de chronosophie
Publié le 11 janvier 2021
À moins d’un malheur, l’avenir nous réserve une sacrée quantité de temps. Et pourtant, nous nous plaignons constamment d’en manquer. À quoi tient ce paradoxe ? C’est que les heures devant nous ont perdu en qualité, estime Pascal Chabot. Après avoir longuement vécu sous les régimes du Destin et du Progrès, la majeure partie de l’humanité vit désormais sous le joug de l’Hypertemps et du Délai. Avec le Destin, « la puissance, la force irrésistible, l’éternelle loi qui dictait le cours des choses », le temps avait « son maître ». Chabot lui attribue l’image d’une coquille en spirale, mystère naturel dans lequel le temps joue d’une manière qui nous dépasse. Le Progrès se met en place avec les avancées technologiques et leur promesse d’un avenir meilleur. Avoir le temps, c’est désormais « le mesurer, le chiffrer, se le faire indiquer » : voici le règne des horloges, de la montre et de leurs ressorts. C’est sous le régime de l’Hypertemps et du Délai que l’on perd pied, pris dans le vertige de spirales qui ne mènent nulle part si ce n’est au burn-out. Face à ces quatre règnes, le philosophe propose celui de l’Occasion, qui ressemble au kairos grec. Une invitation à se réapproprier plus intimement ce temps qui nous échappe d’autant plus que nous essayons de le maîtriser.
Avoir le temps. Essai de chronosophie
Livre
James C. Scott
L’Œil de l’État
Publié le 11 janvier 2021
Son œil, James C. Scott l’a posé sur l’État depuis un moment. Dans ce livre écrit en 1997, qui vient d’être traduit, l’anthropologue s’intéresse avec une érudition enthousiasmante à tout ce que la modélisation d’État manque et tente de réprimer. Il parle de « haut-modernisme » pour qualifier les « grandes utopies d’ingénierie sociale du XXe siècle », qui ont en commun de chercher à simplifier la nature et la société pour les rendre lisibles et les ordonner au service d’un pouvoir. Et d’évoquer, comme exemple, la sylviculture développée au XVIIIe siècle, qui rend la forêt « scientifique » plus facile à gérer… mais aussi plus fragile, du fait de la monoculture. Cette vaste « mission civilisatrice » rationaliste, qui écrase les savoir-faire et pratiques indigènes, ne va pas sans violences. En effet, leur disparition n’est pas une conséquence malheureuse du progrès mais une condition de possibilité de « la mise en place d’un ordre administratif ». Car toutes ces formes « d’infrapolitique » sont aussi, localement, des « arts de la résistance », montre Scott, des façons « de ne pas être gouverné ». Cette contre-histoire de la modernité invite à la vigilance, car, dans les temps de crise, les fantasmes de grandes transformations trouvent un écho particulièrement favorable, « au nom et avec le soutien de citoyens en quête d’assistance et de protection ».
L’Œil de l’État
Livre
Arnaud-Dominique Houte
Propriété défendue. La société française à l’épreuve du vol. XIXe-XXe siècles
Publié le 11 janvier 2021
Il y a quelque chose d’étrange avec le vol, même mineur, quand nous en sommes victimes : même si nous restons physiquement indemnes, nous avons l’impression d’avoir été atteints intimement. Sans parler du traumatisme toujours vif du cambriolage. Ce sentiment, ainsi que les multiples injonctions à « faire attention » lues et entendues à longueur de journée dans les lieux publics, est le point de départ de la passionnante enquête de l’historien Arnaud-Dominique Houte consacrée à « la peur du vol ». L’histoire le prouve : l’idée de propriété a le cuir solide. Elle s’est même solidifiée avec le temps, notamment avec l’avènement de la société de consommation. Des pratiques de glanage encore courantes jusqu’à la fin du XVIIIe siècle – on tolérait alors que les plus nécessiteux prennent gratuitement ce qu’il restait au sol après une récolte par exemple – aux grandes enseignes qui aspergent d’eau de Javel leurs invendus jetés aux poubelles, l’arsenal législatif a accompagné une forme d’« absolutisation du droit de propriété ». Au point que « la sécurité » hante régulièrement les préoccupations des Français dans les sondages. Tous les soirs à 20 heures, la France a peur : qu’on lui arrache son téléphone, qu’on la cambriole, qu’on lui vole une paire de baskets à la mode… ou, tout simplement, son identité de propriétaire.
Propriété défendue. La société française à l’épreuve du vol. XIXe-XXe siècles
Livre
Jean-Louis Poirier
L’Antiquité en détresse
Publié le 11 janvier 2021
Comment le monde gréco-romain vivait ses catastrophes et ses épidémies ? Jean-Louis Poirier compile ici des extraits de dizaines d’historiens, de géographes et de philosophes de l’Antiquité. Ces fragments contant les cataclysmes – rêvés ou réels – et les vies quotidiennes bouleversées sont de précieuses lucarnes où se dévoile l’esprit des peuples disparus. Ces fléaux sont tantôt le langage mythologique de la nature, tantôt le décor de légendes, comme l’Atlantide engloutie ou le déluge de Noé. Ils dévoilent la charpente du monde : les vents souterrains d’Aristote ou la lutte perpétuelle des éléments chez Lucrèce. Ils sont les funestes présages annonciateurs de chamboulements politiques ou les memento mori rappelant l’homme à sa condition, comme chez Sénèque ou les chrétiens. Enfin, ce sont ces incompréhensibles malheurs, terreau de la révolte humaine. Comme dans cette lamentation du rhéteur romain Libanios sur le tremblement de terre qui détruisit la cité de Nicomédie, en Asie mineure, en 358. L’ode à cette beauté perdue, écrite comme une « remontrance aux dieux », est traduite ici en français pour la première fois.
L’Antiquité en détresse
Livre
Thomas Lepeltier
L’Univers existe-t-il ?
Publié le 11 janvier 2021
Le modèle du big-bang est-il scientifique ? La question semble provocatrice. Cependant, elle fait écho à une histoire critique de la cosmologie que l’on entend peu et que Thomas Lepeltier, astrophysicien et philosophe des sciences, expose ici. L’Univers est trop uniforme ? On invente une théorie de l’inflation. La matière connue ne suffit pas à expliquer la cohésion des galaxies ? On postule l’existence d’une matière noire jamais identifiée. Incompréhensible accélération de l’expansion de l’Univers ? On imagine une « mystérieuse » énergie noire. Pour l’auteur, ces hypothèses quasi invérifiables censées sauver le big-bang ne sont pas seulement suspectes. Elles finissent par invalider la possibilité même de réfuter ce modèle par l’expérience. Or, là où certains cosmologistes plaident pour une révolution épistémologique dans les sciences, Lepeltier s’accroche au critère de réfutabilité comme pilier de la connaissance scientifique. Et il pose une question encore plus fondamentale : dans quelle mesure peut-on considérer la cosmologie comme une science ? Le débat, autrefois vif, n’existe plus aujourd’hui. Hier encore, l’épistémologue Gaston Bachelard tranchait que l’inaccessible Univers ne pourrait jamais échapper au rêve. Il est « déjà un au-delà », une « transcendance susceptible de compléter facilement toutes les données de l’expérience ».
L’Univers existe-t-il ?
Livre
Philippe Urfalino
Décider ensemble. La fabrique de l’obligation collective
Publié le 11 janvier 2021
Comment bien prendre une décision collective ? Cette question éminemment politique paraît rebattue depuis l’Antiquité, et pourtant, le sociologue Philippe Urfalino lui donne une actualité nouvelle dans un livre à la fois technique et inspiré. Selon lui, une décision collective ne peut se réduire ni à un vote ni à un agrégat de préférences – chose que les économistes ont tendance à faire, comme avec la « théorie du choix social ». « Décider ensemble » suppose d’abord d’obéir à des normes partagées par les membres du groupe, que Philippe Urfalino nomme « règles d’arrêt ». À l’aide d’exemples variés (la « palabre », le choix d’une pizza…), Urfalino en distingue trois, scrutant tour à tour leur efficacité et leur équité. Si la majorité absolue reste d’après lui « la règle préférable », il n’est pas sûr que nous en fassions toujours bon usage. Notamment car « l’obligation majoritaire ne vaut que pour les décisions qui ne divisent pas une communauté au point de la dissoudre ». Sur des sujets sensibles pouvant modifier l’identité du collectif, « un assentiment plus large » est jugé nécessaire. Une réflexion salutaire au moment où, par exemple, l’exécutif entend modifier la Constitution par référendum. Et s’il fallait inventer d’autres voies ?
Décider ensemble. La fabrique de l’obligation collective
Livre
Vincent Zonca
Lichens. Pour une résistance minimale
Publié le 11 janvier 2021
Sur les troncs, les pierres, les murs : partout ils prolifèrent. Et pourtant, c’est à peine si nous les remarquons. Lui, ces organismes le fascinent depuis l’enfance. Sortez vos loupes : Vincent Zonca se penche sur les lichens dans une enquête qui emprunte le « tournant végétal » de la pensée contemporaine, à la nuance près que les lichens ne sont pas des plantes ; ils appartiennent au règne fongique. Mobilisant le savoir biologique, l’ouvrage montre comment les lichens ont inspiré artistes et écrivains. La poétique des lichens ? Ce qui attire chez eux, c’est qu’ils sont à la fois humbles et extrêmement résistants, symboles d’une vie qui persévère dans son être – Thoreau saluait leur « santé titanesque ». Mais Zonca propose également une métaphysique et une politique des lichens. À la base, ce constat : ces formes de vie sont doubles, associant un champignon et une algue qui interagissent. Dans le sillage de philosophes tels Donna Haraway ou Emanuele Coccia (qui préface le livre), l’auteur insiste sur le mélange et l’alliance entre les êtres et les règnes hétérogènes. Symbiotique, le lichen inviterait les hommes à « [se] reconnecter aux autres espèces vivantes qui sont nos “co-habitants” ». Après tout, « dans lichens il y a liens ».
Lichens. Pour une résistance minimale
Livre
Corine Pelluchon
Les Lumières à l’âge du vivant
Publié le 11 janvier 2021
Ces temps-ci, les Lumières ont plutôt mauvaise presse. Accusées d’être trop universalistes, aveugles aux particularismes, trop anthropocentrées, trop occidentales et complices d’un libéralisme qui sacre une illusoire autonomie du sujet, elles ne refléteraient en réalité que la volonté d’hégémonie d’une partie de l’humanité. Par rapport à ce procès, Corine Pelluchon fait un pas de côté. Elle qui plaide pour une meilleure reconnaissance de la souffrance animale et pour la mise en place de lois et de nouveaux comportements en conséquence tient à redéfinir le projet des Lumières sans s’en débarrasser définitivement. Ce n’est plus l’être humain qu’il s’agirait d’affranchir de l’obscurantisme, mais le vivant tout entier qu’il faudrait consacrer dans sa diversité et sa vulnérabilité : « Les Lumières du XXIe siècle doivent traduire cet espoir qui s’appuie sur un projet écologique impliquant la sortie d’un modèle de développement destructeur et violent et la décolonisation de notre imaginaire marqué par la domination de la nature, des autres, et par la répression de notre sensibilité. » L’intention, louable, gagnerait à se voir accompagnée de propositions plus directement concrètes. Autrement, l’imaginaire risque de rester la première et la dernière étape d’un projet pourtant stimulant.
Les Lumières à l’âge du vivant
Livre
Edgar Morin
Culture et barbarie européennes
Publié le 11 janvier 2021
Ensauvagement, barbarie, bestialité : autant de mots qui saturent aujourd’hui l’espace médiatique, autant de termes brandis comme repoussoirs par l’homme « civilisé ». Reléguer la cruauté dans les limbes d’un ailleurs, la rejeter hors de soi, c’est pourtant s’interdire de la comprendre, comme l’explique Edgar Morin : « La barbarie n’est pas seulement un élément qui accompagne la civilisation, elle en fait partie intégrante. » Barbarie purificatoire tout d’abord, car les civilisations brassent une diversité croissante d’hommes dont les différences sont vécues comme une menace. Et cette barbarie est d’autant plus brutale qu’elle bénéficie de la « démesure » des moyens techniques et bureaucratiques à sa disposition. Guerres de conquêtes et de domination, épurations religieuses et ethniques, colonisation du monde, totalitarisme, mondialisation sauvage… Les exemples ne manquent pas de cette cruauté décuplée, déchaînée, « raffinée ». Il ne s’agit pas de nier que la civilisation – européenne, en particulier – a nourri « un épanouissement des arts, de la culture, de la connaissance » inédit : il faut assumer l’ambivalence de la civilisation, capable du meilleur comme du pire, afin d’y trouver les remèdes contre sa propre barbarie. Alors seulement la civilisation peut devenir la source d’un « humanisme planétaire ».
Culture et barbarie européennes
CULTURE
Article 2 min
Histoires de fesses
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Avec l'exposition L’Empire des sens. De Boucher à Greuze, le musée Cognacq-Jay (à Paris) met à l'honneur l'art érotique du XVIIIe siècle et révèle le corps en pleine lumière.
Histoires de fesses
Article 2 min
“Suzanna Andler” : triangle d’amour
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Le réalisateur Benoît Jacquot a tenu sa promesse à Marguerite Duras : adapter pour le cinéma sa pièce de théâtre Suzanna Andler, une exploration du sentiment amoureux, entre amitié, désir et passion.
“Suzanna Andler” : triangle d’amour
Article 2 min
“Maîtres anciens” : Transmission impossible ?
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
Nicolas Bouchaud adapte pour la scène ce roman de Thomas Bernhard, au Théâtre de la Bastille (Paris). Un réjouissant jeu de massacre du patrimoine culturel européen en forme de salutaire appel d’air.
“Maîtres anciens” : Transmission impossible ?
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 5. Lisons tout ce qui nous tombe sous la main
François Morel 08 janvier 2021
Quand les librairies sont fermées, c’est ennuyeux, bien sûr. Notamment pour les lecteurs. Qu’à cela ne tienne. Les livres ne sont pas les seuls objets de lecture. Afin que le lecteur ne soit pas abandonné comme un chien par un maître indélicat pendant les vacances, certains commerces autor..
Conseil n° 5. Lisons tout ce qui nous tombe sous la main
JEUX
Article 1 min
Philocroisés #66
Gaëtan Goron 14 janvier 2021
Horizontalement I. Il est, à n’en pas douter, du doute un spécialiste. II. #Metoo montre le mal qu’il peut faire. On en fait une bête qui pique. III. Substance de la périphérie dernière de l’Univers pour Aristote. Parc à huîtres. IV. Passion en bleu et blanc...
Philocroisés #66
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Bertrand Mandico. Mondes mutants
Cédric Enjalbert 14 janvier 2021
« Un esprit libre prend des libertés même à l’égard de la liberté. » À cette citation du peintre Francis Picabia, Bertrand Mandico souscrit, lui qui, après avoir réalisé des films d’animation et des courts métrages, a ravi les esprits et les prix avec un premier long en 2017 : Les Garçons sauvages, et son univers luxuriant de piraterie queer. Il achève le prochain – Paradis sale, entre science-fiction et western – et s’attelle à un projet mêlant cinéma, spectacle vivant et réalité virtuelle au théâtre Nanterre-Amandiers, au mois de mars : Conan la Barbare, tout féminin ! Il y sera question de romantisme et de barbarie, mais aussi de l’épuisement de l’artiste et de la jeunesse perdue.
Bertrand Mandico. Mondes mutants
(Philomag) |
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