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263 résultat(s) recherche sur le tag 'hume'
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N°178 - Avril 2024 - Comment cultiver la bonne humeur ? (Bulletin de Philosophie Magazine)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
Titre : N°178 - Avril 2024 - Comment cultiver la bonne humeur ? Type de document : texte imprimé Année de publication : 2024 Importance : 98 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Langues : Français (fre) Catégories : Philosophie Tags : bonne humeur Robert Badinter IA Simone Weil Paul Ricoeur Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Proposer un dossier sur la méthode du bonheur ou l’art de la joie serait presque indécent, alors que la rumeur du monde est morose et que les gens souffrent. Mais notre objectif est plus modeste : il s’agit d’essayer de cultiver une forme de bonne humeur… malgré tout. Cet objectif est-il tenable ? Comment faire ?
(Philomag)Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Au saut du lit, l'édito d’Alexandre Lacroix
Alexandre Lacroix 21 mars 2024
Qu’est-ce qui distingue une émotion – comme la joie ou la gaieté – de la bonne humeur ? La réponse habituelle est que l’émotion admet une cause,…
Au saut du lit, l'édito d’Alexandre Lacroix
SIGNES DES TEMPS
Article 1 min
La santé à tout prix ?
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
38 %C’est la part des Français qui, s’estimant en mauvaise santé, renoncent finalement à des soins pour des raisons financières, selon une étude révélée par l’UFC-Que choisir fin février. Le rapport pointe des dépassements d’honoraires de plus…
Article 1 min
Trump en grandes pompes
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
Pour financer sa campagne présidentielle, Donald Trump a lancé sa marque de baskets au prix fort de 399 euros la paire, à la mi-février. Des chaussures à…
Trump en grandes pompes
Article 1 min
La famille, vue par Gérald Darmanin… et Jean-Jacques Rousseau
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
“Ma famille me permet de relativiser les difficultés politiques”Gérald Darmanin, le 21 février, dans un portrait paru dans Paris-Match“La famille est […] le premier modèle des sociétés politiques”Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social …
Article 2 min
“Instant democracy”
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
« Démocratie de l’instant » : l’expression est apparue en 2022 sur la scène latino-américaine sous la plume du politologue Antoni Gutiérrez-Rubí…
“Instant democracy”
Article 1 min
Parole d’hommes
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
Sept ans après le début de #MeToo, la parole se libère chez les hommes victimes de violences sexuelles avec le lancement de #MeTooGarçons sur X (ex-Twitter). « Si l’on entend moins les hommes, c’est avant tout parce qu’ils sont moins victimes…
Article 1 min
“Impacter”
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
LES CHOIX DE LA RÉDACTION
Article 2 min
Pour ou contre l’uniforme à l’école ?
Octave Larmagnac-Matheron 16 mars 2024
Faut-il introduire la « tenue unique » dans les écoles françaises ? Le débat fait rage depuis que l’exécutif a émis l’idée et lancé…
Pour ou contre l’uniforme à l’école ?
Article 2 min
Maladies d’hier, maladies d’aujourd’hui
Octave Larmagnac-Matheron 16 mars 2024
Les Britanniques sont confrontés à une résurgence de maladies de l’ère victorienne. Ce phénomène montre que l’immunité est une construction…
Maladies d’hier, maladies d’aujourd’hui
Article 3 min
Qui est Nayib Bukele, l’autoproclamé “philosophe-roi” du Salvador ?
Samuel Lacroix 16 mars 2024
Réélu triomphalement le mois dernier, le président du Salvador jouit d’une popularité exceptionnelle en dépit de son autoritarisme grandissant…
Qui est Nayib Bukele, l’autoproclamé “philosophe-roi” du Salvador ?
Article 3 min
Pierre-Noël Giraud : “Nous laissons piller notre temps libre par les plateformes”
Alexandre Lacroix 16 mars 2024
Convaincu que le temps est devenu la « ressource rare ultime » à l’ère de l’accélération, l’économiste Pierre-Noël Giraud appelle à une…
Pierre-Noël Giraud : “Nous laissons piller notre temps libre par les plateformes”
HOMMAGE
ESSAI LIBRE
Article 6 min
L’IA va-t-elle rendre le langage payant ?
Pascal Chabot 17 mars 2024
C’est la question originale que pose le philosophe spécialiste de la technologie Pascal Chabot dans cette réflexion où il se penche sur l’avenir…
L’IA va-t-elle rendre le langage payant ?
JEUX DE STRATÉGIE
Article 3 min
Attal et Bardella, le “stade Agnan” de la politique : la chronique de Michel Eltchaninoff
Michel Eltchaninoff 18 mars 2024
Le premier de la classe du Petit Nicolas de Goscinny et Sempé semble inspirer la communication du Premier ministre et de la tête de liste du…
Attal et Bardella, le “stade Agnan” de la politique : la chronique de Michel Eltchaninoff
NOUVELLES VAGUES
Article 3 min
Règlement de comptes à “OK boomer” : la chronique d’Anne-Sophie Moreau
Anne-Sophie Moreau 18 mars 2024
Le président de la République en appelle à un « réarmement civique » de la jeunesse. Mais ne serait-ce pas leurs aînés qui semblent…
Règlement de comptes à “OK boomer” : la chronique d’Anne-Sophie Moreau
LÀ EST LA QUESTION…
Article 4 min
“Dois-je réaliser mes fantasmes ?” Charles Pépin répond à vos dilemmes
Charles Pépin 19 mars 2024
LE DILEMME DE LOUISE« Avec mon compagnon, nous nous demandons si nous devons passer le cap de la réalisation d’un fantasme sexuel : inviter une…
“Dois-je réaliser mes fantasmes ?” Charles Pépin répond à vos dilemmes
ENTRETIEN
Entretien 14 min
Pierre Zaoui : “Redonnons au désir sa légèreté”
Anne-Sophie Moreau 21 mars 2024
La bulle de savon, un objet philosophique ? C’est de ce presque rien dont s’empare Pierre Zaoui dans son nouveau livre, Beautés de l’éphémère…
Pierre Zaoui : “Redonnons au désir sa légèreté”
REPORTAGE
Article 12 min
“Mon chien, c’est toute ma vie !” L’animal, un allié pour les personnes à la rue
Clara Degiovanni 21 mars 2024
Appui vital, fidélité indéfectible, liens d’une profondeur insoupçonnée… Le chien occupe une place centrale dans la vie des sans-abri. Nous sommes…
“Mon chien, c’est toute ma vie !” L’animal, un allié pour les personnes à la rue
VERTIGES
Article 3 min
Anatomie d’un théorème : la chronique d’Étienne Klein
Étienne Klein 15 mars 2024
Anatomie d’une chute a été distingué par les prix les plus prestigieux, dont dernièrement l’oscar du meilleur scénario original. Le film nous met…
Anatomie d’un théorème : la chronique d’Étienne Klein
DOSSIER
6 articles
Comment cultiver la bonne humeur ?
Publié le 21 mars 2024
Proposer un dossier sur la méthode du bonheur ou l’art de la joie serait presque indécent, alors que la rumeur du monde est morose et que les gens...
Comment cultiver la bonne humeur ?
Article 9 min
“Qu’est-ce qui vous met de bonne humeur ?” Les réponses des philosophes
Cédric Enjalbert, Victorine de Oliveira, Ariane Nicolas, 21 mars 2024
Pour bien commencer ce dossier, nous avons posé cette question simple à cinq philosophes, qui délivrent leur secret pour garder la forme !…
“Qu’est-ce qui vous met de bonne humeur ?” Les réponses des philosophes
Article 5 min
Que notre volonté soit fête
Michel Eltchaninoff 21 mars 2024
L’humeur ne se décrète pas, c’est entendu. Mais, moins grandiose que le bonheur ou la joie, c’est elle qui fait de nos journées une vivifiante…
Que notre volonté soit fête
Article 9 min
La trame de notre vie émotionnelle
Alexandre Lacroix 21 mars 2024
D’où vient la bonne (ou la mauvaise) humeur ? De soudaines décharges hormonales ou de souvenirs enfouis ? Pour le savoir, nous avons…
La trame de notre vie émotionnelle
Article 6 min
Un jour sans plainte
Michel Eltchaninoff 21 mars 2024
Si les grands penseurs ne sont pas tous des boute-en-train, certains ont imaginé des moyens de ne pas gâcher leurs journées en se laissant envahir…
Un jour sans plainte
Article 5 min
Clowns à “care” ouvert
Louise Coquillat, Yasmine Khiat, 21 mars 2024
Comment faire naître un sourire dans un milieu qui, a priori, ne s’y prête guère ? C’est la mission des clowns de l’association Le Rire médecin,…
Clowns à “care” ouvert
Dialogue 11 min
Matthieu Barbin, alias Sara Forever-Olivia Gazalé : légèrement graves
Cédric Enjalbert, Ariane Nicolas, 21 mars 2024
Finaliste de la deuxième saison de l’émission Drag Race France, Matthieu Barbin cultive la bonne humeur corrosive comme une seconde nature, il en…
Matthieu Barbin, alias Sara Forever-Olivia Gazalé : légèrement graves
LES CLÉS D’UN CLASSIQUE
Article 10 min
Simone Weil : une révoltée en quête d’absolu
Victorine de Oliveira 20 mars 2024
Faisant de l’enracinement un besoin existentiel indispensable, la philosophe revendique un engagement courageux dans le monde et pour les autres……
Simone Weil : une révoltée en quête d’absolu
Article 3 min
Le ciment du passé : un extrait de Simone Weil expliqué
Victorine de Oliveira 20 mars 2024
Chez Weil, le concept d’enracinement est lié à celui du passé. Il ne faut pas y voir une posture réactionnaire mais l’affirmation d’une tradition et d’une communauté au sein desquelles l’action est possible.
L’INCONNUE CÉLÈBRE
Article 4 min
Constance Naden : réconcilier les contraires
Octave Larmagnac-Matheron 16 mars 2024
Morte à seulement 30 ans, cette philosophe, poète et femme d’engagements a élaboré au XIXe siècle un système de pensée original …
Constance Naden : réconcilier les contraires
LIVRES
Article 2 min
“Les Rebelles magnifiques” : le romantisme retrouvé
Martin Legros 15 mars 2024
On se le représente comme un mouvement philosophique qui serait né en Allemagne à la fin du XVIIIe siècle, en réaction contre les Lumières et la Révolution française, avec des penseurs comme Novalis, Herder ou les frères Schlegel qui s’opposent…
Livre
Olga Bronnikova et Matthieu Renault
Kollontaï. Défaire la famille, refaire l’amour
Publié le 15 mars 2024
« Il n’y a pas de pays, pas de peuple […] où la question des rapports entre les sexes n’ait pris un caractère de plus en plus brûlant et douloureux », écrit Alexandra Kollontaï, diagnostiquant une...
Kollontaï. Défaire la famille, refaire l’amour
Article 4 min
Le sacre des victimes
Denis Maillard 15 mars 2024
Les victimes seraient-elles devenues le centre de gravité de l’Histoire, celles et ceux avec qui l’on s’identifie, qu’on commémore et qu’on…
Le sacre des victimes
Livre
Natalie Depraz
La Surprise
Publié le 15 mars 2024
On les adore ou on les déteste. Il y a les petites et les grandes. Les bonnes et les mauvaises – les divines, aussi, parfois… Les surprises trament et troublent continuellement nos vies. Or, selon la...
La Surprise
Livre
Solvej Balle
Le Volume du temps. Tome 1
Publié le 15 mars 2024
Il est des classiques qu’il paraît impossible de réinventer. Comme Un jour sans fin, film culte où Bill Murray se voit coincé, avec humour mais pour l’éternité, dans une même journée. Pourtant...
Le Volume du temps. Tome 1
Livre
Mériam Korichi
Spinoza Code
Publié le 15 mars 2024
On la connaissait plus volontiers philosophe ou dramaturge : voici Mériam Korichi enquêtrice. Avec un art consommé de la mise en scène qui romance des faits bien réels, son récit s’ouvre sur la...
Spinoza Code
Livre
Byung-Chul Han
Vita contemplativa
Publié le 15 mars 2024
À foncer tête baissée, nous ne pouvons, nous ne savons plus nous arrêter. Intégral, le culte du travail et de la performance serait-il en train de ronger l’homme, de saper sa meilleure part ? Le...
Vita contemplativa
Livre
Frédéric Worms
Le Pourquoi du comment
Publié le 15 mars 2024
S’orienter « dans la vie grâce à la philosophie », « mais aussi dans la philosophie, à partir de la vie » : ce double mouvement rythme la réflexion de Frédéric Worms, qui oppose moins les affects et...
Le Pourquoi du comment
Livre
Adam Shatz
Frantz Fanon. Une vie en révolutions
Publié le 15 mars 2024
Qui était vraiment Frantz Fanon, charismatique révolutionnaire martiniquais ? Le journaliste et essayiste américain Adam Shatz signe ici une magistrale biographie qui aborde les multiples...
Frantz Fanon. Une vie en révolutions
Livre
Heinz Wismann
Lire entre les lignes
Publié le 15 mars 2024
Il y a plusieurs livres dans ce magnifique opus qui rassemble une centaine de textes, conférences et entretiens donnés par le philosophe dans des revues, magazines (dont Philosophie...
Lire entre les lignes
ARTS
Article 2 min
“Le mal n’existe pas” : humains par nature
Cédric Enjalbert 19 mars 2024
Le nouveau film de Ryūsuke Hamaguchi, réalisateur notamment de Drive My Car, propose, sous les dehors d’une fable environnementale de toute beauté…
“Le mal n’existe pas” : humains par nature
Article 2 min
“Rembobiner” : devenir-femme
Cédric Enjalbert 19 mars 2024
Le collectif Marthe fait revivre sur scène le travail de la réalisatrice Carole Roussopoulos, dont les documentaires témoignent de l’effervescence…
“Rembobiner” : devenir-femme
Article 2 min
“L’Invention de la Renaissance” : à livre ouvert
Cédric Enjalbert 19 mars 2024
En présentant de nombreux manuscrits et ouvrages de la Renaissnace, cette exposition à la Bibliothèque nationale de France montre comment le livre…
“L’Invention de la Renaissance” : à livre ouvert
COMME DES GRANDS
Article 2 min
“Est-ce que les girafes savent que les fourmis existent ?”
Chiara Pastorini 21 mars 2024
Question de Ryan, 8 ans
“Est-ce que les girafes savent que les fourmis existent ?”
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 3 min
Miquel Barceló : l’eau, la grotte et les rêves
Cédric Enjalbert 17 mars 2024
De la vida mía, « l’histoire de ma vie ». Dans ce beau livre récemment paru sous ce titre au Mercure de France, le plasticien Miquel…
Miquel Barceló : l’eau, la grotte et les rêves
CAHIER CENTRAL
Article 4 min
Pierre-Olivier Monteil : “Ricœur dissocie l’imagination du registre de la connaissance”
Victorine de Oliveira 15 mars 2024
En 1975, Paul Ricœur donne deux cours à l’Université de Chicago sur l’imagination, notion qui irrigue sa pensée sans qu’il l’ait déjà vraiment…
(Philomag)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
N°178 - Avril 2024 - Comment cultiver la bonne humeur ? [texte imprimé] . - 2024 . - 98 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Philosophie Tags : bonne humeur Robert Badinter IA Simone Weil Paul Ricoeur Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Proposer un dossier sur la méthode du bonheur ou l’art de la joie serait presque indécent, alors que la rumeur du monde est morose et que les gens souffrent. Mais notre objectif est plus modeste : il s’agit d’essayer de cultiver une forme de bonne humeur… malgré tout. Cet objectif est-il tenable ? Comment faire ?
(Philomag)Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Au saut du lit, l'édito d’Alexandre Lacroix
Alexandre Lacroix 21 mars 2024
Qu’est-ce qui distingue une émotion – comme la joie ou la gaieté – de la bonne humeur ? La réponse habituelle est que l’émotion admet une cause,…
Au saut du lit, l'édito d’Alexandre Lacroix
SIGNES DES TEMPS
Article 1 min
La santé à tout prix ?
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
38 %C’est la part des Français qui, s’estimant en mauvaise santé, renoncent finalement à des soins pour des raisons financières, selon une étude révélée par l’UFC-Que choisir fin février. Le rapport pointe des dépassements d’honoraires de plus…
Article 1 min
Trump en grandes pompes
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
Pour financer sa campagne présidentielle, Donald Trump a lancé sa marque de baskets au prix fort de 399 euros la paire, à la mi-février. Des chaussures à…
Trump en grandes pompes
Article 1 min
La famille, vue par Gérald Darmanin… et Jean-Jacques Rousseau
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
“Ma famille me permet de relativiser les difficultés politiques”Gérald Darmanin, le 21 février, dans un portrait paru dans Paris-Match“La famille est […] le premier modèle des sociétés politiques”Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social …
Article 2 min
“Instant democracy”
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
« Démocratie de l’instant » : l’expression est apparue en 2022 sur la scène latino-américaine sous la plume du politologue Antoni Gutiérrez-Rubí…
“Instant democracy”
Article 1 min
Parole d’hommes
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
Sept ans après le début de #MeToo, la parole se libère chez les hommes victimes de violences sexuelles avec le lancement de #MeTooGarçons sur X (ex-Twitter). « Si l’on entend moins les hommes, c’est avant tout parce qu’ils sont moins victimes…
Article 1 min
“Impacter”
Octave Larmagnac-Matheron 14 mars 2024
LES CHOIX DE LA RÉDACTION
Article 2 min
Pour ou contre l’uniforme à l’école ?
Octave Larmagnac-Matheron 16 mars 2024
Faut-il introduire la « tenue unique » dans les écoles françaises ? Le débat fait rage depuis que l’exécutif a émis l’idée et lancé…
Pour ou contre l’uniforme à l’école ?
Article 2 min
Maladies d’hier, maladies d’aujourd’hui
Octave Larmagnac-Matheron 16 mars 2024
Les Britanniques sont confrontés à une résurgence de maladies de l’ère victorienne. Ce phénomène montre que l’immunité est une construction…
Maladies d’hier, maladies d’aujourd’hui
Article 3 min
Qui est Nayib Bukele, l’autoproclamé “philosophe-roi” du Salvador ?
Samuel Lacroix 16 mars 2024
Réélu triomphalement le mois dernier, le président du Salvador jouit d’une popularité exceptionnelle en dépit de son autoritarisme grandissant…
Qui est Nayib Bukele, l’autoproclamé “philosophe-roi” du Salvador ?
Article 3 min
Pierre-Noël Giraud : “Nous laissons piller notre temps libre par les plateformes”
Alexandre Lacroix 16 mars 2024
Convaincu que le temps est devenu la « ressource rare ultime » à l’ère de l’accélération, l’économiste Pierre-Noël Giraud appelle à une…
Pierre-Noël Giraud : “Nous laissons piller notre temps libre par les plateformes”
HOMMAGE
ESSAI LIBRE
Article 6 min
L’IA va-t-elle rendre le langage payant ?
Pascal Chabot 17 mars 2024
C’est la question originale que pose le philosophe spécialiste de la technologie Pascal Chabot dans cette réflexion où il se penche sur l’avenir…
L’IA va-t-elle rendre le langage payant ?
JEUX DE STRATÉGIE
Article 3 min
Attal et Bardella, le “stade Agnan” de la politique : la chronique de Michel Eltchaninoff
Michel Eltchaninoff 18 mars 2024
Le premier de la classe du Petit Nicolas de Goscinny et Sempé semble inspirer la communication du Premier ministre et de la tête de liste du…
Attal et Bardella, le “stade Agnan” de la politique : la chronique de Michel Eltchaninoff
NOUVELLES VAGUES
Article 3 min
Règlement de comptes à “OK boomer” : la chronique d’Anne-Sophie Moreau
Anne-Sophie Moreau 18 mars 2024
Le président de la République en appelle à un « réarmement civique » de la jeunesse. Mais ne serait-ce pas leurs aînés qui semblent…
Règlement de comptes à “OK boomer” : la chronique d’Anne-Sophie Moreau
LÀ EST LA QUESTION…
Article 4 min
“Dois-je réaliser mes fantasmes ?” Charles Pépin répond à vos dilemmes
Charles Pépin 19 mars 2024
LE DILEMME DE LOUISE« Avec mon compagnon, nous nous demandons si nous devons passer le cap de la réalisation d’un fantasme sexuel : inviter une…
“Dois-je réaliser mes fantasmes ?” Charles Pépin répond à vos dilemmes
ENTRETIEN
Entretien 14 min
Pierre Zaoui : “Redonnons au désir sa légèreté”
Anne-Sophie Moreau 21 mars 2024
La bulle de savon, un objet philosophique ? C’est de ce presque rien dont s’empare Pierre Zaoui dans son nouveau livre, Beautés de l’éphémère…
Pierre Zaoui : “Redonnons au désir sa légèreté”
REPORTAGE
Article 12 min
“Mon chien, c’est toute ma vie !” L’animal, un allié pour les personnes à la rue
Clara Degiovanni 21 mars 2024
Appui vital, fidélité indéfectible, liens d’une profondeur insoupçonnée… Le chien occupe une place centrale dans la vie des sans-abri. Nous sommes…
“Mon chien, c’est toute ma vie !” L’animal, un allié pour les personnes à la rue
VERTIGES
Article 3 min
Anatomie d’un théorème : la chronique d’Étienne Klein
Étienne Klein 15 mars 2024
Anatomie d’une chute a été distingué par les prix les plus prestigieux, dont dernièrement l’oscar du meilleur scénario original. Le film nous met…
Anatomie d’un théorème : la chronique d’Étienne Klein
DOSSIER
6 articles
Comment cultiver la bonne humeur ?
Publié le 21 mars 2024
Proposer un dossier sur la méthode du bonheur ou l’art de la joie serait presque indécent, alors que la rumeur du monde est morose et que les gens...
Comment cultiver la bonne humeur ?
Article 9 min
“Qu’est-ce qui vous met de bonne humeur ?” Les réponses des philosophes
Cédric Enjalbert, Victorine de Oliveira, Ariane Nicolas, 21 mars 2024
Pour bien commencer ce dossier, nous avons posé cette question simple à cinq philosophes, qui délivrent leur secret pour garder la forme !…
“Qu’est-ce qui vous met de bonne humeur ?” Les réponses des philosophes
Article 5 min
Que notre volonté soit fête
Michel Eltchaninoff 21 mars 2024
L’humeur ne se décrète pas, c’est entendu. Mais, moins grandiose que le bonheur ou la joie, c’est elle qui fait de nos journées une vivifiante…
Que notre volonté soit fête
Article 9 min
La trame de notre vie émotionnelle
Alexandre Lacroix 21 mars 2024
D’où vient la bonne (ou la mauvaise) humeur ? De soudaines décharges hormonales ou de souvenirs enfouis ? Pour le savoir, nous avons…
La trame de notre vie émotionnelle
Article 6 min
Un jour sans plainte
Michel Eltchaninoff 21 mars 2024
Si les grands penseurs ne sont pas tous des boute-en-train, certains ont imaginé des moyens de ne pas gâcher leurs journées en se laissant envahir…
Un jour sans plainte
Article 5 min
Clowns à “care” ouvert
Louise Coquillat, Yasmine Khiat, 21 mars 2024
Comment faire naître un sourire dans un milieu qui, a priori, ne s’y prête guère ? C’est la mission des clowns de l’association Le Rire médecin,…
Clowns à “care” ouvert
Dialogue 11 min
Matthieu Barbin, alias Sara Forever-Olivia Gazalé : légèrement graves
Cédric Enjalbert, Ariane Nicolas, 21 mars 2024
Finaliste de la deuxième saison de l’émission Drag Race France, Matthieu Barbin cultive la bonne humeur corrosive comme une seconde nature, il en…
Matthieu Barbin, alias Sara Forever-Olivia Gazalé : légèrement graves
LES CLÉS D’UN CLASSIQUE
Article 10 min
Simone Weil : une révoltée en quête d’absolu
Victorine de Oliveira 20 mars 2024
Faisant de l’enracinement un besoin existentiel indispensable, la philosophe revendique un engagement courageux dans le monde et pour les autres……
Simone Weil : une révoltée en quête d’absolu
Article 3 min
Le ciment du passé : un extrait de Simone Weil expliqué
Victorine de Oliveira 20 mars 2024
Chez Weil, le concept d’enracinement est lié à celui du passé. Il ne faut pas y voir une posture réactionnaire mais l’affirmation d’une tradition et d’une communauté au sein desquelles l’action est possible.
L’INCONNUE CÉLÈBRE
Article 4 min
Constance Naden : réconcilier les contraires
Octave Larmagnac-Matheron 16 mars 2024
Morte à seulement 30 ans, cette philosophe, poète et femme d’engagements a élaboré au XIXe siècle un système de pensée original …
Constance Naden : réconcilier les contraires
LIVRES
Article 2 min
“Les Rebelles magnifiques” : le romantisme retrouvé
Martin Legros 15 mars 2024
On se le représente comme un mouvement philosophique qui serait né en Allemagne à la fin du XVIIIe siècle, en réaction contre les Lumières et la Révolution française, avec des penseurs comme Novalis, Herder ou les frères Schlegel qui s’opposent…
Livre
Olga Bronnikova et Matthieu Renault
Kollontaï. Défaire la famille, refaire l’amour
Publié le 15 mars 2024
« Il n’y a pas de pays, pas de peuple […] où la question des rapports entre les sexes n’ait pris un caractère de plus en plus brûlant et douloureux », écrit Alexandra Kollontaï, diagnostiquant une...
Kollontaï. Défaire la famille, refaire l’amour
Article 4 min
Le sacre des victimes
Denis Maillard 15 mars 2024
Les victimes seraient-elles devenues le centre de gravité de l’Histoire, celles et ceux avec qui l’on s’identifie, qu’on commémore et qu’on…
Le sacre des victimes
Livre
Natalie Depraz
La Surprise
Publié le 15 mars 2024
On les adore ou on les déteste. Il y a les petites et les grandes. Les bonnes et les mauvaises – les divines, aussi, parfois… Les surprises trament et troublent continuellement nos vies. Or, selon la...
La Surprise
Livre
Solvej Balle
Le Volume du temps. Tome 1
Publié le 15 mars 2024
Il est des classiques qu’il paraît impossible de réinventer. Comme Un jour sans fin, film culte où Bill Murray se voit coincé, avec humour mais pour l’éternité, dans une même journée. Pourtant...
Le Volume du temps. Tome 1
Livre
Mériam Korichi
Spinoza Code
Publié le 15 mars 2024
On la connaissait plus volontiers philosophe ou dramaturge : voici Mériam Korichi enquêtrice. Avec un art consommé de la mise en scène qui romance des faits bien réels, son récit s’ouvre sur la...
Spinoza Code
Livre
Byung-Chul Han
Vita contemplativa
Publié le 15 mars 2024
À foncer tête baissée, nous ne pouvons, nous ne savons plus nous arrêter. Intégral, le culte du travail et de la performance serait-il en train de ronger l’homme, de saper sa meilleure part ? Le...
Vita contemplativa
Livre
Frédéric Worms
Le Pourquoi du comment
Publié le 15 mars 2024
S’orienter « dans la vie grâce à la philosophie », « mais aussi dans la philosophie, à partir de la vie » : ce double mouvement rythme la réflexion de Frédéric Worms, qui oppose moins les affects et...
Le Pourquoi du comment
Livre
Adam Shatz
Frantz Fanon. Une vie en révolutions
Publié le 15 mars 2024
Qui était vraiment Frantz Fanon, charismatique révolutionnaire martiniquais ? Le journaliste et essayiste américain Adam Shatz signe ici une magistrale biographie qui aborde les multiples...
Frantz Fanon. Une vie en révolutions
Livre
Heinz Wismann
Lire entre les lignes
Publié le 15 mars 2024
Il y a plusieurs livres dans ce magnifique opus qui rassemble une centaine de textes, conférences et entretiens donnés par le philosophe dans des revues, magazines (dont Philosophie...
Lire entre les lignes
ARTS
Article 2 min
“Le mal n’existe pas” : humains par nature
Cédric Enjalbert 19 mars 2024
Le nouveau film de Ryūsuke Hamaguchi, réalisateur notamment de Drive My Car, propose, sous les dehors d’une fable environnementale de toute beauté…
“Le mal n’existe pas” : humains par nature
Article 2 min
“Rembobiner” : devenir-femme
Cédric Enjalbert 19 mars 2024
Le collectif Marthe fait revivre sur scène le travail de la réalisatrice Carole Roussopoulos, dont les documentaires témoignent de l’effervescence…
“Rembobiner” : devenir-femme
Article 2 min
“L’Invention de la Renaissance” : à livre ouvert
Cédric Enjalbert 19 mars 2024
En présentant de nombreux manuscrits et ouvrages de la Renaissnace, cette exposition à la Bibliothèque nationale de France montre comment le livre…
“L’Invention de la Renaissance” : à livre ouvert
COMME DES GRANDS
Article 2 min
“Est-ce que les girafes savent que les fourmis existent ?”
Chiara Pastorini 21 mars 2024
Question de Ryan, 8 ans
“Est-ce que les girafes savent que les fourmis existent ?”
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 3 min
Miquel Barceló : l’eau, la grotte et les rêves
Cédric Enjalbert 17 mars 2024
De la vida mía, « l’histoire de ma vie ». Dans ce beau livre récemment paru sous ce titre au Mercure de France, le plasticien Miquel…
Miquel Barceló : l’eau, la grotte et les rêves
CAHIER CENTRAL
Article 4 min
Pierre-Olivier Monteil : “Ricœur dissocie l’imagination du registre de la connaissance”
Victorine de Oliveira 15 mars 2024
En 1975, Paul Ricœur donne deux cours à l’Université de Chicago sur l’imagination, notion qui irrigue sa pensée sans qu’il l’ait déjà vraiment…
(Philomag)Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600019905 $Périodique Revues Exclu du prêt N°152 - Septembre 2021 - Sommes-nous si fragiles ? (Bulletin de Philosophie Magazine)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
Titre : N°152 - Septembre 2021 - Sommes-nous si fragiles ? Type de document : texte imprimé Année de publication : 2021 Importance : 98 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Langues : Français (fre) Catégories : Philosophie Tags : Fragilité humaine Philippe Descola grossesse Sénèque Pascal Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : C’est peut-être le grand paradoxe des sociétés développées du XXIe siècle : nous n’avons de cesse d’évoquer notre fragilité et nos lignes de faille, nous nous savons environnés de risques multiples qui vont du krach financier à l’incident nucléaire… Et pourtant, l’expérience de la pandémie nous a montré que nos organisations complexes ont tenu le coup, qu’il n’y a pas eu d’effondrement systémique et que la plupart d’entre nous ont su se réinventer dans cette situation inédite. Du coup, serions-nous d’autant plus solides que nous nous savons fragiles ? (Philomag) Note de contenu : ÉDITO
Article 2 min
Si près de l’impossible
Alexandre Lacroix 26 août 2021
Voilà l’enseignement philosophique majeur du jeu de Kapla : c’est au moment où une construction, une tentative humaine va vraiment atteindre son maximum de perfection et d’harmonie qu’elle s’écroule. Et elle ne dégringole pas d’elle-même, mais parce que, quand l’ouvrage présent..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“D’où vient cette énergie quand je danse ?”
Charles Pépin 26 août 2021
Question de Samuel Habibi
“D’où vient cette énergie quand je danse ?”
REPÉRAGES
Article 1 min
Arles monte dans les tours
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
Spirale déstructurée de verre et de métal, la tour imaginée par Frank Gehry, étoile nord-américaine de l’architecture, contraste avec l’allure de la cité romaine d’Arles. Inauguré le 26 juin, l’édifice est le cœur battant du complexe artistique Luma, dont la mécène suisse Ma..
Arles monte dans les tours
Article 1 min
“Monstruosité”
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
« La monstruosité qui fait peur à certains et qui traverse mon travail, c’est une arme et c’est une force pour repousser les murs de la normativité » Julia Ducournau, le 17 juillet, lors de la réception de sa Palme d’or au Festival de Cannes &..
Article 1 min
Pathocène
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
Après l’Anthropocène, le Capitalocène, le Plantationocène, place au Pathocène ! La notion a été imaginée par l’historien Gil Bartholeyns dans son récent essai Le Hantement du monde. Zoonoses et Pathocène (Éditions Dehors, 2021). « Ce n’est peut-être pas une dénomination tr..
Pathocène
Article 1 min
“319”
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
C’est le record, en térabits par seconde (tb/s), de transmission de données sur Internet, permis par la nouvelle fibre optique développée par l’Institut national japonais des technologies de l’information et des communications. Le précédent, établi l’an dernier, était de 178 tb/..
Article 2 min
Un problème de poids
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
L’obésité touche… 8,5 millions de Français 17 % de la population en moyenne 22,1 % des habitants des Hauts-de-France 14,2 % des habitants d’Île-de-France 19,2 % des plus de 65 ans 16,7 % des 35-44 ans 9,2 % des 18-24 ans 14,4 % des professions int..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Passe sanitaire : Macron a-t-il inventé la quasi-obligation ?
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
Certains souhaitent que la vaccination devienne obligatoire, quand d’autres dénoncent le passe sanitaire comme une entrave insupportable aux libertés. Le problème vient-il d’avoir voulu concilier des valeurs contradictoires ?
Passe sanitaire : Macron a-t-il inventé la quasi-obligation ?
Article 3 min
Extension du domaine de la ZOP
Cédric Enjalbert 26 août 2021
De nombreuses mesures adoptées temporairement durant la crise sanitaire se trouvent désormais normalisées. Faut-il craindre que cette « zone d’ossification du provisoire » aille contre l’élan vital, comme le pressentait Bergson ?
Extension du domaine de la ZOP
Article 3 min
Quentin Hiernaux : “Dans notre tradition, la plante est placée tout en bas de l’échelle des êtres vivants”
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
Une équipe de chercheurs singapouriens s’est lancée dans un projet un peu fou : créer des « robots-plantes ». Une démarche que critique le philosophe spécialiste de la question végétale Quentin Hiernaux.
Quentin Hiernaux : “Dans notre tradition, la plante est placée tout en bas de l’échelle des êtres vivants”
Article 3 min
Musk-Bezos : la guerre des étoiles
Sven Ortoli 26 août 2021
Enjeu d’une concurrence entre États durant la guerre froide, la conquête spatiale est aujourd’hui l’objet d’une rivalité entre les plus riches, Jeff Bezos et Elon Musk en tête. Mais avec deux visions opposées de cet impérialisme extraterrestre.
Musk-Bezos : la guerre des étoiles
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
Tattoo compris
Sven Ortoli 26 août 2021
Ötzi, le chasseur de l’âge du cuivre prisonnier des glaces pendant 5 300 ans avant sa découverte dans les Alpes en 1991, arborait 61 tatouages. Le Néo-Zélandais Lucky Diamond Rich, de son vrai nom Gregory Paul McLaren, est l’homme le plus tatoué au monde avec 10..
Tattoo compris
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Boxe en plein air. Le punch des amazones
Tobie Nathan 26 août 2021
De plus en plus d’amateurs revêtent les gants pour s’entraîner dans les parcs et jardins. Et parmi eux, nombre de femmes. Culte du corps, féminisme en action ou prophétie de Platon enfin réalisée ?
Boxe en plein air. Le punch des amazones
RENCONTRE
Article 15 min
Déni de grossesse
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
La philosophie s’intéresse très peu à la naissance, et encore moins à la gestation. Elselijn Kingma a choisi d’en faire son objet d’étude. À la croisée des sciences, de la phénoménologie et de sa propre expérience, sa pensée définit le fœtus comme partie biologique de la mère.
Déni de grossesse
LE MÉTIER DE VIVRE
Article 8 min
François Galichet. La liberté et la mort
Nicolas Gastineau 26 août 2021
Ce professeur émérite de philosophie à l’université de Strasbourg est aussi un homme d’engagement. Depuis presque dix ans, il milite pour le droit à mourir dans la dignité, aidant ceux qui le souhaitent à se procurer la substance fatale en toute illégalité. Un choix qui lui vaut aujourd’hui d’être mis en examen mais qu’il fonde sur des convictions éthiques.
François Galichet. La liberté et la mort
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Chatbots, gardiens des enfers numériques
Isabelle Sorente 26 août 2021
Hybrides d’aujourd’hui, ces programmes de dialogue sont d’un abord moins terrifiant que leurs devanciers légendaires – Sphinx ou sirènes… Mais cela ne les empêche pas de nous mettre à rude épreuve.
Chatbots, gardiens des enfers numériques
DOSSIER
6 articles
Sommes-nous si fragiles ?
Publié le 25 août 2021
C’est peut-être le grand paradoxe des sociétés développées du XXIe siècle : nous n’avons de cesse d’évoquer notre fragilité et nos lignes de faille, nous nous savons environnés de risques multiples qui vont du krach financier à l’incident nucléaire… Et pourtant, l’expérience de la pandémie nous a montré que nos organisations complexes ont tenu le coup, qu’il n’y a pas eu d’effondrement systémique et que la plupart d’entre nous ont su se réinventer dans cette situation inédite. Du coup, serions-nous d’autant plus solides que nous nous savons fragiles ? > Des larmes de Pline l’Ancien à l’écume de Peter Sloterdijk, en passant par le cristal de Sigmund Freud, de l’Antiquité à nos jours, les penseurs ont toujours trouvé des images matérielles de la fragilité, tout à la fois pour la magnifier et la conjurer. > Car, bien plus qu’une disposition psychologique, la fragilité est peut-être la condition métaphysique première de l’être humain : c’est ce que nous explique le jeune philosophe et charpentier Arthur Lochmann dans un texte inspiré sur le ciel étoilé. > Mais pour revenir à l’échelle de nos sociétés, leur résistance au choc pandémique ne peut être vraiment comprise et analysée qu’en faisant un peu de théorie de la complexité : c’est ce que nous proposent la macroéconomiste Anne-Laure Delatte, le mathématicien David Chavalarias, l’expert en agronomie Marc Dufumier et la psychologue Florence Sordes. > Voici une intervention qui prend la thèse centrale de notre dossier à revers : partant d’une lecture originale de Friedrich Nietzsche comme promoteur (involontaire) de la pleurnicherie, le philosophe allemand Wolfram Eilenberger dénonce l’étalage contemporain des petites blessures personnelles. > Si elle donne un fil rouge à ce dossier, la pensée de Jean-Louis Chrétien (disparu en 2019), qui a consacré de beaux essais à la fatigue, aux larmes ou encore à la voix, réunit dans ce dialogue conclusif deux interlocuteurs de choix : elle continue d’inspirer le philosophe Camille Riquier et la romancière Maylis de Kerangal, qui posent des mots justes sur la sensibilité humaine.
Sommes-nous si fragiles ?
Article 6 min
Ni fort ni faible !
Cédric Enjalbert 25 juillet 2021
Parente de la faiblesse et de la vulnérabilité, la fragilité a sa propre dignité conceptuelle. Cette disposition humaine, redécouverte à l’occasion de la crise sanitaire, dessine une troisième voie, un chemin de liberté entre la résistance aux chocs et l’adaptation aux événements.
Ni fort ni faible !
Article 10 min
À manier avec précaution
Cédric Enjalbert 26 août 2021
Depuis l’Antiquité, les penseurs rivalisent de métaphores pour décrire la condition de l’homme, aussi grand que misérable, et chacun offre sa stratégie pour faire avec ses failles. Tour d’horizon, de Sénèque à Sloterdijk.
À manier avec précaution
Article 6 min
Vertige d’une nuit d’été
Arthur Lochmann 26 août 2021
Philosophe et charpentier, Arthur Lochmann pratique aussi la randonnée en montagne. Dans son nouveau livre Toucher le vertige, il relate à l’occasion de son ascension du massif du Mont-Blanc une expérience physique et métaphysique : la perte des repères et la peur du vide. L’écrivain expose ici ce que la contemplation des sommets révèle de notre rapport fragile à soi et au monde.
Vertige d’une nuit d’été
Article 10 min
Lignes de faille
Charles Perragin 26 août 2021
Le choc du Covid faisait craindre un effondrement – sanitaire, économique, logistique. Pourtant, et pour l’essentiel, nous avons tenu. Comment ? Réponses avec une macroéconomiste, un mathématicien spécialiste des systèmes complexes, un ingénieur agronome et une chercheuse en psychologie.
Lignes de faille
Article 6 min
Wolfram Eilenberger : “Le courage est une vertu démocratique”
Alexandre Lacroix 26 août 2021
Et si, à force d’étaler notre fragilité, nous étions en train de nous couper du monde et des autres, de nous refermer sur nous-mêmes et de vider de sa substance la vie démocratique ? Tel est le constat à contre-courant du philosophe allemand Wolfram Eilenberger.
Wolfram Eilenberger : “Le courage est une vertu démocratique”
Dialogue 15 min
Maylis de Kerangal-Camille Riquier. À voix nues
Catherine Portevin 26 août 2021
La fêlure est au cœur du travail et des réflexions de Maylis de Kerangal et de Camille Riquier. Pour la romancière comme pour le philosophe, elle est un révélateur de notre humanité.
Maylis de Kerangal-Camille Riquier. À voix nues
L’ENTRETIEN
Entretien 19 min
Philippe Descola. “Rendre visibles des choses invisibles”
Alexandre Lacroix 26 août 2021
Quinze ans après Par-delà nature et culture, le grand anthropologue français, élève de Claude Lévi-Strauss, fait paraître Les Formes du visible, un essai fondamental qui éclaire d’une lumière nouvelle toutes les « images » produites par les humains, depuis les grottes de Lascaux jusqu’aux masques des Indiens d’Amazonie, en passant par l’art occidental.
Philippe Descola. “Rendre visibles des choses invisibles”
LE CLASSIQUE SUBJECTIF
3 articles
Blaise Pascal vu par Elsa Godart
Publié le 26 août 2021
Pascal, un génie, « créateur en toute chose » ? Oui, mais pas seulement, répond la philosophe et psychanalyste Elsa Godart, pour qui il est un compagnon précieux dans les épreuves du quotidien. Elle partage avec l’auteur des Pensées une éthique de la sincérité qu’elle expose ici avec passion.
Blaise Pascal, révéler les ombres
Article 12 min
Elsa Godart : “Pour Pascal, la vérité ne peut passer que par le cœur”
Victorine de Oliveira 26 août 2021
Pascal, un génie, « créateur en toute chose » ? Oui, mais pas seulement, répond la philosophe et psychanalyste Elsa Godart, pour qui il est un compagnon précieux dans les épreuves du quotidien. Elle partage avec l’auteur des Pensées une éthique de la sincérité qu’elle expose ici avec passion.
Blaise Pascal, révéler les ombres
Article 2 min
Un extrait de Blaise Pascal commenté par Elsa Godart
Victorine de Oliveira 05 septembre 2021
L’extrait de Blaise Pascal « Qu’est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non, car il ne pense pas à moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu’un à cause..
Blaise Pascal, révéler les ombres
Article 4 min
Blaise Pascal, révéler les ombres
Victorine de Oliveira 05 septembre 2021
Quelle posture adopter face à l’infini qui nous enveloppe ? Pascal est tout entier pris dans ce questionnement métaphysique qui souligne aussi bien la finitude de l’être humain que la force de sa pensée.
Blaise Pascal, révéler les ombres
BOÎTE À OUTILS
Article 3 min
Pourquoi aimons-nous faire des puzzles ?
Océane Gustave 26 août 2021
Il en traîne, plus ou moins complets, dans tous les placards. Mais qu’est-ce qui nous attire dans ce jeu de patience très sage ? Quatre philosophes nous aident à recoller les morceaux.
Pourquoi aimons-nous faire des puzzles ?
Article 1 min
Meraki (μεράκι)
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
Langue d’origine : grec
Article 2 min
“Sécurité”
Margot Monteils 26 août 2021
Cinq philosophes lèvent l’incertitude sur cette notion.
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Que peuvent les mots ?
Aïda N’Diaye 26 août 2021
Analyse des termes du sujet « Pouvoir » Pouvoir matériel, capacité à produire des effets, à agir, à faire, à transformer ou à fabriquer des choses, puissance, force. « Mots » Signes arbitraires, symboles, écrits ou parlés.
LIVRES
Article 2 min
Pendant que j’y pense/Septembre 2021
Catherine Portevin 26 août 2021
Est-ce bien le moment, en pleine rentrée, de parler de nuits sans sommeil ? Parmi tous les livres captivants qui s’annoncent en librairie et méritent bien quelques heures de veille, il en est un qui, sur une table de nuit, narguera la plus résolue des marmottes. Son titre : Pas dormir (P..
Livre
Susan Neiman
Grandir
Publié le 25 août 2021
La jeunesse est-elle autant qu’on le croit le plus bel âge de la vie ? C’est contre cette idée qu’écrit Susan Neiman (photo) : dire aux jeunes de profiter de leurs meilleures années peut sembler bienveillant. Pourtant, estime-t-elle, le conseil « comprend un message désolant : après c’est pire ». La philosophe interroge ainsi une époque qui présente l’âge adulte comme le moment de la désillusion, voire de la trahison. Quant à la vieillesse, elle ne peut être qu’un naufrage ! Dès lors, rien d’étonnant à ce que nous soyons tous, à des degrés et sous des formes diverses, saisis par le syndrome de Peter Pan : si la maturité consiste à « renoncer à ses espoirs et à ses rêves, [à] accepter les limites de la réalité et [à] se résigner à une vie […] beaucoup plus insignifiante que ce qu’on avait imaginé », à quoi bon grandir ? L’idéalisation de la jeunesse va de pair avec cette capitulation : « En interprétant la vie comme une longue chute, nous préparons les jeunes à en attendre – et à en revendiquer – très peu. » Susan Neiman n’est pas la première à s’emparer de la question de l’éducation. En spécialiste de Hannah Arendt, cette philosophe américaine, née en 1955 et vivant à Berlin, a de qui tenir ! Mais, dans cet essai au ton libre et personnel, elle semble moins préoccupée de la crise de l’autorité que son illustre prédécesseur dans La Crise de la culture. Neiman déplore davantage l’abandon des idéaux. Or, dit-elle, prétendre affronter la dureté de la réalité est souvent une lâcheté : « Elle ne requiert rien d’autre qu’un air snob et un peu dégagé. » Et si, suggère-t-elle, nous vivions en réalité dans une culture « qui ne veut pas d’adultes, car les sujets infantiles et obsédés par eux-mêmes sont plus faciles à diriger ? » « Est-ce que la philosophie peut nous aider à grandir ? » reste la question principale de ce livre. Susan Neiman la situe historiquement dans l’héritage des Lumières, le moment où il s’agit de penser l’individu et la condition humaine hors des dogmes de la religion. Elle cherche ainsi assez classiquement un « modèle de maturité qui ne soit pas celui de la résignation » et trace un chemin de crête entre les sagesses de l’acceptation du monde tel qu’il est (le stoïcisme) et les sceptiques (Hume, chez qui elle décèle une forme de froideur rarement appliquée à son empirisme), qui passe par une subtile relecture de l’Émile du « passionnant mais exaspérant » Rousseau et s’accroche au socle de Kant. Susan Neiman parvient même à nous rendre séduisante sa Critique de la raison pure, le livre « le plus important et le plus mal écrit de l’histoire de la philosophie moderne ». En se défiant du dogmatisme de la raison comme du désespoir que procure l’expérience, dans un juste milieu entre agir pour le monde tel qu’il devrait être et le voir tel qu’il est, le message de Kant demeure le meilleur accès à la maturité. Susan Neiman le traduit pour aujourd’hui en trois actes : apprendre, voyager, travailler.
Grandir
Livre
Pierre Darkanian
Le Rapport chinois
Publié le 26 août 2021
« Un bullshit job, écrivait l’anthropologue américain David Graeber, est une forme d’emploi rémunéré si totalement inutile, superflue ou néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence, bien qu’il se sente obligé, pour honorer les termes de son contrat, de croire qu’il n’en est rien. » Dans leur immense majorité, ces emplois sont sous-rémunérés, mais il en existe quelques-uns, d’autant plus énigmatiques, que l’on pourrait appeler des « bullshit jobs de luxe ». C’est sur l’une de ces sinécures mystérieuses qu’est tombé le personnage principal de ce roman. Embauché pour un haut salaire dans un cabinet de consultants, Tugdual Laugier traverse d’abord trois ans d’oisiveté absolue où, dans la pénombre calfeutrée de son bureau, il passe maître dans l’art de rouler et de dérouler sa cravate. Sa seule contrainte est la confidentialité : nul ne doit être au courant du néant de sa mission. Astreints à la plus extrême discrétion, les salariés du cabinet en viennent à psalmodier une sorte de mantra autopersuasif. « Ça bosse chez Laugier ! » ne cesse de murmurer pour lui-même le jeune consultant, lorsqu’on lui confie enfin la tâche tant espérée : rédiger, pour le compte d’un client chinois, un rapport de mille pages sur le marché français des mini-viennoiseries. Dès lors, tout bascule, la mégalomanie et le vide vont s’engendrer l’un l’autre. Fatras indigeste rémunéré une fortune par un certain M. Dong, le « rapport chinois » intrigue une commissaire de la police des stupéfiants. Peu à peu se dévoilent une énorme machine à blanchir des fonds obscurs, puis un système complexe d’escroqueries en cascade. Par touches successives, dans un crescendo aux allures de vaudeville, la comédie du travail se mue en épopée de la finance opaque. Dans ce surprenant roman – qui restitue avec une jubilation ventriloque les langues de bois, jargons et tics de langage de l’entreprise –, l’énergie burlesque est le moteur de l’exploration d’un capitalisme en décomposition.
Le Rapport chinois
Livre
Camille Froidevaux-Metterie
Un corps à soi
Publié le 26 août 2021
Camille Froidevaux-Metterie creuse un sillon tout personnel dans le champ de la théorie féministe. Depuis la parution en 2015 de La Révolution du féminin (Gallimard), où elle interroge la disparition du corps féminin à travers la lutte pour l’égalité des droits, la question de la corporéité féminine traverse son œuvre. Qu’est-ce que vivre avec un corps de femme ? Quelles sont les implications sociales, politiques, phénoménologiques, d’une paire de seins, des règles, d’une jupe, de talons hauts ou de tout autre attribut perçu comme féminin ? En s’intéressant plus particulièrement aux Seins (Anamosa, 2020) et en interrogeant et photographiant des femmes de tout âge, Camille Froidevaux-Metterie a découvert une chose intéressante : l’identité féminine se construit selon un mouvement dialectique d’« objectivation-aliénation », d’une part, et de « libération-réappropriation », d’autre part. Les seins sont ce par quoi les femmes sont exclusivement identifiées à leur corps – la femme-objet –, mais aussi ce par quoi elles entretiennent un rapport au monde qui leur est propre, puisqu’il passe par un corps dont elles tirent parfois fierté – la femme-sujet. C’est ce rapport spécifique au monde qu’elle explore désormais dans Un corps à soi. À l’heure où les féministes se déchirent pour savoir qui a le droit de se déclarer « femme » – les débats se focalisant autour des transgenres –, son opposition féminin vs. féminité a le grand mérite de clarifier le débat. Le féminin est « un rapport à soi, aux autres et au monde qui passe nécessairement par le corps et qui se trouve de ce fait déterminé par lui », quand la féminité correspond aux clichés associés aux femmes : douceur, fragilité, frivolité. « Parce qu’elles n’ont longtemps été que des corps, tout entières assimilées à leurs fonctions sexuelle et maternelle, les femmes ne peuvent faire comme si elles n’avaient pas de corps, et plus encore, comme si elles n’avaient pas de corps sexué » : cela signifie que le féminin se construit sur la réappropriation de ce corps sexué dès la sortie de l’enfance par le regard masculin, quand le masculin ne se soucie pas du regard de l’autre sexe. Cette urgence de remettre le corps féminin au centre du projet féministe, Camille Froidevaux-Metterie la doit à la philosophe américaine Iris Marion Young (1949-2006). Depuis Le Corps des femmes (Philosophie magazine Éditeur, 2018), elle s’emploie à faire découvrir ses travaux, encore peu connus en France. Si Young revient à « ces expériences ordinaires du corps par lesquelles la plupart des femmes s’identifient spécifiquement en tant que femmes », elle critique également le « féminisme humaniste » et son « aspiration à l’universalité abstraite ». Pas étonnant que Camille Froidevaux-Metterie prenne autant de précautions et lui consacre un chapitre entier, afin de désamorcer un débat d’avance miné. Le féminisme de Camille Froidevaux-Metterie revêt la forme d’un « projet révolutionnaire, au sens rigoureux d’un renversement de l’ordre patriarcal et de son remplacement par un monde foncièrement nouveau ». La fin du patriarcat ne semble pas pour demain, mais rêvons un peu : une fois débarrassée de l’objectification, quelle serait l’expérience singulière de la corporéité féminine ? Ce suspens excite autant qu’il donne le vertige.
Un corps à soi
Livre
François Noudelmann
Les Enfants de Cadillac
Publié le 26 août 2021
C’est l’histoire d’un homme qui se met à s’interroger sur ses origines et son patronyme. Et d’un professeur de philosophie qui, après avoir beaucoup écrit sur les autres – Sartre ou Beckett –, revient sur lui-même en signant un premier roman autobiographique. Un peu par le hasard des circonstances, un peu à la suite de son installation aux États-Unis qui lui a donné un angle de vue nouveau, François Noudelmann (photo) s’est surpris à voir cette quête de soi s’imposer à lui : explorer son identité française telle qu’elle s’est construite à travers trois générations. Trois portraits d’hommes plus précisément – les femmes sont à peine évoquées –, qui résonnent comme les trois actes d’une pièce de théâtre aux accents parfois tragiques. Le premier retrace l’épopée de Chaïm, son grand-père qu’il n’a pas connu, fuyant les persécutions contre les Juifs en Lituanie pour prendre part à la Grande Guerre dans l’armée française et obtenir sa naturalisation ; mais après avoir inhalé du gaz allemand, il est déclaré « fou de guerre » et interné à Sainte-Anne. Vient ensuite son père, Albert, « titi parisien, avec l’accent et la gouaille d’un poulbot de Montmartre », pour lequel le récit passe au tutoiement. On sent beaucoup de sympathie de Noudelmann fils pour ce personnage qui, après avoir été fait prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale et avant d’échapper à l’exécution, séduit une cheffe nazie qui lui enseigne le vocabulaire amoureux allemand… « Entre Chaïm et Albert, un récit a bégayé, celui de l’assimilation des Juifs, le fils oubliant son père et poursuivant un même désir de fuir ses origines et de s’incorporer à la France, quitte à recevoir son passé en pleine face », constate le narrateur dans la troisième partie où le « je » assume de porter le poids et l’héritage du passé. « J’ai l’intuition qu’être français doit à leurs souffrances et désillusions », écrit François Noudelmann sans prétendre pour autant revendiquer ce qu’il appelle leur « prestige victimaire », puisqu’il a conscience de n’avoir pas connu personnellement les mêmes épreuves. Évitant les écueils de la complaisance et du nombrilisme, son roman mêle réflexions sur la judéité – « pour se faire aimer, quand on est juif, il faut savoir être un peu antisémite » –, récits de vies, d’engagements politiques et d’espoirs parfois insensés. Il nous rappelle surtout combien nos existences sont toujours nourries d’une mémoire qui se décline aux trois personnes du singulier.
Les Enfants de Cadillac
Livre
Gaspard Kœnig
Notre vagabonde liberté
Publié le 26 août 2021
Nous sommes le 22 juin 2020 : la France se déconfine timidement – et provisoirement –, et Gaspard Kœnig, quittant tout, entreprend de la traverser à cheval. Le voilà, lui qui défend la philosophie libérale classique avec son think-tank GénérationLibre, parti sur les pas de Montaigne entre le Périgord et Rome, avec de longs détours par « le Berry et ses chaumes sans ombre », « la Sologne et ses étangs » ou encore « la Meuse et ses reflets fluorescents ». Un voyage flamboyant et anachronique… qui commence pour Kœnig par un faux départ. Il n’a pas fait 500 mètres que sa route est barrée par « un épais tronc d’arbre », puis par « une barre de fer ». Une manière de rappeler que nos chemins ne sont plus adaptés à « la circulation hippomobile ». Défi un peu fou, donc, que celui de parcourir 2 500 kilomètres à cheval en 2020. Rêne cassée, attaques perpétuelles de « petites mouches plates », sentiers bouchés sont le pain quotidien du cavalier moderne. Au cours de son périple, le philosophe renonce donc souvent à ce qu’il avait planifié pour bidouiller, contourner, bifurquer… Mais c’est sur ces chemins de traverse qu’il est le plus fidèle à Montaigne pour qui « rien de noble ne se fait sans hasard ». Le libéral en lui a ainsi trouvé dans ce voyage une ultime manière d’expérimenter une liberté vibrante et solaire, pleine d’imprévus poétiques et d’heureuses rencontres. Tant pis, donc, pour le faux départ, les détours… et même pour l’arrivée ratée à Rome où il est rabroué par des policiers. Car, selon lui, ce n’est pas sur les routes officielles mais loin des sentiers battus, et même « hors des normes », dans les « interstices » et « à la marge des lois », que s’exerce pleinement la « vagabonde liberté » si chère au cœur de Montaigne.
Notre vagabonde liberté
Livre
Isabelle Sorente
La Femme et l’Oiseau
Publié le 26 août 2021
Il y a des malédictions qui traversent plusieurs générations. Celle de Thomas remonte à la Seconde Guerre mondiale et à son enrôlement de force dans l’armée allemande, puis à sa détention dans un camp de prisonniers en URSS, celui de Tambov (au sud-est de Moscou). On a surnommé ces soldats français, pour la plupart originaires de l’Alsace et de la Moselle annexées, les « Malgré-nous ». Ils n’avaient pas le choix – ou alors celui d’exposer leur famille à des représailles, voire de mourir eux-mêmes, sans que cela ne change grand-chose au cours de l’histoire. Les décennies suivantes ont peut-être porté des enjeux moins lourds pour leurs descendants. Il n’en demeure pas moins qu’il leur arrive encore d’être pris « malgré eux » dans ce qui ressemble tout autant à un enrôlement de force, peut-être plus insidieux. Élisabeth, la petite-nièce de Thomas, peine par exemple à se dépêtrer d’un travail qui exige d’elle un engagement total, week-end compris. Sa fille Vina est elle aussi confrontée à la douleur des choix : que fait-on librement ou par contrainte, du fait de son milieu social, de son éducation ou des opportunités ? Le thème de l’entrave hante le roman d’Isabelle Sorente. Elle y répond par la puissance de l’imaginaire d’un esprit, celui de Thomas, légèrement chamane sur les bords, capable de sortir de son corps pour se mettre à la place d’un oiseau ou d’un arbre, afin d’opérer un décentrement salvateur. Manière de dire que toute bête traquée que l’on puisse se sentir, on n’est jamais tout à fait pris au piège.
La Femme et l’Oiseau
Livre
Arthur Lochmann
Toucher le vertige
Publié le 26 août 2021
« J’aimais l’altitude, mais j’avais le vertige. » Parole de philosophe et de charpentier, car Arthur Lochmann ne manie pas seulement les concepts, il travaille aussi le bois et grimpe sur les toits. Il en a témoigné dans un précédent livre, La Vie solide. La charpente comme éthique du faire (Payot, 2019), et revient dans celui-ci sur une expérience physique et métaphysique : celle de « ces moments informes et sauvages » où le monde semble se dérober sous les pieds, « de ces sueurs froides et chaudes qui […] remontent au creux du dos » en altitude. Il s’agit moins d’un essai que du récit, écrit avec style, d’une excursion dans le massif du Mont-Blanc en quatre étapes qui structurent le livre – la montée, le bivouac, le sommet, la descente. Chemin faisant, le philosophe décrypte le sentiment de beauté mêlé d’effroi qui le saisit devant plus grand que soi, devant l’immensité incommensurable des montagnes, ce que Kant appelle le sublime. « Il n’y a de vertigineux que ce qui dépasse nos capacités de mesurer » pour Arthur Lochmann. Cela vaut quand on vacille aux sommets autant que face à l’absurdité de l’existence. Mais dans la contemplation du précipice, nous éprouvons aussi notre liberté : « Je crois d’ailleurs ne pas connaître de meilleur moyen pour intensifier la relation au monde, et m’y sentir plus vivant, que de la mettre ainsi sur la sellette », note-t-il. Pour apprivoiser ce vertige sans s’y abîmer, le philosophe invite à rompre avec la vision dualiste du monde que l’on doit à Descartes. Car en instaurant une distance avec le monde sensible, gagnés par un idéal trompeur de maîtrise, nous aurions perdu le sens de notre fragilité… ce qui nous aurait rendus paradoxalement plus vulnérables. Contre ce « désengagement », favorisé par une longue tradition philosophique pensant « notre rapport au monde sensible sur l’unique modèle de la vue », le grimpeur réévalue « une philosophie du toucher ». Dans ce modèle de perception active, celui qui perçoit est « inscrit dans le monde et non installé devant lui ». Pour lui, « ce n’est pas un œil, une oreille ou une main qui reçoit passivement le monde, mais l’activité d’un regard, d’une écoute ou d’un toucher » qui embrasse le réel. Ce qu’on appelle prendre de la hauteur !
Toucher le vertige
Livre
Miguel de Beistegui
L’Élan du désir
Publié le 26 août 2021
« Comment vivre son désir ? Comme une épreuve ou comme une célébration ? Comme une malédiction ou comme une chance ? » Une malédiction, répond la tradition philosophique de concert. Car, à l’exception de Spinoza et de Nietzsche, elle fait bloc autour d’un même présupposé : « une vie pleine et épanouie [consiste] à surmonter ou neutraliser son désir », à atteindre un état statique de plénitude – le bonheur – que le manque rendrait impossible. Contre ses éminents prédécesseurs, le spécialiste anglais de Heidegger Miguel de Beistegui affirme au contraire : « Le désir n’est pas l’indice d’un défaut. » S’il ne s’éteint jamais, c’est parce qu’il ne manque de rien, et non parce que rien ne pourrait le combler. Pure positivité « vitale », le désir exprime la « tendance profonde de la vie à se dépasser » – une « surabondance », un « excès » irréductible de la vie sur elle-même, qui jaillit d’une « béance originelle et [d’une] division inaugurale du sujet ». Le désir est l’élan premier par lequel nous sortons de nous-mêmes et nous engageons dans le monde, tout en prenant part à son « déploiement » : il « se loge précisément dans l’interstice qui sépare l’état actuel du monde de son horizon […] fait tout entier de potentiels inouïs, de virtualités aussi mystérieuses qu’inépuisables ». Il manifeste en ce sens une « inquiétude première, [un] vacillement ou déséquilibre intarissable ». Assumer cette intranquillité indépassable suppose d’« en aggraver l’entaille, afin qu’une multiplicité, un fourmillement de rencontres, d’événements et d’intensités viennent le peupler ». Rien de plus difficile, sans doute. Rien de plus exaltant, pourtant, que de se risquer sur cette voie de « l’immanence et de la joie ».
L’Élan du désir
Livre
Frédéric Gros
La honte est un sentiment révolutionnaire
Publié le 26 août 2021
« How dare you ? – Comment osez-vous ? », lançait Greta Thunberg il y a deux ans devant l’assemblée de l’ONU à New York à l’adresse des principaux dirigeants de la planète. Le moyen que la jeune activiste avait choisi pour se faire entendre d’eux – et provoquer une prise de conscience mondiale – était, littéralement, de les couvrir de honte. C’est que, comme l’explique Frédéric Gros, « la honte est un sentiment révolutionnaire ». Avec cette formule empruntée à Marx, il insiste sur l’énergie que donne ce « cri de rage » devenu le moteur de toutes les révoltes, et d’abord des combats politiques. Selon lui, en effet, « la honte est l’affect majeur de notre temps, le signifiant des luttes nouvelles. On ne crie plus à l’injustice, à l’arbitraire, à l’inégalité. On hurle à la honte. » Avec la honte, Frédéric Gros a donc trouvé ce qu’il cherchait dans son précédent livre, Désobéir (Albin Michel, 2017), à savoir une raison suffisante pour nous donner envie de transformer le monde. Loin d’être seulement cette souffrance intime qui pousse au repli sur soi, « la honte, explique-t-il, oscillation douloureuse entre tristesse et colère, connaît un double destin : le destin sombre et froid, qui défigure, conduit à la résignation solitaire ; le destin lumineux et brûlant, qui transfigure, anime les colères collectives ». La honte n’est donc pas honteuse mais utile, quand on se met à avoir honte pour quelqu’un, comme pour le rappeler à sa moralité oubliée : ce « faire-honte » n’était-il pas ce que faisait Socrate à sa manière, quand il humiliait l’ignorance ? Pour faire de la honte une arme, encore faut-il qu’elle concerne les bonnes personnes. C’est le sens du combat des victimes (de viol ou d’inceste notamment) qui libèrent leur parole pour que la honte « change de camp » et passe du côté des bourreaux. Le propre de la honte est en effet que son sentiment peut être en décalage avec la « situation objective » qui lui correspond : certains devraient avoir honte, alors qu’ils n’éprouvent rien de tel, tandis qu’inversement, d’autres ont honte pour un drame qui leur arrive mais dont ils ne sont pas responsables. On peut même avoir honte d’avoir honte, analyse Frédéric Gros en prenant appui sur Camus qui, dans Le Premier Homme, n’ose d’abord pas dire publiquement que sa mère fait des ménages… avant de comprendre qu’il la trahit en intériorisant le regard du mépris social. Sous toutes ses formes, directement ou de façon plus ambiguë, la honte nous alerte ainsi sur la dignité humaine que nous avons tous en commun.
La honte est un sentiment révolutionnaire
Livre
Pierre Rosanvallon
Les Épreuves de la vie
Publié le 26 août 2021
Nous ne comprenons plus le monde social. L’incapacité de la sociologie et des médias à caractériser un mouvement aussi hétérogène que les « gilets jaunes » l’a confirmé. Le sociologue et historien Pierre Rosanvallon voit là un tournant historique : le concept de classe a perdu de sa centralité pour penser les phénomènes sociaux. Les critères sociodémographiques usuels sont devenus incertains pour décrire les expériences communes qui structurent la société. L’auteur fait une proposition : plus que les intérêts ou les identités de classe, ce sont aujourd’hui les affects partagés dans ce qu’il nomme des « communautés d’épreuve » qui produisent des « communautés d’expérience » et, in fine, d’action. Il détaille quatre types d’épreuve – ainsi que l’évolution de leur conception dans l’histoire – en autant de chapitres : le mépris, l’injustice, la discrimination et l’incertitude. Les « gilets jaunes » sont hétérogènes socialement, mais ils partagent le ressentiment et la colère typiques de l’épreuve quotidienne du mépris (du voisin, de l’employeur, de l’agent d’État). Les sentiments d’anxiété ou de défiance, eux, renvoient à l’épreuve de l’incertitude exprimée, par exemple, dans les marches pour le climat ou les protestations contre la réforme des retraites. Dans La Société des égaux (Seuil, 2011), Rosanvallon avait repéré que l’indignation est moins affaire de statistiques que de sentiment d’être inconsidéré dans son existence. Ici, l’essai généralise une théorie des épreuves balisant un « paysage émotionnel du pays », une distribution des affects « qui guident les comportements et déterminent les rapports à autrui et aux institutions », comme le faisait hier l’ordre des classes représentées par des partis ou des syndicats en lutte. Les « communautés d’expérience », elles, ouvrent une ère nouvelle des mouvements sociaux sans représentation et sans tête.
Les Épreuves de la vie
Livre
Claude Lefort
Lectures politiques. De Dante à Soljenitsyne
Publié le 26 août 2021
Penseur de la démocratie et du totalitarisme, Claude Lefort, mort en 2010, a élaboré une œuvre hétéroclite parfois difficile à cartographier, entre essais, livres collectifs, revues et notes imposantes. Ces Lectures politiques en facilitent l’accès, puisque l’ouvrage regroupe dix préfaces rédigées par le philosophe, alors qu’il était à la fin de sa vie directeur de collection chez Belin. Le cofondateur du mouvement Socialisme ou Barbarie y commente Dante, La Boétie, Tocqueville et Merleau-Ponty (ses auteurs phares, ne manque que Machiavel), mais aussi Michelet, Guizot, ainsi que des récits du XXe siècle sur l’univers concentrationnaire. Ces analyses nous plongent avec passion dans des textes souvent méconnus : par exemple, « La monarchie de Dante », où Lefort voit la première conceptualisation moderne de la souveraineté et de la sécularité ; ou bien les « Souvenirs de Tocqueville », dont « l’indépendance d’esprit » séduit celui qui dénonça toute sa vie le suivisme des philosophes marxistes. L’éclectisme de ces choix d’auteurs n’en demeure pas moins cohérent, puisqu’il s’articule autour d’une question : « Quel est le fondement du pouvoir d’un seul ? » La réponse de Lefort est simple : il n’y en a pas. À travers une relecture éclatante du Discours de la servitude volontaire de La Boétie, le philosophe étaie sa conception de la démocratie comme « lieu vide du pouvoir » où toute idée d’unité doit être rejetée – « Le nom “d’un” assourdit les sujets et les rend muets ». Contre le fantasme d’une société qui serait une totalité non fragmentée, faisant corps avec un souverain, il fait sienne une « exigence de vérité » qui dénote au fond une inquiétude très contemporaine : voir le « désir de liberté » s’éteindre et avec lui la démocratie sombrer.
Lectures politiques. De Dante à Soljenitsyne
Livre
André Comte-Sponville
Dictionnaire philosophique (3e édition)
Publié le 26 août 2021
De tous les ouvrages qu’il a écrits, c’est celui qui est le plus cher au cœur d’André Comte-Sponville. C’est aussi le plus monumental, avec près de 1 500 pages qui couvrent pas moins de 2 267 entrées. Et il s’agit bien d’un « dictionnaire philosophique » et non d’un dictionnaire de philosophie, puisque l’auteur entend s’impliquer personnellement dans les définitions qu’il propose : « Mon propos, explique-t-il, n’était pas de faire œuvre historienne ou érudite, mais au contraire d’exposer ma pensée. » Parmi les 600 nouvelles entrées de cette édition enrichie, on en retrouve donc certaines qui montrent sa sensibilité pour la philosophie orientale avec les définitions de l’« ainsité » (le silence qu’impose l’expérience du réel) ou du « ren » (la vertu d’humanité selon le confucianisme). D’autres correspondent aux dernières tendances de la philosophie contemporaine, comme celles qui concernent l’« Anthropocène », le « soin » ou la « démocrature ». Des entrées inattendues surgissent également, par exemple lorsque Comte-Sponville dit du « fantôme » qu’il « n'existe que pour ceux qui y croient, qui sont punis, le cas échéant, par la peur qu'ils en ont », ou quand il écrit à propos du « savoir-vivre » : « On peut bien “apprendre à vivre”, comme disent Montaigne et Aragon, mais cet apprentissage, toujours personnel et inachevé, ne se transmue jamais en un savoir, que l'on pourrait transmettre. » Comme ce dictionnaire en quelque sorte, qui cherche moins à transmettre un savoir qu’à multiplier les occasions de penser.
Dictionnaire philosophique (3e édition)
CULTURE
Article 2 min
“Serre-moi fort” : à perte de vie
Cédric Enjalbert 26 août 2021
Dans Serre-moi fort, son nouveau film en tant que réalisateur, Mathieu Amalric plonge avec brio dans les affres de l'abandon.
“Serre-moi fort” : à perte de vie
Article 2 min
“Le Surréalisme dans l’art américain”. Art-west
Cédric Enjalbert 26 août 2021
Refermé sur lui-même, l'art américain ? C’est cette idée reçue que bat en brèche cette exposition visible jusqu'à fin septembre à La Vieille Charité à Marseille. Prenant appui sur le mouvement surréaliste, elle présente les influences croisées que le Vieux et le Nouveau Monde ont exercé l'un sur l'autre.
“Le Surréalisme dans l’art américain”. Art-west
Article 2 min
“Leurs enfants après eux”. À l’Est, rien de nouveau ?
Cédric Enjalbert 26 août 2021
Sur la magnifique scène du Théâtre du Peuple, à Bussang dans les Vosges, le metteur en scène Simon Delétang et les jeunes acteurs de l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre donnent chair au roman du prix Goncourt 2018 – et lui-même vosgien – Nicolas Mathieu.
“Leurs enfants après eux”. À l’Est, rien de nouveau ?
OH ! LA BELLE VIE
Article 3 min
Conseil n° 11. Arrêtez de vous tâter !
François Morel 26 août 2021
Ça va arriver vite maintenant. Il n’y a plus de temps à perdre. On est déjà en septembre. Autant dire que dans un an, l’état de grâce pour le (ou la) nouveau (ou nouvelle) président(e) sera terminé depuis déjà un bon bout de temps. Vous avez remarqué : le temps s’accélère. Le ty..
Conseil n° 11. Arrêtez de vous tâter !
JEUX
Article 1 min
Philocroisés #72
Gaëtan Goron 26 août 2021
Horizontalement I. Titre d’ouvrages de Chrétien et de Benasayag. II. En l’État, elle n’est toujours pas satisfaite. Ville d’une Belle d’opérette. III. À la mode. Démonstratif. IV. Parole sacrée. V. Fait mal. Il dame le pion au roi. VI. P..
Philocroisés #71
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Céline Minard. Sur l’elle du désir
Léa Cuenin 26 août 2021
Après Le Dernier monde (2007) et Le Grand Jeu (2016), la romancière revient en cette rentrée littéraire avec Plasmas (Rivages), un texte inclassable qui nous expose à la fluidité de la langue, des frontières et des genres. Si ce livre est rangé dans la catégorie « science-fiction », Céline Minard, comme à son habitude, y dynamite les codes et invente une matière organique en perpétuelle métamorphose. C’est une histoire qui n’a ni début ni fin, comme suspendue entre deux mondes. Sa force réside dans sa manière de saisir le mouvement et de nous placer en air-time, cette sensation d’allégement et de perte d’équilibre ressentie au point culminant d’un saut, juste avant d’entamer la chute.
(Philomag)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
N°152 - Septembre 2021 - Sommes-nous si fragiles ? [texte imprimé] . - 2021 . - 98 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Philosophie Tags : Fragilité humaine Philippe Descola grossesse Sénèque Pascal Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : C’est peut-être le grand paradoxe des sociétés développées du XXIe siècle : nous n’avons de cesse d’évoquer notre fragilité et nos lignes de faille, nous nous savons environnés de risques multiples qui vont du krach financier à l’incident nucléaire… Et pourtant, l’expérience de la pandémie nous a montré que nos organisations complexes ont tenu le coup, qu’il n’y a pas eu d’effondrement systémique et que la plupart d’entre nous ont su se réinventer dans cette situation inédite. Du coup, serions-nous d’autant plus solides que nous nous savons fragiles ? (Philomag) Note de contenu : ÉDITO
Article 2 min
Si près de l’impossible
Alexandre Lacroix 26 août 2021
Voilà l’enseignement philosophique majeur du jeu de Kapla : c’est au moment où une construction, une tentative humaine va vraiment atteindre son maximum de perfection et d’harmonie qu’elle s’écroule. Et elle ne dégringole pas d’elle-même, mais parce que, quand l’ouvrage présent..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“D’où vient cette énergie quand je danse ?”
Charles Pépin 26 août 2021
Question de Samuel Habibi
“D’où vient cette énergie quand je danse ?”
REPÉRAGES
Article 1 min
Arles monte dans les tours
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
Spirale déstructurée de verre et de métal, la tour imaginée par Frank Gehry, étoile nord-américaine de l’architecture, contraste avec l’allure de la cité romaine d’Arles. Inauguré le 26 juin, l’édifice est le cœur battant du complexe artistique Luma, dont la mécène suisse Ma..
Arles monte dans les tours
Article 1 min
“Monstruosité”
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
« La monstruosité qui fait peur à certains et qui traverse mon travail, c’est une arme et c’est une force pour repousser les murs de la normativité » Julia Ducournau, le 17 juillet, lors de la réception de sa Palme d’or au Festival de Cannes &..
Article 1 min
Pathocène
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
Après l’Anthropocène, le Capitalocène, le Plantationocène, place au Pathocène ! La notion a été imaginée par l’historien Gil Bartholeyns dans son récent essai Le Hantement du monde. Zoonoses et Pathocène (Éditions Dehors, 2021). « Ce n’est peut-être pas une dénomination tr..
Pathocène
Article 1 min
“319”
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
C’est le record, en térabits par seconde (tb/s), de transmission de données sur Internet, permis par la nouvelle fibre optique développée par l’Institut national japonais des technologies de l’information et des communications. Le précédent, établi l’an dernier, était de 178 tb/..
Article 2 min
Un problème de poids
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
L’obésité touche… 8,5 millions de Français 17 % de la population en moyenne 22,1 % des habitants des Hauts-de-France 14,2 % des habitants d’Île-de-France 19,2 % des plus de 65 ans 16,7 % des 35-44 ans 9,2 % des 18-24 ans 14,4 % des professions int..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Passe sanitaire : Macron a-t-il inventé la quasi-obligation ?
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
Certains souhaitent que la vaccination devienne obligatoire, quand d’autres dénoncent le passe sanitaire comme une entrave insupportable aux libertés. Le problème vient-il d’avoir voulu concilier des valeurs contradictoires ?
Passe sanitaire : Macron a-t-il inventé la quasi-obligation ?
Article 3 min
Extension du domaine de la ZOP
Cédric Enjalbert 26 août 2021
De nombreuses mesures adoptées temporairement durant la crise sanitaire se trouvent désormais normalisées. Faut-il craindre que cette « zone d’ossification du provisoire » aille contre l’élan vital, comme le pressentait Bergson ?
Extension du domaine de la ZOP
Article 3 min
Quentin Hiernaux : “Dans notre tradition, la plante est placée tout en bas de l’échelle des êtres vivants”
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
Une équipe de chercheurs singapouriens s’est lancée dans un projet un peu fou : créer des « robots-plantes ». Une démarche que critique le philosophe spécialiste de la question végétale Quentin Hiernaux.
Quentin Hiernaux : “Dans notre tradition, la plante est placée tout en bas de l’échelle des êtres vivants”
Article 3 min
Musk-Bezos : la guerre des étoiles
Sven Ortoli 26 août 2021
Enjeu d’une concurrence entre États durant la guerre froide, la conquête spatiale est aujourd’hui l’objet d’une rivalité entre les plus riches, Jeff Bezos et Elon Musk en tête. Mais avec deux visions opposées de cet impérialisme extraterrestre.
Musk-Bezos : la guerre des étoiles
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
Tattoo compris
Sven Ortoli 26 août 2021
Ötzi, le chasseur de l’âge du cuivre prisonnier des glaces pendant 5 300 ans avant sa découverte dans les Alpes en 1991, arborait 61 tatouages. Le Néo-Zélandais Lucky Diamond Rich, de son vrai nom Gregory Paul McLaren, est l’homme le plus tatoué au monde avec 10..
Tattoo compris
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Boxe en plein air. Le punch des amazones
Tobie Nathan 26 août 2021
De plus en plus d’amateurs revêtent les gants pour s’entraîner dans les parcs et jardins. Et parmi eux, nombre de femmes. Culte du corps, féminisme en action ou prophétie de Platon enfin réalisée ?
Boxe en plein air. Le punch des amazones
RENCONTRE
Article 15 min
Déni de grossesse
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
La philosophie s’intéresse très peu à la naissance, et encore moins à la gestation. Elselijn Kingma a choisi d’en faire son objet d’étude. À la croisée des sciences, de la phénoménologie et de sa propre expérience, sa pensée définit le fœtus comme partie biologique de la mère.
Déni de grossesse
LE MÉTIER DE VIVRE
Article 8 min
François Galichet. La liberté et la mort
Nicolas Gastineau 26 août 2021
Ce professeur émérite de philosophie à l’université de Strasbourg est aussi un homme d’engagement. Depuis presque dix ans, il milite pour le droit à mourir dans la dignité, aidant ceux qui le souhaitent à se procurer la substance fatale en toute illégalité. Un choix qui lui vaut aujourd’hui d’être mis en examen mais qu’il fonde sur des convictions éthiques.
François Galichet. La liberté et la mort
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Chatbots, gardiens des enfers numériques
Isabelle Sorente 26 août 2021
Hybrides d’aujourd’hui, ces programmes de dialogue sont d’un abord moins terrifiant que leurs devanciers légendaires – Sphinx ou sirènes… Mais cela ne les empêche pas de nous mettre à rude épreuve.
Chatbots, gardiens des enfers numériques
DOSSIER
6 articles
Sommes-nous si fragiles ?
Publié le 25 août 2021
C’est peut-être le grand paradoxe des sociétés développées du XXIe siècle : nous n’avons de cesse d’évoquer notre fragilité et nos lignes de faille, nous nous savons environnés de risques multiples qui vont du krach financier à l’incident nucléaire… Et pourtant, l’expérience de la pandémie nous a montré que nos organisations complexes ont tenu le coup, qu’il n’y a pas eu d’effondrement systémique et que la plupart d’entre nous ont su se réinventer dans cette situation inédite. Du coup, serions-nous d’autant plus solides que nous nous savons fragiles ? > Des larmes de Pline l’Ancien à l’écume de Peter Sloterdijk, en passant par le cristal de Sigmund Freud, de l’Antiquité à nos jours, les penseurs ont toujours trouvé des images matérielles de la fragilité, tout à la fois pour la magnifier et la conjurer. > Car, bien plus qu’une disposition psychologique, la fragilité est peut-être la condition métaphysique première de l’être humain : c’est ce que nous explique le jeune philosophe et charpentier Arthur Lochmann dans un texte inspiré sur le ciel étoilé. > Mais pour revenir à l’échelle de nos sociétés, leur résistance au choc pandémique ne peut être vraiment comprise et analysée qu’en faisant un peu de théorie de la complexité : c’est ce que nous proposent la macroéconomiste Anne-Laure Delatte, le mathématicien David Chavalarias, l’expert en agronomie Marc Dufumier et la psychologue Florence Sordes. > Voici une intervention qui prend la thèse centrale de notre dossier à revers : partant d’une lecture originale de Friedrich Nietzsche comme promoteur (involontaire) de la pleurnicherie, le philosophe allemand Wolfram Eilenberger dénonce l’étalage contemporain des petites blessures personnelles. > Si elle donne un fil rouge à ce dossier, la pensée de Jean-Louis Chrétien (disparu en 2019), qui a consacré de beaux essais à la fatigue, aux larmes ou encore à la voix, réunit dans ce dialogue conclusif deux interlocuteurs de choix : elle continue d’inspirer le philosophe Camille Riquier et la romancière Maylis de Kerangal, qui posent des mots justes sur la sensibilité humaine.
Sommes-nous si fragiles ?
Article 6 min
Ni fort ni faible !
Cédric Enjalbert 25 juillet 2021
Parente de la faiblesse et de la vulnérabilité, la fragilité a sa propre dignité conceptuelle. Cette disposition humaine, redécouverte à l’occasion de la crise sanitaire, dessine une troisième voie, un chemin de liberté entre la résistance aux chocs et l’adaptation aux événements.
Ni fort ni faible !
Article 10 min
À manier avec précaution
Cédric Enjalbert 26 août 2021
Depuis l’Antiquité, les penseurs rivalisent de métaphores pour décrire la condition de l’homme, aussi grand que misérable, et chacun offre sa stratégie pour faire avec ses failles. Tour d’horizon, de Sénèque à Sloterdijk.
À manier avec précaution
Article 6 min
Vertige d’une nuit d’été
Arthur Lochmann 26 août 2021
Philosophe et charpentier, Arthur Lochmann pratique aussi la randonnée en montagne. Dans son nouveau livre Toucher le vertige, il relate à l’occasion de son ascension du massif du Mont-Blanc une expérience physique et métaphysique : la perte des repères et la peur du vide. L’écrivain expose ici ce que la contemplation des sommets révèle de notre rapport fragile à soi et au monde.
Vertige d’une nuit d’été
Article 10 min
Lignes de faille
Charles Perragin 26 août 2021
Le choc du Covid faisait craindre un effondrement – sanitaire, économique, logistique. Pourtant, et pour l’essentiel, nous avons tenu. Comment ? Réponses avec une macroéconomiste, un mathématicien spécialiste des systèmes complexes, un ingénieur agronome et une chercheuse en psychologie.
Lignes de faille
Article 6 min
Wolfram Eilenberger : “Le courage est une vertu démocratique”
Alexandre Lacroix 26 août 2021
Et si, à force d’étaler notre fragilité, nous étions en train de nous couper du monde et des autres, de nous refermer sur nous-mêmes et de vider de sa substance la vie démocratique ? Tel est le constat à contre-courant du philosophe allemand Wolfram Eilenberger.
Wolfram Eilenberger : “Le courage est une vertu démocratique”
Dialogue 15 min
Maylis de Kerangal-Camille Riquier. À voix nues
Catherine Portevin 26 août 2021
La fêlure est au cœur du travail et des réflexions de Maylis de Kerangal et de Camille Riquier. Pour la romancière comme pour le philosophe, elle est un révélateur de notre humanité.
Maylis de Kerangal-Camille Riquier. À voix nues
L’ENTRETIEN
Entretien 19 min
Philippe Descola. “Rendre visibles des choses invisibles”
Alexandre Lacroix 26 août 2021
Quinze ans après Par-delà nature et culture, le grand anthropologue français, élève de Claude Lévi-Strauss, fait paraître Les Formes du visible, un essai fondamental qui éclaire d’une lumière nouvelle toutes les « images » produites par les humains, depuis les grottes de Lascaux jusqu’aux masques des Indiens d’Amazonie, en passant par l’art occidental.
Philippe Descola. “Rendre visibles des choses invisibles”
LE CLASSIQUE SUBJECTIF
3 articles
Blaise Pascal vu par Elsa Godart
Publié le 26 août 2021
Pascal, un génie, « créateur en toute chose » ? Oui, mais pas seulement, répond la philosophe et psychanalyste Elsa Godart, pour qui il est un compagnon précieux dans les épreuves du quotidien. Elle partage avec l’auteur des Pensées une éthique de la sincérité qu’elle expose ici avec passion.
Blaise Pascal, révéler les ombres
Article 12 min
Elsa Godart : “Pour Pascal, la vérité ne peut passer que par le cœur”
Victorine de Oliveira 26 août 2021
Pascal, un génie, « créateur en toute chose » ? Oui, mais pas seulement, répond la philosophe et psychanalyste Elsa Godart, pour qui il est un compagnon précieux dans les épreuves du quotidien. Elle partage avec l’auteur des Pensées une éthique de la sincérité qu’elle expose ici avec passion.
Blaise Pascal, révéler les ombres
Article 2 min
Un extrait de Blaise Pascal commenté par Elsa Godart
Victorine de Oliveira 05 septembre 2021
L’extrait de Blaise Pascal « Qu’est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non, car il ne pense pas à moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu’un à cause..
Blaise Pascal, révéler les ombres
Article 4 min
Blaise Pascal, révéler les ombres
Victorine de Oliveira 05 septembre 2021
Quelle posture adopter face à l’infini qui nous enveloppe ? Pascal est tout entier pris dans ce questionnement métaphysique qui souligne aussi bien la finitude de l’être humain que la force de sa pensée.
Blaise Pascal, révéler les ombres
BOÎTE À OUTILS
Article 3 min
Pourquoi aimons-nous faire des puzzles ?
Océane Gustave 26 août 2021
Il en traîne, plus ou moins complets, dans tous les placards. Mais qu’est-ce qui nous attire dans ce jeu de patience très sage ? Quatre philosophes nous aident à recoller les morceaux.
Pourquoi aimons-nous faire des puzzles ?
Article 1 min
Meraki (μεράκι)
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021
Langue d’origine : grec
Article 2 min
“Sécurité”
Margot Monteils 26 août 2021
Cinq philosophes lèvent l’incertitude sur cette notion.
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Que peuvent les mots ?
Aïda N’Diaye 26 août 2021
Analyse des termes du sujet « Pouvoir » Pouvoir matériel, capacité à produire des effets, à agir, à faire, à transformer ou à fabriquer des choses, puissance, force. « Mots » Signes arbitraires, symboles, écrits ou parlés.
LIVRES
Article 2 min
Pendant que j’y pense/Septembre 2021
Catherine Portevin 26 août 2021
Est-ce bien le moment, en pleine rentrée, de parler de nuits sans sommeil ? Parmi tous les livres captivants qui s’annoncent en librairie et méritent bien quelques heures de veille, il en est un qui, sur une table de nuit, narguera la plus résolue des marmottes. Son titre : Pas dormir (P..
Livre
Susan Neiman
Grandir
Publié le 25 août 2021
La jeunesse est-elle autant qu’on le croit le plus bel âge de la vie ? C’est contre cette idée qu’écrit Susan Neiman (photo) : dire aux jeunes de profiter de leurs meilleures années peut sembler bienveillant. Pourtant, estime-t-elle, le conseil « comprend un message désolant : après c’est pire ». La philosophe interroge ainsi une époque qui présente l’âge adulte comme le moment de la désillusion, voire de la trahison. Quant à la vieillesse, elle ne peut être qu’un naufrage ! Dès lors, rien d’étonnant à ce que nous soyons tous, à des degrés et sous des formes diverses, saisis par le syndrome de Peter Pan : si la maturité consiste à « renoncer à ses espoirs et à ses rêves, [à] accepter les limites de la réalité et [à] se résigner à une vie […] beaucoup plus insignifiante que ce qu’on avait imaginé », à quoi bon grandir ? L’idéalisation de la jeunesse va de pair avec cette capitulation : « En interprétant la vie comme une longue chute, nous préparons les jeunes à en attendre – et à en revendiquer – très peu. » Susan Neiman n’est pas la première à s’emparer de la question de l’éducation. En spécialiste de Hannah Arendt, cette philosophe américaine, née en 1955 et vivant à Berlin, a de qui tenir ! Mais, dans cet essai au ton libre et personnel, elle semble moins préoccupée de la crise de l’autorité que son illustre prédécesseur dans La Crise de la culture. Neiman déplore davantage l’abandon des idéaux. Or, dit-elle, prétendre affronter la dureté de la réalité est souvent une lâcheté : « Elle ne requiert rien d’autre qu’un air snob et un peu dégagé. » Et si, suggère-t-elle, nous vivions en réalité dans une culture « qui ne veut pas d’adultes, car les sujets infantiles et obsédés par eux-mêmes sont plus faciles à diriger ? » « Est-ce que la philosophie peut nous aider à grandir ? » reste la question principale de ce livre. Susan Neiman la situe historiquement dans l’héritage des Lumières, le moment où il s’agit de penser l’individu et la condition humaine hors des dogmes de la religion. Elle cherche ainsi assez classiquement un « modèle de maturité qui ne soit pas celui de la résignation » et trace un chemin de crête entre les sagesses de l’acceptation du monde tel qu’il est (le stoïcisme) et les sceptiques (Hume, chez qui elle décèle une forme de froideur rarement appliquée à son empirisme), qui passe par une subtile relecture de l’Émile du « passionnant mais exaspérant » Rousseau et s’accroche au socle de Kant. Susan Neiman parvient même à nous rendre séduisante sa Critique de la raison pure, le livre « le plus important et le plus mal écrit de l’histoire de la philosophie moderne ». En se défiant du dogmatisme de la raison comme du désespoir que procure l’expérience, dans un juste milieu entre agir pour le monde tel qu’il devrait être et le voir tel qu’il est, le message de Kant demeure le meilleur accès à la maturité. Susan Neiman le traduit pour aujourd’hui en trois actes : apprendre, voyager, travailler.
Grandir
Livre
Pierre Darkanian
Le Rapport chinois
Publié le 26 août 2021
« Un bullshit job, écrivait l’anthropologue américain David Graeber, est une forme d’emploi rémunéré si totalement inutile, superflue ou néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence, bien qu’il se sente obligé, pour honorer les termes de son contrat, de croire qu’il n’en est rien. » Dans leur immense majorité, ces emplois sont sous-rémunérés, mais il en existe quelques-uns, d’autant plus énigmatiques, que l’on pourrait appeler des « bullshit jobs de luxe ». C’est sur l’une de ces sinécures mystérieuses qu’est tombé le personnage principal de ce roman. Embauché pour un haut salaire dans un cabinet de consultants, Tugdual Laugier traverse d’abord trois ans d’oisiveté absolue où, dans la pénombre calfeutrée de son bureau, il passe maître dans l’art de rouler et de dérouler sa cravate. Sa seule contrainte est la confidentialité : nul ne doit être au courant du néant de sa mission. Astreints à la plus extrême discrétion, les salariés du cabinet en viennent à psalmodier une sorte de mantra autopersuasif. « Ça bosse chez Laugier ! » ne cesse de murmurer pour lui-même le jeune consultant, lorsqu’on lui confie enfin la tâche tant espérée : rédiger, pour le compte d’un client chinois, un rapport de mille pages sur le marché français des mini-viennoiseries. Dès lors, tout bascule, la mégalomanie et le vide vont s’engendrer l’un l’autre. Fatras indigeste rémunéré une fortune par un certain M. Dong, le « rapport chinois » intrigue une commissaire de la police des stupéfiants. Peu à peu se dévoilent une énorme machine à blanchir des fonds obscurs, puis un système complexe d’escroqueries en cascade. Par touches successives, dans un crescendo aux allures de vaudeville, la comédie du travail se mue en épopée de la finance opaque. Dans ce surprenant roman – qui restitue avec une jubilation ventriloque les langues de bois, jargons et tics de langage de l’entreprise –, l’énergie burlesque est le moteur de l’exploration d’un capitalisme en décomposition.
Le Rapport chinois
Livre
Camille Froidevaux-Metterie
Un corps à soi
Publié le 26 août 2021
Camille Froidevaux-Metterie creuse un sillon tout personnel dans le champ de la théorie féministe. Depuis la parution en 2015 de La Révolution du féminin (Gallimard), où elle interroge la disparition du corps féminin à travers la lutte pour l’égalité des droits, la question de la corporéité féminine traverse son œuvre. Qu’est-ce que vivre avec un corps de femme ? Quelles sont les implications sociales, politiques, phénoménologiques, d’une paire de seins, des règles, d’une jupe, de talons hauts ou de tout autre attribut perçu comme féminin ? En s’intéressant plus particulièrement aux Seins (Anamosa, 2020) et en interrogeant et photographiant des femmes de tout âge, Camille Froidevaux-Metterie a découvert une chose intéressante : l’identité féminine se construit selon un mouvement dialectique d’« objectivation-aliénation », d’une part, et de « libération-réappropriation », d’autre part. Les seins sont ce par quoi les femmes sont exclusivement identifiées à leur corps – la femme-objet –, mais aussi ce par quoi elles entretiennent un rapport au monde qui leur est propre, puisqu’il passe par un corps dont elles tirent parfois fierté – la femme-sujet. C’est ce rapport spécifique au monde qu’elle explore désormais dans Un corps à soi. À l’heure où les féministes se déchirent pour savoir qui a le droit de se déclarer « femme » – les débats se focalisant autour des transgenres –, son opposition féminin vs. féminité a le grand mérite de clarifier le débat. Le féminin est « un rapport à soi, aux autres et au monde qui passe nécessairement par le corps et qui se trouve de ce fait déterminé par lui », quand la féminité correspond aux clichés associés aux femmes : douceur, fragilité, frivolité. « Parce qu’elles n’ont longtemps été que des corps, tout entières assimilées à leurs fonctions sexuelle et maternelle, les femmes ne peuvent faire comme si elles n’avaient pas de corps, et plus encore, comme si elles n’avaient pas de corps sexué » : cela signifie que le féminin se construit sur la réappropriation de ce corps sexué dès la sortie de l’enfance par le regard masculin, quand le masculin ne se soucie pas du regard de l’autre sexe. Cette urgence de remettre le corps féminin au centre du projet féministe, Camille Froidevaux-Metterie la doit à la philosophe américaine Iris Marion Young (1949-2006). Depuis Le Corps des femmes (Philosophie magazine Éditeur, 2018), elle s’emploie à faire découvrir ses travaux, encore peu connus en France. Si Young revient à « ces expériences ordinaires du corps par lesquelles la plupart des femmes s’identifient spécifiquement en tant que femmes », elle critique également le « féminisme humaniste » et son « aspiration à l’universalité abstraite ». Pas étonnant que Camille Froidevaux-Metterie prenne autant de précautions et lui consacre un chapitre entier, afin de désamorcer un débat d’avance miné. Le féminisme de Camille Froidevaux-Metterie revêt la forme d’un « projet révolutionnaire, au sens rigoureux d’un renversement de l’ordre patriarcal et de son remplacement par un monde foncièrement nouveau ». La fin du patriarcat ne semble pas pour demain, mais rêvons un peu : une fois débarrassée de l’objectification, quelle serait l’expérience singulière de la corporéité féminine ? Ce suspens excite autant qu’il donne le vertige.
Un corps à soi
Livre
François Noudelmann
Les Enfants de Cadillac
Publié le 26 août 2021
C’est l’histoire d’un homme qui se met à s’interroger sur ses origines et son patronyme. Et d’un professeur de philosophie qui, après avoir beaucoup écrit sur les autres – Sartre ou Beckett –, revient sur lui-même en signant un premier roman autobiographique. Un peu par le hasard des circonstances, un peu à la suite de son installation aux États-Unis qui lui a donné un angle de vue nouveau, François Noudelmann (photo) s’est surpris à voir cette quête de soi s’imposer à lui : explorer son identité française telle qu’elle s’est construite à travers trois générations. Trois portraits d’hommes plus précisément – les femmes sont à peine évoquées –, qui résonnent comme les trois actes d’une pièce de théâtre aux accents parfois tragiques. Le premier retrace l’épopée de Chaïm, son grand-père qu’il n’a pas connu, fuyant les persécutions contre les Juifs en Lituanie pour prendre part à la Grande Guerre dans l’armée française et obtenir sa naturalisation ; mais après avoir inhalé du gaz allemand, il est déclaré « fou de guerre » et interné à Sainte-Anne. Vient ensuite son père, Albert, « titi parisien, avec l’accent et la gouaille d’un poulbot de Montmartre », pour lequel le récit passe au tutoiement. On sent beaucoup de sympathie de Noudelmann fils pour ce personnage qui, après avoir été fait prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale et avant d’échapper à l’exécution, séduit une cheffe nazie qui lui enseigne le vocabulaire amoureux allemand… « Entre Chaïm et Albert, un récit a bégayé, celui de l’assimilation des Juifs, le fils oubliant son père et poursuivant un même désir de fuir ses origines et de s’incorporer à la France, quitte à recevoir son passé en pleine face », constate le narrateur dans la troisième partie où le « je » assume de porter le poids et l’héritage du passé. « J’ai l’intuition qu’être français doit à leurs souffrances et désillusions », écrit François Noudelmann sans prétendre pour autant revendiquer ce qu’il appelle leur « prestige victimaire », puisqu’il a conscience de n’avoir pas connu personnellement les mêmes épreuves. Évitant les écueils de la complaisance et du nombrilisme, son roman mêle réflexions sur la judéité – « pour se faire aimer, quand on est juif, il faut savoir être un peu antisémite » –, récits de vies, d’engagements politiques et d’espoirs parfois insensés. Il nous rappelle surtout combien nos existences sont toujours nourries d’une mémoire qui se décline aux trois personnes du singulier.
Les Enfants de Cadillac
Livre
Gaspard Kœnig
Notre vagabonde liberté
Publié le 26 août 2021
Nous sommes le 22 juin 2020 : la France se déconfine timidement – et provisoirement –, et Gaspard Kœnig, quittant tout, entreprend de la traverser à cheval. Le voilà, lui qui défend la philosophie libérale classique avec son think-tank GénérationLibre, parti sur les pas de Montaigne entre le Périgord et Rome, avec de longs détours par « le Berry et ses chaumes sans ombre », « la Sologne et ses étangs » ou encore « la Meuse et ses reflets fluorescents ». Un voyage flamboyant et anachronique… qui commence pour Kœnig par un faux départ. Il n’a pas fait 500 mètres que sa route est barrée par « un épais tronc d’arbre », puis par « une barre de fer ». Une manière de rappeler que nos chemins ne sont plus adaptés à « la circulation hippomobile ». Défi un peu fou, donc, que celui de parcourir 2 500 kilomètres à cheval en 2020. Rêne cassée, attaques perpétuelles de « petites mouches plates », sentiers bouchés sont le pain quotidien du cavalier moderne. Au cours de son périple, le philosophe renonce donc souvent à ce qu’il avait planifié pour bidouiller, contourner, bifurquer… Mais c’est sur ces chemins de traverse qu’il est le plus fidèle à Montaigne pour qui « rien de noble ne se fait sans hasard ». Le libéral en lui a ainsi trouvé dans ce voyage une ultime manière d’expérimenter une liberté vibrante et solaire, pleine d’imprévus poétiques et d’heureuses rencontres. Tant pis, donc, pour le faux départ, les détours… et même pour l’arrivée ratée à Rome où il est rabroué par des policiers. Car, selon lui, ce n’est pas sur les routes officielles mais loin des sentiers battus, et même « hors des normes », dans les « interstices » et « à la marge des lois », que s’exerce pleinement la « vagabonde liberté » si chère au cœur de Montaigne.
Notre vagabonde liberté
Livre
Isabelle Sorente
La Femme et l’Oiseau
Publié le 26 août 2021
Il y a des malédictions qui traversent plusieurs générations. Celle de Thomas remonte à la Seconde Guerre mondiale et à son enrôlement de force dans l’armée allemande, puis à sa détention dans un camp de prisonniers en URSS, celui de Tambov (au sud-est de Moscou). On a surnommé ces soldats français, pour la plupart originaires de l’Alsace et de la Moselle annexées, les « Malgré-nous ». Ils n’avaient pas le choix – ou alors celui d’exposer leur famille à des représailles, voire de mourir eux-mêmes, sans que cela ne change grand-chose au cours de l’histoire. Les décennies suivantes ont peut-être porté des enjeux moins lourds pour leurs descendants. Il n’en demeure pas moins qu’il leur arrive encore d’être pris « malgré eux » dans ce qui ressemble tout autant à un enrôlement de force, peut-être plus insidieux. Élisabeth, la petite-nièce de Thomas, peine par exemple à se dépêtrer d’un travail qui exige d’elle un engagement total, week-end compris. Sa fille Vina est elle aussi confrontée à la douleur des choix : que fait-on librement ou par contrainte, du fait de son milieu social, de son éducation ou des opportunités ? Le thème de l’entrave hante le roman d’Isabelle Sorente. Elle y répond par la puissance de l’imaginaire d’un esprit, celui de Thomas, légèrement chamane sur les bords, capable de sortir de son corps pour se mettre à la place d’un oiseau ou d’un arbre, afin d’opérer un décentrement salvateur. Manière de dire que toute bête traquée que l’on puisse se sentir, on n’est jamais tout à fait pris au piège.
La Femme et l’Oiseau
Livre
Arthur Lochmann
Toucher le vertige
Publié le 26 août 2021
« J’aimais l’altitude, mais j’avais le vertige. » Parole de philosophe et de charpentier, car Arthur Lochmann ne manie pas seulement les concepts, il travaille aussi le bois et grimpe sur les toits. Il en a témoigné dans un précédent livre, La Vie solide. La charpente comme éthique du faire (Payot, 2019), et revient dans celui-ci sur une expérience physique et métaphysique : celle de « ces moments informes et sauvages » où le monde semble se dérober sous les pieds, « de ces sueurs froides et chaudes qui […] remontent au creux du dos » en altitude. Il s’agit moins d’un essai que du récit, écrit avec style, d’une excursion dans le massif du Mont-Blanc en quatre étapes qui structurent le livre – la montée, le bivouac, le sommet, la descente. Chemin faisant, le philosophe décrypte le sentiment de beauté mêlé d’effroi qui le saisit devant plus grand que soi, devant l’immensité incommensurable des montagnes, ce que Kant appelle le sublime. « Il n’y a de vertigineux que ce qui dépasse nos capacités de mesurer » pour Arthur Lochmann. Cela vaut quand on vacille aux sommets autant que face à l’absurdité de l’existence. Mais dans la contemplation du précipice, nous éprouvons aussi notre liberté : « Je crois d’ailleurs ne pas connaître de meilleur moyen pour intensifier la relation au monde, et m’y sentir plus vivant, que de la mettre ainsi sur la sellette », note-t-il. Pour apprivoiser ce vertige sans s’y abîmer, le philosophe invite à rompre avec la vision dualiste du monde que l’on doit à Descartes. Car en instaurant une distance avec le monde sensible, gagnés par un idéal trompeur de maîtrise, nous aurions perdu le sens de notre fragilité… ce qui nous aurait rendus paradoxalement plus vulnérables. Contre ce « désengagement », favorisé par une longue tradition philosophique pensant « notre rapport au monde sensible sur l’unique modèle de la vue », le grimpeur réévalue « une philosophie du toucher ». Dans ce modèle de perception active, celui qui perçoit est « inscrit dans le monde et non installé devant lui ». Pour lui, « ce n’est pas un œil, une oreille ou une main qui reçoit passivement le monde, mais l’activité d’un regard, d’une écoute ou d’un toucher » qui embrasse le réel. Ce qu’on appelle prendre de la hauteur !
Toucher le vertige
Livre
Miguel de Beistegui
L’Élan du désir
Publié le 26 août 2021
« Comment vivre son désir ? Comme une épreuve ou comme une célébration ? Comme une malédiction ou comme une chance ? » Une malédiction, répond la tradition philosophique de concert. Car, à l’exception de Spinoza et de Nietzsche, elle fait bloc autour d’un même présupposé : « une vie pleine et épanouie [consiste] à surmonter ou neutraliser son désir », à atteindre un état statique de plénitude – le bonheur – que le manque rendrait impossible. Contre ses éminents prédécesseurs, le spécialiste anglais de Heidegger Miguel de Beistegui affirme au contraire : « Le désir n’est pas l’indice d’un défaut. » S’il ne s’éteint jamais, c’est parce qu’il ne manque de rien, et non parce que rien ne pourrait le combler. Pure positivité « vitale », le désir exprime la « tendance profonde de la vie à se dépasser » – une « surabondance », un « excès » irréductible de la vie sur elle-même, qui jaillit d’une « béance originelle et [d’une] division inaugurale du sujet ». Le désir est l’élan premier par lequel nous sortons de nous-mêmes et nous engageons dans le monde, tout en prenant part à son « déploiement » : il « se loge précisément dans l’interstice qui sépare l’état actuel du monde de son horizon […] fait tout entier de potentiels inouïs, de virtualités aussi mystérieuses qu’inépuisables ». Il manifeste en ce sens une « inquiétude première, [un] vacillement ou déséquilibre intarissable ». Assumer cette intranquillité indépassable suppose d’« en aggraver l’entaille, afin qu’une multiplicité, un fourmillement de rencontres, d’événements et d’intensités viennent le peupler ». Rien de plus difficile, sans doute. Rien de plus exaltant, pourtant, que de se risquer sur cette voie de « l’immanence et de la joie ».
L’Élan du désir
Livre
Frédéric Gros
La honte est un sentiment révolutionnaire
Publié le 26 août 2021
« How dare you ? – Comment osez-vous ? », lançait Greta Thunberg il y a deux ans devant l’assemblée de l’ONU à New York à l’adresse des principaux dirigeants de la planète. Le moyen que la jeune activiste avait choisi pour se faire entendre d’eux – et provoquer une prise de conscience mondiale – était, littéralement, de les couvrir de honte. C’est que, comme l’explique Frédéric Gros, « la honte est un sentiment révolutionnaire ». Avec cette formule empruntée à Marx, il insiste sur l’énergie que donne ce « cri de rage » devenu le moteur de toutes les révoltes, et d’abord des combats politiques. Selon lui, en effet, « la honte est l’affect majeur de notre temps, le signifiant des luttes nouvelles. On ne crie plus à l’injustice, à l’arbitraire, à l’inégalité. On hurle à la honte. » Avec la honte, Frédéric Gros a donc trouvé ce qu’il cherchait dans son précédent livre, Désobéir (Albin Michel, 2017), à savoir une raison suffisante pour nous donner envie de transformer le monde. Loin d’être seulement cette souffrance intime qui pousse au repli sur soi, « la honte, explique-t-il, oscillation douloureuse entre tristesse et colère, connaît un double destin : le destin sombre et froid, qui défigure, conduit à la résignation solitaire ; le destin lumineux et brûlant, qui transfigure, anime les colères collectives ». La honte n’est donc pas honteuse mais utile, quand on se met à avoir honte pour quelqu’un, comme pour le rappeler à sa moralité oubliée : ce « faire-honte » n’était-il pas ce que faisait Socrate à sa manière, quand il humiliait l’ignorance ? Pour faire de la honte une arme, encore faut-il qu’elle concerne les bonnes personnes. C’est le sens du combat des victimes (de viol ou d’inceste notamment) qui libèrent leur parole pour que la honte « change de camp » et passe du côté des bourreaux. Le propre de la honte est en effet que son sentiment peut être en décalage avec la « situation objective » qui lui correspond : certains devraient avoir honte, alors qu’ils n’éprouvent rien de tel, tandis qu’inversement, d’autres ont honte pour un drame qui leur arrive mais dont ils ne sont pas responsables. On peut même avoir honte d’avoir honte, analyse Frédéric Gros en prenant appui sur Camus qui, dans Le Premier Homme, n’ose d’abord pas dire publiquement que sa mère fait des ménages… avant de comprendre qu’il la trahit en intériorisant le regard du mépris social. Sous toutes ses formes, directement ou de façon plus ambiguë, la honte nous alerte ainsi sur la dignité humaine que nous avons tous en commun.
La honte est un sentiment révolutionnaire
Livre
Pierre Rosanvallon
Les Épreuves de la vie
Publié le 26 août 2021
Nous ne comprenons plus le monde social. L’incapacité de la sociologie et des médias à caractériser un mouvement aussi hétérogène que les « gilets jaunes » l’a confirmé. Le sociologue et historien Pierre Rosanvallon voit là un tournant historique : le concept de classe a perdu de sa centralité pour penser les phénomènes sociaux. Les critères sociodémographiques usuels sont devenus incertains pour décrire les expériences communes qui structurent la société. L’auteur fait une proposition : plus que les intérêts ou les identités de classe, ce sont aujourd’hui les affects partagés dans ce qu’il nomme des « communautés d’épreuve » qui produisent des « communautés d’expérience » et, in fine, d’action. Il détaille quatre types d’épreuve – ainsi que l’évolution de leur conception dans l’histoire – en autant de chapitres : le mépris, l’injustice, la discrimination et l’incertitude. Les « gilets jaunes » sont hétérogènes socialement, mais ils partagent le ressentiment et la colère typiques de l’épreuve quotidienne du mépris (du voisin, de l’employeur, de l’agent d’État). Les sentiments d’anxiété ou de défiance, eux, renvoient à l’épreuve de l’incertitude exprimée, par exemple, dans les marches pour le climat ou les protestations contre la réforme des retraites. Dans La Société des égaux (Seuil, 2011), Rosanvallon avait repéré que l’indignation est moins affaire de statistiques que de sentiment d’être inconsidéré dans son existence. Ici, l’essai généralise une théorie des épreuves balisant un « paysage émotionnel du pays », une distribution des affects « qui guident les comportements et déterminent les rapports à autrui et aux institutions », comme le faisait hier l’ordre des classes représentées par des partis ou des syndicats en lutte. Les « communautés d’expérience », elles, ouvrent une ère nouvelle des mouvements sociaux sans représentation et sans tête.
Les Épreuves de la vie
Livre
Claude Lefort
Lectures politiques. De Dante à Soljenitsyne
Publié le 26 août 2021
Penseur de la démocratie et du totalitarisme, Claude Lefort, mort en 2010, a élaboré une œuvre hétéroclite parfois difficile à cartographier, entre essais, livres collectifs, revues et notes imposantes. Ces Lectures politiques en facilitent l’accès, puisque l’ouvrage regroupe dix préfaces rédigées par le philosophe, alors qu’il était à la fin de sa vie directeur de collection chez Belin. Le cofondateur du mouvement Socialisme ou Barbarie y commente Dante, La Boétie, Tocqueville et Merleau-Ponty (ses auteurs phares, ne manque que Machiavel), mais aussi Michelet, Guizot, ainsi que des récits du XXe siècle sur l’univers concentrationnaire. Ces analyses nous plongent avec passion dans des textes souvent méconnus : par exemple, « La monarchie de Dante », où Lefort voit la première conceptualisation moderne de la souveraineté et de la sécularité ; ou bien les « Souvenirs de Tocqueville », dont « l’indépendance d’esprit » séduit celui qui dénonça toute sa vie le suivisme des philosophes marxistes. L’éclectisme de ces choix d’auteurs n’en demeure pas moins cohérent, puisqu’il s’articule autour d’une question : « Quel est le fondement du pouvoir d’un seul ? » La réponse de Lefort est simple : il n’y en a pas. À travers une relecture éclatante du Discours de la servitude volontaire de La Boétie, le philosophe étaie sa conception de la démocratie comme « lieu vide du pouvoir » où toute idée d’unité doit être rejetée – « Le nom “d’un” assourdit les sujets et les rend muets ». Contre le fantasme d’une société qui serait une totalité non fragmentée, faisant corps avec un souverain, il fait sienne une « exigence de vérité » qui dénote au fond une inquiétude très contemporaine : voir le « désir de liberté » s’éteindre et avec lui la démocratie sombrer.
Lectures politiques. De Dante à Soljenitsyne
Livre
André Comte-Sponville
Dictionnaire philosophique (3e édition)
Publié le 26 août 2021
De tous les ouvrages qu’il a écrits, c’est celui qui est le plus cher au cœur d’André Comte-Sponville. C’est aussi le plus monumental, avec près de 1 500 pages qui couvrent pas moins de 2 267 entrées. Et il s’agit bien d’un « dictionnaire philosophique » et non d’un dictionnaire de philosophie, puisque l’auteur entend s’impliquer personnellement dans les définitions qu’il propose : « Mon propos, explique-t-il, n’était pas de faire œuvre historienne ou érudite, mais au contraire d’exposer ma pensée. » Parmi les 600 nouvelles entrées de cette édition enrichie, on en retrouve donc certaines qui montrent sa sensibilité pour la philosophie orientale avec les définitions de l’« ainsité » (le silence qu’impose l’expérience du réel) ou du « ren » (la vertu d’humanité selon le confucianisme). D’autres correspondent aux dernières tendances de la philosophie contemporaine, comme celles qui concernent l’« Anthropocène », le « soin » ou la « démocrature ». Des entrées inattendues surgissent également, par exemple lorsque Comte-Sponville dit du « fantôme » qu’il « n'existe que pour ceux qui y croient, qui sont punis, le cas échéant, par la peur qu'ils en ont », ou quand il écrit à propos du « savoir-vivre » : « On peut bien “apprendre à vivre”, comme disent Montaigne et Aragon, mais cet apprentissage, toujours personnel et inachevé, ne se transmue jamais en un savoir, que l'on pourrait transmettre. » Comme ce dictionnaire en quelque sorte, qui cherche moins à transmettre un savoir qu’à multiplier les occasions de penser.
Dictionnaire philosophique (3e édition)
CULTURE
Article 2 min
“Serre-moi fort” : à perte de vie
Cédric Enjalbert 26 août 2021
Dans Serre-moi fort, son nouveau film en tant que réalisateur, Mathieu Amalric plonge avec brio dans les affres de l'abandon.
“Serre-moi fort” : à perte de vie
Article 2 min
“Le Surréalisme dans l’art américain”. Art-west
Cédric Enjalbert 26 août 2021
Refermé sur lui-même, l'art américain ? C’est cette idée reçue que bat en brèche cette exposition visible jusqu'à fin septembre à La Vieille Charité à Marseille. Prenant appui sur le mouvement surréaliste, elle présente les influences croisées que le Vieux et le Nouveau Monde ont exercé l'un sur l'autre.
“Le Surréalisme dans l’art américain”. Art-west
Article 2 min
“Leurs enfants après eux”. À l’Est, rien de nouveau ?
Cédric Enjalbert 26 août 2021
Sur la magnifique scène du Théâtre du Peuple, à Bussang dans les Vosges, le metteur en scène Simon Delétang et les jeunes acteurs de l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre donnent chair au roman du prix Goncourt 2018 – et lui-même vosgien – Nicolas Mathieu.
“Leurs enfants après eux”. À l’Est, rien de nouveau ?
OH ! LA BELLE VIE
Article 3 min
Conseil n° 11. Arrêtez de vous tâter !
François Morel 26 août 2021
Ça va arriver vite maintenant. Il n’y a plus de temps à perdre. On est déjà en septembre. Autant dire que dans un an, l’état de grâce pour le (ou la) nouveau (ou nouvelle) président(e) sera terminé depuis déjà un bon bout de temps. Vous avez remarqué : le temps s’accélère. Le ty..
Conseil n° 11. Arrêtez de vous tâter !
JEUX
Article 1 min
Philocroisés #72
Gaëtan Goron 26 août 2021
Horizontalement I. Titre d’ouvrages de Chrétien et de Benasayag. II. En l’État, elle n’est toujours pas satisfaite. Ville d’une Belle d’opérette. III. À la mode. Démonstratif. IV. Parole sacrée. V. Fait mal. Il dame le pion au roi. VI. P..
Philocroisés #71
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Céline Minard. Sur l’elle du désir
Léa Cuenin 26 août 2021
Après Le Dernier monde (2007) et Le Grand Jeu (2016), la romancière revient en cette rentrée littéraire avec Plasmas (Rivages), un texte inclassable qui nous expose à la fluidité de la langue, des frontières et des genres. Si ce livre est rangé dans la catégorie « science-fiction », Céline Minard, comme à son habitude, y dynamite les codes et invente une matière organique en perpétuelle métamorphose. C’est une histoire qui n’a ni début ni fin, comme suspendue entre deux mondes. Sa force réside dans sa manière de saisir le mouvement et de nous placer en air-time, cette sensation d’allégement et de perte d’équilibre ressentie au point culminant d’un saut, juste avant d’entamer la chute.
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600016069 $Périodique Revues Disponible N°160 - Juin2022 - Penser c'est dire non ? (Bulletin de Philosophie Magazine)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
Titre : N°160 - Juin2022 - Penser c'est dire non ? Type de document : texte imprimé Année de publication : 2022 Importance : 98 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Langues : Français (fre) Catégories : Philosophie Tags : pensée méditation David Hume Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Pour gagner notre liberté, pour nous affranchir des puissances qui veulent nous guider ou nous asservir, nous devons sans aucun doute faire usage de la négation. Non pas d’une négativité systématique, d’une posture d’opposition constante et stérile, mais tout de même : il convient de savoir s’opposer à bon escient à ce qu’on attend de nous, quand le contexte l’exige. C’est à cet usage du « non » que nous avons voulu réfléchir dans ce dossier. (Philomag) Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Le traitement du rebelle
Alexandre Lacroix 02 juin 2022
Tous les étudiants sont loin de se ressembler, mais, d’après mon expérience d’enseignant, il est possible de repérer, dès les premières séances, quelques profils caractéristiques au sein d’une classe. D’abord, il y a ceux que j’appellerai les intelligents adaptés – préciso..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Peut-on dire de notre passé que c’est ‘du passé’ ?”
Charles Pépin 31 mai 2022
Question de Pauline Blanc
“Peut-on dire de notre passé que c’est ‘du passé’ ?”
REPÉRAGES
Article 1 min
Très chère Marilyn
Octave Larmagnac-Matheron 31 mai 2022
C’est désormais le tableau du XXe siècle le plus cher au monde : Shot Sage Blue Marilyn (1964), portrait de Marilyn Monroe réalisé par Andy Warhol, a été vendu 195 millions de dollars lors d’une vente aux enchères chez Christie’s, à New York, le 9 mai dernier. Dérive ..
Marilyn Monroe, l’énigme d’un visage
Article 1 min
“Neutres”
Octave Larmagnac-Matheron 29 avril 2022
« Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques » Les étudiants contestataires d’AgroParisTech, lors de leur discours, le 30 avril 2022. « Ce ne sont pas seulement les savoirs, les techniques, la science qui ne sont pas neutres&..
Article 1 min
“Démodernisation”
Octave Larmagnac-Matheron 31 mai 2022
La Russie serait-elle sur la voie de la « démodernisation » ? C’est l’avis de certains observateurs contemporains. Les politologues Alberto Rabilotta, Yakov Rabkin et Samir Saul emploient ce terme dès 2013 pour analyser la situation du pays dans un article intitulé « La d�..
“Démodernisation”
Article 1 min
“100 012”
Octave Larmagnac-Matheron 29 mai 2022
C’est, selon les statistiques du Secrétariat du gouvernement, le nombre de personnes disparues au Mexique entre le 15 mars 1964 et le 16 mai 2022. Principalement liées à la « guerre sale » des autorités contre les mouvements révolutionnaires jusqu’en 1980, ces « dispar..
Article 2 min
Le travail, c’est l’horaire ?
Octave Larmagnac-Matheron 29 mai 2022
Travailleurs s’accommodant d’horaires atypiques 35 % des hommes 37 % des femmes 60 % des employés non qualifiés 49 % des employées non qualifiées 15 % des hommes cadres 18 % des femmes cadres Les salariés appartiennent pour… 58 % au groupe «&nbs..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Doit-on élire nos représentants en fonction de leurs compétences ?
Marius Chambrun 31 mai 2022
Quelles sont les qualités requises pour être un bon député ? Pour certains, il s’agit du meilleur niveau de compétences. Pour d’autres, un bon représentant doit être représentatif du peuple. À l’occasion des élections législatives, retour sur un débat aussi vieux que la démocratie elle-même.
Doit-on élire nos représentants en fonction de leurs compétences ?
Article 3 min
Faut-il étendre l’Otan au monde entier ?
Jean-Marie Pottier 31 mai 2022
Alors que la Finlande et la Suède demandent à entrer dans l’Otan, le rêve d’une organisation de défense mondialisée réapparaît. Théorisée il y a près de vingt ans, elle s’inscrit dans le projet de paix perpétuelle élaborée par Emmanuel Kant.
Faut-il étendre l’Otan au monde entier ?
Article 3 min
Éducation nationale recherche professeurs désespérément
Frédéric Manzini 31 mai 2022
Le métier d’enseignant connaît une crise des vocations. Cela donne-t-il tort à Charles Péguy, qui le qualifiait de « plus beau métier du monde » ? L’éclairage de Frédéric Manzini, professeur de philosophie au lycée.
Éducation nationale recherche professeurs désespérément
Article 3 min
Laurie Shrage : “Rendre la pratique de l’avortement intelligible aux valeurs des traditions religieuses ou conservatrices”
Joséphine Robert 31 mai 2022
Pour la philosophe américaine Laurie Shrage, la remise en cause du droit à l’interruption volontaire de grossesse par la Cour suprême de son pays est autant une victoire des conservateurs que le signe d’un échec du débat démocratique.
Laurie Shrage : “Rendre la pratique de l’avortement intelligible aux valeurs des traditions religieuses ou conservatrices”
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
Le blé en herbe
Sven Ortoli 01 juin 2022
Les blés sauvages sont des plantes annuelles ou vivaces pionnières de la famille des graminées apparues dans des forêts tropicales il y a 115 à 90 millions d’années. Les 25 000 variétés de blé existant dans le monde descendent toutes de l’amidonnier, domestiq..
Le blé en herbe
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Jeûne. Délices d’initiés
Tobie Nathan 01 juin 2022
On raconte que Pythagore, pour être admis aux mystères égyptiens, avait dû se soumettre à un jeûne de quarante jours, à l’issue duquel il aurait déclaré être devenu un homme nouveau. Le processus est clair : le jeûne induit la métamorphose par une sorte de mécanique propre, depuis l..
Jeûne. Délices d’initiés
REPORTAGE
Article 19 min
Voyage en psychédélie
Jack Fereday 02 juin 2022
Interdites en France, les substances psychédéliques font pourtant l’objet d’un intérêt renouvelé de la part de psychologues et de thérapeutes, qui soulignent leur efficacité dans les traitements contre la dépression et les addictions. Elles peuvent aussi être un remède à notre époque en mal de transcendance, comme l’a constaté notre reporter Jack Fereday, qui, sous la supervision d’un guide, a expérimenté l’un de ces hallucinogènes au Royaume-Uni. Il nous raconte son trip métaphysique.
Voyage en psychédélie
ESSAI
Article 10 min
Couches pour bébé, le soin contrarié
Arthur Lochmann 02 juin 2022
Arthur Lochmann n’est pas seulement philosophe et traducteur, charpentier et varappeur, ce dont il témoignait dans Toucher le vertige. Il est aussi père depuis peu. De cette expérience existentielle, il tire une réflexion sur la principale « externalité négative » du nourrisson : la couche !
Couches pour bébé, le soin contrarié
L’ŒIL DE LA SORCIÈRE
Article 3 min
Le rêve de Descartes
Isabelle Sorente 31 mai 2022
Purement rationaliste, le père du cogito ? C’est oublier que sa vocation de philosophe est née d’un songe. Et si, nous aussi, nous écoutions nos rêves ?
Le rêve de Descartes
DOSSIER
5 articles
Penser, c’est dire non ?
Publié le 02 juin 2022
Pour gagner notre liberté, pour nous affranchir des puissances qui veulent nous guider ou nous asservir, nous devons sans aucun doute faire usage de la négation. Non pas d’une négativité systématique, d’une posture d’opposition constante et stérile, mais tout de même : il convient de savoir s’opposer à bon escient à ce qu’on attend de nous, quand le contexte l’exige. C’est à cet usage du « non » que nous avons voulu réfléchir dans ce dossier. > Et si dire non n’était pas une simple opposition vaine mais au contraire la promesse de forger son identité et de constituer un collectif ? Telle est la thèse que propose, pour commencer, notre rédacteur en chef Martin Legros. > De la distance ironique à la désobéissance civile, en passant par l’obéissance outrée qui ridiculise l’arbitraire des autorités, les philosophes classiques ont inventé de nombreux stratagèmes pour dire non, en se plaçant non pas face à l’adversaire mais à côté ou au-dessus de lui. > Une violoniste qui se rebelle contre un professeur abusif, une irréductible anarchiste, un homme qui s’est éloigné du monde du travail, un enfant de la bourgeoisie devenu artiste, une militante qui pratique l’action de rue : nos cinq témoins, dont les parcours sont éclairés par le philosophe Maxime Rovere, racontent les splendeurs et les galères de la résistance. > Faudrait-il réhabiliter la colère pour en faire une vertu politique ? C’est la proposition de la philosophe Sophie Galabru. > Finalement, faire usage de sa pensée est ambigu. L’esprit critique nous permet d’échapper à la servilité et à l’obéissance mécanique… mais ne nous précipite-t-il pas parfois dans le complotisme ou dans des défiances absurdes ? Ce sont les questions dont ont débattu l’anthropologue Dan Sperber et le sociologue Gérald Bronner.
D'après une image © Thomas Shanahan/iStockphoto
Article 11 min
Le non, un oui en puissance ?
Martin Legros 02 juin 2022
De #metoo aux démissionnaires des grandes écoles et des entreprises, les appels à faire sécession s’amplifient dans notre société engluée dans ses contradictions. Que faire pour que ces réactions ne soient pas de vaines gesticulations ? Revenir à la puissance d’affirmation éthique, politique et philosophique derrière tout sujet qui se lève et dit non.
Le non, un oui en puissance ?
Article 6 min
Cinq stratégies pour ne pas courber l’échine
Alexandre Lacroix 02 juin 2022
Les philosophes ont su imaginer des voies pour s’opposer à l’autorité de façon habile, c’est-à-dire sans entrer en collision frontale avec elle mais en lui échappant, voire en se plaçant au-dessus d’elle.
Comment résister à l’autorité en 5 leçons (philosophiques)
Article 16 min
Réfractaires à l’autorité
Victorine de Oliveira 02 juin 2022
Nos cinq témoins ont tous refusé de se soumettre – à la hiérarchie, à un destin tout tracé, à la violence de la société. Une façon d’affirmer avec force leur puissance d’agir ? Le spécialiste de Spinoza Maxime Rovere commente leurs parcours de vie.
Réfractaires à l’autorité
Article 6 min
Sophie Galabru : “La colère réveille la raison à ses intérêts”
Cédric Enjalbert 02 juin 2022
La démocratie n’est pas le refus du conflit. Bien au contraire ! Telle est la thèse défendue par la philosophe Sophie Galabru, qui réhabilite dans son livre Le Visage de nos colères un affect largement dévalorisé par la tradition philosophique et redouté par les pouvoirs en place.
Sophie Galabru : “La colère réveille la raison à ses intérêts”
Dialogue 14 min
Dan Sperber-Gérald Bronner : L’esprit critique rend-il complotiste ?
Alexandre Lacroix 02 juin 2022
La raison nous permet-elle de critiquer les autorités politiques, médiatiques ou scientifiques, et de forger notre propre avis en toute indépendance ? Ou bien est-elle un outil que nous employons pour convaincre les autres d’adhérer à nos opinions les plus folles et justifier jusqu’à l’injustifiable ? Ce sont ces questions qui ont été au cœur du dialogue entre le sociologue Gérald Bronner et le chercheur en sciences cognitives Dan Sperber.
Dan Sperber-Gérald Bronner : L’esprit critique rend-il complotiste ?
ENTRETIEN
Entretien 17 min
Alain Corbin : “J’ai la hantise de la disparition des gens ordinaires”
Cédric Enjalbert 02 juin 2022
Mondialement reconnu pour son exploration de l’histoire des sensibilités, Alain Corbin a inventé une méthode et mis au jour des sujets longtemps passés inaperçus. À l’occasion de la parution de son nouveau livre, une Histoire du repos (Plon), il a accepté de répondre à nos questions et de retracer le fil de son œuvre.
Alain Corbin : “J’ai la hantise de la disparition des gens ordinaires”
L’AVENTURE D’UN CLASSIQUE
4 articles
“Traité de la nature humaine”, la grande expérience de David Hume
Publié le 02 juin 2022
Après des siècles de méfiance à l’égard des sens, David Hume (1711-1776), avec son Traité de la nature humaine, inverse la vapeur. Toute connaissance est d’abord empirique, c’est-à-dire issue de l’expérience. Ce qui n’empêche pas une forme de scepticisme : quand, en France, la raison triomphe, les Lumières écossaises auxquelles on rattache Hume sont nimbées des brumes de l’incertitude.
“Traité de la nature humaine” : expérimentalement vôtre
Article 10 min
“Traité de la nature humaine” : expérimentalement vôtre
Victorine de Oliveira 02 juin 2022
David Hume soumet les pouvoirs de la raison à une critique radicale. Il ne s’agit plus de fonder la connaissance sur les idées mais de l’ancrer dans l’expérience. En redonnant la primauté au vécu, il écorne la métaphysique et montre que nos certitudes ne sont que des croyances.
“Traité de la nature humaine” : expérimentalement vôtre
Article 3 min
David Hume, le doute en héritage
Victorine de Oliveira 02 juin 2022
Malgré l’insuccès de son Traité sur la nature humaine, Hume ne s’en tient pas là et décline les conséquences de sa remise en question de la métaphysique dans différents domaines. Résultat : les normes du goût, de la croyance et de la morale en sont bouleversées.
Article 3 min
L’hommage de Kant à Hume
Victorine de Oliveira 02 juin 2022
Tout au long de la Critique de la raison pure et de son résumé, les Prolégomènes à toute métaphysique future, Kant ne cesse de rendre hommage à son homologue écossais. Parce que Hume a su questionner le premier les limites de la métaphysique, Kant lui reconnaît le statut de pionnier de la théorie de la connaissance. Après avoir été réveillé de son « sommeil dogmatique », il lui emboîte donc le pas.
Article 6 min
Yves Michaud : “L’empirisme de Hume est plus que jamais pertinent quand on considère le cours des affaires humaines”
Yves Michaud 02 juin 2022
Simpliste, borné et superficiel, l'empirisme de Hume ? Pas pour Yves Michaud, pour qui un empiriste est tout autant ancré dans ce qui arrive (les faits) que capable d’imaginer à l’infini. Et si le « scepticisme modéré » du penseur écossais était nécessaire pour sortir de l'illusion de la raison toute-puissante ?
Yves Michaud : “L’empirisme de Hume est plus que jamais pertinent quand on considère le cours des affaires humaines”
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi faisons-nous le ménage ?
Joséphine Robert 01 juin 2022
Nettoyer, balayer, astiquer… Qu’est-ce qui nous pousse à rendre notre intérieur toujours pimpant ? Quatre philosophes bien propres sur eux dépoussièrent la question.
Pourquoi faisons-nous le ménage ?
Article 1 min
Volja
Octave Larmagnac-Matheron 28 mai 2022
Langue d’origine : ukrainien
Article 2 min
“Famille”
Marius Chambrun 28 mai 2022
Cinq philosophes se retrouvent autour de la table.
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Peut-on être insensible à la beauté ?
Aïda N’Diaye 24 mai 2022
Analyse des termes du sujet « Peut-on ? » Est-ce possible ou est-ce légitime ? « être insensible » Ne pas s’intéresser à ou ne pas être touché par. « beauté » La beauté formelle, la valeur ou la grandeur ; la beauté en général ou en particulier.
LIVRES
Article 2 min
J’y pense et puis je lis / Juin 2022
Jean-Marie Durand 26 mai 2022
Sous l’effet de l’Anthropocène, nouvelle phase d’accélération de l’histoire, la philosophie contemporaine ne cesse d’explorer la relation de l’homme aux autres êtres, pour se demander avec Pierre Montebello, Philippe Descola ou Bruno Latour comment « réanimer ce qui a été d�..
Livre
David Berliner
Devenir autre
Publié le 25 mai 2022
Se figurer en chèvre, se prendre pour Napoléon ou pour Wonder Woman, se dissimuler derrière un masque, vecteur de puissance… L’imaginaire contemporain abrite de multiples jeux de rôles visant à se dérober aux assignations identitaires. Devenir autre : l’idée d’échapper à soi (son visage, sa chair, son langage) nous traverse depuis probablement l’enfance. Ne serait-ce que pour déjouer ce que l’écrivain Julien Green appelle « l’ingénieux supplice de l’identité ». Dans la préface de son roman Si j’étais vous (1947), il écrivait : « Une partie de notre tristesse vient de ce que nous sommes perpétuellement les mêmes, de ce que chaque matin nous nous réveillons avec le même problème à résoudre, qui est de savoir comment nous supporter nous-mêmes jusqu’au soir, et jusqu’à la mort. » Si cette fatigue d’être soi et la manière dont les humains composent avec la plasticité ont largement été analysées dans l’histoire de la pensée, l’originalité du texte de l’anthropologue belge David Berliner consiste à ancrer cette « exo-expérience » au cœur de notre temps présent. Où des discours et aspirations contraires s’affirment à l’envi : ceux qui promeuvent l’existence d’identités homogènes et stables font face à ceux qui défendent la fluidité, la plasticité et la multiplicité des visages de soi. Sans nier le poids de ceux qui revendiquent un moi unique et solide, Berliner fait l’hypothèse que le soi est toujours « plus fragmenté et malléable qu’on ne peut le penser », qu’il est « altérable par l’expérience » et que, de fait, l’esprit du temps, fatigué, triste et monotone, pousse plus que jamais à cette élasticité. Déployant une « anthropologie de l’expérience » fondée sur l’observation d’individus plongés dans leurs rites immersifs, l’auteur documente le besoin de nombre de nos contemporains d’investir une réalité différente de la leur, en basculant dans un cadre propice à un dédoublement, à une démultiplication. Du phénomène du « cosplay » aux « devenirs animal » (se raccorder avec un moi animal ou mythologique), de l’imitation d’un modèle, dans la peau duquel on se glisse, aux pratiques d’« escapism » (ces immersions fictionnelles destinées à fuir les circonstances de notre existence), il consigne l’essor de ces expériences par lesquelles « un individu s’identifie à une entité, qu’elle soit humaine ou pas ». Des pratiques qui donnent raison à William James lorsqu’il évoquait le « morcellement de la personnalité en différents moi qui peuvent se démentir les uns les autres ». Souvent, en devenant autres, ces bricoleurs de l’identité se retrouvent eux-mêmes, car une réparation – une « guérison par la métamorphose », pour citer l’historien des idées Jean Starobinski – se joue dans l’épreuve de la plasticité. Devenir autre, selon David Berliner, « c’est se soustraire aux règles d’un monde pour basculer dans un autre : un univers de potentialités créatrices, de connexions, de causalités, de sensations et d’émotions différentes ». Par cet écart avec les usages de soi, quitte à assumer des désirs inavouables, cette grande famille de joueurs malicieux défend une « politique de la multiplicité et de la plasticité », qui, derrière son apparente légèreté, trouble le modèle rassurant d’une rhétorique authenticiste et nous rappelle, par ses facéties mêmes, que le souci de soi n’est jamais que le souci de l’autre en soi.
Devenir autre
Livre
Pierre Vesperini
Que faire du passé ? Réflexions sur la cancel culture
Publié le 25 mai 2022
Que penser des étudiantes américaines qui ne veulent plus étudier les Métamorphoses d’Ovide, parce que ce beau poème décrit d’horribles viols ? Que faire de ces « avertissements » (en anglais, trigger warnings) où les spectateurs de Roméo et Juliette sont prévenus que la pièce de Shakespeare contient des passages « choquants », contre lesquels une association vouée à la prévention du suicide se propose de fournir son aide ? Telles sont quelques-unes des questions soulevées par la « cancel culture ». Née aux États-Unis, cette tendance sans unité témoigne d’une sensibilité nouvelle. Malgré ses difficultés à établir un dialogue avec ses adversaires, elle fournit une occasion en or d’interroger les fondements de la culture dite « occidentale », les raisons de notre attachement aux classiques et nos manières de l’enseigner. Entre les groupes féministes ou décoloniaux qui veulent culpabiliser et rejeter les grands auteurs comme les chantres de sociétés inégalitaires, et les gens de lettres qui veulent transmettre le passé comme s’il était neutre, non sans faire preuve d’un certain angélisme, une troisième voie est-elle possible ? Pour la découvrir, Pierre Vesperini raisonne par étapes : il s’agit d’abord de reconnaître que toute culture est d’emblée une « cancel culture », puisqu’elle tend à effacer les autres par le mépris de leurs créations, de leur langue, de leur expérience. Ensuite, il convient d’admettre que les formes prises par la culture européenne, au moment où elle est devenue chrétienne, puis capitaliste, s’articulaient réellement à des formes d’oppression inacceptables – où les grands auteurs étaient souvent eux-mêmes des marginaux. Enfin, pourquoi ne pas reconnaître que ce sont les souffrances suscitées par les violences commises au long des siècles qui trouvent leur voix aujourd’hui de manière parfois maladroite ? Sur ces fondements, une approche nuancée se fait jour : au lieu de défendre à tout prix une culture vécue comme sacrée, intouchable, immuable, en sacerdote défendant son idole, il vaut la peine d’imiter Walter Benjamin, premier théoricien d’une tout autre attitude : celle du « spectateur distant », pour qui la culture prend avant tout la forme d’une question.
Que faire du passé ? Réflexions sur la cancel culture
Livre
Jean-Pierre Suaudeau
Poétique d’une idole. Rêver Johnny
Publié le 25 mai 2022
C’est un fantasme paranoïaque très répandu chez les écrivains que de s’imaginer, lorsqu’ils voient le bout d’un manuscrit, que d’autres œuvrent dans l’ombre sur le même sujet, et que ces derniers sont sur le point de leur couper l’herbe sous le pied alors qu’ils avaient d’abord cru leur livre surgi de l’inimitable singularité de leur esprit. Dans 900 % des cas, ce soupçon est infondé. Dans une proportion qui échappe à la statistique, ça arrive. Je peux vous dire que Jean-Pierre Suaudeau et moi échappons à la statistique. Au même moment et sans nous connaître, nous avons écrit deux livres sur le même improbable sujet. Figurez-vous une célébrité sur le retour, qui à soi seule incarnerait une certaine idée de la France. Une idée un peu dépassée – ça se passe pendant le mouvement des « gilets jaunes » –, qui sonne le glas de la start-up nation, cette vieille lubie ringarde. Johnny Hallyday meets les ronds-points est le sujet extrêmement résumé de Poétique d’une idole. Rêver Johnny. Je vous vois déjà, lecteurs, lever les yeux au ciel. Johnny Hallyday n’est pas votre affaire. Qu’allez-vous perdre votre temps chez les yé-yé quand vous voulez Spinoza, Deleuze, Levinas ? Bon sang, j’ai marqué un point. Vous aussi, vous avez vos idoles. Des créatures mi-réelles, mi-fantastiques, que vous convoquez à loisir pour vous soutenir dans le labeur, alléger votre désarroi. Pour certains, c’est Spinoza. Pour d’autres, c’est Hallyday. Je ne mets pas ces figures sur le même plan. Je dis qu’elles remplissent une fonction similaire, agrandir l’existence. Et je ne fourre pas non plus tout le public dans le même sac. On peut se réclamer tour à tour de, mettons, Hannah Arendt et Tina Turner. Poétique d’une idole parle de ce rapport tenace entre le modèle et ses émules – tenace en dépit de la fragilité de l’idole, qui vit à travers ses idées ou son art, mais aussi à travers la reconnaissance du public, qui est un carburant et une drogue ; tenace en dépit de la volatilité du public, qui s’empresse de jeter aux orties la vedette d’une saison si elle n’incarne pas davantage qu’elle-même, ne cristallise pas une certaine pensée de l’époque, du continent, du pays. Parfois je tombe sur un livre qui me rend jalouse parce que j’aurais voulu l’écrire. En l’occurrence, j’aurais bien aimé écrire celui de Jean-Pierre Suaudeau. Mais je l’aurais intitulé Poétique d’Arielle Dombasle.
Poétique d’une idole. Rêver Johnny
Livre
Jean-Claude Monod
La Raison et la Colère. Un hommage philosophico-politique à Jacques Bouveresse
Publié le 25 mai 2022
Il y a un peu plus d’un an nous quittait Jacques Bouveresse (photo). Historien critique de la philosophie, dénonciateur sans relâche des impostures, défenseur tous azimuts de la vérité, grand amateur de littérature et de musique, auteur d’une œuvre protéiforme, il avait intitulé sa chaire au Collège de France « Philosophie du langage et de la connaissance ». Mais il était surtout un esprit libre dont Jean-Claude Monod, qui fut à la fois un proche et un interlocuteur, nous brosse le portrait dans un petit livre en forme d’hommage. Il le décrit d’abord comme un intransigeant défenseur de la rationalité contre toutes les idéologies et les diverses tentatives de récupération politique dont elle fait l’objet. Il raconte aussi ses emportements contre un certain journalisme culturel dont il ne partageait pas le goût de la vulgarisation. S’il n’a jamais occupé le devant de la scène médiatique, c’est qu’il ne cherchait pas la reconnaissance du grand public et rechignait à vulgariser. N’était-il pas un fervent admirateur de Karl Kraus, grand pourfendeur de la compromission des élites intellectuelles et de la presse ? Bouveresse, explique Monod, a mal vécu dans sa jeunesse l’influence délétère qu’un Sartre avait pu exercer sur la scène philosophique française et il dénonçait à la fois « la primauté absolue de la philosophie pratique sur la philosophie théorique et la politisation intégrale de la philosophie ». Mais lire Bouveresse peut s’avérer austère. Ses ouvrages sont exigeants et les connaissances qu’ils mobilisent souvent pointues : « Assurément, explique Jean-Claude Monod, Bouveresse revendiquait un style universitaire, contre la dévalorisation de l’université devenue si fréquente dans le champ médiatique et sans doute dans le champ social tout entier. » Son œuvre n’en a pas moins marqué l’institution, ne serait-ce que par la rigueur avec laquelle elle a intégré les apports de la philosophie analytique ou ceux de la logique, de l’épistémologie et de la philosophie des sciences. Elle a également joué un rôle considérable pour introduire au sein de l’université française l’étude de certains auteurs d’Europe centrale et, notamment, des Autrichiens comme Bernard Bolzano (1781-1848), Ludwig Boltzmann (1844-1906) ou Ludwig Wittgenstein (1889-1951), auquel d’ailleurs est consacré Les Vagues du langage, l’ouvrage posthume qui paraît simultanément au Seuil (672 p., 31 €) et qui s’interroge sur la signification (et plus précisément sur « la possibilité de comprendre et d’utiliser un mot dans quelque sens que ce soit », dès lors qu’aucun mot n’a de sens a priori mais que c’est l’usage qui lui en donne un). C’est aussi cela l’importance de l’héritage qu’il nous laisse et que Jean-Claude Monod appelle l’« effet Bouveresse ».
La Raison et la Colère. Un hommage philosophico-politique à Jacques Bouveresse
Livre
Hans Blumenberg
La Vérité nue
Publié le 02 juin 2022
La vérité nue » : c’est en historien des idées et des représentations que le philosophe allemand Hans Blumenberg (1920-1996), méconnu en France, s’intéresse à cette expression, si courante qu’on ne la remarque même plus, dans un ouvrage publié à titre posthume. Et de remarquer d’emblée que, dans les arts comme chez les penseurs, la formule convoque l’imagerie du corps féminin nu, symbole de pureté, d’innocence mais également d’attraction. La recherche de vérité, déjà chez Platon, se mêle dès lors inévitablement à l’éros. Mais elle est en même temps, et c’est tout l’enjeu, associée au voyeurisme d’un regard masculin qui, avec une certaine violence, transgresse la pudeur du vrai, dont il s’efforce de dévoiler les secrets. Comme Actéon puni de mort par la déesse grecque Artémis qu’il avait surprise au bain, la quête d’une vérité sans filtre serait-elle maudite ? En tout cas, il y a plus que de l’indécence dans la vérité nue : s’y tapit une horreur. La vérité nue, comme le soulignera Nietzsche (sur lequel s’attarde Blumenberg), possède « une dimension effrayante et insupportable ». L’homme doit se méfier du réel, sous peine de sombrer sous le poids de son atrocité. Pourrait-il même s’y confronter directement, sans médiation ? Si la vérité nue est corps féminin, la surface de sa peau n’est-elle pas une énième parure derrière laquelle se dissimule un savoir plus profond ? La vérité nue est comme un « oignon » dont le penseur pèlerait les couches à l’infini. L’objet du philosophe est moins d’avancer une thèse que de montrer la richesse et la complexité d’une métaphore, qui, depuis des siècles, informe la manière dont la connaissance se pense elle-même.
La Vérité nue
Livre
Günther Anders
Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?
Publié le 25 mai 2022
Alors que l’actualité de la guerre en Ukraine ravive le spectre de l’apocalypse nucléaire, négligée depuis la guerre froide, la pensée de Günther Anders, qui fut dès 1945 un infatigable Cassandre de l’ère atomique, se présente à nous comme une ressource en vue d’approcher le caractère monstrueux de cette menace et le renouvellement éthique qu’elle impose. Ex-époux de Hannah Arendt, dont il partageait la judéité et avec laquelle il émigra d’Allemagne en 1933, Anders s’explique sur sa trajectoire dans ces entretiens (réédités après une première publication en 2001). Il se dépeint comme écrivain engagé dans un siècle tragique plutôt que comme philosophe universitaire, contrairement à ce que pouvait laisser présager son compagnonnage de jeunesse avec Husserl. Avec une espièglerie assez inattendue, le penseur écorche au passage la vanité de Heidegger et de ses disciples, et se livre à quelques réflexions sur la fonction des intellectuels par gros temps. Anders revient aussi sur son idée maîtresse de l’« irreprésentabilité » des catastrophes dont la technique moderne nous a rendus capables. Selon lui, notre faiblesse éthique spécifique ne tient pas à ce que nous serions devenus plus mauvais que nos ancêtres mais à notre incapacité à « imaginer » le mal que produisent nos inventions. Cet éclairage permet de comprendre la forme très littéraire de l’écriture d’Anders, tout entière tendue vers la nécessité de « se rendre compte ». L’occasion d’opérer des rapprochements avec les réflexions de Hannah Arendt sur la banalité du mal, pour qui c’est aussi l’absence de pensée, plutôt que l’intention maligne, qui ouvre la voie à l’anéantissement de l’homme par l’homme.
Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?
Livre
Christophe Bouton
L’Accélération de l’histoire
Publié le 25 mai 2022
Comme la souris Speedy Gonzales du dessin animé, nous crions souvent intérieurement « ¡ Ay, caramba ! » pour nous ajuster au tempo des pratiques sociales. Sans avoir forcément lu Hartmut Rosa, Reinhart Koselleck ou François Hartog, auteurs de référence sur la question, beaucoup pressentent que l’accélération de l’histoire qualifie le temps présent. Elle renvoie à la surabondance d’événements qui défilent à un rythme toujours plus élevé, dans un pur présent qui occulte passé et futur. Pourtant, comme l’analyse Christophe Bouton dans une enquête visant à déconstruire autant qu’à clarifier la thèse de l’accélération de l’histoire, ce thème a émergé dès le début de la Modernité. En France, l’Essai sur l’accélération de l’histoire de Daniel Halévy (1948) attire l’attention sur ce concept, dont le sociologue Hartmut Rosa a élargi le sens. Ce dernier a en effet théorisé une accélération universelle du changement social, qui vaut pour la politique, la science, l’éthique ou la vie privée. Un peu fourre-tout, la catégorie d’accélération a ainsi connu depuis les années 1970 « une forte montée en généralité » : « elle n’est plus l’accélération de quelque chose, mais accélération tout court ». Elle devient, à l’image d’un train fou sans conducteur, un mouvement autoalimenté : « l’accélération s’accélère toute seule ». Pourtant, cette catégorie historique dominante qu’est le présentisme n’a pas effacé des imaginaires sociaux d’autres régimes d’historicité, tels que l’utopie (transformer le monde) et, surtout, « l’eutopie » (préserver la planète) à l’heure de l’Anthropocène. Caractérisée par la conscience de l’urgence climatique, cette nouvelle « grande accélération » appelle une autre accélération, politique, qui devra être à sa hauteur, sans quoi l’histoire s’arrêtera pour de bon. Derrière la monochronie de l’accélération, Bouton défend ainsi l’idée d’une « polychronie » propre à la modernité. Elle est une contribution essentielle à la compréhension de nos sociétés, où les manières d’éprouver le temps historique s’affrontent à la mesure des désaccords sur l’art de s’inscrire dans le monde en devenir.
L’Accélération de l’histoire
Livre
Hélène Lœvenbruck
Le Mystère des voix intérieures
Publié le 25 mai 2022
Elle est au plus profond de chacun d’entre nous, elle double la moindre de nos sensations comme chacune de nos conversations : c’est notre voix intérieure. Mais est-ce une voix, si elle est silencieuse ? Se distingue-t-elle de moi, si elle me permet d’entrer en contact avec moi-même ? Et quel rapport entretient-elle avec le langage articulé ? Voilà les questions que soulève Hélène Lœvenbruck, s’inspirant autant des neurosciences que de philosophie et de littérature. L’endophasie – du nom que donna à notre monologue intérieur le médecin Georges Saint-Paul en 1892 – est l’effet d’une forme d’inhibition : alors que l’enfant dit tout haut ce qui lui passe par la tête, l’adulte a appris à intérioriser et à contrôler son flux de conscience. Devenu mental, son monologue s’est condensé. Pas besoin de faire des phrases, un seul mot suffit : « La petite voix dans la tête, c’est une prédiction sensorielle, une parole interrompue juste avant d’être effectivement proférée. » L’endophasie est aussi une porte d’entrée sur les troubles de la parole, telles les hallucinations auditives des schizophrènes qui croient entendre un autre derrière leur parole intérieure. « En écoutant la voix intérieure qui me crie de noter tout ce que je rencontre au cours de mes flâneries, je me crois appelé à trouver durant une nuit d’hiver le sens de toute chose, le lien qui les unit, et à faire le total qui les additionne toutes », écrit Virginia Woolf dans Les Vagues. C’est un continent philosophique qu’Hélène Lœvenbruck a ouvert, dans les pas de Woolf, à l’écoute de toutes les formes que peut prendre notre voix intérieure.
Le Mystère des voix intérieures
Livre
Daisy Letourneur
On ne naît pas mec
Publié le 25 mai 2022
Qu’est-ce qui cloche avec les mecs ? Oui, les mecs. Puisque, entre eux, c’est ainsi qu’ils aiment à s’interpeller – « Salut mec ! Ça va mec ! » –, autant adopter leur mode de communication. Daisy Letourneur est plutôt bien placée pour s’emparer du sujet : l’autrice du blog « La Mecxpliqueuse » était un homme avant sa transition. Ce mot-valise, elle l’a forgé en référence à l’Américaine Rebecca Solnit, inventrice du concept de mansplaining, soit le fait pour un homme d’expliquer à une femme ce qu’elle sait déjà malgré ses tentatives plus ou moins désespérées ou blasées de faire comprendre que, oui, elle sait. Les observations de Letourneur sur la masculinité ne sont pas neuves : comme la féminité, elle est une construction qui repose sur des bases biologiques bien minces (non, la testostérone ne fait pas tout et n’est pas un alibi d’agressivité ou de désir sexuel compulsif), elle génère des comportements à risque non seulement pour les femmes mais aussi pour les hommes, et elle prend la forme d’une dynamique, d’un certificat à toujours renouveler. Mais ces conclusions ont le mérite d’être clairement exposées et sourcées, le tout sur un ton mordant. Letourneur fait un pas supplémentaire en affirmant que l’injonction à la virilité n’est en aucun cas un « coût » pour les hommes : cela laisserait penser qu’ils « n’ont aucun choix, aucune agentivité et qu’ils dominent presque malgré eux. […] Le fait de se couper de ses émotions, de ne plus avoir que la colère, de se prétendre indépendant, ce ne sont pas des effets secondaires malencontreux mais des outils du patriarcat ». Daisy Letourneur est la preuve en acte de cette agentivité. Et son « retour d’expérience », pour le dire en langage viril corporate, ouvre des possibles.
On ne naît pas mec
Livre
Isabelle Stengers
Cosmopolitiques
Publié le 25 mai 2022
En 1908, les physiciens et collègues Ernst Mach et Max Planck s’opposent. Pour le premier, le monde n’existe pas par lui-même. Les lois physiques ne sont que des pratiques humaines : l’espace, le temps et les atomes ne sont pas des réalités en soi. Pour le second, les grands esprits, comme Kepler ou Newton, visent bien une conception unifiée du monde, vraie pour n’importe quel habitant du cosmos. Le cri de Mach est une injure. Il est excommunié, combattu, discrédité. Au-delà de la querelle épistémologique, Isabelle Stengers part de cet exemple pour démontrer que le scientifique est un « praticien » qui se justifie souvent en disqualifiant l’autre : celui qui n’est pas moderne, pas sérieux, plus idéologue que chercheur. Dans cet essai, qui concentre des textes publiés depuis 1997, la philosophe des sciences retrace les grands moments d’une histoire des pratiques scientifiques parcourues de rapports de « prédation », où chacune cherche à capter la description d’un phénomène selon ses propres termes et intérêts, tout en discréditant son voisin. Ainsi, le théoricien matérialiste méprise le psychanalyste lacanien pour qui la conscience n’est pas réductible à des états du système nerveux central. Psychanalyste qui, à son tour, dénigre la psychiatrie pharmacologique et ses médicaments « enfin scientifiques ». Contre ces relations structurées par la polémique et la hiérarchie, Stengers propose de redéfinir notre rapport aux sciences en montrant qu’elles sont toutes des pratiques irréductibles les unes aux autres reposant sur des « faitiches » spécifiques : des objets (électron, ADN, conscience, etc.) dont la réalité n’est jamais interrogée mais qui déterminent des manières de penser et d’agir comme le feraient des langages différents. Comprendre cela, c’est pour l’autrice ouvrir la possibilité d’une « écologie des pratiques » où les savoirs peuvent s’articuler au lieu de se capturer.
Cosmopolitiques
Livre
Baptiste Morizot et Andrea Olga Mantovani (photographies)
S’enforester
Publié le 25 mai 2022
Géographe de formation et photographe de profession, Andrea Olga Mantovani est partie avec le philosophe Baptiste Morizot à la découverte de Białowieża, dernière forêt primaire d’Europe et ultime témoin du paysage qui était celui des humains au début du Néolithique. De leur enquête à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie est né S’enforester, un très beau livre, écrit à quatre yeux autant qu’à quatre mains, sur l’« un de ces lieux du monde qu’il est difficile de décrire, et même de nommer, tant s’y nouent des paradoxes et des temporalités multiples, écologiques et géopolitiques, historiques et préhistoriques, sociologiques et géologiques ». De quoi cette « forêt des origines » témoigne-t-elle ? En parler, c’est actionner le pur fantasme d’un paradis perdu sur les marches de l’Est, de l’absolue étrangère d’un temps d’avant l’Anthropocène. Mais la visiter en compagnie de Mantovani et de Morizot, c’est découvrir bien plus que le rêve enfantin d’explorer une forêt d’avant les hommes – d’ailleurs, des hommes y ont toujours vécu, ni plus ni moins que les bisons ou les loups, hier archers mésolithiques semi-nomades, aujourd’hui forestiers. La visiter, c’est accepter de reconnaître le pouvoir mythologique d’une forêt qui a été notre « maison d’enfance ». Une maison encore largement ignorée : chacun connaît le poumon vert de l’Amazonie, mais qui connaît, à 1 800 kilomètres de Paris, l’unique forêt primaire européenne ? Et pourtant, cette forêt est en nous. En posant leur livre, on a la nostalgie de l’endroit et l’on se dit : l’an prochain à Białowieża !
Livre
Pascal Chabot
Six Jours dans la vie d’Aldous Huxley
Publié le 25 mai 2022
Hiver 1911. Aldous Huxley, l’auteur du Meilleur des mondes, n’a que 16 ans lorsqu’un agent pathogène s’attaque à ses yeux, le rendant aveugle pendant près d’un an et demi. Un accident dont il gardera des séquelles – il sera plus tard déclaré inapte par l’armée, alors qu’il souhaite s’engager dans la guerre qui déchire l’Europe. Mais cette plongée contrainte dans le noir ne rend que plus saisissante l’acuité du regard qu’il porte sur la condition humaine. Avec Six Jours dans la vie d’Aldous Huxley, Pascal Chabot analyse la singularité de cette vision en présentant le tableau d’une existence guidée par une quête et des questionnements dont les écrits foisonnants se font l’écho. Car l’œuvre d’Huxley déborde largement le cadre de la dystopie, annonciatrice d’un modèle de société, où la technique rend superflue toute inquiétude sur la liberté et la morale. Chabot décrit six de ses journées emblématiques, dont, outre la perte de la vue, sa rencontre avec l’écrivain D. H. Lawrence, ses expériences psychédéliques, ses recherches sur la philosophie éternelle dans le désert de Californie ou sa mort survenue le jour de l’assassinat de Kennedy. Ce court essai offre la démonstration de l’empathie que l’on peut nouer à l’égard d’un auteur et met en lumière ces amitiés intellectuelles qui se tissent à travers les pages. Amitiés discrètes qui pourtant irriguent nos itinéraires et en constituent les ombres.
Six Jours dans la vie d’Aldous Huxley
Livre
Aïda N’Diaye (texte), Léa Murawiec (illustration)
Qu’est-ce qui fait mon genre ?
Publié le 25 mai 2022
Comment faire aimer la philosophie à ceux qui s’en méfient, la jugeant trop hermétique, ou à ceux qui s’en approchent timidement mais s’en éloignent faute de se retrouver dans ses méandres opaques ? À cette question ancienne, prise en charge par des générations successives de pédagogues, la philosophe Claire Marin, elle-même soucieuse d’une adresse généreuse et ouverte à ses lecteurs, comme en témoigne son dernier essai Être à sa place (L’Observatoire), apporte une jolie réponse avec la nouvelle collection qu’elle dirige chez Gallimard, « Philophile ! » En invitant des auteurs et des dessinateurs confirmés à aborder simplement des grandes questions morales ou politiques, ayant trait au corps, à l’identité ou à la relation à l’autre, la collection réussit ce tour de force de porter des réflexions savantes et articulées à hauteur de jeunes lecteurs pas forcément au fait de l’histoire de la philosophie. Le texte d’Aïda N’Diaye sur la question du genre et la nécessité de le déconstruire pour se libérer des normes qui s’y rattachent et celui de Camille Riquier consacré à la querelle ancienne entre la foi et la raison (comment distinguer ce que je sais de ce que je crois ?) prouvent l’un et l’autre la possibilité pour des philosophes de ne pas sacrifier l’exigence d’un questionnement sous prétexte des lacunes du grand public. Par une écriture dépouillée, condensée, éclairant des concepts de manière vivante, les auteurs accueillent généreusement des lecteurs curieux, dont la philosophie académique a parfois oublié qu’ils méritent une plus juste considération, afin de les embarquer dans sa propre histoire. Deux prochains titres sont attendus pour la fin de l’été : Ai-je vraiment du mérite ? et Mais qu’est-ce que tu imagines ?
Qu’est-ce qui fait mon genre ?
Livre
Jean-Christophe Bailly
Une éclosion continue. Temps et photographie
Publié le 25 mai 2022
« Par temps lumineux, c’est comme si la nature détenait un pouvoir de création infini, dont on ne peut employer qu’une partie infinitésimale. » Tels sont les mots que le pionnier britannique de la photo-graphie William Henry Fox Talbot adresse en 1840 à l’astronome William Herschel. Au XIXe siècle, la nouveauté miraculeuse de cette capture de la lumière inspire les scientifiques autant que les écrivains. Ce regard émerveillé, méditatif, Jean-Christophe Bailly entend le faire revivre : « Mystérieuse déposition (selon la filière chimique du photographique) ou singulier envoi (selon la filière optique), l’écriture de la lumière, la photographie, a surgi comme une feuille venant se poser au sein de la “contemplation silencieuse” de la nature pour la révéler. » Ainsi, pour une infime partie d’elle-même, la nature se contemple à travers la photographie. Cette pensée renoue avec les intuitions du philosophe allemand F. W. J. Schelling, lorsqu’il définit la nature comme une « immanence-imminence », une puissance qui ne cesse jamais d’advenir à elle-même. Cette part contemplative résume-t-elle toute la photographie ? Celle-ci n’est-elle pas vouée désormais à l’intervention immédiate et à l’« universel reportage » dont parlait Stéphane Mallarmé ? Pris entre deux pôles – celui de l’intense recueillement et celui de l’extrême banalisation –, l’acte de photographier n’a sans doute jamais été aussi incertain et complexe. Or c’est précisément parce qu’elle est menacée d’effacement dans sa prolifération pixelisée que la photographie doit revenir au centre d’un questionnement. Les œuvres de Bernard Plossu, Sarah Moon, Benoît Fougeirol, Marc Trivier, Anne-Marie Filaire, Marco Barbon, Samuel Hoppe et Valérie Jouve nourrissent ici une méditation sur le temps, la mémoire, la trace et l’ombre, qui se donnent et se dérobent à travers les images.
Une éclosion continue. Temps et photographie
CULTURE
Article 2 min
“Rome. La Cité et l’Empire” : beau comme de l’antique !
Cédric Enjalbert 02 juin 2022
Prêts pour un voyage dans la Rome antique ? Alors, direction les Hauts-de-France : le Louvre-Lens fête ses dix ans avec une exposition qui montre comment l'art peut se mettre au service d'une idée politique, de la République à l'Empire. Elle témoigne aussi combien la cité romaine a englobé le monde mais s’est transformé en s’imposant.
“Rome. La Cité et l’Empire” : beau comme de l’antique !
Article 2 min
“George Dandin ou le Mari confondu” : Dandin de la farce
Cédric Enjalbert 31 mai 2022
Michel Fau célèbre les 400 ans de la naissance de Molière en livrant sa vision baroque et mordante du classique George Dandin. À voir en tournée !
“George Dandin ou le Mari confondu” : Dandin de la farce
Article 2 min
“Mon amour” : à cœurs ouverts
Cédric Enjalbert 02 juin 2022
Avec le film Mon amour, le cinéaste David Teboul se confronte à la mort de son compagnon en partant en Sibérie interroger des hommes et des âges de tous âges pour savoir ce que signifier « aimer ». Une quête personnelle et bouleversante.
“Mon amour” : à cœurs ouverts
OH ! LA BELLE VIE !
Article 3 min
Conseil n° 19. Prenons le large
François Morel 02 juin 2022
Comme on voulait refaire la cuisine, on est allé au magasin de bricolage. On a hésité entre plusieurs sortes de pinceaux. Il y en avait de toutes les tailles, de tous les formats, de toutes les épaisseurs. On hésitait. Finalement, ma femme a dit : « Prenons le large ! » Et je..
Conseil n° 19. Prenons le large
JEU
Article 1 min
Philo croisés #81
Gaëtan Goron 25 mai 2022
Horizontalement I. Après l’Apocalypse chez Bronner. II. On retrouve cette drogue chez Marx, entre religion et peuple. Pour Sophie Galabru, le dire, c’est protéger son intégrité et ses valeurs. III. Il travaille en robe. Coulepar l’avant. IV. On y trouve le bonheur au cinéma. ..
philocroisés #65
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Arnaud Desplechin. Étoile filmante
Jean-Marie Durand 01 juin 2022
Dans Frère et sœur, le cinéaste élargit le répertoire familial et intimiste exploré dans ses précédents films mais aussi au théâtre. Centré sur la relation conflictuelle non soldée entre une sœur et son
(Philomag)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
N°160 - Juin2022 - Penser c'est dire non ? [texte imprimé] . - 2022 . - 98 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Philosophie Tags : pensée méditation David Hume Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Pour gagner notre liberté, pour nous affranchir des puissances qui veulent nous guider ou nous asservir, nous devons sans aucun doute faire usage de la négation. Non pas d’une négativité systématique, d’une posture d’opposition constante et stérile, mais tout de même : il convient de savoir s’opposer à bon escient à ce qu’on attend de nous, quand le contexte l’exige. C’est à cet usage du « non » que nous avons voulu réfléchir dans ce dossier. (Philomag) Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Le traitement du rebelle
Alexandre Lacroix 02 juin 2022
Tous les étudiants sont loin de se ressembler, mais, d’après mon expérience d’enseignant, il est possible de repérer, dès les premières séances, quelques profils caractéristiques au sein d’une classe. D’abord, il y a ceux que j’appellerai les intelligents adaptés – préciso..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Peut-on dire de notre passé que c’est ‘du passé’ ?”
Charles Pépin 31 mai 2022
Question de Pauline Blanc
“Peut-on dire de notre passé que c’est ‘du passé’ ?”
REPÉRAGES
Article 1 min
Très chère Marilyn
Octave Larmagnac-Matheron 31 mai 2022
C’est désormais le tableau du XXe siècle le plus cher au monde : Shot Sage Blue Marilyn (1964), portrait de Marilyn Monroe réalisé par Andy Warhol, a été vendu 195 millions de dollars lors d’une vente aux enchères chez Christie’s, à New York, le 9 mai dernier. Dérive ..
Marilyn Monroe, l’énigme d’un visage
Article 1 min
“Neutres”
Octave Larmagnac-Matheron 29 avril 2022
« Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques » Les étudiants contestataires d’AgroParisTech, lors de leur discours, le 30 avril 2022. « Ce ne sont pas seulement les savoirs, les techniques, la science qui ne sont pas neutres&..
Article 1 min
“Démodernisation”
Octave Larmagnac-Matheron 31 mai 2022
La Russie serait-elle sur la voie de la « démodernisation » ? C’est l’avis de certains observateurs contemporains. Les politologues Alberto Rabilotta, Yakov Rabkin et Samir Saul emploient ce terme dès 2013 pour analyser la situation du pays dans un article intitulé « La d�..
“Démodernisation”
Article 1 min
“100 012”
Octave Larmagnac-Matheron 29 mai 2022
C’est, selon les statistiques du Secrétariat du gouvernement, le nombre de personnes disparues au Mexique entre le 15 mars 1964 et le 16 mai 2022. Principalement liées à la « guerre sale » des autorités contre les mouvements révolutionnaires jusqu’en 1980, ces « dispar..
Article 2 min
Le travail, c’est l’horaire ?
Octave Larmagnac-Matheron 29 mai 2022
Travailleurs s’accommodant d’horaires atypiques 35 % des hommes 37 % des femmes 60 % des employés non qualifiés 49 % des employées non qualifiées 15 % des hommes cadres 18 % des femmes cadres Les salariés appartiennent pour… 58 % au groupe «&nbs..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Doit-on élire nos représentants en fonction de leurs compétences ?
Marius Chambrun 31 mai 2022
Quelles sont les qualités requises pour être un bon député ? Pour certains, il s’agit du meilleur niveau de compétences. Pour d’autres, un bon représentant doit être représentatif du peuple. À l’occasion des élections législatives, retour sur un débat aussi vieux que la démocratie elle-même.
Doit-on élire nos représentants en fonction de leurs compétences ?
Article 3 min
Faut-il étendre l’Otan au monde entier ?
Jean-Marie Pottier 31 mai 2022
Alors que la Finlande et la Suède demandent à entrer dans l’Otan, le rêve d’une organisation de défense mondialisée réapparaît. Théorisée il y a près de vingt ans, elle s’inscrit dans le projet de paix perpétuelle élaborée par Emmanuel Kant.
Faut-il étendre l’Otan au monde entier ?
Article 3 min
Éducation nationale recherche professeurs désespérément
Frédéric Manzini 31 mai 2022
Le métier d’enseignant connaît une crise des vocations. Cela donne-t-il tort à Charles Péguy, qui le qualifiait de « plus beau métier du monde » ? L’éclairage de Frédéric Manzini, professeur de philosophie au lycée.
Éducation nationale recherche professeurs désespérément
Article 3 min
Laurie Shrage : “Rendre la pratique de l’avortement intelligible aux valeurs des traditions religieuses ou conservatrices”
Joséphine Robert 31 mai 2022
Pour la philosophe américaine Laurie Shrage, la remise en cause du droit à l’interruption volontaire de grossesse par la Cour suprême de son pays est autant une victoire des conservateurs que le signe d’un échec du débat démocratique.
Laurie Shrage : “Rendre la pratique de l’avortement intelligible aux valeurs des traditions religieuses ou conservatrices”
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
Le blé en herbe
Sven Ortoli 01 juin 2022
Les blés sauvages sont des plantes annuelles ou vivaces pionnières de la famille des graminées apparues dans des forêts tropicales il y a 115 à 90 millions d’années. Les 25 000 variétés de blé existant dans le monde descendent toutes de l’amidonnier, domestiq..
Le blé en herbe
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Jeûne. Délices d’initiés
Tobie Nathan 01 juin 2022
On raconte que Pythagore, pour être admis aux mystères égyptiens, avait dû se soumettre à un jeûne de quarante jours, à l’issue duquel il aurait déclaré être devenu un homme nouveau. Le processus est clair : le jeûne induit la métamorphose par une sorte de mécanique propre, depuis l..
Jeûne. Délices d’initiés
REPORTAGE
Article 19 min
Voyage en psychédélie
Jack Fereday 02 juin 2022
Interdites en France, les substances psychédéliques font pourtant l’objet d’un intérêt renouvelé de la part de psychologues et de thérapeutes, qui soulignent leur efficacité dans les traitements contre la dépression et les addictions. Elles peuvent aussi être un remède à notre époque en mal de transcendance, comme l’a constaté notre reporter Jack Fereday, qui, sous la supervision d’un guide, a expérimenté l’un de ces hallucinogènes au Royaume-Uni. Il nous raconte son trip métaphysique.
Voyage en psychédélie
ESSAI
Article 10 min
Couches pour bébé, le soin contrarié
Arthur Lochmann 02 juin 2022
Arthur Lochmann n’est pas seulement philosophe et traducteur, charpentier et varappeur, ce dont il témoignait dans Toucher le vertige. Il est aussi père depuis peu. De cette expérience existentielle, il tire une réflexion sur la principale « externalité négative » du nourrisson : la couche !
Couches pour bébé, le soin contrarié
L’ŒIL DE LA SORCIÈRE
Article 3 min
Le rêve de Descartes
Isabelle Sorente 31 mai 2022
Purement rationaliste, le père du cogito ? C’est oublier que sa vocation de philosophe est née d’un songe. Et si, nous aussi, nous écoutions nos rêves ?
Le rêve de Descartes
DOSSIER
5 articles
Penser, c’est dire non ?
Publié le 02 juin 2022
Pour gagner notre liberté, pour nous affranchir des puissances qui veulent nous guider ou nous asservir, nous devons sans aucun doute faire usage de la négation. Non pas d’une négativité systématique, d’une posture d’opposition constante et stérile, mais tout de même : il convient de savoir s’opposer à bon escient à ce qu’on attend de nous, quand le contexte l’exige. C’est à cet usage du « non » que nous avons voulu réfléchir dans ce dossier. > Et si dire non n’était pas une simple opposition vaine mais au contraire la promesse de forger son identité et de constituer un collectif ? Telle est la thèse que propose, pour commencer, notre rédacteur en chef Martin Legros. > De la distance ironique à la désobéissance civile, en passant par l’obéissance outrée qui ridiculise l’arbitraire des autorités, les philosophes classiques ont inventé de nombreux stratagèmes pour dire non, en se plaçant non pas face à l’adversaire mais à côté ou au-dessus de lui. > Une violoniste qui se rebelle contre un professeur abusif, une irréductible anarchiste, un homme qui s’est éloigné du monde du travail, un enfant de la bourgeoisie devenu artiste, une militante qui pratique l’action de rue : nos cinq témoins, dont les parcours sont éclairés par le philosophe Maxime Rovere, racontent les splendeurs et les galères de la résistance. > Faudrait-il réhabiliter la colère pour en faire une vertu politique ? C’est la proposition de la philosophe Sophie Galabru. > Finalement, faire usage de sa pensée est ambigu. L’esprit critique nous permet d’échapper à la servilité et à l’obéissance mécanique… mais ne nous précipite-t-il pas parfois dans le complotisme ou dans des défiances absurdes ? Ce sont les questions dont ont débattu l’anthropologue Dan Sperber et le sociologue Gérald Bronner.
D'après une image © Thomas Shanahan/iStockphoto
Article 11 min
Le non, un oui en puissance ?
Martin Legros 02 juin 2022
De #metoo aux démissionnaires des grandes écoles et des entreprises, les appels à faire sécession s’amplifient dans notre société engluée dans ses contradictions. Que faire pour que ces réactions ne soient pas de vaines gesticulations ? Revenir à la puissance d’affirmation éthique, politique et philosophique derrière tout sujet qui se lève et dit non.
Le non, un oui en puissance ?
Article 6 min
Cinq stratégies pour ne pas courber l’échine
Alexandre Lacroix 02 juin 2022
Les philosophes ont su imaginer des voies pour s’opposer à l’autorité de façon habile, c’est-à-dire sans entrer en collision frontale avec elle mais en lui échappant, voire en se plaçant au-dessus d’elle.
Comment résister à l’autorité en 5 leçons (philosophiques)
Article 16 min
Réfractaires à l’autorité
Victorine de Oliveira 02 juin 2022
Nos cinq témoins ont tous refusé de se soumettre – à la hiérarchie, à un destin tout tracé, à la violence de la société. Une façon d’affirmer avec force leur puissance d’agir ? Le spécialiste de Spinoza Maxime Rovere commente leurs parcours de vie.
Réfractaires à l’autorité
Article 6 min
Sophie Galabru : “La colère réveille la raison à ses intérêts”
Cédric Enjalbert 02 juin 2022
La démocratie n’est pas le refus du conflit. Bien au contraire ! Telle est la thèse défendue par la philosophe Sophie Galabru, qui réhabilite dans son livre Le Visage de nos colères un affect largement dévalorisé par la tradition philosophique et redouté par les pouvoirs en place.
Sophie Galabru : “La colère réveille la raison à ses intérêts”
Dialogue 14 min
Dan Sperber-Gérald Bronner : L’esprit critique rend-il complotiste ?
Alexandre Lacroix 02 juin 2022
La raison nous permet-elle de critiquer les autorités politiques, médiatiques ou scientifiques, et de forger notre propre avis en toute indépendance ? Ou bien est-elle un outil que nous employons pour convaincre les autres d’adhérer à nos opinions les plus folles et justifier jusqu’à l’injustifiable ? Ce sont ces questions qui ont été au cœur du dialogue entre le sociologue Gérald Bronner et le chercheur en sciences cognitives Dan Sperber.
Dan Sperber-Gérald Bronner : L’esprit critique rend-il complotiste ?
ENTRETIEN
Entretien 17 min
Alain Corbin : “J’ai la hantise de la disparition des gens ordinaires”
Cédric Enjalbert 02 juin 2022
Mondialement reconnu pour son exploration de l’histoire des sensibilités, Alain Corbin a inventé une méthode et mis au jour des sujets longtemps passés inaperçus. À l’occasion de la parution de son nouveau livre, une Histoire du repos (Plon), il a accepté de répondre à nos questions et de retracer le fil de son œuvre.
Alain Corbin : “J’ai la hantise de la disparition des gens ordinaires”
L’AVENTURE D’UN CLASSIQUE
4 articles
“Traité de la nature humaine”, la grande expérience de David Hume
Publié le 02 juin 2022
Après des siècles de méfiance à l’égard des sens, David Hume (1711-1776), avec son Traité de la nature humaine, inverse la vapeur. Toute connaissance est d’abord empirique, c’est-à-dire issue de l’expérience. Ce qui n’empêche pas une forme de scepticisme : quand, en France, la raison triomphe, les Lumières écossaises auxquelles on rattache Hume sont nimbées des brumes de l’incertitude.
“Traité de la nature humaine” : expérimentalement vôtre
Article 10 min
“Traité de la nature humaine” : expérimentalement vôtre
Victorine de Oliveira 02 juin 2022
David Hume soumet les pouvoirs de la raison à une critique radicale. Il ne s’agit plus de fonder la connaissance sur les idées mais de l’ancrer dans l’expérience. En redonnant la primauté au vécu, il écorne la métaphysique et montre que nos certitudes ne sont que des croyances.
“Traité de la nature humaine” : expérimentalement vôtre
Article 3 min
David Hume, le doute en héritage
Victorine de Oliveira 02 juin 2022
Malgré l’insuccès de son Traité sur la nature humaine, Hume ne s’en tient pas là et décline les conséquences de sa remise en question de la métaphysique dans différents domaines. Résultat : les normes du goût, de la croyance et de la morale en sont bouleversées.
Article 3 min
L’hommage de Kant à Hume
Victorine de Oliveira 02 juin 2022
Tout au long de la Critique de la raison pure et de son résumé, les Prolégomènes à toute métaphysique future, Kant ne cesse de rendre hommage à son homologue écossais. Parce que Hume a su questionner le premier les limites de la métaphysique, Kant lui reconnaît le statut de pionnier de la théorie de la connaissance. Après avoir été réveillé de son « sommeil dogmatique », il lui emboîte donc le pas.
Article 6 min
Yves Michaud : “L’empirisme de Hume est plus que jamais pertinent quand on considère le cours des affaires humaines”
Yves Michaud 02 juin 2022
Simpliste, borné et superficiel, l'empirisme de Hume ? Pas pour Yves Michaud, pour qui un empiriste est tout autant ancré dans ce qui arrive (les faits) que capable d’imaginer à l’infini. Et si le « scepticisme modéré » du penseur écossais était nécessaire pour sortir de l'illusion de la raison toute-puissante ?
Yves Michaud : “L’empirisme de Hume est plus que jamais pertinent quand on considère le cours des affaires humaines”
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi faisons-nous le ménage ?
Joséphine Robert 01 juin 2022
Nettoyer, balayer, astiquer… Qu’est-ce qui nous pousse à rendre notre intérieur toujours pimpant ? Quatre philosophes bien propres sur eux dépoussièrent la question.
Pourquoi faisons-nous le ménage ?
Article 1 min
Volja
Octave Larmagnac-Matheron 28 mai 2022
Langue d’origine : ukrainien
Article 2 min
“Famille”
Marius Chambrun 28 mai 2022
Cinq philosophes se retrouvent autour de la table.
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Peut-on être insensible à la beauté ?
Aïda N’Diaye 24 mai 2022
Analyse des termes du sujet « Peut-on ? » Est-ce possible ou est-ce légitime ? « être insensible » Ne pas s’intéresser à ou ne pas être touché par. « beauté » La beauté formelle, la valeur ou la grandeur ; la beauté en général ou en particulier.
LIVRES
Article 2 min
J’y pense et puis je lis / Juin 2022
Jean-Marie Durand 26 mai 2022
Sous l’effet de l’Anthropocène, nouvelle phase d’accélération de l’histoire, la philosophie contemporaine ne cesse d’explorer la relation de l’homme aux autres êtres, pour se demander avec Pierre Montebello, Philippe Descola ou Bruno Latour comment « réanimer ce qui a été d�..
Livre
David Berliner
Devenir autre
Publié le 25 mai 2022
Se figurer en chèvre, se prendre pour Napoléon ou pour Wonder Woman, se dissimuler derrière un masque, vecteur de puissance… L’imaginaire contemporain abrite de multiples jeux de rôles visant à se dérober aux assignations identitaires. Devenir autre : l’idée d’échapper à soi (son visage, sa chair, son langage) nous traverse depuis probablement l’enfance. Ne serait-ce que pour déjouer ce que l’écrivain Julien Green appelle « l’ingénieux supplice de l’identité ». Dans la préface de son roman Si j’étais vous (1947), il écrivait : « Une partie de notre tristesse vient de ce que nous sommes perpétuellement les mêmes, de ce que chaque matin nous nous réveillons avec le même problème à résoudre, qui est de savoir comment nous supporter nous-mêmes jusqu’au soir, et jusqu’à la mort. » Si cette fatigue d’être soi et la manière dont les humains composent avec la plasticité ont largement été analysées dans l’histoire de la pensée, l’originalité du texte de l’anthropologue belge David Berliner consiste à ancrer cette « exo-expérience » au cœur de notre temps présent. Où des discours et aspirations contraires s’affirment à l’envi : ceux qui promeuvent l’existence d’identités homogènes et stables font face à ceux qui défendent la fluidité, la plasticité et la multiplicité des visages de soi. Sans nier le poids de ceux qui revendiquent un moi unique et solide, Berliner fait l’hypothèse que le soi est toujours « plus fragmenté et malléable qu’on ne peut le penser », qu’il est « altérable par l’expérience » et que, de fait, l’esprit du temps, fatigué, triste et monotone, pousse plus que jamais à cette élasticité. Déployant une « anthropologie de l’expérience » fondée sur l’observation d’individus plongés dans leurs rites immersifs, l’auteur documente le besoin de nombre de nos contemporains d’investir une réalité différente de la leur, en basculant dans un cadre propice à un dédoublement, à une démultiplication. Du phénomène du « cosplay » aux « devenirs animal » (se raccorder avec un moi animal ou mythologique), de l’imitation d’un modèle, dans la peau duquel on se glisse, aux pratiques d’« escapism » (ces immersions fictionnelles destinées à fuir les circonstances de notre existence), il consigne l’essor de ces expériences par lesquelles « un individu s’identifie à une entité, qu’elle soit humaine ou pas ». Des pratiques qui donnent raison à William James lorsqu’il évoquait le « morcellement de la personnalité en différents moi qui peuvent se démentir les uns les autres ». Souvent, en devenant autres, ces bricoleurs de l’identité se retrouvent eux-mêmes, car une réparation – une « guérison par la métamorphose », pour citer l’historien des idées Jean Starobinski – se joue dans l’épreuve de la plasticité. Devenir autre, selon David Berliner, « c’est se soustraire aux règles d’un monde pour basculer dans un autre : un univers de potentialités créatrices, de connexions, de causalités, de sensations et d’émotions différentes ». Par cet écart avec les usages de soi, quitte à assumer des désirs inavouables, cette grande famille de joueurs malicieux défend une « politique de la multiplicité et de la plasticité », qui, derrière son apparente légèreté, trouble le modèle rassurant d’une rhétorique authenticiste et nous rappelle, par ses facéties mêmes, que le souci de soi n’est jamais que le souci de l’autre en soi.
Devenir autre
Livre
Pierre Vesperini
Que faire du passé ? Réflexions sur la cancel culture
Publié le 25 mai 2022
Que penser des étudiantes américaines qui ne veulent plus étudier les Métamorphoses d’Ovide, parce que ce beau poème décrit d’horribles viols ? Que faire de ces « avertissements » (en anglais, trigger warnings) où les spectateurs de Roméo et Juliette sont prévenus que la pièce de Shakespeare contient des passages « choquants », contre lesquels une association vouée à la prévention du suicide se propose de fournir son aide ? Telles sont quelques-unes des questions soulevées par la « cancel culture ». Née aux États-Unis, cette tendance sans unité témoigne d’une sensibilité nouvelle. Malgré ses difficultés à établir un dialogue avec ses adversaires, elle fournit une occasion en or d’interroger les fondements de la culture dite « occidentale », les raisons de notre attachement aux classiques et nos manières de l’enseigner. Entre les groupes féministes ou décoloniaux qui veulent culpabiliser et rejeter les grands auteurs comme les chantres de sociétés inégalitaires, et les gens de lettres qui veulent transmettre le passé comme s’il était neutre, non sans faire preuve d’un certain angélisme, une troisième voie est-elle possible ? Pour la découvrir, Pierre Vesperini raisonne par étapes : il s’agit d’abord de reconnaître que toute culture est d’emblée une « cancel culture », puisqu’elle tend à effacer les autres par le mépris de leurs créations, de leur langue, de leur expérience. Ensuite, il convient d’admettre que les formes prises par la culture européenne, au moment où elle est devenue chrétienne, puis capitaliste, s’articulaient réellement à des formes d’oppression inacceptables – où les grands auteurs étaient souvent eux-mêmes des marginaux. Enfin, pourquoi ne pas reconnaître que ce sont les souffrances suscitées par les violences commises au long des siècles qui trouvent leur voix aujourd’hui de manière parfois maladroite ? Sur ces fondements, une approche nuancée se fait jour : au lieu de défendre à tout prix une culture vécue comme sacrée, intouchable, immuable, en sacerdote défendant son idole, il vaut la peine d’imiter Walter Benjamin, premier théoricien d’une tout autre attitude : celle du « spectateur distant », pour qui la culture prend avant tout la forme d’une question.
Que faire du passé ? Réflexions sur la cancel culture
Livre
Jean-Pierre Suaudeau
Poétique d’une idole. Rêver Johnny
Publié le 25 mai 2022
C’est un fantasme paranoïaque très répandu chez les écrivains que de s’imaginer, lorsqu’ils voient le bout d’un manuscrit, que d’autres œuvrent dans l’ombre sur le même sujet, et que ces derniers sont sur le point de leur couper l’herbe sous le pied alors qu’ils avaient d’abord cru leur livre surgi de l’inimitable singularité de leur esprit. Dans 900 % des cas, ce soupçon est infondé. Dans une proportion qui échappe à la statistique, ça arrive. Je peux vous dire que Jean-Pierre Suaudeau et moi échappons à la statistique. Au même moment et sans nous connaître, nous avons écrit deux livres sur le même improbable sujet. Figurez-vous une célébrité sur le retour, qui à soi seule incarnerait une certaine idée de la France. Une idée un peu dépassée – ça se passe pendant le mouvement des « gilets jaunes » –, qui sonne le glas de la start-up nation, cette vieille lubie ringarde. Johnny Hallyday meets les ronds-points est le sujet extrêmement résumé de Poétique d’une idole. Rêver Johnny. Je vous vois déjà, lecteurs, lever les yeux au ciel. Johnny Hallyday n’est pas votre affaire. Qu’allez-vous perdre votre temps chez les yé-yé quand vous voulez Spinoza, Deleuze, Levinas ? Bon sang, j’ai marqué un point. Vous aussi, vous avez vos idoles. Des créatures mi-réelles, mi-fantastiques, que vous convoquez à loisir pour vous soutenir dans le labeur, alléger votre désarroi. Pour certains, c’est Spinoza. Pour d’autres, c’est Hallyday. Je ne mets pas ces figures sur le même plan. Je dis qu’elles remplissent une fonction similaire, agrandir l’existence. Et je ne fourre pas non plus tout le public dans le même sac. On peut se réclamer tour à tour de, mettons, Hannah Arendt et Tina Turner. Poétique d’une idole parle de ce rapport tenace entre le modèle et ses émules – tenace en dépit de la fragilité de l’idole, qui vit à travers ses idées ou son art, mais aussi à travers la reconnaissance du public, qui est un carburant et une drogue ; tenace en dépit de la volatilité du public, qui s’empresse de jeter aux orties la vedette d’une saison si elle n’incarne pas davantage qu’elle-même, ne cristallise pas une certaine pensée de l’époque, du continent, du pays. Parfois je tombe sur un livre qui me rend jalouse parce que j’aurais voulu l’écrire. En l’occurrence, j’aurais bien aimé écrire celui de Jean-Pierre Suaudeau. Mais je l’aurais intitulé Poétique d’Arielle Dombasle.
Poétique d’une idole. Rêver Johnny
Livre
Jean-Claude Monod
La Raison et la Colère. Un hommage philosophico-politique à Jacques Bouveresse
Publié le 25 mai 2022
Il y a un peu plus d’un an nous quittait Jacques Bouveresse (photo). Historien critique de la philosophie, dénonciateur sans relâche des impostures, défenseur tous azimuts de la vérité, grand amateur de littérature et de musique, auteur d’une œuvre protéiforme, il avait intitulé sa chaire au Collège de France « Philosophie du langage et de la connaissance ». Mais il était surtout un esprit libre dont Jean-Claude Monod, qui fut à la fois un proche et un interlocuteur, nous brosse le portrait dans un petit livre en forme d’hommage. Il le décrit d’abord comme un intransigeant défenseur de la rationalité contre toutes les idéologies et les diverses tentatives de récupération politique dont elle fait l’objet. Il raconte aussi ses emportements contre un certain journalisme culturel dont il ne partageait pas le goût de la vulgarisation. S’il n’a jamais occupé le devant de la scène médiatique, c’est qu’il ne cherchait pas la reconnaissance du grand public et rechignait à vulgariser. N’était-il pas un fervent admirateur de Karl Kraus, grand pourfendeur de la compromission des élites intellectuelles et de la presse ? Bouveresse, explique Monod, a mal vécu dans sa jeunesse l’influence délétère qu’un Sartre avait pu exercer sur la scène philosophique française et il dénonçait à la fois « la primauté absolue de la philosophie pratique sur la philosophie théorique et la politisation intégrale de la philosophie ». Mais lire Bouveresse peut s’avérer austère. Ses ouvrages sont exigeants et les connaissances qu’ils mobilisent souvent pointues : « Assurément, explique Jean-Claude Monod, Bouveresse revendiquait un style universitaire, contre la dévalorisation de l’université devenue si fréquente dans le champ médiatique et sans doute dans le champ social tout entier. » Son œuvre n’en a pas moins marqué l’institution, ne serait-ce que par la rigueur avec laquelle elle a intégré les apports de la philosophie analytique ou ceux de la logique, de l’épistémologie et de la philosophie des sciences. Elle a également joué un rôle considérable pour introduire au sein de l’université française l’étude de certains auteurs d’Europe centrale et, notamment, des Autrichiens comme Bernard Bolzano (1781-1848), Ludwig Boltzmann (1844-1906) ou Ludwig Wittgenstein (1889-1951), auquel d’ailleurs est consacré Les Vagues du langage, l’ouvrage posthume qui paraît simultanément au Seuil (672 p., 31 €) et qui s’interroge sur la signification (et plus précisément sur « la possibilité de comprendre et d’utiliser un mot dans quelque sens que ce soit », dès lors qu’aucun mot n’a de sens a priori mais que c’est l’usage qui lui en donne un). C’est aussi cela l’importance de l’héritage qu’il nous laisse et que Jean-Claude Monod appelle l’« effet Bouveresse ».
La Raison et la Colère. Un hommage philosophico-politique à Jacques Bouveresse
Livre
Hans Blumenberg
La Vérité nue
Publié le 02 juin 2022
La vérité nue » : c’est en historien des idées et des représentations que le philosophe allemand Hans Blumenberg (1920-1996), méconnu en France, s’intéresse à cette expression, si courante qu’on ne la remarque même plus, dans un ouvrage publié à titre posthume. Et de remarquer d’emblée que, dans les arts comme chez les penseurs, la formule convoque l’imagerie du corps féminin nu, symbole de pureté, d’innocence mais également d’attraction. La recherche de vérité, déjà chez Platon, se mêle dès lors inévitablement à l’éros. Mais elle est en même temps, et c’est tout l’enjeu, associée au voyeurisme d’un regard masculin qui, avec une certaine violence, transgresse la pudeur du vrai, dont il s’efforce de dévoiler les secrets. Comme Actéon puni de mort par la déesse grecque Artémis qu’il avait surprise au bain, la quête d’une vérité sans filtre serait-elle maudite ? En tout cas, il y a plus que de l’indécence dans la vérité nue : s’y tapit une horreur. La vérité nue, comme le soulignera Nietzsche (sur lequel s’attarde Blumenberg), possède « une dimension effrayante et insupportable ». L’homme doit se méfier du réel, sous peine de sombrer sous le poids de son atrocité. Pourrait-il même s’y confronter directement, sans médiation ? Si la vérité nue est corps féminin, la surface de sa peau n’est-elle pas une énième parure derrière laquelle se dissimule un savoir plus profond ? La vérité nue est comme un « oignon » dont le penseur pèlerait les couches à l’infini. L’objet du philosophe est moins d’avancer une thèse que de montrer la richesse et la complexité d’une métaphore, qui, depuis des siècles, informe la manière dont la connaissance se pense elle-même.
La Vérité nue
Livre
Günther Anders
Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?
Publié le 25 mai 2022
Alors que l’actualité de la guerre en Ukraine ravive le spectre de l’apocalypse nucléaire, négligée depuis la guerre froide, la pensée de Günther Anders, qui fut dès 1945 un infatigable Cassandre de l’ère atomique, se présente à nous comme une ressource en vue d’approcher le caractère monstrueux de cette menace et le renouvellement éthique qu’elle impose. Ex-époux de Hannah Arendt, dont il partageait la judéité et avec laquelle il émigra d’Allemagne en 1933, Anders s’explique sur sa trajectoire dans ces entretiens (réédités après une première publication en 2001). Il se dépeint comme écrivain engagé dans un siècle tragique plutôt que comme philosophe universitaire, contrairement à ce que pouvait laisser présager son compagnonnage de jeunesse avec Husserl. Avec une espièglerie assez inattendue, le penseur écorche au passage la vanité de Heidegger et de ses disciples, et se livre à quelques réflexions sur la fonction des intellectuels par gros temps. Anders revient aussi sur son idée maîtresse de l’« irreprésentabilité » des catastrophes dont la technique moderne nous a rendus capables. Selon lui, notre faiblesse éthique spécifique ne tient pas à ce que nous serions devenus plus mauvais que nos ancêtres mais à notre incapacité à « imaginer » le mal que produisent nos inventions. Cet éclairage permet de comprendre la forme très littéraire de l’écriture d’Anders, tout entière tendue vers la nécessité de « se rendre compte ». L’occasion d’opérer des rapprochements avec les réflexions de Hannah Arendt sur la banalité du mal, pour qui c’est aussi l’absence de pensée, plutôt que l’intention maligne, qui ouvre la voie à l’anéantissement de l’homme par l’homme.
Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?
Livre
Christophe Bouton
L’Accélération de l’histoire
Publié le 25 mai 2022
Comme la souris Speedy Gonzales du dessin animé, nous crions souvent intérieurement « ¡ Ay, caramba ! » pour nous ajuster au tempo des pratiques sociales. Sans avoir forcément lu Hartmut Rosa, Reinhart Koselleck ou François Hartog, auteurs de référence sur la question, beaucoup pressentent que l’accélération de l’histoire qualifie le temps présent. Elle renvoie à la surabondance d’événements qui défilent à un rythme toujours plus élevé, dans un pur présent qui occulte passé et futur. Pourtant, comme l’analyse Christophe Bouton dans une enquête visant à déconstruire autant qu’à clarifier la thèse de l’accélération de l’histoire, ce thème a émergé dès le début de la Modernité. En France, l’Essai sur l’accélération de l’histoire de Daniel Halévy (1948) attire l’attention sur ce concept, dont le sociologue Hartmut Rosa a élargi le sens. Ce dernier a en effet théorisé une accélération universelle du changement social, qui vaut pour la politique, la science, l’éthique ou la vie privée. Un peu fourre-tout, la catégorie d’accélération a ainsi connu depuis les années 1970 « une forte montée en généralité » : « elle n’est plus l’accélération de quelque chose, mais accélération tout court ». Elle devient, à l’image d’un train fou sans conducteur, un mouvement autoalimenté : « l’accélération s’accélère toute seule ». Pourtant, cette catégorie historique dominante qu’est le présentisme n’a pas effacé des imaginaires sociaux d’autres régimes d’historicité, tels que l’utopie (transformer le monde) et, surtout, « l’eutopie » (préserver la planète) à l’heure de l’Anthropocène. Caractérisée par la conscience de l’urgence climatique, cette nouvelle « grande accélération » appelle une autre accélération, politique, qui devra être à sa hauteur, sans quoi l’histoire s’arrêtera pour de bon. Derrière la monochronie de l’accélération, Bouton défend ainsi l’idée d’une « polychronie » propre à la modernité. Elle est une contribution essentielle à la compréhension de nos sociétés, où les manières d’éprouver le temps historique s’affrontent à la mesure des désaccords sur l’art de s’inscrire dans le monde en devenir.
L’Accélération de l’histoire
Livre
Hélène Lœvenbruck
Le Mystère des voix intérieures
Publié le 25 mai 2022
Elle est au plus profond de chacun d’entre nous, elle double la moindre de nos sensations comme chacune de nos conversations : c’est notre voix intérieure. Mais est-ce une voix, si elle est silencieuse ? Se distingue-t-elle de moi, si elle me permet d’entrer en contact avec moi-même ? Et quel rapport entretient-elle avec le langage articulé ? Voilà les questions que soulève Hélène Lœvenbruck, s’inspirant autant des neurosciences que de philosophie et de littérature. L’endophasie – du nom que donna à notre monologue intérieur le médecin Georges Saint-Paul en 1892 – est l’effet d’une forme d’inhibition : alors que l’enfant dit tout haut ce qui lui passe par la tête, l’adulte a appris à intérioriser et à contrôler son flux de conscience. Devenu mental, son monologue s’est condensé. Pas besoin de faire des phrases, un seul mot suffit : « La petite voix dans la tête, c’est une prédiction sensorielle, une parole interrompue juste avant d’être effectivement proférée. » L’endophasie est aussi une porte d’entrée sur les troubles de la parole, telles les hallucinations auditives des schizophrènes qui croient entendre un autre derrière leur parole intérieure. « En écoutant la voix intérieure qui me crie de noter tout ce que je rencontre au cours de mes flâneries, je me crois appelé à trouver durant une nuit d’hiver le sens de toute chose, le lien qui les unit, et à faire le total qui les additionne toutes », écrit Virginia Woolf dans Les Vagues. C’est un continent philosophique qu’Hélène Lœvenbruck a ouvert, dans les pas de Woolf, à l’écoute de toutes les formes que peut prendre notre voix intérieure.
Le Mystère des voix intérieures
Livre
Daisy Letourneur
On ne naît pas mec
Publié le 25 mai 2022
Qu’est-ce qui cloche avec les mecs ? Oui, les mecs. Puisque, entre eux, c’est ainsi qu’ils aiment à s’interpeller – « Salut mec ! Ça va mec ! » –, autant adopter leur mode de communication. Daisy Letourneur est plutôt bien placée pour s’emparer du sujet : l’autrice du blog « La Mecxpliqueuse » était un homme avant sa transition. Ce mot-valise, elle l’a forgé en référence à l’Américaine Rebecca Solnit, inventrice du concept de mansplaining, soit le fait pour un homme d’expliquer à une femme ce qu’elle sait déjà malgré ses tentatives plus ou moins désespérées ou blasées de faire comprendre que, oui, elle sait. Les observations de Letourneur sur la masculinité ne sont pas neuves : comme la féminité, elle est une construction qui repose sur des bases biologiques bien minces (non, la testostérone ne fait pas tout et n’est pas un alibi d’agressivité ou de désir sexuel compulsif), elle génère des comportements à risque non seulement pour les femmes mais aussi pour les hommes, et elle prend la forme d’une dynamique, d’un certificat à toujours renouveler. Mais ces conclusions ont le mérite d’être clairement exposées et sourcées, le tout sur un ton mordant. Letourneur fait un pas supplémentaire en affirmant que l’injonction à la virilité n’est en aucun cas un « coût » pour les hommes : cela laisserait penser qu’ils « n’ont aucun choix, aucune agentivité et qu’ils dominent presque malgré eux. […] Le fait de se couper de ses émotions, de ne plus avoir que la colère, de se prétendre indépendant, ce ne sont pas des effets secondaires malencontreux mais des outils du patriarcat ». Daisy Letourneur est la preuve en acte de cette agentivité. Et son « retour d’expérience », pour le dire en langage viril corporate, ouvre des possibles.
On ne naît pas mec
Livre
Isabelle Stengers
Cosmopolitiques
Publié le 25 mai 2022
En 1908, les physiciens et collègues Ernst Mach et Max Planck s’opposent. Pour le premier, le monde n’existe pas par lui-même. Les lois physiques ne sont que des pratiques humaines : l’espace, le temps et les atomes ne sont pas des réalités en soi. Pour le second, les grands esprits, comme Kepler ou Newton, visent bien une conception unifiée du monde, vraie pour n’importe quel habitant du cosmos. Le cri de Mach est une injure. Il est excommunié, combattu, discrédité. Au-delà de la querelle épistémologique, Isabelle Stengers part de cet exemple pour démontrer que le scientifique est un « praticien » qui se justifie souvent en disqualifiant l’autre : celui qui n’est pas moderne, pas sérieux, plus idéologue que chercheur. Dans cet essai, qui concentre des textes publiés depuis 1997, la philosophe des sciences retrace les grands moments d’une histoire des pratiques scientifiques parcourues de rapports de « prédation », où chacune cherche à capter la description d’un phénomène selon ses propres termes et intérêts, tout en discréditant son voisin. Ainsi, le théoricien matérialiste méprise le psychanalyste lacanien pour qui la conscience n’est pas réductible à des états du système nerveux central. Psychanalyste qui, à son tour, dénigre la psychiatrie pharmacologique et ses médicaments « enfin scientifiques ». Contre ces relations structurées par la polémique et la hiérarchie, Stengers propose de redéfinir notre rapport aux sciences en montrant qu’elles sont toutes des pratiques irréductibles les unes aux autres reposant sur des « faitiches » spécifiques : des objets (électron, ADN, conscience, etc.) dont la réalité n’est jamais interrogée mais qui déterminent des manières de penser et d’agir comme le feraient des langages différents. Comprendre cela, c’est pour l’autrice ouvrir la possibilité d’une « écologie des pratiques » où les savoirs peuvent s’articuler au lieu de se capturer.
Cosmopolitiques
Livre
Baptiste Morizot et Andrea Olga Mantovani (photographies)
S’enforester
Publié le 25 mai 2022
Géographe de formation et photographe de profession, Andrea Olga Mantovani est partie avec le philosophe Baptiste Morizot à la découverte de Białowieża, dernière forêt primaire d’Europe et ultime témoin du paysage qui était celui des humains au début du Néolithique. De leur enquête à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie est né S’enforester, un très beau livre, écrit à quatre yeux autant qu’à quatre mains, sur l’« un de ces lieux du monde qu’il est difficile de décrire, et même de nommer, tant s’y nouent des paradoxes et des temporalités multiples, écologiques et géopolitiques, historiques et préhistoriques, sociologiques et géologiques ». De quoi cette « forêt des origines » témoigne-t-elle ? En parler, c’est actionner le pur fantasme d’un paradis perdu sur les marches de l’Est, de l’absolue étrangère d’un temps d’avant l’Anthropocène. Mais la visiter en compagnie de Mantovani et de Morizot, c’est découvrir bien plus que le rêve enfantin d’explorer une forêt d’avant les hommes – d’ailleurs, des hommes y ont toujours vécu, ni plus ni moins que les bisons ou les loups, hier archers mésolithiques semi-nomades, aujourd’hui forestiers. La visiter, c’est accepter de reconnaître le pouvoir mythologique d’une forêt qui a été notre « maison d’enfance ». Une maison encore largement ignorée : chacun connaît le poumon vert de l’Amazonie, mais qui connaît, à 1 800 kilomètres de Paris, l’unique forêt primaire européenne ? Et pourtant, cette forêt est en nous. En posant leur livre, on a la nostalgie de l’endroit et l’on se dit : l’an prochain à Białowieża !
Livre
Pascal Chabot
Six Jours dans la vie d’Aldous Huxley
Publié le 25 mai 2022
Hiver 1911. Aldous Huxley, l’auteur du Meilleur des mondes, n’a que 16 ans lorsqu’un agent pathogène s’attaque à ses yeux, le rendant aveugle pendant près d’un an et demi. Un accident dont il gardera des séquelles – il sera plus tard déclaré inapte par l’armée, alors qu’il souhaite s’engager dans la guerre qui déchire l’Europe. Mais cette plongée contrainte dans le noir ne rend que plus saisissante l’acuité du regard qu’il porte sur la condition humaine. Avec Six Jours dans la vie d’Aldous Huxley, Pascal Chabot analyse la singularité de cette vision en présentant le tableau d’une existence guidée par une quête et des questionnements dont les écrits foisonnants se font l’écho. Car l’œuvre d’Huxley déborde largement le cadre de la dystopie, annonciatrice d’un modèle de société, où la technique rend superflue toute inquiétude sur la liberté et la morale. Chabot décrit six de ses journées emblématiques, dont, outre la perte de la vue, sa rencontre avec l’écrivain D. H. Lawrence, ses expériences psychédéliques, ses recherches sur la philosophie éternelle dans le désert de Californie ou sa mort survenue le jour de l’assassinat de Kennedy. Ce court essai offre la démonstration de l’empathie que l’on peut nouer à l’égard d’un auteur et met en lumière ces amitiés intellectuelles qui se tissent à travers les pages. Amitiés discrètes qui pourtant irriguent nos itinéraires et en constituent les ombres.
Six Jours dans la vie d’Aldous Huxley
Livre
Aïda N’Diaye (texte), Léa Murawiec (illustration)
Qu’est-ce qui fait mon genre ?
Publié le 25 mai 2022
Comment faire aimer la philosophie à ceux qui s’en méfient, la jugeant trop hermétique, ou à ceux qui s’en approchent timidement mais s’en éloignent faute de se retrouver dans ses méandres opaques ? À cette question ancienne, prise en charge par des générations successives de pédagogues, la philosophe Claire Marin, elle-même soucieuse d’une adresse généreuse et ouverte à ses lecteurs, comme en témoigne son dernier essai Être à sa place (L’Observatoire), apporte une jolie réponse avec la nouvelle collection qu’elle dirige chez Gallimard, « Philophile ! » En invitant des auteurs et des dessinateurs confirmés à aborder simplement des grandes questions morales ou politiques, ayant trait au corps, à l’identité ou à la relation à l’autre, la collection réussit ce tour de force de porter des réflexions savantes et articulées à hauteur de jeunes lecteurs pas forcément au fait de l’histoire de la philosophie. Le texte d’Aïda N’Diaye sur la question du genre et la nécessité de le déconstruire pour se libérer des normes qui s’y rattachent et celui de Camille Riquier consacré à la querelle ancienne entre la foi et la raison (comment distinguer ce que je sais de ce que je crois ?) prouvent l’un et l’autre la possibilité pour des philosophes de ne pas sacrifier l’exigence d’un questionnement sous prétexte des lacunes du grand public. Par une écriture dépouillée, condensée, éclairant des concepts de manière vivante, les auteurs accueillent généreusement des lecteurs curieux, dont la philosophie académique a parfois oublié qu’ils méritent une plus juste considération, afin de les embarquer dans sa propre histoire. Deux prochains titres sont attendus pour la fin de l’été : Ai-je vraiment du mérite ? et Mais qu’est-ce que tu imagines ?
Qu’est-ce qui fait mon genre ?
Livre
Jean-Christophe Bailly
Une éclosion continue. Temps et photographie
Publié le 25 mai 2022
« Par temps lumineux, c’est comme si la nature détenait un pouvoir de création infini, dont on ne peut employer qu’une partie infinitésimale. » Tels sont les mots que le pionnier britannique de la photo-graphie William Henry Fox Talbot adresse en 1840 à l’astronome William Herschel. Au XIXe siècle, la nouveauté miraculeuse de cette capture de la lumière inspire les scientifiques autant que les écrivains. Ce regard émerveillé, méditatif, Jean-Christophe Bailly entend le faire revivre : « Mystérieuse déposition (selon la filière chimique du photographique) ou singulier envoi (selon la filière optique), l’écriture de la lumière, la photographie, a surgi comme une feuille venant se poser au sein de la “contemplation silencieuse” de la nature pour la révéler. » Ainsi, pour une infime partie d’elle-même, la nature se contemple à travers la photographie. Cette pensée renoue avec les intuitions du philosophe allemand F. W. J. Schelling, lorsqu’il définit la nature comme une « immanence-imminence », une puissance qui ne cesse jamais d’advenir à elle-même. Cette part contemplative résume-t-elle toute la photographie ? Celle-ci n’est-elle pas vouée désormais à l’intervention immédiate et à l’« universel reportage » dont parlait Stéphane Mallarmé ? Pris entre deux pôles – celui de l’intense recueillement et celui de l’extrême banalisation –, l’acte de photographier n’a sans doute jamais été aussi incertain et complexe. Or c’est précisément parce qu’elle est menacée d’effacement dans sa prolifération pixelisée que la photographie doit revenir au centre d’un questionnement. Les œuvres de Bernard Plossu, Sarah Moon, Benoît Fougeirol, Marc Trivier, Anne-Marie Filaire, Marco Barbon, Samuel Hoppe et Valérie Jouve nourrissent ici une méditation sur le temps, la mémoire, la trace et l’ombre, qui se donnent et se dérobent à travers les images.
Une éclosion continue. Temps et photographie
CULTURE
Article 2 min
“Rome. La Cité et l’Empire” : beau comme de l’antique !
Cédric Enjalbert 02 juin 2022
Prêts pour un voyage dans la Rome antique ? Alors, direction les Hauts-de-France : le Louvre-Lens fête ses dix ans avec une exposition qui montre comment l'art peut se mettre au service d'une idée politique, de la République à l'Empire. Elle témoigne aussi combien la cité romaine a englobé le monde mais s’est transformé en s’imposant.
“Rome. La Cité et l’Empire” : beau comme de l’antique !
Article 2 min
“George Dandin ou le Mari confondu” : Dandin de la farce
Cédric Enjalbert 31 mai 2022
Michel Fau célèbre les 400 ans de la naissance de Molière en livrant sa vision baroque et mordante du classique George Dandin. À voir en tournée !
“George Dandin ou le Mari confondu” : Dandin de la farce
Article 2 min
“Mon amour” : à cœurs ouverts
Cédric Enjalbert 02 juin 2022
Avec le film Mon amour, le cinéaste David Teboul se confronte à la mort de son compagnon en partant en Sibérie interroger des hommes et des âges de tous âges pour savoir ce que signifier « aimer ». Une quête personnelle et bouleversante.
“Mon amour” : à cœurs ouverts
OH ! LA BELLE VIE !
Article 3 min
Conseil n° 19. Prenons le large
François Morel 02 juin 2022
Comme on voulait refaire la cuisine, on est allé au magasin de bricolage. On a hésité entre plusieurs sortes de pinceaux. Il y en avait de toutes les tailles, de tous les formats, de toutes les épaisseurs. On hésitait. Finalement, ma femme a dit : « Prenons le large ! » Et je..
Conseil n° 19. Prenons le large
JEU
Article 1 min
Philo croisés #81
Gaëtan Goron 25 mai 2022
Horizontalement I. Après l’Apocalypse chez Bronner. II. On retrouve cette drogue chez Marx, entre religion et peuple. Pour Sophie Galabru, le dire, c’est protéger son intégrité et ses valeurs. III. Il travaille en robe. Coulepar l’avant. IV. On y trouve le bonheur au cinéma. ..
philocroisés #65
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Arnaud Desplechin. Étoile filmante
Jean-Marie Durand 01 juin 2022
Dans Frère et sœur, le cinéaste élargit le répertoire familial et intimiste exploré dans ses précédents films mais aussi au théâtre. Centré sur la relation conflictuelle non soldée entre une sœur et son
(Philomag)Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600016561 $Périodique Revues Disponible N°34 - Mars - Avril - Mai 2014 - L'art de penser (Bulletin de Les Grands Dossiers des Sciences Humaines)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Les Grands Dossiers des Sciences Humaines / Jean-François Dortier
Titre : N°34 - Mars - Avril - Mai 2014 - L'art de penser : 15 philosophes au banc d'essai Type de document : texte imprimé Année de publication : 2014 Importance : 78 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Prix : 8.30 € Langues : Français (fre) Catégories : 4 Sciences sociales et humaines Tags : philosophie:Socrate Platon Aristote Descartes Montaigne Hume Kant Hegel Husserl Heidegger Wittgenstein Popper Bachelard Derrida Deleuze Index. décimale : 300 Sciences sociales [n° ou bulletin]
est un bulletin de Les Grands Dossiers des Sciences Humaines / Jean-François Dortier
N°34 - Mars - Avril - Mai 2014 - L'art de penser : 15 philosophes au banc d'essai [texte imprimé] . - 2014 . - 78 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
8.30 €
Langues : Français (fre)
Catégories : 4 Sciences sociales et humaines Tags : philosophie:Socrate Platon Aristote Descartes Montaigne Hume Kant Hegel Husserl Heidegger Wittgenstein Popper Bachelard Derrida Deleuze Index. décimale : 300 Sciences sociales Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600004581 $Périodique Revues Exclu du prêt Les grandes psychologies modernes / J. Château (1977)
Titre : Les grandes psychologies modernes : Du temps des Philosophes au temps des Scientifiques Type de document : texte imprimé Auteurs : J. Château, Auteur ; H. Gratiot-Alphandéry, Auteur ; R. Doron, Auteur ; P. Cazayus, Auteur Editeur : Bruxelles [Belgique] : Pierre Mardaga Année de publication : 1977 Collection : Psychologie et sciences humaines Importance : 406 p. Format : 19 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-87009-081-7 Langues : Français (fre) Catégories : 4.10 Psychologie Tags : psychologie Montaigne Descartes Locke Berkelet Hume Génétisme Rousseau Helvétius Kant Maine de Biran psychologie scientifique Freud Alain Wallon Index. décimale : 159.9 Psychologie Les grandes psychologies modernes : Du temps des Philosophes au temps des Scientifiques [texte imprimé] / J. Château, Auteur ; H. Gratiot-Alphandéry, Auteur ; R. Doron, Auteur ; P. Cazayus, Auteur . - Pierre Mardaga, 1977 . - 406 p. ; 19 cm. - (Psychologie et sciences humaines) .
ISBN : 978-2-87009-081-7
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Catégories : 4.10 Psychologie Tags : psychologie Montaigne Descartes Locke Berkelet Hume Génétisme Rousseau Helvétius Kant Maine de Biran psychologie scientifique Freud Alain Wallon Index. décimale : 159.9 Psychologie Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600000317 !Livre Psychologie Disponible Bizarre, bizarre le corps humain / Anne Lefèvre-Balleydier in Science & vie Junior, N°291 (Décembre 2013)
[article]
in Science & vie Junior > N°291 (Décembre 2013) . - 28-37
Titre : Bizarre, bizarre le corps humain Type de document : texte imprimé Auteurs : Anne Lefèvre-Balleydier, Auteur Année de publication : 2013 Article en page(s) : 28-37 Langues : Français (fre) Catégories : 2 Sciences Tags : corps humain anatomie Index. décimale : 500 Sciences exactes [article] Bizarre, bizarre le corps humain [texte imprimé] / Anne Lefèvre-Balleydier, Auteur . - 2013 . - 28-37.
Langues : Français (fre)
in Science & vie Junior > N°291 (Décembre 2013) . - 28-37
Catégories : 2 Sciences Tags : corps humain anatomie Index. décimale : 500 Sciences exactes Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600003809 $Périodique Revues Exclu du prêt La comédie humaine. Balzac / Pierre-Louis Rey (1979)
Titre : La comédie humaine. Balzac : Analyse critique Type de document : texte imprimé Auteurs : Pierre-Louis Rey (1938-....), Auteur Editeur : Paris [France] : Hatier Année de publication : 1979 Collection : Profil d'une oeuvre num. 64 Importance : 78 p. Format : 18 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-218-04589-9 Langues : Français (fre) Catégories : Analyse littéraire
Littérature françaiseTags : La comédie humaine (analyse littéraire) Honoré de Balzac (analyse littéraire) Index. décimale : 821.133.1 Littérature française. Littérature de langue française La comédie humaine. Balzac : Analyse critique [texte imprimé] / Pierre-Louis Rey (1938-....), Auteur . - Hatier, 1979 . - 78 p. ; 18 cm. - (Profil d'une oeuvre; 64) .
ISBN : 978-2-218-04589-9
Langues : Français (fre)
Catégories : Analyse littéraire
Littérature françaiseTags : La comédie humaine (analyse littéraire) Honoré de Balzac (analyse littéraire) Index. décimale : 821.133.1 Littérature française. Littérature de langue française Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600012637 Récit (roman, théâtre, biographie...) Littérature (romans, pièces de théâtre, récits de vie...) Disponible Comment travailler l'humain en équipe ? / Clémence Perrin (2016)
Titre : Comment travailler l'humain en équipe ? : Parcours d'une éducatrice spécialisée en milieux psychiatriques Type de document : texte imprimé Auteurs : Clémence Perrin, Auteur ; François Gillet, Directeur de thèse Editeur : Uccle [Belgique] : Haute Ecole de Bruxelles Année de publication : 2016 Collection : Defré Sous-collection : Educateur spécialisé en accompagnement psycho-éducatif Importance : 54 p. Format : 30 cm Catégories : Éducateur spécialisé Tags : humain milieux psychiatriques Index. décimale : EE Educateur spécialisé Comment travailler l'humain en équipe ? : Parcours d'une éducatrice spécialisée en milieux psychiatriques [texte imprimé] / Clémence Perrin, Auteur ; François Gillet, Directeur de thèse . - Haute Ecole de Bruxelles, 2016 . - 54 p. ; 30 cm. - (Defré. Educateur spécialisé en accompagnement psycho-éducatif) .
Catégories : Éducateur spécialisé Tags : humain milieux psychiatriques Index. décimale : EE Educateur spécialisé Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité T001312 TFE TFE Exclu du prêt Compétences et identité professionnelles / Jacqueline Beckers (2007)
Titre : Compétences et identité professionnelles : l'enseignement et autres métiers de l'interaction humaine Type de document : texte imprimé Auteurs : Jacqueline Beckers, Auteur Editeur : Bruxelles [Belgique] : De Boeck Université Année de publication : 2007 Importance : 356 p. Format : 24 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-8041-5520-9 Langues : Français (fre) Catégories : Pédagogie Tags : compétence identité professionnelle pédagogie interaction humaine Index. décimale : 371.3 Méthodes et procédures d'enseignement Résumé : Cet ouvrage a pour objet le développement, en formation initiale, des compétences et de l'identité professionnelle des enseignants et autres travailleurs de l'humain.
L'ouvrage s'adresse aux formateurs, en priorité ceux qui préparent au métier d'enseignants mais aussi à d'autres métiers largement fondés sur l'interaction avec autrui. Il expose, en les illustrant, les enjeux et les fondements théoriques du développement des compétences et de l'identité professionnelles mais également les composantes méthodologiques du travail des formateurs : d'une part, l'aménagement de dispositifs qui favorisent tant l'acquisition de ressources que leur intégration au service de tâches professionnelles, d'autre part les modalités d'un accompagnement des novices dans leurs premières expériences de travail, accompagnement favorable à la construction d'une professionnalité responsable.
Si les lieux de travail contribuent certes au développement des compétences et de l'identité professionnelle, la contextualisation qui les caractérise et leur visée essentiellement productive constituent une limite. Par contre, la formation initiale prépare à un champ professionnel et non à un contexte spécifique, sa visée prioritaire est la construction du sujet : son apprentissage et son développement. Elle joue donc un rôle essentiel dans l'amorce d'une construction professionnelle qui favoriserait son développement ultérieur ainsi que l'exercice d'une citoyenneté critique. Elle jouera d'autant mieux ce rôle qu'elle favorisera les rencontres entre les savoirs construits par l'expérience et ceux qui s'élaborent sur la base des concepts et théories de référence et qu'elle multipliera les occasions de mobiliser les acquis dans des situations diverses dont la validité écologique et sociale est grande.
Une didactique professionnelle puise ces situations dans l'exercice du métier et l'activité des travailleurs, particulièrement les débutants ; elle invite à la réflexion sur le travail et la manière de le faire évoluer en accord avec ses objectifs prioritaires. C'est à ce cheminement que convie l'ouvrage. (De Boeck)
Compétences et identité professionnelles : l'enseignement et autres métiers de l'interaction humaine [texte imprimé] / Jacqueline Beckers, Auteur . - Bruxelles (Belgique) : De Boeck Université, 2007 . - 356 p. ; 24 cm.
ISBN : 978-2-8041-5520-9
Langues : Français (fre)
Catégories : Pédagogie Tags : compétence identité professionnelle pédagogie interaction humaine Index. décimale : 371.3 Méthodes et procédures d'enseignement Résumé : Cet ouvrage a pour objet le développement, en formation initiale, des compétences et de l'identité professionnelle des enseignants et autres travailleurs de l'humain.
L'ouvrage s'adresse aux formateurs, en priorité ceux qui préparent au métier d'enseignants mais aussi à d'autres métiers largement fondés sur l'interaction avec autrui. Il expose, en les illustrant, les enjeux et les fondements théoriques du développement des compétences et de l'identité professionnelles mais également les composantes méthodologiques du travail des formateurs : d'une part, l'aménagement de dispositifs qui favorisent tant l'acquisition de ressources que leur intégration au service de tâches professionnelles, d'autre part les modalités d'un accompagnement des novices dans leurs premières expériences de travail, accompagnement favorable à la construction d'une professionnalité responsable.
Si les lieux de travail contribuent certes au développement des compétences et de l'identité professionnelle, la contextualisation qui les caractérise et leur visée essentiellement productive constituent une limite. Par contre, la formation initiale prépare à un champ professionnel et non à un contexte spécifique, sa visée prioritaire est la construction du sujet : son apprentissage et son développement. Elle joue donc un rôle essentiel dans l'amorce d'une construction professionnelle qui favoriserait son développement ultérieur ainsi que l'exercice d'une citoyenneté critique. Elle jouera d'autant mieux ce rôle qu'elle favorisera les rencontres entre les savoirs construits par l'expérience et ceux qui s'élaborent sur la base des concepts et théories de référence et qu'elle multipliera les occasions de mobiliser les acquis dans des situations diverses dont la validité écologique et sociale est grande.
Une didactique professionnelle puise ces situations dans l'exercice du métier et l'activité des travailleurs, particulièrement les débutants ; elle invite à la réflexion sur le travail et la manière de le faire évoluer en accord avec ses objectifs prioritaires. C'est à ce cheminement que convie l'ouvrage. (De Boeck)
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600008657 !Livre Pédagogie Disponible La condition humaine. Malraux / Henri Dumazeau (1970)
Titre : La condition humaine. Malraux : Analyse critique Type de document : texte imprimé Auteurs : Henri Dumazeau, Auteur Editeur : Paris [France] : Hatier Année de publication : 1970 Collection : Profil d'une oeuvre num. 12 Importance : 95 p. Format : 18 cm Langues : Français (fre) Catégories : Analyse littéraire
Littérature françaiseTags : La condition humaine (analyse littéraire) André Malraux (analyse littéraire) Index. décimale : 821.133.1 Littérature française. Littérature de langue française La condition humaine. Malraux : Analyse critique [texte imprimé] / Henri Dumazeau, Auteur . - Hatier, 1970 . - 95 p. ; 18 cm. - (Profil d'une oeuvre; 12) .
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Catégories : Analyse littéraire
Littérature françaiseTags : La condition humaine (analyse littéraire) André Malraux (analyse littéraire) Index. décimale : 821.133.1 Littérature française. Littérature de langue française Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600014967 Récit (roman, théâtre, biographie...) Littérature (romans, pièces de théâtre, récits de vie...) Disponible