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239 résultat(s) recherche sur le tag 'sexe'
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Sexes et manuels (2012)
Titre : Sexes et manuels : promouvoir l'égalité dans les manuels scolaires Type de document : texte imprimé Editeur : Bruxelles [Belgique] : Fédération Wallonie-Bruxelles Année de publication : 2012 Importance : 112 p. Présentation : ill. en coul. Format : 28 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-960125-10-8 Langues : Français (fre) Catégories : Discrimination fondée sur le sexe
Égalité des chances
Manuel scolaireTags : manuel scolaire égalité des sexes enseignement primaire Index. décimale : 372 Enseignement élémentaire Sexes et manuels : promouvoir l'égalité dans les manuels scolaires [texte imprimé] . - Bruxelles (Boulevard Léopold II, 44, 1080, Belgique) : Fédération Wallonie-Bruxelles, 2012 . - 112 p. : ill. en coul. ; 28 cm.
ISBN : 978-2-960125-10-8
Langues : Français (fre)
Catégories : Discrimination fondée sur le sexe
Égalité des chances
Manuel scolaireTags : manuel scolaire égalité des sexes enseignement primaire Index. décimale : 372 Enseignement élémentaire Réservation
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Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600002764 !Manuel scolaire Psychologie Disponible 1600002765 !Manuel scolaire Psychologie Disponible N°45 - 2015/2 - Sexe et tabou (Bulletin de Cahiers de psychologie clinique)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Cahiers de psychologie clinique / Alex Lefèbvre (1994-....)
Titre : N°45 - 2015/2 - Sexe et tabou Type de document : texte imprimé Année de publication : 2015 Importance : 250 p. Format : 24 cm Langues : Français (fre) Catégories : Psychologie clinique Tags : genre sexe sexualité identité(sexuée) gender theory masculinité homosexualité parentalité transgression prudence sang transgression frigidité identité de genre castration altérité impossible du réel mariage pour tous psychanalyse homophobie perversion égalité violence(sexuelle) travail du féminin subjectivation adolescence tabou malaise(civilisation) baisse de désir sexuel homéostasie émotions dialogue couple viol génocide Rwanda, groupe(parole) postmoderne latence repères identitaires détresse double agirs codes symboliques Index. décimale : 159.9 Psychologie Note de contenu : Éditorial - Alex Lefebvre
Le genre, le sexe
"Du sexe, de l’identité et autres transgressions du genre" - Stefano Monzani
"Le sexe féminin : entre tabou et interdit" - Jacqueline Schaeffer
"Le genre à deux voix" - Aurore Mairy et Martine Goffin
Sexe, tabou et société
"Les normes sexuelles, la psychanalyse et le « mariage pour tous »" - Vincent Bourseul
"Peut-on encore penser la différence des sexes dans les couples et les familles aujourd’hui ?" - Isabelle Duret
"La violence sexuelle, tabou du féminin ?" - Constance Giuily et François Marty
"Le baromètre émotionnel du désir sexuel" - Alexandra de Troz
"Génocide des Tutsis au Rwanda : quand le viol des femmes est utilise pour annihiler l’origine même de la vie et de la pensée" - Patrick Rwagatare et Jean-Luc Brackelaire
Latence, adolescence
"L’enfant de la latence et le néolibéralisme" - Philippe Bettenfeld
"Sexualité et sensori-motricité durant la période de latence" - Julie Cohen-Salmon
"Les violences sexuelles à l’adolescence et l’épreuve du corps-a-corps : l’illusion d’une sexualité sans tabou ?" - Pascal Roman
Notes de lecture
"Si non è vero…" À propos du livre Ceci est une illusion de Frédéric de Rivoyre - Daniel Weiss
"Perspectives sur L’énigme de la pulsion de mort" Note de lecture pour discussion du livre de M. Lauret - Brigitte Dollé-Monglond
Thème en préparation
Argument numéro 48 soigner, guérir[n° ou bulletin]
est un bulletin de Cahiers de psychologie clinique / Alex Lefèbvre (1994-....)
N°45 - 2015/2 - Sexe et tabou [texte imprimé] . - 2015 . - 250 p. ; 24 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Psychologie clinique Tags : genre sexe sexualité identité(sexuée) gender theory masculinité homosexualité parentalité transgression prudence sang transgression frigidité identité de genre castration altérité impossible du réel mariage pour tous psychanalyse homophobie perversion égalité violence(sexuelle) travail du féminin subjectivation adolescence tabou malaise(civilisation) baisse de désir sexuel homéostasie émotions dialogue couple viol génocide Rwanda, groupe(parole) postmoderne latence repères identitaires détresse double agirs codes symboliques Index. décimale : 159.9 Psychologie Note de contenu : Éditorial - Alex Lefebvre
Le genre, le sexe
"Du sexe, de l’identité et autres transgressions du genre" - Stefano Monzani
"Le sexe féminin : entre tabou et interdit" - Jacqueline Schaeffer
"Le genre à deux voix" - Aurore Mairy et Martine Goffin
Sexe, tabou et société
"Les normes sexuelles, la psychanalyse et le « mariage pour tous »" - Vincent Bourseul
"Peut-on encore penser la différence des sexes dans les couples et les familles aujourd’hui ?" - Isabelle Duret
"La violence sexuelle, tabou du féminin ?" - Constance Giuily et François Marty
"Le baromètre émotionnel du désir sexuel" - Alexandra de Troz
"Génocide des Tutsis au Rwanda : quand le viol des femmes est utilise pour annihiler l’origine même de la vie et de la pensée" - Patrick Rwagatare et Jean-Luc Brackelaire
Latence, adolescence
"L’enfant de la latence et le néolibéralisme" - Philippe Bettenfeld
"Sexualité et sensori-motricité durant la période de latence" - Julie Cohen-Salmon
"Les violences sexuelles à l’adolescence et l’épreuve du corps-a-corps : l’illusion d’une sexualité sans tabou ?" - Pascal Roman
Notes de lecture
"Si non è vero…" À propos du livre Ceci est une illusion de Frédéric de Rivoyre - Daniel Weiss
"Perspectives sur L’énigme de la pulsion de mort" Note de lecture pour discussion du livre de M. Lauret - Brigitte Dollé-Monglond
Thème en préparation
Argument numéro 48 soigner, guérirExemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600009082 $Périodique Revues Exclu du prêt Handicap, identité sexuée et vie sexuelle / Albert Ciccone (2015)
Titre : Handicap, identité sexuée et vie sexuelle Type de document : texte imprimé Auteurs : Albert Ciccone, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Sylvain Missonnier, Auteur ; Roger Salbreux, Auteur ; Régine Scelles, Auteur ; Simone Korff-Sausse, Auteur Editeur : Ramonville-Sainte-Agne [France] : Érès Année de publication : 2015 Collection : Connaissances de la diversité Importance : 270 p. Format : 24 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-7492-1264-7 Prix : 25 EUR Langues : Français (fre) Catégories : Handicap
Identité
Psychologie
SexualitéTags : identité(handicap) vie sexuelle Index. décimale : 159.9 Psychologie Résumé : Cet ouvrage rend compte du 4e séminaire interuniversitaire sur la clinique du handicap, où se retrouvent annuellement, de plus en plus nombreux, chercheurs et professionnels désireux de confronter leurs expériences relatives au handicap. Autour de la thématique de l'identité sexuelle dans les contextes de handicap seront abordées dans ce nouveau volume les questions relatives à la construction identitaire, à la place de la sexualité, à la parentalité. (Decitre) Note de contenu : HANDICAP ET CONSTRUCTION DE L'IDENTITE SEXUEE ET SEXUELLE
Identité sexuée et handicap
Filiation fautive, transmission dangereuse, procréation interdite ; l'identité sexuée de la personne handicapée : une pièce en trois actes
La connaissance précoce du handicap rend-elle le foetus asexué ?
REGARDS DU SOCIAL
Handicap, de l'assignation du sexe au sexe publicitaire
Handicap et sexualité : pour une éthique de l'accompagnement
Handicap, genre et rapport des sexes : regards historiques
CLINIQUES SINGULIERES
La question de l'identité sexuelle chez le conjoint du sujet handicapé
Construire son identité sexuée pour intégrer son handicap
Le "corps monstrueux" de l'obèse : impasse et symbolisation du féminin traumatique
(Decitre)Handicap, identité sexuée et vie sexuelle [texte imprimé] / Albert Ciccone, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Sylvain Missonnier, Auteur ; Roger Salbreux, Auteur ; Régine Scelles, Auteur ; Simone Korff-Sausse, Auteur . - Érès, 2015 . - 270 p. ; 24 cm. - (Connaissances de la diversité) .
ISBN : 978-2-7492-1264-7 : 25 EUR
Langues : Français (fre)
Catégories : Handicap
Identité
Psychologie
SexualitéTags : identité(handicap) vie sexuelle Index. décimale : 159.9 Psychologie Résumé : Cet ouvrage rend compte du 4e séminaire interuniversitaire sur la clinique du handicap, où se retrouvent annuellement, de plus en plus nombreux, chercheurs et professionnels désireux de confronter leurs expériences relatives au handicap. Autour de la thématique de l'identité sexuelle dans les contextes de handicap seront abordées dans ce nouveau volume les questions relatives à la construction identitaire, à la place de la sexualité, à la parentalité. (Decitre) Note de contenu : HANDICAP ET CONSTRUCTION DE L'IDENTITE SEXUEE ET SEXUELLE
Identité sexuée et handicap
Filiation fautive, transmission dangereuse, procréation interdite ; l'identité sexuée de la personne handicapée : une pièce en trois actes
La connaissance précoce du handicap rend-elle le foetus asexué ?
REGARDS DU SOCIAL
Handicap, de l'assignation du sexe au sexe publicitaire
Handicap et sexualité : pour une éthique de l'accompagnement
Handicap, genre et rapport des sexes : regards historiques
CLINIQUES SINGULIERES
La question de l'identité sexuelle chez le conjoint du sujet handicapé
Construire son identité sexuée pour intégrer son handicap
Le "corps monstrueux" de l'obèse : impasse et symbolisation du féminin traumatique
(Decitre)Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600012748 !Livre Psychologie Sorti jusqu'au 22/11/2023 N°155 - Décembre 2021-Janvier 2022 - A quoi voit-on qu'on a vieilli ? (Bulletin de Philosophie Magazine)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
Titre : N°155 - Décembre 2021-Janvier 2022 - A quoi voit-on qu'on a vieilli ? Type de document : texte imprimé Année de publication : 2021 Importance : 98 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Langues : Français (fre) Catégories : Philosophie Tags : vieillissement trans identité sexuelle Jürgen Habermas Nietzsche Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Nous vivons en moyenne davantage d’années mais aussi plus longtemps en bonne santé que nos aînés. De nombreux retraités se sentent durablement en forme. Quant aux jeunes, ils ont souvent des préoccupations graves, comme le réchauffement climatique. L’opposition entre l’insouciance de la jeunesse et la sagesse venant avec l’âge n’a donc plus vraiment cours. Mais alors, à quoi sent-on qu’on a pris un coup de vieux ?
Pour le découvrir, rendez-vous chez votre marchand de journaux ! Et si vous voulez nous retrouver chaque mois et avoir accès à tous nos articles, vous pouvez opter pour l’une de nos trois formules d’abonnement.
(Philomag)Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Un tombeau au cœur de l’été
Alexandre Lacroix 02 décembre 2021
J’ai emménagé seul l’été après le bac, juste avant mes 18 ans. C’était la première fois que je me trouvais en autonomie complète. En plein mois d’août, Paris était désert, et j’avais des démarches nouvelles à accomplir, qui me paraissaient exotiques, comme me rendre da..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Où trouver la force ?”
Charles Pépin 02 décembre 2021
Question de Cerise Sauvage
“Où trouver la force ?”
REPÉRAGES
Article 2 min
Protection partagée
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
C’est une première mondiale : le gynécologue malaisien John Tang Ing Chinh a mis au point le premier préservatif unisexe, baptisé Wondaleaf Unisex Condom. Son principe ? L’une des faces est recouverte d’un adhésif et peut être tournée, au choix, vers l’intérieur (pour se fixer au..
Protection partagée
Article 1 min
“Fragilité”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
“On voit distinctement, quand on jette l’œil par le hublot de la Station spatiale, la fragilité de la Terre” Thomas Pesquet, lors d’une conversation avec Emmanuel Macron le jeudi 4 novembre. “La fragilité d’un système est une autre manière de souligner ..
Article 1 min
“Nativisme”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Raciste, xénophobe, identitaire : comment qualifier la droite extrême contemporaine ? Aucun de ces termes n’est faux, mais il faut leur en adjoindre un autre pour comprendre comment ce discours qui oppose des Français « de souche » et d’autres « de papier » a conta..
“Nativisme”
Article 1 min
“420”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
C’est le nombre de prisonniers politiques qui croupiraient dans les geôles russes, selon le dernier rapport du Memorial Human Rights Centre – contre 362 l’an dernier. Vladimir Poutine accentue la répression au point d’atteindre des chiffres comparables à l’époque soviétique. Dér..
Article 2 min
Plantatiocène : une nouvelle ère agricole
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Valeur de la production agricole mondiale en 2019 + 73 % depuis 2000 3,5 trillions de dollars 9,4 milliards de tonnes + 44 % de production de viande depuis 2000 En 2020, en termes de nutrition 770 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde + 18&nb..
PERSPECTIVES
Article 3 min
La Biélorussie et les migrants : une poudrière pour l’Europe ?
Nicolas Gastineau 02 décembre 2021
Depuis début novembre, des migrants sont pris en étau à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Instrumentalisés par le pouvoir biélorusse, ils sont au cœur d’un conflit géopolitique.
La Biélorussie et les migrants : une poudrière pour l’Europe ?
Article 3 min
Valeur travail ou travail valorisant ?
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
La « valeur travail » s’est imposée dans l’espace public et les débats politiques comme un nouvel enjeu idéologique. Auquel s’opposerait le « travail bien fait » ? Analyse avec le psychanalyste de la souffrance au travail Christophe Dejours.
Valeur travail ou travail valorisant ?
Article 3 min
Vincent Mignerot : “Le nucléaire n’a jamais remplacé le pétrole, il s’y ajoute”
Alexandre Lacroix 02 décembre 2021
À l’heure où Rolls-Royce se prépare à construire des mini-centrales moins coûteuses et où le président Emmanuel Macron annonce l’arrivée de nouveaux réacteurs en France, le chercheur Vincent Mignerot explique pourquoi le nucléaire n’est pas une solution au réchauffement climatique.
Vincent Mignerot : “Le nucléaire n’a jamais remplacé le pétrole, il s’y ajoute”
Article 2 min
Bactéries, l’avenir du médicament ?
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Soigner avec des bactéries ? L’idée est un peu folle mais est en train d’être expérimentée par une équipe de chercheurs. C’est en tout cas une révolution dans la façon d’appréhender la santé et la guérison.
Bactéries, l’avenir du médicament ?
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 3 min
Philanthrope ma non troppo
Sven Ortoli 02 décembre 2021
Il existe 260 000 fondations philanthropiques à travers le monde. Les 3/4 d’entre elles ont été créées lors des 25 dernières années dans 38 pays. Philanthropiquement parlant, les États-Unis sont la nation la plus généreuse du monde : en 2019, 450 m..
Philanthrope ma non troppo
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Bleu de travail. Identités de classe
Tobie Nathan 02 décembre 2021
Ce vêtement ouvrier est désormais le summum du chic, arboré par les fashionistas comme par les bobos. Quand l’habit fait le social-traître, est-ce notre appartenance à un groupe social qui se prend une veste ?
Bleu de travail. Identités de classe
DÉBAT
Dialogue 14 min
Camille Froidevaux-Metterie/Claude Habib : trans clash
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
Le sujet divise et les avis sont tranchés, au-delà même des personnes concernées, notamment parmi les féministes : l’expérience des personnes trans invite à réfléchir au genre, à l’identité personnelle et à la différence entre les sexes. Camille Froidevaux-Metterie et Claude Habib, deux philosophes en tous points opposées, en débattent frontalement.
Clash sur la question trans : un débat entre Camille Froidevaux-Metterie et Claude Habib
LE MÉTIER DE VIVRE
Article 8 min
Dmitry Glukhovsky. L’incarné du sous-sol
02 décembre 2021
Auteur notamment des romans Métro 2033, dystopie à succès déclinée en jeu vidéo, et Texto, qui vient d’être adapté au cinéma, cet écrivain est immensément populaire, notamment auprès de la jeunesse russe. Mais depuis qu’il a apporté son soutien à l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, il est dans le viseur du Kremlin. Rencontre.
Dmitry Glukhovsky. L’incarné du sous-sol
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Le pouvoir du dedans
Isabelle Sorente 02 décembre 2021
Pour faire face à la crise climatique, les nobles déclarations ne suffisent pas. Pas plus que les actions coup de poing. Changer « l’ordre du monde » exige avant tout une transformation intérieure, spirituelle.
Le pouvoir du dedans
DOSSIER
5 articles
À quoi voit-on qu’on a vieilli ?
Publié le 01 décembre 2021
Nous vivons en moyenne davantage d’années mais aussi plus longtemps en bonne santé que nos aînés. De nombreux retraités se sentent durablement en forme. Quant aux jeunes, ils ont souvent des préoccupations graves, comme le réchauffement climatique. L’opposition entre l’insouciance de la jeunesse et la sagesse venant avec l’âge n’a donc plus vraiment cours. Mais alors, à quoi sent-on qu’on a pris un coup de vieux ? Pour le découvrir, rendez-vous chez votre marchand de journaux ! Et si vous voulez nous retrouver chaque mois et avoir accès à tous nos articles, vous pouvez opter pour l’une de nos trois formules d’abonnement. > Nous avons posé la question à quatre auteurs, jeunes et moins jeunes : Pascal Bruckner, Chloé Delaume, Simon Johannin et Susan Neiman. Ils parlent de rides, de cernes, de sortie du marché de la séduction mais aussi d’une disposition morale qui évolue, et nous disent qu’avec l’âge, le présent acquiert une saveur particulière. > Le philosophe Nicolas Tenaillon identifie quatre signes non physiques de l’âge : le fait de surestimer ses forces, de devenir fataliste, de penser plus souvent à la mort ou de se sentir déphasé. Une brillante méditation en compagnie des classiques ! > De la sobriété à la folle dépense, les philosophes de la tradition ont imaginé bien des stratégies différentes face au vieillissement, sur lesquelles nous offrons une vue panoramique. > La situation des jeunes générations est étrange : après avoir subi le confinement et suivi des enseignements à distance, ils se retrouvent, un an et demi plus tard, à la fois plus vieux et sans nouvelles expériences. Nous avons enquêté sur cette sortie de l’hibernation, en bénéficiant de l’éclairage de la philosophe Marilyn Maeso. > Il y a deux moments de l’existence où nous vivons la « résurgence du natal », où la question de notre être au monde se pose à nouveaux frais : l’adolescence et la « vieillonge », explique dans un entretien étonnant l’écrivain Pascal Quignard, qui poursuit depuis vingt ans une œuvre fleuve hantée par la naissance et la mort, Dernier Royaume.
À quoi voit-on qu’on a vieilli ?
Article 9 min
Le jour où j’ai pris un coup de vieux
Alexandre Lacroix 01 décembre 2021
Quatre écrivains, romanciers et philosophes, racontent le moment où leur jeunesse s’en est allée avec humour, sarcasme mais aussi sérénité… Le bénéfice de l’âge ?
Le jour où j’ai pris un coup de vieux
Article 10 min
Des signes qui ne trompent pas
Nicolas Tenaillon 01 décembre 2021
On se croit souvent plus jeune qu’on est, mais certaines manières d’être et de penser nous trahissent. Plus subtils que l’âge, ces indices ont été repérés par les philosophes classiques et nous aident à identifier l’effet du temps.
Des signes qui ne trompent pas
Article 5 min
Les stratégies philosophiques pour faire face au vieillissement
Alexandre Lacroix 01 décembre 2021
Certains cherchent la tranquillité du corps et de l’esprit, dans laquelle ils voient une sorte d’éternité accessible sur Terre, tandis que d’autres font le pari que la dépense d’énergie amène l’être humain à traverser l’épreuve du temps. Saurez-vous trouver votre voie ?
Les stratégies philosophiques pour faire face au vieillissement
Article 10 min
Une jeunesse volée ?
Catherine Portevin 01 décembre 2021
Cours annulés puis à distance, soirées chez soi ou au bar du coin disparues… Pendant la pandémie, les jeunes se sont retrouvés privés du goût des autres et du monde, alors qu’ils sont à l’âge de toutes les découvertes. Ont-ils vieilli à ne pas vivre ? Leur faut-il désormais se lancer éperdument à la recherche du temps perdu ? Enquête.
Une jeunesse volée ?
Entretien 15 min
Pascal Quignard : “Profiter de tous les instants du jour est très suffisant”
Cédric Enjalbert 01 décembre 2021
De la course du temps, de ce qui est perdu et de la corruption des êtres, Pascal Quignard a fait le matériau poétique d’une œuvre monumentale, toute dédiée à l’exploration de nos origines. Alors que sort en janvier son nouveau roman – L’Amour la mer (Gallimard) –, l’auteur a accepté de nous recevoir pour parler de l’expérience de la vieillesse.
Pascal Quignard : “Profiter de tous les instants du jour est très suffisant”
LE GRAND ENTRETIEN
Entretien 16 min
Jürgen Habermas : “La philosophie cesserait d’être elle-même si elle perdait des yeux ‘le tout’”
Lisa Friedrich 02 décembre 2021
C’est l’un des philosophes vivants les plus écoutés mais aussi l’un des plus difficiles à lire : à 92 ans, Jürgen Habermas s’est entretenu avec notre rédaction allemande de façon exceptionnellement accessible. Alors que vient de paraître le premier tome de son Histoire de la philosophie, il retrace le parcours d’une vie dédiée à un idéal démocratique et témoigne d’un projet philosophique aussi déterminé qu’ambitieux : sauver l’usage public de la raison.
Jürgen Habermas : “La philosophie cesserait d’être elle-même si elle perdait des yeux ‘le tout’”
L’AVENTURE D’UN CLASSIQUE
5 articles
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Publié le 02 décembre 2021
C’est l’un des ouvrages les plus singuliers de Friedrich Nietzsche. Écrit comme un long poème en prose, empruntant à la démesure des opéras de Wagner, cet évangile sans religion déstabilise son lecteur, l’exhortant à se dépasser, à ne pas avoir peur, c’est-à-dire à vivre, tout simplement.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Article 11 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Le livre de toutes les audaces
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
C’est l’un des ouvrages les plus singuliers de Friedrich Nietzsche. Écrit comme un long poème en prose, empruntant à la démesure des opéras de Wagner, cet évangile sans religion déstabilise son lecteur, l’exhortant à se dépasser, à ne pas avoir peur, c’est-à-dire à vivre, tout simplement.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Article 2 min
Zarathoustra et compagnie
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
Tout au long de son parcours initiatique, Zarathoustra croise une galerie d’animaux et de personnages. Ces figures, tantôt des métaphores, tantôt des faire-valoir, déroutent tout autant qu’elles fascinent.
Article 2 min
Un poète intranquille
02 décembre 2021
En parallèle de ses essais, Nietzsche compose de la musique et écrit des poèmes, souvent marqués par le romantisme, avec une métrique libre, une nature au diapason de l’humeur souvent tourmentée du poète et des images parfois énigmatiques. Avec l’enfant, la montagne et l’heure de midi, on retrouve ici des échos d’Ainsi parlait Zarathoustra.
Article 5 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. La morale, par-delà bien et mal
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
Avec Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche tente de mettre à bas l’universalité de la morale. Une lecture décapante que présente le spécialiste et traducteur du philosophe, Guillaume Métayer.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
Article 21 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
02 décembre 2021
Nous reproduisons des extraits d’Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche traduits par Henri Albert.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi s’offre-t-on des cadeaux ?
Antony Chanthanakone 02 décembre 2021
Que vous apportera le Père Noël cette année? Avec un peu d’avance, déballez vos paquets avec ces quatre philosophes, et voyez quelles sont leurs surprises.
Pourquoi s’offre-t-on des cadeaux ?
Article 1 min
Uitwaaien
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Langue d’origine : néerlandais
Article 2 min
Imagination
Arthur Hannoun 02 décembre 2021
Ces cinq penseurs n’en manquent pas !
LIVRES/SÉLECTION DE FÊTES
Livre
Catherine Meurisse
La Jeune Femme et la Mer
Publié le 01 décembre 2021
Au début du XXe siècle, les Japonais ont développé un genre littéraire à part : le Watakushi shō-setsu, soit, littéralement, le « roman du je ». Contrairement à l’autofiction à l’occidentale, ce genre ne relève ni du rituel de la confession des secrets, ni d’une démarche psychanalytique. Les règles du Watakushi shōsetsu sont assez singulières : l’auteur doit se présenter dans un milieu naturel, mêler la description des paysages qui l’entourent et celle de sa vie intérieure, et, surtout, il lui faut donner l’impression au lecteur de ne suivre aucun plan prémédité, de laisser surgir ses impressions de manière fluide et spontanée. La Jeune Femme et la Mer de notre collaboratrice Catherine Meurisse peut se lire comme un Watakushi shōsetsu en bande dessinée. Elle s’y décrit arrivant au Japon pour une résidence d’artiste à la Villa Kujoyama (l’équivalent de la Villa Médicis, à Kyōto). Amoureuse de la nature ayant grandi dans la campagne poitevine comme elle l’a raconté dans Les Grands Espaces (2018), elle est venue au Japon non pas pour les mégapoles mais pour parcourir les champs, les forêts, les rivages. Dans le récit va s’inviter de manière semi-fantastique le héros d’un grand classique de la littérature japonaise, Oreiller d’herbes (1906) de Natsume Sōseki. Dans ce roman, qui est aussi un traité d’esthétique assez antimoderne, ou en tout cas attaché à raviver la culture ancienne du Japon, Sōseki met en scène un peintre qui ne va pas donner un seul coup de pinceau, ni produire la moindre esquisse, parce qu’il recherche « l’état qui permet de peindre un tableau ». Cet état, il ne peut le trouver que par la méditation, en s’ouvrant au monde, en devenant lui-même le vent et l’arbre qui ploie dans le vent. Avant de peindre, il cherche donc l’extase, c’est-à-dire une dissolution du point de vue subjectif, qui seule amène au seuil de l’essence des choses, dont la tradition bouddhiste enseigne qu’elles sont à la fois impersonnelles et impermanentes. Mais comment approcher l’« évanescence des choses » ? Au fil de la bande dessinée s’instaure une sorte de rivalité mais aussi de dialogue entre le héros de Sōseki, qui parle de peinture sans peindre, et Catherine Meurisse, qui se représente sans cesse un pinceau à la main. Il y a des gags, mais la légèreté et la décontraction du propos ne sont qu’apparentes – en fait, cet album peut se lire comme une excellente introduction à l’esthétique japonaise du paysage, jamais pesante mais scrupuleusement référencée.
La Jeune Femme et la Mer
Livre
Roger-Pol Droit
Un voyage dans les philosophies du monde
Publié le 01 décembre 2021
D’emblée, Roger-Pol Droit brise le tabou : non seulement on pense ailleurs que depuis le berceau grec de la philosophie, mais il y a de la raison et de la réflexivité dans ces systèmes de pensée extra-européens que l’on préfère souvent appeler visions du monde, sagesses ou spiritualités. Son voyage sera donc bien philosophique, appuyé sur les concepts comme autant de chemins variés par lesquels les humains se situent dans le cosmos. Cette philosophie « ouverte » dépasse largement les frontières de la discipline. Le périple commence par l’infini en Inde, se poursuit en Chine par le non-agir – si différent de la passivité –, médite ensuite avec la pensée juive l’histoire comme processus inachevé – toujours à bâtir – et finit par l’idée d’unité de la vérité au cœur du monde arabo-musulman. Cependant, le voyage ne parvient pas jusqu’aux continents africain et américain : non pas que la philosophie y soit absente, mais le manque de traces écrites empêche la reconstitution de ces philosophies orales. Véritable guide pédagogique invalidant le mythe d’une philosophie « pure », l’ouvrage s’avère d’autant plus précieux à un moment où des auteurs comme le taoïste Tchouang-tseu ou Averroès, le penseur de l’islam des Lumières, figurent désormais au programme du baccalauréat.
Un voyage dans les philosophies du monde
Livre
François Cheng
Vide et Plein. Le langage pictural chinois
Publié le 01 décembre 2021
Cet immense livre est un souffle porté par un trait de pinceau qui révèle le mystère de la Création. François Cheng a 50 ans lorsqu’il écrit son premier livre en français sur la peinture chinoise. Il n’est pas encore le poète académicien qu’il va devenir, mais toute son inspiration est déjà là. Paru en 1979 et dédié à Jacques Lacan, l’ouvrage, plusieurs fois republié en poche depuis, trouve ici la forme pleine et illustrée qu’à 92 ans, se trouvant lui-même « au bord du Grand Vide », le poète philosophe a soigneusement revue. Vide et Plein est pour lui le livre primordial où figure « l’essentiel de ce qu’[il] avai[t] à dire ». Il est aussi primordial pour nous, lecteurs, en restant ce qu’on a écrit de plus complet et profond sur cette « philosophie en action » qu’est le langage pictural chinois. Celui-ci est hanté par l’idée du Vide, un Rien dont tout provient et qui est animé par les souffles vitaux : le Yin, le Yang et le « Vide médian » qui transcende leur opposition. Cet « entre » est la respiration du vivant. Pour dessiner un tronc d’arbre par exemple, l’Occidental tracera une verticale de haut en bas, car « il capte une existence déjà donnée », tandis que le Chinois pose le trait de bas en haut pour « appréhender l’arbre dans sa vitalité interne », continuant à pousser depuis ses racines. Par les noms du trait de pinceau – « tête de rat », « queue de serpent », « à la petite hache » … –, par les pôles de la nature – Obscur-Clair, Montagne-Eau, Homme-Ciel… –, François Cheng nous ouvre l’Univers.
Vide et Plein. Le langage pictural chinois
Livre
Camille de Toledo (dir.)
Le Fleuve qui voulait écrire. Les auditions du parlement de Loire
Publié le 01 décembre 2021
De quels moyens disposons-nous pour agir face à la crise écologique ? Nous pouvons certes espérer une prise de conscience de la part des citoyens, nous en remettre aux chefs d’État ou compter sur la bonne volonté du marché. Mais ce livre explore une autre piste : le droit – en l’occurrence, la reconnaissance du statut juridique d’entités naturelles comme, par exemple, la Loire. Et pourquoi pas, puisqu’on en a bien accordé un aux entreprises, en leur permettant ainsi de mieux faire valoir leurs intérêts ? L’idée peut sembler révolutionnaire, mais elle n’est pas inédite à l’échelle du monde. En effet, depuis une dizaine d’années, plusieurs pays considèrent déjà des milieux naturels comme d’authentiques sujets de droit. Ce qui l’est davantage, c’est la voie empruntée pour parvenir à définir les contours de cette nouvelle organisation du droit et de notre vie en commun : réunir une assemblée constituante, un « parlement » rassemblant des philosophes comme Bruno Latour mais aussi des universitaires comme Frédérique Aït-Touati, des juristes, des géographes, etc. Ce sont leurs échanges, mis en récit par Camille de Toledo, qu’on trouvera retranscrits dans ce riche cahier de terrain qui transcende les disciplines comme les idées reçues.
Le Fleuve qui voulait écrire. Les auditions du parlement de Loire
Livre
J.R.R. Tolkien (illus. Ted Naismith, édition de Christopher Tolkien)
Le Silmarillion
Publié le 01 décembre 2021
Le succès du Seigneur des anneaux tient en grande partie, disait Tolkien, l’auteur de la saga, au sentiment que l’intrigue est soutenue par un monde beaucoup plus vaste que le nôtre : il est doté de sa propre cosmologie et de sa géographie imaginaire, héritier d’une histoire fictive de plusieurs siècles qui se racontent dans une pluralité de langues inventées – Tolkien était philologue de profession. Le Silmarillion, qui paraît dans une nouvelle traduction, permet de mesurer l’ampleur de cet arrière-plan mythique, retravaillé des décennies durant. Tout commence par la Musique : Eru, le dieu unique, convie les esprits angéliques à chanter. Le monde apparaît ensuite comme une Vision, à laquelle le Créateur conférera l’être (Tolkien est un catholique fervent, si l’on en doutait). Mais Morgoth se rebelle. Jaloux du pouvoir démiurgique qu’il ne possède pas, l’ange noir veut « être le Seigneur et Dieu de sa création personnelle ». Son indocilité se mue en un désir illimité de posséder le pouvoir pour refaçonner la réalité à sa guise. Tout Le Simarillion raconte la lutte contre ce « désir de la pure Domination », de la « déformation tyrannique ». Lutte désespérée s’il en est : d’une bataille à l’autre, le sang coule, les corps s’amoncellent, la dévastation se propage, entrecoupée seulement de rares moments de joie. Le mal est trop fort. C’est la tragédie des Elfes – « immortels tant que dure le monde » et condamnés par la réincarnation à « ne jamais l’abandonner même quand ils sont massacrés » – que d’endurer jusqu’au bout cette lente défaite. Viendront ensuite les « Successeurs », les Hommes, terrifiés par ce « Don » même que les Elfes leur envient : la mortalité, qui les « affranchit des cercles du monde ». Au-delà du récit, magnifique, la puissance du Silmarillion tient pour beaucoup à ce dialogue souterrain de la mortalité et de l’immortalité.
Le Silmarillion
Livre
Fredric Jameson
Archéologies du futur
Publié le 01 décembre 2021
À quoi servent les utopies ? Marx les accusait d’égarer l’énergie révolutionnaire. Pour les réformistes, elles détournent du cours inéluctable du progrès. Selon le critique littéraire et spécialiste du marxisme Fredric Jameson, leur rôle est d’une autre nature. Dans cette réédition des Archéologies du futur, son grand livre paru en 2005 – ici publié en compagnie de Penser avec la science-fiction dans une traduction révisée –, les utopies sont mises en résonance les unes avec les autres, depuis Thomas More au XVIe siècle jusqu’aux auteurs de science-fiction du XXe siècle. Chacune porte en elle une préoccupation essentielle, un centre de gravité : pour Charles Fourier, c’est le désir, pour Saint-Simon l’administration, pour Edward Bellamy la méritocratie, pour William Morris la fin du travail aliéné… Chaque utopie tente de répondre à une souffrance majeure, béante, spécifique à son époque. Contrairement à la foi dans le progrès, elle ne vise pas à une amélioration progressive mais à une solution radicale. Que reste-t-il des utopies dans les années 2000 demande Fredric Jameson ? Sont-elles encore pensables et désirables ? D’après lui, l’idée de totalité sociale a disparu et avec elle le projet utopiste. Est-ce une perte irrémédiable ? Non, répond-il, car ce qui compte, ce n’est pas tant que l’utopie soit réalisable mais qu’elle soit capable d’irradier la réalité. Elle agit comme une force d’attraction, un horizon plutôt qu’un levier. Dès lors, sa dimension imaginaire devient décisive. Là réside le sens de l’autre partie du volume, Penser avec la science-fiction. Désormais, la force de l’utopie n’est plus dans un système global mais, au contraire, dans une pluralité d’enclaves où s’abolissent les frustrations et où le rationnel et l’onirique se mêlent. Ces archipels prospèrent du côté de la science-fiction technologique mais aussi au sein de la « fantasy » et de ses chimères. Comme le pensait déjà Ernst Bloch, l’utopie s’incarne dans les détails du quotidien, dans des émotions à peine formulées, des rêveries tenaces. Elle est avant tout du domaine de l’attente. Philippe Garnier
Archéologies du futur
Livre
Claude Ponti
Blaise, Isée et le Tue-Planète
Publié le 01 décembre 2021
Il n’est certainement pas évident de parler de réchauffement climatique ou d’écologie aux enfants sans les endoctriner. Mais notre collaborateur Claude Ponti, lui, n’a pas son pareil pour déplacer les enjeux réels sur le terrain de l’imaginaire. Dans un précédent album, Bih-Bih et le Bouffron-Gouffron (2009), il avait mis en scène un monstre goulu, le Bouffron-Gouffron, en train de dévorer jusqu’à la dernière miette du monde. Cette fois-ci, « un Tue-Planète détruit les planètes une par une, chacune de façon différente. Végule III est étouffée par une forêt mortelle, K. H. 27 n’est plus qu’un océan où il pleut tout le temps, Carmine IV est une boule de banquise, Blogole est en ruine… » Le tour est joué, Ponti est un faux farfelu qui vient de suggérer que les planètes aussi sont mortelles. Mais le plus intéressant, chez cet auteur « jeunesse », est la fragilité des monstres. Pour venir à bout d’un monstre, il faut découvrir son point faible. C’est ainsi qu’Hippolène vainc l’affreux Ortic d’une seule réplique : « Je n’ai pas peur de moi ! » (L’Arbre sans fin, 1992). Que le Kontroleur de Kata-stroffe explose après avoir reçu un jet d’utikipip à l’envers – de « pipi-qui-tue », donc (Blaise et le Kontroleur de Katastroffe, 2014). Qu’Isée aplatit l’Ekrazatouteur en se transformant en dessin, ce qu’elle est réellement (L’Avie d’Isée, 2013). Cette fois-ci, pour anéantir le Tue-Planète, il faut que ce dernier soit entier, donc il convient de commencer par le réparer avant de le détruire… Logique, ou plutôt écologique, non ?
Blaise, Isée et le Tue-Planète
Livre
Mohamed Mbougar Sarr
La Plus Secrète Mémoire des hommes
Publié le 01 décembre 2021
« Je vais te donner un conseil : n’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. » Désavouons d’emblée l’un des personnages secondaires de La Plus Secrète Mémoire des hommes, et tentons de dire quelques mots de ce qui est incontestablement l’un des grands livres de la rentrée littéraire 2021. Les jurys des grands prix ne s’y sont pas trompés, qui l’ont sélectionné sur quasiment toutes leurs listes (avant qu’il obtienne le plus prestigieux, le prix Goncourt) – ce qui n’est pas toujours un gage de qualité mais tout de même, cela dit quelque chose. Alors de quoi retourne-t-il, ce quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr, écrivain sénégalais d’à peine 30 ans, arrivé en France à 18, et dont le nom, depuis la fin de l’été, passe de lèvre en lèvre comme un secret de polichinelle ? Le sujet : Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais – que l’on peut légitimement imaginer être un double littéraire de l’auteur – découvre un roman mythique et maudit paru en 1938, et signé d’un certain T. C. Elimane. Mythique parce qu’il fit scandale en son temps, maudit parce qu’il est depuis introuvable, et que son auteur a disparu sans laisser de traces. Diégane Latyr Faye se lance alors à la recherche du mystérieux « Rimbaud nègre », lointainement inspiré du Malien Yambo Ouologuem, dont Le Devoir de violence fut encensé par la critique et couronné du prix Renaudot en 1968 avant que l’auteur soit accusé de plagiat. Mille choses sont au cœur de La Plus Secrète Mémoire des hommes, roman ambitieux, érudit, tourbillonnant, qui pose mille questions dont celles-ci : peut-on réellement juger un roman sans prêter attention à l’état civil de son auteur ? Mais aussi : est-ce qu’un écrivain africain ne reste pas un étranger aux yeux des Français, quelle que soit la valeur de son œuvre ? Et encore : pourquoi les écrivains sont parmi les plus médiocres amants ? Et puis : est-ce que la littérature est un moyen de sauver le monde ou le seul moyen de ne pas s’en sauver ? Et tant d’autres auxquelles Sarr esquisse des réponses dans une langue inventive et lyrique qu’on laisse à regret au bout de 450 pages, le souffle coupé, en songeant que s’il ne faudrait jamais dire de quoi parle un grand livre, il faut tout de même en saluer la parution.
La Plus Secrète Mémoire des hommes
Livre
François Angelier
Georges Bernanos. La colère et la grâce
Publié le 01 décembre 2021
Contempteur de la « bien-pensance », franc-tireur hostile au conformisme, penseur libre affranchi des idéologies, Georges Bernanos est sans conteste dans l’air du temps. La biographie brillante que lui consacre François Angelier est l’occasion de parcourir à nouveau la vie mouvementée – romanesque même – d’un homme qui, de la France de l’entre-deux-guerres à son exil au Brésil, a tracé son chemin en solitaire, fidèle seulement à « l’étoile qu’il fixe », « l’honneur du Christ », dans un monde en plein bouleversement dont il n’a de cesse de dénoncer les travers. Au risque d’attiser des inimitiés, dont il fait peu de cas. « Bernanos vit droit avec des lignes courbes », écrit son biographe : il garde le cap de ses convictions, mais sa réflexion ne se fige jamais. Un homme difficile à suivre, du moins aux yeux de ses contemporains. Proche des antisémites de l’Action française, il écrit en 1939 : « J’aimerais mieux être fouetté par le rabbin d’Alger que faire souffrir une femme ou un enfant juif. » Royaliste, il dénonce les milieux traditionalistes et réactionnaires : « Qui dit conservateur dit surtout conservateur de soi-même. » Bernanos cultive avec un certain héroïsme ce « génie de la con-tradiction ». C’est sans doute pourquoi il ne s’enferme dans aucune chapelle humaine.
Georges Bernanos. La colère et la grâce
Livre
Jan Patočka (préface de Renaud Barbaras)
Carnets philosophiques (1945-1950)
Publié le 01 décembre 2021
« Le remplissement, l’accomplissement de la vie est […] ce à quoi nous aspirons de par notre vie. » Mais à quoi tient donc cet accomplissement ? C’est l’une des nombreuses questions abordées par Patočka au fil de ses Carnets. Elle possède un double mérite : parler à tout le monde, tout en donnant un aperçu des aspects les plus novateurs de la pensée du philosophe tchèque, disciple de Husserl et opposant actif au régime communiste, qui mourut en 1977 des suites d’un interrogatoire policier. La « vie normale », note-t-il, s’appréhende dans une alternance « purement contingente » de satisfaction et de perte, de plaisirs et de peines que nous éprouvons au contact des choses. Au contraire, il faut penser le remplissement « dans le rapport au monde » lui-même, « en dehors du rapport aux choses du monde qui vont et viennent et font l’objet de simples rencontres ». Ce dépouillement ne débouche pas sur l’angoisse d’un néant. Nous y entrevoyons « la vie même, éternelle, dans sa splendeur et son jaillissement », et qui sous-tend le mouvement de manifestation de toute chose, de la pierre à l’homme. L’accomplissement de soi suppose donc une sortie de soi au-delà de la vie individuelle « enfermée en elle-même », une ouverture à la « puissance » de la nature. « La nature n’est aucune créature, mais plutôt le moi universel, oublieux de soi et cherchant à se ressouvenir. » C’est comme pour s’éprouver elle-même que la nature se déploie comme multiplicité d’individus : « L’individu n’est certes qu’une vague à la surface de la vie, mais la vie ne peut se mouvoir autrement que dans de telles vagues. » Patočka rejette par conséquent les entreprises de négation de l’individualité. La « désunion de la vie » est nécessaire. Nous sommes séparés de la vie du monde qui nous porte, et c’est cette séparation qui nous permet de nous y rapporter sans jamais l’accaparer. Notre soif du monde se creuse en même temps qu’elle se comble.
Carnets philosophiques (1945-1950)
Livre
Élisabeth de Fontenay
L’Identité humaine
Publié le 01 décembre 2021
Il pourrait y avoir une discrète provocation de la part d’Élisabeth de Fontenay, connue pour son engagement philosophique dans la cause animale (avec son livre majeur Le Silence des bêtes, 1998) à intituler ce volume qui récapitule son œuvre « L’Identité humaine ». Mais c’est bien dans la manière de la philosophe de laisser coexister les contradictions. Son éclectisme revendiqué, qui la mène de Lucrèce au « matérialisme enchanté » de Diderot, de la lutte des classes à la déconstruction avec Derrida et Lyotard, est tout sauf réconcilié. Cet ensemble de textes soigneusement choisis permet d’entrer dans une pensée et d’entendre une voix, nette, vivante, ne renonçant ni à la bataille d’idées (comme dans ses échanges avec Alain Finkielkraut ou Stéphane Bou), ni à la sensibilité, empathique et têtue. Fille d’un grand résistant en rupture avec sa famille catholique fidèle à l’Action française et d’une mère juive qui ne parla jamais de l’extermination des siens à Auschwitz, Élisabeth de Fontenay pense au bord du gouffre, dans « la stupeur » de la Shoah. Et si, écrit-elle dans sa préface, tout « en pourchassant le propre de l’homme », elle creuse l’énigme de l’humanité, c’est pour y rapatrier obstinément certains êtres qui en sont comme les « secrets » : son frère autiste auquel son livre Gaspard de la nuit, paru en 2018 et republié ici, rend existence, et son cousin assassiné à l’âge de 7 ans dans une chambre à gaz.
L’Identité humaine
Livre
Raphaël Meltz et Louise Moaty (textes), Simon Roussin (dessin)
Des vivants
Publié le 01 décembre 2021
« Il dépend de celui qui passe / Que je sois tombe ou trésor / Que je parle ou me taise. » Ces vers de Paul Valéry ornent le fronton du musée de l’Homme. L’institution créée en 1937 est le principal décor de cette bande dessinée. C’est au sein de ce « musée pour l’homme » – selon les mots de son fondateur, l’ethnologue Paul Rivet, pour qui « le génie d’invention n’est pas le privilège des Blancs » – que naît l’un des premiers réseaux de la Résistance face à l’occupant allemand. Pour retracer son histoire, Raphaël Meltz et Louise Moaty se sont appuyés sur une documentation rigoureuse. Une richesse magnifiée par la narration dynamique et le graphisme tout en ellipses de Simon Roussin, qui témoigne de l’action de ce groupe issu d’horizons très variés et dirigé par l’ethnologue Boris Vildé. S’il mène des actions « classiques », c’est avant tout à une lutte culturelle qu’il se consacre : il s’agit, comme l’affirme Jean Cassou qui lance le bulletin Résistance, de « réveiller la conscience du public français ». Un combat pour lequel, prévient Vildé, ces femmes et ces hommes n’auront « rien à gagner, mais beaucoup à perdre ». Sept d’entre eux seront fusillés au mont Valérien le 23 février 1942. Leur « histoire est finie », annonce Germaine Tillion en ouverture de ce récit, pourtant, grâce à ce livre, sa portée résonne encore.
Des vivants
Livre
David Graeber et David Wengrow
Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité
Publié le 01 décembre 2021
« Mon cerveau est comme endolori de stupéfaction engourdie », tweete un soir d’août 2020, quelques semaines avant sa mort soudaine, l’anthropologue américain David Graeber (1961-2020). On imagine aisément Graeber confus, puisqu’il vient alors d’achever un ouvrage colossal (630 pages et 70 de bibliographie !), sur lequel il travaillait depuis dix ans avec l’archéologue David Wengrow. Un menhir de plus à l’édifice contemporain de la Big History, soit le méta-récit des origines de l’humanité, qui a fait le succès de Yuval Noah Harari (Sapiens) ou de Jared Diamond (De l’inégalité parmi les sociétés). Graeber et Wengrow tentent de tracer un chemin qui rende compte des tribulations socio-politiques d’Homo sapiens depuis l’apparition de l’espèce jusqu’à la Modernité. Mais ce chemin n’est pas une ligne droite, qui mène sans détour des chasseurs-cueilleurs à l’État moderne, plutôt une étoile à multiples bras, un « carnaval de formes politiques » et « d’expérimentations sociales audacieuses ». Reste une question, essentielle pour un anarchiste comme Graeber : la victoire de l’État sur d’autres types d’organisation était-elle inéluctable après l’invention de l’agriculture – thèse dominante de la Big History ? De fait, l’État a gagné, admettent les auteurs. Mais cela ne signifie peut-être pas qu’il devait gagner, que sa victoire était inscrite dans une quelconque téléologie. Alors point de déterminisme – c’est du moins ce à quoi le livre tient. Ni celui de l’économie, avec la rareté ou l’abondance des ressources qui engendreraient mécaniquement un gouvernement autoritaire ou libertaire. Ni celui de la technique, qui veut réduire l’humanité à son outil, de bronze puis de fer. Graeber et Wengrow racontent toutes les fois, à Taosi ou à Teotihuacan, en Amazonie ou en Turquie, où des Sapiens ont œuvré à contre-courant. Dans leur récit, les anciens humains ne sont pas des objets passifs et ballottés par les circonstances mais des acteurs politiques conscients. L’histoire du monde n’est pas le rail d’un train mais une grande agora où se négocient, depuis la nuit des temps, les diverses formes du gouvernement.
Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité
Livre
Irene Vallejo
L’Infini dans un roseau. L’invention des livres dans l’Antiquité
Publié le 01 décembre 2021
C’est un livre sur les livres, sur leur histoire et, indissociablement, sur l’amour qu’ils inspirent. Et dans le cas d’Irene Vallejo, c’est même une véritable passion. Et sa passion est communicative, car elle parvient à entraîner ses lecteurs dans la formidable épopée de l’invention de ce qu’on appelle aujourd’hui « livre », qui a connu bien des supports durant les siècles, des papyrus de l’Antiquité jusqu’à nos liseuses contemporaines, en passant par les tablettes d’argile et les parchemins. Très érudit mais sans jamais en avoir l’air, indistinctement travail universitaire par son contenu et récit de fiction par sa forme, l’ouvrage de la jeune autrice espagnole se lit comme un roman d’aventures. Mêlant dialogues entre les personnages historiques et précisions techniques sur les procédés de fabrication, descriptions et interprétations psychologiques, voire digressions plus personnelles, le style enlevé d’Irene Vallejo ne s’interdit rien. Et quelle réussite ! Best-seller surprise en Espagne, qualifié de « chef-d’œuvre » par Mario Vargas Llosa, traduit dans de nombreux pays où il rencontre un succès tant public que critique, il fait voyager de la bibliothèque d’Alexandrie aux manuscrits enluminés d’Oxford avec le même émerveillement pour le génie humain grâce auquel « le livre a surmonté l’épreuve du temps ». Capable de survivre à toutes les modes et de s’adapter à toutes les technologies, le livre a suffisamment d’arguments pour démentir toutes les cassandres qui annoncent sa disparition à venir... car, au fond, pour transmettre savoirs et imaginaires, « on n’a jamais rien trouvé de mieux ».
L’Infini dans un roseau. L’invention des livres dans l’Antiquité
Livre
Daniel Arasse
L’Ambition de Vermeer
Publié le 01 décembre 2021
Pourquoi Vermeer (1632-1675) fascine-t-il ? Parce qu’on ne sait presque rien sur sa vie ? Parce qu’il n’a peint que 34 tableaux ? Parce qu’il propose des scènes d’intérieur qui nous plongent dans une atmosphère à la fois sereine et inquiète ? Que contient la lettre que lit cette femme ? À quoi pense cette joueuse de clavecin ? Pour nous aider à pénétrer ce mystère, le critique d’art Daniel Arasse, disparu en 2003, a rédigé en 1993 une enquête sur « le Sphinx de Delft », rééditée en format de poche. Il ne se contente pas de célébrer la magie de ses tableaux. Il en fait l’ambition consciente du peintre, explorée au travers d’analyses des cartes visibles dans ses tableaux, du style volontairement « flou » de Vermeer, d’une construction de l’espace qui rend « la figure humaine […] présente, proche même, mais comme protégée […] de toute communication directe ». Il consacre aussi une longue interprétation à « l’Art de la peinture » que Vermeer a voulu garder chez lui comme un manifeste privé. Arasse en déduit une théologie picturale chez ce protestant converti au catholicisme pour qui la lumière divine imprègne nos gestes. Et suggère une philosophie du visible qui recèle l’inconnaissable. Ces êtres, ces objets, enfermés dans leur espace privé et leur intériorité, mais en contact secret avec le monde extérieur, nous ne les connaîtrons jamais. Et le trouble que l’on devine chez ses personnages, nous le ressentons, nous aussi.
L’Ambition de Vermeer
Livre
Pierre Singaravélou
Les Mondes d’Orsay
Publié le 01 décembre 2021
Le pluriel arboré par le titre de ce beau livre ne surprend point. Le XIXe siècle et le jeune XXe siècle, qu’embrasse le musée d’Orsay, ne se distinguent-ils pas par la diversité des arts (peinture, sculpture, photographie…) et des artistes faisant du monde leur champ ? Mais la portée de ce pluriel est autrement plus grande. Car les commentaires éclairants de l’historien Pierre Singaravélou mettent au jour ce fait incontestable : l’art en mouvement du musée d’Orsay a pour sol nourricier les mutations sociales, politiques et technologiques propres à cette période, parmi lesquels figurent l’avènement du socialisme ou encore le progrès ferroviaire. Il est ainsi coextensif de ce qu’on pourrait déjà nommer une mondialisation prenant tantôt les sombres traits d’une entreprise coloniale autant immortalisée que légitimée, tantôt ceux d’un orientalisme teinté d’un exotisme impérieux. Mais, surtout, on a affaire à un art « connecté » entre les nations. En témoigne l’exemple de la célèbre Statue de la liberté (dont le musée d’Orsay possède un modèle réduit), symbole de l’identité nationale états-unienne, qui s’inspire pourtant presque entièrement d’un projet égyptien conçu par le sculpteur Bartholdi. Ainsi, comme le rappelle l’historien, « rien de plus international que la construction des identités nationales ».
Les Mondes d’Orsay
CULTURE
Article 2 min
“Les Démons” : le choc des idéologies
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
En adaptant pour la scène le roman de Dostoïevski, Guy Cassiers et la troupe de la Comédie-Française soulignent l’impasse du nihilisme et le danger des idéologies, hier comme aujourd'hui.
“Les Démons” : le choc des idéologies
Article 2 min
“Tromperie” : jeu de l’ego
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
“L'esprit est une sorte de théâtre”, écrivait David Hume. Une sentence que le réalisateur Arnaud Desplechin a peut-être fait sienne en adaptant Philip Roth dans son dernier film, où les personnages prennent un malin plaisir à se retourner contre leur créateur-narrateur. Toujours est-il que ses acteurs et lui sortent ici le grand Je !
“Tromperie” : jeu de l’ego
Article 2 min
“Enfin le cinéma !” : Orsay fait son cinéma
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
Rassemblant sculptures, peintures, photos, films et objets, cette passionnante exposition présentée au musée d’Orsay à Paris présente les débuts de l’art en mouvement, à l'aube de la modernité. L'acte de naissance de la Société du spectacle ?
“Enfin le cinéma !” : Orsay fait son cinéma
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 14. Tombons des nues
François Morel 02 décembre 2021
L’histoire de Jésus est incroyable. Un garçon dans la force de l’âge, la petite trentaine, élancé, sportif, pas bête… Les cheveux au vent, la barbe de trois jours, décontracté… En plus de ça, sympathique, séduisant, doux, brillant. Alain Delon à côté de lui, c’est Paul Pr..
Conseil n° 14. Tombons des nues
JEU
Article 1 min
Philocroisés #75
Gaëtan Goron 02 décembre 2021
Horizontalement I. Socle d’articulation des savoirs chez Foucault. II. Soude. On les associe à Longchamp et aux courses. III. Disciple selon Zarathoustra. IV. Petit conducteur. Dieu soleil. Bois précieux d’Inde. V. Sa vie sans morale ni vérité n’a au..
Philocroisés #74
LE QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Aurélien Bellanger. L’apesanteur et la grâce
Sven Ortoli 02 décembre 2021
Ceux qui l’apprécient en parlent comme d’un héritier de Balzac. Ses détracteurs en parlent comme d’un Houellebecq passé par Port-Royal – no sex tonight et style « Wikipédia »
(Philomag)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
N°155 - Décembre 2021-Janvier 2022 - A quoi voit-on qu'on a vieilli ? [texte imprimé] . - 2021 . - 98 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Philosophie Tags : vieillissement trans identité sexuelle Jürgen Habermas Nietzsche Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Nous vivons en moyenne davantage d’années mais aussi plus longtemps en bonne santé que nos aînés. De nombreux retraités se sentent durablement en forme. Quant aux jeunes, ils ont souvent des préoccupations graves, comme le réchauffement climatique. L’opposition entre l’insouciance de la jeunesse et la sagesse venant avec l’âge n’a donc plus vraiment cours. Mais alors, à quoi sent-on qu’on a pris un coup de vieux ?
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(Philomag)Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Un tombeau au cœur de l’été
Alexandre Lacroix 02 décembre 2021
J’ai emménagé seul l’été après le bac, juste avant mes 18 ans. C’était la première fois que je me trouvais en autonomie complète. En plein mois d’août, Paris était désert, et j’avais des démarches nouvelles à accomplir, qui me paraissaient exotiques, comme me rendre da..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Où trouver la force ?”
Charles Pépin 02 décembre 2021
Question de Cerise Sauvage
“Où trouver la force ?”
REPÉRAGES
Article 2 min
Protection partagée
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
C’est une première mondiale : le gynécologue malaisien John Tang Ing Chinh a mis au point le premier préservatif unisexe, baptisé Wondaleaf Unisex Condom. Son principe ? L’une des faces est recouverte d’un adhésif et peut être tournée, au choix, vers l’intérieur (pour se fixer au..
Protection partagée
Article 1 min
“Fragilité”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
“On voit distinctement, quand on jette l’œil par le hublot de la Station spatiale, la fragilité de la Terre” Thomas Pesquet, lors d’une conversation avec Emmanuel Macron le jeudi 4 novembre. “La fragilité d’un système est une autre manière de souligner ..
Article 1 min
“Nativisme”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Raciste, xénophobe, identitaire : comment qualifier la droite extrême contemporaine ? Aucun de ces termes n’est faux, mais il faut leur en adjoindre un autre pour comprendre comment ce discours qui oppose des Français « de souche » et d’autres « de papier » a conta..
“Nativisme”
Article 1 min
“420”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
C’est le nombre de prisonniers politiques qui croupiraient dans les geôles russes, selon le dernier rapport du Memorial Human Rights Centre – contre 362 l’an dernier. Vladimir Poutine accentue la répression au point d’atteindre des chiffres comparables à l’époque soviétique. Dér..
Article 2 min
Plantatiocène : une nouvelle ère agricole
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Valeur de la production agricole mondiale en 2019 + 73 % depuis 2000 3,5 trillions de dollars 9,4 milliards de tonnes + 44 % de production de viande depuis 2000 En 2020, en termes de nutrition 770 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde + 18&nb..
PERSPECTIVES
Article 3 min
La Biélorussie et les migrants : une poudrière pour l’Europe ?
Nicolas Gastineau 02 décembre 2021
Depuis début novembre, des migrants sont pris en étau à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Instrumentalisés par le pouvoir biélorusse, ils sont au cœur d’un conflit géopolitique.
La Biélorussie et les migrants : une poudrière pour l’Europe ?
Article 3 min
Valeur travail ou travail valorisant ?
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
La « valeur travail » s’est imposée dans l’espace public et les débats politiques comme un nouvel enjeu idéologique. Auquel s’opposerait le « travail bien fait » ? Analyse avec le psychanalyste de la souffrance au travail Christophe Dejours.
Valeur travail ou travail valorisant ?
Article 3 min
Vincent Mignerot : “Le nucléaire n’a jamais remplacé le pétrole, il s’y ajoute”
Alexandre Lacroix 02 décembre 2021
À l’heure où Rolls-Royce se prépare à construire des mini-centrales moins coûteuses et où le président Emmanuel Macron annonce l’arrivée de nouveaux réacteurs en France, le chercheur Vincent Mignerot explique pourquoi le nucléaire n’est pas une solution au réchauffement climatique.
Vincent Mignerot : “Le nucléaire n’a jamais remplacé le pétrole, il s’y ajoute”
Article 2 min
Bactéries, l’avenir du médicament ?
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Soigner avec des bactéries ? L’idée est un peu folle mais est en train d’être expérimentée par une équipe de chercheurs. C’est en tout cas une révolution dans la façon d’appréhender la santé et la guérison.
Bactéries, l’avenir du médicament ?
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 3 min
Philanthrope ma non troppo
Sven Ortoli 02 décembre 2021
Il existe 260 000 fondations philanthropiques à travers le monde. Les 3/4 d’entre elles ont été créées lors des 25 dernières années dans 38 pays. Philanthropiquement parlant, les États-Unis sont la nation la plus généreuse du monde : en 2019, 450 m..
Philanthrope ma non troppo
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Bleu de travail. Identités de classe
Tobie Nathan 02 décembre 2021
Ce vêtement ouvrier est désormais le summum du chic, arboré par les fashionistas comme par les bobos. Quand l’habit fait le social-traître, est-ce notre appartenance à un groupe social qui se prend une veste ?
Bleu de travail. Identités de classe
DÉBAT
Dialogue 14 min
Camille Froidevaux-Metterie/Claude Habib : trans clash
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
Le sujet divise et les avis sont tranchés, au-delà même des personnes concernées, notamment parmi les féministes : l’expérience des personnes trans invite à réfléchir au genre, à l’identité personnelle et à la différence entre les sexes. Camille Froidevaux-Metterie et Claude Habib, deux philosophes en tous points opposées, en débattent frontalement.
Clash sur la question trans : un débat entre Camille Froidevaux-Metterie et Claude Habib
LE MÉTIER DE VIVRE
Article 8 min
Dmitry Glukhovsky. L’incarné du sous-sol
02 décembre 2021
Auteur notamment des romans Métro 2033, dystopie à succès déclinée en jeu vidéo, et Texto, qui vient d’être adapté au cinéma, cet écrivain est immensément populaire, notamment auprès de la jeunesse russe. Mais depuis qu’il a apporté son soutien à l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, il est dans le viseur du Kremlin. Rencontre.
Dmitry Glukhovsky. L’incarné du sous-sol
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Le pouvoir du dedans
Isabelle Sorente 02 décembre 2021
Pour faire face à la crise climatique, les nobles déclarations ne suffisent pas. Pas plus que les actions coup de poing. Changer « l’ordre du monde » exige avant tout une transformation intérieure, spirituelle.
Le pouvoir du dedans
DOSSIER
5 articles
À quoi voit-on qu’on a vieilli ?
Publié le 01 décembre 2021
Nous vivons en moyenne davantage d’années mais aussi plus longtemps en bonne santé que nos aînés. De nombreux retraités se sentent durablement en forme. Quant aux jeunes, ils ont souvent des préoccupations graves, comme le réchauffement climatique. L’opposition entre l’insouciance de la jeunesse et la sagesse venant avec l’âge n’a donc plus vraiment cours. Mais alors, à quoi sent-on qu’on a pris un coup de vieux ? Pour le découvrir, rendez-vous chez votre marchand de journaux ! Et si vous voulez nous retrouver chaque mois et avoir accès à tous nos articles, vous pouvez opter pour l’une de nos trois formules d’abonnement. > Nous avons posé la question à quatre auteurs, jeunes et moins jeunes : Pascal Bruckner, Chloé Delaume, Simon Johannin et Susan Neiman. Ils parlent de rides, de cernes, de sortie du marché de la séduction mais aussi d’une disposition morale qui évolue, et nous disent qu’avec l’âge, le présent acquiert une saveur particulière. > Le philosophe Nicolas Tenaillon identifie quatre signes non physiques de l’âge : le fait de surestimer ses forces, de devenir fataliste, de penser plus souvent à la mort ou de se sentir déphasé. Une brillante méditation en compagnie des classiques ! > De la sobriété à la folle dépense, les philosophes de la tradition ont imaginé bien des stratégies différentes face au vieillissement, sur lesquelles nous offrons une vue panoramique. > La situation des jeunes générations est étrange : après avoir subi le confinement et suivi des enseignements à distance, ils se retrouvent, un an et demi plus tard, à la fois plus vieux et sans nouvelles expériences. Nous avons enquêté sur cette sortie de l’hibernation, en bénéficiant de l’éclairage de la philosophe Marilyn Maeso. > Il y a deux moments de l’existence où nous vivons la « résurgence du natal », où la question de notre être au monde se pose à nouveaux frais : l’adolescence et la « vieillonge », explique dans un entretien étonnant l’écrivain Pascal Quignard, qui poursuit depuis vingt ans une œuvre fleuve hantée par la naissance et la mort, Dernier Royaume.
À quoi voit-on qu’on a vieilli ?
Article 9 min
Le jour où j’ai pris un coup de vieux
Alexandre Lacroix 01 décembre 2021
Quatre écrivains, romanciers et philosophes, racontent le moment où leur jeunesse s’en est allée avec humour, sarcasme mais aussi sérénité… Le bénéfice de l’âge ?
Le jour où j’ai pris un coup de vieux
Article 10 min
Des signes qui ne trompent pas
Nicolas Tenaillon 01 décembre 2021
On se croit souvent plus jeune qu’on est, mais certaines manières d’être et de penser nous trahissent. Plus subtils que l’âge, ces indices ont été repérés par les philosophes classiques et nous aident à identifier l’effet du temps.
Des signes qui ne trompent pas
Article 5 min
Les stratégies philosophiques pour faire face au vieillissement
Alexandre Lacroix 01 décembre 2021
Certains cherchent la tranquillité du corps et de l’esprit, dans laquelle ils voient une sorte d’éternité accessible sur Terre, tandis que d’autres font le pari que la dépense d’énergie amène l’être humain à traverser l’épreuve du temps. Saurez-vous trouver votre voie ?
Les stratégies philosophiques pour faire face au vieillissement
Article 10 min
Une jeunesse volée ?
Catherine Portevin 01 décembre 2021
Cours annulés puis à distance, soirées chez soi ou au bar du coin disparues… Pendant la pandémie, les jeunes se sont retrouvés privés du goût des autres et du monde, alors qu’ils sont à l’âge de toutes les découvertes. Ont-ils vieilli à ne pas vivre ? Leur faut-il désormais se lancer éperdument à la recherche du temps perdu ? Enquête.
Une jeunesse volée ?
Entretien 15 min
Pascal Quignard : “Profiter de tous les instants du jour est très suffisant”
Cédric Enjalbert 01 décembre 2021
De la course du temps, de ce qui est perdu et de la corruption des êtres, Pascal Quignard a fait le matériau poétique d’une œuvre monumentale, toute dédiée à l’exploration de nos origines. Alors que sort en janvier son nouveau roman – L’Amour la mer (Gallimard) –, l’auteur a accepté de nous recevoir pour parler de l’expérience de la vieillesse.
Pascal Quignard : “Profiter de tous les instants du jour est très suffisant”
LE GRAND ENTRETIEN
Entretien 16 min
Jürgen Habermas : “La philosophie cesserait d’être elle-même si elle perdait des yeux ‘le tout’”
Lisa Friedrich 02 décembre 2021
C’est l’un des philosophes vivants les plus écoutés mais aussi l’un des plus difficiles à lire : à 92 ans, Jürgen Habermas s’est entretenu avec notre rédaction allemande de façon exceptionnellement accessible. Alors que vient de paraître le premier tome de son Histoire de la philosophie, il retrace le parcours d’une vie dédiée à un idéal démocratique et témoigne d’un projet philosophique aussi déterminé qu’ambitieux : sauver l’usage public de la raison.
Jürgen Habermas : “La philosophie cesserait d’être elle-même si elle perdait des yeux ‘le tout’”
L’AVENTURE D’UN CLASSIQUE
5 articles
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Publié le 02 décembre 2021
C’est l’un des ouvrages les plus singuliers de Friedrich Nietzsche. Écrit comme un long poème en prose, empruntant à la démesure des opéras de Wagner, cet évangile sans religion déstabilise son lecteur, l’exhortant à se dépasser, à ne pas avoir peur, c’est-à-dire à vivre, tout simplement.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Article 11 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Le livre de toutes les audaces
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
C’est l’un des ouvrages les plus singuliers de Friedrich Nietzsche. Écrit comme un long poème en prose, empruntant à la démesure des opéras de Wagner, cet évangile sans religion déstabilise son lecteur, l’exhortant à se dépasser, à ne pas avoir peur, c’est-à-dire à vivre, tout simplement.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Article 2 min
Zarathoustra et compagnie
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
Tout au long de son parcours initiatique, Zarathoustra croise une galerie d’animaux et de personnages. Ces figures, tantôt des métaphores, tantôt des faire-valoir, déroutent tout autant qu’elles fascinent.
Article 2 min
Un poète intranquille
02 décembre 2021
En parallèle de ses essais, Nietzsche compose de la musique et écrit des poèmes, souvent marqués par le romantisme, avec une métrique libre, une nature au diapason de l’humeur souvent tourmentée du poète et des images parfois énigmatiques. Avec l’enfant, la montagne et l’heure de midi, on retrouve ici des échos d’Ainsi parlait Zarathoustra.
Article 5 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. La morale, par-delà bien et mal
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
Avec Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche tente de mettre à bas l’universalité de la morale. Une lecture décapante que présente le spécialiste et traducteur du philosophe, Guillaume Métayer.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
Article 21 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
02 décembre 2021
Nous reproduisons des extraits d’Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche traduits par Henri Albert.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi s’offre-t-on des cadeaux ?
Antony Chanthanakone 02 décembre 2021
Que vous apportera le Père Noël cette année? Avec un peu d’avance, déballez vos paquets avec ces quatre philosophes, et voyez quelles sont leurs surprises.
Pourquoi s’offre-t-on des cadeaux ?
Article 1 min
Uitwaaien
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Langue d’origine : néerlandais
Article 2 min
Imagination
Arthur Hannoun 02 décembre 2021
Ces cinq penseurs n’en manquent pas !
LIVRES/SÉLECTION DE FÊTES
Livre
Catherine Meurisse
La Jeune Femme et la Mer
Publié le 01 décembre 2021
Au début du XXe siècle, les Japonais ont développé un genre littéraire à part : le Watakushi shō-setsu, soit, littéralement, le « roman du je ». Contrairement à l’autofiction à l’occidentale, ce genre ne relève ni du rituel de la confession des secrets, ni d’une démarche psychanalytique. Les règles du Watakushi shōsetsu sont assez singulières : l’auteur doit se présenter dans un milieu naturel, mêler la description des paysages qui l’entourent et celle de sa vie intérieure, et, surtout, il lui faut donner l’impression au lecteur de ne suivre aucun plan prémédité, de laisser surgir ses impressions de manière fluide et spontanée. La Jeune Femme et la Mer de notre collaboratrice Catherine Meurisse peut se lire comme un Watakushi shōsetsu en bande dessinée. Elle s’y décrit arrivant au Japon pour une résidence d’artiste à la Villa Kujoyama (l’équivalent de la Villa Médicis, à Kyōto). Amoureuse de la nature ayant grandi dans la campagne poitevine comme elle l’a raconté dans Les Grands Espaces (2018), elle est venue au Japon non pas pour les mégapoles mais pour parcourir les champs, les forêts, les rivages. Dans le récit va s’inviter de manière semi-fantastique le héros d’un grand classique de la littérature japonaise, Oreiller d’herbes (1906) de Natsume Sōseki. Dans ce roman, qui est aussi un traité d’esthétique assez antimoderne, ou en tout cas attaché à raviver la culture ancienne du Japon, Sōseki met en scène un peintre qui ne va pas donner un seul coup de pinceau, ni produire la moindre esquisse, parce qu’il recherche « l’état qui permet de peindre un tableau ». Cet état, il ne peut le trouver que par la méditation, en s’ouvrant au monde, en devenant lui-même le vent et l’arbre qui ploie dans le vent. Avant de peindre, il cherche donc l’extase, c’est-à-dire une dissolution du point de vue subjectif, qui seule amène au seuil de l’essence des choses, dont la tradition bouddhiste enseigne qu’elles sont à la fois impersonnelles et impermanentes. Mais comment approcher l’« évanescence des choses » ? Au fil de la bande dessinée s’instaure une sorte de rivalité mais aussi de dialogue entre le héros de Sōseki, qui parle de peinture sans peindre, et Catherine Meurisse, qui se représente sans cesse un pinceau à la main. Il y a des gags, mais la légèreté et la décontraction du propos ne sont qu’apparentes – en fait, cet album peut se lire comme une excellente introduction à l’esthétique japonaise du paysage, jamais pesante mais scrupuleusement référencée.
La Jeune Femme et la Mer
Livre
Roger-Pol Droit
Un voyage dans les philosophies du monde
Publié le 01 décembre 2021
D’emblée, Roger-Pol Droit brise le tabou : non seulement on pense ailleurs que depuis le berceau grec de la philosophie, mais il y a de la raison et de la réflexivité dans ces systèmes de pensée extra-européens que l’on préfère souvent appeler visions du monde, sagesses ou spiritualités. Son voyage sera donc bien philosophique, appuyé sur les concepts comme autant de chemins variés par lesquels les humains se situent dans le cosmos. Cette philosophie « ouverte » dépasse largement les frontières de la discipline. Le périple commence par l’infini en Inde, se poursuit en Chine par le non-agir – si différent de la passivité –, médite ensuite avec la pensée juive l’histoire comme processus inachevé – toujours à bâtir – et finit par l’idée d’unité de la vérité au cœur du monde arabo-musulman. Cependant, le voyage ne parvient pas jusqu’aux continents africain et américain : non pas que la philosophie y soit absente, mais le manque de traces écrites empêche la reconstitution de ces philosophies orales. Véritable guide pédagogique invalidant le mythe d’une philosophie « pure », l’ouvrage s’avère d’autant plus précieux à un moment où des auteurs comme le taoïste Tchouang-tseu ou Averroès, le penseur de l’islam des Lumières, figurent désormais au programme du baccalauréat.
Un voyage dans les philosophies du monde
Livre
François Cheng
Vide et Plein. Le langage pictural chinois
Publié le 01 décembre 2021
Cet immense livre est un souffle porté par un trait de pinceau qui révèle le mystère de la Création. François Cheng a 50 ans lorsqu’il écrit son premier livre en français sur la peinture chinoise. Il n’est pas encore le poète académicien qu’il va devenir, mais toute son inspiration est déjà là. Paru en 1979 et dédié à Jacques Lacan, l’ouvrage, plusieurs fois republié en poche depuis, trouve ici la forme pleine et illustrée qu’à 92 ans, se trouvant lui-même « au bord du Grand Vide », le poète philosophe a soigneusement revue. Vide et Plein est pour lui le livre primordial où figure « l’essentiel de ce qu’[il] avai[t] à dire ». Il est aussi primordial pour nous, lecteurs, en restant ce qu’on a écrit de plus complet et profond sur cette « philosophie en action » qu’est le langage pictural chinois. Celui-ci est hanté par l’idée du Vide, un Rien dont tout provient et qui est animé par les souffles vitaux : le Yin, le Yang et le « Vide médian » qui transcende leur opposition. Cet « entre » est la respiration du vivant. Pour dessiner un tronc d’arbre par exemple, l’Occidental tracera une verticale de haut en bas, car « il capte une existence déjà donnée », tandis que le Chinois pose le trait de bas en haut pour « appréhender l’arbre dans sa vitalité interne », continuant à pousser depuis ses racines. Par les noms du trait de pinceau – « tête de rat », « queue de serpent », « à la petite hache » … –, par les pôles de la nature – Obscur-Clair, Montagne-Eau, Homme-Ciel… –, François Cheng nous ouvre l’Univers.
Vide et Plein. Le langage pictural chinois
Livre
Camille de Toledo (dir.)
Le Fleuve qui voulait écrire. Les auditions du parlement de Loire
Publié le 01 décembre 2021
De quels moyens disposons-nous pour agir face à la crise écologique ? Nous pouvons certes espérer une prise de conscience de la part des citoyens, nous en remettre aux chefs d’État ou compter sur la bonne volonté du marché. Mais ce livre explore une autre piste : le droit – en l’occurrence, la reconnaissance du statut juridique d’entités naturelles comme, par exemple, la Loire. Et pourquoi pas, puisqu’on en a bien accordé un aux entreprises, en leur permettant ainsi de mieux faire valoir leurs intérêts ? L’idée peut sembler révolutionnaire, mais elle n’est pas inédite à l’échelle du monde. En effet, depuis une dizaine d’années, plusieurs pays considèrent déjà des milieux naturels comme d’authentiques sujets de droit. Ce qui l’est davantage, c’est la voie empruntée pour parvenir à définir les contours de cette nouvelle organisation du droit et de notre vie en commun : réunir une assemblée constituante, un « parlement » rassemblant des philosophes comme Bruno Latour mais aussi des universitaires comme Frédérique Aït-Touati, des juristes, des géographes, etc. Ce sont leurs échanges, mis en récit par Camille de Toledo, qu’on trouvera retranscrits dans ce riche cahier de terrain qui transcende les disciplines comme les idées reçues.
Le Fleuve qui voulait écrire. Les auditions du parlement de Loire
Livre
J.R.R. Tolkien (illus. Ted Naismith, édition de Christopher Tolkien)
Le Silmarillion
Publié le 01 décembre 2021
Le succès du Seigneur des anneaux tient en grande partie, disait Tolkien, l’auteur de la saga, au sentiment que l’intrigue est soutenue par un monde beaucoup plus vaste que le nôtre : il est doté de sa propre cosmologie et de sa géographie imaginaire, héritier d’une histoire fictive de plusieurs siècles qui se racontent dans une pluralité de langues inventées – Tolkien était philologue de profession. Le Silmarillion, qui paraît dans une nouvelle traduction, permet de mesurer l’ampleur de cet arrière-plan mythique, retravaillé des décennies durant. Tout commence par la Musique : Eru, le dieu unique, convie les esprits angéliques à chanter. Le monde apparaît ensuite comme une Vision, à laquelle le Créateur conférera l’être (Tolkien est un catholique fervent, si l’on en doutait). Mais Morgoth se rebelle. Jaloux du pouvoir démiurgique qu’il ne possède pas, l’ange noir veut « être le Seigneur et Dieu de sa création personnelle ». Son indocilité se mue en un désir illimité de posséder le pouvoir pour refaçonner la réalité à sa guise. Tout Le Simarillion raconte la lutte contre ce « désir de la pure Domination », de la « déformation tyrannique ». Lutte désespérée s’il en est : d’une bataille à l’autre, le sang coule, les corps s’amoncellent, la dévastation se propage, entrecoupée seulement de rares moments de joie. Le mal est trop fort. C’est la tragédie des Elfes – « immortels tant que dure le monde » et condamnés par la réincarnation à « ne jamais l’abandonner même quand ils sont massacrés » – que d’endurer jusqu’au bout cette lente défaite. Viendront ensuite les « Successeurs », les Hommes, terrifiés par ce « Don » même que les Elfes leur envient : la mortalité, qui les « affranchit des cercles du monde ». Au-delà du récit, magnifique, la puissance du Silmarillion tient pour beaucoup à ce dialogue souterrain de la mortalité et de l’immortalité.
Le Silmarillion
Livre
Fredric Jameson
Archéologies du futur
Publié le 01 décembre 2021
À quoi servent les utopies ? Marx les accusait d’égarer l’énergie révolutionnaire. Pour les réformistes, elles détournent du cours inéluctable du progrès. Selon le critique littéraire et spécialiste du marxisme Fredric Jameson, leur rôle est d’une autre nature. Dans cette réédition des Archéologies du futur, son grand livre paru en 2005 – ici publié en compagnie de Penser avec la science-fiction dans une traduction révisée –, les utopies sont mises en résonance les unes avec les autres, depuis Thomas More au XVIe siècle jusqu’aux auteurs de science-fiction du XXe siècle. Chacune porte en elle une préoccupation essentielle, un centre de gravité : pour Charles Fourier, c’est le désir, pour Saint-Simon l’administration, pour Edward Bellamy la méritocratie, pour William Morris la fin du travail aliéné… Chaque utopie tente de répondre à une souffrance majeure, béante, spécifique à son époque. Contrairement à la foi dans le progrès, elle ne vise pas à une amélioration progressive mais à une solution radicale. Que reste-t-il des utopies dans les années 2000 demande Fredric Jameson ? Sont-elles encore pensables et désirables ? D’après lui, l’idée de totalité sociale a disparu et avec elle le projet utopiste. Est-ce une perte irrémédiable ? Non, répond-il, car ce qui compte, ce n’est pas tant que l’utopie soit réalisable mais qu’elle soit capable d’irradier la réalité. Elle agit comme une force d’attraction, un horizon plutôt qu’un levier. Dès lors, sa dimension imaginaire devient décisive. Là réside le sens de l’autre partie du volume, Penser avec la science-fiction. Désormais, la force de l’utopie n’est plus dans un système global mais, au contraire, dans une pluralité d’enclaves où s’abolissent les frustrations et où le rationnel et l’onirique se mêlent. Ces archipels prospèrent du côté de la science-fiction technologique mais aussi au sein de la « fantasy » et de ses chimères. Comme le pensait déjà Ernst Bloch, l’utopie s’incarne dans les détails du quotidien, dans des émotions à peine formulées, des rêveries tenaces. Elle est avant tout du domaine de l’attente. Philippe Garnier
Archéologies du futur
Livre
Claude Ponti
Blaise, Isée et le Tue-Planète
Publié le 01 décembre 2021
Il n’est certainement pas évident de parler de réchauffement climatique ou d’écologie aux enfants sans les endoctriner. Mais notre collaborateur Claude Ponti, lui, n’a pas son pareil pour déplacer les enjeux réels sur le terrain de l’imaginaire. Dans un précédent album, Bih-Bih et le Bouffron-Gouffron (2009), il avait mis en scène un monstre goulu, le Bouffron-Gouffron, en train de dévorer jusqu’à la dernière miette du monde. Cette fois-ci, « un Tue-Planète détruit les planètes une par une, chacune de façon différente. Végule III est étouffée par une forêt mortelle, K. H. 27 n’est plus qu’un océan où il pleut tout le temps, Carmine IV est une boule de banquise, Blogole est en ruine… » Le tour est joué, Ponti est un faux farfelu qui vient de suggérer que les planètes aussi sont mortelles. Mais le plus intéressant, chez cet auteur « jeunesse », est la fragilité des monstres. Pour venir à bout d’un monstre, il faut découvrir son point faible. C’est ainsi qu’Hippolène vainc l’affreux Ortic d’une seule réplique : « Je n’ai pas peur de moi ! » (L’Arbre sans fin, 1992). Que le Kontroleur de Kata-stroffe explose après avoir reçu un jet d’utikipip à l’envers – de « pipi-qui-tue », donc (Blaise et le Kontroleur de Katastroffe, 2014). Qu’Isée aplatit l’Ekrazatouteur en se transformant en dessin, ce qu’elle est réellement (L’Avie d’Isée, 2013). Cette fois-ci, pour anéantir le Tue-Planète, il faut que ce dernier soit entier, donc il convient de commencer par le réparer avant de le détruire… Logique, ou plutôt écologique, non ?
Blaise, Isée et le Tue-Planète
Livre
Mohamed Mbougar Sarr
La Plus Secrète Mémoire des hommes
Publié le 01 décembre 2021
« Je vais te donner un conseil : n’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. » Désavouons d’emblée l’un des personnages secondaires de La Plus Secrète Mémoire des hommes, et tentons de dire quelques mots de ce qui est incontestablement l’un des grands livres de la rentrée littéraire 2021. Les jurys des grands prix ne s’y sont pas trompés, qui l’ont sélectionné sur quasiment toutes leurs listes (avant qu’il obtienne le plus prestigieux, le prix Goncourt) – ce qui n’est pas toujours un gage de qualité mais tout de même, cela dit quelque chose. Alors de quoi retourne-t-il, ce quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr, écrivain sénégalais d’à peine 30 ans, arrivé en France à 18, et dont le nom, depuis la fin de l’été, passe de lèvre en lèvre comme un secret de polichinelle ? Le sujet : Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais – que l’on peut légitimement imaginer être un double littéraire de l’auteur – découvre un roman mythique et maudit paru en 1938, et signé d’un certain T. C. Elimane. Mythique parce qu’il fit scandale en son temps, maudit parce qu’il est depuis introuvable, et que son auteur a disparu sans laisser de traces. Diégane Latyr Faye se lance alors à la recherche du mystérieux « Rimbaud nègre », lointainement inspiré du Malien Yambo Ouologuem, dont Le Devoir de violence fut encensé par la critique et couronné du prix Renaudot en 1968 avant que l’auteur soit accusé de plagiat. Mille choses sont au cœur de La Plus Secrète Mémoire des hommes, roman ambitieux, érudit, tourbillonnant, qui pose mille questions dont celles-ci : peut-on réellement juger un roman sans prêter attention à l’état civil de son auteur ? Mais aussi : est-ce qu’un écrivain africain ne reste pas un étranger aux yeux des Français, quelle que soit la valeur de son œuvre ? Et encore : pourquoi les écrivains sont parmi les plus médiocres amants ? Et puis : est-ce que la littérature est un moyen de sauver le monde ou le seul moyen de ne pas s’en sauver ? Et tant d’autres auxquelles Sarr esquisse des réponses dans une langue inventive et lyrique qu’on laisse à regret au bout de 450 pages, le souffle coupé, en songeant que s’il ne faudrait jamais dire de quoi parle un grand livre, il faut tout de même en saluer la parution.
La Plus Secrète Mémoire des hommes
Livre
François Angelier
Georges Bernanos. La colère et la grâce
Publié le 01 décembre 2021
Contempteur de la « bien-pensance », franc-tireur hostile au conformisme, penseur libre affranchi des idéologies, Georges Bernanos est sans conteste dans l’air du temps. La biographie brillante que lui consacre François Angelier est l’occasion de parcourir à nouveau la vie mouvementée – romanesque même – d’un homme qui, de la France de l’entre-deux-guerres à son exil au Brésil, a tracé son chemin en solitaire, fidèle seulement à « l’étoile qu’il fixe », « l’honneur du Christ », dans un monde en plein bouleversement dont il n’a de cesse de dénoncer les travers. Au risque d’attiser des inimitiés, dont il fait peu de cas. « Bernanos vit droit avec des lignes courbes », écrit son biographe : il garde le cap de ses convictions, mais sa réflexion ne se fige jamais. Un homme difficile à suivre, du moins aux yeux de ses contemporains. Proche des antisémites de l’Action française, il écrit en 1939 : « J’aimerais mieux être fouetté par le rabbin d’Alger que faire souffrir une femme ou un enfant juif. » Royaliste, il dénonce les milieux traditionalistes et réactionnaires : « Qui dit conservateur dit surtout conservateur de soi-même. » Bernanos cultive avec un certain héroïsme ce « génie de la con-tradiction ». C’est sans doute pourquoi il ne s’enferme dans aucune chapelle humaine.
Georges Bernanos. La colère et la grâce
Livre
Jan Patočka (préface de Renaud Barbaras)
Carnets philosophiques (1945-1950)
Publié le 01 décembre 2021
« Le remplissement, l’accomplissement de la vie est […] ce à quoi nous aspirons de par notre vie. » Mais à quoi tient donc cet accomplissement ? C’est l’une des nombreuses questions abordées par Patočka au fil de ses Carnets. Elle possède un double mérite : parler à tout le monde, tout en donnant un aperçu des aspects les plus novateurs de la pensée du philosophe tchèque, disciple de Husserl et opposant actif au régime communiste, qui mourut en 1977 des suites d’un interrogatoire policier. La « vie normale », note-t-il, s’appréhende dans une alternance « purement contingente » de satisfaction et de perte, de plaisirs et de peines que nous éprouvons au contact des choses. Au contraire, il faut penser le remplissement « dans le rapport au monde » lui-même, « en dehors du rapport aux choses du monde qui vont et viennent et font l’objet de simples rencontres ». Ce dépouillement ne débouche pas sur l’angoisse d’un néant. Nous y entrevoyons « la vie même, éternelle, dans sa splendeur et son jaillissement », et qui sous-tend le mouvement de manifestation de toute chose, de la pierre à l’homme. L’accomplissement de soi suppose donc une sortie de soi au-delà de la vie individuelle « enfermée en elle-même », une ouverture à la « puissance » de la nature. « La nature n’est aucune créature, mais plutôt le moi universel, oublieux de soi et cherchant à se ressouvenir. » C’est comme pour s’éprouver elle-même que la nature se déploie comme multiplicité d’individus : « L’individu n’est certes qu’une vague à la surface de la vie, mais la vie ne peut se mouvoir autrement que dans de telles vagues. » Patočka rejette par conséquent les entreprises de négation de l’individualité. La « désunion de la vie » est nécessaire. Nous sommes séparés de la vie du monde qui nous porte, et c’est cette séparation qui nous permet de nous y rapporter sans jamais l’accaparer. Notre soif du monde se creuse en même temps qu’elle se comble.
Carnets philosophiques (1945-1950)
Livre
Élisabeth de Fontenay
L’Identité humaine
Publié le 01 décembre 2021
Il pourrait y avoir une discrète provocation de la part d’Élisabeth de Fontenay, connue pour son engagement philosophique dans la cause animale (avec son livre majeur Le Silence des bêtes, 1998) à intituler ce volume qui récapitule son œuvre « L’Identité humaine ». Mais c’est bien dans la manière de la philosophe de laisser coexister les contradictions. Son éclectisme revendiqué, qui la mène de Lucrèce au « matérialisme enchanté » de Diderot, de la lutte des classes à la déconstruction avec Derrida et Lyotard, est tout sauf réconcilié. Cet ensemble de textes soigneusement choisis permet d’entrer dans une pensée et d’entendre une voix, nette, vivante, ne renonçant ni à la bataille d’idées (comme dans ses échanges avec Alain Finkielkraut ou Stéphane Bou), ni à la sensibilité, empathique et têtue. Fille d’un grand résistant en rupture avec sa famille catholique fidèle à l’Action française et d’une mère juive qui ne parla jamais de l’extermination des siens à Auschwitz, Élisabeth de Fontenay pense au bord du gouffre, dans « la stupeur » de la Shoah. Et si, écrit-elle dans sa préface, tout « en pourchassant le propre de l’homme », elle creuse l’énigme de l’humanité, c’est pour y rapatrier obstinément certains êtres qui en sont comme les « secrets » : son frère autiste auquel son livre Gaspard de la nuit, paru en 2018 et republié ici, rend existence, et son cousin assassiné à l’âge de 7 ans dans une chambre à gaz.
L’Identité humaine
Livre
Raphaël Meltz et Louise Moaty (textes), Simon Roussin (dessin)
Des vivants
Publié le 01 décembre 2021
« Il dépend de celui qui passe / Que je sois tombe ou trésor / Que je parle ou me taise. » Ces vers de Paul Valéry ornent le fronton du musée de l’Homme. L’institution créée en 1937 est le principal décor de cette bande dessinée. C’est au sein de ce « musée pour l’homme » – selon les mots de son fondateur, l’ethnologue Paul Rivet, pour qui « le génie d’invention n’est pas le privilège des Blancs » – que naît l’un des premiers réseaux de la Résistance face à l’occupant allemand. Pour retracer son histoire, Raphaël Meltz et Louise Moaty se sont appuyés sur une documentation rigoureuse. Une richesse magnifiée par la narration dynamique et le graphisme tout en ellipses de Simon Roussin, qui témoigne de l’action de ce groupe issu d’horizons très variés et dirigé par l’ethnologue Boris Vildé. S’il mène des actions « classiques », c’est avant tout à une lutte culturelle qu’il se consacre : il s’agit, comme l’affirme Jean Cassou qui lance le bulletin Résistance, de « réveiller la conscience du public français ». Un combat pour lequel, prévient Vildé, ces femmes et ces hommes n’auront « rien à gagner, mais beaucoup à perdre ». Sept d’entre eux seront fusillés au mont Valérien le 23 février 1942. Leur « histoire est finie », annonce Germaine Tillion en ouverture de ce récit, pourtant, grâce à ce livre, sa portée résonne encore.
Des vivants
Livre
David Graeber et David Wengrow
Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité
Publié le 01 décembre 2021
« Mon cerveau est comme endolori de stupéfaction engourdie », tweete un soir d’août 2020, quelques semaines avant sa mort soudaine, l’anthropologue américain David Graeber (1961-2020). On imagine aisément Graeber confus, puisqu’il vient alors d’achever un ouvrage colossal (630 pages et 70 de bibliographie !), sur lequel il travaillait depuis dix ans avec l’archéologue David Wengrow. Un menhir de plus à l’édifice contemporain de la Big History, soit le méta-récit des origines de l’humanité, qui a fait le succès de Yuval Noah Harari (Sapiens) ou de Jared Diamond (De l’inégalité parmi les sociétés). Graeber et Wengrow tentent de tracer un chemin qui rende compte des tribulations socio-politiques d’Homo sapiens depuis l’apparition de l’espèce jusqu’à la Modernité. Mais ce chemin n’est pas une ligne droite, qui mène sans détour des chasseurs-cueilleurs à l’État moderne, plutôt une étoile à multiples bras, un « carnaval de formes politiques » et « d’expérimentations sociales audacieuses ». Reste une question, essentielle pour un anarchiste comme Graeber : la victoire de l’État sur d’autres types d’organisation était-elle inéluctable après l’invention de l’agriculture – thèse dominante de la Big History ? De fait, l’État a gagné, admettent les auteurs. Mais cela ne signifie peut-être pas qu’il devait gagner, que sa victoire était inscrite dans une quelconque téléologie. Alors point de déterminisme – c’est du moins ce à quoi le livre tient. Ni celui de l’économie, avec la rareté ou l’abondance des ressources qui engendreraient mécaniquement un gouvernement autoritaire ou libertaire. Ni celui de la technique, qui veut réduire l’humanité à son outil, de bronze puis de fer. Graeber et Wengrow racontent toutes les fois, à Taosi ou à Teotihuacan, en Amazonie ou en Turquie, où des Sapiens ont œuvré à contre-courant. Dans leur récit, les anciens humains ne sont pas des objets passifs et ballottés par les circonstances mais des acteurs politiques conscients. L’histoire du monde n’est pas le rail d’un train mais une grande agora où se négocient, depuis la nuit des temps, les diverses formes du gouvernement.
Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité
Livre
Irene Vallejo
L’Infini dans un roseau. L’invention des livres dans l’Antiquité
Publié le 01 décembre 2021
C’est un livre sur les livres, sur leur histoire et, indissociablement, sur l’amour qu’ils inspirent. Et dans le cas d’Irene Vallejo, c’est même une véritable passion. Et sa passion est communicative, car elle parvient à entraîner ses lecteurs dans la formidable épopée de l’invention de ce qu’on appelle aujourd’hui « livre », qui a connu bien des supports durant les siècles, des papyrus de l’Antiquité jusqu’à nos liseuses contemporaines, en passant par les tablettes d’argile et les parchemins. Très érudit mais sans jamais en avoir l’air, indistinctement travail universitaire par son contenu et récit de fiction par sa forme, l’ouvrage de la jeune autrice espagnole se lit comme un roman d’aventures. Mêlant dialogues entre les personnages historiques et précisions techniques sur les procédés de fabrication, descriptions et interprétations psychologiques, voire digressions plus personnelles, le style enlevé d’Irene Vallejo ne s’interdit rien. Et quelle réussite ! Best-seller surprise en Espagne, qualifié de « chef-d’œuvre » par Mario Vargas Llosa, traduit dans de nombreux pays où il rencontre un succès tant public que critique, il fait voyager de la bibliothèque d’Alexandrie aux manuscrits enluminés d’Oxford avec le même émerveillement pour le génie humain grâce auquel « le livre a surmonté l’épreuve du temps ». Capable de survivre à toutes les modes et de s’adapter à toutes les technologies, le livre a suffisamment d’arguments pour démentir toutes les cassandres qui annoncent sa disparition à venir... car, au fond, pour transmettre savoirs et imaginaires, « on n’a jamais rien trouvé de mieux ».
L’Infini dans un roseau. L’invention des livres dans l’Antiquité
Livre
Daniel Arasse
L’Ambition de Vermeer
Publié le 01 décembre 2021
Pourquoi Vermeer (1632-1675) fascine-t-il ? Parce qu’on ne sait presque rien sur sa vie ? Parce qu’il n’a peint que 34 tableaux ? Parce qu’il propose des scènes d’intérieur qui nous plongent dans une atmosphère à la fois sereine et inquiète ? Que contient la lettre que lit cette femme ? À quoi pense cette joueuse de clavecin ? Pour nous aider à pénétrer ce mystère, le critique d’art Daniel Arasse, disparu en 2003, a rédigé en 1993 une enquête sur « le Sphinx de Delft », rééditée en format de poche. Il ne se contente pas de célébrer la magie de ses tableaux. Il en fait l’ambition consciente du peintre, explorée au travers d’analyses des cartes visibles dans ses tableaux, du style volontairement « flou » de Vermeer, d’une construction de l’espace qui rend « la figure humaine […] présente, proche même, mais comme protégée […] de toute communication directe ». Il consacre aussi une longue interprétation à « l’Art de la peinture » que Vermeer a voulu garder chez lui comme un manifeste privé. Arasse en déduit une théologie picturale chez ce protestant converti au catholicisme pour qui la lumière divine imprègne nos gestes. Et suggère une philosophie du visible qui recèle l’inconnaissable. Ces êtres, ces objets, enfermés dans leur espace privé et leur intériorité, mais en contact secret avec le monde extérieur, nous ne les connaîtrons jamais. Et le trouble que l’on devine chez ses personnages, nous le ressentons, nous aussi.
L’Ambition de Vermeer
Livre
Pierre Singaravélou
Les Mondes d’Orsay
Publié le 01 décembre 2021
Le pluriel arboré par le titre de ce beau livre ne surprend point. Le XIXe siècle et le jeune XXe siècle, qu’embrasse le musée d’Orsay, ne se distinguent-ils pas par la diversité des arts (peinture, sculpture, photographie…) et des artistes faisant du monde leur champ ? Mais la portée de ce pluriel est autrement plus grande. Car les commentaires éclairants de l’historien Pierre Singaravélou mettent au jour ce fait incontestable : l’art en mouvement du musée d’Orsay a pour sol nourricier les mutations sociales, politiques et technologiques propres à cette période, parmi lesquels figurent l’avènement du socialisme ou encore le progrès ferroviaire. Il est ainsi coextensif de ce qu’on pourrait déjà nommer une mondialisation prenant tantôt les sombres traits d’une entreprise coloniale autant immortalisée que légitimée, tantôt ceux d’un orientalisme teinté d’un exotisme impérieux. Mais, surtout, on a affaire à un art « connecté » entre les nations. En témoigne l’exemple de la célèbre Statue de la liberté (dont le musée d’Orsay possède un modèle réduit), symbole de l’identité nationale états-unienne, qui s’inspire pourtant presque entièrement d’un projet égyptien conçu par le sculpteur Bartholdi. Ainsi, comme le rappelle l’historien, « rien de plus international que la construction des identités nationales ».
Les Mondes d’Orsay
CULTURE
Article 2 min
“Les Démons” : le choc des idéologies
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
En adaptant pour la scène le roman de Dostoïevski, Guy Cassiers et la troupe de la Comédie-Française soulignent l’impasse du nihilisme et le danger des idéologies, hier comme aujourd'hui.
“Les Démons” : le choc des idéologies
Article 2 min
“Tromperie” : jeu de l’ego
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
“L'esprit est une sorte de théâtre”, écrivait David Hume. Une sentence que le réalisateur Arnaud Desplechin a peut-être fait sienne en adaptant Philip Roth dans son dernier film, où les personnages prennent un malin plaisir à se retourner contre leur créateur-narrateur. Toujours est-il que ses acteurs et lui sortent ici le grand Je !
“Tromperie” : jeu de l’ego
Article 2 min
“Enfin le cinéma !” : Orsay fait son cinéma
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
Rassemblant sculptures, peintures, photos, films et objets, cette passionnante exposition présentée au musée d’Orsay à Paris présente les débuts de l’art en mouvement, à l'aube de la modernité. L'acte de naissance de la Société du spectacle ?
“Enfin le cinéma !” : Orsay fait son cinéma
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 14. Tombons des nues
François Morel 02 décembre 2021
L’histoire de Jésus est incroyable. Un garçon dans la force de l’âge, la petite trentaine, élancé, sportif, pas bête… Les cheveux au vent, la barbe de trois jours, décontracté… En plus de ça, sympathique, séduisant, doux, brillant. Alain Delon à côté de lui, c’est Paul Pr..
Conseil n° 14. Tombons des nues
JEU
Article 1 min
Philocroisés #75
Gaëtan Goron 02 décembre 2021
Horizontalement I. Socle d’articulation des savoirs chez Foucault. II. Soude. On les associe à Longchamp et aux courses. III. Disciple selon Zarathoustra. IV. Petit conducteur. Dieu soleil. Bois précieux d’Inde. V. Sa vie sans morale ni vérité n’a au..
Philocroisés #74
LE QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Aurélien Bellanger. L’apesanteur et la grâce
Sven Ortoli 02 décembre 2021
Ceux qui l’apprécient en parlent comme d’un héritier de Balzac. Ses détracteurs en parlent comme d’un Houellebecq passé par Port-Royal – no sex tonight et style « Wikipédia »
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600016249 $Périodique Revues Disponible N°240 - Septembre 2021 - Albert Einstein. La révolution et l'Espace-Temps. Einstein s'est-il trompé ? (Bulletin de Cosinus)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Cosinus / Olivier Fabre
Titre : N°240 - Septembre 2021 - Albert Einstein. La révolution et l'Espace-Temps. Einstein s'est-il trompé ? Type de document : texte imprimé Année de publication : 2021 Importance : 47 p. Présentation : ill., en coul. Format : 29 cm Prix : 7;8 € Langues : Français (fre) Catégories : 2 Sciences Tags : Albert Einstein satellite sexe Nobu Tamura Index. décimale : 500 Sciences exactes Résumé : 100 ans après son prix Nobel, Albert Einstein est une star scientifique. On s’imagine son visage quand on parle d’un génie, sa formule e = mc2 est déclinée des t-shirts aux mugs… Mais au fait, que veut-elle dire ? Quelles ont été les découvertes d’Albert Einstein, et a-t-il eu toujours raison ? Pour en savoir plus sur ce pacifiste convaincu, plongez-vous dans le dossier de ce numéro.
(cosinus-mag.com)Note de contenu : Actualités
En bref
Articles
Albert Einstein
Pourquoi les sexes existent-ils ?
Comment fabrique-t-on des satellites ?
Comment dessine-t-on des dinosaures ?
Le coin des lecteurs
(cosinus-mag.com)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Cosinus / Olivier Fabre
N°240 - Septembre 2021 - Albert Einstein. La révolution et l'Espace-Temps. Einstein s'est-il trompé ? [texte imprimé] . - 2021 . - 47 p. : ill., en coul. ; 29 cm.
7;8 €
Langues : Français (fre)
Catégories : 2 Sciences Tags : Albert Einstein satellite sexe Nobu Tamura Index. décimale : 500 Sciences exactes Résumé : 100 ans après son prix Nobel, Albert Einstein est une star scientifique. On s’imagine son visage quand on parle d’un génie, sa formule e = mc2 est déclinée des t-shirts aux mugs… Mais au fait, que veut-elle dire ? Quelles ont été les découvertes d’Albert Einstein, et a-t-il eu toujours raison ? Pour en savoir plus sur ce pacifiste convaincu, plongez-vous dans le dossier de ce numéro.
(cosinus-mag.com)Note de contenu : Actualités
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Pourquoi les sexes existent-ils ?
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600016065 $Périodique Revues Exclu du prêt Les jeunes, la sexualité et la violence / Véronique, le Goaziou (2017)
Titre : Les jeunes, la sexualité et la violence Type de document : texte imprimé Auteurs : Véronique, le Goaziou, Auteur Editeur : Bruxelles [Belgique] : Ministère de la Communauté française Année de publication : 2017 Collection : Yapaka.be Sous-collection : Temps d'arrêt lectures num. 97 Importance : 55 p. Format : 18 cm Langues : Français (fre) Catégories : Délinquance juvénile
Sexualité
ViolenceTags : délinquance juvénile violence (jeunes) sexualité (jeunes) sexualité (adolescents) éducation sexuelle pornographie sexisme harcèlement sexuel violences sexuelles viol Index. décimale : 316.624 Comportement asocial. Comportement déviant Résumé : La jeunesse, la sexualité et la violence ont au moins un point commun : ce sont des catégories qui sont tenues sous haute surveillance. Les grands interdits sexuels ont faibli dans nos sociétés et la sexualité juvénile, détachée du cadre affectivo-conjugal, est aujourd’hui admise. Mais les normalités sexuelles, loin d’avoir disparu, sont en réalité multiples et elles ne vont pas toujours dans le sens d’une sexualité égalitaire (entre les sexes) et adaptée (suivant les âges). C’est pourquoi les déviances sexuelles des jeunes, réelles ou supposées, et plus encore leurs actes sexuels violents font l’objet de maints questionnements.
La justice en est saisie ainsi que des éducateurs et des soignants. Plus largement, la communauté des adultes tente de trouver le juste équilibre entre la liberté sexuelle, dont nous sommes les héritiers, et l’accompagnement de nos enfants dans la découverte de leur désir et dans celle du désir de l’autre. (4e de couv.)Les jeunes, la sexualité et la violence [texte imprimé] / Véronique, le Goaziou, Auteur . - Ministère de la Communauté française, 2017 . - 55 p. ; 18 cm. - (Yapaka.be. Temps d'arrêt lectures; 97) .
Langues : Français (fre)
Catégories : Délinquance juvénile
Sexualité
ViolenceTags : délinquance juvénile violence (jeunes) sexualité (jeunes) sexualité (adolescents) éducation sexuelle pornographie sexisme harcèlement sexuel violences sexuelles viol Index. décimale : 316.624 Comportement asocial. Comportement déviant Résumé : La jeunesse, la sexualité et la violence ont au moins un point commun : ce sont des catégories qui sont tenues sous haute surveillance. Les grands interdits sexuels ont faibli dans nos sociétés et la sexualité juvénile, détachée du cadre affectivo-conjugal, est aujourd’hui admise. Mais les normalités sexuelles, loin d’avoir disparu, sont en réalité multiples et elles ne vont pas toujours dans le sens d’une sexualité égalitaire (entre les sexes) et adaptée (suivant les âges). C’est pourquoi les déviances sexuelles des jeunes, réelles ou supposées, et plus encore leurs actes sexuels violents font l’objet de maints questionnements.
La justice en est saisie ainsi que des éducateurs et des soignants. Plus largement, la communauté des adultes tente de trouver le juste équilibre entre la liberté sexuelle, dont nous sommes les héritiers, et l’accompagnement de nos enfants dans la découverte de leur désir et dans celle du désir de l’autre. (4e de couv.)Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600010042 !Livre Yapaka Disponible C'est quoi être une fille, c'est quoi être un garçon ? / Stéphane Clerget (2014)
Titre : C'est quoi être une fille, c'est quoi être un garçon ? Type de document : texte imprimé Auteurs : Stéphane Clerget, Auteur ; Florence Lotthé-Glaser, Auteur ; Anne Rouquette Editeur : [Paris] : Bayard jeunesse Année de publication : 2014 Collection : Des questions plein la tête num. 8 Importance : 67 p. Présentation : ill. en coul. Format : 22 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-7470-5050-0 Prix : 9,95 € Catégories : Différence individuelle
IdentitéTags : identité sexuée différence fille-garçon genre identité de genre Index. décimale : 159.9 Psychologie Résumé : La différence des sexes suscite des interrogations chez les enfants dès leur premier âge... Et des idées toutes faites sur les filles et les garçons, chacun en a plein la tête ! Mais comment l'identité sexuelle se construit-elle vraiment ? En partant d'exemples simples du quotidien, le pédopsychiatre Stéphane Clerget répond à de vraies questions d'enfants sur le sujet, dans un langage accessible et mesuré.
Un livre pour apprendre à mieux se connaître, respecter les autres et faire bouger certains clichés qui ont la vie dure ! (Decitre)C'est quoi être une fille, c'est quoi être un garçon ? [texte imprimé] / Stéphane Clerget, Auteur ; Florence Lotthé-Glaser, Auteur ; Anne Rouquette . - Bayard jeunesse, 2014 . - 67 p. : ill. en coul. ; 22 cm. - (Des questions plein la tête; 8) .
ISBN : 978-2-7470-5050-0 : 9,95 €
Catégories : Différence individuelle
IdentitéTags : identité sexuée différence fille-garçon genre identité de genre Index. décimale : 159.9 Psychologie Résumé : La différence des sexes suscite des interrogations chez les enfants dès leur premier âge... Et des idées toutes faites sur les filles et les garçons, chacun en a plein la tête ! Mais comment l'identité sexuelle se construit-elle vraiment ? En partant d'exemples simples du quotidien, le pédopsychiatre Stéphane Clerget répond à de vraies questions d'enfants sur le sujet, dans un langage accessible et mesuré.
Un livre pour apprendre à mieux se connaître, respecter les autres et faire bouger certains clichés qui ont la vie dure ! (Decitre)Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité D000027 !Livre Philosophie (jeunesse) Disponible Choux, cigognes, "zizi sexuel", sexe des anges... parler sexe avec les enfants ? / Martine Gayda (2023)
Titre : Choux, cigognes, "zizi sexuel", sexe des anges... parler sexe avec les enfants ? Type de document : texte imprimé Auteurs : Martine Gayda, Auteur ; Monique Meyfroet, Auteur ; Reine Vander LInden, Auteur ; Francis Martens, Collaborateur Editeur : Bruxelles [Belgique] : Ministère de la Communauté française Année de publication : 2023 Collection : Yapaka.be Sous-collection : Temps d'arrêt lectures num. 141 Importance : 59 p. Format : 18 cm Langues : Français (fre) Catégories : Psychologie de l'enfant Tags : sexe sexualité enfant Index. décimale : 159.9 Psychologie Résumé : La sexualité insuffle notre vie. Elle en est un élément central, évolutif tout au cours de l’existence et se construit dans la relation à soi et à l’autre, dès tout petit. À l’affût de tout savoir, l’enfant observe et « absorbe » le monde qui l’entoure pour se construire. Baigné dans la culture ambiante, il joue, expérimente, s’approprie, se découvre, questionne … « Comment on fait les bébés ? » « Pourquoi certains ont deux mamans ? », « Pourquoi moi j’ai pas de zizi ? » « Pourquoi on ne vient pas à l’école tout nu ? »
Toutes ces questions convoquent notre responsabilité pour accompagner l’enfant dans son cheminement, à tâtonnements, à son rythme, sans y projeter notre sexualité d’adulte.
Ce texte ouvre une réflexion pour soutenir parents et professionnels à aborder les questions de la sexualité avec les enfants en accueillant toutes leurs interrogations. Car la sexualité ne s’enseigne pas, elle se dialogue dans une grammaire toujours imparfaite.
(Yapaka)Note de contenu : Parler de la sexualité avec les enfants
Comment la société balise-t-elle la sexualité ? Comment les individus canalisent-ils les pulsions sexuelles ?
Se construire son identité et son enveloppe intime
Moduler, réguler, intégrer les excitations
D’un pôle à l’autre : l’ambivalence
Créer le dialogue
Un ouvrage à réécrire sans cesse
Points de repère pour parler de la sexualité avec les enfants
Comment accompagner l’éducation à la sexualité et à l’intime ?
Être aux côtés des enfants dans leur processus de construction identitaire
Les jeux à caractère sexuel doivent-ils nous inquiéter ?
Un enfant se masturbe, dois-je m’inquiéter ?
« Pourquoi Rémi a deux mamans ? J’ai une amie qui se sent différente dans son corps, etc. » Questions des enfants sur la diversité des genres et d’orientation sexuelle
(Yapaka)En ligne : https://www.yapaka.be/sites/yapaka.be/files/publication/ta-17-revu-web-cor.pdf Choux, cigognes, "zizi sexuel", sexe des anges... parler sexe avec les enfants ? [texte imprimé] / Martine Gayda, Auteur ; Monique Meyfroet, Auteur ; Reine Vander LInden, Auteur ; Francis Martens, Collaborateur . - Ministère de la Communauté française, 2023 . - 59 p. ; 18 cm. - (Yapaka.be. Temps d'arrêt lectures; 141) .
Langues : Français (fre)
Catégories : Psychologie de l'enfant Tags : sexe sexualité enfant Index. décimale : 159.9 Psychologie Résumé : La sexualité insuffle notre vie. Elle en est un élément central, évolutif tout au cours de l’existence et se construit dans la relation à soi et à l’autre, dès tout petit. À l’affût de tout savoir, l’enfant observe et « absorbe » le monde qui l’entoure pour se construire. Baigné dans la culture ambiante, il joue, expérimente, s’approprie, se découvre, questionne … « Comment on fait les bébés ? » « Pourquoi certains ont deux mamans ? », « Pourquoi moi j’ai pas de zizi ? » « Pourquoi on ne vient pas à l’école tout nu ? »
Toutes ces questions convoquent notre responsabilité pour accompagner l’enfant dans son cheminement, à tâtonnements, à son rythme, sans y projeter notre sexualité d’adulte.
Ce texte ouvre une réflexion pour soutenir parents et professionnels à aborder les questions de la sexualité avec les enfants en accueillant toutes leurs interrogations. Car la sexualité ne s’enseigne pas, elle se dialogue dans une grammaire toujours imparfaite.
(Yapaka)Note de contenu : Parler de la sexualité avec les enfants
Comment la société balise-t-elle la sexualité ? Comment les individus canalisent-ils les pulsions sexuelles ?
Se construire son identité et son enveloppe intime
Moduler, réguler, intégrer les excitations
D’un pôle à l’autre : l’ambivalence
Créer le dialogue
Un ouvrage à réécrire sans cesse
Points de repère pour parler de la sexualité avec les enfants
Comment accompagner l’éducation à la sexualité et à l’intime ?
Être aux côtés des enfants dans leur processus de construction identitaire
Les jeux à caractère sexuel doivent-ils nous inquiéter ?
Un enfant se masturbe, dois-je m’inquiéter ?
« Pourquoi Rémi a deux mamans ? J’ai une amie qui se sent différente dans son corps, etc. » Questions des enfants sur la diversité des genres et d’orientation sexuelle
(Yapaka)En ligne : https://www.yapaka.be/sites/yapaka.be/files/publication/ta-17-revu-web-cor.pdf Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600019729 !Livre Yapaka Disponible N°127 - Novembre 2021 - Heureux les pantouflards du sexe ! (Bulletin de Causette)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Causette / Virginie Roels
Titre : N°127 - Novembre 2021 - Heureux les pantouflards du sexe ! Type de document : texte imprimé Année de publication : 2021 Importance : 99 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Langues : Français (fre) Catégories : Féminisme Tags : sexe maternité écologie Index. décimale : 141.72 Féminisme Note de contenu : Température ambiante
Le lance-flammes d’Axelle Jah Njiké
On nous prend pour des quiches !
C’est chaud !
#DoublePeine : on fait quoi maintenant ?
3 questions à… Pierre Romera
Des vertes et des pas mûres
Aux chiottes, la chasse d’eau !
Éclairage public
Éolien en mer : faut-il s’en méfier ?
À l’aise thèse
La peur de mourir, un préjudice réparable ?
Parent2
By the Soulce
Réalités augmentées
Néopaysannes
Révolution féministe : l’entendez-vous dans nos campagnes ?
Maternité
Doulas : à boire et à langer
Plan-plan cucul
Marre du cul bling-bling, heureux les pantouflards du sexe !
Étranger
Afghanistan : femmes Courage
Dr Kpote
Elle a bon dos, la levrette…
Portfolio
Poubelle la vie
Tuto
Faire des toilettes sèches
For intérieur
Tournez ménages
Écart sans accroc
Au boulot !
Malika Bru-Hamouni, rédactrice de jeux télé
Ainsi causait Mémère
Les choses de la vie
Au guichet des clichés
Les photonulles
Par Klaire fait Grr
Culture intensive
Cinéma
La Fracture : états d’urgences
Les sorties du mois
Séries
Musique
Juliette Armanet ravive la flamme
Livres
Pépite
de Christiane Taubira
Les petites annonces d’Auguste Derrière et Prunelle de Mézieux
BD
Le questionnaire de Woolf
Romane Bohringer
La foirfouille de l’Histoire
Londres, XXe siècle : l’affaire du chien marron
Carte blanche
à Jeanne Alcala
(Causette)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Causette / Virginie Roels
N°127 - Novembre 2021 - Heureux les pantouflards du sexe ! [texte imprimé] . - 2021 . - 99 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Féminisme Tags : sexe maternité écologie Index. décimale : 141.72 Féminisme Note de contenu : Température ambiante
Le lance-flammes d’Axelle Jah Njiké
On nous prend pour des quiches !
C’est chaud !
#DoublePeine : on fait quoi maintenant ?
3 questions à… Pierre Romera
Des vertes et des pas mûres
Aux chiottes, la chasse d’eau !
Éclairage public
Éolien en mer : faut-il s’en méfier ?
À l’aise thèse
La peur de mourir, un préjudice réparable ?
Parent2
By the Soulce
Réalités augmentées
Néopaysannes
Révolution féministe : l’entendez-vous dans nos campagnes ?
Maternité
Doulas : à boire et à langer
Plan-plan cucul
Marre du cul bling-bling, heureux les pantouflards du sexe !
Étranger
Afghanistan : femmes Courage
Dr Kpote
Elle a bon dos, la levrette…
Portfolio
Poubelle la vie
Tuto
Faire des toilettes sèches
For intérieur
Tournez ménages
Écart sans accroc
Au boulot !
Malika Bru-Hamouni, rédactrice de jeux télé
Ainsi causait Mémère
Les choses de la vie
Au guichet des clichés
Les photonulles
Par Klaire fait Grr
Culture intensive
Cinéma
La Fracture : états d’urgences
Les sorties du mois
Séries
Musique
Juliette Armanet ravive la flamme
Livres
Pépite
de Christiane Taubira
Les petites annonces d’Auguste Derrière et Prunelle de Mézieux
BD
Le questionnaire de Woolf
Romane Bohringer
La foirfouille de l’Histoire
Londres, XXe siècle : l’affaire du chien marron
Carte blanche
à Jeanne Alcala
(Causette)
Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600016221 $Périodique Revues Disponible N°151 - Juillet-Août 2021 - L'étrange gravité du sexe (Bulletin de Philosophie Magazine)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
Titre : N°151 - Juillet-Août 2021 - L'étrange gravité du sexe Type de document : texte imprimé Année de publication : 2021 Importance : 98 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Langues : Français (fre) Catégories : Philosophie Tags : sexe Vercors Montaigne Edgar Morin Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Nous vivons une drôle d’époque du point de vue des mœurs. D’un côté, avec les applications de rencontre, la mode des sex friends et des plans cul, le succès des conseils des sexperts, nous n’avons jamais été aussi près d’une démystification de l’érotisme qui facilite sa consommation effrénée. De l’autre, avec le phénomène #metoo mais aussi la publication de livres comme La Familia Grande de Camille Kouchner, une prise de conscience de la violence de la domination masculine est en cours, qui empêche de prendre l’acte sexuel à la légère. Alors, voulons-nous tout à la fois plus de liberté et plus d’éthique au lit ? Est-ce seulement possible ? (Philomag) Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Les carnés du sous-sol
Alexandre Lacroix 08 juillet 2021
Il y a quelques années, une jeune fille de ma famille éloignée est devenue attachée de presse chez Marc Dorcel (pour ceux qui ne connaissent pas, je renvoie aux paroles d’un autre classique contemporain, le rappeur La Fouine : « Le bonheur s’fait rare comme une vierge dans un film de..
ENTRETIEN
Entretien 25 min
Edgar Morin : “100 ans, ce n’est pas un chiffre normal”
Martin Legros 08 juillet 2021
Acteur engagé dans les grands événements de ce siècle, Edgar Morin a connu la Résistance, la désillusion communiste, l’effervescence de Mai-68 et de la contre-culture californienne, et il a anticipé l’actuelle urgence écologique. Pour nous, ce « philosophe sauvage », désormais centenaire, revient sur une vie de combats.
Edgar Morin : “100 ans, ce n’est pas un chiffre normal”
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“L’indépendance est-elle vraiment possible ?”
Charles Pépin 08 juillet 2021
Question de Romain Coste
“L’indépendance est-elle vraiment possible ?”
REPÉRAGES
Article 2 min
Un coup de pouce en plus
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
Et si vous vous dotiez d’un pouce supplémentaire ? C’est ce que propose le designer anglais Dani Clode. Les prothèses transhumanistes de son Third Thumb Project ne sont pas à destination des amputés mais visent à augmenter les capacités « normales » de l’homme – j..
Un coup de pouce en plus
Article 1 min
“Promesse”
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
“Nous ne pouvons pas nous reposer jusqu'à ce que la promesse d’égalité soit remplie pour chacun de nous dans chaque partie de cette nation” Joe Biden, le 16 juin 2021, sur Twitter “Une promesse indéterminée ajournant son échéance à un jour en général..
Article 1 min
“Brésilianisation”
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
Depuis le début des années 2000, un certain nombre de politologues soulignent combien la trajectoire économique mondiale rejoint celle du géant d’Amérique du Sud : explosion des inégalités, constitution d’oligarchies, privatisation des richesses… La brésilianisation ne peut pourtant ..
“Brésilianisation”
Article 1 min
“4320”
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
C’est la superficie en km2 du plus grand iceberg du monde, qui s’est détaché de l’Antarctique fin mai. Baptisé A-76, le bloc de glace s’est ensuite divisé en trois morceaux aux allures de monstres marins, qui continuent leur périple dans la mer de Weddell. L’image n’est pas gratuite..
Article 2 min
Relations de bon voisinage
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
Parmi les Français, 94 % discutent avec leurs voisins 77 % échangent des services 69 % font des visites de convivialité Ils se rendent chez leurs voisins 56 % des ouvriers non qualifiés 79 % des cadres du secteur culturel Ils tissent des relations avec des p..
PERSPECTIVES
Article 3 min
La gifle est-elle royaliste ?
Pierre Terraz 08 juillet 2021
Lors d’un déplacement dans la Drôme le 8 juin, le président de la République Emmanuel Macron s’est fait gifler par un homme lors d'un bain de foule. Un simple « pétage de plomb »… ou un geste plus engagé qu’il n’y paraît.
La gifle est-elle royaliste ?
Article 3 min
Faut-il avoir lu Confucius pour devenir taïkonaute ?
Océane Gustave 08 juillet 2021
Le projet de la science occidentale est de découvrir les lois qui régissent l’Univers, et les conquêtes spatiales américaine, russe ou européenne en sont le bras armé. Dès lors, quel système de représentation se cache derrière la ruée de la Chine contemporaine vers l’espace ?
Faut-il avoir lu Confucius pour devenir taïkonaute ?
Article 3 min
Armes acoustiques : l’injustice au-delà du mur du son ?
Alexandre Lacroix 08 juillet 2021
Dans le débat démocratique, les canons à son ne font guère de bruit. Ils viennent pourtant d’être déployés à la frontière entre la Grèce et la Turquie, dans le cadre de nouvelles mesures contre l’immigration qui posent des questions éthiques inédites.
Armes acoustiques : l’injustice au-delà du mur du son ?
Article 3 min
Avishai Margalit : “Il y a beaucoup de mauvais compromis dans cette coalition mais pas de ‘compromis pourris’”
Pierre Terraz 08 juillet 2021
Une coalition politique hétéroclite vient de chasser Benyamin Netanyahou de la tête du gouvernement israélien qu’il occupait depuis douze ans. Mais comment cette alliance fragile parviendra-t-elle à diriger le pays ? Éclairage avec Avishai Margalit, professeur émérite à l’Université hébraïque de Jérusalem et penseur du compromis.
Avishai Margalit : “Il y a beaucoup de mauvais compromis dans cette coalition, mais pas de ‘compromis pourris’”
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
Tout un fromage
Sven Ortoli 08 juillet 2021
Les premières traces de fromage ont été retrouvées en Pologne dans quelques interstices de poteries cassées : elles datent de 7 500 ans. En 2019, 26 millions de tonnes de fromage ont été produites à travers le monde. Avec 25 kg/an, les..
Tout un fromage
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Thomas Pesquet. Nouvelles de l’invisible
Tobie Nathan 08 juillet 2021
Le spationaute français actuellement en mission dans l’espace est adulé. Avec ses photos de la Terre vue du ciel, il témoigne, à la manière d’un chaman, de ce que nous ne pouvons – ou préférons ne pas – voir.
Thomas Pesquet. Nouvelles de l’invisible
REPORTAGE
Article 33 min
Les nouvelles graines de la résistance
Alexandre Lacroix 08 juillet 2021
L’avant-garde des « humanités écologiques » a élu résidence entre le Vercors et les Alpes. Pour ce reportage en plein air, nous sommes allés à la rencontre d’une nouvelle génération de penseurs, en demandant à chacun de nous recevoir dans un lieu chargé de sens. Et nous les avons invités à déployer un rapport inédit et revigorant au vivant et à la Terre.
Les nouvelles graines de la résistance
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Proctorio, le pion sans visage
Isabelle Sorente 08 juillet 2021
Ce logiciel de surveillance d’examens à distance a été acquis par plusieurs grandes universités américaines. Mais son inflexibilité toute mécanique l’autorise à exclure bien d’autres candidats que de simples tricheurs. Malheur à celui ou celle qui lève les yeux de sa copie !
Proctorio, le pion sans visage
DOSSIER
5 articles
L’étrange gravité du sexe
Publié le 08 juillet 2021
Nous vivons une drôle d’époque du point de vue des mœurs. D’un côté, avec les applications de rencontre, la mode des sex friends et des plans cul, le succès des conseils des sexperts, nous n’avons jamais été aussi près d’une démystification de l’érotisme qui facilite sa consommation effrénée. De l’autre, avec le phénomène #metoo mais aussi la publication de livres comme La Familia Grande de Camille Kouchner, une prise de conscience de la violence de la domination masculine est en cours, qui empêche de prendre l’acte sexuel à la légère. Alors, voulons-nous tout à la fois plus de liberté et plus d’éthique au lit ? Est-ce seulement possible ? > Pour le comprendre, rien de tel que d’écouter quelques histoires vraies d’hommes et de femmes, gay ou hétéro, dont la vie a été profondément modifiée par certains rapports sexuels. La philosophe et psychanalyste Clotilde Leguil, autrice de Céder n’est pas consentir, en donne sa lecture. > Dans les universités américaines, l’éthique sexuelle est devenue une discipline à part entière. Nous avons interrogé l’un de ses représentants, Raja Halwani, dont les travaux portent sur le mariage et sur les coups d’un soir. > Si l’on est attentif aux avancées et aux publications féministes, qu’est-ce qu’on fait dans l’intimité ? Les gestes et les paroles qui miment la domination ou la soumission sont-ils à proscrire ? Un article en forme de plaidoyer inquiet, par notre journaliste Ariane Nicolas. > Ces deux écrivains ont en commun d’avoir mené des expériences extrêmes et de les avoir racontées dans un roman. Emma Becker s’est prostituée dans un bordel de Berlin, Arthur Dreyfus est tombé dans l’addiction sexuelle. Leur dialogue tourne autour de la curieuse fragilité du plaisir.
L’étrange gravité du sexe
Article 5 min
Le jeu de la vérité
Martin Legros 08 juillet 2021
Plus qu’un moment de plaisir, plus qu’un passe-temps ludique, l’acte sexuel ne révélerait-il pas à chacun son être intime, sa part de lumière et sa zone grise ?
Le jeu de la vérité
Article 17 min
Mises à nu
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
Amoureuses ou passagères, fusionnelles ou traumatisantes : cinq témoins, hommes et femmes, gay et hétéros, nous livrent leurs aventures sexuelles les plus marquantes. La philosophe et psychanalyste Clotilde Leguil commente ces récits, convaincue d’y trouver des expériences fondatrices.
Mises à nu
Article 9 min
Raja Halwani : “Le consentement ne suffit pas à qualifier l’acte sexuel d’éthique”
Victorine de Oliveira 08 juillet 2021
Le consentement est-il suffisant pour qu’une relation sexuelle soit équilibrée ? N’est-il pas une entrave au désir et au plaisir ? Comment, dès lors, des partenaires peuvent-ils établir une véritable égalité sexuelle entre eux ? Professeur de philosophie à la School of the Art Institute de Chicago et spécialiste d’éthique sexuelle, Raja Halwani esquisse les conditions d’un rapport sexuel éthique.
Raja Halwani : “Le consentement ne suffit pas à qualifier l’acte sexuel d’éthique”
Article 5 min
Peut-on encore jouir sans entraves ?
Ariane Nicolas 08 juillet 2021
Prise de conscience salutaire, l’actuelle vague féministe a également engendré de nouvelles normes, parfois contraignantes. Peut-on être vraiment libérée sexuellement après #metoo ? Réponse de notre journaliste Ariane Nicolas dans ce texte engagé.
Peut-on encore jouir sans entraves ?
Dialogue 9 min
Emma Becker-Arthur Dreyfus. Au-dessous du volcan
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
Elle s’est immergée dans un bordel berlinois pour décrire dans La Maison cette « ombre claire » de la sexualité tarifée, explorant ses obscurités sans moraline ni caricature. Il a publié son monumental Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui, enregistrant crûment chaque nouvelle expérience. Emma Becker et Arthur Dreyfus parlent du désir, de la jouissance, de la mort, et témoignent d’une quête de vérité.
Emma Becker-Arthur Dreyfus. Au-dessous du volcan
LE CLASSIQUE SUBJECTIF
3 articles
Michel de Montaigne vu par Claude Romano
Publié le 08 juillet 2021
Montaigne a voulu ses Essais comme un laboratoire, nous dit le philosophe Claude Romano. Non pour se connaître mais pour forger sa vie en écrivant. Cheminer avec Montaigne, c’est la promesse de renouer avec le naturel et l’authenticité, d’approcher, sans la rechercher, sa vérité.
Claude Romano : “Lire Montaigne est une expérience de liberté”
Article 12 min
Claude Romano : “Lire Montaigne est une expérience de liberté”
Victorine de Oliveira 08 juillet 2021
Montaigne a voulu ses Essais comme un laboratoire, nous dit le philosophe Claude Romano. Non pour se connaître mais pour forger sa vie en écrivant. Cheminer avec Montaigne, c’est la promesse de renouer avec le naturel et l’authenticité, d’approcher, sans la rechercher, sa vérité.
Claude Romano : “Lire Montaigne est une expérience de liberté”
Article 2 min
Un extrait de Montaigne commenté par Claude Romano
Victorine de Oliveira 08 juillet 2021
L’extrait de Michel de Montaigne « Or, de moy, j’ayme mieux estre importun et indiscret que flateur et dissimulé. J’advoue qu’il se peut mesler quelque pointe de fierté et d’opiniastreté à se tenir ainsin entier et descouvert sans consideration d’autruy ; et me semble qu..
Article 5 min
Montaigne, décidément moderne
Victorine de Oliveira 08 juillet 2021
Auteur inclassable mû par son insatiable curiosité, Montaigne ne cessera de prendre des positions très singulières, en faveur des animaux, contre le mariage ou l’éducation classique.
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi visitons-nous les musées en silence ?
Nicolas Tenaillon 08 juillet 2021
Ce n’est pas interdit, mais il est rare de parler à voix haute dans les musées. D’où vient cette loi du silence ? Quatre philosophes vous passent l’audioguide.
Pourquoi visitons-nous les musées en silence ?
Article 1 min
Kombinować
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
Et si vous en rajoutiez auprès de votre médecin pour que votre rhume se transforme en arrêt-maladie ? Pas très moral, mais l’ambiance étant délétère au travail, vous n’auriez pas volé votre pause… Vous voilà sur le point de kombinować, remarquerait un Polonais. De ruser, quitte à..
Article 2 min
Attente
Océane Gustave 08 juillet 2021
Sénèque (v. 4 av. J.-C.-65 apr. J.-C.) Les hommes, parce qu’ils sont toujours en quête d’un avenir meilleur, se privent paradoxalement de tout bonheur. En effet, pour le philosophe stoïcien, « ce qui nous empêche le plus de vivre, c’est l’attente qui se fie au lendemain&n..
LIVRES/NOTRE SÉLECTION D’ÉTÉ
Livre
Gavin Francis
Rêver des îles. Le voyage comme respiration philosophique
Publié le 06 juillet 2021
Et si votre prochaine destination était une île ? À vrai dire, pas même besoin de réserver un billet d’avion : les cartes anciennes qui illustrent cet essai suffisent à l’évasion et à la rêverie. Pour le médecin et écrivain écossais Gavin Francis, les Hébrides, les Baléares ou les Féroé exercent un attrait onirique et philosophique, au point qu’il s’échappe du continent dès qu’il le peut – la Grande-Bretagne est sans doute une île trop étendue pour pouvoir exercer son charme sur l’auteur. Ce désir étrange est le point de départ de son essai. En clinicien, Gavin Francis s’interroge : « Se pourrait-il que l’amour des îles relève moins d’une prédilection que d’un diagnostic ? » Il se souvient du psychanalyste et pédiatre Donald Winnicott, pour qui l’adolescent ne peut parvenir à l’âge adulte qu’à condition de trouver des espaces d’isolement nécessaires à la construction de sa propre identité. S’isoler est vital. Gare toutefois à la rupture pathologique. Rallier une île, c’est aussi se donner l’occasion de « simplifier », selon le mot d’ordre de Henry David Thoreau, dont l’étang de Walden n’est au fond qu’une « île en négatif ». Là-bas, les sons se réduisent au vent, aux vagues et aux cris des oiseaux marins. La difficulté d’accès fait qu’on ne s’encombre que du nécessaire – Gavin Francis évoque souvent sa tente pour seul habitat. S’embarquer pour une île reculée, c’est faire une expérience philosophique : celle de la rupture avec la communauté des êtres humains, de la rencontre avec une nature indifférente et préservée, et de la possibilité de s’épanouir dans la solitude. Mais si les îles fascinent à ce point l’auteur, c’est qu’elles recèlent toujours la possibilité de la fuite, du retour à l’activité du continent et de la ville. Certes, il existe des îles-prisons au haut potentiel imaginaire : Alcatraz, Rikers Island, If ou encore l’île sur laquelle échoua Robinson Crusoé… Mais la condition sine qua non de l’isolement réussi réside dans la possibilité du retour. Gavin Francis convoque Rousseau, Stevenson, Woolf ou Darwin dans son sac à dos d’arpenteur des îles du monde entier. En résulte un essai écrit comme on naviguerait à l’envi entre les différents points d’une carte dont on dessinerait soi-même les contours.
Rêver des îles. Le voyage comme respiration philosophique
Livre
Patrick Chamoiseau
Le Conteur, la Nuit et le Panier
Publié le 06 juillet 2021
Le conteur, la nuit : ayant grandi aux Petites Antilles, ces mots résonnent en moi comme si les contes créoles étaient restés enfouis dans ma mémoire de petite fille, sans que je les aie vraiment entendus. Patrick Chamoiseau, lui, ne cesse de déchiffrer leur signification pour aujourd’hui. Dans ce dernier livre, encore plus que dans les précédents, il fait du conteur une figure de résistance. Le vieux « Maître-de-la-Parole » du XVIIe siècle, au cœur de la plantation, résistait à l’ordre colonial et esclavagiste. Quand on parle de résistance des esclaves, on pense immédiatement au marronnage : des esclaves trouvaient la force de fuir la propriété du maître esclavagiste et n’hésitaient pas à s’enfoncer dans la végétation hostile pour mieux organiser la libération de leurs pairs restés prisonniers. Le conteur, lui, est un prisonnier a priori comme les autres, mais il est celui qui ouvre le champ des possibles dans l’espace avilissant de la plantation. C’est que le conteur s’exprime toujours la nuit : cette nuit qui efface les ombres menaçantes de la colonie, gomme ce soleil impitoyable sous lequel on a dû courber l’échine des heures durant. Contre toute attente, le conteur fait jaillir un espace de rêverie au sein même de l’aliénation. Sa performance est alors totale, poétique : elle restructure l’espace et, surtout, elle est une réappropriation du corps et de la voix. Patrick Chamoiseau interprète sa pratique littéraire à la lumière de cette expression émancipatrice primordiale et, ce faisant, il la réintègre dans la longue histoire de l’humanité. Quant au « panier », dernier terme du titre de son ouvrage, il est l’énigme : pourquoi le conteur, s’il parle en plein jour, risque-t-il d’être transformé en panier ?
Le Conteur, la Nuit et le Panier
Livre
Milo Rau
Vers un réalisme global
Publié le 06 juillet 2021
« Il ne s’agit plus seulement de représenter le monde. Il s’agit de le changer. » Voici le premier principe du manifeste rédigé par l’artiste Milo Rau, directeur du Théâtre national de Gand. Son but ? Réformer les règles de création : révision du statut de l’auteur, refus d’adapter littéralement les classiques, modestie de moyens… Avec son ambition d’inspiration marxienne, il affirme une démarche « réaliste ». Ce volume composite en témoigne, qui réunit trois conférences qu’il a données ainsi que des entretiens. S’inspirant d’Aristote autant que de Bourdieu, Milo Rau fait un sort à la déconstruction. Il n’entend plus se contenter d’interroger le monde ou de le critiquer, il veut apporter des réponses, quitte à se tromper. Certains disent sa démarche documentaire, parce qu’il met en scène des sujets comme le procès de Ceauseșcu ou le génocide des Tutsi par les Hutu. Or il ne restitue jamais scrupuleusement l’histoire, il la rejoue, au sens qu’attribue Søren Kierkegaard à la reprise : un second commencement, un « ressouvenir en avant » qui crée du sens. L’art dramatique selon Rau repose ainsi sur trois piliers. D’abord, la pratique de « l’anthropologie d’investigation », un art de la mimêsis répétant donc le passé pour en retrouver la « forme émotionnelle » ; ensuite, un art de « l’apparaître », ou le « théâtre comme médium de présence », interpellant le regard du spectateur jusqu’à provoquer la catharsis ; enfin, un art de la « propagande », exposant la réalité dans « toutes ses conséquences », espérant en changer concrètement « l’ordre symbolique ». Cette réflexion stimulante nourrie par l’expérience fait du théâtre plus qu’un simple passe-temps : une manière « d’élargir et de politiser la perception du monde ». Décidément essentiel ?
Vers un réalisme global
Livre
Charles Baudelaire
La Passion des images. Œuvres choisies
Publié le 06 juillet 2021
Baudelaire poète ou Baudelaire critique d’art ? Plus besoin de choisir ! Forte de la conviction que l’imaginaire poétique propre à Baudelaire est intimement lié à la « passion des images » qui l’animait, cette édition propose 310 illustrations en couleurs pour illuminer ce volume : des tableaux de Courbet et de Manet, des eaux-fortes de Goya, des encres et lavis de Constantin Guys – « le peintre de la vie moderne » –, des crayonnés des caricaturistes, des dessins à la plume de la main même de Baudelaire, des portraits de Nadar… Ici, il s’agit d’illustrer un poème, comme lorsque fait face à Danse macabre la statuette du même nom ayant appartenu au poète. Ailleurs, comme dans le cas de ses commentaires sur les Delacroix de l’église Saint-Sulpice ou de ses Salons (expositions d’art contemporain), les reproductions donnent une dimension supplémentaire à ses jugements. Partout, ces images réunies rendent à la sensibilité de Baudelaire son unité, nous font pénétrer dans l’univers visuel d’une esthétique faite de force et de sensualité, où la noirceur côtoie un rêve de beauté. Mieux : le lecteur, en l’occurrence le lecteur-spectateur, est amené à imaginer lui-même des Correspondances pour faire dialoguer les couleurs qu’il voit et la musique des mots qu’il lit ou déclame. Nous rendre un peu baudelairiens à notre tour, il n’y a pas de plus belle manière de célébrer cette année le bicentenaire de la naissance de l’écrivain.
La Passion des images. Œuvres choisies
Livre
David Abram
Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens
Publié le 06 juillet 2021
L’écologie politique se présente souvent comme une complainte culpabilisante. Elle nous livrerait au constat d’une catastrophe annoncée dont nos modes de vie et de pensée prédateurs seraient responsables. L’intérêt de la démarche de David Abram, qui a été prestidigitateur itinérant avant de devenir une figure de l’écologie contemporaine, titulaire de la chaire Arne-Næss à l’Université d’Oslo, est de nous faire sortir de ce cadre « humaniste larmoyant » – au sens où l’humanité y décide, pour le pire, de la forme de son environnement –, pour adopter un point de vue « métaphysique inspiré ». Il s’agit de creuser plus profond tout en adoptant la position d’un joyeux enquêteur. Si la terre s’est tue, écrit Abram, si nous n’entendons plus les esprits du vent et des éléments, ce n’est pas seulement que nous les avons fait disparaître, c’est que, sous le coup d’une histoire longue, où la Bible autant que la philosophie ont leur part, le monde lui-même a peu à peu cessé de nous parler. Selon lui, nous avons transposé dans l’expérience de la lecture cette « interaction animée » que les humanités archaïques entretenaient avec la Terre : « De même que jadis les animaux non humains, les plantes et même les rivières “inanimées” parlaient à nos ancêtres tribaux, aujourd’hui les lettres “inertes” sur la page nous parlent. C’est une forme d’animisme que nous considérons comme allant de soi, mais ce n’en est pas moins de l’animisme – aussi mystérieux qu’une pierre qui parle. » Est-ce à dire que nous ne pouvons plus entrer en résonance avec la Terre ? Loin s’en faut. À travers une relecture fine de Merleau-Ponty et de Heidegger, Abram nous convainc qu’en dépit du fait que nous ne croyons plus aux esprits des lieux, nous continuons, via la perception sensible du bleu d’un ciel, par exemple, d’entretenir un rapport participatif d’envoûtement avec le visible. Dans un monde de plus en plus technique, c’est même, dit-il, la dernière pierre de touche dont nous disposons : « Sans l’oxygène et le souffle des forêts, sans l’étreinte de la pesanteur, sans la magie tumultueuse des rivières, nous n’avons aucune distance par rapport à nos technologies, aucune possibilité d’évaluer leurs limites, aucune manière d’éviter leur emprise. » La force de cette pensée et de la prose magnifique d’Abram est de faire parler à nouveau le mystère des rivières, des arbres et du vent… avec des mots !
Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens
Livre
Mélanie Traversier
L’Harmonica de verre et miss Davies. Essai sur la mécanique du succès au siècle des Lumières
Publié le 06 juillet 2021
L’harmonie est-elle angélique ou démoniaque ? La pureté absolue d’un son touche-t-elle le ciel de la douceur ou bien l’enfer de la folie ? C’est cette tension – électrique ? – qui traverse le récit de Mélanie Traversier sur l’histoire d’un instrument inouï, l’harmonica de verre. De cloches de cristal de diamètres croissants, enchâssées sur un axe tournant, l’on tire des harmonies « célestes » en les frottant avec des doigts mouillés. L’instrument a été mis au point en 1761 par le « génie de l’électricité », Benjamin Franklin, artisan de l’indépendance américaine et personnage clé des Lumières. Sa notoriété éclipsera celle de Mary Ann Davies, première interprète de cet harmonica et dont l’historienne documente le destin tragique. L’émotion musicale s’allie ici aux sciences. Nous passons du cosmos, avec l’harmonie des sphères de Pythagore, au corps, avec la mécanique des fluides : les expériences de magnétisme de Mesmer dans les années 1780 au son de l’harmonica de verre exacerbent la réputation sulfureuse de l’instrument. L’harmonica va ainsi s’accorder à la nervosité des Lumières, puis s’abîmer dans la mélancolie des romantiques pour finir disqualifié par la rationalité de la révolution industrielle à partir de 1830. Et cette rationalité peut aller jusqu’à une « mélophobie », une haine de la musique. Tantôt érotique ou suspectée de provoquer les maladies des nerfs (l’ennui et la mélancolie, prisées dans l’imaginaire romantique), tantôt au contraire soignant l’épilepsie et l’hystérie, la recherche de l’harmonie absolue est toujours un clair-obscur, comme l’héritage des Lumières lui-même.
L’Harmonica de verre et miss Davies. Essai sur la mécanique du succès au siècle des Lumières
Livre
Textes réunis par Quentin Hiernaux
Philosophie du végétal. Botanique, épistémologie, ontologie
Publié le 06 juillet 2021
Quoique je goûte peu les après-midi à la plage, je me réjouis d’aller, d’ici quelques semaines, en Vendée. Moins pour la mer que pour les grandes forêts de pins et de chênes biscornus qui la bordent. M’y promener suscite toujours chez moi une joie vive, qui ne va pas cependant sans une légère appréhension devant ce spectacle étourdissant de la vie, entremêlant ses innombrables formes dans les taillis confus. « Foyer sans éclat ni chaleur qui brûle sans autre signification que dévorer et croître », le végétal « perturbe l’ordre de notre système de pensée », analyse Quentin Hiernaux en ouverture de ce recueil. Peut-être est-ce la raison pour laquelle nous avons chassé les plantes de nos villes comme de notre tradition philosophique : parce qu’elles nous inquiètent. Nous ne savons pas vraiment ce qu’elles manigancent ; nous commençons tout juste à saisir ce dont elles sont capables : mémorisation, apprentissage, comme le montre le travail pionnier d’Helena Lipavskà, de Fatima Cvrčková et de Victor Zárský, chercheurs tchèques jamais traduits jusqu’ici. C’est le cas aussi de bon nombre de textes sélectionnés par Hiernaux qui, du philosophe de la Renaissance Andrea Cesalpino à la réflexion du Britannique Anthony Trewavas sur l’activité des plantes, invitent à redécouvrir tout un pan du réel resté longtemps dans l’ombre. Oubli paradoxal, car même si nous ne lui prêtons pas attention, le végétal enserre nos existences : il « nous est familier avant tout par son omniprésence. Nous partageons avec lui, partout et depuis toujours, presque tous nos milieux de vie ». Pas d’atmosphère sans arbres, pas d’agriculture sans céréales. Nous entretenons avec les plantes un lien vital et « réconfortant » qu’il est urgent de penser. En vous abandonnant à la douceur de l’été, demandez-vous sans fin ce qui se trame dans les brins d’herbe d’une pelouse, dans la fleur d’un jardin ou dans l’arbre centenaire d’une forêt !
Philosophie du végétal. Botanique, épistémologie, ontologie
Livre
Louise Glück
L’Iris sauvage
Publié le 06 juillet 2021
Souvent, la poésie américaine est spatiale. La poésie européenne est plutôt temporelle, elle évoque des drames vécus par un sujet (le poète) plongé dans le temps. Mais la poésie américaine essaie de prendre la mesure d’un espace et tisse différentes voix pour le déployer dans toutes ses dimensions. Difficile, lorsqu’on ouvre le recueil L’Iris sauvage de Louise Glück, lauréate du prix Nobel de littérature 2020, de ne pas penser à l’un des plus célèbres poèmes de la tradition américaine, Asphodèle de William Carlos Williams, qui avait connu un accueil dithyrambique à sa parution en 1954 et qui est une déclaration d’amour à sa femme, Flossie. Le renouvellement des champs d’asphodèles représente chez Williams les transformations de l’amour conjugal (il avait épousée Flossie en 1912). Pour L’Iris sauvage, Louise Glück se donne comme espace d’exploration poétique un jardin. De nombreux poèmes portent le nom d’une fleur (« Perce-Neige », « Violettes », « La Rose blanche »…) et démarrent comme des prosopopées, c’est-à-dire que ce sont les plantes qui s’expriment. Mais il y a deux autres voix importantes dans ce jardin, dont l’alternance est de plus en plus marquée : celle d’un jardinier qui, le regard tourné vers la terre, est matérialiste, concret, et celle d’une divinité créatrice. L’Iris sauvage est également un recueil sur l’amour conjugal, et l’on voit souvent passer dans ce jardin deux silhouettes, celles de John et de Noah, prénoms du mari et du fils de Louise Glück. Évidemment, cette construction est hyperintellectuelle, très abstraite, et pourtant, et c’est le tour de force de Glück, la langue est d’une extrême simplicité : « Les êtres humains laissent des traces de sentiments partout, fleurs éparpillées sur un chemin de terre, toutes blanches et dorées, certaines d’entre elles à peine soulevées par le vent du soir. » L’édition Gallimard est bilingue, et c’est une bonne idée, car l’on peut regretter que la traduction française vise quelquefois à rendre le texte plus soutenu, plus nobélisable qu’il ne l’est dans l’original (fallait-il rendre « dark birds » par « sinistres freux », « white fire » par « feu opalin », ou encore rétablir la ponctuation souvent élidée à dessein ?). On l’a compris, L’Iris sauvage est imprégné d’un lyrisme très cérébral, mais c’est une haute réalisation artistique, un peu comme les Concertos brandebourgeois de Bach.
L’Iris sauvage
Livre
Mark Fisher
Spectres de ma vie
Publié le 06 juillet 2021
À l’origine de ce livre, il y a un mot de Jacques Derrida : « hantologie ». L’hantologie, c’est la poursuite des phénomènes du passé disparus dans le présent. Ils vivent dans « l’espace entre l’être et le rien », ils ont la texture du spectre : invisibles parce qu’ils ne sont plus, visibles parce que leur souvenir continue de mouvoir les vivants. Mark Fisher (1968-2017) a passé sa vie de philosophe et de critique musical à se débattre avec les spectres des rêves de son époque : l’émancipation punk, la liberté des raves des années 1990 et surtout l’horizon communiste auquel il aspirait. À chaque fois, ces espoirs ont été balayés par « le réalisme capitaliste » et le mot martial prêté à Margaret Thatcher : « Il n’y a pas d’alternative. » Mais grâce à l’hantologie, Mark Fisher a pu au moins en retrouver les fantômes, dans le cinéma de Christopher Nolan, dans la musique de Joy Division ou de Burial. Autant de traces de ces futurs perdus mais encore là, quelque part, réfugiés entre une basse dubstep et la voix sépulcrale de Ian Curtis. La musique, dit Fisher, est particulièrement adaptée aux spectres, parce qu’elle « donne à entendre ce qui n’est pas là, la voix enregistrée, la voix qui ne garantit plus la présence ». Comme un souvenir de Hegel, qui écrivait que « le son est une extériorisation qui, à peine née, se trouve abolie par le fait même de son être là, et disparaît d’elle-même ». Oui, l’évanescence de la musique épouse l’être disparu de l’hantologie. Alors si vous voulez lire Fisher, un conseil : branchez votre casque.
Spectres de ma vie
Livre
Vladimir Jankélévitch
Philosophie morale
Publié le 06 juillet 2021
Pourquoi les meilleures choses sont-elles toujours à consommer « avec modération » ? Et « pourquoi faut-il que ce qui a bon goût soit nuisible, que ce qui est doux [et] suave […] n’annonce pourtant rien de bon pour moi ? » C’est ce genre de questions que Jankélévitch affronte dans cette somme de six ouvrages de philosophie morale, établie et préfacée par Françoise Schwab. « La Mauvaise Conscience », premier essai, s’attaque au remords, « ce remurmure » lancinant de la culpabilité qui a le mauvais goût « d’arriver toujours en retard », une fois que l’on a fini le paquet de bonbons. L’âme, que le philosophe désigne comme un « milieu infiniment excitable », n’a pas fini de se soumettre aux tentations… Et de s’en mordre les doigts ! Sous la plume de l’auteur, les corrupteurs ressemblent à des personnages de contes de fées : « ogres », « nains » et autres « demi-sorciers » sont capables, en un clin d’œil, de nous faire enfler d’orgueil ou de nous réduire à la mesquinerie la plus ridicule. « Les monstres de la conscience » ont des adversaires de taille : la modestie, le charme ou encore l’humour nous permettent de renouer, l’espace d’un instant, avec « le ciel de mai de l’innocence ». Certes, « la pureté » ne dure jamais, et les obstacles sont infinis. Mais c’est la force de cette philosophie : faire de notre vie morale une véritable odyssée, avec ses embûches et ses moments de grâce. Loin d’être un chemin de croix, cette aventure débordante « déblaye en plein réel des oasis de ferveur et d’intensité », tout en exaltant « le délicieux décousu de l’existence ». Cet été, plongez-vous donc dans Jankélévitch, moraliste virtuose et rafraîchissant qui, sans faire la morale… réussit même à nous redonner le moral !
Philosophie morale
Livre
Vassili Grossman
Années de guerre
Publié le 06 juillet 2021
Steppes jaunies de la toundra, gares comme des oasis, métropoles industrielles cerclées d’infinis sapins : cette Russie « immortelle » est le principal décor des Années de guerre de Vassili Grossman, collection d’articles parus pendant la Seconde Guerre mondiale dans L’Étoile rouge, le magazine de l’armée soviétique pour qui il fut correspondant de guerre. Suivant la chronologie des combats, ces neuf textes relatent l’invasion de l’Ukraine, la bataille de Stalingrad, puis la progression de l’URSS vers l’Allemagne. Partout, « l’atmosphère est en folie » : la terre, le ciel, la Volga, tout rougeoie et part en cendres. Les Juifs sont assassinés par milliers, les Slaves brûlés vifs dans leurs isbas, les « Sibériens » en armes tombent en masse. « Il est courant d’appeler ça enfer. » Face à ce spectacle de mort, le sang-froid de l’écrivain impressionne. Sa sensibilité aussi : dans le regard apeuré d’un cheval ou le bleu d’un chardon fleurissant, il témoigne du tragique de la guerre, tout en capturant des étincelles de vie, parvenant malgré tout à la transfigurer. Ce matériau se retrouvera dans son grand œuvre Vie et Destin, qu’il commence à écrire peu après la fin du conflit. Dans sa préface, Mathias Enard (prix Goncourt 2015) raconte le parcours étonnant de ce recueil d’articles, traduit anonymement en 1946, puis resté circonscrit aux bouquinistes. Il bénéficie donc, enfin, d’une large exposition. Ce qui étonne dans ces textes, c’est leur registre d’écriture, qui oscille entre journalisme, roman et propagande. Grossman était-il alors un stalinien convaincu ? En tout cas, l’admiration qu’il éprouve pour « la magnifique fraternité des prolétaires opprimés » ou leur « noble moralité » semble sincère (rappelons toutefois que Vie et Destin, achevé en 1962, est une charge violente contre le stalinisme, qui sera confisqué par le KGB et échappera de peu à la destruction). Saisissant, le livre devient vraiment déchirant avec l’évocation de Treblinka. Grossman est l’un des premiers à avoir découvert le camp d’extermination : il en décrit le fonctionnement à l’aide de dizaines de témoignages. Et même dans ce travail d’historien, l’écrivain reprend le dessus : « On sema du lupin sur l’emplacement du camp, et un certain Streben s’y construisit une maisonnette. Aujourd’hui, elle n’existe plus : elle a été brûlée, elle aussi. »
Années de guerre
Livre
Jean Genet
Romans et poèmes
Publié le 06 juillet 2021
Dans Saint Genet, comédien et martyr paru en 1952, Sartre écrit : « Le génie n’est pas un don mais l’issue qu’on invente dans les cas désespérés. » De fait, en 1948, au bout de six ans seulement, Jean Genet achève un prodigieux cycle romanesque. Ouverte en 1942 par Notre-Dame-des-Fleurs, cette fulgurance se poursuit avec Miracle de la rose, puis Pompes funèbres, Querelle de Brest et enfin Journal du voleur. Rassemblés en un volume dans La Pléiade, ces romans et récits servent d’écrin à un personnage-roi, un prince des ténèbres. On y retrouve Divine, la créature sulfureuse de Notre-Dame-des-Fleurs, on y contemple Harcamone, le condamné à mort de Miracle de la rose. On s’y confronte à la violence de Georges Querelle, le marin meurtrier de Querelle de Brest, ou à celle, plus trouble encore, d’Erik Seiler, l’officier nazi de Pompes funèbres. Ces personnages sont de vivantes condamnations d’une bienséance morale, politique et sexuelle dont la force de nuisance l’emporte toujours sur la leur. « Il existe un étroit rapport des fleurs et des bagnards, écrit Genet dans Journal du voleur. La fragilité, la délicatesse des premières sont de même nature que la brutale insensibilité des autres. » Ces textes, où l’argot et le classicisme se fécondent l’un l’autre, porte en eux une logique d’inversion très puissante. Le brutal y devient délicat, le vil s’y anoblit, le criminel s’y sanctifie. La rage destructrice y côtoie l’émerveillement, comme si la démolition était un préalable à la poésie. Réceptacle hypersensible de la barbarie du XXe siècle, l’œuvre de Genet n’en cherche pas l’antidote, elle joue le jeu périlleux de sa transfiguration.
Romans et poèmes
Livre
David Graeber
L’Anarchie - pour ainsi dire
Publié le 06 juillet 2021
La mort de David Graeber, en septembre dernier, m’a marqué. Sans l’avoir lu in extenso, j’étais et demeure convaincu que nous perdions un grand penseur. C’est un réconfort que de pouvoir lire, quelques mois plus tard, ces conversations que l’anthropologue anarchiste et figure de proue du mouvement Occupy Wall Street a tenues avec Mehdi Belhaj Kacem, Nika Dubrovsky et Assia Turquier-Zauberman. Le ton y est libre, enlevé, stimulant. On a l’impression d’écouter quatre amis occupés à refaire le monde pendant des heures, un soir d’été. J’ai sans doute trouvé dans ce livre plus que ce que j’étais venu chercher : la possibilité de croire à une conciliation entre le socialisme et l’anarchisme, en dépit de l’aspect potentiellement disciplinaire et liberticide du premier, désordonné et inégalitaire du second. Car voilà : Graeber est un anarchiste qui a une acception tout à fait singulière de la liberté, ce qui le préserve de ne jamais s’enferrer dans une chapelle sectaire – Dieu sait, et Graeber aussi, qu’elles sont (re ?) devenues nombreuses ces derniers temps. Pour lui, la liberté est d’abord « cette capacité à faire des promesses », à entrer volontairement dans des relations de contrainte en se ménageant toujours la possibilité d’en sortir. Un véritable tremplin aussi bien moral que politique, qui permet notamment de faire du Rojava kurde, au nord de la Syrie, le modèle d’une prometteuse « double souveraineté », à la fois descendante et ascendante – étatique, d’un côté ; municipale et libertaire, de l’autre. « Nous n’allons pas avoir un moment insurrectionnel où l’État s’effondre », assène sans détour l’anthropologue. Mieux vaut construire des hybridations politiques plutôt que de développer des principes moraux rigides. Promettons-nous d’essayer la liberté : ce sont les mots que je retiens de cette discussion posthume.
L’Anarchie - pour ainsi dire
CULTURE
Article 2 min
“Moriyama-Tōmatsu : Tokyo”, urbain révélateur
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
La Maison européenne de la photographie (à Paris) présente jusqu'au mois d'octobre le travail de deux photographes japonais, Daidō Moriyama et Shōmei Tōmatsu. Les deux artistes dressent une cartographie labyrinthique de Tokyo, à rebours de tous les clichés.
“Moriyama-Tōmatsu : Tokyo”, urbain révélateur
Article 2 min
“Hamlet à l’impératif !”. Qui est là ?
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
Olivier Py se frotte à un monument à l’occasion de l'édition 2021 du Festival d'Avignon : Hamlet, sans doute la pièce la plus philosophique de Shakespeare, que le metteur en scène conjugue « à l’impératif ». Un travail prolongé d'un livre qui vient de paraître chez Actes Sud.
“Hamlet à l’impératif !”. Qui est là ?
Article 2 min
“Annette”. Chantons sous la nuit
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
Avec son dernier film qui vient d’être présenté à Cannes, Leos Carax surprend une nouvelle fois. Le cinéaste met en scène Marion Cotillard et Adam Driver dans une comédie musicale noire où, sur les pas de Nietzsche, la « volonté de vérité » se confronte à la « volonté de puissance ».
“Annette”. Chantons sous la nuit
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 10 : optez pour les télévacances
François Morel 08 juillet 2021
Voici les vacances et leur cohorte de désagréments, dont je n’ai pas besoin de vous dresser la liste (mais je vais le faire quand même, parce que, c’est pas tout ça, mon papier est censé s’étirer jusqu’au bas de la page…). Voici donc les vacances d’été et leur cortège d..
Conseil n° 10 : optez pour les télévacances
JEU
Article 1 min
Philocroisés #71
Gaëtan Goron 08 juillet 2021
Horizontalement I. Puisque pour résoudre une grille de mots croisés, il faut de la méthode… II. Il s’est fait un nom avec celui de la rose. Pied-à-terre entouré d’eau de Sollers. Neptunium. III. Philosophie magazine vous décrit la galaxie autour de cet hum..
Philocroisés #72
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Phia Ménard. Les élans du corps
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
Sa discipline ? Un « art de la jonglabilité des éléments ».La chorégraphe Phia Ménard a fait de la transformation de la matière, et de sa résistance, un sujet spectaculaire, intime et émouvant. Invitée au Festival d’Avignon, elle y présente du 19 au 25 juillet La Trilogie des Contes Immoraux (pour Europe). Cette commande initiée par le philosophe Paul B. Preciado est l’aboutissement d’une réflexion politique engagée sur les conditions de possibilité d’une vie en commun. Avec sa figure de guerrière aux prises avec le monde, cette allégorie dansée met en scène nos échecs et nos insoumissions, ainsi que notre rapport contrarié à l’altérité.
(Philomag)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
N°151 - Juillet-Août 2021 - L'étrange gravité du sexe [texte imprimé] . - 2021 . - 98 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Philosophie Tags : sexe Vercors Montaigne Edgar Morin Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Nous vivons une drôle d’époque du point de vue des mœurs. D’un côté, avec les applications de rencontre, la mode des sex friends et des plans cul, le succès des conseils des sexperts, nous n’avons jamais été aussi près d’une démystification de l’érotisme qui facilite sa consommation effrénée. De l’autre, avec le phénomène #metoo mais aussi la publication de livres comme La Familia Grande de Camille Kouchner, une prise de conscience de la violence de la domination masculine est en cours, qui empêche de prendre l’acte sexuel à la légère. Alors, voulons-nous tout à la fois plus de liberté et plus d’éthique au lit ? Est-ce seulement possible ? (Philomag) Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Les carnés du sous-sol
Alexandre Lacroix 08 juillet 2021
Il y a quelques années, une jeune fille de ma famille éloignée est devenue attachée de presse chez Marc Dorcel (pour ceux qui ne connaissent pas, je renvoie aux paroles d’un autre classique contemporain, le rappeur La Fouine : « Le bonheur s’fait rare comme une vierge dans un film de..
ENTRETIEN
Entretien 25 min
Edgar Morin : “100 ans, ce n’est pas un chiffre normal”
Martin Legros 08 juillet 2021
Acteur engagé dans les grands événements de ce siècle, Edgar Morin a connu la Résistance, la désillusion communiste, l’effervescence de Mai-68 et de la contre-culture californienne, et il a anticipé l’actuelle urgence écologique. Pour nous, ce « philosophe sauvage », désormais centenaire, revient sur une vie de combats.
Edgar Morin : “100 ans, ce n’est pas un chiffre normal”
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“L’indépendance est-elle vraiment possible ?”
Charles Pépin 08 juillet 2021
Question de Romain Coste
“L’indépendance est-elle vraiment possible ?”
REPÉRAGES
Article 2 min
Un coup de pouce en plus
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
Et si vous vous dotiez d’un pouce supplémentaire ? C’est ce que propose le designer anglais Dani Clode. Les prothèses transhumanistes de son Third Thumb Project ne sont pas à destination des amputés mais visent à augmenter les capacités « normales » de l’homme – j..
Un coup de pouce en plus
Article 1 min
“Promesse”
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
“Nous ne pouvons pas nous reposer jusqu'à ce que la promesse d’égalité soit remplie pour chacun de nous dans chaque partie de cette nation” Joe Biden, le 16 juin 2021, sur Twitter “Une promesse indéterminée ajournant son échéance à un jour en général..
Article 1 min
“Brésilianisation”
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
Depuis le début des années 2000, un certain nombre de politologues soulignent combien la trajectoire économique mondiale rejoint celle du géant d’Amérique du Sud : explosion des inégalités, constitution d’oligarchies, privatisation des richesses… La brésilianisation ne peut pourtant ..
“Brésilianisation”
Article 1 min
“4320”
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
C’est la superficie en km2 du plus grand iceberg du monde, qui s’est détaché de l’Antarctique fin mai. Baptisé A-76, le bloc de glace s’est ensuite divisé en trois morceaux aux allures de monstres marins, qui continuent leur périple dans la mer de Weddell. L’image n’est pas gratuite..
Article 2 min
Relations de bon voisinage
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
Parmi les Français, 94 % discutent avec leurs voisins 77 % échangent des services 69 % font des visites de convivialité Ils se rendent chez leurs voisins 56 % des ouvriers non qualifiés 79 % des cadres du secteur culturel Ils tissent des relations avec des p..
PERSPECTIVES
Article 3 min
La gifle est-elle royaliste ?
Pierre Terraz 08 juillet 2021
Lors d’un déplacement dans la Drôme le 8 juin, le président de la République Emmanuel Macron s’est fait gifler par un homme lors d'un bain de foule. Un simple « pétage de plomb »… ou un geste plus engagé qu’il n’y paraît.
La gifle est-elle royaliste ?
Article 3 min
Faut-il avoir lu Confucius pour devenir taïkonaute ?
Océane Gustave 08 juillet 2021
Le projet de la science occidentale est de découvrir les lois qui régissent l’Univers, et les conquêtes spatiales américaine, russe ou européenne en sont le bras armé. Dès lors, quel système de représentation se cache derrière la ruée de la Chine contemporaine vers l’espace ?
Faut-il avoir lu Confucius pour devenir taïkonaute ?
Article 3 min
Armes acoustiques : l’injustice au-delà du mur du son ?
Alexandre Lacroix 08 juillet 2021
Dans le débat démocratique, les canons à son ne font guère de bruit. Ils viennent pourtant d’être déployés à la frontière entre la Grèce et la Turquie, dans le cadre de nouvelles mesures contre l’immigration qui posent des questions éthiques inédites.
Armes acoustiques : l’injustice au-delà du mur du son ?
Article 3 min
Avishai Margalit : “Il y a beaucoup de mauvais compromis dans cette coalition mais pas de ‘compromis pourris’”
Pierre Terraz 08 juillet 2021
Une coalition politique hétéroclite vient de chasser Benyamin Netanyahou de la tête du gouvernement israélien qu’il occupait depuis douze ans. Mais comment cette alliance fragile parviendra-t-elle à diriger le pays ? Éclairage avec Avishai Margalit, professeur émérite à l’Université hébraïque de Jérusalem et penseur du compromis.
Avishai Margalit : “Il y a beaucoup de mauvais compromis dans cette coalition, mais pas de ‘compromis pourris’”
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
Tout un fromage
Sven Ortoli 08 juillet 2021
Les premières traces de fromage ont été retrouvées en Pologne dans quelques interstices de poteries cassées : elles datent de 7 500 ans. En 2019, 26 millions de tonnes de fromage ont été produites à travers le monde. Avec 25 kg/an, les..
Tout un fromage
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Thomas Pesquet. Nouvelles de l’invisible
Tobie Nathan 08 juillet 2021
Le spationaute français actuellement en mission dans l’espace est adulé. Avec ses photos de la Terre vue du ciel, il témoigne, à la manière d’un chaman, de ce que nous ne pouvons – ou préférons ne pas – voir.
Thomas Pesquet. Nouvelles de l’invisible
REPORTAGE
Article 33 min
Les nouvelles graines de la résistance
Alexandre Lacroix 08 juillet 2021
L’avant-garde des « humanités écologiques » a élu résidence entre le Vercors et les Alpes. Pour ce reportage en plein air, nous sommes allés à la rencontre d’une nouvelle génération de penseurs, en demandant à chacun de nous recevoir dans un lieu chargé de sens. Et nous les avons invités à déployer un rapport inédit et revigorant au vivant et à la Terre.
Les nouvelles graines de la résistance
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Proctorio, le pion sans visage
Isabelle Sorente 08 juillet 2021
Ce logiciel de surveillance d’examens à distance a été acquis par plusieurs grandes universités américaines. Mais son inflexibilité toute mécanique l’autorise à exclure bien d’autres candidats que de simples tricheurs. Malheur à celui ou celle qui lève les yeux de sa copie !
Proctorio, le pion sans visage
DOSSIER
5 articles
L’étrange gravité du sexe
Publié le 08 juillet 2021
Nous vivons une drôle d’époque du point de vue des mœurs. D’un côté, avec les applications de rencontre, la mode des sex friends et des plans cul, le succès des conseils des sexperts, nous n’avons jamais été aussi près d’une démystification de l’érotisme qui facilite sa consommation effrénée. De l’autre, avec le phénomène #metoo mais aussi la publication de livres comme La Familia Grande de Camille Kouchner, une prise de conscience de la violence de la domination masculine est en cours, qui empêche de prendre l’acte sexuel à la légère. Alors, voulons-nous tout à la fois plus de liberté et plus d’éthique au lit ? Est-ce seulement possible ? > Pour le comprendre, rien de tel que d’écouter quelques histoires vraies d’hommes et de femmes, gay ou hétéro, dont la vie a été profondément modifiée par certains rapports sexuels. La philosophe et psychanalyste Clotilde Leguil, autrice de Céder n’est pas consentir, en donne sa lecture. > Dans les universités américaines, l’éthique sexuelle est devenue une discipline à part entière. Nous avons interrogé l’un de ses représentants, Raja Halwani, dont les travaux portent sur le mariage et sur les coups d’un soir. > Si l’on est attentif aux avancées et aux publications féministes, qu’est-ce qu’on fait dans l’intimité ? Les gestes et les paroles qui miment la domination ou la soumission sont-ils à proscrire ? Un article en forme de plaidoyer inquiet, par notre journaliste Ariane Nicolas. > Ces deux écrivains ont en commun d’avoir mené des expériences extrêmes et de les avoir racontées dans un roman. Emma Becker s’est prostituée dans un bordel de Berlin, Arthur Dreyfus est tombé dans l’addiction sexuelle. Leur dialogue tourne autour de la curieuse fragilité du plaisir.
L’étrange gravité du sexe
Article 5 min
Le jeu de la vérité
Martin Legros 08 juillet 2021
Plus qu’un moment de plaisir, plus qu’un passe-temps ludique, l’acte sexuel ne révélerait-il pas à chacun son être intime, sa part de lumière et sa zone grise ?
Le jeu de la vérité
Article 17 min
Mises à nu
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
Amoureuses ou passagères, fusionnelles ou traumatisantes : cinq témoins, hommes et femmes, gay et hétéros, nous livrent leurs aventures sexuelles les plus marquantes. La philosophe et psychanalyste Clotilde Leguil commente ces récits, convaincue d’y trouver des expériences fondatrices.
Mises à nu
Article 9 min
Raja Halwani : “Le consentement ne suffit pas à qualifier l’acte sexuel d’éthique”
Victorine de Oliveira 08 juillet 2021
Le consentement est-il suffisant pour qu’une relation sexuelle soit équilibrée ? N’est-il pas une entrave au désir et au plaisir ? Comment, dès lors, des partenaires peuvent-ils établir une véritable égalité sexuelle entre eux ? Professeur de philosophie à la School of the Art Institute de Chicago et spécialiste d’éthique sexuelle, Raja Halwani esquisse les conditions d’un rapport sexuel éthique.
Raja Halwani : “Le consentement ne suffit pas à qualifier l’acte sexuel d’éthique”
Article 5 min
Peut-on encore jouir sans entraves ?
Ariane Nicolas 08 juillet 2021
Prise de conscience salutaire, l’actuelle vague féministe a également engendré de nouvelles normes, parfois contraignantes. Peut-on être vraiment libérée sexuellement après #metoo ? Réponse de notre journaliste Ariane Nicolas dans ce texte engagé.
Peut-on encore jouir sans entraves ?
Dialogue 9 min
Emma Becker-Arthur Dreyfus. Au-dessous du volcan
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
Elle s’est immergée dans un bordel berlinois pour décrire dans La Maison cette « ombre claire » de la sexualité tarifée, explorant ses obscurités sans moraline ni caricature. Il a publié son monumental Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui, enregistrant crûment chaque nouvelle expérience. Emma Becker et Arthur Dreyfus parlent du désir, de la jouissance, de la mort, et témoignent d’une quête de vérité.
Emma Becker-Arthur Dreyfus. Au-dessous du volcan
LE CLASSIQUE SUBJECTIF
3 articles
Michel de Montaigne vu par Claude Romano
Publié le 08 juillet 2021
Montaigne a voulu ses Essais comme un laboratoire, nous dit le philosophe Claude Romano. Non pour se connaître mais pour forger sa vie en écrivant. Cheminer avec Montaigne, c’est la promesse de renouer avec le naturel et l’authenticité, d’approcher, sans la rechercher, sa vérité.
Claude Romano : “Lire Montaigne est une expérience de liberté”
Article 12 min
Claude Romano : “Lire Montaigne est une expérience de liberté”
Victorine de Oliveira 08 juillet 2021
Montaigne a voulu ses Essais comme un laboratoire, nous dit le philosophe Claude Romano. Non pour se connaître mais pour forger sa vie en écrivant. Cheminer avec Montaigne, c’est la promesse de renouer avec le naturel et l’authenticité, d’approcher, sans la rechercher, sa vérité.
Claude Romano : “Lire Montaigne est une expérience de liberté”
Article 2 min
Un extrait de Montaigne commenté par Claude Romano
Victorine de Oliveira 08 juillet 2021
L’extrait de Michel de Montaigne « Or, de moy, j’ayme mieux estre importun et indiscret que flateur et dissimulé. J’advoue qu’il se peut mesler quelque pointe de fierté et d’opiniastreté à se tenir ainsin entier et descouvert sans consideration d’autruy ; et me semble qu..
Article 5 min
Montaigne, décidément moderne
Victorine de Oliveira 08 juillet 2021
Auteur inclassable mû par son insatiable curiosité, Montaigne ne cessera de prendre des positions très singulières, en faveur des animaux, contre le mariage ou l’éducation classique.
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi visitons-nous les musées en silence ?
Nicolas Tenaillon 08 juillet 2021
Ce n’est pas interdit, mais il est rare de parler à voix haute dans les musées. D’où vient cette loi du silence ? Quatre philosophes vous passent l’audioguide.
Pourquoi visitons-nous les musées en silence ?
Article 1 min
Kombinować
Octave Larmagnac-Matheron 08 juillet 2021
Et si vous en rajoutiez auprès de votre médecin pour que votre rhume se transforme en arrêt-maladie ? Pas très moral, mais l’ambiance étant délétère au travail, vous n’auriez pas volé votre pause… Vous voilà sur le point de kombinować, remarquerait un Polonais. De ruser, quitte à..
Article 2 min
Attente
Océane Gustave 08 juillet 2021
Sénèque (v. 4 av. J.-C.-65 apr. J.-C.) Les hommes, parce qu’ils sont toujours en quête d’un avenir meilleur, se privent paradoxalement de tout bonheur. En effet, pour le philosophe stoïcien, « ce qui nous empêche le plus de vivre, c’est l’attente qui se fie au lendemain&n..
LIVRES/NOTRE SÉLECTION D’ÉTÉ
Livre
Gavin Francis
Rêver des îles. Le voyage comme respiration philosophique
Publié le 06 juillet 2021
Et si votre prochaine destination était une île ? À vrai dire, pas même besoin de réserver un billet d’avion : les cartes anciennes qui illustrent cet essai suffisent à l’évasion et à la rêverie. Pour le médecin et écrivain écossais Gavin Francis, les Hébrides, les Baléares ou les Féroé exercent un attrait onirique et philosophique, au point qu’il s’échappe du continent dès qu’il le peut – la Grande-Bretagne est sans doute une île trop étendue pour pouvoir exercer son charme sur l’auteur. Ce désir étrange est le point de départ de son essai. En clinicien, Gavin Francis s’interroge : « Se pourrait-il que l’amour des îles relève moins d’une prédilection que d’un diagnostic ? » Il se souvient du psychanalyste et pédiatre Donald Winnicott, pour qui l’adolescent ne peut parvenir à l’âge adulte qu’à condition de trouver des espaces d’isolement nécessaires à la construction de sa propre identité. S’isoler est vital. Gare toutefois à la rupture pathologique. Rallier une île, c’est aussi se donner l’occasion de « simplifier », selon le mot d’ordre de Henry David Thoreau, dont l’étang de Walden n’est au fond qu’une « île en négatif ». Là-bas, les sons se réduisent au vent, aux vagues et aux cris des oiseaux marins. La difficulté d’accès fait qu’on ne s’encombre que du nécessaire – Gavin Francis évoque souvent sa tente pour seul habitat. S’embarquer pour une île reculée, c’est faire une expérience philosophique : celle de la rupture avec la communauté des êtres humains, de la rencontre avec une nature indifférente et préservée, et de la possibilité de s’épanouir dans la solitude. Mais si les îles fascinent à ce point l’auteur, c’est qu’elles recèlent toujours la possibilité de la fuite, du retour à l’activité du continent et de la ville. Certes, il existe des îles-prisons au haut potentiel imaginaire : Alcatraz, Rikers Island, If ou encore l’île sur laquelle échoua Robinson Crusoé… Mais la condition sine qua non de l’isolement réussi réside dans la possibilité du retour. Gavin Francis convoque Rousseau, Stevenson, Woolf ou Darwin dans son sac à dos d’arpenteur des îles du monde entier. En résulte un essai écrit comme on naviguerait à l’envi entre les différents points d’une carte dont on dessinerait soi-même les contours.
Rêver des îles. Le voyage comme respiration philosophique
Livre
Patrick Chamoiseau
Le Conteur, la Nuit et le Panier
Publié le 06 juillet 2021
Le conteur, la nuit : ayant grandi aux Petites Antilles, ces mots résonnent en moi comme si les contes créoles étaient restés enfouis dans ma mémoire de petite fille, sans que je les aie vraiment entendus. Patrick Chamoiseau, lui, ne cesse de déchiffrer leur signification pour aujourd’hui. Dans ce dernier livre, encore plus que dans les précédents, il fait du conteur une figure de résistance. Le vieux « Maître-de-la-Parole » du XVIIe siècle, au cœur de la plantation, résistait à l’ordre colonial et esclavagiste. Quand on parle de résistance des esclaves, on pense immédiatement au marronnage : des esclaves trouvaient la force de fuir la propriété du maître esclavagiste et n’hésitaient pas à s’enfoncer dans la végétation hostile pour mieux organiser la libération de leurs pairs restés prisonniers. Le conteur, lui, est un prisonnier a priori comme les autres, mais il est celui qui ouvre le champ des possibles dans l’espace avilissant de la plantation. C’est que le conteur s’exprime toujours la nuit : cette nuit qui efface les ombres menaçantes de la colonie, gomme ce soleil impitoyable sous lequel on a dû courber l’échine des heures durant. Contre toute attente, le conteur fait jaillir un espace de rêverie au sein même de l’aliénation. Sa performance est alors totale, poétique : elle restructure l’espace et, surtout, elle est une réappropriation du corps et de la voix. Patrick Chamoiseau interprète sa pratique littéraire à la lumière de cette expression émancipatrice primordiale et, ce faisant, il la réintègre dans la longue histoire de l’humanité. Quant au « panier », dernier terme du titre de son ouvrage, il est l’énigme : pourquoi le conteur, s’il parle en plein jour, risque-t-il d’être transformé en panier ?
Le Conteur, la Nuit et le Panier
Livre
Milo Rau
Vers un réalisme global
Publié le 06 juillet 2021
« Il ne s’agit plus seulement de représenter le monde. Il s’agit de le changer. » Voici le premier principe du manifeste rédigé par l’artiste Milo Rau, directeur du Théâtre national de Gand. Son but ? Réformer les règles de création : révision du statut de l’auteur, refus d’adapter littéralement les classiques, modestie de moyens… Avec son ambition d’inspiration marxienne, il affirme une démarche « réaliste ». Ce volume composite en témoigne, qui réunit trois conférences qu’il a données ainsi que des entretiens. S’inspirant d’Aristote autant que de Bourdieu, Milo Rau fait un sort à la déconstruction. Il n’entend plus se contenter d’interroger le monde ou de le critiquer, il veut apporter des réponses, quitte à se tromper. Certains disent sa démarche documentaire, parce qu’il met en scène des sujets comme le procès de Ceauseșcu ou le génocide des Tutsi par les Hutu. Or il ne restitue jamais scrupuleusement l’histoire, il la rejoue, au sens qu’attribue Søren Kierkegaard à la reprise : un second commencement, un « ressouvenir en avant » qui crée du sens. L’art dramatique selon Rau repose ainsi sur trois piliers. D’abord, la pratique de « l’anthropologie d’investigation », un art de la mimêsis répétant donc le passé pour en retrouver la « forme émotionnelle » ; ensuite, un art de « l’apparaître », ou le « théâtre comme médium de présence », interpellant le regard du spectateur jusqu’à provoquer la catharsis ; enfin, un art de la « propagande », exposant la réalité dans « toutes ses conséquences », espérant en changer concrètement « l’ordre symbolique ». Cette réflexion stimulante nourrie par l’expérience fait du théâtre plus qu’un simple passe-temps : une manière « d’élargir et de politiser la perception du monde ». Décidément essentiel ?
Vers un réalisme global
Livre
Charles Baudelaire
La Passion des images. Œuvres choisies
Publié le 06 juillet 2021
Baudelaire poète ou Baudelaire critique d’art ? Plus besoin de choisir ! Forte de la conviction que l’imaginaire poétique propre à Baudelaire est intimement lié à la « passion des images » qui l’animait, cette édition propose 310 illustrations en couleurs pour illuminer ce volume : des tableaux de Courbet et de Manet, des eaux-fortes de Goya, des encres et lavis de Constantin Guys – « le peintre de la vie moderne » –, des crayonnés des caricaturistes, des dessins à la plume de la main même de Baudelaire, des portraits de Nadar… Ici, il s’agit d’illustrer un poème, comme lorsque fait face à Danse macabre la statuette du même nom ayant appartenu au poète. Ailleurs, comme dans le cas de ses commentaires sur les Delacroix de l’église Saint-Sulpice ou de ses Salons (expositions d’art contemporain), les reproductions donnent une dimension supplémentaire à ses jugements. Partout, ces images réunies rendent à la sensibilité de Baudelaire son unité, nous font pénétrer dans l’univers visuel d’une esthétique faite de force et de sensualité, où la noirceur côtoie un rêve de beauté. Mieux : le lecteur, en l’occurrence le lecteur-spectateur, est amené à imaginer lui-même des Correspondances pour faire dialoguer les couleurs qu’il voit et la musique des mots qu’il lit ou déclame. Nous rendre un peu baudelairiens à notre tour, il n’y a pas de plus belle manière de célébrer cette année le bicentenaire de la naissance de l’écrivain.
La Passion des images. Œuvres choisies
Livre
David Abram
Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens
Publié le 06 juillet 2021
L’écologie politique se présente souvent comme une complainte culpabilisante. Elle nous livrerait au constat d’une catastrophe annoncée dont nos modes de vie et de pensée prédateurs seraient responsables. L’intérêt de la démarche de David Abram, qui a été prestidigitateur itinérant avant de devenir une figure de l’écologie contemporaine, titulaire de la chaire Arne-Næss à l’Université d’Oslo, est de nous faire sortir de ce cadre « humaniste larmoyant » – au sens où l’humanité y décide, pour le pire, de la forme de son environnement –, pour adopter un point de vue « métaphysique inspiré ». Il s’agit de creuser plus profond tout en adoptant la position d’un joyeux enquêteur. Si la terre s’est tue, écrit Abram, si nous n’entendons plus les esprits du vent et des éléments, ce n’est pas seulement que nous les avons fait disparaître, c’est que, sous le coup d’une histoire longue, où la Bible autant que la philosophie ont leur part, le monde lui-même a peu à peu cessé de nous parler. Selon lui, nous avons transposé dans l’expérience de la lecture cette « interaction animée » que les humanités archaïques entretenaient avec la Terre : « De même que jadis les animaux non humains, les plantes et même les rivières “inanimées” parlaient à nos ancêtres tribaux, aujourd’hui les lettres “inertes” sur la page nous parlent. C’est une forme d’animisme que nous considérons comme allant de soi, mais ce n’en est pas moins de l’animisme – aussi mystérieux qu’une pierre qui parle. » Est-ce à dire que nous ne pouvons plus entrer en résonance avec la Terre ? Loin s’en faut. À travers une relecture fine de Merleau-Ponty et de Heidegger, Abram nous convainc qu’en dépit du fait que nous ne croyons plus aux esprits des lieux, nous continuons, via la perception sensible du bleu d’un ciel, par exemple, d’entretenir un rapport participatif d’envoûtement avec le visible. Dans un monde de plus en plus technique, c’est même, dit-il, la dernière pierre de touche dont nous disposons : « Sans l’oxygène et le souffle des forêts, sans l’étreinte de la pesanteur, sans la magie tumultueuse des rivières, nous n’avons aucune distance par rapport à nos technologies, aucune possibilité d’évaluer leurs limites, aucune manière d’éviter leur emprise. » La force de cette pensée et de la prose magnifique d’Abram est de faire parler à nouveau le mystère des rivières, des arbres et du vent… avec des mots !
Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens
Livre
Mélanie Traversier
L’Harmonica de verre et miss Davies. Essai sur la mécanique du succès au siècle des Lumières
Publié le 06 juillet 2021
L’harmonie est-elle angélique ou démoniaque ? La pureté absolue d’un son touche-t-elle le ciel de la douceur ou bien l’enfer de la folie ? C’est cette tension – électrique ? – qui traverse le récit de Mélanie Traversier sur l’histoire d’un instrument inouï, l’harmonica de verre. De cloches de cristal de diamètres croissants, enchâssées sur un axe tournant, l’on tire des harmonies « célestes » en les frottant avec des doigts mouillés. L’instrument a été mis au point en 1761 par le « génie de l’électricité », Benjamin Franklin, artisan de l’indépendance américaine et personnage clé des Lumières. Sa notoriété éclipsera celle de Mary Ann Davies, première interprète de cet harmonica et dont l’historienne documente le destin tragique. L’émotion musicale s’allie ici aux sciences. Nous passons du cosmos, avec l’harmonie des sphères de Pythagore, au corps, avec la mécanique des fluides : les expériences de magnétisme de Mesmer dans les années 1780 au son de l’harmonica de verre exacerbent la réputation sulfureuse de l’instrument. L’harmonica va ainsi s’accorder à la nervosité des Lumières, puis s’abîmer dans la mélancolie des romantiques pour finir disqualifié par la rationalité de la révolution industrielle à partir de 1830. Et cette rationalité peut aller jusqu’à une « mélophobie », une haine de la musique. Tantôt érotique ou suspectée de provoquer les maladies des nerfs (l’ennui et la mélancolie, prisées dans l’imaginaire romantique), tantôt au contraire soignant l’épilepsie et l’hystérie, la recherche de l’harmonie absolue est toujours un clair-obscur, comme l’héritage des Lumières lui-même.
L’Harmonica de verre et miss Davies. Essai sur la mécanique du succès au siècle des Lumières
Livre
Textes réunis par Quentin Hiernaux
Philosophie du végétal. Botanique, épistémologie, ontologie
Publié le 06 juillet 2021
Quoique je goûte peu les après-midi à la plage, je me réjouis d’aller, d’ici quelques semaines, en Vendée. Moins pour la mer que pour les grandes forêts de pins et de chênes biscornus qui la bordent. M’y promener suscite toujours chez moi une joie vive, qui ne va pas cependant sans une légère appréhension devant ce spectacle étourdissant de la vie, entremêlant ses innombrables formes dans les taillis confus. « Foyer sans éclat ni chaleur qui brûle sans autre signification que dévorer et croître », le végétal « perturbe l’ordre de notre système de pensée », analyse Quentin Hiernaux en ouverture de ce recueil. Peut-être est-ce la raison pour laquelle nous avons chassé les plantes de nos villes comme de notre tradition philosophique : parce qu’elles nous inquiètent. Nous ne savons pas vraiment ce qu’elles manigancent ; nous commençons tout juste à saisir ce dont elles sont capables : mémorisation, apprentissage, comme le montre le travail pionnier d’Helena Lipavskà, de Fatima Cvrčková et de Victor Zárský, chercheurs tchèques jamais traduits jusqu’ici. C’est le cas aussi de bon nombre de textes sélectionnés par Hiernaux qui, du philosophe de la Renaissance Andrea Cesalpino à la réflexion du Britannique Anthony Trewavas sur l’activité des plantes, invitent à redécouvrir tout un pan du réel resté longtemps dans l’ombre. Oubli paradoxal, car même si nous ne lui prêtons pas attention, le végétal enserre nos existences : il « nous est familier avant tout par son omniprésence. Nous partageons avec lui, partout et depuis toujours, presque tous nos milieux de vie ». Pas d’atmosphère sans arbres, pas d’agriculture sans céréales. Nous entretenons avec les plantes un lien vital et « réconfortant » qu’il est urgent de penser. En vous abandonnant à la douceur de l’été, demandez-vous sans fin ce qui se trame dans les brins d’herbe d’une pelouse, dans la fleur d’un jardin ou dans l’arbre centenaire d’une forêt !
Philosophie du végétal. Botanique, épistémologie, ontologie
Livre
Louise Glück
L’Iris sauvage
Publié le 06 juillet 2021
Souvent, la poésie américaine est spatiale. La poésie européenne est plutôt temporelle, elle évoque des drames vécus par un sujet (le poète) plongé dans le temps. Mais la poésie américaine essaie de prendre la mesure d’un espace et tisse différentes voix pour le déployer dans toutes ses dimensions. Difficile, lorsqu’on ouvre le recueil L’Iris sauvage de Louise Glück, lauréate du prix Nobel de littérature 2020, de ne pas penser à l’un des plus célèbres poèmes de la tradition américaine, Asphodèle de William Carlos Williams, qui avait connu un accueil dithyrambique à sa parution en 1954 et qui est une déclaration d’amour à sa femme, Flossie. Le renouvellement des champs d’asphodèles représente chez Williams les transformations de l’amour conjugal (il avait épousée Flossie en 1912). Pour L’Iris sauvage, Louise Glück se donne comme espace d’exploration poétique un jardin. De nombreux poèmes portent le nom d’une fleur (« Perce-Neige », « Violettes », « La Rose blanche »…) et démarrent comme des prosopopées, c’est-à-dire que ce sont les plantes qui s’expriment. Mais il y a deux autres voix importantes dans ce jardin, dont l’alternance est de plus en plus marquée : celle d’un jardinier qui, le regard tourné vers la terre, est matérialiste, concret, et celle d’une divinité créatrice. L’Iris sauvage est également un recueil sur l’amour conjugal, et l’on voit souvent passer dans ce jardin deux silhouettes, celles de John et de Noah, prénoms du mari et du fils de Louise Glück. Évidemment, cette construction est hyperintellectuelle, très abstraite, et pourtant, et c’est le tour de force de Glück, la langue est d’une extrême simplicité : « Les êtres humains laissent des traces de sentiments partout, fleurs éparpillées sur un chemin de terre, toutes blanches et dorées, certaines d’entre elles à peine soulevées par le vent du soir. » L’édition Gallimard est bilingue, et c’est une bonne idée, car l’on peut regretter que la traduction française vise quelquefois à rendre le texte plus soutenu, plus nobélisable qu’il ne l’est dans l’original (fallait-il rendre « dark birds » par « sinistres freux », « white fire » par « feu opalin », ou encore rétablir la ponctuation souvent élidée à dessein ?). On l’a compris, L’Iris sauvage est imprégné d’un lyrisme très cérébral, mais c’est une haute réalisation artistique, un peu comme les Concertos brandebourgeois de Bach.
L’Iris sauvage
Livre
Mark Fisher
Spectres de ma vie
Publié le 06 juillet 2021
À l’origine de ce livre, il y a un mot de Jacques Derrida : « hantologie ». L’hantologie, c’est la poursuite des phénomènes du passé disparus dans le présent. Ils vivent dans « l’espace entre l’être et le rien », ils ont la texture du spectre : invisibles parce qu’ils ne sont plus, visibles parce que leur souvenir continue de mouvoir les vivants. Mark Fisher (1968-2017) a passé sa vie de philosophe et de critique musical à se débattre avec les spectres des rêves de son époque : l’émancipation punk, la liberté des raves des années 1990 et surtout l’horizon communiste auquel il aspirait. À chaque fois, ces espoirs ont été balayés par « le réalisme capitaliste » et le mot martial prêté à Margaret Thatcher : « Il n’y a pas d’alternative. » Mais grâce à l’hantologie, Mark Fisher a pu au moins en retrouver les fantômes, dans le cinéma de Christopher Nolan, dans la musique de Joy Division ou de Burial. Autant de traces de ces futurs perdus mais encore là, quelque part, réfugiés entre une basse dubstep et la voix sépulcrale de Ian Curtis. La musique, dit Fisher, est particulièrement adaptée aux spectres, parce qu’elle « donne à entendre ce qui n’est pas là, la voix enregistrée, la voix qui ne garantit plus la présence ». Comme un souvenir de Hegel, qui écrivait que « le son est une extériorisation qui, à peine née, se trouve abolie par le fait même de son être là, et disparaît d’elle-même ». Oui, l’évanescence de la musique épouse l’être disparu de l’hantologie. Alors si vous voulez lire Fisher, un conseil : branchez votre casque.
Spectres de ma vie
Livre
Vladimir Jankélévitch
Philosophie morale
Publié le 06 juillet 2021
Pourquoi les meilleures choses sont-elles toujours à consommer « avec modération » ? Et « pourquoi faut-il que ce qui a bon goût soit nuisible, que ce qui est doux [et] suave […] n’annonce pourtant rien de bon pour moi ? » C’est ce genre de questions que Jankélévitch affronte dans cette somme de six ouvrages de philosophie morale, établie et préfacée par Françoise Schwab. « La Mauvaise Conscience », premier essai, s’attaque au remords, « ce remurmure » lancinant de la culpabilité qui a le mauvais goût « d’arriver toujours en retard », une fois que l’on a fini le paquet de bonbons. L’âme, que le philosophe désigne comme un « milieu infiniment excitable », n’a pas fini de se soumettre aux tentations… Et de s’en mordre les doigts ! Sous la plume de l’auteur, les corrupteurs ressemblent à des personnages de contes de fées : « ogres », « nains » et autres « demi-sorciers » sont capables, en un clin d’œil, de nous faire enfler d’orgueil ou de nous réduire à la mesquinerie la plus ridicule. « Les monstres de la conscience » ont des adversaires de taille : la modestie, le charme ou encore l’humour nous permettent de renouer, l’espace d’un instant, avec « le ciel de mai de l’innocence ». Certes, « la pureté » ne dure jamais, et les obstacles sont infinis. Mais c’est la force de cette philosophie : faire de notre vie morale une véritable odyssée, avec ses embûches et ses moments de grâce. Loin d’être un chemin de croix, cette aventure débordante « déblaye en plein réel des oasis de ferveur et d’intensité », tout en exaltant « le délicieux décousu de l’existence ». Cet été, plongez-vous donc dans Jankélévitch, moraliste virtuose et rafraîchissant qui, sans faire la morale… réussit même à nous redonner le moral !
Philosophie morale
Livre
Vassili Grossman
Années de guerre
Publié le 06 juillet 2021
Steppes jaunies de la toundra, gares comme des oasis, métropoles industrielles cerclées d’infinis sapins : cette Russie « immortelle » est le principal décor des Années de guerre de Vassili Grossman, collection d’articles parus pendant la Seconde Guerre mondiale dans L’Étoile rouge, le magazine de l’armée soviétique pour qui il fut correspondant de guerre. Suivant la chronologie des combats, ces neuf textes relatent l’invasion de l’Ukraine, la bataille de Stalingrad, puis la progression de l’URSS vers l’Allemagne. Partout, « l’atmosphère est en folie » : la terre, le ciel, la Volga, tout rougeoie et part en cendres. Les Juifs sont assassinés par milliers, les Slaves brûlés vifs dans leurs isbas, les « Sibériens » en armes tombent en masse. « Il est courant d’appeler ça enfer. » Face à ce spectacle de mort, le sang-froid de l’écrivain impressionne. Sa sensibilité aussi : dans le regard apeuré d’un cheval ou le bleu d’un chardon fleurissant, il témoigne du tragique de la guerre, tout en capturant des étincelles de vie, parvenant malgré tout à la transfigurer. Ce matériau se retrouvera dans son grand œuvre Vie et Destin, qu’il commence à écrire peu après la fin du conflit. Dans sa préface, Mathias Enard (prix Goncourt 2015) raconte le parcours étonnant de ce recueil d’articles, traduit anonymement en 1946, puis resté circonscrit aux bouquinistes. Il bénéficie donc, enfin, d’une large exposition. Ce qui étonne dans ces textes, c’est leur registre d’écriture, qui oscille entre journalisme, roman et propagande. Grossman était-il alors un stalinien convaincu ? En tout cas, l’admiration qu’il éprouve pour « la magnifique fraternité des prolétaires opprimés » ou leur « noble moralité » semble sincère (rappelons toutefois que Vie et Destin, achevé en 1962, est une charge violente contre le stalinisme, qui sera confisqué par le KGB et échappera de peu à la destruction). Saisissant, le livre devient vraiment déchirant avec l’évocation de Treblinka. Grossman est l’un des premiers à avoir découvert le camp d’extermination : il en décrit le fonctionnement à l’aide de dizaines de témoignages. Et même dans ce travail d’historien, l’écrivain reprend le dessus : « On sema du lupin sur l’emplacement du camp, et un certain Streben s’y construisit une maisonnette. Aujourd’hui, elle n’existe plus : elle a été brûlée, elle aussi. »
Années de guerre
Livre
Jean Genet
Romans et poèmes
Publié le 06 juillet 2021
Dans Saint Genet, comédien et martyr paru en 1952, Sartre écrit : « Le génie n’est pas un don mais l’issue qu’on invente dans les cas désespérés. » De fait, en 1948, au bout de six ans seulement, Jean Genet achève un prodigieux cycle romanesque. Ouverte en 1942 par Notre-Dame-des-Fleurs, cette fulgurance se poursuit avec Miracle de la rose, puis Pompes funèbres, Querelle de Brest et enfin Journal du voleur. Rassemblés en un volume dans La Pléiade, ces romans et récits servent d’écrin à un personnage-roi, un prince des ténèbres. On y retrouve Divine, la créature sulfureuse de Notre-Dame-des-Fleurs, on y contemple Harcamone, le condamné à mort de Miracle de la rose. On s’y confronte à la violence de Georges Querelle, le marin meurtrier de Querelle de Brest, ou à celle, plus trouble encore, d’Erik Seiler, l’officier nazi de Pompes funèbres. Ces personnages sont de vivantes condamnations d’une bienséance morale, politique et sexuelle dont la force de nuisance l’emporte toujours sur la leur. « Il existe un étroit rapport des fleurs et des bagnards, écrit Genet dans Journal du voleur. La fragilité, la délicatesse des premières sont de même nature que la brutale insensibilité des autres. » Ces textes, où l’argot et le classicisme se fécondent l’un l’autre, porte en eux une logique d’inversion très puissante. Le brutal y devient délicat, le vil s’y anoblit, le criminel s’y sanctifie. La rage destructrice y côtoie l’émerveillement, comme si la démolition était un préalable à la poésie. Réceptacle hypersensible de la barbarie du XXe siècle, l’œuvre de Genet n’en cherche pas l’antidote, elle joue le jeu périlleux de sa transfiguration.
Romans et poèmes
Livre
David Graeber
L’Anarchie - pour ainsi dire
Publié le 06 juillet 2021
La mort de David Graeber, en septembre dernier, m’a marqué. Sans l’avoir lu in extenso, j’étais et demeure convaincu que nous perdions un grand penseur. C’est un réconfort que de pouvoir lire, quelques mois plus tard, ces conversations que l’anthropologue anarchiste et figure de proue du mouvement Occupy Wall Street a tenues avec Mehdi Belhaj Kacem, Nika Dubrovsky et Assia Turquier-Zauberman. Le ton y est libre, enlevé, stimulant. On a l’impression d’écouter quatre amis occupés à refaire le monde pendant des heures, un soir d’été. J’ai sans doute trouvé dans ce livre plus que ce que j’étais venu chercher : la possibilité de croire à une conciliation entre le socialisme et l’anarchisme, en dépit de l’aspect potentiellement disciplinaire et liberticide du premier, désordonné et inégalitaire du second. Car voilà : Graeber est un anarchiste qui a une acception tout à fait singulière de la liberté, ce qui le préserve de ne jamais s’enferrer dans une chapelle sectaire – Dieu sait, et Graeber aussi, qu’elles sont (re ?) devenues nombreuses ces derniers temps. Pour lui, la liberté est d’abord « cette capacité à faire des promesses », à entrer volontairement dans des relations de contrainte en se ménageant toujours la possibilité d’en sortir. Un véritable tremplin aussi bien moral que politique, qui permet notamment de faire du Rojava kurde, au nord de la Syrie, le modèle d’une prometteuse « double souveraineté », à la fois descendante et ascendante – étatique, d’un côté ; municipale et libertaire, de l’autre. « Nous n’allons pas avoir un moment insurrectionnel où l’État s’effondre », assène sans détour l’anthropologue. Mieux vaut construire des hybridations politiques plutôt que de développer des principes moraux rigides. Promettons-nous d’essayer la liberté : ce sont les mots que je retiens de cette discussion posthume.
L’Anarchie - pour ainsi dire
CULTURE
Article 2 min
“Moriyama-Tōmatsu : Tokyo”, urbain révélateur
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
La Maison européenne de la photographie (à Paris) présente jusqu'au mois d'octobre le travail de deux photographes japonais, Daidō Moriyama et Shōmei Tōmatsu. Les deux artistes dressent une cartographie labyrinthique de Tokyo, à rebours de tous les clichés.
“Moriyama-Tōmatsu : Tokyo”, urbain révélateur
Article 2 min
“Hamlet à l’impératif !”. Qui est là ?
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
Olivier Py se frotte à un monument à l’occasion de l'édition 2021 du Festival d'Avignon : Hamlet, sans doute la pièce la plus philosophique de Shakespeare, que le metteur en scène conjugue « à l’impératif ». Un travail prolongé d'un livre qui vient de paraître chez Actes Sud.
“Hamlet à l’impératif !”. Qui est là ?
Article 2 min
“Annette”. Chantons sous la nuit
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
Avec son dernier film qui vient d’être présenté à Cannes, Leos Carax surprend une nouvelle fois. Le cinéaste met en scène Marion Cotillard et Adam Driver dans une comédie musicale noire où, sur les pas de Nietzsche, la « volonté de vérité » se confronte à la « volonté de puissance ».
“Annette”. Chantons sous la nuit
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 10 : optez pour les télévacances
François Morel 08 juillet 2021
Voici les vacances et leur cohorte de désagréments, dont je n’ai pas besoin de vous dresser la liste (mais je vais le faire quand même, parce que, c’est pas tout ça, mon papier est censé s’étirer jusqu’au bas de la page…). Voici donc les vacances d’été et leur cortège d..
Conseil n° 10 : optez pour les télévacances
JEU
Article 1 min
Philocroisés #71
Gaëtan Goron 08 juillet 2021
Horizontalement I. Puisque pour résoudre une grille de mots croisés, il faut de la méthode… II. Il s’est fait un nom avec celui de la rose. Pied-à-terre entouré d’eau de Sollers. Neptunium. III. Philosophie magazine vous décrit la galaxie autour de cet hum..
Philocroisés #72
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Phia Ménard. Les élans du corps
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021
Sa discipline ? Un « art de la jonglabilité des éléments ».La chorégraphe Phia Ménard a fait de la transformation de la matière, et de sa résistance, un sujet spectaculaire, intime et émouvant. Invitée au Festival d’Avignon, elle y présente du 19 au 25 juillet La Trilogie des Contes Immoraux (pour Europe). Cette commande initiée par le philosophe Paul B. Preciado est l’aboutissement d’une réflexion politique engagée sur les conditions de possibilité d’une vie en commun. Avec sa figure de guerrière aux prises avec le monde, cette allégorie dansée met en scène nos échecs et nos insoumissions, ainsi que notre rapport contrarié à l’altérité.
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