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976 résultat(s) recherche sur le tag 'vie'
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N°150 - Juin 2021 - Pourquoi on s'énerve ? (Bulletin de Philosophie Magazine)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
Titre : N°150 - Juin 2021 - Pourquoi on s'énerve ? Type de document : texte imprimé Année de publication : 2021 Importance : 98 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Langues : Français (fre) Catégories : Philosophie Tags : Agnès Jaoui Raphaël Enthoven stoïcisme (guerre du Vietnam) vie extra-terrestre Albert Camus Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Dans un monde idéal, l’épisode de la pandémie et des confinements successifs aurait dû nous servir à prendre du recul, à gagner en sérénité. Et pourtant… ne sentez-vous pas comme une tension dans l’air ambiant ? N’a-t-on pas l’impression, dans la rue ou sur les réseaux sociaux, que les gens ont envie d’en découdre ? Le télétravail et la raréfaction de la vie sociale n’ont-ils pas rendu les rapports humains moins fluides, voire carrément survoltés ?
(Philomag)Note de contenu : Article 3 min
L’énergie paradoxale de la fatigue
Alexandre Lacroix 03 juin 2021
Même si le sommeil serait assurément le remède le plus efficace, il existe plusieurs manières de lutter contre la fatigue. La première consiste à la localiser, et par là même à la circonscrire. Il est rare, en effet, que la fatigue enveloppe le corps, qu’elle le saisisse d’un bloc ..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Pourquoi désirons-nous tant être reconnus ?”
Charles Pépin 03 juin 2021
Question de Camille Pascal
“Pourquoi désirons-nous tant être reconnus ?”
REPÉRAGES
Article 1 min
Habitat imprimé
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
Tecla : c’est le nom de cette drôle de maison ronde imaginée par la société italienne Wasp. « À tous points de vue, c’est une maison confortable », pas si différente d’une demeure classique, souligne Massimo Moretti, à l’initiative du projet. Si ce n’est qu’elle es..
Habitat imprimé
Article 1 min
“Mourir”
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
“Faire son devoir devient impérieux lorsque, sans doute, on est appelé à mourir bientôt. C’est un exercice intéressant” Axel Kahn, dans La Croix le 17 mai. “Bien mourir, c’est mourir sans regret” Sénèque, Lettres à Lucilius (63-64). ..
Article 1 min
“Universalisme proportionné”
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
« Nous sommes en guerre », déclarait Emmanuel Macron au début de la crise sanitaire. Les mesures de lutte contre la pandémie ont été en effet jusqu’ici à l’image de ce slogan : un combat « covido-centré » au moyen d’un arsenal de mesures qui oublient de consid�..
“Universalisme proportionné”
Article 1 min
“12 millions”
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
C’est le nombre de bébés nés en Chine en 2020. Un chiffre qui confirme la menace d’une crise démographique : il n’a jamais été aussi faible depuis les années 1970, et, à ce rythme, la population chinoise pourrait tomber à 732 millions en 2100, contre 1,4 milliard aujourd’hui...
Article 2 min
États-Unis : in queer we trust
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
Américain.e.s s’identifiant comme LGBT 5,6 % en 2020 3,5 % en 2012 15,9 % des membres de la génération Z (nés entre 1997 et 2002) 9,1 % des millenials (nés entre 1981 et 1996) 2 % des baby-boomers (nés entre 1946 et 1964) 6,4 % des femmes 4,9 % des h..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Pas de ruissellement pour Joe Biden
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
C’est un classique du débat politico-économique, et le président américain vient de lui faire un sort. Mais d’où vient cette idée ? Et que dit-elle de notre conception de la société ?
Pas de ruissellement pour Joe Biden
Article 3 min
Dogecoin, le règne du simulacre ?
Océane Gustave 03 juin 2021
Créée comme une blague, une cryptomonnaie à tête de chien se classe parmi les plus populaires et les plus lucratives, après qu’Elon Musk en a vanté les mérites. Avec le Dogecoin, serions-nous entrés dans l’ère du simulacre, prophétisé par Jean Baudrillard ?
Dogecoin, le règne du simulacre ?
Article 3 min
Stamatios Tzitzis : “L’idée de responsabilité pénale naît vraiment avec la Modernité”
Ariane Nicolas 03 juin 2021
Un projet de loi remet la responsabilité pénale au cœur du débat public, suite au scandale soulevé par le jugement de l’affaire Sarah Halimi. Président de la section de philosophie pénale à l’Institut de criminologie de Paris, Stamatios Tzitzis revient sur les racines philosophiques de cette notion.
Stamatios Tzitzis : “L’idée de responsabilité pénale naît vraiment avec la Modernité”
Article 3 min
Relâchez la pression !
Pascal Chabot 03 juin 2021
La rencontre ne peut pas avoir lieu n’importe où. Pour le philosophe belge Pascal Chabot, auteur d’Avoir le temps. Essai de chronosophie (PUF, 2021), elle nécessite un contexte. Pour ce grand amateur de bière, avec la possibilité d’en boire une en terrasse, on retrouve aussi une série d’états psychiques qui permettent aux relations de se nouer.
Relâchez la pression !
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
T’as d’beaux os, tu sais
Sven Ortoli 03 juin 2021
Seul 1 os sur 1 milliard devient fossile. On estime que la fossilisation touche entre 0,01 et 0,1 % des organismes. Des stromatolithes australiens contiennent les plus anciens fossiles du monde : des cyanobactéries vieilles de 3,5 milliards d’année..
T’as d’beaux os, tu sais
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Tapis de yoga. Un p’tit coin de paradis
Tobie Nathan 03 juin 2021
En gagnant en popularité, le yoga a peut-être perdu un peu de son âme. Et si un simple objet, le tapis sur lequel les pratiquants se mettent dans la posture du lotus, lui permettait de conserver une assise spirituelle ?
Tapis de yoga. Un p’tit coin de paradis
RÉCIT
Article 19 min
James Bond Stockdale. Voyage d’un stoïcien au bout de l’enfer
Martin Duru 03 juin 2021
Ce pilote de l’US Navy est resté prisonnier au Nord-Vietnam pendant sept ans et demi, de 1965 à 1972. Pour résister à l’enfermement, aux humiliations et aux tortures, James Bond Stockdale a fait appel à un étonnant kit de survie : le Manuel du penseur antique Épictète. Récit d’une existence marquée par la guerre, la mort et la philosophie.
James Bond Stockdale. Voyage d’un stoïcien au bout de l’enfer
ENQUÊTE
Article 9 min
Croire aux extraterrestres, Un pari pascALIEN ?
Jack Fereday 03 juin 2021
L’idée a beau faire sourire, on la retrouve au cinéma, dans les médias, au cours d’une discussion... Mais qu’implique le fait de croire – ou pas – à la possibilité d’une vie intelligente extraterrestre ? Entre le scepticisme des uns et la ferveur des autres, les enjeux philosophiques sont de taille.
Croire aux extraterrestres, Un pari pascALIEN ?
Article 4 min
Étienne Klein : “La Terre est la seule planète où nous pouvons être vraiment humains”
Alexandre Lacroix 03 juin 2021
S’il ne la nie pas, le philosophe des sciences se montre plutôt sceptique sur la possibilité d’une vie extraterrestre intelligente. Il explique pourquoi.
Étienne Klein : “La Terre est la seule planète où nous pouvons être vraiment humains”
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Un pharmakon psychédélique ?
Isabelle Sorente 03 juin 2021
Utiliser des drogues psychoactives pour refermer les portes de la dépression en plus d’ouvrir celles de la perception ? De nombreux médecins et thérapeutes – mais aussi d’ambitieuses start-up – y travaillent. Au risque du bad trip ?
Un pharmakon psychédélique ?
DOSSIER
7 articles
Pourquoi on s’énerve ?
Publié le 03 juin 2021
Dans un monde idéal, l’épisode de la pandémie et des confinements successifs aurait dû nous servir à prendre du recul, à gagner en sérénité. Et pourtant… ne sentez-vous pas comme une tension dans l’air ambiant ? N’a-t-on pas l’impression, dans la rue ou sur les réseaux sociaux, que les gens ont envie d’en découdre ? Le télétravail et la raréfaction de la vie sociale n’ont-ils pas rendu les rapports humains moins fluides, voire carrément survoltés ? > Que ce soit leurs enfants ou la technologie qui les mette en boule, les philosophes Elsa Godart, Maxime Rovere, Gloria Origgi et Yves Citton racontent qu’ils s’énervent comme tout le monde ! > Pourtant, dans l’histoire de la philosophie, c’est la colère qui a ses lettres de noblesse. La colère de Dieu, celle d’Achille sont des passions nobles… Que nous révèle l’énervement sur notre civilisation ? > Peut-être cela : qu’elle carbure à l’électricité et à la fatigue, comme le démontre le philosophe Tristan Garcia. > Pour en savoir plus sur les mécanismes de l’énervement, nous sommes allés à la rencontre des chercheurs en neurosciences Catherine Belzung, Olivier Koenig et Albert Moukheiber. Bizarrement, ils nous disent que s’énerver ne sert à rien – au moins du point de vue physiologique ! > S’il y a bien un philosophe qui a perdu son sang-froid, c’est Arthur Schopenhauer, qui a précipité sa voisine dans les escaliers et a dû lui payer une pension à vie. Folie ou aboutissement logique de son système, fondé sur la volonté ? > Quelques journées en immersion dans le métro ou à essayer de traverser des pistes cyclables ont permis à notre journaliste Michel Eltchaninoff d’écrire un reportage informé sur la rage des transports. > Ils ont de l’estime mutuelle, et pourtant… ils ont failli s’énerver ! Tel est le tour étonnant qu’a pris notre dialogue entre la réalisatrice et comédienne Agnès Jaoui et le philosophe Raphaël Enthoven, qui divise la Twittosphère.
Pourquoi on s’énerve ?
Article 11 min
Ne nous fâchons pas !
Cédric Enjalbert 03 juin 2021
Et vous, qu’est-ce qui vous énerve ? Nous avons posé la question à quatre philosophes, les mettant au défi de briser l’image d’Épinal du sage impassible et détaché.
Ne nous fâchons pas !
Article 6 min
Écorchés vifs
Martin Legros 03 juin 2021
Perdre son sang-froid, est-ce bien raisonnable ? Si pour les Anciens, l’irritabilité représentait une perte de contrôle, voire une sortie de soi, elle est aujourd’hui devenue une arme de vigilance face aux dérèglements du monde.
Écorchés vifs
Article 6 min
Tristan Garcia : “Les algorithmes gèrent nos nerfs pour nous transformer en rats de laboratoire”
Martin Legros 03 juin 2021
La découverte de l’électricité a contribué à faire émerger un nouvel idéal d’existence centré autour de l’intensité nerveuse. Avec la révolution numérique, nos énervements sont devenus la matière première de la vie sociale. Le philosophe Tristan Garcia, auteur de La Vie intense. Une obsession moderne, se demande comment faire pour ne pas « péter les plombs ».
Tristan Garcia : “Les algorithmes gèrent nos nerfs pour nous transformer en rats de laboratoire”
Article 11 min
Ce qui nous tape sur le système
Catherine Portevin 03 juin 2021
Comment faire la radiographie de l’énervement ? Pour le savoir, nous avons interrogé des spécialistes des neurosciences et de la psychologie, et cette émotion apparaît moins mécanique qu’on pourrait le penser.
Ce qui nous tape sur le système
Article 6 min
Schopenhauer, philosophe de (sale) caractère
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
Pour le penseur allemand, l’irritation permet à la volonté de décharger toutes les formes de frustration. Et il sait de quoi il parle, lui qui a passé sa vie à se mettre à dos la terre entière.
Schopenhauer, philosophe de (sale) caractère
Article 11 min
Zizanie dans le métro
Michel Eltchaninoff 03 juin 2021
Entre les bousculades, les retards pour une panne de signalisation, le vélo qui manque de vous renverser ou celui qui vous grille la priorité, les transports urbains sont souvent un enfer. Mais que se joue-t-il en nous lors de nos déplacements sur et sous terre ? Enquête.
Zizanie dans le métro
Dialogue 14 min
Raphaël Enthoven-Agnès Jaoui : de l’art de discuter (presque) sans se disputer
Alexandre Lacroix 03 juin 2021
Il sait susciter comme personne l’agacement de ses détracteurs sur les réseaux sociaux. Elle a écrit, avec Jean-Pierre Bacri, quelques-uns des emportements les plus mémorables du cinéma français. Ces deux « experts » démontent la mécanique de l’énervement… jusqu’à s’y laisser prendre !
Raphaël Enthoven-Agnès Jaoui : de l’art de discuter (presque) sans se disputer
LE CLASSIQUE SUBJECTIF
3 articles
Albert Camus vu par Marylin Maeso
Publié le 03 juin 2021
La rencontre avec Albert Camus a sauvé la vie de Marylin Maeso. Alors qu’adolescente, elle est hantée par la question du suicide, elle découvre en Camus un compagnon de solitude. Aujourd’hui, sa pensée, qui est tout sauf un juste milieu confortable, constitue un guide éthique pour mener dans la cité un débat réel où l’on refuse de « simplifier l’adversaire ».
Albert Camus vu par Marylin Maeso
Article 11 min
Marylin Maeso : “Pour Camus, il existe une solidarité dans la solitude”
Victorine de Oliveira 03 juin 2021
La rencontre avec Albert Camus a sauvé la vie de Marylin Maeso. Alors qu’adolescente, elle est hantée par la question du suicide, elle découvre en Camus un compagnon de solitude. Aujourd’hui, sa pensée, qui est tout sauf un juste milieu confortable, constitue un guide éthique pour mener dans la cité un débat réel où l’on refuse de « simplifier l’adversaire ».
Albert Camus vu par Marylin Maeso
Article 2 min
Albert Camus commenté par Marylin Maeso
Victorine de Oliveira 03 juin 2021
L’extrait d’Albert Camus « Je crois que la violence est inévitable, les années d’occupation me l’ont appris. Pour tout dire, il y a eu, en ce temps-là, de terribles violences qui ne m’ont posé aucun problème. Je ne dis donc point qu’il faut supprimer toute violence, ce qu..
Article 5 min
Albert Camus, un homme de terrain
Victorine de Oliveira 03 juin 2021
Fonder un engagement sur le constat absurde que la vie n’a pas de sens : c’est le pari d’Albert Camus, nourri d’influences qu’il s’approprie moins en commentateur sourcilleux qu’en camarade de pensée.
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi rendons-nous service à autrui ?
Pierre Terraz 03 juin 2021
Et si aider un ami à déménager n’était pas un geste gratuit mais une monnaie d’échange ? Quatre philosophes vous donnent un coup de main.
Pourquoi rendons-nous service à autrui ?
Article 1 min
Ostranenie
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
Langue d’origine : russe
Article 2 min
Réputation
Margot Monteils 03 juin 2021
Cinq philosophes redorent notre blason !
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Y a-t-il des vérités indiscutables ?
Nicolas Tenaillon 31 mai 2021
Analyse des termes du sujet « Y a-t-il » Existe-t-il ? Peut-on le constater ? « des vérités » Des faits avérés, des théories démontrées. « indiscutables » Qui s’imposent avec évidence, qui excluent tout débat.
LIVRES
Article 2 min
Pendant que j’y pense/Juin 2021
Catherine Portevin 03 juin 2021
Lire, c’est du sport ! Il y faut de l’entraînement, de l’organisation, de la patience et le dur désir de durer. Nombreux sont les éloges de la lecture qui la jouent ludique : allez-y, n’importe comment, lisez n’importe quoi, ne vous laissez pas intimider par les chefs-d�..
Livre
Michel Serres
La Fontaine
Publié le 01 juin 2021
Un homme à fables Michel Serres n’a pas eu le temps d’achever son La Fontaine. Composé à partir des fichiers retrouvés dans son ordinateur, l’ouvrage donne à voir l’influence que le fabuliste a sur le philosophe, et vice versa. Un Renard rusé et un Corbeau vantard, une Fourmi avare et une Cigale insouciante, un Chien repu mais esclave et un Loup affamé mais libre, un Héron dédaigneux, une Grenouille prétentieuse… le bestiaire si humain des Fables de La Fontaine devrait indigner tout animaliste qui se respecte : cet insupportable anthropomorphisme ne serait qu’un avatar de plus de la prétention humaine à dominer la nature. On aurait tout faux ! Et le livre posthume de Michel Serres consacré au génial fabuliste du Grand Siècle, dont on fêtera en juillet le quatre-centième anniversaire, vient avec panache installer La Fontaine « avant les Anciens et après les Modernes ». Pour le philosophe, mort en 2019, c’est le livre d’une vie, longtemps porté avec son fablier inlassablement annoté. Il n’a pas eu le temps de l’achever et de lui donner forme, mais la pensée est profonde, nourrie d’une connaissance des Fables d’une richesse exceptionnelle. Jean-Charles Darmon, spécialiste de la littérature du XVIIe siècle, a composé ce volume avec finesse et précaution à partir des fichiers, fournis mais épars, retrouvés dans l’ordinateur du philosophe. La forme fragmentaire, dans son inachèvement même, donne à entendre la musique de la réflexion avec ses reprises et variations. De nombreuses allusions aux Fables, parfois des études explicites, émaillent ses ouvrages (surtout Le Parasite et Statues), de même que l’on retrouve dans son La Fontaine les thèmes qui lui sont chers (la communication, le « contrat naturel » entre les hommes et la nature, la connaissance par le corps…). Lui-même utilisa souvent des personnages-concepts (Hermès, le Mal Propre, le Grand Fétiche…) pour incarner ses théories. Et l’on trouvera désormais un air de famille entre sa Petite Poucette et la Perrette au pot au lait du fabuliste. Le La Fontaine de Serres est donc un La Fontaine/Serres en miroir. Le philosophe a tôt fait de balayer les interprétations scolaires qui replacent l’auteur dans son époque pour reconnaître le Roi Soleil dans le Lion, les nobles « sous la peau du Loup » et tous les autres, petits, faibles et grugés, dans les ânes et les agneaux. La grande inspiration de Michel Serres est de renouer avec ce qu’il appelait le Grand Récit, celui de l’histoire de l’Univers, de l’émergence de l’homme et de ses transformations. La science le raconte, mais aussi l’épopée, les mythes et, donc, les fables. Lorsqu’il lit La Fontaine, le philosophe entend aussi Ésope le Phrygien du VIe siècle avant J.-C., Phèdre le Latin, Pilpay l’Indien, Abikar l’Assyro-Babylonien, et toutes les voix bien loin en amont de l’écriture venues d’un temps où un hominidé parmi les autres « vifs » s’est mis à parler. Les fables racontent l’hominisation en répondant à la question : « comment la parole vint à des bêtes et en fit des hommes, comment l’animalité parle encore en nous », comment « tous, jeunes et vieux, anciens ou modernes, vivons et pensons […] plus proches des bêtes que des hommes ». C’est ce totémisme enfoui en chacun d’entre nous qui explique pourquoi, tous, nous comprenons les Fables de La Fontaine « comme si nous y étions ». C’est le cœur de la thèse de Michel Serres : qu’il y a un savoir par le corps, qui passe par le mime, l’imitation et, enfin, les métamorphoses entre les espèces – Lucrèce et Ovide sont tout entiers dans les Fables. C’est pourquoi l’une des « fables-racines » qu’il commente est Ulysse et ses compagnons. La Fontaine imagine une autre fin à l’épisode de l’Odyssée dans lequel Circé transforme les compagnons d’Ulysse en pourceaux : cette fois, devenus loups, ours, lions, animaux des fables précédentes, ils refusent de redevenir des hommes. Combien est dérisoire le verbe être dans la question « Qu’est-ce que l’homme ? », conclut Michel Serres, « puisque nous ne cessons d’avancer vers lui, douloureusement, et de rechuter, soudain et de volonté gaie, vers la bête ». Dieu que les hommes sont bêtes !
La Fontaine
Livre
Don DeLillo
Le Silence
Publié le 01 juin 2021
Chaos digital La panne informatique est totale. Six personnages en mal d’écran réapprennent l’expérience d’une parole oubliée, libérée des fils de la technologie. Qu’est-ce qui, dans le fonctionnement paisible et quotidien des machines, nous menace ? Quelle est cette catastrophe que leur doux bruit de fond ne cesse de nous annoncer ? Depuis Americana et White Noise, ses premiers romans publiés il y a près d’un demi-siècle, ces questions ne cessent d’affleurer dans l’œuvre de Don DeLillo. Elles en font le prophète discret d’une apocalypse immanente à nos vies réputées normales. En 2022, le soir du Super Bowl, finale annuelle du football américain, un événement se produit dont nous ne connaîtrons pas la cause ni l’ampleur. Tous les personnages du roman – deux dans un vol Paris-New York, quatre devant la télévision dans un appartement new-yorkais – en subissent les effets. Les flux numériques s’interrompent. Plus rien ne s’affiche sur les écrans. La beauté de ce court roman tient à ce que l’événement est présenté sans contexte ni profondeur de champ. Il tient dans l’épaisseur d’un écran à plasma. Comme naguère dans les romans de Nathalie Sarraute, les personnages n’existent que par ce qu’ils disent. Leurs tics verbaux, leurs obsessions, leurs tropismes langagiers remplacent la description psychologique. Comment ce néant numérique affecte-t-il le cerveau parlant ? Que trouvons-nous encore à raconter lorsque les ordinateurs n’occupent plus notre champ sensoriel ? Dans un commentaire tantôt prolixe, tantôt laconique, qui s’achemine vers de brefs chapitres monologués, Tessa, poétesse, Max, contrôleur de bâtiments, sa femme Diane, professeure de physique, et Martin, son ex-élève, accompagnent de leur voix cette soudaine disparition de l’horizon numérique. Faute d’information globale, chacun en est réduit aux conjectures, au ressassement, et confronté à un vide intérieur béant. Ce que Le Silence met en scène, c’est une sorte d’épochè phénoménologique – un retour aux choses en chassant les abstractions qui les masquent – mais inopinée, anxieuse et sans méthode. Sur fond de chaos réel ou supposé, chacun s’accroche à ce qu’il croit être le plus réel, dehors ou au fond de soi. « Se concentrer sur les choses physiques les plus simples, se dit Tessa. Toucher sentir mordre, mâcher. Le corps n’en fait qu’à sa tête. » Les humains supportent-ils de s’appartenir enfin ? Faut-il une catastrophe pour le leur enseigner ? Dans ce roman laconique et intense, DeLillo ramène chacun à la source de ses paroles et de sa pensée.
Le Silence
Livre
Thierry Hoquet
Les Presque Humains
Publié le 01 juin 2021
Zombies, cyborgs, androïdes, symbiotes, clones… ces étranges créatures ont envahi notre monde. Notre imaginaire et nos fictions, en tout cas. Mais qu’ont-elles en commun ? Tous ces êtres sont des « presque humains », répond le philosophe Thierry Hoquet : un peu moins, un peu plus, un peu autre, un peu au-delà ou en deçà de l’humain. Tout l’enjeu de cet ouvrage aussi foisonnant que passionnant tient à ce « presque », où se mêlent la fascination et la répulsion. Par bien des aspects, en effet, ces personnages nous ressemblent. « La proximité […] invite à s’identifier à l’autre. » Mais c’est précisément parce que la distance qui nous sépare de lui est « infime », parfois « imperceptible », que l’écart dont il est le porteur suscite un certain effroi et une réaction de rejet. Le « presque humain » fait irruption dans nos imaginaires sous le mode de l’« inquiétante étrangeté », de l’« infamiliarité » : il « dérange notre compréhension implicite de ce à quoi on reconnaît l’humain » et révèle notre fragilité. S’il peut « mettre sous tension » et brouiller les contours de l’humanité, c’est parce que ces contours n’ont jamais été figés. Qui peut dire ce que signifie être humain ? Toute notre histoire est traversée par cette question. Nous la retrouvons aux deux bouts de notre existence individuelle : quand commençons-nous à être humains et quand cessons-nous de l’être ? Sommes-nous encore pleinement humains lorsque nous devenons séniles ? Ou encore lorsque nous nous retrouvons en état de mort cérébrale mais que notre cœur continue de battre ? C’est aussi une question posée par l’évolution : celle de la différence entre nous et les primates, nos plus proches cousins génétiques. Celle, encore, de l’anthropologie, car l’homme n’est pas un animal nu : il est façonné par ses outils, par ses équipements, et se prolonge hors de son corps. Celle, enfin, de la politique – de l’exclusion et de l’aliénation qui relèguent certains êtres aux marges de l’humanité. Les « presque humains » de fiction multiplient les points d’interrogation, en mettant en péril l’équilibre des quatre grandes dimensions de l’existence humaine, selon la typologie proposée par Hoquet : l’« Alien » marque le déchaînement incontrôlable d’une puissance vitale destructrice ; l’« Équipé », la dissolution de l’individu dans ses moyens, ses outils ; le « Golem », l’aliénation à une fin déterminée ; le « Trans », la perméabilité totale à l’instabilité du devenir et à la destruction de l’identité. Ces figures nous hantent, parce qu’elles témoignent que nous pouvons toujours déchoir de notre humanité de multiples manières, que nous ne sommes « jamais complètement humains ». Mais leur immixtion dans notre monde reflète en même temps « l’impossibilité où nous sommes de jamais renoncer à notre humanité ». Peut-être faut-il alors admettre que l’humanité tient surtout au souci d’essayer de dire ce qu’il en est de l’humain ? En ce sens, « l’humain s’impose d’abord comme signification, projet, communauté d’intelligence. Nous sommes les gardiens de la grande aventure du sens ».
Les Presque Humains
Livre
David Lapoujade
L’Altération des mondes. Versions de Philip K. Dick
Publié le 01 juin 2021
« C’est mon boulot de créer des mondes » : pour un auteur de science-fiction, cette déclaration n’a rien d’étonnant. Sauf que Philip K. Dick (1928-1982), pape du genre, ajoute : « j’aime créer des mondes qui tombent vraiment en morceaux au bout de quelques jours ». Tel est le fil rouge de l’étude que le philosophe David Lapoujade consacre au prolixe auteur américain, aujourd’hui en vogue : ce qui intéresse Dick, c’est l’effondrement des mondes qu’il invente et fait se télescoper. Chez lui, tout vacille, tout se détraque, y compris dans le monde « réel ». Soit une intrigue typiquement dickienne : un jour, un homme ordinaire sort de son appartement et se retrouve dans une galaxie lointaine – où des larves extraterrestres sont suspendues aux branches des arbres. Effet d’inquiétante étrangeté, grand dérèglement de tous les sens et de toutes les certitudes : dans les romans et nouvelles de Dick, on ne sait plus très bien où l’on est, ni comment cela fonctionne. La causalité est suspendue, il devient impossible de démêler le vrai du faux. Suis-je vivant ou mort, homme ou machine, un peu des deux ? Ce monde est-il authentique ou n’est-il qu’une illusion, un artefact créé par des puissances manipulatrices, des gourous politiques ou des superprogrammes informatiques ? Avec ses personnages hautement paranoïaques, convaincus qu’eux seuls vivent dans la réalité véritable, rivés à leur version solipsiste des faits, Dick a écrit la bande originale du conspirationnisme contemporain. Mais comme le suggère Lapoujade, celui qui fut la proie de bouffées délirantes a écrit pour lutter contre sa propre paranoïa, sa propre folie : pour ne pas s’enfermer dans un seul monde, il fallait en accoucher de plusieurs, quitte à les faire dérailler.
L’Altération des mondes. Versions de Philip K. Dick
Livre
Trinh Xuan Thuan
Mondes d’ailleurs
Publié le 01 juin 2021
Les atomistes avaient des intuitions prodigieuses. Au temps de Socrate, cette doctrine grecque supposait l’existence d’un univers sans limites spatiotemporelles où des unités fondamentales, les atomes, se « combinaient en une infinité de façons pour donner naissance à un nombre non moins infini de mondes ». De Démocrite à Lucrèce, philosophes et poètes célébraient l’insondable exubérance d’un cosmos qu’Aristote finirait par réduire, pour deux millénaires, à un espace fini et géocentrique. L’astrophysicien Trinh Xuan Thuan signe un hommage à cet élan qui a porté les atomistes à imaginer les cieux peuplés de mondes foisonnants. L’auteur leur donne vie en rassemblant les plus grandes observations et avancées scientifiques de ces vingt-cinq dernières années sur les exoplanètes, les origines du vivant et, surtout, la quête de la vie extraterrestre… Aujourd’hui, on suppose qu’elle pourrait grouiller sous la croûte glacée d’Encelade. Cette lune de Saturne renferme un océan d’eau intérieur jaillissant si fort de ses cryovolcans qu’elle a formé autour de sa géante gazeuse un anneau de particules de glace visible depuis la Terre. Ou peut-être que des bactéries peuplent les profondeurs du sol rouge de Titan sur lequel s’étendent lacs et ruisseaux de méthane alimentés par une pluie – faible gravité oblige – semblant tomber au ralenti ? Si l’humanité a visité ces deux lieux (avec les sondes Cassini et Huygens), le céleste voyage que nous propose Thuan raconte aussi le développement des techniques optiques de pointe permettant de scruter des mondes habitables toujours plus lointains et variés. « Nous pouvons, conclut-il, reprendre la phrase de Hamlet à son ami Horatio dans la tragédie de Shakespeare : “Il y a plus de choses dans le Ciel et sur la Terre que n’en rêve aujourd’hui notre philosophie.” » Alors rêvons !
Mondes d’ailleurs
Livre
Gaël Giraud et Felwine Sarr
L’Économie à venir
Publié le 01 juin 2021
C’est un dialogue rare où l’on entend deux chercheurs se questionner ensemble et apprendre l’un de l’autre. On en a perdu l’habitude, tant le débat d’aujourd’hui est obsédé par le « penser pour/contre » et disqualifie par principe le « penser avec », toujours suspect d’entre-soi. Or c’est bien l’entre-soi, ou plus exactement l’entre-nous, qui réunit les deux économistes engagés à gauche Gaël Giraud et Felwine Sarr, et structure leur recherche du commun. Le premier est spécialiste de mathématiques appliquées à l’économie et professeur à l’École polytechnique, le second est sénégalais et enseigne la philosophie africaine à Duke University, aux États-Unis. Les deux partagent la connaissance de l’économie du développement et de l’Afrique, et un fort ancrage spirituel et théologique (Giraud est jésuite, Sarr musulman soufi), auquel une partie de la discussion est consacrée et qui sous-tend leurs visions historiques et éthiques. La conversation commence par l’hospitalité. Son cœur est constitué par la critique érudite du capitalisme et des impensés philosophiques sur lesquels s’appuie le modèle néoclassique dominant. Giraud développe son analyse du capital comme « transsubstantiation à l’envers » : quand le rite catholique transmute la matérialité en esprit, le capitalisme « transforme une forêt, une machine, une œuvre d’art, un être humain… en capital », dont je peux, en acteur rationnel, anticiper les revenus futurs qui déterminent la valeur de mon capital présent. Dans cette réification, rien n’échappe à la propriété, et l’intérêt ne peut être compris que comme le contraire de la gratuité, de la « surabondance de la générosité ». En plaidant pour une économie « indisciplinée », les deux auteurs plaident aussi pour sa transdisciplinarité. Au lieu de se réduire, comme le dit Sarr, « à un ordre mathématisé, formalisé, devenant par conséquent un ordre insensé », l’économie devrait être « réenchâssée » dans les sciences humaines, les philosophies morales… et même la physique – développement pointu sur la thermodynamique hors équilibre... De la morale à l’anthropologie, de la thermodynamique à la théologie, l’économie devient une discipline passionnante.
L’Économie à venir
Livre
Enzo Paci
Journal phénoménologique
Publié le 01 juin 2021
Voici un livre précieux pour entrer de manière sensible dans la phénoménologie, fondée par Edmund Husserl au début du XXe siècle et développée en France après 1945 par Maurice Merleau-Ponty ou Paul Ricœur. Mais sait-on qu’il en a existé une version italienne à la même période ? La traduction de ce Journal phénoménologique donne un aperçu de l’École de Milan, dont Enzo Paci (1911-1976) est l’éminent représentant. Introducteur de Husserl en Italie, Paci, qui s’était lié avec Ricœur dans un camp de concentration, forge une pensée « relationniste », au carrefour de l’existentialisme et de la phénoménologie. Mais Paci « ne dogmatise pas [s]a perception en un discours abstrait » : c’est ce que montre ce journal rédigé entre 1956 et 1961, où les réflexions philosophiques s’entremêlent d’observations plus méditatives. À Bellaria, sur les bords de l’Adriatique, il note : « J’écris à la lueur de la lune, seul, face à la mer. Son rythme est le mien. Je ne le sens pas comme quelque chose qui se pose en face de moi ; et pourtant il est là, transcendant. » À Venise : « Ma chambre donne sur un canal : un bruit lointain de pas me fait ressentir le silence de manière encore plus vive (le silence “vécu”). » Ailleurs, c’est la musique qu’il écoute conformément à la « réduction » phénoménologique, c’est-à-dire en suspendant l’attitude naturelle qui consiste à croire que le monde existe indépendamment de la conscience. Et c’est fascinant de partager l’existence quotidienne d’un philosophe qui s’interroge avec humilité au contact des choses mêmes !
Journal phénoménologique
Livre
Alice Pfeiffer
Le Goût du moche
Publié le 01 juin 2021
On entre dans ce livre verdâtre et violet comme dans un magasin de souvenirs d’une station balnéaire : c’est kitsch et c’est terriblement criard. Et si l’on flashe sur « des tongs en moumoute rose électrique », c’est sans doute parce qu’on partage « le goût du moche » d’Alice Pfeiffer. Du « ratage » au « vulgaire », en passant par le « dégueulasse », l’ouvrage aux allures de cabinet de curiosités classe les différents genres de moches. On y découvre que ce « petit frère dénigré du laid » flirte parfois avec une certaine forme de beauté. Si vous trouvez qu’il y a quelque chose d’envoûtant dans les bibelots en forme « d’angelots potelés », « de lions rugissants » ou « de chatons larmoyants », c’est normal. L’espèce de moche qu’est le « kitsch » se « place dans la descendance du beau ». Son charme maladroit et désuet introduit donc « un trouble, une émotion ». Alice Pfeiffer, journaliste de mode, ressent quant à elle une « fascination viscérale » pour les mochetés en tout genre. Sous sa plume, la « coupe mulet », le « string ficelle se hissant hors du pantalon » ou encore « le tatouage vaguement tribal » ne sont pas des fautes de goût mais des expérimentations fièrement revendiquées. Le moche devient ainsi « une façon de déconstruire l’académie et les dogmes », une force transgressive capable de renverser l’ennuyeuse banalité du beau.
Le Goût du moche
Livre
Vincent Peillon
Une théologie laïque ?
Publié le 01 juin 2021
Au tournant des XIXe et XXe siècles, Jean Jaurès pense qu’il ne peut y avoir de société sans religion. Dans la tourmente des débats actuels où le mot de « laïcité » a plus de valeur que de sens, Vincent Peillon, en philosophe passionné par l’histoire des idées, nous fait revenir au temps des premiers laïcs. Et surprise : nous sommes très loin des scientistes rationalistes et antireligieux de l’historiographie républicaine classique. Au contraire ! Des philosophes comme Jaurès ou Ferdinand Buisson, père de la laïcité scolaire, considèrent que l’être humain a une inclination naturelle au divin et qu’il appartient aux institutions de la République d’orienter cet appel vers des aspirations démocratiques et sociales. Et ce, dès l’école. En bref : les églises n’ont pas le monopole de la foi ! À l’instar des contre-révolutionnaires, les laïcs pensent que, sans élément divin, la société et l’individu se délitent. Mais, au lieu de promouvoir un retour à la vieille monarchie, ils édifient une « théologie laïque » totalement oubliée du laïcisme contemporain. Peillon dépeint un très déroutant « monisme idéaliste » où la matière et l’univers sont « pénétrés de raison et de justice ». Pour Jaurès et ses pairs, l’humanité même participe du divin par la compréhension des lois idéales de la nature, mais aussi en les poursuivant par l’action, comme celle d’instaurer dans la Cité plus d’égalité et de fraternité. Si l’ancien ministre de l’Éducation nationale (de 2012 à 2014) ne se fait pas prescripteur, l’éclairage savant est loin d’être inutile, tant la laïcité est un héritage complexe et pourtant au fondement d’un républicanisme (et d’un socialisme) aujourd’hui en pleine crise existentielle.
Une théologie laïque ?
Livre
David Acheson
Geometrix. D’Euclide à Einstein, la magie d’une science surprenante
Publié le 01 juin 2021
La géométrie, comme tout système de pensée, possède ses modes de représentations, sa logique… et son élégance. Les points, les droites, les angles ou les cercles sont, comme les concepts en philosophie, des formalismes qui permettent de saisir le monde, de le scénariser et de le comprendre. À travers une série d’exercices illustrés agrémentés d’anecdotes historiques, le mathématicien britannique David Acheson nous initie à la vieille grammaire du maître Euclide d’Alexandrie et de ses austères Éléments, ouvrage qui a « exercé plus d’influence et connu plus d’éditions que la quasi-totalité des autres livres de l’histoire de l’humanité ». Et pour cause : avec quelques axiomes, la géométrie euclidienne permet de calculer la circonférence de la Terre avec deux bâtons ou de démontrer en quelques tracés le théorème de Pythagore. Elle a été décisive aussi bien pour la physique d’Archimède que pour l’élaboration de la théorie de la gravitation universelle d’Isaac Newton. La géométrie rend l’esprit fertile ! Ce n’est pas pour rien que Platon, l’un des pères de la philosophie occidentale, avait inscrit à l’entrée de son Académie : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre. » Si vous étiez nul en maths, cet album est donc une bonne façon de commencer la philosophie !
Geometrix. D’Euclide à Einstein, la magie d’une science surprenante
Livre
Philippe Artières
Le Peuple du Larzac
Publié le 01 juin 2021
« Gardarem lou Larzac » : on a entendu le slogan occitan de 1971 au milieu des années 2010 en Loire-Atlantique sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Le combat contre l’extension d’un camp militaire, qui avait réuni une centaine de paysans, et les mouvements militants des années 1970 semblent être toujours inspirants. « La cause du causse » n’occupe pourtant que le dernier quart de l’histoire du Larzac que propose Philippe Artières en enfant du pays. En creusant le causse, depuis sa formation géologique jusqu’au Forum altermondialiste de 2003 et l’inauguration du viaduc de Millau sur l’autoroute A75, il redonne à l’histoire sa profondeur. Et peuple le plateau réputé le plus désertique de France de « sorcières, croisés, paysans, prisonniers, soldats, militants, touristes et brebis… ». Et ça fait du monde dans le désert ! Un épais palimpseste de présences. Nourri de la lecture de Foucault, Artières pourrait voir le Larzac en « hétérotopie », hors du monde, où le pouvoir domestique les corps. D’une part, à cause des brebis, plus nombreuses que les habitants ; d’autre part, à cause de la présence constante du religieux et du militaire depuis le Moyen Âge, sous la forme de citadelles ou de camps où se sont succédé templiers et moines-soldats, camps disciplinaires (pour enfants, prisonniers nazis, militants du FLN), de réfugiés (espagnols, harkis…) ou d’exercices militaires. Mais c’est Édouard Glissant et « l’imaginaire de la Relation » qui lui semble plus approprié aux formes de résistance et d’expérimentation sociale dont le Larzac est le nom : car le causse est un territoire ouvert mais « imprenable », le commun peut s’y inventer.
Le Peuple du Larzac
Livre
Christine Leroy
Phénoménologie de la danse
Publié le 01 juin 2021
Que peut le corps du danseur sur le corps du spectateur ? Cette question est au centre de l’ouvrage de Christine Leroy, porté par des analyses de pièces – dont de belles pages sur les Sacre du printemps de Vaslav Nijinski et de Pina Bausch. Au commencement, le danseur dialogue avec la gravité et se démène avec la pesanteur, dont chacun fait l’expérience, inconsciemment, à chaque instant, et qui dit notre condition physique humaine. Ce partage corporel est possible par l’« empathie kinesthésique », notion forgée dans les années 1930 par le critique de danse américain John Martin : « Nous reproduisons [le mouvement] par procuration dans notre actuelle expérience musculaire et nous en éveillons les connotations associées comme si le mouvement original était de notre propre initiative. » Les muscles du danseur s’impriment sur ceux du spectateur, non dans la fusion mais dans une communauté de ressentis psychiques et physiques. Cette « contagion gravitaire » sans contact embrasse le concept de « chair » de Maurice Merleau-Ponty. Mon corps est en effet interdépendant du monde : je suis une chair, et le monde se donne à moi sous forme de vécu charnel. Le poids de la chair, celle du danseur et du spectateur, s’éprouve alors dans une intersubjectivité kinesthésique. Leroy redessine ainsi une éthique du care dont la danse serait le ciment.
Phénoménologie de la danse
Livre
Sébastien Travadel et Franck Guarnieri
Petite Philosophie de l’ingénieur
Publié le 01 juin 2021
Les machines sont partout : dans les usines, dans la rue, dans nos foyers. Pourtant, le petit peuple d’habiles savants à qui l’on doit ces inventions a rarement été pensé philosophiquement. À quoi travaillent précisément les ingénieurs ? Franck Guarnieri et Sébastien Travadel, professeurs à MINES ParisTech, livrent une approche condensée et stimulante de ce métier : « fabrication d’un monde » plus encore que d’objets, l’ingénierie est guidée par un « idéal d’efficacité » qui rend sa justification théorique « superflue » – ce qui la distingue de la science. Tout en se faisant historiens de l’ingénierie (avec des passages sur l’« intégraphe » de Leibniz ou les travaux de Galilée en physique des matériaux), les auteurs soulignent qu’elle dialogue sans cesse avec notre imaginaire collectif. Sur la conquête spatiale, par exemple, « c’est parce que la Lune avait une valeur sociale que l’ingénieur a pu trouver les ressources nécessaires à sa conquête ». Contre une vision pessimiste de la technique (celle de Jacques Ellul, notamment), une ingénierie bien pensée serait au contraire capable d’en maîtriser les excès. Puisqu’elle dépend toujours de décisions humaines, elle pourrait même « infléchir de l’intérieur la trajectoire suicidaire des systèmes productifs » menaçant la planète. À une condition : qu’on redéfinisse les valeurs qui guident son efficacité.
Petite Philosophie de l’ingénieur
Livre
Antonio Damasio
Sentir et Savoir
Publié le 01 juin 2021
« Il y a souvent un gouffre entre la carte et l’objet : je l’ai encore constaté il y a quelques minutes, en sortant sur ma terrasse pour regarder le soleil disparaître derrière les monts Santa Monica – et admirer le crépuscule rougeoyant. » Se représenter abstraitement le monde, introduire une distance entre ce que l’on conçoit et ce que l’on vit, ne peut qu’atténuer la conscience. Cette idée se trouve au centre du dernier livre d’Antonio Damasio. Dans son œuvre, le neuropsychologue a combattu le dualisme cartésien selon lequel il existerait une division claire entre corps et esprit. Lecteur de Spinoza, il a tenté, au contraire, de relier le cerveau au corps, la raison aux émotions. Car l’esprit seul n’est rien, puisqu’il n’est pas jouissant : il faut ressentir dans notre chair pour être capables de bâtir nos images mentales, premiers signes tangibles de notre conscience. L’originalité de cet ouvrage ne se situe pas vraiment sur le fond – qui reprend la thèse défendue par Damasio dans ses travaux – mais dans sa forme. À la méthode scientifique, il préfère ici l’art du haïku, de la sensation fluide et poétique. De cet exercice naît une synthèse magistrale de sa pensée, ainsi qu’une réconciliation de la science avec les émotions, du savoir avec le sentir. Débarrassé de la frustration du scientifique qui ne convainc que par le schéma et le chiffre, Antonio Damasio élabore ici une véritable poétique de la science. Et nous montre que cette science peut tout à fait, elle aussi, penser avec des mots.
Sentir et Savoir
Livre
Michel Foucault
Binswanger et l’analyse existentielle
Publié le 01 juin 2021
Longtemps attendue, annoncée par Foucault lui-même en 1954 avant qu’il ne renonce à publier le manuscrit, la parution de ce texte offre un témoignage inestimable de l’élaboration de la réflexion foucaldienne sur la maladie mentale. Elle débouchera en 1961, dans Folie et Déraison. Histoire de la folie à l’âge classique, sur la disqualification de cette notion. La découverte de la pensée de Ludwig Binswanger (1881-1966), à la croisée de la psychanalyse et de la phénoménologie, est une étape décisive de ce parcours. Foucault y trouve « quelque chose de différent des grilles traditionnelles », qu’il qualifie même de « révolution surprenante ». Avec la Daseinsanalyse, elle opère en effet un dépassement essentiel de l’approche psychanalytique sous l’influence de Heidegger. Cette forme de psychothérapie, développée en Suisse à partir des années 1960, demeure d’ailleurs un courant minoritaire. Philosophiquement, il s’agit pour Binswanger de retrouver « l’unité dans laquelle s’exprime le malade » que Freud tend à scinder entre le conscient et l’inconscient. Cette unité est ce qui fonde la présence de l’homme au monde, « la racine de son être ». Tout l’enjeu, c’est de comprendre à nouveaux frais l’expérience pathologique, non comme la perte d’un « monde déjà-là » de sens, mais comme un « mode d’être » à part entière. Reprenant les concepts de la phénoménologie, Binswanger cesse ainsi de rapporter l’univers du fou « à la maladie, pour en chercher le fondement dans le malade lui-même : et non pas en tant qu’il est malade, mais en tant seulement qu’il est homme, qu’il est existence, qu’il est libre ». Tout en rendant hommage à ce renversement, Foucault demeure critique : à ses yeux, si Binswanger s’efforce de « restituer à l’homme malade ce qu’il y a de plus essentiellement humain », il continue tout de même de « chercher ce par quoi [le malade] “n’est pas comme les autres”, à faire ressortir des perturbations que l’on désigne comme telles à partir d’un idéal érigé en norme ». L’analyse existentiale reste structurée par l’opposition entre le normal et le pathologique, sans interroger comment ces catégories sont façonnées par les conditions concrètes d’existence. Foucault entrevoit manifestement ces limites, et c’est sans doute pourquoi il renoncera à publier son manuscrit : son esprit est déjà tourné vers autre chose, vers une exploration des savoirs par leur histoire, leur archéologie. N’écrit-il pas, quelques années plus tard, toujours au sujet de la psychologie, que « ce qu’il y a de plus humain en l’homme, c’est […] son histoire » ?
Binswanger et l’analyse existentielle
CULTURE
Article 2 min
“The Underground Railroad”. Sur les rails de l’histoire
Cédric Enjalbert 03 juin 2021
Avec la série The Underground Railroad, Barry Jenkins, réalisateur de l’oscarisé Moonlight, adapte le roman lauréat du prix Pulitzer de Colson Whitehead et réveille les consciences américaines.
“The Underground Railroad”. Sur les rails de l’histoire
Article 2 min
“L’Encyclopédie de la parole”. B.A.-Blabla
Cédric Enjalbert 03 juin 2021
Avec L’Encyclopédie de la parole, Joris Lacoste et Emmanuelle Lafon, accompagnés d’un collectif d’artistes et de chercheurs, ont rassemblé une dizaine d'années durant les différentes manifestations du langage. Ils en tirent une trilogie de spectacles à la fois ludique et frondeuse.
“L’Encyclopédie de la parole”. B.A.-Blabla
Article 2 min
“Femmes peintres 1780-1830. Naissance d’un combat”. Cherchez l’infâme
Cédric Enjalbert 03 juin 2021
Rares, les femmes peintres ? C'est ce cliché que dément l'exposition Femmes peintres 1780-1830. Naissance d’un combat, à voir au musée du Luxembourg, à Paris, jusqu'au 4 juillet.
“Femmes peintres 1780-1830. Naissance d’un combat”. Cherchez l’infâme
OH ! LA BELLE VIE
Article 3 min
Conseil n°  9 : écrivez des lettres anonymes
François Morel 03 juin 2021
Les soirées sont longues. Pour peu que l’on ait épuisé tous les programmes disponibles sur Netflix, OCS, Canal, Disney+, on se dit : « Tiens, on écrirait bien un petit Tweet pour se venger. » Se venger de quoi ? De tout, de rien. De son malaise. De sa médiocrité. Ça occupe.&..
Conseil n°  9 : écrivez des lettres anonymes
JEU
Article 1 min
Philocroisés #70
Gaëtan Goron 03 juin 2021
Horizontalement I. C’est Épictète que ce pilote a dans la tête. II. sin/cos. Protagoniste du Banquet de Platon. III. Celle de Russell est nourrie tous les jours à 9 heures. IV. Herbe aquatique. 20 corse. V. Famille de peintres néerlandais. Cet avion s’af..
Philocroisés #69
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Feu ! Chatterton. Sombre héros
Sylvain Fesson 03 juin 2021
« C’est marrant à quoi tient une trajectoire. À l’origine, je ne suis pas du tout musicien, je ne joue d’aucun instrument, je ne sais pas chanter et j’ai des kystes sur les cordes vocales. Je n’avais donc aucun outil pour enraciner ce rêve, si ce n’est écrire. » Mais un jour de rentrée des classes, en première, Arthur Teboul s’est retrouvé aux côtés de Sébastien qui connaissait Clément, et voilà qu’aujourd’hui, avec ses mots, sa voix, ainsi qu’Antoine et Raphaël, les Feu ! Chatterton sont les fers de lance d’un rock français aussi populaire que lettré. En témoigne la sortie de Palais d’argile (Universal Music/Virgin Records), leur troisième album.
(Philomag)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
N°150 - Juin 2021 - Pourquoi on s'énerve ? [texte imprimé] . - 2021 . - 98 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Philosophie Tags : Agnès Jaoui Raphaël Enthoven stoïcisme (guerre du Vietnam) vie extra-terrestre Albert Camus Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Dans un monde idéal, l’épisode de la pandémie et des confinements successifs aurait dû nous servir à prendre du recul, à gagner en sérénité. Et pourtant… ne sentez-vous pas comme une tension dans l’air ambiant ? N’a-t-on pas l’impression, dans la rue ou sur les réseaux sociaux, que les gens ont envie d’en découdre ? Le télétravail et la raréfaction de la vie sociale n’ont-ils pas rendu les rapports humains moins fluides, voire carrément survoltés ?
(Philomag)Note de contenu : Article 3 min
L’énergie paradoxale de la fatigue
Alexandre Lacroix 03 juin 2021
Même si le sommeil serait assurément le remède le plus efficace, il existe plusieurs manières de lutter contre la fatigue. La première consiste à la localiser, et par là même à la circonscrire. Il est rare, en effet, que la fatigue enveloppe le corps, qu’elle le saisisse d’un bloc ..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Pourquoi désirons-nous tant être reconnus ?”
Charles Pépin 03 juin 2021
Question de Camille Pascal
“Pourquoi désirons-nous tant être reconnus ?”
REPÉRAGES
Article 1 min
Habitat imprimé
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
Tecla : c’est le nom de cette drôle de maison ronde imaginée par la société italienne Wasp. « À tous points de vue, c’est une maison confortable », pas si différente d’une demeure classique, souligne Massimo Moretti, à l’initiative du projet. Si ce n’est qu’elle es..
Habitat imprimé
Article 1 min
“Mourir”
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
“Faire son devoir devient impérieux lorsque, sans doute, on est appelé à mourir bientôt. C’est un exercice intéressant” Axel Kahn, dans La Croix le 17 mai. “Bien mourir, c’est mourir sans regret” Sénèque, Lettres à Lucilius (63-64). ..
Article 1 min
“Universalisme proportionné”
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
« Nous sommes en guerre », déclarait Emmanuel Macron au début de la crise sanitaire. Les mesures de lutte contre la pandémie ont été en effet jusqu’ici à l’image de ce slogan : un combat « covido-centré » au moyen d’un arsenal de mesures qui oublient de consid�..
“Universalisme proportionné”
Article 1 min
“12 millions”
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
C’est le nombre de bébés nés en Chine en 2020. Un chiffre qui confirme la menace d’une crise démographique : il n’a jamais été aussi faible depuis les années 1970, et, à ce rythme, la population chinoise pourrait tomber à 732 millions en 2100, contre 1,4 milliard aujourd’hui...
Article 2 min
États-Unis : in queer we trust
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
Américain.e.s s’identifiant comme LGBT 5,6 % en 2020 3,5 % en 2012 15,9 % des membres de la génération Z (nés entre 1997 et 2002) 9,1 % des millenials (nés entre 1981 et 1996) 2 % des baby-boomers (nés entre 1946 et 1964) 6,4 % des femmes 4,9 % des h..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Pas de ruissellement pour Joe Biden
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
C’est un classique du débat politico-économique, et le président américain vient de lui faire un sort. Mais d’où vient cette idée ? Et que dit-elle de notre conception de la société ?
Pas de ruissellement pour Joe Biden
Article 3 min
Dogecoin, le règne du simulacre ?
Océane Gustave 03 juin 2021
Créée comme une blague, une cryptomonnaie à tête de chien se classe parmi les plus populaires et les plus lucratives, après qu’Elon Musk en a vanté les mérites. Avec le Dogecoin, serions-nous entrés dans l’ère du simulacre, prophétisé par Jean Baudrillard ?
Dogecoin, le règne du simulacre ?
Article 3 min
Stamatios Tzitzis : “L’idée de responsabilité pénale naît vraiment avec la Modernité”
Ariane Nicolas 03 juin 2021
Un projet de loi remet la responsabilité pénale au cœur du débat public, suite au scandale soulevé par le jugement de l’affaire Sarah Halimi. Président de la section de philosophie pénale à l’Institut de criminologie de Paris, Stamatios Tzitzis revient sur les racines philosophiques de cette notion.
Stamatios Tzitzis : “L’idée de responsabilité pénale naît vraiment avec la Modernité”
Article 3 min
Relâchez la pression !
Pascal Chabot 03 juin 2021
La rencontre ne peut pas avoir lieu n’importe où. Pour le philosophe belge Pascal Chabot, auteur d’Avoir le temps. Essai de chronosophie (PUF, 2021), elle nécessite un contexte. Pour ce grand amateur de bière, avec la possibilité d’en boire une en terrasse, on retrouve aussi une série d’états psychiques qui permettent aux relations de se nouer.
Relâchez la pression !
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
T’as d’beaux os, tu sais
Sven Ortoli 03 juin 2021
Seul 1 os sur 1 milliard devient fossile. On estime que la fossilisation touche entre 0,01 et 0,1 % des organismes. Des stromatolithes australiens contiennent les plus anciens fossiles du monde : des cyanobactéries vieilles de 3,5 milliards d’année..
T’as d’beaux os, tu sais
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Tapis de yoga. Un p’tit coin de paradis
Tobie Nathan 03 juin 2021
En gagnant en popularité, le yoga a peut-être perdu un peu de son âme. Et si un simple objet, le tapis sur lequel les pratiquants se mettent dans la posture du lotus, lui permettait de conserver une assise spirituelle ?
Tapis de yoga. Un p’tit coin de paradis
RÉCIT
Article 19 min
James Bond Stockdale. Voyage d’un stoïcien au bout de l’enfer
Martin Duru 03 juin 2021
Ce pilote de l’US Navy est resté prisonnier au Nord-Vietnam pendant sept ans et demi, de 1965 à 1972. Pour résister à l’enfermement, aux humiliations et aux tortures, James Bond Stockdale a fait appel à un étonnant kit de survie : le Manuel du penseur antique Épictète. Récit d’une existence marquée par la guerre, la mort et la philosophie.
James Bond Stockdale. Voyage d’un stoïcien au bout de l’enfer
ENQUÊTE
Article 9 min
Croire aux extraterrestres, Un pari pascALIEN ?
Jack Fereday 03 juin 2021
L’idée a beau faire sourire, on la retrouve au cinéma, dans les médias, au cours d’une discussion... Mais qu’implique le fait de croire – ou pas – à la possibilité d’une vie intelligente extraterrestre ? Entre le scepticisme des uns et la ferveur des autres, les enjeux philosophiques sont de taille.
Croire aux extraterrestres, Un pari pascALIEN ?
Article 4 min
Étienne Klein : “La Terre est la seule planète où nous pouvons être vraiment humains”
Alexandre Lacroix 03 juin 2021
S’il ne la nie pas, le philosophe des sciences se montre plutôt sceptique sur la possibilité d’une vie extraterrestre intelligente. Il explique pourquoi.
Étienne Klein : “La Terre est la seule planète où nous pouvons être vraiment humains”
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Un pharmakon psychédélique ?
Isabelle Sorente 03 juin 2021
Utiliser des drogues psychoactives pour refermer les portes de la dépression en plus d’ouvrir celles de la perception ? De nombreux médecins et thérapeutes – mais aussi d’ambitieuses start-up – y travaillent. Au risque du bad trip ?
Un pharmakon psychédélique ?
DOSSIER
7 articles
Pourquoi on s’énerve ?
Publié le 03 juin 2021
Dans un monde idéal, l’épisode de la pandémie et des confinements successifs aurait dû nous servir à prendre du recul, à gagner en sérénité. Et pourtant… ne sentez-vous pas comme une tension dans l’air ambiant ? N’a-t-on pas l’impression, dans la rue ou sur les réseaux sociaux, que les gens ont envie d’en découdre ? Le télétravail et la raréfaction de la vie sociale n’ont-ils pas rendu les rapports humains moins fluides, voire carrément survoltés ? > Que ce soit leurs enfants ou la technologie qui les mette en boule, les philosophes Elsa Godart, Maxime Rovere, Gloria Origgi et Yves Citton racontent qu’ils s’énervent comme tout le monde ! > Pourtant, dans l’histoire de la philosophie, c’est la colère qui a ses lettres de noblesse. La colère de Dieu, celle d’Achille sont des passions nobles… Que nous révèle l’énervement sur notre civilisation ? > Peut-être cela : qu’elle carbure à l’électricité et à la fatigue, comme le démontre le philosophe Tristan Garcia. > Pour en savoir plus sur les mécanismes de l’énervement, nous sommes allés à la rencontre des chercheurs en neurosciences Catherine Belzung, Olivier Koenig et Albert Moukheiber. Bizarrement, ils nous disent que s’énerver ne sert à rien – au moins du point de vue physiologique ! > S’il y a bien un philosophe qui a perdu son sang-froid, c’est Arthur Schopenhauer, qui a précipité sa voisine dans les escaliers et a dû lui payer une pension à vie. Folie ou aboutissement logique de son système, fondé sur la volonté ? > Quelques journées en immersion dans le métro ou à essayer de traverser des pistes cyclables ont permis à notre journaliste Michel Eltchaninoff d’écrire un reportage informé sur la rage des transports. > Ils ont de l’estime mutuelle, et pourtant… ils ont failli s’énerver ! Tel est le tour étonnant qu’a pris notre dialogue entre la réalisatrice et comédienne Agnès Jaoui et le philosophe Raphaël Enthoven, qui divise la Twittosphère.
Pourquoi on s’énerve ?
Article 11 min
Ne nous fâchons pas !
Cédric Enjalbert 03 juin 2021
Et vous, qu’est-ce qui vous énerve ? Nous avons posé la question à quatre philosophes, les mettant au défi de briser l’image d’Épinal du sage impassible et détaché.
Ne nous fâchons pas !
Article 6 min
Écorchés vifs
Martin Legros 03 juin 2021
Perdre son sang-froid, est-ce bien raisonnable ? Si pour les Anciens, l’irritabilité représentait une perte de contrôle, voire une sortie de soi, elle est aujourd’hui devenue une arme de vigilance face aux dérèglements du monde.
Écorchés vifs
Article 6 min
Tristan Garcia : “Les algorithmes gèrent nos nerfs pour nous transformer en rats de laboratoire”
Martin Legros 03 juin 2021
La découverte de l’électricité a contribué à faire émerger un nouvel idéal d’existence centré autour de l’intensité nerveuse. Avec la révolution numérique, nos énervements sont devenus la matière première de la vie sociale. Le philosophe Tristan Garcia, auteur de La Vie intense. Une obsession moderne, se demande comment faire pour ne pas « péter les plombs ».
Tristan Garcia : “Les algorithmes gèrent nos nerfs pour nous transformer en rats de laboratoire”
Article 11 min
Ce qui nous tape sur le système
Catherine Portevin 03 juin 2021
Comment faire la radiographie de l’énervement ? Pour le savoir, nous avons interrogé des spécialistes des neurosciences et de la psychologie, et cette émotion apparaît moins mécanique qu’on pourrait le penser.
Ce qui nous tape sur le système
Article 6 min
Schopenhauer, philosophe de (sale) caractère
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
Pour le penseur allemand, l’irritation permet à la volonté de décharger toutes les formes de frustration. Et il sait de quoi il parle, lui qui a passé sa vie à se mettre à dos la terre entière.
Schopenhauer, philosophe de (sale) caractère
Article 11 min
Zizanie dans le métro
Michel Eltchaninoff 03 juin 2021
Entre les bousculades, les retards pour une panne de signalisation, le vélo qui manque de vous renverser ou celui qui vous grille la priorité, les transports urbains sont souvent un enfer. Mais que se joue-t-il en nous lors de nos déplacements sur et sous terre ? Enquête.
Zizanie dans le métro
Dialogue 14 min
Raphaël Enthoven-Agnès Jaoui : de l’art de discuter (presque) sans se disputer
Alexandre Lacroix 03 juin 2021
Il sait susciter comme personne l’agacement de ses détracteurs sur les réseaux sociaux. Elle a écrit, avec Jean-Pierre Bacri, quelques-uns des emportements les plus mémorables du cinéma français. Ces deux « experts » démontent la mécanique de l’énervement… jusqu’à s’y laisser prendre !
Raphaël Enthoven-Agnès Jaoui : de l’art de discuter (presque) sans se disputer
LE CLASSIQUE SUBJECTIF
3 articles
Albert Camus vu par Marylin Maeso
Publié le 03 juin 2021
La rencontre avec Albert Camus a sauvé la vie de Marylin Maeso. Alors qu’adolescente, elle est hantée par la question du suicide, elle découvre en Camus un compagnon de solitude. Aujourd’hui, sa pensée, qui est tout sauf un juste milieu confortable, constitue un guide éthique pour mener dans la cité un débat réel où l’on refuse de « simplifier l’adversaire ».
Albert Camus vu par Marylin Maeso
Article 11 min
Marylin Maeso : “Pour Camus, il existe une solidarité dans la solitude”
Victorine de Oliveira 03 juin 2021
La rencontre avec Albert Camus a sauvé la vie de Marylin Maeso. Alors qu’adolescente, elle est hantée par la question du suicide, elle découvre en Camus un compagnon de solitude. Aujourd’hui, sa pensée, qui est tout sauf un juste milieu confortable, constitue un guide éthique pour mener dans la cité un débat réel où l’on refuse de « simplifier l’adversaire ».
Albert Camus vu par Marylin Maeso
Article 2 min
Albert Camus commenté par Marylin Maeso
Victorine de Oliveira 03 juin 2021
L’extrait d’Albert Camus « Je crois que la violence est inévitable, les années d’occupation me l’ont appris. Pour tout dire, il y a eu, en ce temps-là, de terribles violences qui ne m’ont posé aucun problème. Je ne dis donc point qu’il faut supprimer toute violence, ce qu..
Article 5 min
Albert Camus, un homme de terrain
Victorine de Oliveira 03 juin 2021
Fonder un engagement sur le constat absurde que la vie n’a pas de sens : c’est le pari d’Albert Camus, nourri d’influences qu’il s’approprie moins en commentateur sourcilleux qu’en camarade de pensée.
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi rendons-nous service à autrui ?
Pierre Terraz 03 juin 2021
Et si aider un ami à déménager n’était pas un geste gratuit mais une monnaie d’échange ? Quatre philosophes vous donnent un coup de main.
Pourquoi rendons-nous service à autrui ?
Article 1 min
Ostranenie
Octave Larmagnac-Matheron 03 juin 2021
Langue d’origine : russe
Article 2 min
Réputation
Margot Monteils 03 juin 2021
Cinq philosophes redorent notre blason !
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Y a-t-il des vérités indiscutables ?
Nicolas Tenaillon 31 mai 2021
Analyse des termes du sujet « Y a-t-il » Existe-t-il ? Peut-on le constater ? « des vérités » Des faits avérés, des théories démontrées. « indiscutables » Qui s’imposent avec évidence, qui excluent tout débat.
LIVRES
Article 2 min
Pendant que j’y pense/Juin 2021
Catherine Portevin 03 juin 2021
Lire, c’est du sport ! Il y faut de l’entraînement, de l’organisation, de la patience et le dur désir de durer. Nombreux sont les éloges de la lecture qui la jouent ludique : allez-y, n’importe comment, lisez n’importe quoi, ne vous laissez pas intimider par les chefs-d�..
Livre
Michel Serres
La Fontaine
Publié le 01 juin 2021
Un homme à fables Michel Serres n’a pas eu le temps d’achever son La Fontaine. Composé à partir des fichiers retrouvés dans son ordinateur, l’ouvrage donne à voir l’influence que le fabuliste a sur le philosophe, et vice versa. Un Renard rusé et un Corbeau vantard, une Fourmi avare et une Cigale insouciante, un Chien repu mais esclave et un Loup affamé mais libre, un Héron dédaigneux, une Grenouille prétentieuse… le bestiaire si humain des Fables de La Fontaine devrait indigner tout animaliste qui se respecte : cet insupportable anthropomorphisme ne serait qu’un avatar de plus de la prétention humaine à dominer la nature. On aurait tout faux ! Et le livre posthume de Michel Serres consacré au génial fabuliste du Grand Siècle, dont on fêtera en juillet le quatre-centième anniversaire, vient avec panache installer La Fontaine « avant les Anciens et après les Modernes ». Pour le philosophe, mort en 2019, c’est le livre d’une vie, longtemps porté avec son fablier inlassablement annoté. Il n’a pas eu le temps de l’achever et de lui donner forme, mais la pensée est profonde, nourrie d’une connaissance des Fables d’une richesse exceptionnelle. Jean-Charles Darmon, spécialiste de la littérature du XVIIe siècle, a composé ce volume avec finesse et précaution à partir des fichiers, fournis mais épars, retrouvés dans l’ordinateur du philosophe. La forme fragmentaire, dans son inachèvement même, donne à entendre la musique de la réflexion avec ses reprises et variations. De nombreuses allusions aux Fables, parfois des études explicites, émaillent ses ouvrages (surtout Le Parasite et Statues), de même que l’on retrouve dans son La Fontaine les thèmes qui lui sont chers (la communication, le « contrat naturel » entre les hommes et la nature, la connaissance par le corps…). Lui-même utilisa souvent des personnages-concepts (Hermès, le Mal Propre, le Grand Fétiche…) pour incarner ses théories. Et l’on trouvera désormais un air de famille entre sa Petite Poucette et la Perrette au pot au lait du fabuliste. Le La Fontaine de Serres est donc un La Fontaine/Serres en miroir. Le philosophe a tôt fait de balayer les interprétations scolaires qui replacent l’auteur dans son époque pour reconnaître le Roi Soleil dans le Lion, les nobles « sous la peau du Loup » et tous les autres, petits, faibles et grugés, dans les ânes et les agneaux. La grande inspiration de Michel Serres est de renouer avec ce qu’il appelait le Grand Récit, celui de l’histoire de l’Univers, de l’émergence de l’homme et de ses transformations. La science le raconte, mais aussi l’épopée, les mythes et, donc, les fables. Lorsqu’il lit La Fontaine, le philosophe entend aussi Ésope le Phrygien du VIe siècle avant J.-C., Phèdre le Latin, Pilpay l’Indien, Abikar l’Assyro-Babylonien, et toutes les voix bien loin en amont de l’écriture venues d’un temps où un hominidé parmi les autres « vifs » s’est mis à parler. Les fables racontent l’hominisation en répondant à la question : « comment la parole vint à des bêtes et en fit des hommes, comment l’animalité parle encore en nous », comment « tous, jeunes et vieux, anciens ou modernes, vivons et pensons […] plus proches des bêtes que des hommes ». C’est ce totémisme enfoui en chacun d’entre nous qui explique pourquoi, tous, nous comprenons les Fables de La Fontaine « comme si nous y étions ». C’est le cœur de la thèse de Michel Serres : qu’il y a un savoir par le corps, qui passe par le mime, l’imitation et, enfin, les métamorphoses entre les espèces – Lucrèce et Ovide sont tout entiers dans les Fables. C’est pourquoi l’une des « fables-racines » qu’il commente est Ulysse et ses compagnons. La Fontaine imagine une autre fin à l’épisode de l’Odyssée dans lequel Circé transforme les compagnons d’Ulysse en pourceaux : cette fois, devenus loups, ours, lions, animaux des fables précédentes, ils refusent de redevenir des hommes. Combien est dérisoire le verbe être dans la question « Qu’est-ce que l’homme ? », conclut Michel Serres, « puisque nous ne cessons d’avancer vers lui, douloureusement, et de rechuter, soudain et de volonté gaie, vers la bête ». Dieu que les hommes sont bêtes !
La Fontaine
Livre
Don DeLillo
Le Silence
Publié le 01 juin 2021
Chaos digital La panne informatique est totale. Six personnages en mal d’écran réapprennent l’expérience d’une parole oubliée, libérée des fils de la technologie. Qu’est-ce qui, dans le fonctionnement paisible et quotidien des machines, nous menace ? Quelle est cette catastrophe que leur doux bruit de fond ne cesse de nous annoncer ? Depuis Americana et White Noise, ses premiers romans publiés il y a près d’un demi-siècle, ces questions ne cessent d’affleurer dans l’œuvre de Don DeLillo. Elles en font le prophète discret d’une apocalypse immanente à nos vies réputées normales. En 2022, le soir du Super Bowl, finale annuelle du football américain, un événement se produit dont nous ne connaîtrons pas la cause ni l’ampleur. Tous les personnages du roman – deux dans un vol Paris-New York, quatre devant la télévision dans un appartement new-yorkais – en subissent les effets. Les flux numériques s’interrompent. Plus rien ne s’affiche sur les écrans. La beauté de ce court roman tient à ce que l’événement est présenté sans contexte ni profondeur de champ. Il tient dans l’épaisseur d’un écran à plasma. Comme naguère dans les romans de Nathalie Sarraute, les personnages n’existent que par ce qu’ils disent. Leurs tics verbaux, leurs obsessions, leurs tropismes langagiers remplacent la description psychologique. Comment ce néant numérique affecte-t-il le cerveau parlant ? Que trouvons-nous encore à raconter lorsque les ordinateurs n’occupent plus notre champ sensoriel ? Dans un commentaire tantôt prolixe, tantôt laconique, qui s’achemine vers de brefs chapitres monologués, Tessa, poétesse, Max, contrôleur de bâtiments, sa femme Diane, professeure de physique, et Martin, son ex-élève, accompagnent de leur voix cette soudaine disparition de l’horizon numérique. Faute d’information globale, chacun en est réduit aux conjectures, au ressassement, et confronté à un vide intérieur béant. Ce que Le Silence met en scène, c’est une sorte d’épochè phénoménologique – un retour aux choses en chassant les abstractions qui les masquent – mais inopinée, anxieuse et sans méthode. Sur fond de chaos réel ou supposé, chacun s’accroche à ce qu’il croit être le plus réel, dehors ou au fond de soi. « Se concentrer sur les choses physiques les plus simples, se dit Tessa. Toucher sentir mordre, mâcher. Le corps n’en fait qu’à sa tête. » Les humains supportent-ils de s’appartenir enfin ? Faut-il une catastrophe pour le leur enseigner ? Dans ce roman laconique et intense, DeLillo ramène chacun à la source de ses paroles et de sa pensée.
Le Silence
Livre
Thierry Hoquet
Les Presque Humains
Publié le 01 juin 2021
Zombies, cyborgs, androïdes, symbiotes, clones… ces étranges créatures ont envahi notre monde. Notre imaginaire et nos fictions, en tout cas. Mais qu’ont-elles en commun ? Tous ces êtres sont des « presque humains », répond le philosophe Thierry Hoquet : un peu moins, un peu plus, un peu autre, un peu au-delà ou en deçà de l’humain. Tout l’enjeu de cet ouvrage aussi foisonnant que passionnant tient à ce « presque », où se mêlent la fascination et la répulsion. Par bien des aspects, en effet, ces personnages nous ressemblent. « La proximité […] invite à s’identifier à l’autre. » Mais c’est précisément parce que la distance qui nous sépare de lui est « infime », parfois « imperceptible », que l’écart dont il est le porteur suscite un certain effroi et une réaction de rejet. Le « presque humain » fait irruption dans nos imaginaires sous le mode de l’« inquiétante étrangeté », de l’« infamiliarité » : il « dérange notre compréhension implicite de ce à quoi on reconnaît l’humain » et révèle notre fragilité. S’il peut « mettre sous tension » et brouiller les contours de l’humanité, c’est parce que ces contours n’ont jamais été figés. Qui peut dire ce que signifie être humain ? Toute notre histoire est traversée par cette question. Nous la retrouvons aux deux bouts de notre existence individuelle : quand commençons-nous à être humains et quand cessons-nous de l’être ? Sommes-nous encore pleinement humains lorsque nous devenons séniles ? Ou encore lorsque nous nous retrouvons en état de mort cérébrale mais que notre cœur continue de battre ? C’est aussi une question posée par l’évolution : celle de la différence entre nous et les primates, nos plus proches cousins génétiques. Celle, encore, de l’anthropologie, car l’homme n’est pas un animal nu : il est façonné par ses outils, par ses équipements, et se prolonge hors de son corps. Celle, enfin, de la politique – de l’exclusion et de l’aliénation qui relèguent certains êtres aux marges de l’humanité. Les « presque humains » de fiction multiplient les points d’interrogation, en mettant en péril l’équilibre des quatre grandes dimensions de l’existence humaine, selon la typologie proposée par Hoquet : l’« Alien » marque le déchaînement incontrôlable d’une puissance vitale destructrice ; l’« Équipé », la dissolution de l’individu dans ses moyens, ses outils ; le « Golem », l’aliénation à une fin déterminée ; le « Trans », la perméabilité totale à l’instabilité du devenir et à la destruction de l’identité. Ces figures nous hantent, parce qu’elles témoignent que nous pouvons toujours déchoir de notre humanité de multiples manières, que nous ne sommes « jamais complètement humains ». Mais leur immixtion dans notre monde reflète en même temps « l’impossibilité où nous sommes de jamais renoncer à notre humanité ». Peut-être faut-il alors admettre que l’humanité tient surtout au souci d’essayer de dire ce qu’il en est de l’humain ? En ce sens, « l’humain s’impose d’abord comme signification, projet, communauté d’intelligence. Nous sommes les gardiens de la grande aventure du sens ».
Les Presque Humains
Livre
David Lapoujade
L’Altération des mondes. Versions de Philip K. Dick
Publié le 01 juin 2021
« C’est mon boulot de créer des mondes » : pour un auteur de science-fiction, cette déclaration n’a rien d’étonnant. Sauf que Philip K. Dick (1928-1982), pape du genre, ajoute : « j’aime créer des mondes qui tombent vraiment en morceaux au bout de quelques jours ». Tel est le fil rouge de l’étude que le philosophe David Lapoujade consacre au prolixe auteur américain, aujourd’hui en vogue : ce qui intéresse Dick, c’est l’effondrement des mondes qu’il invente et fait se télescoper. Chez lui, tout vacille, tout se détraque, y compris dans le monde « réel ». Soit une intrigue typiquement dickienne : un jour, un homme ordinaire sort de son appartement et se retrouve dans une galaxie lointaine – où des larves extraterrestres sont suspendues aux branches des arbres. Effet d’inquiétante étrangeté, grand dérèglement de tous les sens et de toutes les certitudes : dans les romans et nouvelles de Dick, on ne sait plus très bien où l’on est, ni comment cela fonctionne. La causalité est suspendue, il devient impossible de démêler le vrai du faux. Suis-je vivant ou mort, homme ou machine, un peu des deux ? Ce monde est-il authentique ou n’est-il qu’une illusion, un artefact créé par des puissances manipulatrices, des gourous politiques ou des superprogrammes informatiques ? Avec ses personnages hautement paranoïaques, convaincus qu’eux seuls vivent dans la réalité véritable, rivés à leur version solipsiste des faits, Dick a écrit la bande originale du conspirationnisme contemporain. Mais comme le suggère Lapoujade, celui qui fut la proie de bouffées délirantes a écrit pour lutter contre sa propre paranoïa, sa propre folie : pour ne pas s’enfermer dans un seul monde, il fallait en accoucher de plusieurs, quitte à les faire dérailler.
L’Altération des mondes. Versions de Philip K. Dick
Livre
Trinh Xuan Thuan
Mondes d’ailleurs
Publié le 01 juin 2021
Les atomistes avaient des intuitions prodigieuses. Au temps de Socrate, cette doctrine grecque supposait l’existence d’un univers sans limites spatiotemporelles où des unités fondamentales, les atomes, se « combinaient en une infinité de façons pour donner naissance à un nombre non moins infini de mondes ». De Démocrite à Lucrèce, philosophes et poètes célébraient l’insondable exubérance d’un cosmos qu’Aristote finirait par réduire, pour deux millénaires, à un espace fini et géocentrique. L’astrophysicien Trinh Xuan Thuan signe un hommage à cet élan qui a porté les atomistes à imaginer les cieux peuplés de mondes foisonnants. L’auteur leur donne vie en rassemblant les plus grandes observations et avancées scientifiques de ces vingt-cinq dernières années sur les exoplanètes, les origines du vivant et, surtout, la quête de la vie extraterrestre… Aujourd’hui, on suppose qu’elle pourrait grouiller sous la croûte glacée d’Encelade. Cette lune de Saturne renferme un océan d’eau intérieur jaillissant si fort de ses cryovolcans qu’elle a formé autour de sa géante gazeuse un anneau de particules de glace visible depuis la Terre. Ou peut-être que des bactéries peuplent les profondeurs du sol rouge de Titan sur lequel s’étendent lacs et ruisseaux de méthane alimentés par une pluie – faible gravité oblige – semblant tomber au ralenti ? Si l’humanité a visité ces deux lieux (avec les sondes Cassini et Huygens), le céleste voyage que nous propose Thuan raconte aussi le développement des techniques optiques de pointe permettant de scruter des mondes habitables toujours plus lointains et variés. « Nous pouvons, conclut-il, reprendre la phrase de Hamlet à son ami Horatio dans la tragédie de Shakespeare : “Il y a plus de choses dans le Ciel et sur la Terre que n’en rêve aujourd’hui notre philosophie.” » Alors rêvons !
Mondes d’ailleurs
Livre
Gaël Giraud et Felwine Sarr
L’Économie à venir
Publié le 01 juin 2021
C’est un dialogue rare où l’on entend deux chercheurs se questionner ensemble et apprendre l’un de l’autre. On en a perdu l’habitude, tant le débat d’aujourd’hui est obsédé par le « penser pour/contre » et disqualifie par principe le « penser avec », toujours suspect d’entre-soi. Or c’est bien l’entre-soi, ou plus exactement l’entre-nous, qui réunit les deux économistes engagés à gauche Gaël Giraud et Felwine Sarr, et structure leur recherche du commun. Le premier est spécialiste de mathématiques appliquées à l’économie et professeur à l’École polytechnique, le second est sénégalais et enseigne la philosophie africaine à Duke University, aux États-Unis. Les deux partagent la connaissance de l’économie du développement et de l’Afrique, et un fort ancrage spirituel et théologique (Giraud est jésuite, Sarr musulman soufi), auquel une partie de la discussion est consacrée et qui sous-tend leurs visions historiques et éthiques. La conversation commence par l’hospitalité. Son cœur est constitué par la critique érudite du capitalisme et des impensés philosophiques sur lesquels s’appuie le modèle néoclassique dominant. Giraud développe son analyse du capital comme « transsubstantiation à l’envers » : quand le rite catholique transmute la matérialité en esprit, le capitalisme « transforme une forêt, une machine, une œuvre d’art, un être humain… en capital », dont je peux, en acteur rationnel, anticiper les revenus futurs qui déterminent la valeur de mon capital présent. Dans cette réification, rien n’échappe à la propriété, et l’intérêt ne peut être compris que comme le contraire de la gratuité, de la « surabondance de la générosité ». En plaidant pour une économie « indisciplinée », les deux auteurs plaident aussi pour sa transdisciplinarité. Au lieu de se réduire, comme le dit Sarr, « à un ordre mathématisé, formalisé, devenant par conséquent un ordre insensé », l’économie devrait être « réenchâssée » dans les sciences humaines, les philosophies morales… et même la physique – développement pointu sur la thermodynamique hors équilibre... De la morale à l’anthropologie, de la thermodynamique à la théologie, l’économie devient une discipline passionnante.
L’Économie à venir
Livre
Enzo Paci
Journal phénoménologique
Publié le 01 juin 2021
Voici un livre précieux pour entrer de manière sensible dans la phénoménologie, fondée par Edmund Husserl au début du XXe siècle et développée en France après 1945 par Maurice Merleau-Ponty ou Paul Ricœur. Mais sait-on qu’il en a existé une version italienne à la même période ? La traduction de ce Journal phénoménologique donne un aperçu de l’École de Milan, dont Enzo Paci (1911-1976) est l’éminent représentant. Introducteur de Husserl en Italie, Paci, qui s’était lié avec Ricœur dans un camp de concentration, forge une pensée « relationniste », au carrefour de l’existentialisme et de la phénoménologie. Mais Paci « ne dogmatise pas [s]a perception en un discours abstrait » : c’est ce que montre ce journal rédigé entre 1956 et 1961, où les réflexions philosophiques s’entremêlent d’observations plus méditatives. À Bellaria, sur les bords de l’Adriatique, il note : « J’écris à la lueur de la lune, seul, face à la mer. Son rythme est le mien. Je ne le sens pas comme quelque chose qui se pose en face de moi ; et pourtant il est là, transcendant. » À Venise : « Ma chambre donne sur un canal : un bruit lointain de pas me fait ressentir le silence de manière encore plus vive (le silence “vécu”). » Ailleurs, c’est la musique qu’il écoute conformément à la « réduction » phénoménologique, c’est-à-dire en suspendant l’attitude naturelle qui consiste à croire que le monde existe indépendamment de la conscience. Et c’est fascinant de partager l’existence quotidienne d’un philosophe qui s’interroge avec humilité au contact des choses mêmes !
Journal phénoménologique
Livre
Alice Pfeiffer
Le Goût du moche
Publié le 01 juin 2021
On entre dans ce livre verdâtre et violet comme dans un magasin de souvenirs d’une station balnéaire : c’est kitsch et c’est terriblement criard. Et si l’on flashe sur « des tongs en moumoute rose électrique », c’est sans doute parce qu’on partage « le goût du moche » d’Alice Pfeiffer. Du « ratage » au « vulgaire », en passant par le « dégueulasse », l’ouvrage aux allures de cabinet de curiosités classe les différents genres de moches. On y découvre que ce « petit frère dénigré du laid » flirte parfois avec une certaine forme de beauté. Si vous trouvez qu’il y a quelque chose d’envoûtant dans les bibelots en forme « d’angelots potelés », « de lions rugissants » ou « de chatons larmoyants », c’est normal. L’espèce de moche qu’est le « kitsch » se « place dans la descendance du beau ». Son charme maladroit et désuet introduit donc « un trouble, une émotion ». Alice Pfeiffer, journaliste de mode, ressent quant à elle une « fascination viscérale » pour les mochetés en tout genre. Sous sa plume, la « coupe mulet », le « string ficelle se hissant hors du pantalon » ou encore « le tatouage vaguement tribal » ne sont pas des fautes de goût mais des expérimentations fièrement revendiquées. Le moche devient ainsi « une façon de déconstruire l’académie et les dogmes », une force transgressive capable de renverser l’ennuyeuse banalité du beau.
Le Goût du moche
Livre
Vincent Peillon
Une théologie laïque ?
Publié le 01 juin 2021
Au tournant des XIXe et XXe siècles, Jean Jaurès pense qu’il ne peut y avoir de société sans religion. Dans la tourmente des débats actuels où le mot de « laïcité » a plus de valeur que de sens, Vincent Peillon, en philosophe passionné par l’histoire des idées, nous fait revenir au temps des premiers laïcs. Et surprise : nous sommes très loin des scientistes rationalistes et antireligieux de l’historiographie républicaine classique. Au contraire ! Des philosophes comme Jaurès ou Ferdinand Buisson, père de la laïcité scolaire, considèrent que l’être humain a une inclination naturelle au divin et qu’il appartient aux institutions de la République d’orienter cet appel vers des aspirations démocratiques et sociales. Et ce, dès l’école. En bref : les églises n’ont pas le monopole de la foi ! À l’instar des contre-révolutionnaires, les laïcs pensent que, sans élément divin, la société et l’individu se délitent. Mais, au lieu de promouvoir un retour à la vieille monarchie, ils édifient une « théologie laïque » totalement oubliée du laïcisme contemporain. Peillon dépeint un très déroutant « monisme idéaliste » où la matière et l’univers sont « pénétrés de raison et de justice ». Pour Jaurès et ses pairs, l’humanité même participe du divin par la compréhension des lois idéales de la nature, mais aussi en les poursuivant par l’action, comme celle d’instaurer dans la Cité plus d’égalité et de fraternité. Si l’ancien ministre de l’Éducation nationale (de 2012 à 2014) ne se fait pas prescripteur, l’éclairage savant est loin d’être inutile, tant la laïcité est un héritage complexe et pourtant au fondement d’un républicanisme (et d’un socialisme) aujourd’hui en pleine crise existentielle.
Une théologie laïque ?
Livre
David Acheson
Geometrix. D’Euclide à Einstein, la magie d’une science surprenante
Publié le 01 juin 2021
La géométrie, comme tout système de pensée, possède ses modes de représentations, sa logique… et son élégance. Les points, les droites, les angles ou les cercles sont, comme les concepts en philosophie, des formalismes qui permettent de saisir le monde, de le scénariser et de le comprendre. À travers une série d’exercices illustrés agrémentés d’anecdotes historiques, le mathématicien britannique David Acheson nous initie à la vieille grammaire du maître Euclide d’Alexandrie et de ses austères Éléments, ouvrage qui a « exercé plus d’influence et connu plus d’éditions que la quasi-totalité des autres livres de l’histoire de l’humanité ». Et pour cause : avec quelques axiomes, la géométrie euclidienne permet de calculer la circonférence de la Terre avec deux bâtons ou de démontrer en quelques tracés le théorème de Pythagore. Elle a été décisive aussi bien pour la physique d’Archimède que pour l’élaboration de la théorie de la gravitation universelle d’Isaac Newton. La géométrie rend l’esprit fertile ! Ce n’est pas pour rien que Platon, l’un des pères de la philosophie occidentale, avait inscrit à l’entrée de son Académie : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre. » Si vous étiez nul en maths, cet album est donc une bonne façon de commencer la philosophie !
Geometrix. D’Euclide à Einstein, la magie d’une science surprenante
Livre
Philippe Artières
Le Peuple du Larzac
Publié le 01 juin 2021
« Gardarem lou Larzac » : on a entendu le slogan occitan de 1971 au milieu des années 2010 en Loire-Atlantique sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Le combat contre l’extension d’un camp militaire, qui avait réuni une centaine de paysans, et les mouvements militants des années 1970 semblent être toujours inspirants. « La cause du causse » n’occupe pourtant que le dernier quart de l’histoire du Larzac que propose Philippe Artières en enfant du pays. En creusant le causse, depuis sa formation géologique jusqu’au Forum altermondialiste de 2003 et l’inauguration du viaduc de Millau sur l’autoroute A75, il redonne à l’histoire sa profondeur. Et peuple le plateau réputé le plus désertique de France de « sorcières, croisés, paysans, prisonniers, soldats, militants, touristes et brebis… ». Et ça fait du monde dans le désert ! Un épais palimpseste de présences. Nourri de la lecture de Foucault, Artières pourrait voir le Larzac en « hétérotopie », hors du monde, où le pouvoir domestique les corps. D’une part, à cause des brebis, plus nombreuses que les habitants ; d’autre part, à cause de la présence constante du religieux et du militaire depuis le Moyen Âge, sous la forme de citadelles ou de camps où se sont succédé templiers et moines-soldats, camps disciplinaires (pour enfants, prisonniers nazis, militants du FLN), de réfugiés (espagnols, harkis…) ou d’exercices militaires. Mais c’est Édouard Glissant et « l’imaginaire de la Relation » qui lui semble plus approprié aux formes de résistance et d’expérimentation sociale dont le Larzac est le nom : car le causse est un territoire ouvert mais « imprenable », le commun peut s’y inventer.
Le Peuple du Larzac
Livre
Christine Leroy
Phénoménologie de la danse
Publié le 01 juin 2021
Que peut le corps du danseur sur le corps du spectateur ? Cette question est au centre de l’ouvrage de Christine Leroy, porté par des analyses de pièces – dont de belles pages sur les Sacre du printemps de Vaslav Nijinski et de Pina Bausch. Au commencement, le danseur dialogue avec la gravité et se démène avec la pesanteur, dont chacun fait l’expérience, inconsciemment, à chaque instant, et qui dit notre condition physique humaine. Ce partage corporel est possible par l’« empathie kinesthésique », notion forgée dans les années 1930 par le critique de danse américain John Martin : « Nous reproduisons [le mouvement] par procuration dans notre actuelle expérience musculaire et nous en éveillons les connotations associées comme si le mouvement original était de notre propre initiative. » Les muscles du danseur s’impriment sur ceux du spectateur, non dans la fusion mais dans une communauté de ressentis psychiques et physiques. Cette « contagion gravitaire » sans contact embrasse le concept de « chair » de Maurice Merleau-Ponty. Mon corps est en effet interdépendant du monde : je suis une chair, et le monde se donne à moi sous forme de vécu charnel. Le poids de la chair, celle du danseur et du spectateur, s’éprouve alors dans une intersubjectivité kinesthésique. Leroy redessine ainsi une éthique du care dont la danse serait le ciment.
Phénoménologie de la danse
Livre
Sébastien Travadel et Franck Guarnieri
Petite Philosophie de l’ingénieur
Publié le 01 juin 2021
Les machines sont partout : dans les usines, dans la rue, dans nos foyers. Pourtant, le petit peuple d’habiles savants à qui l’on doit ces inventions a rarement été pensé philosophiquement. À quoi travaillent précisément les ingénieurs ? Franck Guarnieri et Sébastien Travadel, professeurs à MINES ParisTech, livrent une approche condensée et stimulante de ce métier : « fabrication d’un monde » plus encore que d’objets, l’ingénierie est guidée par un « idéal d’efficacité » qui rend sa justification théorique « superflue » – ce qui la distingue de la science. Tout en se faisant historiens de l’ingénierie (avec des passages sur l’« intégraphe » de Leibniz ou les travaux de Galilée en physique des matériaux), les auteurs soulignent qu’elle dialogue sans cesse avec notre imaginaire collectif. Sur la conquête spatiale, par exemple, « c’est parce que la Lune avait une valeur sociale que l’ingénieur a pu trouver les ressources nécessaires à sa conquête ». Contre une vision pessimiste de la technique (celle de Jacques Ellul, notamment), une ingénierie bien pensée serait au contraire capable d’en maîtriser les excès. Puisqu’elle dépend toujours de décisions humaines, elle pourrait même « infléchir de l’intérieur la trajectoire suicidaire des systèmes productifs » menaçant la planète. À une condition : qu’on redéfinisse les valeurs qui guident son efficacité.
Petite Philosophie de l’ingénieur
Livre
Antonio Damasio
Sentir et Savoir
Publié le 01 juin 2021
« Il y a souvent un gouffre entre la carte et l’objet : je l’ai encore constaté il y a quelques minutes, en sortant sur ma terrasse pour regarder le soleil disparaître derrière les monts Santa Monica – et admirer le crépuscule rougeoyant. » Se représenter abstraitement le monde, introduire une distance entre ce que l’on conçoit et ce que l’on vit, ne peut qu’atténuer la conscience. Cette idée se trouve au centre du dernier livre d’Antonio Damasio. Dans son œuvre, le neuropsychologue a combattu le dualisme cartésien selon lequel il existerait une division claire entre corps et esprit. Lecteur de Spinoza, il a tenté, au contraire, de relier le cerveau au corps, la raison aux émotions. Car l’esprit seul n’est rien, puisqu’il n’est pas jouissant : il faut ressentir dans notre chair pour être capables de bâtir nos images mentales, premiers signes tangibles de notre conscience. L’originalité de cet ouvrage ne se situe pas vraiment sur le fond – qui reprend la thèse défendue par Damasio dans ses travaux – mais dans sa forme. À la méthode scientifique, il préfère ici l’art du haïku, de la sensation fluide et poétique. De cet exercice naît une synthèse magistrale de sa pensée, ainsi qu’une réconciliation de la science avec les émotions, du savoir avec le sentir. Débarrassé de la frustration du scientifique qui ne convainc que par le schéma et le chiffre, Antonio Damasio élabore ici une véritable poétique de la science. Et nous montre que cette science peut tout à fait, elle aussi, penser avec des mots.
Sentir et Savoir
Livre
Michel Foucault
Binswanger et l’analyse existentielle
Publié le 01 juin 2021
Longtemps attendue, annoncée par Foucault lui-même en 1954 avant qu’il ne renonce à publier le manuscrit, la parution de ce texte offre un témoignage inestimable de l’élaboration de la réflexion foucaldienne sur la maladie mentale. Elle débouchera en 1961, dans Folie et Déraison. Histoire de la folie à l’âge classique, sur la disqualification de cette notion. La découverte de la pensée de Ludwig Binswanger (1881-1966), à la croisée de la psychanalyse et de la phénoménologie, est une étape décisive de ce parcours. Foucault y trouve « quelque chose de différent des grilles traditionnelles », qu’il qualifie même de « révolution surprenante ». Avec la Daseinsanalyse, elle opère en effet un dépassement essentiel de l’approche psychanalytique sous l’influence de Heidegger. Cette forme de psychothérapie, développée en Suisse à partir des années 1960, demeure d’ailleurs un courant minoritaire. Philosophiquement, il s’agit pour Binswanger de retrouver « l’unité dans laquelle s’exprime le malade » que Freud tend à scinder entre le conscient et l’inconscient. Cette unité est ce qui fonde la présence de l’homme au monde, « la racine de son être ». Tout l’enjeu, c’est de comprendre à nouveaux frais l’expérience pathologique, non comme la perte d’un « monde déjà-là » de sens, mais comme un « mode d’être » à part entière. Reprenant les concepts de la phénoménologie, Binswanger cesse ainsi de rapporter l’univers du fou « à la maladie, pour en chercher le fondement dans le malade lui-même : et non pas en tant qu’il est malade, mais en tant seulement qu’il est homme, qu’il est existence, qu’il est libre ». Tout en rendant hommage à ce renversement, Foucault demeure critique : à ses yeux, si Binswanger s’efforce de « restituer à l’homme malade ce qu’il y a de plus essentiellement humain », il continue tout de même de « chercher ce par quoi [le malade] “n’est pas comme les autres”, à faire ressortir des perturbations que l’on désigne comme telles à partir d’un idéal érigé en norme ». L’analyse existentiale reste structurée par l’opposition entre le normal et le pathologique, sans interroger comment ces catégories sont façonnées par les conditions concrètes d’existence. Foucault entrevoit manifestement ces limites, et c’est sans doute pourquoi il renoncera à publier son manuscrit : son esprit est déjà tourné vers autre chose, vers une exploration des savoirs par leur histoire, leur archéologie. N’écrit-il pas, quelques années plus tard, toujours au sujet de la psychologie, que « ce qu’il y a de plus humain en l’homme, c’est […] son histoire » ?
Binswanger et l’analyse existentielle
CULTURE
Article 2 min
“The Underground Railroad”. Sur les rails de l’histoire
Cédric Enjalbert 03 juin 2021
Avec la série The Underground Railroad, Barry Jenkins, réalisateur de l’oscarisé Moonlight, adapte le roman lauréat du prix Pulitzer de Colson Whitehead et réveille les consciences américaines.
“The Underground Railroad”. Sur les rails de l’histoire
Article 2 min
“L’Encyclopédie de la parole”. B.A.-Blabla
Cédric Enjalbert 03 juin 2021
Avec L’Encyclopédie de la parole, Joris Lacoste et Emmanuelle Lafon, accompagnés d’un collectif d’artistes et de chercheurs, ont rassemblé une dizaine d'années durant les différentes manifestations du langage. Ils en tirent une trilogie de spectacles à la fois ludique et frondeuse.
“L’Encyclopédie de la parole”. B.A.-Blabla
Article 2 min
“Femmes peintres 1780-1830. Naissance d’un combat”. Cherchez l’infâme
Cédric Enjalbert 03 juin 2021
Rares, les femmes peintres ? C'est ce cliché que dément l'exposition Femmes peintres 1780-1830. Naissance d’un combat, à voir au musée du Luxembourg, à Paris, jusqu'au 4 juillet.
“Femmes peintres 1780-1830. Naissance d’un combat”. Cherchez l’infâme
OH ! LA BELLE VIE
Article 3 min
Conseil n°  9 : écrivez des lettres anonymes
François Morel 03 juin 2021
Les soirées sont longues. Pour peu que l’on ait épuisé tous les programmes disponibles sur Netflix, OCS, Canal, Disney+, on se dit : « Tiens, on écrirait bien un petit Tweet pour se venger. » Se venger de quoi ? De tout, de rien. De son malaise. De sa médiocrité. Ça occupe.&..
Conseil n°  9 : écrivez des lettres anonymes
JEU
Article 1 min
Philocroisés #70
Gaëtan Goron 03 juin 2021
Horizontalement I. C’est Épictète que ce pilote a dans la tête. II. sin/cos. Protagoniste du Banquet de Platon. III. Celle de Russell est nourrie tous les jours à 9 heures. IV. Herbe aquatique. 20 corse. V. Famille de peintres néerlandais. Cet avion s’af..
Philocroisés #69
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Feu ! Chatterton. Sombre héros
Sylvain Fesson 03 juin 2021
« C’est marrant à quoi tient une trajectoire. À l’origine, je ne suis pas du tout musicien, je ne joue d’aucun instrument, je ne sais pas chanter et j’ai des kystes sur les cordes vocales. Je n’avais donc aucun outil pour enraciner ce rêve, si ce n’est écrire. » Mais un jour de rentrée des classes, en première, Arthur Teboul s’est retrouvé aux côtés de Sébastien qui connaissait Clément, et voilà qu’aujourd’hui, avec ses mots, sa voix, ainsi qu’Antoine et Raphaël, les Feu ! Chatterton sont les fers de lance d’un rock français aussi populaire que lettré. En témoigne la sortie de Palais d’argile (Universal Music/Virgin Records), leur troisième album.
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600015967 Périodique Revues Disponible N°158 - Avril 2022 - La guerre. Alors qu'on n'y pensait plus (Bulletin de Philosophie Magazine)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
Titre : N°158 - Avril 2022 - La guerre. Alors qu'on n'y pensait plus Type de document : texte imprimé Année de publication : 2022 Importance : 98 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Langues : Français (fre) Catégories : Philosophe Tags : Ukraine (guerre) Russie Hobbes forêt ville démocratie Chine Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Nous autres Européens avions cessé de penser la guerre comme une possibilité réelle sur notre continent, comme un événement pouvant faire effraction et modifier le cours de nos existences. D’une part, nous avons vécu plusieurs générations de paix depuis 1945, et le conflit en ex-Yougoslavie a été interprété comme un contrecoup de la chute du mur de Berlin et non comme une guerre de conquête, comparable aux assauts de Napoléon ou de Hitler. D’autre part, nous avons eu tendance à adopter la perspective d’Emmanuel Kant sur l’histoire, selon laquelle la paix est l’état normal, l’horizon vers lequel tendent les régimes démocratiques, tandis que la guerre est un état d’exception momentané. Et si cette vision était remise en cause avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie ?(Philomag) Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Poutine et son double
Alexandre Lacroix 19 March 2022
À 4h33 du matin, le 24 février, tandis que retentissaient les premiers bombardements à Kiev, Melinda Simmons, ambassadrice du Royaume-Uni en Ukraine, tweetait : « Une attaque entièrement injustifiée d’un pays paisible a commencé. Ce n’est pas parce que vous vous êtes prépar�..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Peut-on mentir à quelqu’un pour son bien ?”
Charles Pépin 19 March 2022
Question de Jérôme Poulet
“Peut-on mentir à quelqu’un pour son bien ?”
HOMMAGE
Article 5 min
Adieu à Marcel Conche, un sage contemporain
André Comte-Sponville 19 March 2022
Le philosophe Marcel Conche s’est éteint à l’âge de 99 ans le dimanche 27 février dans sa maison de Treffort-Cuisiat (Ain). André Comte-Sponville a vécu un long compagnonnage avec ce penseur matérialiste et épicurien, inspiré par l’Antiquité, indifférent aux modes intellectuelles mais résolument moderne. Il lui rend hommage.
Adieu à Marcel Conche, un sage contemporain
REPÉRAGES
Article 1 min
Un poisson nommé Bergson ?
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
De drôles de poissons nagent dans le laboratoire de Kit Parker, professeur en bio-ingénierie de l’université Harvard et chercheur en cardiologie à l’hôpital pour enfants de Boston. Ils sont en effet constitués de cardiomyocytes, des cellules de cœur humain réagencées pour former un orga..
Un poisson nommé Bergson ?
Article 1 min
“Sacrifice”
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
« Je vous parle des citoyens ukrainiens qui défendent leur pays en faisant le sacrifice ultime » Volodymyr Zelensky face au Parlement européen, le 1er mars. « La nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de d..
Article 1 min
“Cyberpsychologie”
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
Addiction au jeu vidéo, attachement affectif à des agents artificiels de discussion, empathie pour des robots, dédoublement de la vie dans le métavers, acquisitions de nouvelles facultés et de nouvelles compétences… C’est pour penser d’un même bloc les métamorphoses virtuelles de nos f..
“Cyberpsychologie”
Article 1 min
7 %
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
C’est la hausse de la mortalité infantile en France entre 2012 et 2019, qui est passée de 3,32 à 3,56 décès pour 1 000 naissances, selon une étude de l’Inserm parue récemment dans The Lancet Regional Health Europe. L’évolution est jugée « très inquiétante ..
Article 2 min
Le secret du bonheur
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
Note moyenne de satisfaction des Français > 7,3/10 en 2010 > 7,6/10 en 2012 > 7,2/10 en 2013 > 7,4/10 en 2019 Écart de satisfaction par rapport à la moyenne nationale : > en région parisienne -1 point > dans le Gard +0,4 point > dans le Cher -0,2 point Écart d..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Emmanuel Macron a-t-il déjà gagné ?
Marius Chambrun 19 March 2022
L’élection présidentielle va-t-elle se résumer à une reconduction du président sortant ? En apparence, la crise ukrainienne renforce sa stature de chef d’État et facilite sa réélection, l’incitant à faire une campagne minimale. En réalité, cette situation pourrait affaiblir son deuxième quinquennat. Explications.
Emmanuel Macron a-t-il déjà gagné ?
Article 3 min
L’abstention, stop ou encore ?
Charles Perragin 19 March 2022
Les observateurs redoutent qu’un nombre important de Français n’aillent pas voter aux présidentielles, puis aux législatives. Quelles sont les causes et les conséquences de ce désaveu démocratique ? Réponses de la sociologue Céline Braconnier, spécialiste de la participation électorale.
L’abstention, stop ou encore ?
Article 3 min
Gaspard Kœnig : “Faire de la politique oblige le philosophe à préciser ses idées”
Alexandre Lacroix 19 March 2022
À l’initiative du mouvement politique Simple, le philosophe Gaspard Kœnig a été candidat à l’élection présidentielle, avant de devoir renoncer, n’ayant obtenu que 107 signatures de parrainage. Nous l’avons interrogé sur le projet qu’il a tenté de porter durant cette campagne, celui de la « simplicité ».
Gaspard Kœnig : “Faire de la politique oblige le philosophe à préciser ses idées”
Article 4 min
Giec, un rapport passé sous silence ?
Samuel Lacroix 19 March 2022
Paru fin février, le second volet du sixième rapport du Giec ne semble pas avoir eu beaucoup d’échos politiques ou médiatiques. Peut-être parce qu’il est, malgré lui, considéré comme décrivant des catastrophes à venir et non comme une tragédie en cours.
Giec, un rapport passé sous silence ?
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
MMORPG, le grand jeu
Sven Ortoli 19 March 2022
Sur les 3 milliards de joueurs de jeux vidéo (tous types confondus) en 2021 dans le monde, 20 millions sont des adeptes quotidiens des MMORPG (jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs). 68 % des Français jouent à des jeux vidéo et, parmi eux, 10 % à ..
MMORPG, le grand jeu
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Cocktail Molotov. Feu magique
Tobie Nathan 18 March 2022
Cette arme est massivement fabriquée par le peuple ukrainien pour résister à l’agression russe. Si sa recette s’échange aujourd’hui sur Internet, elle a longtemps été un secret ésotérique.
Cocktail Molotov. Feu magique
REPORTAGE
Article 16 min
Le peuple chinois, et moi et moi et moi…
Alexis Lavis 19 March 2022
Avec la crise sanitaire, la Chine semble s’être isolée du reste du monde. Les médias occidentaux insistent sur la montée du nationalisme dans le pays et blâment la mise en place d’un système de surveillance numérique qui rappellerait 1984. Mais qu’en est-il pour quelqu’un qui vit sur place ? Alexis Lavis, philosophe français qui enseigne à l’université Renmin de Pékin, livre sa perception en immersion de la société et de la politique chinoises actuelles, ce qui lui donne l’occasion d’une réflexion originale sur le sens du « peuple ».
Le peuple chinois, et moi et moi et moi…
L’ŒIL DE LA SORCIÈRE
Article 3 min
Des becs qui s’allongent
Isabelle Sorente 19 March 2022
Plusieurs espèces animales se transforment physiquement sous l’effet du réchauffement climatique. Et nous, quelle sera notre stratégie d’adaptation ?
Des becs qui s’allongent
DOSSIER
6 articles
La guerre, alors qu’on n’y pensait plus
Publié le 19 March 2022
Nous autres Européens avions cessé de penser la guerre comme une possibilité réelle sur notre continent, comme un événement pouvant faire effraction et modifier le cours de nos existences. D’une part, nous avons vécu plusieurs générations de paix depuis 1945, et le conflit en ex-Yougoslavie a été interprété comme un contrecoup de la chute du mur de Berlin et non comme une guerre de conquête, comparable aux assauts de Napoléon ou de Hitler. D’autre part, nous avons eu tendance à adopter la perspective d’Emmanuel Kant sur l’histoire, selon laquelle la paix est l’état normal, l’horizon vers lequel tendent les régimes démocratiques, tandis que la guerre est un état d’exception momentané. Et si cette vision était remise en cause avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie ? > Pour tenter de répondre, nous avons imaginé un dialogue entre Kant, Hegel et Nietzsche, parce qu’il est peut-être temps de changer de philosophie de l’histoire. > Notre rédacteur en chef Michel Eltchaninoff, auteur de Dans la tête de Vladimir Poutine, met en garde depuis des années contre la doctrine nationaliste et l’eurasisme de Vladimir Poutine, pointant sa volonté de reconstituer l’empire soviétique perdu. Il reprend ici sa thèse à la lumière des événements. > La politologue Alexandra Goujon, spécialiste de l’Ukraine, nous explique les racines profondes du courage des Ukrainiens face au rouleau compresseur de l’armée russe. > Michel Eltchaninoff a interrogé deux philosophes ukrainiens, Constantin Sigov et Volodymyr Yermolenko, ainsi qu’un penseur russe qui a préféré conserver l’anonymat, toute critique de l’invasion étant désormais passible d’une peine de prison en Russie. > De l’Antiquité à nos jours, trois âges de la guerre se sont succédé : les cités antiques craignaient la division interne et la guerre civile ; la Modernité fut dominée par des conflits entre États-nations ; et le XXe siècle, avec les totalitarismes, la Shoah et l’usage de la bombe atomique, fut marqué par un passage aux extrêmes. Est-il à craindre que ces trois âges fusionnent ? > Ce qui est certain, c’est qu’au XXIe siècle, les guerres ne commencent pas par une déclaration officielle en bonne et due forme et ne se terminent pas par des armistices ni des traités redessinant les frontières. C’est l’enseignement des spécialistes des conflits armés Jean-Vincent Holeindre, Ninon Grangé et Élie Baranets.
La guerre, alors qu’on n’y pensait plus
Article 11 min
La guerre est-elle le moteur caché de l’histoire ?
Alexandre Lacroix 19 March 2022
Tandis que la bataille de Kiev fait rage, l’oblast de Kaliningrad, petit territoire russe enclavé entre la Lituanie et la Pologne, est comme détaché du monde, pris dans une torpeur irréelle. Les routes sont coupées et la plupart des commerces fermés dans cette ville qui appartenait autrefois à la Prusse, s’appelait Kœnigsberg et où le plus grand des philosophes des Lumières, Emmanuel Kant, coula des jours paisibles. Pourtant, en se donnant la peine de regarder à travers la vitre d’un café éteint, l’on croirait distinguer trois ombres accoudées au comptoir en train de discuter.
La guerre est-elle le moteur caché de l’histoire ?
Article 10 min
Dans la tête de Poutine en Ukraine
Michel Eltchaninoff 19 March 2022
Tout le monde se demande pourquoi Vladimir Poutine s’est lancé dans une aventure sanglante – et potentiellement auto-destructrice – en envahissant l’Ukraine. Mais si on lit soigneusement ses déclarations depuis les années 2000, on comprend qu’il a mis en place une idéologie fondée sur les idées d’empire, de confrontation avec l’Occident et de guerre. Il semble désormais enfermé dans sa logique fictionnelle. Analyse.
Dans la tête de Poutine en Ukraine
Article 6 min
Ukraine, une identité en situation
Cédric Enjalbert 19 March 2022
Spécialiste de l’Ukraine et de la Biélorussie, la politologue Alexandra Goujon, qui vient de publier L’Ukraine. De l’indépendance à la guerre, retrace pour nous l’histoire contrastée de cette nation indépendante depuis trente ans.
Ukraine, une identité en situation
Article 6 min
Des voix dans le conflit
Michel Eltchaninoff 19 March 2022
Dès le premier jour de l’invasion russe, le 24 février, nous nous sommes entretenus au téléphone avec des philosophes ukrainiens et russes. Ils posent des mots sur ce qui leur arrive.
Des voix dans le conflit
Article 17 min
Les trois âges de la guerre
Martin Legros 19 March 2022
Si la guerre en Ukraine marque un événement sans précédent dans l’histoire, c’est parce que, loin de se réduire à l’attaque d’un pays souverain par une armée étrangère, elle condense sur un seul théâtre les trois âges et les trois formes de la guerre qu’anthropologues, philosophes et théoriciens ont distinguées dans la longue histoire des conflits armés.
Les trois âges de la guerre
Article 8 min
Peut-on encore gagner une guerre ?
Cédric Enjalbert 19 March 2022
Échappant aux règles classiques qui régissent la confrontation armée, les conflits contemporains rendent difficile la définition d’un vainqueur. Trois spécialistes expliquent cette dilution de la guerre et de la paix.
Peut-on encore gagner une guerre ?
ENTRETIEN
Entretien 17 min
Joëlle Zask : “Gouverner n’est pas gérer”
Cédric Enjalbert 19 March 2022
S’intéressant à des sujets concrets, tant esthétiques et architecturaux qu’écologiques et politiques, la philosophe, figure de proue du courant pragmatiste en France, a développé une méthode d’élucidation des problèmes toute personnelle, fondée sur l’expérience.
Joëlle Zask : “Gouverner n’est pas gérer”
L’AVENTURE D’UN CLASSIQUE
5 articles
“Léviathan”. Acte de naissance de l’État
Publié le 21 March 2022
Guérir la peur par la peur ? C’est le pari de Hobbes (1588-1679), qui propose comme remède à la guerre de chacun contre tous le Léviathan, soit un État dont le pouvoir s’apparente à la terreur inspirée par le monstre biblique. De cet équilibre paradoxal naît l’État moderne.
“Léviathan”. Acte de naissance de l’État
Article 11 min
“Léviathan” : à l’origine de la philosophie politique moderne
Victorine de Oliveira 19 March 2022
Pour Hobbes, l’État n’est pas plus le cadre naturel de la vie en commun qu’il ne se fonde sur un quelconque droit divin. Il est une construction humaine définie par un contrat : les individus renoncent à une partie de leur liberté au profit d’un souverain qui établit la paix civile et les conditions d’une vie stable en communauté. Cette pensée développée dans le Léviathan est l’une des premières théories rationnelles de l’État.
“Léviathan”. Acte de naissance de l’État
Article 2 min
“Léviathan”. Colosse aux pieds d’argile
Victorine de Oliveira 19 March 2022
Le Léviathan est un ouvrage ambitieux, traversé par la nécessité de fournir des fondations solides à ce que Hobbes entend faire de l’État moderne. En quatre parties, il pose les conditions de la stabilité et de la sécurité pour les citoyens – toutes choses absentes de l’Angleterre de son temps.
Article 3 min
Hobbes et Rousseau croqués par Diderot
19 March 2022
Dans le Léviathan, Hobbes bouleverse la philosophie politique, notamment en introduisant la fiction d’un état de nature apocalyptique. Rousseau y opposera une vision bien différente : s’il reprend la théorie du contrat, le philosophe des Lumières fait le pari de la bonté originelle de l’homme. Dans l’Encyclopédie, Diderot place les deux philosophes dos à dos en un match qui a toujours cours. Et vous, quel est votre camp ?
Article 5 min
Céline Spector : “Avec Hobbes, on ne sort jamais de la peur”
Victorine de Oliveira 19 March 2022
Pour la philosophe Céline Spector, si Hobbes s'appuie sur la peur que doit inspirer l’État pour mettre fin à la guerre de chacun contre chacun, il n'en garantit pas moins garantit des conditions de réciprocité et de protection qui nous préviennent de la violence d’autrui. Une leçon que devraient, selon elle, méditer tous ceux qui se réclament aujourd'hui de son héritage.
“Léviathan”. Acte de naissance de l’État
Article 17 min
“Léviathan”. Les extraits
19 March 2022
Nous reproduisons des extraits du Léviathan de Thomas Hobbes, traduits par Raoul Anthony.
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi portons-nous du parfum ?
Joséphine Robert 18 March 2022
Est-ce seulement pour « sentir bon » que nous nous parons de ces essences fleuries, fruitées, boisées ou épicées ? Réponses avec quatre philosophes bien… nez.
Pourquoi portons-nous du parfum ?
Article 1 min
Jayus
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
Langue d’origine : indonésien
Article 2 min
Imitation
Marius Chambrun 18 March 2022
Parmi ces cinq philosophes, qui a copié qui ?
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Sommes-nous maîtres de la technique ?
Aïda N’Diaye 16 March 2022
Analyse des termes du sujet « Sommes-nous » Individuellement ? Collectivement ? « maîtres de  » Contrôler les effets, savoir s’en servir, en être le possesseur ou le propriétaire. « technique » Un outil ou une machine, une technologie, un savoir-faire.
LIVRES
Article 2 min
J’y pense et puis je lis/Avril 2022
Jean-Marie Durand 19 March 2022
« En présentiel » ou « en distanciel » ? Depuis deux ans, nos réunions et conversations expriment le dilemme de leur organisation technique à travers une forme détournée de la langue ; plutôt que de s’en tenir à la simplicité des mots « en présence » et ..
Livre
Alice Carabédian
Utopie radicale
Publié le 16 March 2022
Vivre dans des ruines, des cabanes, des espaces parallèles à l’ordre dominant : le chaos du présent y invite. Se déployant à partir de ce paysage bricolé dans les marges, les utopies contemporaines se prétendent ainsi « concrètes », « réelles », voire « réalistes » Mais ne pourrait-on pas imaginer plus (plus loin, plus haut, plus grand) que ce que les ruines nous laissent ? Et s’il était temps d’aller « au-delà des cabanes » et de « penser les fusées », soit puiser dans la science-fiction des ressources pour décloisonner nos imaginaires politiques ? C’est cette hypothèse que soulève la philosophe Alice Carabédian dans cet essai magistral. Rappelant que tout ce qui est possible a d’abord été impossible (que la Terre tourne autour du Soleil, que l’humain descende du singe…), elle observe que, si les pires choses adviennent dans la réalité, comme l’illustrent les fictions dystopiques en vogue – de Black Mirror à The Handmaid’s Tale –, nous ne savons plus penser la sérénité, la joie, l’égalité, l’attention à l’autre, la liberté, la pluralité… Or la science-fiction qu’explore Carabédian – des Dépossédés d’Ursula Le Guin à Apprendre, si par bonheur de Becky Chambers, en passant par la série Star Trek: Discovery – permet de penser l’altérité, l’hospitalité, le nomadisme, la responsabilité… sous une forme excentrique mais féconde. C’est bien dans les étoiles que « s’échappent sans frein les torrents effervescents de nos désirs politiques », que se dessine « une utopie radicale, toujours en excès, sauvage et indomptable ». Cette science-fiction repolitise notre attention à un monde commun et invite à conceptualiser des pratiques langagières et théoriques qui défient les normes, les ordres. Par son étrangeté même, la science-fiction propose une manière « d’imaginer d’autres façons de penser les savoirs ». La radicalité que défend ici Alice Carabédian est celle d’une ouverture sensible à des possibles inexplorés, donnant raison à Fredric Jameson, théoricien du postmodernisme, qui rappelait « qu’on ne peut imaginer de changement fondamental dans notre existence sociale qui n’ait d’abord projeté des visions utopiques comme une comète des étincelles ».
Utopie radicale
Livre
Yves Citton
Altermodernités des Lumières
Publié le 16 March 2022
Parce qu’il a revêtu une peau d’ours et qu’il se voit dans le miroir, un bourgeois de province croit être devenu un loup-garou et terrorise la ville (Monsieur Oufle, de Laurent Bordelon, 1710). Éconduit par sa dulcinée, un jeune homme s’invente un métier : il cherche à faire fortune en vendant des excréments (Le Marchand de merde, de Thomas-Simon Gueullette, 1720). Insolites, bizarres ou merveilleuses, ces histoires ne font pas prévaloir la toute-puissance de la raison. Elles appartiennent cependant à un corpus oublié : celui des auteurs mineurs – ou considérés tels – du XVIIIe siècle. De Boulainvilliers à Potocki, en passant par Tiphaigne de La Roche, Yves Citton explore l’envers de la pensée des Lumières. Sans être antimodernes, ces œuvres se déploient dans une dimension parallèle à celle de la raison scientifique, de la claire conscience de soi et du contrat social. Où se situe leur différence ? « Les altermodernes savent qu’ils ne peuvent ni savoir ni agir sans croire. Les modernes ne le savent pas », relève Citton. Ainsi, parmi beaucoup d’autres, l’histoire du loup-garou imaginaire et celle du marchand de merde mettent en œuvre le ressort secret de la croyance. Du même coup, elles deviennent un apport précieux pour déchiffrer notre monde, où rien ne semble plus fonctionner selon la rationalité des Lumières. En résonance avec des penseurs actuels, comme Bruno Latour, mais aussi des auteurs décoloniaux, ces « altermodernités des Lumières » nous aideront peut-être à réinventer une modernité en crise.
Altermodernités des Lumières
Livre
Sophie Galabru
Le Visage de nos colères
Publié le 16 March 2022
La colère a mauvaise presse : elle serait une marque de faiblesse, voire d’impuissance. Depuis l’Antiquité, les philosophes, à l’instar de Sénèque dans De la colère, se chargent de dénigrer « cette passion, de toutes la plus ignoble et la plus effrénée ». Au point que s’énerver aujourd’hui, c’est passer pour un dangereux sécessionniste des conventions sociales, un réfractaire au bon sens du développement personnel, un allergique grincheux à la « positive attitude ». Globalement, la colère, ou plutôt « nos colères » (le collectif a son importance), sont empêchées. Dans cet essai, Sophie Galabru enquête sur les raisons d’un tel enfouissement, non sans une certaine passion, justement, palpable dès une introduction au ton personnel. C’est à une forme de généalogie que l’autrice s’attelle, repérant que tout se joue dès l’enfance. Assimilée au caprice, la colère infantile se doit d’être domestiquée, matée. Le respect dû aux parents est difficilement questionnable. Pourtant, l’autorité parentale peut aussi être abusive : « La violence se génère d’abord en famille, remarque-t-elle : en raison de la dépendance biologique, d’autres dépendances semblent dériver – affective et économique, juridique et sociale. » Ce qui s’exprime alors dans la colère est un élan vital pour la survie, accompagné du sentiment d’une injustice profonde : en position de dominé, l’enfant n’a pour s’exprimer que ses pleurs et ses cris. De cette colère salvatrice, Sophie Galabru souhaiterait que l’on se souvienne, lorsque l’entreprise joue avec nos nerfs, en niant les rapports de pouvoir à coups de management du cool et d’ateliers comportementaux. Autant de façons de renvoyer les salariés à leur enfance. Si la colère est une émotion d’abord individuelle, elle ouvre néanmoins à l’action collective – sa valeur principale. Qu’elle s’empare des foules ou des peuples, il serait temps de prendre son souffle au sérieux.
Le Visage de nos colères
Livre
Julia Kerninon
Toucher la terre ferme
Publié le 16 March 2022
La sincérité en littérature est souvent le terreau de la médiocrité. « Un livre sincère », peut-on lire en quatrième de couverture de telle ou telle confession grimée en roman, ou de tel ou tel témoignage qui « pose des mots sur les maux ». Le livre sincère est toujours « poignant », ou « personnel et touchant », ou « cathartique et émouvant », ou « profondément humain ». Il convient de le lire en tenant sa garde : qu’on se le dise, le livre sincère est aussi un livre « coup de poing », on n’en sort « pas indemne ». Bien. Mais l’on oublie trop souvent de mentionner que le livre sincère est la plupart du temps aussi dépourvu de littérature que le yaourt 0 % de matière grasse. Littéra-quoi ? semblent se demander ceux qui font profession d’écrire des livres sincères et d’en publier. Littérature, c’est-à-dire style, c’est-à-dire timbre et intensité d’une voix si singulière qu’elle impose, en quelques lignes, une présence reconnaissable entre toutes. Si l’on ne connaissait pas Julia Kerninon, on pourrait s’inquiéter à la lecture de la quatrième de couverture de Toucher la terre ferme, « récit intime » où l’autrice « plonge au cœur des sentiments ambigus de la maternité » et « confie ses tempêtes intérieures ». Mais on connaît Julia Kerninon, de Buvard à Liv Maria on a lu ses romans, et l’on a lu, il y a cinq ans, Une activité respectable, magnifique récit d’une soixantaine de pages dans lequel elle décortiquait d’une plume revigorante la genèse de sa vocation d’écrivain. Or voici qu’elle revient avec un récit du même acabit, où elle nous entretient cette fois-ci non pas de ses livres, qui comme chacun sait sont pour les écrivains des enfants, mais de ses enfants – ceux qu’elle a eus avec un homme auquel elle consacre des pages étincelantes, véritable éloge de l’amour conjugal. Avec des mots toujours justes, elle nous raconte la maternité, ce « cercle de feu » dans lequel avant d’avoir son deuxième enfant elle ne parvenait pas à se tenir, et nous dit toute l’ambivalence d’une jeune mère qui aime ses enfants, mais qui aime aussi se souvenir « de la jeune moi marchant défoncée sur les trottoirs de Maybachufer à cinq heures du matin pour aller racheter des cigarettes au cinquième jour d’un marathon de lecture dans mon lit ». Un livre sincère, oui. Mais qui nous réconcilie avec la sincérité en littérature.
Toucher la terre ferme
Livre
Bruce Bégout
Obsolescence des ruines
Publié le 18 March 2022
Notre architecture contemporaine est atteinte de « vieillissement accéléré » : tel est le constat sur lequel s’ouvre l’essai de Bruce Bégout. « Nos édifices durent de moins en moins longtemps. […] Les constructions de la modernité tardive ne sont pas beaucoup plus solides que leur maquette. » Le philosophe y voit un renversement profond des rythmes : là où la « première règle » de l’architecture, celle de la « solidité », exigeait pendant des siècles « une production plus solide et plus durable que le corps humain qui la produit », nos demeures sont devenues « plus fragiles que les corps humains qui les ont édifiées ». À peine inaugurés, les voilà déjà lézardés de fissures et autres failles. « La création [est] en même temps altération. » Le neuf est déjà vieux. Même si ces édifices sont préservés coûte que coûte pendant un bref instant, par une sorte d’obsession de « l’intégrité des créations », le premier signe de dégradation est déjà l’annonce des « décombres », de l’anéantissement. La construction disparaîtra bientôt ou sera démolie, et remplacée, sans passer par une case essentielle : la ruine. Nous vivrons bientôt dans un « monde sans ruine », qui bouleverse notre rapport au temps. En effet, la ruine donne à voir le « flux dissolvant du temps » qui s’inscrit, « lentement », dans la pierre – flux stabilisé dans un équilibre précaire par la « résistance obstinée de la forme et de la matière ». Le temps long de son érosion est aussi le temps d’émergence de nouveaux ensembles. La ruine nous met en contact avec « une sorte d’éternité des forces productrices et destructrices et de leur jeu continuel d’opposition », qui est comme le symbole de notre humaine condition.
Obsolescence des ruines
Livre
Georges Didi-Huberman
Le Témoin jusqu’au bout
Publié le 16 March 2022
« Je veux témoigner jusqu’au bout », avouait dans son Journal de 1942-1945 Victor Klemperer, l’auteur du livre LTI, la langue du IIIe Reich, monument littéraire décrivant la structure du langage nazi. Que faut-il entendre par ce « jusqu’au bout », se demande Georges Didi-Huberman, ému par la beauté de la langue de Klemperer ? Témoigner jusqu’au bout, « c’est ne pas éviter de s’inclure soi-même dans ce dont on témoigne » ; c’est mettre au jour une « certaine vérité des émotions », clivée entre terreur et désir d’y résister. Si Klemperer témoigne des événements et des faits de langage du IIIe Reich, ceux-ci ne sont jamais « disjoints des affects qu’ils ont fait surgir chez celui qui les a subis ». Témoigner pour les autres et écrire ce que l’on éprouve soi-même procède d’une même volonté : ne pas céder à la brutalisation du totalitarisme qui ne vise qu’à rendre apathique, privé de son temps et de ses subjectivations. Se déployant comme une écriture pure de la détresse, son journal laisse étrangement place à l’énergie de comprendre, à une « façon de retrouver le sens du partage ». Face au mal, le témoin sensible persiste dans l’écriture, malgré tout ce qui s’oppose à l’idée même d’une espérance. « Une grande part de son endurance lui est venue de la possibilité éthique qu’il lui fallait, à chaque fois, coûte que coûte, ouvrir dans l’espace du malheur », souligne le philosophe ; « cela passait par une extrême sensibilité au temps, une façon de savoir attendre ; s’obliger à voir que les choses peuvent devenir ». C’est cette possibilité d’un devenir, enchâssée à l’expression « malgré tout », qu’offre la lecture de Klemperer par Didi-Huberman à des lecteurs, affectés et ressourcés.
Le Témoin jusqu’au bout
Livre
Enzo Traverso
Révolution. Une histoire culturelle
Publié le 16 March 2022
En dépit de leurs impasses répétées, les révolutions ne s’en laissent pas compter. Leur force tient à ce qu’on ne peut jamais les programmer, puisqu’elles « arrivent toujours inattendues ». Plutôt que de s’en tenir à une position rigide, conduisant à une idéalisation naïve ou à une condamnation intransigeante, Enzo Traverso s’attache à la révolution comme à un pur objet historique – et même comme à un « concept clé d’interprétation de l’histoire moderne ». Assumant l’héritage de Karl Marx et de Walter Benjamin, qui envisageaient la révolution comme une interruption soudaine d’un continuum historique, Traverso traverse l’histoire de la révolution sous l’influence secrète de Max Weber. Dans la mesure où l’étude de la révolution mérite, selon lui, une « compréhension critique », qui contourne la nécessité morale de choisir les bonnes et les mauvaises. Ce qui l’intéresse, c’est de saisir en quoi les révolutions « expriment la respiration de l’histoire ». « Leur propension à susciter des souvenirs lyriques ou des représentations iconiques n’empêche pas le regard critique d’en saisir, au-delà de leurs potentialités libératrices, les hésitations, les ambiguïtés, les impasses et les limites, toutes inhérentes à leur nature plurielle et contradictoire, toutes inséparables de leur intensité ontologique », écrit Traverso. La part émotionnelle de toute révolution l’intéressant au premier chef, il la sonde dans les traces visibles de ses effusions. Pour ce faire, il collecte des fragments intellectuels et matériels d’un passé révolutionnaire éclaté, en accordant la même importance aux sources théoriques, historiographiques et iconographiques (pensées, statues, affiches, chansons, barricades, peintures…). Cet assemblage nourrit le livre d’un feu contagieux, qui, prenant acte de la violence comme dimension de la structure ontologique de toute révolution, n’en porte pas moins une croyance appuyée dans l’idée de la libération elle-même. Ne cédant pas au discours dominant selon lequel vouloir changer le monde revient à construire le totalitarisme, Traverso laisse vibrer en lui, et en nous, la foi dans un basculement libérateur toujours possible, dont la résignation actuelle et le tragique de l’histoire n’ont pas définitivement effacé le désir.
Révolution. Une histoire culturelle
Livre
Rachel Bespaloff
De la compréhension musicale à la métaphysique de l’instant
Publié le 16 March 2022
« En tout métaphysicien d’un certain type – poète, philosophe ou romancier – il y a un compositeur », écrivait Rachel Bespaloff dans Cheminement et Carrefours (1938). Cette conviction d’une intime liaison de la musique et de la pensée est un fil directeur de la trajectoire de la philosophe née en Bulgarie, qui commença d’ailleurs par enseigner la danse avant d’entrer en dialogue avec Gabriel Marcel, Jean Wahl ou encore Henri Bergson. C’est tout l’intérêt de ce recueil d’articles jusqu’ici introuvables édité et richement documenté par Olivier Salazar-Ferrer que de donner à entendre cette trame mélodique et de la réinscrire dans les discussions sur la musique qui essaiment au sein du champ philosophique dans la première moitié du XXe siècle. « De quels sortilèges dispose donc la musique pour évoquer les phénomènes les plus subtils et les plus complets de notre vie intérieure ? » interroge Bespaloff. À ses yeux, la musique arrache l’homme à la fragmentation géométrique du temps en une succession d’instants hétérogènes. « La courbe d’une mélodie, le dessein d’une formule rythmique nous donnent une idée adéquate des figures […] qu’assume notre durée » intérieure. « C’est de cet arrachement au temps que naît l’instant où l’éternel n’apparaît nullement comme l’immuable, mais comme l’éternellement neuf. » Un instant « métaphysique » radicalement distinct de l’instant géométrique, une note « indécomposable » où passé, présent et avenir se rejoignent et sont reconduits à leur commune source vive : le « jaillissement capté de la primordialité sauvegardée », la création éternellement jeune de la conscience. « La musique […] extrait du passé son essence impérissable et dispute ainsi notre être à la mort ; mais elle ne se borne pas à libérer le potentiel d’énergie intacte que contient ce passé, elle projette jusque dans l’avenir la dynamique de notre existence. » À l’homme écartelé entre le poids d’un passé mort et l’annonce d’un futur évanescent, la musique substitue une dilatation de l’instant, qui est aussi réconciliation de l’homme avec lui-même, résorption de son éclatement. « L’art musical transcende à la fois la subjectivité du Moi et l’objectivité du non-Moi. Le dualisme du sujet et de l’objet dont la pensée n’arrive jamais à triompher entièrement, il le supprime par un acte de création synthétique. En lui, le Moi parvient à se connaître sans se diviser, et à reconstruire selon une dimension nouvelle la courbe de son unité recouvrée.
De la compréhension musicale à la métaphysique de l’instant
Livre
Karol Beffa
L’Autre XXe Siècle musical
Publié le 16 March 2022
Que ne s’est-on imposé à nous-mêmes des goûts en fonction de l’idée d’un « bon goût » indépassable, socialement construit ? S’il est difficile d’échapper totalement à cette norme, certains s’autorisent heureusement à désobéir aux règles que leur éducation fait peser sur leurs affects. C’est cette expérience transgressive dont témoigne le pianiste, compositeur et musicologue Karol Beffa dans un récit enlevé sur l’histoire de sa formation au Conservatoire puis à l’Ircam, et sur l’écart de sa relation intime à la musique du XXe siècle d’avec les normes en vigueur. « On avait beau me seriner qu’il fallait suivre la ligne droite qui menait de Bach à Stockhausen via Beethoven, Wagner, Schoenberg et Webern, je me sentais plus moi-même à flâner, quitte à m’y égarer, dans les voies de traverse et les sentiers broussailleux » qu’exploraient Janáček, Strauss, Puccini, Poulenc, Satie ou Britten, chacun à sa manière. S’autorisant « un con-tact direct, personnel, immédiat avec les œuvres », Karol Beffa expose la liste de ses épanchements (Ligeti, Górecki, Pärt, les répétitifs américains Steve Reich, John Adams…) en donnant raison à Jules Renard qui invitait à se détacher de « ce vice littéraire qui consiste à se forcer à aimer ce qu’on se croit obligé d’admirer ». En démontrant qu’il est possible de s’arracher au goût dominant, à force de persévérance et de confiance en sa propre sensibilité, l’auteur défend un paysage musical composite, marqué par un entrelacement du savant et du populaire, à l’image de Ravel ou même de Vladimir Cosma, dont la musique du Grand Blond, riche d’une simplicité délicate, dans un déséquilibre tenu, égale largement celle des génies consacrés du XXe siècle.
L’Autre XXe Siècle musical
Livre
Emma Carenini
Soleil. Mythes, histoire et sociétés
Publié le 16 March 2022
La longue séquence de l’hiver passé, et le déficit de lumière qu’elle a provoqué dans nos existences assombries, nous invitent à prendre aujourd’hui le soleil au sérieux, tant il nous a manqué. Grâce à lui, ne sommes-nous pas étrangement augmentés ? La structure sensorielle du corps ne change-t-elle sous son influence ? C’est l’hypothèse que soulève Emma Carenini dans une réflexion lumineuse sur ce que le soleil fait aux individus et à la pensée elle-même. Rappelant que le soleil n’a cessé d’inspirer les philosophes – de la théorie des idées de Platon jusqu’à la pensée du Midi de Nietzsche –, elle soutient qu’il existe une pensée « faite au soleil, qui n’est pas la même qu’ailleurs ». La philosophie occidentale a une dette envers la lumière de la Méditerranée, estimait Paul Valéry, en ce sens qu’elle est directement née d’un environnement de perceptions. Ce n’est que par la lumière que le monde devient accessible. Si l’esprit du Sud a irrigué la pensée antique et moderne, c’est parce que « l’éclat du soleil nous rend à l’extériorité du monde, tandis que la nuit nous tourne vers une parole intérieure ». Mais aurions-nous aujourd’hui oublié la sagesse des Grecs anciens qui s’émerveillaient chaque jour du soleil ? Serions-nous devenus indifférents à la lumière ? Emma Carenini pose la question sans nier les dangers du réchauffement climatique entretenu par les rayons du soleil, qui est à la fois « principe de vie et cause de mort ». Ce qu’elle démontre avec éclat, ce sont les bienfaits de l’énergie solaire, l’une des plus prometteuses des énergies renouvelables. Capter directement l’énergie du soleil, comme on a en volé le feu, c’est ce que promet une véritable « civilisation solaire à venir ». Croisant les philosophies et les sciences qui n’ont cessé de progresser en observant le soleil (depuis Archimède), l’autrice invite à faire collectivement place au soleil plutôt qu’à pousser chacun à se faire une place au soleil. Plus que l’aveu d’une impatience pour la pleine lumière des jours d’été, elle dessine les contours d’un outil conceptuel, physique, énergétique et sensuel. Non, Nicoletta, il n’est pas mort le soleil !
Soleil. Mythes, histoire et sociétés
Livre
François Dosse
Macron ou les illusions perdues
Publié le 16 March 2022
Est-ce un portrait d’Emmanuel Macron en Lucien de Rubempré ? Oui, mais c’est surtout un bilan (très) critique du quinquennat qui s’achève. Il faut dire que la déception de l’historien des idées François Dosse est à la hauteur des espoirs qu’il avait placés en celui qu’il a connu jeune, bien avant qu’il ne devienne président de la République. En 2017, Dosse avait d’ailleurs signé Le Philosophe et le Président. Ricœur & Macron (Stock, 2017) pour le défendre contre ceux qui criaient à l’imposture et attester la réalité des affinités intellectuelles qui le liait à Paul Ricœur : oui, il avait existé entre le vieux philosophe et son jeune assistant, plus qu’une collaboration, une complicité et une proximité dans leur vision du monde. Dosse croyait même reconnaître « un parallèle entre la pensée ricœurienne et la politique préconisée par le candidat Macron », avec une exigence de justice sociale, un « attachement à une laïcité ouverte et bienveillante » ou « un souci de redynamiser la démocratie en pluralisant les responsabilités » notamment. Jürgen Habermas n’avait-il pas célébré le président français fraîchement élu comme un héros de la construction européenne, en louant sa « personnalité fascinante » et son « courage » ? Quelques années au pouvoir plus tard, la rupture était consommée… Et François Dosse de signer dès 2019 dans Le Monde une tribune fustigeant celui pour lequel il avait eu tant d’estime. Sans doute le sujet de l’immigration a-t-il fait naître ce désaveu. Mais, de manière plus générale, c’est la politique macronienne dans son ensemble que condamne Dosse en détaillant aujourd’hui les motifs de son mécontentement. Pratique verticale d’un pouvoir jupitérien, politique économique néolibérale, relégation de l’enjeu écologique au second plan, lois liberticides pendant la pandémie, caporalisation de l’Éducation nationale… Les griefs ne manquent pas dans ce véritable réquisitoire contre l’actuel locataire de l’Élysée et candidat à sa réélection. Et l’on en vient à se demander envers qui Emmanuel Macron président s’est montré le plus infidèle : l’héritage de Ricœur, les illusions de Dosse (et de quelques autres de ses électeurs) ou envers lui-même ? Mais peut-on gouverner sans trahir ses idéaux au contact de la réalité et du pouvoir ?
Macron ou les illusions perdues
Livre
Jean-Gabriel Ganascia
Servitudes virtuelles
Publié le 16 March 2022
Généralisation de la reconnaissance faciale en Chine, volonté affichée de Mark Zuckerberg d’utiliser des « interfaces cerveau-ordinateur » pour deviner nos pensées, délires d’Elon Musk voulant stocker des informations dans notre cerveau via la création d’implants, impact des techniques de l’intelligence artificielle dans nos vies quotidiennes, mainmise par les géants Amazon, Google ou Apple sur nos données personnelles… Comment se comporter face aux transformations numériques qui affectent nos existences et nos libertés ? « Le cyber-espace accède au statut d’espace public, ce qui modifie profondément notre condition humaine qui devient de plus en plus numérique. Existe-t-il une alternative ? » À cette question vertigineuse, Jean-Gabriel Ganascia répond en cartographiant nos vies en ligne et les servitudes qu’elles induisent. Appréhendant le caractère révoltant de certaines applications de l’intelligence artificielle, il esquisse surtout des voies pratiques possibles pour échapper aux rets du numérique dont nous sommes captifs. Cette « vie en ligne mode d’emploi » guide pas à pas le lecteur dans les « méandres du cyberespace », en s’accrochant à quelques principes fondamentaux, inspirés notamment d’Albert Camus, qui, en tant que jeune journaliste au Soir républicain plongé dans le chaos de la guerre en septembre 1939, prônait quatre voies pour rester digne dans la servitude : « lucidité, refus, ironie et obstination ». Lucidité devant les enjeux de pouvoir, refus de relayer de fausses informations, jouer de l’ironie comme arme contre les fausses évidences, aller jusqu’au bout de ses convictions : si la mise au jour par Ganascia de la sophistication technique de nos servitudes virtuelles se méfie des postures simplistes défendues par les comités d’éthique dans les entreprises privées, elle n’oublie pas de rattacher l’enjeu de l’émancipation numérique à un cadre politique et moral plus général, juste, précis, efficace.
Servitudes virtuelles
Livre
Antonia Grunenberg
Walter & Asja. Une histoire de passions
Publié le 16 March 2022
Walter, ici, c’est Walter Benjamin, philosophe et théoricien de l’art allemand, auteur de L’Œuvre d’art à l’ère de sa reproduction technique et de bien d’autres ouvrages, consacré à Baudelaire notamment. Asja, elle, c’est Asja Lacis, actrice et metteuse en scène, célèbre pour son travail sur le théâtre politique – et plus précisément prolétarien, qu’elle promouvait comme son ami Bertolt Brecht. Très rapidement après leur rencontre à Capri en 1924, naquit entre eux deux une relation passionnée. Femme mariée mais libre, femme flamboyante surtout, celle que Walter Benjamin avait d’abord qualifiée de « Lettone bolcheviste » parvint à subjuguer le jeune homme introverti et bouleversa le cours de sa vie en élargissant ses perspectives qui se limitaient alors au seul horizon d’une carrière universitaire incertaine : « En termes enflammés, bruyants, prononcés en staccato, explique la politologue Antonia Grunenberg dans l’essai qu’elle consacre à cette liaison, [Asja Lacis] proclamait le rôle que jouait la vie réelle pour le théâtre et la manière dont le théâtre de la révolution agissait sur la vie. » Bousculant celui qu’elle prenait alors pour un intellectuel bourgeois coupé du monde réel, Lacis sensibilisa Benjamin au marxisme, à l’engagement politique et à la lutte des classes. Au point d’en faire « un partisan loyal du parti communiste » ? C’est ce qu’elle crut, même si la réalité est sans doute plus nuancée du côté d’un philosophe peu enclin à faire totalement sien l’espoir d’une révolution prolétarienne. Mais l’évocation des parcours croisés des deux amants est aussi l’occasion d’une passionnante plongée dans l’Europe de l’entre-deux-guerres entre Naples, Paris, Berlin, Moscou et Riga, alors que le nazisme monte et que l’Union soviétique de Staline connaît famines et purges. Arrêtée, emprisonnée puis condamnée, Asja Lacis est elle-même envoyée dans un camp de travail. Walter Benjamin, lui, réfugié en France, très affaibli physiquement et moralement, se suicide à Portbou par crainte d’être pris par la Gestapo. Fin tragique qu’elle n’apprendra que des années plus tard, comme un symbole de la désunion de leurs destinées respectives.
Walter & Asja. Une histoire de passions
Livre
Sinziana Ravini
Les Psychonautes
Publié le 16 March 2022
Tenir embrassées des réalités disparates : tel est le tour de force de cet essai de Sinziana Ravini, qui propose au lecteur un voyage à travers l’art contemporain, la psychanalyse et la littérature. « Ces réflexions, annonce l’autrice, ont été écrites comme des associations libres sur un divan. » De fait, si la thèse centrale n’est pas très nouvelle – l’art explore le trouble, la part maudite –, ce sont ses associations d’idées souvent insolites et inédites qui valent le détour. Par exemple, Ravini compare malicieusement le métavers que Facebook s’apprête à construire aux techniques de lavage du cerveau chères à Mao Zedong. Elle évoque la communauté en ligne des incels, ou « célibataires involontaires », ces hommes convaincus d’être incapables de plaire aux femmes – de nombreux auteurs de tueries en sont issus. Puis elle fait le lien avec les prisonniers de la caverne, dans le mythe de Platon, qui, lorsque l’un d’eux s’est libéré de ses chaînes et cherche à les détromper, ont envie de le tuer. Elle oppose, encore, l’artiste allemand Gregor Schneider, qui souhaitait en 2008 trouver un malade en phase terminale volontaire pour passer ses derniers jours dans une salle de musée, et les cadavres « plastinés » de l’anatomiste allemand Gunther von Hagens, dont les expositions suscitent la polémique. Le projet de Schneider n’a pas eu l’aval des autorités. Mais son geste n’aurait-il pas été plus pertinent que celui, très kitsch, de Gunther von Hagens, en tant qu’il aurait permis de montrer la mort que notre société cache ? Ce qui est le plus réel est aussi ce qui nous paraît le plus fou, explique Ravini, car loin d’être rassurant et positif, « le réel fait trou ».
Les Psychonautes
CULTURE
Article 2 min
“Vortex”. Vertiges de la mort
Cédric Enjalbert
Véritable memento mori, le dernier film de Gaspar Noé explore nos fragilités et creuse un abîme sur la question sans cesse renouvelée du sens de la vie.
“Vortex”. Vertiges de la mort
Article 2 min
“Tartuffe”. Serment d’hypocrite
Cédric Enjalbert 19 March 2022
En redonnant à la pièce de Molière son sens original, Ivo Van Hove et la troupe de la Comédie-Française livrent une magnifique mise en abîme de l’art de la scène, entre jeu, mensonge et vérité. Quand il s'agit de porter un masque pour mieux les faire tomber !
“Tartuffe”. Serment d’hypocrite
Article 2 min
“Toyen. L’écart absolu”. Toyen d’honneur
Cédric Enjalbert 19 March 2022
Le musée d'Art moderne de la Ville de Paris consacre une rétrospective à cette grande figure de l’avant-garde, proche des surréalistes et d’Annie Le Brun, qui donne forme à ce qui n'en a pas. Visionnaire !
“Toyen. L’écart absolu”. Toyen d’honneur
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 17. N’abandonnons pas la connerie aux seuls automobilistes !
François Morel 18 March 2022
Jadis, le con voyageait dans sa voiture. Il utilisait la puissance de son moteur pour pallier son insuffisance, sa lâcheté, sa médiocrité. Le con était humilié par sa femme, ses enfants, son chef de service. Il était ratiboisé par son percepteur, ses commerçants, ses maîtresses. Il était ..
Conseil n° 17. N’abandonnons pas la connerie aux seuls automobilistes !
JEU
Article 1 min
Philocroisés #79
Gaëtan Goron 18 March 2022
Horizontalement I. Avec Hegel et Nietzsche, il refait l’actualité dans un rade. Stade freudien. II. Dans son n° 102, Philosophie magazine a mis en Lumières ce philosophe oublié. Accord d’alliances. III. Monstre biblique et philosophique. IV. Comme un monde en pai..
Philocroisés #79
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
MC Solaar. Éternel retour
Sylvain Fesson 19 March 2022
« J’ai dû disparaître… pour réapparaître… », rappait-il sur le titre qui l’a révélé il y a plus de trente ans et, ironie de l’histoire, l’auteur de « Bouge de là » s’est bel et bien éclipsé. Ou plutôt, ses quatre premiers albums sont devenus indisponibles après un différend avec sa maison de disques. Ayant enfin trouvé un arrangement, Qui sème le vent récolte le tempo, Prose combat, Paradisiaque et MC Solaar refont donc surface, réédités (Polydor Universal). Des séquelles ? « J’ai fait l’éloge de la fuite, comme dit Henri Laborit », « Il y a un mur ? Ne reste pas dessus, contourne, continue ». Le 29 juin, il ouvrira le festival Jazz à Vienne (Isère).
MC Solaar. Éternel retour
Philosophie magazine n°158 - March 2022
Numéro 158 - Avril 2022
FILS D'ARIANE
(Philomag)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
N°158 - Avril 2022 - La guerre. Alors qu'on n'y pensait plus [texte imprimé] . - 2022 . - 98 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Philosophe Tags : Ukraine (guerre) Russie Hobbes forêt ville démocratie Chine Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Nous autres Européens avions cessé de penser la guerre comme une possibilité réelle sur notre continent, comme un événement pouvant faire effraction et modifier le cours de nos existences. D’une part, nous avons vécu plusieurs générations de paix depuis 1945, et le conflit en ex-Yougoslavie a été interprété comme un contrecoup de la chute du mur de Berlin et non comme une guerre de conquête, comparable aux assauts de Napoléon ou de Hitler. D’autre part, nous avons eu tendance à adopter la perspective d’Emmanuel Kant sur l’histoire, selon laquelle la paix est l’état normal, l’horizon vers lequel tendent les régimes démocratiques, tandis que la guerre est un état d’exception momentané. Et si cette vision était remise en cause avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie ?(Philomag) Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Poutine et son double
Alexandre Lacroix 19 March 2022
À 4h33 du matin, le 24 février, tandis que retentissaient les premiers bombardements à Kiev, Melinda Simmons, ambassadrice du Royaume-Uni en Ukraine, tweetait : « Une attaque entièrement injustifiée d’un pays paisible a commencé. Ce n’est pas parce que vous vous êtes prépar�..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Peut-on mentir à quelqu’un pour son bien ?”
Charles Pépin 19 March 2022
Question de Jérôme Poulet
“Peut-on mentir à quelqu’un pour son bien ?”
HOMMAGE
Article 5 min
Adieu à Marcel Conche, un sage contemporain
André Comte-Sponville 19 March 2022
Le philosophe Marcel Conche s’est éteint à l’âge de 99 ans le dimanche 27 février dans sa maison de Treffort-Cuisiat (Ain). André Comte-Sponville a vécu un long compagnonnage avec ce penseur matérialiste et épicurien, inspiré par l’Antiquité, indifférent aux modes intellectuelles mais résolument moderne. Il lui rend hommage.
Adieu à Marcel Conche, un sage contemporain
REPÉRAGES
Article 1 min
Un poisson nommé Bergson ?
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
De drôles de poissons nagent dans le laboratoire de Kit Parker, professeur en bio-ingénierie de l’université Harvard et chercheur en cardiologie à l’hôpital pour enfants de Boston. Ils sont en effet constitués de cardiomyocytes, des cellules de cœur humain réagencées pour former un orga..
Un poisson nommé Bergson ?
Article 1 min
“Sacrifice”
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
« Je vous parle des citoyens ukrainiens qui défendent leur pays en faisant le sacrifice ultime » Volodymyr Zelensky face au Parlement européen, le 1er mars. « La nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de d..
Article 1 min
“Cyberpsychologie”
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
Addiction au jeu vidéo, attachement affectif à des agents artificiels de discussion, empathie pour des robots, dédoublement de la vie dans le métavers, acquisitions de nouvelles facultés et de nouvelles compétences… C’est pour penser d’un même bloc les métamorphoses virtuelles de nos f..
“Cyberpsychologie”
Article 1 min
7 %
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
C’est la hausse de la mortalité infantile en France entre 2012 et 2019, qui est passée de 3,32 à 3,56 décès pour 1 000 naissances, selon une étude de l’Inserm parue récemment dans The Lancet Regional Health Europe. L’évolution est jugée « très inquiétante ..
Article 2 min
Le secret du bonheur
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
Note moyenne de satisfaction des Français > 7,3/10 en 2010 > 7,6/10 en 2012 > 7,2/10 en 2013 > 7,4/10 en 2019 Écart de satisfaction par rapport à la moyenne nationale : > en région parisienne -1 point > dans le Gard +0,4 point > dans le Cher -0,2 point Écart d..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Emmanuel Macron a-t-il déjà gagné ?
Marius Chambrun 19 March 2022
L’élection présidentielle va-t-elle se résumer à une reconduction du président sortant ? En apparence, la crise ukrainienne renforce sa stature de chef d’État et facilite sa réélection, l’incitant à faire une campagne minimale. En réalité, cette situation pourrait affaiblir son deuxième quinquennat. Explications.
Emmanuel Macron a-t-il déjà gagné ?
Article 3 min
L’abstention, stop ou encore ?
Charles Perragin 19 March 2022
Les observateurs redoutent qu’un nombre important de Français n’aillent pas voter aux présidentielles, puis aux législatives. Quelles sont les causes et les conséquences de ce désaveu démocratique ? Réponses de la sociologue Céline Braconnier, spécialiste de la participation électorale.
L’abstention, stop ou encore ?
Article 3 min
Gaspard Kœnig : “Faire de la politique oblige le philosophe à préciser ses idées”
Alexandre Lacroix 19 March 2022
À l’initiative du mouvement politique Simple, le philosophe Gaspard Kœnig a été candidat à l’élection présidentielle, avant de devoir renoncer, n’ayant obtenu que 107 signatures de parrainage. Nous l’avons interrogé sur le projet qu’il a tenté de porter durant cette campagne, celui de la « simplicité ».
Gaspard Kœnig : “Faire de la politique oblige le philosophe à préciser ses idées”
Article 4 min
Giec, un rapport passé sous silence ?
Samuel Lacroix 19 March 2022
Paru fin février, le second volet du sixième rapport du Giec ne semble pas avoir eu beaucoup d’échos politiques ou médiatiques. Peut-être parce qu’il est, malgré lui, considéré comme décrivant des catastrophes à venir et non comme une tragédie en cours.
Giec, un rapport passé sous silence ?
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
MMORPG, le grand jeu
Sven Ortoli 19 March 2022
Sur les 3 milliards de joueurs de jeux vidéo (tous types confondus) en 2021 dans le monde, 20 millions sont des adeptes quotidiens des MMORPG (jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs). 68 % des Français jouent à des jeux vidéo et, parmi eux, 10 % à ..
MMORPG, le grand jeu
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Cocktail Molotov. Feu magique
Tobie Nathan 18 March 2022
Cette arme est massivement fabriquée par le peuple ukrainien pour résister à l’agression russe. Si sa recette s’échange aujourd’hui sur Internet, elle a longtemps été un secret ésotérique.
Cocktail Molotov. Feu magique
REPORTAGE
Article 16 min
Le peuple chinois, et moi et moi et moi…
Alexis Lavis 19 March 2022
Avec la crise sanitaire, la Chine semble s’être isolée du reste du monde. Les médias occidentaux insistent sur la montée du nationalisme dans le pays et blâment la mise en place d’un système de surveillance numérique qui rappellerait 1984. Mais qu’en est-il pour quelqu’un qui vit sur place ? Alexis Lavis, philosophe français qui enseigne à l’université Renmin de Pékin, livre sa perception en immersion de la société et de la politique chinoises actuelles, ce qui lui donne l’occasion d’une réflexion originale sur le sens du « peuple ».
Le peuple chinois, et moi et moi et moi…
L’ŒIL DE LA SORCIÈRE
Article 3 min
Des becs qui s’allongent
Isabelle Sorente 19 March 2022
Plusieurs espèces animales se transforment physiquement sous l’effet du réchauffement climatique. Et nous, quelle sera notre stratégie d’adaptation ?
Des becs qui s’allongent
DOSSIER
6 articles
La guerre, alors qu’on n’y pensait plus
Publié le 19 March 2022
Nous autres Européens avions cessé de penser la guerre comme une possibilité réelle sur notre continent, comme un événement pouvant faire effraction et modifier le cours de nos existences. D’une part, nous avons vécu plusieurs générations de paix depuis 1945, et le conflit en ex-Yougoslavie a été interprété comme un contrecoup de la chute du mur de Berlin et non comme une guerre de conquête, comparable aux assauts de Napoléon ou de Hitler. D’autre part, nous avons eu tendance à adopter la perspective d’Emmanuel Kant sur l’histoire, selon laquelle la paix est l’état normal, l’horizon vers lequel tendent les régimes démocratiques, tandis que la guerre est un état d’exception momentané. Et si cette vision était remise en cause avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie ? > Pour tenter de répondre, nous avons imaginé un dialogue entre Kant, Hegel et Nietzsche, parce qu’il est peut-être temps de changer de philosophie de l’histoire. > Notre rédacteur en chef Michel Eltchaninoff, auteur de Dans la tête de Vladimir Poutine, met en garde depuis des années contre la doctrine nationaliste et l’eurasisme de Vladimir Poutine, pointant sa volonté de reconstituer l’empire soviétique perdu. Il reprend ici sa thèse à la lumière des événements. > La politologue Alexandra Goujon, spécialiste de l’Ukraine, nous explique les racines profondes du courage des Ukrainiens face au rouleau compresseur de l’armée russe. > Michel Eltchaninoff a interrogé deux philosophes ukrainiens, Constantin Sigov et Volodymyr Yermolenko, ainsi qu’un penseur russe qui a préféré conserver l’anonymat, toute critique de l’invasion étant désormais passible d’une peine de prison en Russie. > De l’Antiquité à nos jours, trois âges de la guerre se sont succédé : les cités antiques craignaient la division interne et la guerre civile ; la Modernité fut dominée par des conflits entre États-nations ; et le XXe siècle, avec les totalitarismes, la Shoah et l’usage de la bombe atomique, fut marqué par un passage aux extrêmes. Est-il à craindre que ces trois âges fusionnent ? > Ce qui est certain, c’est qu’au XXIe siècle, les guerres ne commencent pas par une déclaration officielle en bonne et due forme et ne se terminent pas par des armistices ni des traités redessinant les frontières. C’est l’enseignement des spécialistes des conflits armés Jean-Vincent Holeindre, Ninon Grangé et Élie Baranets.
La guerre, alors qu’on n’y pensait plus
Article 11 min
La guerre est-elle le moteur caché de l’histoire ?
Alexandre Lacroix 19 March 2022
Tandis que la bataille de Kiev fait rage, l’oblast de Kaliningrad, petit territoire russe enclavé entre la Lituanie et la Pologne, est comme détaché du monde, pris dans une torpeur irréelle. Les routes sont coupées et la plupart des commerces fermés dans cette ville qui appartenait autrefois à la Prusse, s’appelait Kœnigsberg et où le plus grand des philosophes des Lumières, Emmanuel Kant, coula des jours paisibles. Pourtant, en se donnant la peine de regarder à travers la vitre d’un café éteint, l’on croirait distinguer trois ombres accoudées au comptoir en train de discuter.
La guerre est-elle le moteur caché de l’histoire ?
Article 10 min
Dans la tête de Poutine en Ukraine
Michel Eltchaninoff 19 March 2022
Tout le monde se demande pourquoi Vladimir Poutine s’est lancé dans une aventure sanglante – et potentiellement auto-destructrice – en envahissant l’Ukraine. Mais si on lit soigneusement ses déclarations depuis les années 2000, on comprend qu’il a mis en place une idéologie fondée sur les idées d’empire, de confrontation avec l’Occident et de guerre. Il semble désormais enfermé dans sa logique fictionnelle. Analyse.
Dans la tête de Poutine en Ukraine
Article 6 min
Ukraine, une identité en situation
Cédric Enjalbert 19 March 2022
Spécialiste de l’Ukraine et de la Biélorussie, la politologue Alexandra Goujon, qui vient de publier L’Ukraine. De l’indépendance à la guerre, retrace pour nous l’histoire contrastée de cette nation indépendante depuis trente ans.
Ukraine, une identité en situation
Article 6 min
Des voix dans le conflit
Michel Eltchaninoff 19 March 2022
Dès le premier jour de l’invasion russe, le 24 février, nous nous sommes entretenus au téléphone avec des philosophes ukrainiens et russes. Ils posent des mots sur ce qui leur arrive.
Des voix dans le conflit
Article 17 min
Les trois âges de la guerre
Martin Legros 19 March 2022
Si la guerre en Ukraine marque un événement sans précédent dans l’histoire, c’est parce que, loin de se réduire à l’attaque d’un pays souverain par une armée étrangère, elle condense sur un seul théâtre les trois âges et les trois formes de la guerre qu’anthropologues, philosophes et théoriciens ont distinguées dans la longue histoire des conflits armés.
Les trois âges de la guerre
Article 8 min
Peut-on encore gagner une guerre ?
Cédric Enjalbert 19 March 2022
Échappant aux règles classiques qui régissent la confrontation armée, les conflits contemporains rendent difficile la définition d’un vainqueur. Trois spécialistes expliquent cette dilution de la guerre et de la paix.
Peut-on encore gagner une guerre ?
ENTRETIEN
Entretien 17 min
Joëlle Zask : “Gouverner n’est pas gérer”
Cédric Enjalbert 19 March 2022
S’intéressant à des sujets concrets, tant esthétiques et architecturaux qu’écologiques et politiques, la philosophe, figure de proue du courant pragmatiste en France, a développé une méthode d’élucidation des problèmes toute personnelle, fondée sur l’expérience.
Joëlle Zask : “Gouverner n’est pas gérer”
L’AVENTURE D’UN CLASSIQUE
5 articles
“Léviathan”. Acte de naissance de l’État
Publié le 21 March 2022
Guérir la peur par la peur ? C’est le pari de Hobbes (1588-1679), qui propose comme remède à la guerre de chacun contre tous le Léviathan, soit un État dont le pouvoir s’apparente à la terreur inspirée par le monstre biblique. De cet équilibre paradoxal naît l’État moderne.
“Léviathan”. Acte de naissance de l’État
Article 11 min
“Léviathan” : à l’origine de la philosophie politique moderne
Victorine de Oliveira 19 March 2022
Pour Hobbes, l’État n’est pas plus le cadre naturel de la vie en commun qu’il ne se fonde sur un quelconque droit divin. Il est une construction humaine définie par un contrat : les individus renoncent à une partie de leur liberté au profit d’un souverain qui établit la paix civile et les conditions d’une vie stable en communauté. Cette pensée développée dans le Léviathan est l’une des premières théories rationnelles de l’État.
“Léviathan”. Acte de naissance de l’État
Article 2 min
“Léviathan”. Colosse aux pieds d’argile
Victorine de Oliveira 19 March 2022
Le Léviathan est un ouvrage ambitieux, traversé par la nécessité de fournir des fondations solides à ce que Hobbes entend faire de l’État moderne. En quatre parties, il pose les conditions de la stabilité et de la sécurité pour les citoyens – toutes choses absentes de l’Angleterre de son temps.
Article 3 min
Hobbes et Rousseau croqués par Diderot
19 March 2022
Dans le Léviathan, Hobbes bouleverse la philosophie politique, notamment en introduisant la fiction d’un état de nature apocalyptique. Rousseau y opposera une vision bien différente : s’il reprend la théorie du contrat, le philosophe des Lumières fait le pari de la bonté originelle de l’homme. Dans l’Encyclopédie, Diderot place les deux philosophes dos à dos en un match qui a toujours cours. Et vous, quel est votre camp ?
Article 5 min
Céline Spector : “Avec Hobbes, on ne sort jamais de la peur”
Victorine de Oliveira 19 March 2022
Pour la philosophe Céline Spector, si Hobbes s'appuie sur la peur que doit inspirer l’État pour mettre fin à la guerre de chacun contre chacun, il n'en garantit pas moins garantit des conditions de réciprocité et de protection qui nous préviennent de la violence d’autrui. Une leçon que devraient, selon elle, méditer tous ceux qui se réclament aujourd'hui de son héritage.
“Léviathan”. Acte de naissance de l’État
Article 17 min
“Léviathan”. Les extraits
19 March 2022
Nous reproduisons des extraits du Léviathan de Thomas Hobbes, traduits par Raoul Anthony.
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi portons-nous du parfum ?
Joséphine Robert 18 March 2022
Est-ce seulement pour « sentir bon » que nous nous parons de ces essences fleuries, fruitées, boisées ou épicées ? Réponses avec quatre philosophes bien… nez.
Pourquoi portons-nous du parfum ?
Article 1 min
Jayus
Octave Larmagnac-Matheron 18 March 2022
Langue d’origine : indonésien
Article 2 min
Imitation
Marius Chambrun 18 March 2022
Parmi ces cinq philosophes, qui a copié qui ?
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Sommes-nous maîtres de la technique ?
Aïda N’Diaye 16 March 2022
Analyse des termes du sujet « Sommes-nous » Individuellement ? Collectivement ? « maîtres de  » Contrôler les effets, savoir s’en servir, en être le possesseur ou le propriétaire. « technique » Un outil ou une machine, une technologie, un savoir-faire.
LIVRES
Article 2 min
J’y pense et puis je lis/Avril 2022
Jean-Marie Durand 19 March 2022
« En présentiel » ou « en distanciel » ? Depuis deux ans, nos réunions et conversations expriment le dilemme de leur organisation technique à travers une forme détournée de la langue ; plutôt que de s’en tenir à la simplicité des mots « en présence » et ..
Livre
Alice Carabédian
Utopie radicale
Publié le 16 March 2022
Vivre dans des ruines, des cabanes, des espaces parallèles à l’ordre dominant : le chaos du présent y invite. Se déployant à partir de ce paysage bricolé dans les marges, les utopies contemporaines se prétendent ainsi « concrètes », « réelles », voire « réalistes » Mais ne pourrait-on pas imaginer plus (plus loin, plus haut, plus grand) que ce que les ruines nous laissent ? Et s’il était temps d’aller « au-delà des cabanes » et de « penser les fusées », soit puiser dans la science-fiction des ressources pour décloisonner nos imaginaires politiques ? C’est cette hypothèse que soulève la philosophe Alice Carabédian dans cet essai magistral. Rappelant que tout ce qui est possible a d’abord été impossible (que la Terre tourne autour du Soleil, que l’humain descende du singe…), elle observe que, si les pires choses adviennent dans la réalité, comme l’illustrent les fictions dystopiques en vogue – de Black Mirror à The Handmaid’s Tale –, nous ne savons plus penser la sérénité, la joie, l’égalité, l’attention à l’autre, la liberté, la pluralité… Or la science-fiction qu’explore Carabédian – des Dépossédés d’Ursula Le Guin à Apprendre, si par bonheur de Becky Chambers, en passant par la série Star Trek: Discovery – permet de penser l’altérité, l’hospitalité, le nomadisme, la responsabilité… sous une forme excentrique mais féconde. C’est bien dans les étoiles que « s’échappent sans frein les torrents effervescents de nos désirs politiques », que se dessine « une utopie radicale, toujours en excès, sauvage et indomptable ». Cette science-fiction repolitise notre attention à un monde commun et invite à conceptualiser des pratiques langagières et théoriques qui défient les normes, les ordres. Par son étrangeté même, la science-fiction propose une manière « d’imaginer d’autres façons de penser les savoirs ». La radicalité que défend ici Alice Carabédian est celle d’une ouverture sensible à des possibles inexplorés, donnant raison à Fredric Jameson, théoricien du postmodernisme, qui rappelait « qu’on ne peut imaginer de changement fondamental dans notre existence sociale qui n’ait d’abord projeté des visions utopiques comme une comète des étincelles ».
Utopie radicale
Livre
Yves Citton
Altermodernités des Lumières
Publié le 16 March 2022
Parce qu’il a revêtu une peau d’ours et qu’il se voit dans le miroir, un bourgeois de province croit être devenu un loup-garou et terrorise la ville (Monsieur Oufle, de Laurent Bordelon, 1710). Éconduit par sa dulcinée, un jeune homme s’invente un métier : il cherche à faire fortune en vendant des excréments (Le Marchand de merde, de Thomas-Simon Gueullette, 1720). Insolites, bizarres ou merveilleuses, ces histoires ne font pas prévaloir la toute-puissance de la raison. Elles appartiennent cependant à un corpus oublié : celui des auteurs mineurs – ou considérés tels – du XVIIIe siècle. De Boulainvilliers à Potocki, en passant par Tiphaigne de La Roche, Yves Citton explore l’envers de la pensée des Lumières. Sans être antimodernes, ces œuvres se déploient dans une dimension parallèle à celle de la raison scientifique, de la claire conscience de soi et du contrat social. Où se situe leur différence ? « Les altermodernes savent qu’ils ne peuvent ni savoir ni agir sans croire. Les modernes ne le savent pas », relève Citton. Ainsi, parmi beaucoup d’autres, l’histoire du loup-garou imaginaire et celle du marchand de merde mettent en œuvre le ressort secret de la croyance. Du même coup, elles deviennent un apport précieux pour déchiffrer notre monde, où rien ne semble plus fonctionner selon la rationalité des Lumières. En résonance avec des penseurs actuels, comme Bruno Latour, mais aussi des auteurs décoloniaux, ces « altermodernités des Lumières » nous aideront peut-être à réinventer une modernité en crise.
Altermodernités des Lumières
Livre
Sophie Galabru
Le Visage de nos colères
Publié le 16 March 2022
La colère a mauvaise presse : elle serait une marque de faiblesse, voire d’impuissance. Depuis l’Antiquité, les philosophes, à l’instar de Sénèque dans De la colère, se chargent de dénigrer « cette passion, de toutes la plus ignoble et la plus effrénée ». Au point que s’énerver aujourd’hui, c’est passer pour un dangereux sécessionniste des conventions sociales, un réfractaire au bon sens du développement personnel, un allergique grincheux à la « positive attitude ». Globalement, la colère, ou plutôt « nos colères » (le collectif a son importance), sont empêchées. Dans cet essai, Sophie Galabru enquête sur les raisons d’un tel enfouissement, non sans une certaine passion, justement, palpable dès une introduction au ton personnel. C’est à une forme de généalogie que l’autrice s’attelle, repérant que tout se joue dès l’enfance. Assimilée au caprice, la colère infantile se doit d’être domestiquée, matée. Le respect dû aux parents est difficilement questionnable. Pourtant, l’autorité parentale peut aussi être abusive : « La violence se génère d’abord en famille, remarque-t-elle : en raison de la dépendance biologique, d’autres dépendances semblent dériver – affective et économique, juridique et sociale. » Ce qui s’exprime alors dans la colère est un élan vital pour la survie, accompagné du sentiment d’une injustice profonde : en position de dominé, l’enfant n’a pour s’exprimer que ses pleurs et ses cris. De cette colère salvatrice, Sophie Galabru souhaiterait que l’on se souvienne, lorsque l’entreprise joue avec nos nerfs, en niant les rapports de pouvoir à coups de management du cool et d’ateliers comportementaux. Autant de façons de renvoyer les salariés à leur enfance. Si la colère est une émotion d’abord individuelle, elle ouvre néanmoins à l’action collective – sa valeur principale. Qu’elle s’empare des foules ou des peuples, il serait temps de prendre son souffle au sérieux.
Le Visage de nos colères
Livre
Julia Kerninon
Toucher la terre ferme
Publié le 16 March 2022
La sincérité en littérature est souvent le terreau de la médiocrité. « Un livre sincère », peut-on lire en quatrième de couverture de telle ou telle confession grimée en roman, ou de tel ou tel témoignage qui « pose des mots sur les maux ». Le livre sincère est toujours « poignant », ou « personnel et touchant », ou « cathartique et émouvant », ou « profondément humain ». Il convient de le lire en tenant sa garde : qu’on se le dise, le livre sincère est aussi un livre « coup de poing », on n’en sort « pas indemne ». Bien. Mais l’on oublie trop souvent de mentionner que le livre sincère est la plupart du temps aussi dépourvu de littérature que le yaourt 0 % de matière grasse. Littéra-quoi ? semblent se demander ceux qui font profession d’écrire des livres sincères et d’en publier. Littérature, c’est-à-dire style, c’est-à-dire timbre et intensité d’une voix si singulière qu’elle impose, en quelques lignes, une présence reconnaissable entre toutes. Si l’on ne connaissait pas Julia Kerninon, on pourrait s’inquiéter à la lecture de la quatrième de couverture de Toucher la terre ferme, « récit intime » où l’autrice « plonge au cœur des sentiments ambigus de la maternité » et « confie ses tempêtes intérieures ». Mais on connaît Julia Kerninon, de Buvard à Liv Maria on a lu ses romans, et l’on a lu, il y a cinq ans, Une activité respectable, magnifique récit d’une soixantaine de pages dans lequel elle décortiquait d’une plume revigorante la genèse de sa vocation d’écrivain. Or voici qu’elle revient avec un récit du même acabit, où elle nous entretient cette fois-ci non pas de ses livres, qui comme chacun sait sont pour les écrivains des enfants, mais de ses enfants – ceux qu’elle a eus avec un homme auquel elle consacre des pages étincelantes, véritable éloge de l’amour conjugal. Avec des mots toujours justes, elle nous raconte la maternité, ce « cercle de feu » dans lequel avant d’avoir son deuxième enfant elle ne parvenait pas à se tenir, et nous dit toute l’ambivalence d’une jeune mère qui aime ses enfants, mais qui aime aussi se souvenir « de la jeune moi marchant défoncée sur les trottoirs de Maybachufer à cinq heures du matin pour aller racheter des cigarettes au cinquième jour d’un marathon de lecture dans mon lit ». Un livre sincère, oui. Mais qui nous réconcilie avec la sincérité en littérature.
Toucher la terre ferme
Livre
Bruce Bégout
Obsolescence des ruines
Publié le 18 March 2022
Notre architecture contemporaine est atteinte de « vieillissement accéléré » : tel est le constat sur lequel s’ouvre l’essai de Bruce Bégout. « Nos édifices durent de moins en moins longtemps. […] Les constructions de la modernité tardive ne sont pas beaucoup plus solides que leur maquette. » Le philosophe y voit un renversement profond des rythmes : là où la « première règle » de l’architecture, celle de la « solidité », exigeait pendant des siècles « une production plus solide et plus durable que le corps humain qui la produit », nos demeures sont devenues « plus fragiles que les corps humains qui les ont édifiées ». À peine inaugurés, les voilà déjà lézardés de fissures et autres failles. « La création [est] en même temps altération. » Le neuf est déjà vieux. Même si ces édifices sont préservés coûte que coûte pendant un bref instant, par une sorte d’obsession de « l’intégrité des créations », le premier signe de dégradation est déjà l’annonce des « décombres », de l’anéantissement. La construction disparaîtra bientôt ou sera démolie, et remplacée, sans passer par une case essentielle : la ruine. Nous vivrons bientôt dans un « monde sans ruine », qui bouleverse notre rapport au temps. En effet, la ruine donne à voir le « flux dissolvant du temps » qui s’inscrit, « lentement », dans la pierre – flux stabilisé dans un équilibre précaire par la « résistance obstinée de la forme et de la matière ». Le temps long de son érosion est aussi le temps d’émergence de nouveaux ensembles. La ruine nous met en contact avec « une sorte d’éternité des forces productrices et destructrices et de leur jeu continuel d’opposition », qui est comme le symbole de notre humaine condition.
Obsolescence des ruines
Livre
Georges Didi-Huberman
Le Témoin jusqu’au bout
Publié le 16 March 2022
« Je veux témoigner jusqu’au bout », avouait dans son Journal de 1942-1945 Victor Klemperer, l’auteur du livre LTI, la langue du IIIe Reich, monument littéraire décrivant la structure du langage nazi. Que faut-il entendre par ce « jusqu’au bout », se demande Georges Didi-Huberman, ému par la beauté de la langue de Klemperer ? Témoigner jusqu’au bout, « c’est ne pas éviter de s’inclure soi-même dans ce dont on témoigne » ; c’est mettre au jour une « certaine vérité des émotions », clivée entre terreur et désir d’y résister. Si Klemperer témoigne des événements et des faits de langage du IIIe Reich, ceux-ci ne sont jamais « disjoints des affects qu’ils ont fait surgir chez celui qui les a subis ». Témoigner pour les autres et écrire ce que l’on éprouve soi-même procède d’une même volonté : ne pas céder à la brutalisation du totalitarisme qui ne vise qu’à rendre apathique, privé de son temps et de ses subjectivations. Se déployant comme une écriture pure de la détresse, son journal laisse étrangement place à l’énergie de comprendre, à une « façon de retrouver le sens du partage ». Face au mal, le témoin sensible persiste dans l’écriture, malgré tout ce qui s’oppose à l’idée même d’une espérance. « Une grande part de son endurance lui est venue de la possibilité éthique qu’il lui fallait, à chaque fois, coûte que coûte, ouvrir dans l’espace du malheur », souligne le philosophe ; « cela passait par une extrême sensibilité au temps, une façon de savoir attendre ; s’obliger à voir que les choses peuvent devenir ». C’est cette possibilité d’un devenir, enchâssée à l’expression « malgré tout », qu’offre la lecture de Klemperer par Didi-Huberman à des lecteurs, affectés et ressourcés.
Le Témoin jusqu’au bout
Livre
Enzo Traverso
Révolution. Une histoire culturelle
Publié le 16 March 2022
En dépit de leurs impasses répétées, les révolutions ne s’en laissent pas compter. Leur force tient à ce qu’on ne peut jamais les programmer, puisqu’elles « arrivent toujours inattendues ». Plutôt que de s’en tenir à une position rigide, conduisant à une idéalisation naïve ou à une condamnation intransigeante, Enzo Traverso s’attache à la révolution comme à un pur objet historique – et même comme à un « concept clé d’interprétation de l’histoire moderne ». Assumant l’héritage de Karl Marx et de Walter Benjamin, qui envisageaient la révolution comme une interruption soudaine d’un continuum historique, Traverso traverse l’histoire de la révolution sous l’influence secrète de Max Weber. Dans la mesure où l’étude de la révolution mérite, selon lui, une « compréhension critique », qui contourne la nécessité morale de choisir les bonnes et les mauvaises. Ce qui l’intéresse, c’est de saisir en quoi les révolutions « expriment la respiration de l’histoire ». « Leur propension à susciter des souvenirs lyriques ou des représentations iconiques n’empêche pas le regard critique d’en saisir, au-delà de leurs potentialités libératrices, les hésitations, les ambiguïtés, les impasses et les limites, toutes inhérentes à leur nature plurielle et contradictoire, toutes inséparables de leur intensité ontologique », écrit Traverso. La part émotionnelle de toute révolution l’intéressant au premier chef, il la sonde dans les traces visibles de ses effusions. Pour ce faire, il collecte des fragments intellectuels et matériels d’un passé révolutionnaire éclaté, en accordant la même importance aux sources théoriques, historiographiques et iconographiques (pensées, statues, affiches, chansons, barricades, peintures…). Cet assemblage nourrit le livre d’un feu contagieux, qui, prenant acte de la violence comme dimension de la structure ontologique de toute révolution, n’en porte pas moins une croyance appuyée dans l’idée de la libération elle-même. Ne cédant pas au discours dominant selon lequel vouloir changer le monde revient à construire le totalitarisme, Traverso laisse vibrer en lui, et en nous, la foi dans un basculement libérateur toujours possible, dont la résignation actuelle et le tragique de l’histoire n’ont pas définitivement effacé le désir.
Révolution. Une histoire culturelle
Livre
Rachel Bespaloff
De la compréhension musicale à la métaphysique de l’instant
Publié le 16 March 2022
« En tout métaphysicien d’un certain type – poète, philosophe ou romancier – il y a un compositeur », écrivait Rachel Bespaloff dans Cheminement et Carrefours (1938). Cette conviction d’une intime liaison de la musique et de la pensée est un fil directeur de la trajectoire de la philosophe née en Bulgarie, qui commença d’ailleurs par enseigner la danse avant d’entrer en dialogue avec Gabriel Marcel, Jean Wahl ou encore Henri Bergson. C’est tout l’intérêt de ce recueil d’articles jusqu’ici introuvables édité et richement documenté par Olivier Salazar-Ferrer que de donner à entendre cette trame mélodique et de la réinscrire dans les discussions sur la musique qui essaiment au sein du champ philosophique dans la première moitié du XXe siècle. « De quels sortilèges dispose donc la musique pour évoquer les phénomènes les plus subtils et les plus complets de notre vie intérieure ? » interroge Bespaloff. À ses yeux, la musique arrache l’homme à la fragmentation géométrique du temps en une succession d’instants hétérogènes. « La courbe d’une mélodie, le dessein d’une formule rythmique nous donnent une idée adéquate des figures […] qu’assume notre durée » intérieure. « C’est de cet arrachement au temps que naît l’instant où l’éternel n’apparaît nullement comme l’immuable, mais comme l’éternellement neuf. » Un instant « métaphysique » radicalement distinct de l’instant géométrique, une note « indécomposable » où passé, présent et avenir se rejoignent et sont reconduits à leur commune source vive : le « jaillissement capté de la primordialité sauvegardée », la création éternellement jeune de la conscience. « La musique […] extrait du passé son essence impérissable et dispute ainsi notre être à la mort ; mais elle ne se borne pas à libérer le potentiel d’énergie intacte que contient ce passé, elle projette jusque dans l’avenir la dynamique de notre existence. » À l’homme écartelé entre le poids d’un passé mort et l’annonce d’un futur évanescent, la musique substitue une dilatation de l’instant, qui est aussi réconciliation de l’homme avec lui-même, résorption de son éclatement. « L’art musical transcende à la fois la subjectivité du Moi et l’objectivité du non-Moi. Le dualisme du sujet et de l’objet dont la pensée n’arrive jamais à triompher entièrement, il le supprime par un acte de création synthétique. En lui, le Moi parvient à se connaître sans se diviser, et à reconstruire selon une dimension nouvelle la courbe de son unité recouvrée.
De la compréhension musicale à la métaphysique de l’instant
Livre
Karol Beffa
L’Autre XXe Siècle musical
Publié le 16 March 2022
Que ne s’est-on imposé à nous-mêmes des goûts en fonction de l’idée d’un « bon goût » indépassable, socialement construit ? S’il est difficile d’échapper totalement à cette norme, certains s’autorisent heureusement à désobéir aux règles que leur éducation fait peser sur leurs affects. C’est cette expérience transgressive dont témoigne le pianiste, compositeur et musicologue Karol Beffa dans un récit enlevé sur l’histoire de sa formation au Conservatoire puis à l’Ircam, et sur l’écart de sa relation intime à la musique du XXe siècle d’avec les normes en vigueur. « On avait beau me seriner qu’il fallait suivre la ligne droite qui menait de Bach à Stockhausen via Beethoven, Wagner, Schoenberg et Webern, je me sentais plus moi-même à flâner, quitte à m’y égarer, dans les voies de traverse et les sentiers broussailleux » qu’exploraient Janáček, Strauss, Puccini, Poulenc, Satie ou Britten, chacun à sa manière. S’autorisant « un con-tact direct, personnel, immédiat avec les œuvres », Karol Beffa expose la liste de ses épanchements (Ligeti, Górecki, Pärt, les répétitifs américains Steve Reich, John Adams…) en donnant raison à Jules Renard qui invitait à se détacher de « ce vice littéraire qui consiste à se forcer à aimer ce qu’on se croit obligé d’admirer ». En démontrant qu’il est possible de s’arracher au goût dominant, à force de persévérance et de confiance en sa propre sensibilité, l’auteur défend un paysage musical composite, marqué par un entrelacement du savant et du populaire, à l’image de Ravel ou même de Vladimir Cosma, dont la musique du Grand Blond, riche d’une simplicité délicate, dans un déséquilibre tenu, égale largement celle des génies consacrés du XXe siècle.
L’Autre XXe Siècle musical
Livre
Emma Carenini
Soleil. Mythes, histoire et sociétés
Publié le 16 March 2022
La longue séquence de l’hiver passé, et le déficit de lumière qu’elle a provoqué dans nos existences assombries, nous invitent à prendre aujourd’hui le soleil au sérieux, tant il nous a manqué. Grâce à lui, ne sommes-nous pas étrangement augmentés ? La structure sensorielle du corps ne change-t-elle sous son influence ? C’est l’hypothèse que soulève Emma Carenini dans une réflexion lumineuse sur ce que le soleil fait aux individus et à la pensée elle-même. Rappelant que le soleil n’a cessé d’inspirer les philosophes – de la théorie des idées de Platon jusqu’à la pensée du Midi de Nietzsche –, elle soutient qu’il existe une pensée « faite au soleil, qui n’est pas la même qu’ailleurs ». La philosophie occidentale a une dette envers la lumière de la Méditerranée, estimait Paul Valéry, en ce sens qu’elle est directement née d’un environnement de perceptions. Ce n’est que par la lumière que le monde devient accessible. Si l’esprit du Sud a irrigué la pensée antique et moderne, c’est parce que « l’éclat du soleil nous rend à l’extériorité du monde, tandis que la nuit nous tourne vers une parole intérieure ». Mais aurions-nous aujourd’hui oublié la sagesse des Grecs anciens qui s’émerveillaient chaque jour du soleil ? Serions-nous devenus indifférents à la lumière ? Emma Carenini pose la question sans nier les dangers du réchauffement climatique entretenu par les rayons du soleil, qui est à la fois « principe de vie et cause de mort ». Ce qu’elle démontre avec éclat, ce sont les bienfaits de l’énergie solaire, l’une des plus prometteuses des énergies renouvelables. Capter directement l’énergie du soleil, comme on a en volé le feu, c’est ce que promet une véritable « civilisation solaire à venir ». Croisant les philosophies et les sciences qui n’ont cessé de progresser en observant le soleil (depuis Archimède), l’autrice invite à faire collectivement place au soleil plutôt qu’à pousser chacun à se faire une place au soleil. Plus que l’aveu d’une impatience pour la pleine lumière des jours d’été, elle dessine les contours d’un outil conceptuel, physique, énergétique et sensuel. Non, Nicoletta, il n’est pas mort le soleil !
Soleil. Mythes, histoire et sociétés
Livre
François Dosse
Macron ou les illusions perdues
Publié le 16 March 2022
Est-ce un portrait d’Emmanuel Macron en Lucien de Rubempré ? Oui, mais c’est surtout un bilan (très) critique du quinquennat qui s’achève. Il faut dire que la déception de l’historien des idées François Dosse est à la hauteur des espoirs qu’il avait placés en celui qu’il a connu jeune, bien avant qu’il ne devienne président de la République. En 2017, Dosse avait d’ailleurs signé Le Philosophe et le Président. Ricœur & Macron (Stock, 2017) pour le défendre contre ceux qui criaient à l’imposture et attester la réalité des affinités intellectuelles qui le liait à Paul Ricœur : oui, il avait existé entre le vieux philosophe et son jeune assistant, plus qu’une collaboration, une complicité et une proximité dans leur vision du monde. Dosse croyait même reconnaître « un parallèle entre la pensée ricœurienne et la politique préconisée par le candidat Macron », avec une exigence de justice sociale, un « attachement à une laïcité ouverte et bienveillante » ou « un souci de redynamiser la démocratie en pluralisant les responsabilités » notamment. Jürgen Habermas n’avait-il pas célébré le président français fraîchement élu comme un héros de la construction européenne, en louant sa « personnalité fascinante » et son « courage » ? Quelques années au pouvoir plus tard, la rupture était consommée… Et François Dosse de signer dès 2019 dans Le Monde une tribune fustigeant celui pour lequel il avait eu tant d’estime. Sans doute le sujet de l’immigration a-t-il fait naître ce désaveu. Mais, de manière plus générale, c’est la politique macronienne dans son ensemble que condamne Dosse en détaillant aujourd’hui les motifs de son mécontentement. Pratique verticale d’un pouvoir jupitérien, politique économique néolibérale, relégation de l’enjeu écologique au second plan, lois liberticides pendant la pandémie, caporalisation de l’Éducation nationale… Les griefs ne manquent pas dans ce véritable réquisitoire contre l’actuel locataire de l’Élysée et candidat à sa réélection. Et l’on en vient à se demander envers qui Emmanuel Macron président s’est montré le plus infidèle : l’héritage de Ricœur, les illusions de Dosse (et de quelques autres de ses électeurs) ou envers lui-même ? Mais peut-on gouverner sans trahir ses idéaux au contact de la réalité et du pouvoir ?
Macron ou les illusions perdues
Livre
Jean-Gabriel Ganascia
Servitudes virtuelles
Publié le 16 March 2022
Généralisation de la reconnaissance faciale en Chine, volonté affichée de Mark Zuckerberg d’utiliser des « interfaces cerveau-ordinateur » pour deviner nos pensées, délires d’Elon Musk voulant stocker des informations dans notre cerveau via la création d’implants, impact des techniques de l’intelligence artificielle dans nos vies quotidiennes, mainmise par les géants Amazon, Google ou Apple sur nos données personnelles… Comment se comporter face aux transformations numériques qui affectent nos existences et nos libertés ? « Le cyber-espace accède au statut d’espace public, ce qui modifie profondément notre condition humaine qui devient de plus en plus numérique. Existe-t-il une alternative ? » À cette question vertigineuse, Jean-Gabriel Ganascia répond en cartographiant nos vies en ligne et les servitudes qu’elles induisent. Appréhendant le caractère révoltant de certaines applications de l’intelligence artificielle, il esquisse surtout des voies pratiques possibles pour échapper aux rets du numérique dont nous sommes captifs. Cette « vie en ligne mode d’emploi » guide pas à pas le lecteur dans les « méandres du cyberespace », en s’accrochant à quelques principes fondamentaux, inspirés notamment d’Albert Camus, qui, en tant que jeune journaliste au Soir républicain plongé dans le chaos de la guerre en septembre 1939, prônait quatre voies pour rester digne dans la servitude : « lucidité, refus, ironie et obstination ». Lucidité devant les enjeux de pouvoir, refus de relayer de fausses informations, jouer de l’ironie comme arme contre les fausses évidences, aller jusqu’au bout de ses convictions : si la mise au jour par Ganascia de la sophistication technique de nos servitudes virtuelles se méfie des postures simplistes défendues par les comités d’éthique dans les entreprises privées, elle n’oublie pas de rattacher l’enjeu de l’émancipation numérique à un cadre politique et moral plus général, juste, précis, efficace.
Servitudes virtuelles
Livre
Antonia Grunenberg
Walter & Asja. Une histoire de passions
Publié le 16 March 2022
Walter, ici, c’est Walter Benjamin, philosophe et théoricien de l’art allemand, auteur de L’Œuvre d’art à l’ère de sa reproduction technique et de bien d’autres ouvrages, consacré à Baudelaire notamment. Asja, elle, c’est Asja Lacis, actrice et metteuse en scène, célèbre pour son travail sur le théâtre politique – et plus précisément prolétarien, qu’elle promouvait comme son ami Bertolt Brecht. Très rapidement après leur rencontre à Capri en 1924, naquit entre eux deux une relation passionnée. Femme mariée mais libre, femme flamboyante surtout, celle que Walter Benjamin avait d’abord qualifiée de « Lettone bolcheviste » parvint à subjuguer le jeune homme introverti et bouleversa le cours de sa vie en élargissant ses perspectives qui se limitaient alors au seul horizon d’une carrière universitaire incertaine : « En termes enflammés, bruyants, prononcés en staccato, explique la politologue Antonia Grunenberg dans l’essai qu’elle consacre à cette liaison, [Asja Lacis] proclamait le rôle que jouait la vie réelle pour le théâtre et la manière dont le théâtre de la révolution agissait sur la vie. » Bousculant celui qu’elle prenait alors pour un intellectuel bourgeois coupé du monde réel, Lacis sensibilisa Benjamin au marxisme, à l’engagement politique et à la lutte des classes. Au point d’en faire « un partisan loyal du parti communiste » ? C’est ce qu’elle crut, même si la réalité est sans doute plus nuancée du côté d’un philosophe peu enclin à faire totalement sien l’espoir d’une révolution prolétarienne. Mais l’évocation des parcours croisés des deux amants est aussi l’occasion d’une passionnante plongée dans l’Europe de l’entre-deux-guerres entre Naples, Paris, Berlin, Moscou et Riga, alors que le nazisme monte et que l’Union soviétique de Staline connaît famines et purges. Arrêtée, emprisonnée puis condamnée, Asja Lacis est elle-même envoyée dans un camp de travail. Walter Benjamin, lui, réfugié en France, très affaibli physiquement et moralement, se suicide à Portbou par crainte d’être pris par la Gestapo. Fin tragique qu’elle n’apprendra que des années plus tard, comme un symbole de la désunion de leurs destinées respectives.
Walter & Asja. Une histoire de passions
Livre
Sinziana Ravini
Les Psychonautes
Publié le 16 March 2022
Tenir embrassées des réalités disparates : tel est le tour de force de cet essai de Sinziana Ravini, qui propose au lecteur un voyage à travers l’art contemporain, la psychanalyse et la littérature. « Ces réflexions, annonce l’autrice, ont été écrites comme des associations libres sur un divan. » De fait, si la thèse centrale n’est pas très nouvelle – l’art explore le trouble, la part maudite –, ce sont ses associations d’idées souvent insolites et inédites qui valent le détour. Par exemple, Ravini compare malicieusement le métavers que Facebook s’apprête à construire aux techniques de lavage du cerveau chères à Mao Zedong. Elle évoque la communauté en ligne des incels, ou « célibataires involontaires », ces hommes convaincus d’être incapables de plaire aux femmes – de nombreux auteurs de tueries en sont issus. Puis elle fait le lien avec les prisonniers de la caverne, dans le mythe de Platon, qui, lorsque l’un d’eux s’est libéré de ses chaînes et cherche à les détromper, ont envie de le tuer. Elle oppose, encore, l’artiste allemand Gregor Schneider, qui souhaitait en 2008 trouver un malade en phase terminale volontaire pour passer ses derniers jours dans une salle de musée, et les cadavres « plastinés » de l’anatomiste allemand Gunther von Hagens, dont les expositions suscitent la polémique. Le projet de Schneider n’a pas eu l’aval des autorités. Mais son geste n’aurait-il pas été plus pertinent que celui, très kitsch, de Gunther von Hagens, en tant qu’il aurait permis de montrer la mort que notre société cache ? Ce qui est le plus réel est aussi ce qui nous paraît le plus fou, explique Ravini, car loin d’être rassurant et positif, « le réel fait trou ».
Les Psychonautes
CULTURE
Article 2 min
“Vortex”. Vertiges de la mort
Cédric Enjalbert
Véritable memento mori, le dernier film de Gaspar Noé explore nos fragilités et creuse un abîme sur la question sans cesse renouvelée du sens de la vie.
“Vortex”. Vertiges de la mort
Article 2 min
“Tartuffe”. Serment d’hypocrite
Cédric Enjalbert 19 March 2022
En redonnant à la pièce de Molière son sens original, Ivo Van Hove et la troupe de la Comédie-Française livrent une magnifique mise en abîme de l’art de la scène, entre jeu, mensonge et vérité. Quand il s'agit de porter un masque pour mieux les faire tomber !
“Tartuffe”. Serment d’hypocrite
Article 2 min
“Toyen. L’écart absolu”. Toyen d’honneur
Cédric Enjalbert 19 March 2022
Le musée d'Art moderne de la Ville de Paris consacre une rétrospective à cette grande figure de l’avant-garde, proche des surréalistes et d’Annie Le Brun, qui donne forme à ce qui n'en a pas. Visionnaire !
“Toyen. L’écart absolu”. Toyen d’honneur
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 17. N’abandonnons pas la connerie aux seuls automobilistes !
François Morel 18 March 2022
Jadis, le con voyageait dans sa voiture. Il utilisait la puissance de son moteur pour pallier son insuffisance, sa lâcheté, sa médiocrité. Le con était humilié par sa femme, ses enfants, son chef de service. Il était ratiboisé par son percepteur, ses commerçants, ses maîtresses. Il était ..
Conseil n° 17. N’abandonnons pas la connerie aux seuls automobilistes !
JEU
Article 1 min
Philocroisés #79
Gaëtan Goron 18 March 2022
Horizontalement I. Avec Hegel et Nietzsche, il refait l’actualité dans un rade. Stade freudien. II. Dans son n° 102, Philosophie magazine a mis en Lumières ce philosophe oublié. Accord d’alliances. III. Monstre biblique et philosophique. IV. Comme un monde en pai..
Philocroisés #79
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
MC Solaar. Éternel retour
Sylvain Fesson 19 March 2022
« J’ai dû disparaître… pour réapparaître… », rappait-il sur le titre qui l’a révélé il y a plus de trente ans et, ironie de l’histoire, l’auteur de « Bouge de là » s’est bel et bien éclipsé. Ou plutôt, ses quatre premiers albums sont devenus indisponibles après un différend avec sa maison de disques. Ayant enfin trouvé un arrangement, Qui sème le vent récolte le tempo, Prose combat, Paradisiaque et MC Solaar refont donc surface, réédités (Polydor Universal). Des séquelles ? « J’ai fait l’éloge de la fuite, comme dit Henri Laborit », « Il y a un mur ? Ne reste pas dessus, contourne, continue ». Le 29 juin, il ouvrira le festival Jazz à Vienne (Isère).
MC Solaar. Éternel retour
Philosophie magazine n°158 - March 2022
Numéro 158 - Avril 2022
FILS D'ARIANE
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600016416 Périodique Revues Disponible N°294 - juillet 2017 - Nos vies intérieures. Un continent inexploré (Bulletin de Sciences humaines)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Sciences humaines / Jean-François Dortier
Titre : N°294 - juillet 2017 - Nos vies intérieures. Un continent inexploré Type de document : texte imprimé Année de publication : 2017 Importance : 70 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Prix : 6,20 € Langues : Français (fre) Catégories : 4 Sciences sociales et humaines Tags : vie intérieure Index. décimale : 300 Sciences sociales [n° ou bulletin]
est un bulletin de Sciences humaines / Jean-François Dortier
N°294 - juillet 2017 - Nos vies intérieures. Un continent inexploré [texte imprimé] . - 2017 . - 70 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
6,20 €
Langues : Français (fre)
Catégories : 4 Sciences sociales et humaines Tags : vie intérieure Index. décimale : 300 Sciences sociales Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600008377 Périodique Revues Disponible N°155 - Décembre 2021-Janvier 2022 - A quoi voit-on qu'on a vieilli ? (Bulletin de Philosophie Magazine)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
Titre : N°155 - Décembre 2021-Janvier 2022 - A quoi voit-on qu'on a vieilli ? Type de document : texte imprimé Année de publication : 2021 Importance : 98 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Langues : Français (fre) Catégories : Philosophie Tags : vieillissement trans identité sexuelle Jürgen Habermas Nietzsche Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Nous vivons en moyenne davantage d’années mais aussi plus longtemps en bonne santé que nos aînés. De nombreux retraités se sentent durablement en forme. Quant aux jeunes, ils ont souvent des préoccupations graves, comme le réchauffement climatique. L’opposition entre l’insouciance de la jeunesse et la sagesse venant avec l’âge n’a donc plus vraiment cours. Mais alors, à quoi sent-on qu’on a pris un coup de vieux ?
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(Philomag)Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Un tombeau au cœur de l’été
Alexandre Lacroix 02 décembre 2021
J’ai emménagé seul l’été après le bac, juste avant mes 18 ans. C’était la première fois que je me trouvais en autonomie complète. En plein mois d’août, Paris était désert, et j’avais des démarches nouvelles à accomplir, qui me paraissaient exotiques, comme me rendre da..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Où trouver la force ?”
Charles Pépin 02 décembre 2021
Question de Cerise Sauvage
“Où trouver la force ?”
REPÉRAGES
Article 2 min
Protection partagée
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
C’est une première mondiale : le gynécologue malaisien John Tang Ing Chinh a mis au point le premier préservatif unisexe, baptisé Wondaleaf Unisex Condom. Son principe ? L’une des faces est recouverte d’un adhésif et peut être tournée, au choix, vers l’intérieur (pour se fixer au..
Protection partagée
Article 1 min
“Fragilité”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
“On voit distinctement, quand on jette l’œil par le hublot de la Station spatiale, la fragilité de la Terre” Thomas Pesquet, lors d’une conversation avec Emmanuel Macron le jeudi 4 novembre. “La fragilité d’un système est une autre manière de souligner ..
Article 1 min
“Nativisme”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Raciste, xénophobe, identitaire : comment qualifier la droite extrême contemporaine ? Aucun de ces termes n’est faux, mais il faut leur en adjoindre un autre pour comprendre comment ce discours qui oppose des Français « de souche » et d’autres « de papier » a conta..
“Nativisme”
Article 1 min
“420”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
C’est le nombre de prisonniers politiques qui croupiraient dans les geôles russes, selon le dernier rapport du Memorial Human Rights Centre – contre 362 l’an dernier. Vladimir Poutine accentue la répression au point d’atteindre des chiffres comparables à l’époque soviétique. Dér..
Article 2 min
Plantatiocène : une nouvelle ère agricole
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Valeur de la production agricole mondiale en 2019 + 73 % depuis 2000 3,5 trillions de dollars 9,4 milliards de tonnes + 44 % de production de viande depuis 2000 En 2020, en termes de nutrition 770 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde + 18&nb..
PERSPECTIVES
Article 3 min
La Biélorussie et les migrants : une poudrière pour l’Europe ?
Nicolas Gastineau 02 décembre 2021
Depuis début novembre, des migrants sont pris en étau à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Instrumentalisés par le pouvoir biélorusse, ils sont au cœur d’un conflit géopolitique.
La Biélorussie et les migrants : une poudrière pour l’Europe ?
Article 3 min
Valeur travail ou travail valorisant ?
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
La « valeur travail » s’est imposée dans l’espace public et les débats politiques comme un nouvel enjeu idéologique. Auquel s’opposerait le « travail bien fait » ? Analyse avec le psychanalyste de la souffrance au travail Christophe Dejours.
Valeur travail ou travail valorisant ?
Article 3 min
Vincent Mignerot : “Le nucléaire n’a jamais remplacé le pétrole, il s’y ajoute”
Alexandre Lacroix 02 décembre 2021
À l’heure où Rolls-Royce se prépare à construire des mini-centrales moins coûteuses et où le président Emmanuel Macron annonce l’arrivée de nouveaux réacteurs en France, le chercheur Vincent Mignerot explique pourquoi le nucléaire n’est pas une solution au réchauffement climatique.
Vincent Mignerot : “Le nucléaire n’a jamais remplacé le pétrole, il s’y ajoute”
Article 2 min
Bactéries, l’avenir du médicament ?
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Soigner avec des bactéries ? L’idée est un peu folle mais est en train d’être expérimentée par une équipe de chercheurs. C’est en tout cas une révolution dans la façon d’appréhender la santé et la guérison.
Bactéries, l’avenir du médicament ?
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 3 min
Philanthrope ma non troppo
Sven Ortoli 02 décembre 2021
Il existe 260 000 fondations philanthropiques à travers le monde. Les 3/4 d’entre elles ont été créées lors des 25 dernières années dans 38 pays. Philanthropiquement parlant, les États-Unis sont la nation la plus généreuse du monde : en 2019, 450 m..
Philanthrope ma non troppo
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Bleu de travail. Identités de classe
Tobie Nathan 02 décembre 2021
Ce vêtement ouvrier est désormais le summum du chic, arboré par les fashionistas comme par les bobos. Quand l’habit fait le social-traître, est-ce notre appartenance à un groupe social qui se prend une veste ?
Bleu de travail. Identités de classe
DÉBAT
Dialogue 14 min
Camille Froidevaux-Metterie/Claude Habib : trans clash
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
Le sujet divise et les avis sont tranchés, au-delà même des personnes concernées, notamment parmi les féministes : l’expérience des personnes trans invite à réfléchir au genre, à l’identité personnelle et à la différence entre les sexes. Camille Froidevaux-Metterie et Claude Habib, deux philosophes en tous points opposées, en débattent frontalement.
Clash sur la question trans : un débat entre Camille Froidevaux-Metterie et Claude Habib
LE MÉTIER DE VIVRE
Article 8 min
Dmitry Glukhovsky. L’incarné du sous-sol
02 décembre 2021
Auteur notamment des romans Métro 2033, dystopie à succès déclinée en jeu vidéo, et Texto, qui vient d’être adapté au cinéma, cet écrivain est immensément populaire, notamment auprès de la jeunesse russe. Mais depuis qu’il a apporté son soutien à l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, il est dans le viseur du Kremlin. Rencontre.
Dmitry Glukhovsky. L’incarné du sous-sol
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Le pouvoir du dedans
Isabelle Sorente 02 décembre 2021
Pour faire face à la crise climatique, les nobles déclarations ne suffisent pas. Pas plus que les actions coup de poing. Changer « l’ordre du monde » exige avant tout une transformation intérieure, spirituelle.
Le pouvoir du dedans
DOSSIER
5 articles
À quoi voit-on qu’on a vieilli ?
Publié le 01 décembre 2021
Nous vivons en moyenne davantage d’années mais aussi plus longtemps en bonne santé que nos aînés. De nombreux retraités se sentent durablement en forme. Quant aux jeunes, ils ont souvent des préoccupations graves, comme le réchauffement climatique. L’opposition entre l’insouciance de la jeunesse et la sagesse venant avec l’âge n’a donc plus vraiment cours. Mais alors, à quoi sent-on qu’on a pris un coup de vieux ? Pour le découvrir, rendez-vous chez votre marchand de journaux ! Et si vous voulez nous retrouver chaque mois et avoir accès à tous nos articles, vous pouvez opter pour l’une de nos trois formules d’abonnement. > Nous avons posé la question à quatre auteurs, jeunes et moins jeunes : Pascal Bruckner, Chloé Delaume, Simon Johannin et Susan Neiman. Ils parlent de rides, de cernes, de sortie du marché de la séduction mais aussi d’une disposition morale qui évolue, et nous disent qu’avec l’âge, le présent acquiert une saveur particulière. > Le philosophe Nicolas Tenaillon identifie quatre signes non physiques de l’âge : le fait de surestimer ses forces, de devenir fataliste, de penser plus souvent à la mort ou de se sentir déphasé. Une brillante méditation en compagnie des classiques ! > De la sobriété à la folle dépense, les philosophes de la tradition ont imaginé bien des stratégies différentes face au vieillissement, sur lesquelles nous offrons une vue panoramique. > La situation des jeunes générations est étrange : après avoir subi le confinement et suivi des enseignements à distance, ils se retrouvent, un an et demi plus tard, à la fois plus vieux et sans nouvelles expériences. Nous avons enquêté sur cette sortie de l’hibernation, en bénéficiant de l’éclairage de la philosophe Marilyn Maeso. > Il y a deux moments de l’existence où nous vivons la « résurgence du natal », où la question de notre être au monde se pose à nouveaux frais : l’adolescence et la « vieillonge », explique dans un entretien étonnant l’écrivain Pascal Quignard, qui poursuit depuis vingt ans une œuvre fleuve hantée par la naissance et la mort, Dernier Royaume.
À quoi voit-on qu’on a vieilli ?
Article 9 min
Le jour où j’ai pris un coup de vieux
Alexandre Lacroix 01 décembre 2021
Quatre écrivains, romanciers et philosophes, racontent le moment où leur jeunesse s’en est allée avec humour, sarcasme mais aussi sérénité… Le bénéfice de l’âge ?
Le jour où j’ai pris un coup de vieux
Article 10 min
Des signes qui ne trompent pas
Nicolas Tenaillon 01 décembre 2021
On se croit souvent plus jeune qu’on est, mais certaines manières d’être et de penser nous trahissent. Plus subtils que l’âge, ces indices ont été repérés par les philosophes classiques et nous aident à identifier l’effet du temps.
Des signes qui ne trompent pas
Article 5 min
Les stratégies philosophiques pour faire face au vieillissement
Alexandre Lacroix 01 décembre 2021
Certains cherchent la tranquillité du corps et de l’esprit, dans laquelle ils voient une sorte d’éternité accessible sur Terre, tandis que d’autres font le pari que la dépense d’énergie amène l’être humain à traverser l’épreuve du temps. Saurez-vous trouver votre voie ?
Les stratégies philosophiques pour faire face au vieillissement
Article 10 min
Une jeunesse volée ?
Catherine Portevin 01 décembre 2021
Cours annulés puis à distance, soirées chez soi ou au bar du coin disparues… Pendant la pandémie, les jeunes se sont retrouvés privés du goût des autres et du monde, alors qu’ils sont à l’âge de toutes les découvertes. Ont-ils vieilli à ne pas vivre ? Leur faut-il désormais se lancer éperdument à la recherche du temps perdu ? Enquête.
Une jeunesse volée ?
Entretien 15 min
Pascal Quignard : “Profiter de tous les instants du jour est très suffisant”
Cédric Enjalbert 01 décembre 2021
De la course du temps, de ce qui est perdu et de la corruption des êtres, Pascal Quignard a fait le matériau poétique d’une œuvre monumentale, toute dédiée à l’exploration de nos origines. Alors que sort en janvier son nouveau roman – L’Amour la mer (Gallimard) –, l’auteur a accepté de nous recevoir pour parler de l’expérience de la vieillesse.
Pascal Quignard : “Profiter de tous les instants du jour est très suffisant”
LE GRAND ENTRETIEN
Entretien 16 min
Jürgen Habermas : “La philosophie cesserait d’être elle-même si elle perdait des yeux ‘le tout’”
Lisa Friedrich 02 décembre 2021
C’est l’un des philosophes vivants les plus écoutés mais aussi l’un des plus difficiles à lire : à 92 ans, Jürgen Habermas s’est entretenu avec notre rédaction allemande de façon exceptionnellement accessible. Alors que vient de paraître le premier tome de son Histoire de la philosophie, il retrace le parcours d’une vie dédiée à un idéal démocratique et témoigne d’un projet philosophique aussi déterminé qu’ambitieux : sauver l’usage public de la raison.
Jürgen Habermas : “La philosophie cesserait d’être elle-même si elle perdait des yeux ‘le tout’”
L’AVENTURE D’UN CLASSIQUE
5 articles
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Publié le 02 décembre 2021
C’est l’un des ouvrages les plus singuliers de Friedrich Nietzsche. Écrit comme un long poème en prose, empruntant à la démesure des opéras de Wagner, cet évangile sans religion déstabilise son lecteur, l’exhortant à se dépasser, à ne pas avoir peur, c’est-à-dire à vivre, tout simplement.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Article 11 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Le livre de toutes les audaces
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
C’est l’un des ouvrages les plus singuliers de Friedrich Nietzsche. Écrit comme un long poème en prose, empruntant à la démesure des opéras de Wagner, cet évangile sans religion déstabilise son lecteur, l’exhortant à se dépasser, à ne pas avoir peur, c’est-à-dire à vivre, tout simplement.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Article 2 min
Zarathoustra et compagnie
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
Tout au long de son parcours initiatique, Zarathoustra croise une galerie d’animaux et de personnages. Ces figures, tantôt des métaphores, tantôt des faire-valoir, déroutent tout autant qu’elles fascinent.
Article 2 min
Un poète intranquille
02 décembre 2021
En parallèle de ses essais, Nietzsche compose de la musique et écrit des poèmes, souvent marqués par le romantisme, avec une métrique libre, une nature au diapason de l’humeur souvent tourmentée du poète et des images parfois énigmatiques. Avec l’enfant, la montagne et l’heure de midi, on retrouve ici des échos d’Ainsi parlait Zarathoustra.
Article 5 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. La morale, par-delà bien et mal
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
Avec Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche tente de mettre à bas l’universalité de la morale. Une lecture décapante que présente le spécialiste et traducteur du philosophe, Guillaume Métayer.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
Article 21 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
02 décembre 2021
Nous reproduisons des extraits d’Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche traduits par Henri Albert.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi s’offre-t-on des cadeaux ?
Antony Chanthanakone 02 décembre 2021
Que vous apportera le Père Noël cette année? Avec un peu d’avance, déballez vos paquets avec ces quatre philosophes, et voyez quelles sont leurs surprises.
Pourquoi s’offre-t-on des cadeaux ?
Article 1 min
Uitwaaien
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Langue d’origine : néerlandais
Article 2 min
Imagination
Arthur Hannoun 02 décembre 2021
Ces cinq penseurs n’en manquent pas !
LIVRES/SÉLECTION DE FÊTES
Livre
Catherine Meurisse
La Jeune Femme et la Mer
Publié le 01 décembre 2021
Au début du XXe siècle, les Japonais ont développé un genre littéraire à part : le Watakushi shō-setsu, soit, littéralement, le « roman du je ». Contrairement à l’autofiction à l’occidentale, ce genre ne relève ni du rituel de la confession des secrets, ni d’une démarche psychanalytique. Les règles du Watakushi shōsetsu sont assez singulières : l’auteur doit se présenter dans un milieu naturel, mêler la description des paysages qui l’entourent et celle de sa vie intérieure, et, surtout, il lui faut donner l’impression au lecteur de ne suivre aucun plan prémédité, de laisser surgir ses impressions de manière fluide et spontanée. La Jeune Femme et la Mer de notre collaboratrice Catherine Meurisse peut se lire comme un Watakushi shōsetsu en bande dessinée. Elle s’y décrit arrivant au Japon pour une résidence d’artiste à la Villa Kujoyama (l’équivalent de la Villa Médicis, à Kyōto). Amoureuse de la nature ayant grandi dans la campagne poitevine comme elle l’a raconté dans Les Grands Espaces (2018), elle est venue au Japon non pas pour les mégapoles mais pour parcourir les champs, les forêts, les rivages. Dans le récit va s’inviter de manière semi-fantastique le héros d’un grand classique de la littérature japonaise, Oreiller d’herbes (1906) de Natsume Sōseki. Dans ce roman, qui est aussi un traité d’esthétique assez antimoderne, ou en tout cas attaché à raviver la culture ancienne du Japon, Sōseki met en scène un peintre qui ne va pas donner un seul coup de pinceau, ni produire la moindre esquisse, parce qu’il recherche « l’état qui permet de peindre un tableau ». Cet état, il ne peut le trouver que par la méditation, en s’ouvrant au monde, en devenant lui-même le vent et l’arbre qui ploie dans le vent. Avant de peindre, il cherche donc l’extase, c’est-à-dire une dissolution du point de vue subjectif, qui seule amène au seuil de l’essence des choses, dont la tradition bouddhiste enseigne qu’elles sont à la fois impersonnelles et impermanentes. Mais comment approcher l’« évanescence des choses » ? Au fil de la bande dessinée s’instaure une sorte de rivalité mais aussi de dialogue entre le héros de Sōseki, qui parle de peinture sans peindre, et Catherine Meurisse, qui se représente sans cesse un pinceau à la main. Il y a des gags, mais la légèreté et la décontraction du propos ne sont qu’apparentes – en fait, cet album peut se lire comme une excellente introduction à l’esthétique japonaise du paysage, jamais pesante mais scrupuleusement référencée.
La Jeune Femme et la Mer
Livre
Roger-Pol Droit
Un voyage dans les philosophies du monde
Publié le 01 décembre 2021
D’emblée, Roger-Pol Droit brise le tabou : non seulement on pense ailleurs que depuis le berceau grec de la philosophie, mais il y a de la raison et de la réflexivité dans ces systèmes de pensée extra-européens que l’on préfère souvent appeler visions du monde, sagesses ou spiritualités. Son voyage sera donc bien philosophique, appuyé sur les concepts comme autant de chemins variés par lesquels les humains se situent dans le cosmos. Cette philosophie « ouverte » dépasse largement les frontières de la discipline. Le périple commence par l’infini en Inde, se poursuit en Chine par le non-agir – si différent de la passivité –, médite ensuite avec la pensée juive l’histoire comme processus inachevé – toujours à bâtir – et finit par l’idée d’unité de la vérité au cœur du monde arabo-musulman. Cependant, le voyage ne parvient pas jusqu’aux continents africain et américain : non pas que la philosophie y soit absente, mais le manque de traces écrites empêche la reconstitution de ces philosophies orales. Véritable guide pédagogique invalidant le mythe d’une philosophie « pure », l’ouvrage s’avère d’autant plus précieux à un moment où des auteurs comme le taoïste Tchouang-tseu ou Averroès, le penseur de l’islam des Lumières, figurent désormais au programme du baccalauréat.
Un voyage dans les philosophies du monde
Livre
François Cheng
Vide et Plein. Le langage pictural chinois
Publié le 01 décembre 2021
Cet immense livre est un souffle porté par un trait de pinceau qui révèle le mystère de la Création. François Cheng a 50 ans lorsqu’il écrit son premier livre en français sur la peinture chinoise. Il n’est pas encore le poète académicien qu’il va devenir, mais toute son inspiration est déjà là. Paru en 1979 et dédié à Jacques Lacan, l’ouvrage, plusieurs fois republié en poche depuis, trouve ici la forme pleine et illustrée qu’à 92 ans, se trouvant lui-même « au bord du Grand Vide », le poète philosophe a soigneusement revue. Vide et Plein est pour lui le livre primordial où figure « l’essentiel de ce qu’[il] avai[t] à dire ». Il est aussi primordial pour nous, lecteurs, en restant ce qu’on a écrit de plus complet et profond sur cette « philosophie en action » qu’est le langage pictural chinois. Celui-ci est hanté par l’idée du Vide, un Rien dont tout provient et qui est animé par les souffles vitaux : le Yin, le Yang et le « Vide médian » qui transcende leur opposition. Cet « entre » est la respiration du vivant. Pour dessiner un tronc d’arbre par exemple, l’Occidental tracera une verticale de haut en bas, car « il capte une existence déjà donnée », tandis que le Chinois pose le trait de bas en haut pour « appréhender l’arbre dans sa vitalité interne », continuant à pousser depuis ses racines. Par les noms du trait de pinceau – « tête de rat », « queue de serpent », « à la petite hache » … –, par les pôles de la nature – Obscur-Clair, Montagne-Eau, Homme-Ciel… –, François Cheng nous ouvre l’Univers.
Vide et Plein. Le langage pictural chinois
Livre
Camille de Toledo (dir.)
Le Fleuve qui voulait écrire. Les auditions du parlement de Loire
Publié le 01 décembre 2021
De quels moyens disposons-nous pour agir face à la crise écologique ? Nous pouvons certes espérer une prise de conscience de la part des citoyens, nous en remettre aux chefs d’État ou compter sur la bonne volonté du marché. Mais ce livre explore une autre piste : le droit – en l’occurrence, la reconnaissance du statut juridique d’entités naturelles comme, par exemple, la Loire. Et pourquoi pas, puisqu’on en a bien accordé un aux entreprises, en leur permettant ainsi de mieux faire valoir leurs intérêts ? L’idée peut sembler révolutionnaire, mais elle n’est pas inédite à l’échelle du monde. En effet, depuis une dizaine d’années, plusieurs pays considèrent déjà des milieux naturels comme d’authentiques sujets de droit. Ce qui l’est davantage, c’est la voie empruntée pour parvenir à définir les contours de cette nouvelle organisation du droit et de notre vie en commun : réunir une assemblée constituante, un « parlement » rassemblant des philosophes comme Bruno Latour mais aussi des universitaires comme Frédérique Aït-Touati, des juristes, des géographes, etc. Ce sont leurs échanges, mis en récit par Camille de Toledo, qu’on trouvera retranscrits dans ce riche cahier de terrain qui transcende les disciplines comme les idées reçues.
Le Fleuve qui voulait écrire. Les auditions du parlement de Loire
Livre
J.R.R. Tolkien (illus. Ted Naismith, édition de Christopher Tolkien)
Le Silmarillion
Publié le 01 décembre 2021
Le succès du Seigneur des anneaux tient en grande partie, disait Tolkien, l’auteur de la saga, au sentiment que l’intrigue est soutenue par un monde beaucoup plus vaste que le nôtre : il est doté de sa propre cosmologie et de sa géographie imaginaire, héritier d’une histoire fictive de plusieurs siècles qui se racontent dans une pluralité de langues inventées – Tolkien était philologue de profession. Le Silmarillion, qui paraît dans une nouvelle traduction, permet de mesurer l’ampleur de cet arrière-plan mythique, retravaillé des décennies durant. Tout commence par la Musique : Eru, le dieu unique, convie les esprits angéliques à chanter. Le monde apparaît ensuite comme une Vision, à laquelle le Créateur conférera l’être (Tolkien est un catholique fervent, si l’on en doutait). Mais Morgoth se rebelle. Jaloux du pouvoir démiurgique qu’il ne possède pas, l’ange noir veut « être le Seigneur et Dieu de sa création personnelle ». Son indocilité se mue en un désir illimité de posséder le pouvoir pour refaçonner la réalité à sa guise. Tout Le Simarillion raconte la lutte contre ce « désir de la pure Domination », de la « déformation tyrannique ». Lutte désespérée s’il en est : d’une bataille à l’autre, le sang coule, les corps s’amoncellent, la dévastation se propage, entrecoupée seulement de rares moments de joie. Le mal est trop fort. C’est la tragédie des Elfes – « immortels tant que dure le monde » et condamnés par la réincarnation à « ne jamais l’abandonner même quand ils sont massacrés » – que d’endurer jusqu’au bout cette lente défaite. Viendront ensuite les « Successeurs », les Hommes, terrifiés par ce « Don » même que les Elfes leur envient : la mortalité, qui les « affranchit des cercles du monde ». Au-delà du récit, magnifique, la puissance du Silmarillion tient pour beaucoup à ce dialogue souterrain de la mortalité et de l’immortalité.
Le Silmarillion
Livre
Fredric Jameson
Archéologies du futur
Publié le 01 décembre 2021
À quoi servent les utopies ? Marx les accusait d’égarer l’énergie révolutionnaire. Pour les réformistes, elles détournent du cours inéluctable du progrès. Selon le critique littéraire et spécialiste du marxisme Fredric Jameson, leur rôle est d’une autre nature. Dans cette réédition des Archéologies du futur, son grand livre paru en 2005 – ici publié en compagnie de Penser avec la science-fiction dans une traduction révisée –, les utopies sont mises en résonance les unes avec les autres, depuis Thomas More au XVIe siècle jusqu’aux auteurs de science-fiction du XXe siècle. Chacune porte en elle une préoccupation essentielle, un centre de gravité : pour Charles Fourier, c’est le désir, pour Saint-Simon l’administration, pour Edward Bellamy la méritocratie, pour William Morris la fin du travail aliéné… Chaque utopie tente de répondre à une souffrance majeure, béante, spécifique à son époque. Contrairement à la foi dans le progrès, elle ne vise pas à une amélioration progressive mais à une solution radicale. Que reste-t-il des utopies dans les années 2000 demande Fredric Jameson ? Sont-elles encore pensables et désirables ? D’après lui, l’idée de totalité sociale a disparu et avec elle le projet utopiste. Est-ce une perte irrémédiable ? Non, répond-il, car ce qui compte, ce n’est pas tant que l’utopie soit réalisable mais qu’elle soit capable d’irradier la réalité. Elle agit comme une force d’attraction, un horizon plutôt qu’un levier. Dès lors, sa dimension imaginaire devient décisive. Là réside le sens de l’autre partie du volume, Penser avec la science-fiction. Désormais, la force de l’utopie n’est plus dans un système global mais, au contraire, dans une pluralité d’enclaves où s’abolissent les frustrations et où le rationnel et l’onirique se mêlent. Ces archipels prospèrent du côté de la science-fiction technologique mais aussi au sein de la « fantasy » et de ses chimères. Comme le pensait déjà Ernst Bloch, l’utopie s’incarne dans les détails du quotidien, dans des émotions à peine formulées, des rêveries tenaces. Elle est avant tout du domaine de l’attente. Philippe Garnier
Archéologies du futur
Livre
Claude Ponti
Blaise, Isée et le Tue-Planète
Publié le 01 décembre 2021
Il n’est certainement pas évident de parler de réchauffement climatique ou d’écologie aux enfants sans les endoctriner. Mais notre collaborateur Claude Ponti, lui, n’a pas son pareil pour déplacer les enjeux réels sur le terrain de l’imaginaire. Dans un précédent album, Bih-Bih et le Bouffron-Gouffron (2009), il avait mis en scène un monstre goulu, le Bouffron-Gouffron, en train de dévorer jusqu’à la dernière miette du monde. Cette fois-ci, « un Tue-Planète détruit les planètes une par une, chacune de façon différente. Végule III est étouffée par une forêt mortelle, K. H. 27 n’est plus qu’un océan où il pleut tout le temps, Carmine IV est une boule de banquise, Blogole est en ruine… » Le tour est joué, Ponti est un faux farfelu qui vient de suggérer que les planètes aussi sont mortelles. Mais le plus intéressant, chez cet auteur « jeunesse », est la fragilité des monstres. Pour venir à bout d’un monstre, il faut découvrir son point faible. C’est ainsi qu’Hippolène vainc l’affreux Ortic d’une seule réplique : « Je n’ai pas peur de moi ! » (L’Arbre sans fin, 1992). Que le Kontroleur de Kata-stroffe explose après avoir reçu un jet d’utikipip à l’envers – de « pipi-qui-tue », donc (Blaise et le Kontroleur de Katastroffe, 2014). Qu’Isée aplatit l’Ekrazatouteur en se transformant en dessin, ce qu’elle est réellement (L’Avie d’Isée, 2013). Cette fois-ci, pour anéantir le Tue-Planète, il faut que ce dernier soit entier, donc il convient de commencer par le réparer avant de le détruire… Logique, ou plutôt écologique, non ?
Blaise, Isée et le Tue-Planète
Livre
Mohamed Mbougar Sarr
La Plus Secrète Mémoire des hommes
Publié le 01 décembre 2021
« Je vais te donner un conseil : n’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. » Désavouons d’emblée l’un des personnages secondaires de La Plus Secrète Mémoire des hommes, et tentons de dire quelques mots de ce qui est incontestablement l’un des grands livres de la rentrée littéraire 2021. Les jurys des grands prix ne s’y sont pas trompés, qui l’ont sélectionné sur quasiment toutes leurs listes (avant qu’il obtienne le plus prestigieux, le prix Goncourt) – ce qui n’est pas toujours un gage de qualité mais tout de même, cela dit quelque chose. Alors de quoi retourne-t-il, ce quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr, écrivain sénégalais d’à peine 30 ans, arrivé en France à 18, et dont le nom, depuis la fin de l’été, passe de lèvre en lèvre comme un secret de polichinelle ? Le sujet : Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais – que l’on peut légitimement imaginer être un double littéraire de l’auteur – découvre un roman mythique et maudit paru en 1938, et signé d’un certain T. C. Elimane. Mythique parce qu’il fit scandale en son temps, maudit parce qu’il est depuis introuvable, et que son auteur a disparu sans laisser de traces. Diégane Latyr Faye se lance alors à la recherche du mystérieux « Rimbaud nègre », lointainement inspiré du Malien Yambo Ouologuem, dont Le Devoir de violence fut encensé par la critique et couronné du prix Renaudot en 1968 avant que l’auteur soit accusé de plagiat. Mille choses sont au cœur de La Plus Secrète Mémoire des hommes, roman ambitieux, érudit, tourbillonnant, qui pose mille questions dont celles-ci : peut-on réellement juger un roman sans prêter attention à l’état civil de son auteur ? Mais aussi : est-ce qu’un écrivain africain ne reste pas un étranger aux yeux des Français, quelle que soit la valeur de son œuvre ? Et encore : pourquoi les écrivains sont parmi les plus médiocres amants ? Et puis : est-ce que la littérature est un moyen de sauver le monde ou le seul moyen de ne pas s’en sauver ? Et tant d’autres auxquelles Sarr esquisse des réponses dans une langue inventive et lyrique qu’on laisse à regret au bout de 450 pages, le souffle coupé, en songeant que s’il ne faudrait jamais dire de quoi parle un grand livre, il faut tout de même en saluer la parution.
La Plus Secrète Mémoire des hommes
Livre
François Angelier
Georges Bernanos. La colère et la grâce
Publié le 01 décembre 2021
Contempteur de la « bien-pensance », franc-tireur hostile au conformisme, penseur libre affranchi des idéologies, Georges Bernanos est sans conteste dans l’air du temps. La biographie brillante que lui consacre François Angelier est l’occasion de parcourir à nouveau la vie mouvementée – romanesque même – d’un homme qui, de la France de l’entre-deux-guerres à son exil au Brésil, a tracé son chemin en solitaire, fidèle seulement à « l’étoile qu’il fixe », « l’honneur du Christ », dans un monde en plein bouleversement dont il n’a de cesse de dénoncer les travers. Au risque d’attiser des inimitiés, dont il fait peu de cas. « Bernanos vit droit avec des lignes courbes », écrit son biographe : il garde le cap de ses convictions, mais sa réflexion ne se fige jamais. Un homme difficile à suivre, du moins aux yeux de ses contemporains. Proche des antisémites de l’Action française, il écrit en 1939 : « J’aimerais mieux être fouetté par le rabbin d’Alger que faire souffrir une femme ou un enfant juif. » Royaliste, il dénonce les milieux traditionalistes et réactionnaires : « Qui dit conservateur dit surtout conservateur de soi-même. » Bernanos cultive avec un certain héroïsme ce « génie de la con-tradiction ». C’est sans doute pourquoi il ne s’enferme dans aucune chapelle humaine.
Georges Bernanos. La colère et la grâce
Livre
Jan Patočka (préface de Renaud Barbaras)
Carnets philosophiques (1945-1950)
Publié le 01 décembre 2021
« Le remplissement, l’accomplissement de la vie est […] ce à quoi nous aspirons de par notre vie. » Mais à quoi tient donc cet accomplissement ? C’est l’une des nombreuses questions abordées par Patočka au fil de ses Carnets. Elle possède un double mérite : parler à tout le monde, tout en donnant un aperçu des aspects les plus novateurs de la pensée du philosophe tchèque, disciple de Husserl et opposant actif au régime communiste, qui mourut en 1977 des suites d’un interrogatoire policier. La « vie normale », note-t-il, s’appréhende dans une alternance « purement contingente » de satisfaction et de perte, de plaisirs et de peines que nous éprouvons au contact des choses. Au contraire, il faut penser le remplissement « dans le rapport au monde » lui-même, « en dehors du rapport aux choses du monde qui vont et viennent et font l’objet de simples rencontres ». Ce dépouillement ne débouche pas sur l’angoisse d’un néant. Nous y entrevoyons « la vie même, éternelle, dans sa splendeur et son jaillissement », et qui sous-tend le mouvement de manifestation de toute chose, de la pierre à l’homme. L’accomplissement de soi suppose donc une sortie de soi au-delà de la vie individuelle « enfermée en elle-même », une ouverture à la « puissance » de la nature. « La nature n’est aucune créature, mais plutôt le moi universel, oublieux de soi et cherchant à se ressouvenir. » C’est comme pour s’éprouver elle-même que la nature se déploie comme multiplicité d’individus : « L’individu n’est certes qu’une vague à la surface de la vie, mais la vie ne peut se mouvoir autrement que dans de telles vagues. » Patočka rejette par conséquent les entreprises de négation de l’individualité. La « désunion de la vie » est nécessaire. Nous sommes séparés de la vie du monde qui nous porte, et c’est cette séparation qui nous permet de nous y rapporter sans jamais l’accaparer. Notre soif du monde se creuse en même temps qu’elle se comble.
Carnets philosophiques (1945-1950)
Livre
Élisabeth de Fontenay
L’Identité humaine
Publié le 01 décembre 2021
Il pourrait y avoir une discrète provocation de la part d’Élisabeth de Fontenay, connue pour son engagement philosophique dans la cause animale (avec son livre majeur Le Silence des bêtes, 1998) à intituler ce volume qui récapitule son œuvre « L’Identité humaine ». Mais c’est bien dans la manière de la philosophe de laisser coexister les contradictions. Son éclectisme revendiqué, qui la mène de Lucrèce au « matérialisme enchanté » de Diderot, de la lutte des classes à la déconstruction avec Derrida et Lyotard, est tout sauf réconcilié. Cet ensemble de textes soigneusement choisis permet d’entrer dans une pensée et d’entendre une voix, nette, vivante, ne renonçant ni à la bataille d’idées (comme dans ses échanges avec Alain Finkielkraut ou Stéphane Bou), ni à la sensibilité, empathique et têtue. Fille d’un grand résistant en rupture avec sa famille catholique fidèle à l’Action française et d’une mère juive qui ne parla jamais de l’extermination des siens à Auschwitz, Élisabeth de Fontenay pense au bord du gouffre, dans « la stupeur » de la Shoah. Et si, écrit-elle dans sa préface, tout « en pourchassant le propre de l’homme », elle creuse l’énigme de l’humanité, c’est pour y rapatrier obstinément certains êtres qui en sont comme les « secrets » : son frère autiste auquel son livre Gaspard de la nuit, paru en 2018 et republié ici, rend existence, et son cousin assassiné à l’âge de 7 ans dans une chambre à gaz.
L’Identité humaine
Livre
Raphaël Meltz et Louise Moaty (textes), Simon Roussin (dessin)
Des vivants
Publié le 01 décembre 2021
« Il dépend de celui qui passe / Que je sois tombe ou trésor / Que je parle ou me taise. » Ces vers de Paul Valéry ornent le fronton du musée de l’Homme. L’institution créée en 1937 est le principal décor de cette bande dessinée. C’est au sein de ce « musée pour l’homme » – selon les mots de son fondateur, l’ethnologue Paul Rivet, pour qui « le génie d’invention n’est pas le privilège des Blancs » – que naît l’un des premiers réseaux de la Résistance face à l’occupant allemand. Pour retracer son histoire, Raphaël Meltz et Louise Moaty se sont appuyés sur une documentation rigoureuse. Une richesse magnifiée par la narration dynamique et le graphisme tout en ellipses de Simon Roussin, qui témoigne de l’action de ce groupe issu d’horizons très variés et dirigé par l’ethnologue Boris Vildé. S’il mène des actions « classiques », c’est avant tout à une lutte culturelle qu’il se consacre : il s’agit, comme l’affirme Jean Cassou qui lance le bulletin Résistance, de « réveiller la conscience du public français ». Un combat pour lequel, prévient Vildé, ces femmes et ces hommes n’auront « rien à gagner, mais beaucoup à perdre ». Sept d’entre eux seront fusillés au mont Valérien le 23 février 1942. Leur « histoire est finie », annonce Germaine Tillion en ouverture de ce récit, pourtant, grâce à ce livre, sa portée résonne encore.
Des vivants
Livre
David Graeber et David Wengrow
Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité
Publié le 01 décembre 2021
« Mon cerveau est comme endolori de stupéfaction engourdie », tweete un soir d’août 2020, quelques semaines avant sa mort soudaine, l’anthropologue américain David Graeber (1961-2020). On imagine aisément Graeber confus, puisqu’il vient alors d’achever un ouvrage colossal (630 pages et 70 de bibliographie !), sur lequel il travaillait depuis dix ans avec l’archéologue David Wengrow. Un menhir de plus à l’édifice contemporain de la Big History, soit le méta-récit des origines de l’humanité, qui a fait le succès de Yuval Noah Harari (Sapiens) ou de Jared Diamond (De l’inégalité parmi les sociétés). Graeber et Wengrow tentent de tracer un chemin qui rende compte des tribulations socio-politiques d’Homo sapiens depuis l’apparition de l’espèce jusqu’à la Modernité. Mais ce chemin n’est pas une ligne droite, qui mène sans détour des chasseurs-cueilleurs à l’État moderne, plutôt une étoile à multiples bras, un « carnaval de formes politiques » et « d’expérimentations sociales audacieuses ». Reste une question, essentielle pour un anarchiste comme Graeber : la victoire de l’État sur d’autres types d’organisation était-elle inéluctable après l’invention de l’agriculture – thèse dominante de la Big History ? De fait, l’État a gagné, admettent les auteurs. Mais cela ne signifie peut-être pas qu’il devait gagner, que sa victoire était inscrite dans une quelconque téléologie. Alors point de déterminisme – c’est du moins ce à quoi le livre tient. Ni celui de l’économie, avec la rareté ou l’abondance des ressources qui engendreraient mécaniquement un gouvernement autoritaire ou libertaire. Ni celui de la technique, qui veut réduire l’humanité à son outil, de bronze puis de fer. Graeber et Wengrow racontent toutes les fois, à Taosi ou à Teotihuacan, en Amazonie ou en Turquie, où des Sapiens ont œuvré à contre-courant. Dans leur récit, les anciens humains ne sont pas des objets passifs et ballottés par les circonstances mais des acteurs politiques conscients. L’histoire du monde n’est pas le rail d’un train mais une grande agora où se négocient, depuis la nuit des temps, les diverses formes du gouvernement.
Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité
Livre
Irene Vallejo
L’Infini dans un roseau. L’invention des livres dans l’Antiquité
Publié le 01 décembre 2021
C’est un livre sur les livres, sur leur histoire et, indissociablement, sur l’amour qu’ils inspirent. Et dans le cas d’Irene Vallejo, c’est même une véritable passion. Et sa passion est communicative, car elle parvient à entraîner ses lecteurs dans la formidable épopée de l’invention de ce qu’on appelle aujourd’hui « livre », qui a connu bien des supports durant les siècles, des papyrus de l’Antiquité jusqu’à nos liseuses contemporaines, en passant par les tablettes d’argile et les parchemins. Très érudit mais sans jamais en avoir l’air, indistinctement travail universitaire par son contenu et récit de fiction par sa forme, l’ouvrage de la jeune autrice espagnole se lit comme un roman d’aventures. Mêlant dialogues entre les personnages historiques et précisions techniques sur les procédés de fabrication, descriptions et interprétations psychologiques, voire digressions plus personnelles, le style enlevé d’Irene Vallejo ne s’interdit rien. Et quelle réussite ! Best-seller surprise en Espagne, qualifié de « chef-d’œuvre » par Mario Vargas Llosa, traduit dans de nombreux pays où il rencontre un succès tant public que critique, il fait voyager de la bibliothèque d’Alexandrie aux manuscrits enluminés d’Oxford avec le même émerveillement pour le génie humain grâce auquel « le livre a surmonté l’épreuve du temps ». Capable de survivre à toutes les modes et de s’adapter à toutes les technologies, le livre a suffisamment d’arguments pour démentir toutes les cassandres qui annoncent sa disparition à venir... car, au fond, pour transmettre savoirs et imaginaires, « on n’a jamais rien trouvé de mieux ».
L’Infini dans un roseau. L’invention des livres dans l’Antiquité
Livre
Daniel Arasse
L’Ambition de Vermeer
Publié le 01 décembre 2021
Pourquoi Vermeer (1632-1675) fascine-t-il ? Parce qu’on ne sait presque rien sur sa vie ? Parce qu’il n’a peint que 34 tableaux ? Parce qu’il propose des scènes d’intérieur qui nous plongent dans une atmosphère à la fois sereine et inquiète ? Que contient la lettre que lit cette femme ? À quoi pense cette joueuse de clavecin ? Pour nous aider à pénétrer ce mystère, le critique d’art Daniel Arasse, disparu en 2003, a rédigé en 1993 une enquête sur « le Sphinx de Delft », rééditée en format de poche. Il ne se contente pas de célébrer la magie de ses tableaux. Il en fait l’ambition consciente du peintre, explorée au travers d’analyses des cartes visibles dans ses tableaux, du style volontairement « flou » de Vermeer, d’une construction de l’espace qui rend « la figure humaine […] présente, proche même, mais comme protégée […] de toute communication directe ». Il consacre aussi une longue interprétation à « l’Art de la peinture » que Vermeer a voulu garder chez lui comme un manifeste privé. Arasse en déduit une théologie picturale chez ce protestant converti au catholicisme pour qui la lumière divine imprègne nos gestes. Et suggère une philosophie du visible qui recèle l’inconnaissable. Ces êtres, ces objets, enfermés dans leur espace privé et leur intériorité, mais en contact secret avec le monde extérieur, nous ne les connaîtrons jamais. Et le trouble que l’on devine chez ses personnages, nous le ressentons, nous aussi.
L’Ambition de Vermeer
Livre
Pierre Singaravélou
Les Mondes d’Orsay
Publié le 01 décembre 2021
Le pluriel arboré par le titre de ce beau livre ne surprend point. Le XIXe siècle et le jeune XXe siècle, qu’embrasse le musée d’Orsay, ne se distinguent-ils pas par la diversité des arts (peinture, sculpture, photographie…) et des artistes faisant du monde leur champ ? Mais la portée de ce pluriel est autrement plus grande. Car les commentaires éclairants de l’historien Pierre Singaravélou mettent au jour ce fait incontestable : l’art en mouvement du musée d’Orsay a pour sol nourricier les mutations sociales, politiques et technologiques propres à cette période, parmi lesquels figurent l’avènement du socialisme ou encore le progrès ferroviaire. Il est ainsi coextensif de ce qu’on pourrait déjà nommer une mondialisation prenant tantôt les sombres traits d’une entreprise coloniale autant immortalisée que légitimée, tantôt ceux d’un orientalisme teinté d’un exotisme impérieux. Mais, surtout, on a affaire à un art « connecté » entre les nations. En témoigne l’exemple de la célèbre Statue de la liberté (dont le musée d’Orsay possède un modèle réduit), symbole de l’identité nationale états-unienne, qui s’inspire pourtant presque entièrement d’un projet égyptien conçu par le sculpteur Bartholdi. Ainsi, comme le rappelle l’historien, « rien de plus international que la construction des identités nationales ».
Les Mondes d’Orsay
CULTURE
Article 2 min
“Les Démons” : le choc des idéologies
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
En adaptant pour la scène le roman de Dostoïevski, Guy Cassiers et la troupe de la Comédie-Française soulignent l’impasse du nihilisme et le danger des idéologies, hier comme aujourd'hui.
“Les Démons” : le choc des idéologies
Article 2 min
“Tromperie” : jeu de l’ego
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
“L'esprit est une sorte de théâtre”, écrivait David Hume. Une sentence que le réalisateur Arnaud Desplechin a peut-être fait sienne en adaptant Philip Roth dans son dernier film, où les personnages prennent un malin plaisir à se retourner contre leur créateur-narrateur. Toujours est-il que ses acteurs et lui sortent ici le grand Je !
“Tromperie” : jeu de l’ego
Article 2 min
“Enfin le cinéma !” : Orsay fait son cinéma
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
Rassemblant sculptures, peintures, photos, films et objets, cette passionnante exposition présentée au musée d’Orsay à Paris présente les débuts de l’art en mouvement, à l'aube de la modernité. L'acte de naissance de la Société du spectacle ?
“Enfin le cinéma !” : Orsay fait son cinéma
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 14. Tombons des nues
François Morel 02 décembre 2021
L’histoire de Jésus est incroyable. Un garçon dans la force de l’âge, la petite trentaine, élancé, sportif, pas bête… Les cheveux au vent, la barbe de trois jours, décontracté… En plus de ça, sympathique, séduisant, doux, brillant. Alain Delon à côté de lui, c’est Paul Pr..
Conseil n° 14. Tombons des nues
JEU
Article 1 min
Philocroisés #75
Gaëtan Goron 02 décembre 2021
Horizontalement I. Socle d’articulation des savoirs chez Foucault. II. Soude. On les associe à Longchamp et aux courses. III. Disciple selon Zarathoustra. IV. Petit conducteur. Dieu soleil. Bois précieux d’Inde. V. Sa vie sans morale ni vérité n’a au..
Philocroisés #74
LE QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Aurélien Bellanger. L’apesanteur et la grâce
Sven Ortoli 02 décembre 2021
Ceux qui l’apprécient en parlent comme d’un héritier de Balzac. Ses détracteurs en parlent comme d’un Houellebecq passé par Port-Royal – no sex tonight et style « Wikipédia »
(Philomag)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
N°155 - Décembre 2021-Janvier 2022 - A quoi voit-on qu'on a vieilli ? [texte imprimé] . - 2021 . - 98 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Philosophie Tags : vieillissement trans identité sexuelle Jürgen Habermas Nietzsche Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Nous vivons en moyenne davantage d’années mais aussi plus longtemps en bonne santé que nos aînés. De nombreux retraités se sentent durablement en forme. Quant aux jeunes, ils ont souvent des préoccupations graves, comme le réchauffement climatique. L’opposition entre l’insouciance de la jeunesse et la sagesse venant avec l’âge n’a donc plus vraiment cours. Mais alors, à quoi sent-on qu’on a pris un coup de vieux ?
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(Philomag)Note de contenu : ÉDITO
Article 3 min
Un tombeau au cœur de l’été
Alexandre Lacroix 02 décembre 2021
J’ai emménagé seul l’été après le bac, juste avant mes 18 ans. C’était la première fois que je me trouvais en autonomie complète. En plein mois d’août, Paris était désert, et j’avais des démarches nouvelles à accomplir, qui me paraissaient exotiques, comme me rendre da..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Où trouver la force ?”
Charles Pépin 02 décembre 2021
Question de Cerise Sauvage
“Où trouver la force ?”
REPÉRAGES
Article 2 min
Protection partagée
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
C’est une première mondiale : le gynécologue malaisien John Tang Ing Chinh a mis au point le premier préservatif unisexe, baptisé Wondaleaf Unisex Condom. Son principe ? L’une des faces est recouverte d’un adhésif et peut être tournée, au choix, vers l’intérieur (pour se fixer au..
Protection partagée
Article 1 min
“Fragilité”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
“On voit distinctement, quand on jette l’œil par le hublot de la Station spatiale, la fragilité de la Terre” Thomas Pesquet, lors d’une conversation avec Emmanuel Macron le jeudi 4 novembre. “La fragilité d’un système est une autre manière de souligner ..
Article 1 min
“Nativisme”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Raciste, xénophobe, identitaire : comment qualifier la droite extrême contemporaine ? Aucun de ces termes n’est faux, mais il faut leur en adjoindre un autre pour comprendre comment ce discours qui oppose des Français « de souche » et d’autres « de papier » a conta..
“Nativisme”
Article 1 min
“420”
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
C’est le nombre de prisonniers politiques qui croupiraient dans les geôles russes, selon le dernier rapport du Memorial Human Rights Centre – contre 362 l’an dernier. Vladimir Poutine accentue la répression au point d’atteindre des chiffres comparables à l’époque soviétique. Dér..
Article 2 min
Plantatiocène : une nouvelle ère agricole
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Valeur de la production agricole mondiale en 2019 + 73 % depuis 2000 3,5 trillions de dollars 9,4 milliards de tonnes + 44 % de production de viande depuis 2000 En 2020, en termes de nutrition 770 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde + 18&nb..
PERSPECTIVES
Article 3 min
La Biélorussie et les migrants : une poudrière pour l’Europe ?
Nicolas Gastineau 02 décembre 2021
Depuis début novembre, des migrants sont pris en étau à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Instrumentalisés par le pouvoir biélorusse, ils sont au cœur d’un conflit géopolitique.
La Biélorussie et les migrants : une poudrière pour l’Europe ?
Article 3 min
Valeur travail ou travail valorisant ?
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
La « valeur travail » s’est imposée dans l’espace public et les débats politiques comme un nouvel enjeu idéologique. Auquel s’opposerait le « travail bien fait » ? Analyse avec le psychanalyste de la souffrance au travail Christophe Dejours.
Valeur travail ou travail valorisant ?
Article 3 min
Vincent Mignerot : “Le nucléaire n’a jamais remplacé le pétrole, il s’y ajoute”
Alexandre Lacroix 02 décembre 2021
À l’heure où Rolls-Royce se prépare à construire des mini-centrales moins coûteuses et où le président Emmanuel Macron annonce l’arrivée de nouveaux réacteurs en France, le chercheur Vincent Mignerot explique pourquoi le nucléaire n’est pas une solution au réchauffement climatique.
Vincent Mignerot : “Le nucléaire n’a jamais remplacé le pétrole, il s’y ajoute”
Article 2 min
Bactéries, l’avenir du médicament ?
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Soigner avec des bactéries ? L’idée est un peu folle mais est en train d’être expérimentée par une équipe de chercheurs. C’est en tout cas une révolution dans la façon d’appréhender la santé et la guérison.
Bactéries, l’avenir du médicament ?
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 3 min
Philanthrope ma non troppo
Sven Ortoli 02 décembre 2021
Il existe 260 000 fondations philanthropiques à travers le monde. Les 3/4 d’entre elles ont été créées lors des 25 dernières années dans 38 pays. Philanthropiquement parlant, les États-Unis sont la nation la plus généreuse du monde : en 2019, 450 m..
Philanthrope ma non troppo
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Bleu de travail. Identités de classe
Tobie Nathan 02 décembre 2021
Ce vêtement ouvrier est désormais le summum du chic, arboré par les fashionistas comme par les bobos. Quand l’habit fait le social-traître, est-ce notre appartenance à un groupe social qui se prend une veste ?
Bleu de travail. Identités de classe
DÉBAT
Dialogue 14 min
Camille Froidevaux-Metterie/Claude Habib : trans clash
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
Le sujet divise et les avis sont tranchés, au-delà même des personnes concernées, notamment parmi les féministes : l’expérience des personnes trans invite à réfléchir au genre, à l’identité personnelle et à la différence entre les sexes. Camille Froidevaux-Metterie et Claude Habib, deux philosophes en tous points opposées, en débattent frontalement.
Clash sur la question trans : un débat entre Camille Froidevaux-Metterie et Claude Habib
LE MÉTIER DE VIVRE
Article 8 min
Dmitry Glukhovsky. L’incarné du sous-sol
02 décembre 2021
Auteur notamment des romans Métro 2033, dystopie à succès déclinée en jeu vidéo, et Texto, qui vient d’être adapté au cinéma, cet écrivain est immensément populaire, notamment auprès de la jeunesse russe. Mais depuis qu’il a apporté son soutien à l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, il est dans le viseur du Kremlin. Rencontre.
Dmitry Glukhovsky. L’incarné du sous-sol
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Le pouvoir du dedans
Isabelle Sorente 02 décembre 2021
Pour faire face à la crise climatique, les nobles déclarations ne suffisent pas. Pas plus que les actions coup de poing. Changer « l’ordre du monde » exige avant tout une transformation intérieure, spirituelle.
Le pouvoir du dedans
DOSSIER
5 articles
À quoi voit-on qu’on a vieilli ?
Publié le 01 décembre 2021
Nous vivons en moyenne davantage d’années mais aussi plus longtemps en bonne santé que nos aînés. De nombreux retraités se sentent durablement en forme. Quant aux jeunes, ils ont souvent des préoccupations graves, comme le réchauffement climatique. L’opposition entre l’insouciance de la jeunesse et la sagesse venant avec l’âge n’a donc plus vraiment cours. Mais alors, à quoi sent-on qu’on a pris un coup de vieux ? Pour le découvrir, rendez-vous chez votre marchand de journaux ! Et si vous voulez nous retrouver chaque mois et avoir accès à tous nos articles, vous pouvez opter pour l’une de nos trois formules d’abonnement. > Nous avons posé la question à quatre auteurs, jeunes et moins jeunes : Pascal Bruckner, Chloé Delaume, Simon Johannin et Susan Neiman. Ils parlent de rides, de cernes, de sortie du marché de la séduction mais aussi d’une disposition morale qui évolue, et nous disent qu’avec l’âge, le présent acquiert une saveur particulière. > Le philosophe Nicolas Tenaillon identifie quatre signes non physiques de l’âge : le fait de surestimer ses forces, de devenir fataliste, de penser plus souvent à la mort ou de se sentir déphasé. Une brillante méditation en compagnie des classiques ! > De la sobriété à la folle dépense, les philosophes de la tradition ont imaginé bien des stratégies différentes face au vieillissement, sur lesquelles nous offrons une vue panoramique. > La situation des jeunes générations est étrange : après avoir subi le confinement et suivi des enseignements à distance, ils se retrouvent, un an et demi plus tard, à la fois plus vieux et sans nouvelles expériences. Nous avons enquêté sur cette sortie de l’hibernation, en bénéficiant de l’éclairage de la philosophe Marilyn Maeso. > Il y a deux moments de l’existence où nous vivons la « résurgence du natal », où la question de notre être au monde se pose à nouveaux frais : l’adolescence et la « vieillonge », explique dans un entretien étonnant l’écrivain Pascal Quignard, qui poursuit depuis vingt ans une œuvre fleuve hantée par la naissance et la mort, Dernier Royaume.
À quoi voit-on qu’on a vieilli ?
Article 9 min
Le jour où j’ai pris un coup de vieux
Alexandre Lacroix 01 décembre 2021
Quatre écrivains, romanciers et philosophes, racontent le moment où leur jeunesse s’en est allée avec humour, sarcasme mais aussi sérénité… Le bénéfice de l’âge ?
Le jour où j’ai pris un coup de vieux
Article 10 min
Des signes qui ne trompent pas
Nicolas Tenaillon 01 décembre 2021
On se croit souvent plus jeune qu’on est, mais certaines manières d’être et de penser nous trahissent. Plus subtils que l’âge, ces indices ont été repérés par les philosophes classiques et nous aident à identifier l’effet du temps.
Des signes qui ne trompent pas
Article 5 min
Les stratégies philosophiques pour faire face au vieillissement
Alexandre Lacroix 01 décembre 2021
Certains cherchent la tranquillité du corps et de l’esprit, dans laquelle ils voient une sorte d’éternité accessible sur Terre, tandis que d’autres font le pari que la dépense d’énergie amène l’être humain à traverser l’épreuve du temps. Saurez-vous trouver votre voie ?
Les stratégies philosophiques pour faire face au vieillissement
Article 10 min
Une jeunesse volée ?
Catherine Portevin 01 décembre 2021
Cours annulés puis à distance, soirées chez soi ou au bar du coin disparues… Pendant la pandémie, les jeunes se sont retrouvés privés du goût des autres et du monde, alors qu’ils sont à l’âge de toutes les découvertes. Ont-ils vieilli à ne pas vivre ? Leur faut-il désormais se lancer éperdument à la recherche du temps perdu ? Enquête.
Une jeunesse volée ?
Entretien 15 min
Pascal Quignard : “Profiter de tous les instants du jour est très suffisant”
Cédric Enjalbert 01 décembre 2021
De la course du temps, de ce qui est perdu et de la corruption des êtres, Pascal Quignard a fait le matériau poétique d’une œuvre monumentale, toute dédiée à l’exploration de nos origines. Alors que sort en janvier son nouveau roman – L’Amour la mer (Gallimard) –, l’auteur a accepté de nous recevoir pour parler de l’expérience de la vieillesse.
Pascal Quignard : “Profiter de tous les instants du jour est très suffisant”
LE GRAND ENTRETIEN
Entretien 16 min
Jürgen Habermas : “La philosophie cesserait d’être elle-même si elle perdait des yeux ‘le tout’”
Lisa Friedrich 02 décembre 2021
C’est l’un des philosophes vivants les plus écoutés mais aussi l’un des plus difficiles à lire : à 92 ans, Jürgen Habermas s’est entretenu avec notre rédaction allemande de façon exceptionnellement accessible. Alors que vient de paraître le premier tome de son Histoire de la philosophie, il retrace le parcours d’une vie dédiée à un idéal démocratique et témoigne d’un projet philosophique aussi déterminé qu’ambitieux : sauver l’usage public de la raison.
Jürgen Habermas : “La philosophie cesserait d’être elle-même si elle perdait des yeux ‘le tout’”
L’AVENTURE D’UN CLASSIQUE
5 articles
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Publié le 02 décembre 2021
C’est l’un des ouvrages les plus singuliers de Friedrich Nietzsche. Écrit comme un long poème en prose, empruntant à la démesure des opéras de Wagner, cet évangile sans religion déstabilise son lecteur, l’exhortant à se dépasser, à ne pas avoir peur, c’est-à-dire à vivre, tout simplement.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Article 11 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Le livre de toutes les audaces
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
C’est l’un des ouvrages les plus singuliers de Friedrich Nietzsche. Écrit comme un long poème en prose, empruntant à la démesure des opéras de Wagner, cet évangile sans religion déstabilise son lecteur, l’exhortant à se dépasser, à ne pas avoir peur, c’est-à-dire à vivre, tout simplement.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. L'évangile selon Nietzsche
Article 2 min
Zarathoustra et compagnie
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
Tout au long de son parcours initiatique, Zarathoustra croise une galerie d’animaux et de personnages. Ces figures, tantôt des métaphores, tantôt des faire-valoir, déroutent tout autant qu’elles fascinent.
Article 2 min
Un poète intranquille
02 décembre 2021
En parallèle de ses essais, Nietzsche compose de la musique et écrit des poèmes, souvent marqués par le romantisme, avec une métrique libre, une nature au diapason de l’humeur souvent tourmentée du poète et des images parfois énigmatiques. Avec l’enfant, la montagne et l’heure de midi, on retrouve ici des échos d’Ainsi parlait Zarathoustra.
Article 5 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. La morale, par-delà bien et mal
Victorine de Oliveira 02 décembre 2021
Avec Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche tente de mettre à bas l’universalité de la morale. Une lecture décapante que présente le spécialiste et traducteur du philosophe, Guillaume Métayer.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
Article 21 min
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
02 décembre 2021
Nous reproduisons des extraits d’Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche traduits par Henri Albert.
“Ainsi parlait Zarathoustra”. Les extraits
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi s’offre-t-on des cadeaux ?
Antony Chanthanakone 02 décembre 2021
Que vous apportera le Père Noël cette année? Avec un peu d’avance, déballez vos paquets avec ces quatre philosophes, et voyez quelles sont leurs surprises.
Pourquoi s’offre-t-on des cadeaux ?
Article 1 min
Uitwaaien
Octave Larmagnac-Matheron 02 décembre 2021
Langue d’origine : néerlandais
Article 2 min
Imagination
Arthur Hannoun 02 décembre 2021
Ces cinq penseurs n’en manquent pas !
LIVRES/SÉLECTION DE FÊTES
Livre
Catherine Meurisse
La Jeune Femme et la Mer
Publié le 01 décembre 2021
Au début du XXe siècle, les Japonais ont développé un genre littéraire à part : le Watakushi shō-setsu, soit, littéralement, le « roman du je ». Contrairement à l’autofiction à l’occidentale, ce genre ne relève ni du rituel de la confession des secrets, ni d’une démarche psychanalytique. Les règles du Watakushi shōsetsu sont assez singulières : l’auteur doit se présenter dans un milieu naturel, mêler la description des paysages qui l’entourent et celle de sa vie intérieure, et, surtout, il lui faut donner l’impression au lecteur de ne suivre aucun plan prémédité, de laisser surgir ses impressions de manière fluide et spontanée. La Jeune Femme et la Mer de notre collaboratrice Catherine Meurisse peut se lire comme un Watakushi shōsetsu en bande dessinée. Elle s’y décrit arrivant au Japon pour une résidence d’artiste à la Villa Kujoyama (l’équivalent de la Villa Médicis, à Kyōto). Amoureuse de la nature ayant grandi dans la campagne poitevine comme elle l’a raconté dans Les Grands Espaces (2018), elle est venue au Japon non pas pour les mégapoles mais pour parcourir les champs, les forêts, les rivages. Dans le récit va s’inviter de manière semi-fantastique le héros d’un grand classique de la littérature japonaise, Oreiller d’herbes (1906) de Natsume Sōseki. Dans ce roman, qui est aussi un traité d’esthétique assez antimoderne, ou en tout cas attaché à raviver la culture ancienne du Japon, Sōseki met en scène un peintre qui ne va pas donner un seul coup de pinceau, ni produire la moindre esquisse, parce qu’il recherche « l’état qui permet de peindre un tableau ». Cet état, il ne peut le trouver que par la méditation, en s’ouvrant au monde, en devenant lui-même le vent et l’arbre qui ploie dans le vent. Avant de peindre, il cherche donc l’extase, c’est-à-dire une dissolution du point de vue subjectif, qui seule amène au seuil de l’essence des choses, dont la tradition bouddhiste enseigne qu’elles sont à la fois impersonnelles et impermanentes. Mais comment approcher l’« évanescence des choses » ? Au fil de la bande dessinée s’instaure une sorte de rivalité mais aussi de dialogue entre le héros de Sōseki, qui parle de peinture sans peindre, et Catherine Meurisse, qui se représente sans cesse un pinceau à la main. Il y a des gags, mais la légèreté et la décontraction du propos ne sont qu’apparentes – en fait, cet album peut se lire comme une excellente introduction à l’esthétique japonaise du paysage, jamais pesante mais scrupuleusement référencée.
La Jeune Femme et la Mer
Livre
Roger-Pol Droit
Un voyage dans les philosophies du monde
Publié le 01 décembre 2021
D’emblée, Roger-Pol Droit brise le tabou : non seulement on pense ailleurs que depuis le berceau grec de la philosophie, mais il y a de la raison et de la réflexivité dans ces systèmes de pensée extra-européens que l’on préfère souvent appeler visions du monde, sagesses ou spiritualités. Son voyage sera donc bien philosophique, appuyé sur les concepts comme autant de chemins variés par lesquels les humains se situent dans le cosmos. Cette philosophie « ouverte » dépasse largement les frontières de la discipline. Le périple commence par l’infini en Inde, se poursuit en Chine par le non-agir – si différent de la passivité –, médite ensuite avec la pensée juive l’histoire comme processus inachevé – toujours à bâtir – et finit par l’idée d’unité de la vérité au cœur du monde arabo-musulman. Cependant, le voyage ne parvient pas jusqu’aux continents africain et américain : non pas que la philosophie y soit absente, mais le manque de traces écrites empêche la reconstitution de ces philosophies orales. Véritable guide pédagogique invalidant le mythe d’une philosophie « pure », l’ouvrage s’avère d’autant plus précieux à un moment où des auteurs comme le taoïste Tchouang-tseu ou Averroès, le penseur de l’islam des Lumières, figurent désormais au programme du baccalauréat.
Un voyage dans les philosophies du monde
Livre
François Cheng
Vide et Plein. Le langage pictural chinois
Publié le 01 décembre 2021
Cet immense livre est un souffle porté par un trait de pinceau qui révèle le mystère de la Création. François Cheng a 50 ans lorsqu’il écrit son premier livre en français sur la peinture chinoise. Il n’est pas encore le poète académicien qu’il va devenir, mais toute son inspiration est déjà là. Paru en 1979 et dédié à Jacques Lacan, l’ouvrage, plusieurs fois republié en poche depuis, trouve ici la forme pleine et illustrée qu’à 92 ans, se trouvant lui-même « au bord du Grand Vide », le poète philosophe a soigneusement revue. Vide et Plein est pour lui le livre primordial où figure « l’essentiel de ce qu’[il] avai[t] à dire ». Il est aussi primordial pour nous, lecteurs, en restant ce qu’on a écrit de plus complet et profond sur cette « philosophie en action » qu’est le langage pictural chinois. Celui-ci est hanté par l’idée du Vide, un Rien dont tout provient et qui est animé par les souffles vitaux : le Yin, le Yang et le « Vide médian » qui transcende leur opposition. Cet « entre » est la respiration du vivant. Pour dessiner un tronc d’arbre par exemple, l’Occidental tracera une verticale de haut en bas, car « il capte une existence déjà donnée », tandis que le Chinois pose le trait de bas en haut pour « appréhender l’arbre dans sa vitalité interne », continuant à pousser depuis ses racines. Par les noms du trait de pinceau – « tête de rat », « queue de serpent », « à la petite hache » … –, par les pôles de la nature – Obscur-Clair, Montagne-Eau, Homme-Ciel… –, François Cheng nous ouvre l’Univers.
Vide et Plein. Le langage pictural chinois
Livre
Camille de Toledo (dir.)
Le Fleuve qui voulait écrire. Les auditions du parlement de Loire
Publié le 01 décembre 2021
De quels moyens disposons-nous pour agir face à la crise écologique ? Nous pouvons certes espérer une prise de conscience de la part des citoyens, nous en remettre aux chefs d’État ou compter sur la bonne volonté du marché. Mais ce livre explore une autre piste : le droit – en l’occurrence, la reconnaissance du statut juridique d’entités naturelles comme, par exemple, la Loire. Et pourquoi pas, puisqu’on en a bien accordé un aux entreprises, en leur permettant ainsi de mieux faire valoir leurs intérêts ? L’idée peut sembler révolutionnaire, mais elle n’est pas inédite à l’échelle du monde. En effet, depuis une dizaine d’années, plusieurs pays considèrent déjà des milieux naturels comme d’authentiques sujets de droit. Ce qui l’est davantage, c’est la voie empruntée pour parvenir à définir les contours de cette nouvelle organisation du droit et de notre vie en commun : réunir une assemblée constituante, un « parlement » rassemblant des philosophes comme Bruno Latour mais aussi des universitaires comme Frédérique Aït-Touati, des juristes, des géographes, etc. Ce sont leurs échanges, mis en récit par Camille de Toledo, qu’on trouvera retranscrits dans ce riche cahier de terrain qui transcende les disciplines comme les idées reçues.
Le Fleuve qui voulait écrire. Les auditions du parlement de Loire
Livre
J.R.R. Tolkien (illus. Ted Naismith, édition de Christopher Tolkien)
Le Silmarillion
Publié le 01 décembre 2021
Le succès du Seigneur des anneaux tient en grande partie, disait Tolkien, l’auteur de la saga, au sentiment que l’intrigue est soutenue par un monde beaucoup plus vaste que le nôtre : il est doté de sa propre cosmologie et de sa géographie imaginaire, héritier d’une histoire fictive de plusieurs siècles qui se racontent dans une pluralité de langues inventées – Tolkien était philologue de profession. Le Silmarillion, qui paraît dans une nouvelle traduction, permet de mesurer l’ampleur de cet arrière-plan mythique, retravaillé des décennies durant. Tout commence par la Musique : Eru, le dieu unique, convie les esprits angéliques à chanter. Le monde apparaît ensuite comme une Vision, à laquelle le Créateur conférera l’être (Tolkien est un catholique fervent, si l’on en doutait). Mais Morgoth se rebelle. Jaloux du pouvoir démiurgique qu’il ne possède pas, l’ange noir veut « être le Seigneur et Dieu de sa création personnelle ». Son indocilité se mue en un désir illimité de posséder le pouvoir pour refaçonner la réalité à sa guise. Tout Le Simarillion raconte la lutte contre ce « désir de la pure Domination », de la « déformation tyrannique ». Lutte désespérée s’il en est : d’une bataille à l’autre, le sang coule, les corps s’amoncellent, la dévastation se propage, entrecoupée seulement de rares moments de joie. Le mal est trop fort. C’est la tragédie des Elfes – « immortels tant que dure le monde » et condamnés par la réincarnation à « ne jamais l’abandonner même quand ils sont massacrés » – que d’endurer jusqu’au bout cette lente défaite. Viendront ensuite les « Successeurs », les Hommes, terrifiés par ce « Don » même que les Elfes leur envient : la mortalité, qui les « affranchit des cercles du monde ». Au-delà du récit, magnifique, la puissance du Silmarillion tient pour beaucoup à ce dialogue souterrain de la mortalité et de l’immortalité.
Le Silmarillion
Livre
Fredric Jameson
Archéologies du futur
Publié le 01 décembre 2021
À quoi servent les utopies ? Marx les accusait d’égarer l’énergie révolutionnaire. Pour les réformistes, elles détournent du cours inéluctable du progrès. Selon le critique littéraire et spécialiste du marxisme Fredric Jameson, leur rôle est d’une autre nature. Dans cette réédition des Archéologies du futur, son grand livre paru en 2005 – ici publié en compagnie de Penser avec la science-fiction dans une traduction révisée –, les utopies sont mises en résonance les unes avec les autres, depuis Thomas More au XVIe siècle jusqu’aux auteurs de science-fiction du XXe siècle. Chacune porte en elle une préoccupation essentielle, un centre de gravité : pour Charles Fourier, c’est le désir, pour Saint-Simon l’administration, pour Edward Bellamy la méritocratie, pour William Morris la fin du travail aliéné… Chaque utopie tente de répondre à une souffrance majeure, béante, spécifique à son époque. Contrairement à la foi dans le progrès, elle ne vise pas à une amélioration progressive mais à une solution radicale. Que reste-t-il des utopies dans les années 2000 demande Fredric Jameson ? Sont-elles encore pensables et désirables ? D’après lui, l’idée de totalité sociale a disparu et avec elle le projet utopiste. Est-ce une perte irrémédiable ? Non, répond-il, car ce qui compte, ce n’est pas tant que l’utopie soit réalisable mais qu’elle soit capable d’irradier la réalité. Elle agit comme une force d’attraction, un horizon plutôt qu’un levier. Dès lors, sa dimension imaginaire devient décisive. Là réside le sens de l’autre partie du volume, Penser avec la science-fiction. Désormais, la force de l’utopie n’est plus dans un système global mais, au contraire, dans une pluralité d’enclaves où s’abolissent les frustrations et où le rationnel et l’onirique se mêlent. Ces archipels prospèrent du côté de la science-fiction technologique mais aussi au sein de la « fantasy » et de ses chimères. Comme le pensait déjà Ernst Bloch, l’utopie s’incarne dans les détails du quotidien, dans des émotions à peine formulées, des rêveries tenaces. Elle est avant tout du domaine de l’attente. Philippe Garnier
Archéologies du futur
Livre
Claude Ponti
Blaise, Isée et le Tue-Planète
Publié le 01 décembre 2021
Il n’est certainement pas évident de parler de réchauffement climatique ou d’écologie aux enfants sans les endoctriner. Mais notre collaborateur Claude Ponti, lui, n’a pas son pareil pour déplacer les enjeux réels sur le terrain de l’imaginaire. Dans un précédent album, Bih-Bih et le Bouffron-Gouffron (2009), il avait mis en scène un monstre goulu, le Bouffron-Gouffron, en train de dévorer jusqu’à la dernière miette du monde. Cette fois-ci, « un Tue-Planète détruit les planètes une par une, chacune de façon différente. Végule III est étouffée par une forêt mortelle, K. H. 27 n’est plus qu’un océan où il pleut tout le temps, Carmine IV est une boule de banquise, Blogole est en ruine… » Le tour est joué, Ponti est un faux farfelu qui vient de suggérer que les planètes aussi sont mortelles. Mais le plus intéressant, chez cet auteur « jeunesse », est la fragilité des monstres. Pour venir à bout d’un monstre, il faut découvrir son point faible. C’est ainsi qu’Hippolène vainc l’affreux Ortic d’une seule réplique : « Je n’ai pas peur de moi ! » (L’Arbre sans fin, 1992). Que le Kontroleur de Kata-stroffe explose après avoir reçu un jet d’utikipip à l’envers – de « pipi-qui-tue », donc (Blaise et le Kontroleur de Katastroffe, 2014). Qu’Isée aplatit l’Ekrazatouteur en se transformant en dessin, ce qu’elle est réellement (L’Avie d’Isée, 2013). Cette fois-ci, pour anéantir le Tue-Planète, il faut que ce dernier soit entier, donc il convient de commencer par le réparer avant de le détruire… Logique, ou plutôt écologique, non ?
Blaise, Isée et le Tue-Planète
Livre
Mohamed Mbougar Sarr
La Plus Secrète Mémoire des hommes
Publié le 01 décembre 2021
« Je vais te donner un conseil : n’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. » Désavouons d’emblée l’un des personnages secondaires de La Plus Secrète Mémoire des hommes, et tentons de dire quelques mots de ce qui est incontestablement l’un des grands livres de la rentrée littéraire 2021. Les jurys des grands prix ne s’y sont pas trompés, qui l’ont sélectionné sur quasiment toutes leurs listes (avant qu’il obtienne le plus prestigieux, le prix Goncourt) – ce qui n’est pas toujours un gage de qualité mais tout de même, cela dit quelque chose. Alors de quoi retourne-t-il, ce quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr, écrivain sénégalais d’à peine 30 ans, arrivé en France à 18, et dont le nom, depuis la fin de l’été, passe de lèvre en lèvre comme un secret de polichinelle ? Le sujet : Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais – que l’on peut légitimement imaginer être un double littéraire de l’auteur – découvre un roman mythique et maudit paru en 1938, et signé d’un certain T. C. Elimane. Mythique parce qu’il fit scandale en son temps, maudit parce qu’il est depuis introuvable, et que son auteur a disparu sans laisser de traces. Diégane Latyr Faye se lance alors à la recherche du mystérieux « Rimbaud nègre », lointainement inspiré du Malien Yambo Ouologuem, dont Le Devoir de violence fut encensé par la critique et couronné du prix Renaudot en 1968 avant que l’auteur soit accusé de plagiat. Mille choses sont au cœur de La Plus Secrète Mémoire des hommes, roman ambitieux, érudit, tourbillonnant, qui pose mille questions dont celles-ci : peut-on réellement juger un roman sans prêter attention à l’état civil de son auteur ? Mais aussi : est-ce qu’un écrivain africain ne reste pas un étranger aux yeux des Français, quelle que soit la valeur de son œuvre ? Et encore : pourquoi les écrivains sont parmi les plus médiocres amants ? Et puis : est-ce que la littérature est un moyen de sauver le monde ou le seul moyen de ne pas s’en sauver ? Et tant d’autres auxquelles Sarr esquisse des réponses dans une langue inventive et lyrique qu’on laisse à regret au bout de 450 pages, le souffle coupé, en songeant que s’il ne faudrait jamais dire de quoi parle un grand livre, il faut tout de même en saluer la parution.
La Plus Secrète Mémoire des hommes
Livre
François Angelier
Georges Bernanos. La colère et la grâce
Publié le 01 décembre 2021
Contempteur de la « bien-pensance », franc-tireur hostile au conformisme, penseur libre affranchi des idéologies, Georges Bernanos est sans conteste dans l’air du temps. La biographie brillante que lui consacre François Angelier est l’occasion de parcourir à nouveau la vie mouvementée – romanesque même – d’un homme qui, de la France de l’entre-deux-guerres à son exil au Brésil, a tracé son chemin en solitaire, fidèle seulement à « l’étoile qu’il fixe », « l’honneur du Christ », dans un monde en plein bouleversement dont il n’a de cesse de dénoncer les travers. Au risque d’attiser des inimitiés, dont il fait peu de cas. « Bernanos vit droit avec des lignes courbes », écrit son biographe : il garde le cap de ses convictions, mais sa réflexion ne se fige jamais. Un homme difficile à suivre, du moins aux yeux de ses contemporains. Proche des antisémites de l’Action française, il écrit en 1939 : « J’aimerais mieux être fouetté par le rabbin d’Alger que faire souffrir une femme ou un enfant juif. » Royaliste, il dénonce les milieux traditionalistes et réactionnaires : « Qui dit conservateur dit surtout conservateur de soi-même. » Bernanos cultive avec un certain héroïsme ce « génie de la con-tradiction ». C’est sans doute pourquoi il ne s’enferme dans aucune chapelle humaine.
Georges Bernanos. La colère et la grâce
Livre
Jan Patočka (préface de Renaud Barbaras)
Carnets philosophiques (1945-1950)
Publié le 01 décembre 2021
« Le remplissement, l’accomplissement de la vie est […] ce à quoi nous aspirons de par notre vie. » Mais à quoi tient donc cet accomplissement ? C’est l’une des nombreuses questions abordées par Patočka au fil de ses Carnets. Elle possède un double mérite : parler à tout le monde, tout en donnant un aperçu des aspects les plus novateurs de la pensée du philosophe tchèque, disciple de Husserl et opposant actif au régime communiste, qui mourut en 1977 des suites d’un interrogatoire policier. La « vie normale », note-t-il, s’appréhende dans une alternance « purement contingente » de satisfaction et de perte, de plaisirs et de peines que nous éprouvons au contact des choses. Au contraire, il faut penser le remplissement « dans le rapport au monde » lui-même, « en dehors du rapport aux choses du monde qui vont et viennent et font l’objet de simples rencontres ». Ce dépouillement ne débouche pas sur l’angoisse d’un néant. Nous y entrevoyons « la vie même, éternelle, dans sa splendeur et son jaillissement », et qui sous-tend le mouvement de manifestation de toute chose, de la pierre à l’homme. L’accomplissement de soi suppose donc une sortie de soi au-delà de la vie individuelle « enfermée en elle-même », une ouverture à la « puissance » de la nature. « La nature n’est aucune créature, mais plutôt le moi universel, oublieux de soi et cherchant à se ressouvenir. » C’est comme pour s’éprouver elle-même que la nature se déploie comme multiplicité d’individus : « L’individu n’est certes qu’une vague à la surface de la vie, mais la vie ne peut se mouvoir autrement que dans de telles vagues. » Patočka rejette par conséquent les entreprises de négation de l’individualité. La « désunion de la vie » est nécessaire. Nous sommes séparés de la vie du monde qui nous porte, et c’est cette séparation qui nous permet de nous y rapporter sans jamais l’accaparer. Notre soif du monde se creuse en même temps qu’elle se comble.
Carnets philosophiques (1945-1950)
Livre
Élisabeth de Fontenay
L’Identité humaine
Publié le 01 décembre 2021
Il pourrait y avoir une discrète provocation de la part d’Élisabeth de Fontenay, connue pour son engagement philosophique dans la cause animale (avec son livre majeur Le Silence des bêtes, 1998) à intituler ce volume qui récapitule son œuvre « L’Identité humaine ». Mais c’est bien dans la manière de la philosophe de laisser coexister les contradictions. Son éclectisme revendiqué, qui la mène de Lucrèce au « matérialisme enchanté » de Diderot, de la lutte des classes à la déconstruction avec Derrida et Lyotard, est tout sauf réconcilié. Cet ensemble de textes soigneusement choisis permet d’entrer dans une pensée et d’entendre une voix, nette, vivante, ne renonçant ni à la bataille d’idées (comme dans ses échanges avec Alain Finkielkraut ou Stéphane Bou), ni à la sensibilité, empathique et têtue. Fille d’un grand résistant en rupture avec sa famille catholique fidèle à l’Action française et d’une mère juive qui ne parla jamais de l’extermination des siens à Auschwitz, Élisabeth de Fontenay pense au bord du gouffre, dans « la stupeur » de la Shoah. Et si, écrit-elle dans sa préface, tout « en pourchassant le propre de l’homme », elle creuse l’énigme de l’humanité, c’est pour y rapatrier obstinément certains êtres qui en sont comme les « secrets » : son frère autiste auquel son livre Gaspard de la nuit, paru en 2018 et republié ici, rend existence, et son cousin assassiné à l’âge de 7 ans dans une chambre à gaz.
L’Identité humaine
Livre
Raphaël Meltz et Louise Moaty (textes), Simon Roussin (dessin)
Des vivants
Publié le 01 décembre 2021
« Il dépend de celui qui passe / Que je sois tombe ou trésor / Que je parle ou me taise. » Ces vers de Paul Valéry ornent le fronton du musée de l’Homme. L’institution créée en 1937 est le principal décor de cette bande dessinée. C’est au sein de ce « musée pour l’homme » – selon les mots de son fondateur, l’ethnologue Paul Rivet, pour qui « le génie d’invention n’est pas le privilège des Blancs » – que naît l’un des premiers réseaux de la Résistance face à l’occupant allemand. Pour retracer son histoire, Raphaël Meltz et Louise Moaty se sont appuyés sur une documentation rigoureuse. Une richesse magnifiée par la narration dynamique et le graphisme tout en ellipses de Simon Roussin, qui témoigne de l’action de ce groupe issu d’horizons très variés et dirigé par l’ethnologue Boris Vildé. S’il mène des actions « classiques », c’est avant tout à une lutte culturelle qu’il se consacre : il s’agit, comme l’affirme Jean Cassou qui lance le bulletin Résistance, de « réveiller la conscience du public français ». Un combat pour lequel, prévient Vildé, ces femmes et ces hommes n’auront « rien à gagner, mais beaucoup à perdre ». Sept d’entre eux seront fusillés au mont Valérien le 23 février 1942. Leur « histoire est finie », annonce Germaine Tillion en ouverture de ce récit, pourtant, grâce à ce livre, sa portée résonne encore.
Des vivants
Livre
David Graeber et David Wengrow
Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité
Publié le 01 décembre 2021
« Mon cerveau est comme endolori de stupéfaction engourdie », tweete un soir d’août 2020, quelques semaines avant sa mort soudaine, l’anthropologue américain David Graeber (1961-2020). On imagine aisément Graeber confus, puisqu’il vient alors d’achever un ouvrage colossal (630 pages et 70 de bibliographie !), sur lequel il travaillait depuis dix ans avec l’archéologue David Wengrow. Un menhir de plus à l’édifice contemporain de la Big History, soit le méta-récit des origines de l’humanité, qui a fait le succès de Yuval Noah Harari (Sapiens) ou de Jared Diamond (De l’inégalité parmi les sociétés). Graeber et Wengrow tentent de tracer un chemin qui rende compte des tribulations socio-politiques d’Homo sapiens depuis l’apparition de l’espèce jusqu’à la Modernité. Mais ce chemin n’est pas une ligne droite, qui mène sans détour des chasseurs-cueilleurs à l’État moderne, plutôt une étoile à multiples bras, un « carnaval de formes politiques » et « d’expérimentations sociales audacieuses ». Reste une question, essentielle pour un anarchiste comme Graeber : la victoire de l’État sur d’autres types d’organisation était-elle inéluctable après l’invention de l’agriculture – thèse dominante de la Big History ? De fait, l’État a gagné, admettent les auteurs. Mais cela ne signifie peut-être pas qu’il devait gagner, que sa victoire était inscrite dans une quelconque téléologie. Alors point de déterminisme – c’est du moins ce à quoi le livre tient. Ni celui de l’économie, avec la rareté ou l’abondance des ressources qui engendreraient mécaniquement un gouvernement autoritaire ou libertaire. Ni celui de la technique, qui veut réduire l’humanité à son outil, de bronze puis de fer. Graeber et Wengrow racontent toutes les fois, à Taosi ou à Teotihuacan, en Amazonie ou en Turquie, où des Sapiens ont œuvré à contre-courant. Dans leur récit, les anciens humains ne sont pas des objets passifs et ballottés par les circonstances mais des acteurs politiques conscients. L’histoire du monde n’est pas le rail d’un train mais une grande agora où se négocient, depuis la nuit des temps, les diverses formes du gouvernement.
Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité
Livre
Irene Vallejo
L’Infini dans un roseau. L’invention des livres dans l’Antiquité
Publié le 01 décembre 2021
C’est un livre sur les livres, sur leur histoire et, indissociablement, sur l’amour qu’ils inspirent. Et dans le cas d’Irene Vallejo, c’est même une véritable passion. Et sa passion est communicative, car elle parvient à entraîner ses lecteurs dans la formidable épopée de l’invention de ce qu’on appelle aujourd’hui « livre », qui a connu bien des supports durant les siècles, des papyrus de l’Antiquité jusqu’à nos liseuses contemporaines, en passant par les tablettes d’argile et les parchemins. Très érudit mais sans jamais en avoir l’air, indistinctement travail universitaire par son contenu et récit de fiction par sa forme, l’ouvrage de la jeune autrice espagnole se lit comme un roman d’aventures. Mêlant dialogues entre les personnages historiques et précisions techniques sur les procédés de fabrication, descriptions et interprétations psychologiques, voire digressions plus personnelles, le style enlevé d’Irene Vallejo ne s’interdit rien. Et quelle réussite ! Best-seller surprise en Espagne, qualifié de « chef-d’œuvre » par Mario Vargas Llosa, traduit dans de nombreux pays où il rencontre un succès tant public que critique, il fait voyager de la bibliothèque d’Alexandrie aux manuscrits enluminés d’Oxford avec le même émerveillement pour le génie humain grâce auquel « le livre a surmonté l’épreuve du temps ». Capable de survivre à toutes les modes et de s’adapter à toutes les technologies, le livre a suffisamment d’arguments pour démentir toutes les cassandres qui annoncent sa disparition à venir... car, au fond, pour transmettre savoirs et imaginaires, « on n’a jamais rien trouvé de mieux ».
L’Infini dans un roseau. L’invention des livres dans l’Antiquité
Livre
Daniel Arasse
L’Ambition de Vermeer
Publié le 01 décembre 2021
Pourquoi Vermeer (1632-1675) fascine-t-il ? Parce qu’on ne sait presque rien sur sa vie ? Parce qu’il n’a peint que 34 tableaux ? Parce qu’il propose des scènes d’intérieur qui nous plongent dans une atmosphère à la fois sereine et inquiète ? Que contient la lettre que lit cette femme ? À quoi pense cette joueuse de clavecin ? Pour nous aider à pénétrer ce mystère, le critique d’art Daniel Arasse, disparu en 2003, a rédigé en 1993 une enquête sur « le Sphinx de Delft », rééditée en format de poche. Il ne se contente pas de célébrer la magie de ses tableaux. Il en fait l’ambition consciente du peintre, explorée au travers d’analyses des cartes visibles dans ses tableaux, du style volontairement « flou » de Vermeer, d’une construction de l’espace qui rend « la figure humaine […] présente, proche même, mais comme protégée […] de toute communication directe ». Il consacre aussi une longue interprétation à « l’Art de la peinture » que Vermeer a voulu garder chez lui comme un manifeste privé. Arasse en déduit une théologie picturale chez ce protestant converti au catholicisme pour qui la lumière divine imprègne nos gestes. Et suggère une philosophie du visible qui recèle l’inconnaissable. Ces êtres, ces objets, enfermés dans leur espace privé et leur intériorité, mais en contact secret avec le monde extérieur, nous ne les connaîtrons jamais. Et le trouble que l’on devine chez ses personnages, nous le ressentons, nous aussi.
L’Ambition de Vermeer
Livre
Pierre Singaravélou
Les Mondes d’Orsay
Publié le 01 décembre 2021
Le pluriel arboré par le titre de ce beau livre ne surprend point. Le XIXe siècle et le jeune XXe siècle, qu’embrasse le musée d’Orsay, ne se distinguent-ils pas par la diversité des arts (peinture, sculpture, photographie…) et des artistes faisant du monde leur champ ? Mais la portée de ce pluriel est autrement plus grande. Car les commentaires éclairants de l’historien Pierre Singaravélou mettent au jour ce fait incontestable : l’art en mouvement du musée d’Orsay a pour sol nourricier les mutations sociales, politiques et technologiques propres à cette période, parmi lesquels figurent l’avènement du socialisme ou encore le progrès ferroviaire. Il est ainsi coextensif de ce qu’on pourrait déjà nommer une mondialisation prenant tantôt les sombres traits d’une entreprise coloniale autant immortalisée que légitimée, tantôt ceux d’un orientalisme teinté d’un exotisme impérieux. Mais, surtout, on a affaire à un art « connecté » entre les nations. En témoigne l’exemple de la célèbre Statue de la liberté (dont le musée d’Orsay possède un modèle réduit), symbole de l’identité nationale états-unienne, qui s’inspire pourtant presque entièrement d’un projet égyptien conçu par le sculpteur Bartholdi. Ainsi, comme le rappelle l’historien, « rien de plus international que la construction des identités nationales ».
Les Mondes d’Orsay
CULTURE
Article 2 min
“Les Démons” : le choc des idéologies
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
En adaptant pour la scène le roman de Dostoïevski, Guy Cassiers et la troupe de la Comédie-Française soulignent l’impasse du nihilisme et le danger des idéologies, hier comme aujourd'hui.
“Les Démons” : le choc des idéologies
Article 2 min
“Tromperie” : jeu de l’ego
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
“L'esprit est une sorte de théâtre”, écrivait David Hume. Une sentence que le réalisateur Arnaud Desplechin a peut-être fait sienne en adaptant Philip Roth dans son dernier film, où les personnages prennent un malin plaisir à se retourner contre leur créateur-narrateur. Toujours est-il que ses acteurs et lui sortent ici le grand Je !
“Tromperie” : jeu de l’ego
Article 2 min
“Enfin le cinéma !” : Orsay fait son cinéma
Cédric Enjalbert 02 décembre 2021
Rassemblant sculptures, peintures, photos, films et objets, cette passionnante exposition présentée au musée d’Orsay à Paris présente les débuts de l’art en mouvement, à l'aube de la modernité. L'acte de naissance de la Société du spectacle ?
“Enfin le cinéma !” : Orsay fait son cinéma
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 14. Tombons des nues
François Morel 02 décembre 2021
L’histoire de Jésus est incroyable. Un garçon dans la force de l’âge, la petite trentaine, élancé, sportif, pas bête… Les cheveux au vent, la barbe de trois jours, décontracté… En plus de ça, sympathique, séduisant, doux, brillant. Alain Delon à côté de lui, c’est Paul Pr..
Conseil n° 14. Tombons des nues
JEU
Article 1 min
Philocroisés #75
Gaëtan Goron 02 décembre 2021
Horizontalement I. Socle d’articulation des savoirs chez Foucault. II. Soude. On les associe à Longchamp et aux courses. III. Disciple selon Zarathoustra. IV. Petit conducteur. Dieu soleil. Bois précieux d’Inde. V. Sa vie sans morale ni vérité n’a au..
Philocroisés #74
LE QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Aurélien Bellanger. L’apesanteur et la grâce
Sven Ortoli 02 décembre 2021
Ceux qui l’apprécient en parlent comme d’un héritier de Balzac. Ses détracteurs en parlent comme d’un Houellebecq passé par Port-Royal – no sex tonight et style « Wikipédia »
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600016249 Périodique Revues Disponible N°353 - Décembre 2022 - La fin de la vie privée ? De la mise en scène de soi à la surveillance numérique... (Bulletin de Sciences humaines)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Sciences humaines / Jean-François Dortier
Titre : N°353 - Décembre 2022 - La fin de la vie privée ? De la mise en scène de soi à la surveillance numérique... Type de document : texte imprimé Année de publication : 2022 Importance : 66 p. Présentation : ill. en coul. Format : 26 cm Langues : Français (fre) Catégories : 4 Sciences sociales et humaines Tags : vie privée bidonvilles Yves Coppens inflation Index. décimale : 300 Sciences sociales Résumé : « Les rois n’ont pas d’intérieur ! » Quand Marie-Antoinette imposa qu’on lui mît en place un appartement personnel pour s’y retirer, l’affaire fit scandale. Les notions de vie privée et d’intimité sont historiques. Elles émergent avec la modernité, quand les appartements se murent, quand les chambres à coucher et salles de bains s’isolent des regards, quand se développe aussi l’idée que chaque individu a droit à son intimité.
Cette frontière vie privée/publique a structuré la modernité. Elle subit aujourd’hui un double brouillage, aux effets contradictoires. D’une part, la pandémie de covid-19 a incité chacun à se recentrer sur sa sphère privée ; d’autre part, l’explosion des technologies digitales suscite une exposition sans précédent de soi. Avec quels effets collectifs ? Assiste-t-on au grand retour ou, au contraire, au glas de la vie privée ?
(scienceshumaines.com)Note de contenu : ÉDITORIAL
Un mur en ruine ?
Héloïse Lhérété
LA FIN DE LA VIE PRIVÉE ?
La fin de la vie privée ?
Dossier coordonné par Héloïse Lhérété
Vie privée et vie publique, quelles frontières ?
Anne Muxel
Vie publique, vie privée, vie intime
L'intimité a une histoire !
Philippe Artières
Nos vies intimes sur Internet : liberté ou danger ?
Serge Tisseron
Sexe ou sentiment, qu'est-ce qui est le plus intime ?
Maud Navarre
Géraldine Aïdan : Le droit à l'assaut de nos vies psychiques
Que met-on de soi dans une œuvre ?
Les politiques ont-ils (encore) droit à une vie privée ?
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Pour prolonger la lecture
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LIVRE DU MOIS
La culture, moteur de notre évolution
La Symphonie inachevée de Darwin, Kevin Laland, La Découverte, 2022, 450 p., 28 €
LIVRES
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Gérald Gaillard
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Tâches ingrates dans un écrin de velours
Tom Umbdenstock
Le libre-échange, une utopie contrariée
Jean-Marie Pottier
LE MOT QUI FÂCHE
MAP (minor-attracted persons)
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COURRIER DES LECTEURS
Maslow sans sa pyramide / Héritage la part inégale des femmes
Nicolas Journet
(scienceshumaines.com)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Sciences humaines / Jean-François Dortier
N°353 - Décembre 2022 - La fin de la vie privée ? De la mise en scène de soi à la surveillance numérique... [texte imprimé] . - 2022 . - 66 p. : ill. en coul. ; 26 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : 4 Sciences sociales et humaines Tags : vie privée bidonvilles Yves Coppens inflation Index. décimale : 300 Sciences sociales Résumé : « Les rois n’ont pas d’intérieur ! » Quand Marie-Antoinette imposa qu’on lui mît en place un appartement personnel pour s’y retirer, l’affaire fit scandale. Les notions de vie privée et d’intimité sont historiques. Elles émergent avec la modernité, quand les appartements se murent, quand les chambres à coucher et salles de bains s’isolent des regards, quand se développe aussi l’idée que chaque individu a droit à son intimité.
Cette frontière vie privée/publique a structuré la modernité. Elle subit aujourd’hui un double brouillage, aux effets contradictoires. D’une part, la pandémie de covid-19 a incité chacun à se recentrer sur sa sphère privée ; d’autre part, l’explosion des technologies digitales suscite une exposition sans précédent de soi. Avec quels effets collectifs ? Assiste-t-on au grand retour ou, au contraire, au glas de la vie privée ?
(scienceshumaines.com)Note de contenu : ÉDITORIAL
Un mur en ruine ?
Héloïse Lhérété
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La fin de la vie privée ?
Dossier coordonné par Héloïse Lhérété
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Vie publique, vie privée, vie intime
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Nos vies intimes sur Internet : liberté ou danger ?
Serge Tisseron
Sexe ou sentiment, qu'est-ce qui est le plus intime ?
Maud Navarre
Géraldine Aïdan : Le droit à l'assaut de nos vies psychiques
Que met-on de soi dans une œuvre ?
Les politiques ont-ils (encore) droit à une vie privée ?
Christian Delporte
Pour prolonger la lecture
ACTUALITÉ DE LA RECHERCHE
Bidonvilles : comment s'en sortir ?
Frédérique Letourneux
Anne-Laure Vincent, 76 000 recettes et une thèse
Emmanuelle Picaud
Sont-ils humains ?
Cécile Peltier
La télépsychologie, ça marche ?
Marc Olano
Amitié : Envoyez des SMS !
Marc Olano
La PMA pour toutes, adoptée par les célibataires
François de Singly
30% des femmes sans enfants... n'en veulent pas !
Un jeu vidéo pour réviser la philo
Fabien Trécourt
Vers une fracture climatique
Florine Galéron
Réseaux sociaux : l'addiction progresse chez les jeunes
Florine Galéron
L'art féminin de la diplomatie
Hélène Frouard
À votre santé !
Tom Umbdenstock
2 fois plus d'apprentis qu'en 2017
Béatrice Kammerer
Une profession en quête de reconnaissance
Béatrice Kammerer
« Time-in»
Béatrice Kammerer
Quel avenir pour les enfants placés ?
Béatrice Kammerer
L'hyperactivité des bons élèves
Axelle Playoust-Braure
CULTURE POP
Picsou, miroir de nos excès
Fabien Trécourt
ENJEU
L'inflation, de retour pour de bon ?
Jean-Marie Pottier
ENTRETIEN
Jacques Hochmann
Pour une psychiatrie humaniste
RÉFÉRENCE
Yves Coppens
Le conteur de la préhistoire
Romain Pigeaud
LE JOUR OÙ...
La DS 19 inspira la sémiologie du quotidien
François Dosse
LIVRE DU MOIS
La culture, moteur de notre évolution
La Symphonie inachevée de Darwin, Kevin Laland, La Découverte, 2022, 450 p., 28 €
LIVRES
Retour sur une mentalité coloniale contestée
Gérald Gaillard
Ignorer n'est pas une solution
Marc Olano
Quand le mal du pays tuait les Suisses
thierry Jobard
Psychologie d'une armée défaite
Thierry Jobard
D'où vient la force de l'anneau unique ?
Frédérique Letourneux
Ce que la médecine doit aux damnés de la terre
Hélène Frouard
La photographie, pour quoi faire ?
Gérald Gaillard
La leçon des steppes
Léo Fabius
Tâches ingrates dans un écrin de velours
Tom Umbdenstock
Le libre-échange, une utopie contrariée
Jean-Marie Pottier
LE MOT QUI FÂCHE
MAP (minor-attracted persons)
Nicolas Journet
COURRIER DES LECTEURS
Maslow sans sa pyramide / Héritage la part inégale des femmes
Nicolas Journet
(scienceshumaines.com)Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600016945 Périodique Revues Disponible N°545 - Mars 2023 - Les 4 règles universelle de la vie (Bulletin de Pour la science)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Pour la science / Françoise Pétry
Titre : N°545 - Mars 2023 - Les 4 règles universelle de la vie Type de document : texte imprimé Année de publication : 2023 Importance : 98 p. Présentation : ill. en coul. Format : 28 cm Langues : Français (fre) Catégories : 2 Sciences Tags : vie (règles universelles) Index. décimale : 500 Sciences exactes Résumé : « Sommes-nous seuls dans l'univers ? » Pour être saisie par la science, cette fascinante question doit être posée autrement : qu’est-ce que la vie ? Dès lors tout se complique : de quels indices signalant la vie doit-on se mettre en quête ? Chimistes, biologistes, physiciens croisent aujourd’hui leurs réflexions pour définir ce que devront détecter les capteurs de nos sondes, télescopes et robots, sur Terre ou ailleurs. Notre dossier balise ces nouveaux horizons du vivant, et détaille le modèle chimique répondant aux 4 critères caractérisant la « Lyfe » , proposition renouvelée de définition de la vie, s’appliquant à celle que la Terre abrite…et à d'autres vies que la nôtre, éventuellement.
(pourlascience.fr)Note de contenu : Édito
François Lassagne
D’autres vies que la nôtre
François Lassagne
Actualités
Préhistoire 3mn
À quel âge a-t-on des enfants depuis le Paléolithique ?
Une étude génomique révèle que l’âge moyen de procréation des hommes et des femmes a progressivement augmenté depuis 250 000 ans, avec des pères toujours plus vieux que les mères.
William Rowe-Pirra
Environnement 5mn
Des déchets plastiques dans l’environnement pour des millénaires
Sols, rivières, océan, atmosphère… les résidus de plastique sont partout. Jeroen Sonke, directeur de recherche au laboratoire Géosciences Environnement Toulouse, a modélisé avec des collègues le cycle de vie global des plastiques sur les prochains millénaires. Il nous explique leur devenir dans l’environnement.
Propos recueillis par Pierre Giraudeau
Électronique 3mn
Des memristors pour résoudre le défi énergétique des IA
En combinant des composants électroniques inspirés des neurones, les memristors, et une approche statistique bayésienne, des chercheurs ont réalisé une machine capable de reconnaître un geste humain en utilisant plusieurs milliers de fois moins d’énergie qu’une intelligence artificielle sur un ordinateur classique.
Sean Bailly
Biologie végétale 2mn
L’azote, le maillon faible des forêts tropicales
En mangeant les feuilles de jeunes arbres qui fixent l’azote de l’atmosphère, les insectes empêchent ces espèces de fournir ce précieux élément à tout l’écosystème forestier tropical, au point de limiter le rôle de puits de carbone de ces forêts.
Isabelle Bellin
Astrophysique 5mn
Pourquoi le cœur des étoiles tourne moins vite que prévu
Certaines étoiles devraient avoir un noyau qui tourne bien plus vite que leurs couches périphériques, mais les observations ne corroborent pas ces prédictions théoriques. Des champs magnétiques particuliers seraient à l’origine de cette contradiction. Reste à les observer.
Pierre Giraudeau
Immunologie 4mn
L’âge du Bronze, une période clé pour notre immunité
Des mutations avantageuses pour la résistance aux infections ont été sélectionnées massivement il y a 4 500 ans, au prix d’une susceptibilité accrue à certaines maladies.
Noëlle Guillon
Physique 3mn
Coup de froid dans les bulles de savon
À cause de l’évaporation de l’eau contenue dans le film savonneux, une bulle peut se refroidir jusqu’à 8 °C en dessous de la température ambiante !
Pierre Giraudeau
Physique 4mn
Un laser pour guider la foudre
Pour protéger les bâtiments de la foudre, un puissant laser pourrait être une alternative au paratonnerre. Pour la première fois, cette idée étonnante vient d’être mise en pratique avec succès.
Pierre Giraudeau
Microbiologie 3mn
Archées : un pas dans le royaume d’Asgård
On a enfin réussi à observer l’intérieur d’une archée d’Asgård, des organismes unicellulaires sans noyau découverts dans des sources hydrothermales sous-marines. Son architecture évoque étrangement celle des cellules eucaryotes, à noyau.
Marie-Neige Cordonnier
Éthologie 2mn
Les pois sauteurs s’en remettent au hasard
Les chenilles cachées au cœur des « pois sauteurs » n’aiment pas la chaleur. Leurs sauts aléatoires suffisent-ils à les mettre à l’abri des coups de chaud ?
Pierre Giraudeau
Physique des particules 3mn
Pas de neutrinos stériles dans les réacteurs nucléaires
Les centrales nucléaires émettent moins de neutrinos que ce que prévoient les modèles. De nouvelles mesures excluent l’une des hypothèses avancée pour expliquer cette anomalie, celle des neutrinos stériles. La désintégration de l’uranium n’a pas encore livré tous ses secrets.
Évrard-Ouicem Eljaouhari
Livres
Les livres du mois 1mn
Copernic et Newton n’étaient pas seuls
James Poskett
Danielle Fauque
Les livres du mois 1mn
Forêts, des racines et des hommes
Hervé Le Bouler
Thierry Gauquelin
Les livres du mois 1mn
La Symphonie inachevée de Darwin
Kevin Laland
Jean-Luc Voisin
Les livres du mois 1mn
La Terre et la Vie
Anne Nédélec
Jean-Sébastien Steyer
Chroniques
Disputes environnementales 2mn
Un coup de marteau pour la biodiversité
Comment obtenir un consensus de 196 pays sur les mesures à prendre pour enrayer et inverser la perte de biodiversité ?
Catherine Aubertin
Les sciences à la loupe 2mn
L’invention de l’autoplagiat
Si publier plusieurs fois la même idée sans le spécifier est problématique, l’obsession actuelle contre l’autoplagiat dans la recherche académique relève plutôt d’une manie comptable…
Yves Gingras
À la une
La quête des principes universels de la vieExobiologie 22mn
La quête des principes universels de la vie
L’image que l’on se fait des petits hommes verts reste souvent calquée sur la vie terrestre. Les stratégies pour traquer la biologie ailleurs dans l’Univers souffrent du même biais. Certains scientifiques abandonnent ces idées réductrices en cherchant les règles générales qui définissent la vie dans toute sa diversité et son étrangeté.
Sarah Scoles
« Lyfe », la vie redéfinieBiochimie 12mn
« Lyfe », la vie redéfinie
Quatre critères suffiraient pour définir la vie en toute généralité ! Pour appuyer cette idée, des chercheurs simulent des systèmes chimiques simples manifestant toutes ces conditions.
David Louapre
Contenus sponsorisés
Article partenaire 10mn
Comment réduire le risque de submersion marine des centrales nucléaires ?
En France, l’industrie nucléaire a adopté des règles pour évaluer le niveau marin extrême, par conséquent les risques d’inondation et les niveaux de protection à mettre en œuvre. La tempête de 1999 a conduit à remettre en cause leurs fondements pour revoir l’évaluation, complexe, de ces risques.
IRSN
Grands formats
Campagnols : l’amour est dans le préNeurosciences 15mn
Campagnols : l’amour est dans le pré
Petits rongeurs monogames, les campagnols des prairies renouvellent notre compréhension de la façon dont naissent l’attachement… et l’amour !
Dev Manoli, Steve Phelps et Zoe Donaldson
Un vieux problème de courbes enfin boucléMathématiques 11mn
Un vieux problème de courbes enfin bouclé
Deux jeunes chercheurs américains ont récemment proposé une démonstration répondant à un problème majeur de géométrie : par combien de points peut-on forcer une courbe à passer sans la dénaturer ?
Clémentine Laurens
Les Bantous dans la forêt des PygméesAnthropologie 22mn
Les Bantous dans la forêt des Pygmées
Au cours du Ier millénaire avant notre ère, les Bantous ont déployé avec un grand succès un mode de vie original dans la forêt tropicale humide africaine. Au cours du millénaire suivant, ils ont connu une crise démographique, dont ils se sont libérés en se reposant sur les premiers habitants de la forêt : les Pygmées.
Geoffroy De Saulieu, Pascal Nlend Nlend et Richard Oslisly
Peut-on mesurer le temps de vol quantique ?Physique théorique 12mn
Peut-on mesurer le temps de vol quantique ?
Aujourd’hui, il est impossible de mesurer précisément le temps mis par des particules pour se déplacer entre deux points. Cette lacune de la physique quantique est-elle en passe d’être comblée ?
Anil Ananthaswamy
L’homme qui voulait répliquer la vieHistoire des sciences 19mn
L’homme qui voulait répliquer la vie
Une machine est-elle capable de se reproduire ? Les automates cellulaires de John von Neumann sont indéniablement dotés de capacités autoreproductrices. Ces créations, qui inspirent encore les réflexions sur le vivant, sont une des facettes de l’œuvre de cet insatiable scientifique, qu’explore une biographie passionnante, parue chez Quanto.
Ananyo Bhattarya
Rendez-vous
Logique & calcul 22mn
Cryptographie : les fonctions « à sens unique » existent-elles vraiment ?
L’art du chiffrement progresse : une percée inattendue a été réalisée concernant l’existence des fonctions « à sens unique », essentielles en cryptologie. Ce progrès mathématique nous rapproche d’un monde où la sécurité sera assurée.
Jean-Paul Delahaye
Art & science 3mn
Le secret des taches mouvantes à la surface du lac Léman
Sur les tableaux du Suisse Ferdinand Hodler, les nappes lisses à la surface du Léman ne sont pas une licence artistique. Elles s’expliquent par l’hydrodynamique du lac.
Loïc Mangin
Idées de physique 6mn
L’art balèze de l’arbalète
Un arc vaut-il mieux qu’une arbalète ? Pas sûr… Chacun a des avantages et des inconvénients que la physique permet de bien saisir.
Édouard Kierlik et Jean-Michel Courty
Chroniques de l'évolution 6mn
Pas de sexe pour Warramaba virgo
Pourquoi les animaux à reproduction asexuée sont-ils si rares ? Un criquet australien suggère pourtant qu’elle est parfois remarquablement efficace…
Hervé Le Guyader
Science & gastronomie 3mn
Des sauces, avec gourmandise, mais rationalité
Pour des sauces goûteuses, il convient de soigner la phase liquide.
Hervé This
(pourlascience.fr)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Pour la science / Françoise Pétry
N°545 - Mars 2023 - Les 4 règles universelle de la vie [texte imprimé] . - 2023 . - 98 p. : ill. en coul. ; 28 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : 2 Sciences Tags : vie (règles universelles) Index. décimale : 500 Sciences exactes Résumé : « Sommes-nous seuls dans l'univers ? » Pour être saisie par la science, cette fascinante question doit être posée autrement : qu’est-ce que la vie ? Dès lors tout se complique : de quels indices signalant la vie doit-on se mettre en quête ? Chimistes, biologistes, physiciens croisent aujourd’hui leurs réflexions pour définir ce que devront détecter les capteurs de nos sondes, télescopes et robots, sur Terre ou ailleurs. Notre dossier balise ces nouveaux horizons du vivant, et détaille le modèle chimique répondant aux 4 critères caractérisant la « Lyfe » , proposition renouvelée de définition de la vie, s’appliquant à celle que la Terre abrite…et à d'autres vies que la nôtre, éventuellement.
(pourlascience.fr)Note de contenu : Édito
François Lassagne
D’autres vies que la nôtre
François Lassagne
Actualités
Préhistoire 3mn
À quel âge a-t-on des enfants depuis le Paléolithique ?
Une étude génomique révèle que l’âge moyen de procréation des hommes et des femmes a progressivement augmenté depuis 250 000 ans, avec des pères toujours plus vieux que les mères.
William Rowe-Pirra
Environnement 5mn
Des déchets plastiques dans l’environnement pour des millénaires
Sols, rivières, océan, atmosphère… les résidus de plastique sont partout. Jeroen Sonke, directeur de recherche au laboratoire Géosciences Environnement Toulouse, a modélisé avec des collègues le cycle de vie global des plastiques sur les prochains millénaires. Il nous explique leur devenir dans l’environnement.
Propos recueillis par Pierre Giraudeau
Électronique 3mn
Des memristors pour résoudre le défi énergétique des IA
En combinant des composants électroniques inspirés des neurones, les memristors, et une approche statistique bayésienne, des chercheurs ont réalisé une machine capable de reconnaître un geste humain en utilisant plusieurs milliers de fois moins d’énergie qu’une intelligence artificielle sur un ordinateur classique.
Sean Bailly
Biologie végétale 2mn
L’azote, le maillon faible des forêts tropicales
En mangeant les feuilles de jeunes arbres qui fixent l’azote de l’atmosphère, les insectes empêchent ces espèces de fournir ce précieux élément à tout l’écosystème forestier tropical, au point de limiter le rôle de puits de carbone de ces forêts.
Isabelle Bellin
Astrophysique 5mn
Pourquoi le cœur des étoiles tourne moins vite que prévu
Certaines étoiles devraient avoir un noyau qui tourne bien plus vite que leurs couches périphériques, mais les observations ne corroborent pas ces prédictions théoriques. Des champs magnétiques particuliers seraient à l’origine de cette contradiction. Reste à les observer.
Pierre Giraudeau
Immunologie 4mn
L’âge du Bronze, une période clé pour notre immunité
Des mutations avantageuses pour la résistance aux infections ont été sélectionnées massivement il y a 4 500 ans, au prix d’une susceptibilité accrue à certaines maladies.
Noëlle Guillon
Physique 3mn
Coup de froid dans les bulles de savon
À cause de l’évaporation de l’eau contenue dans le film savonneux, une bulle peut se refroidir jusqu’à 8 °C en dessous de la température ambiante !
Pierre Giraudeau
Physique 4mn
Un laser pour guider la foudre
Pour protéger les bâtiments de la foudre, un puissant laser pourrait être une alternative au paratonnerre. Pour la première fois, cette idée étonnante vient d’être mise en pratique avec succès.
Pierre Giraudeau
Microbiologie 3mn
Archées : un pas dans le royaume d’Asgård
On a enfin réussi à observer l’intérieur d’une archée d’Asgård, des organismes unicellulaires sans noyau découverts dans des sources hydrothermales sous-marines. Son architecture évoque étrangement celle des cellules eucaryotes, à noyau.
Marie-Neige Cordonnier
Éthologie 2mn
Les pois sauteurs s’en remettent au hasard
Les chenilles cachées au cœur des « pois sauteurs » n’aiment pas la chaleur. Leurs sauts aléatoires suffisent-ils à les mettre à l’abri des coups de chaud ?
Pierre Giraudeau
Physique des particules 3mn
Pas de neutrinos stériles dans les réacteurs nucléaires
Les centrales nucléaires émettent moins de neutrinos que ce que prévoient les modèles. De nouvelles mesures excluent l’une des hypothèses avancée pour expliquer cette anomalie, celle des neutrinos stériles. La désintégration de l’uranium n’a pas encore livré tous ses secrets.
Évrard-Ouicem Eljaouhari
Livres
Les livres du mois 1mn
Copernic et Newton n’étaient pas seuls
James Poskett
Danielle Fauque
Les livres du mois 1mn
Forêts, des racines et des hommes
Hervé Le Bouler
Thierry Gauquelin
Les livres du mois 1mn
La Symphonie inachevée de Darwin
Kevin Laland
Jean-Luc Voisin
Les livres du mois 1mn
La Terre et la Vie
Anne Nédélec
Jean-Sébastien Steyer
Chroniques
Disputes environnementales 2mn
Un coup de marteau pour la biodiversité
Comment obtenir un consensus de 196 pays sur les mesures à prendre pour enrayer et inverser la perte de biodiversité ?
Catherine Aubertin
Les sciences à la loupe 2mn
L’invention de l’autoplagiat
Si publier plusieurs fois la même idée sans le spécifier est problématique, l’obsession actuelle contre l’autoplagiat dans la recherche académique relève plutôt d’une manie comptable…
Yves Gingras
À la une
La quête des principes universels de la vieExobiologie 22mn
La quête des principes universels de la vie
L’image que l’on se fait des petits hommes verts reste souvent calquée sur la vie terrestre. Les stratégies pour traquer la biologie ailleurs dans l’Univers souffrent du même biais. Certains scientifiques abandonnent ces idées réductrices en cherchant les règles générales qui définissent la vie dans toute sa diversité et son étrangeté.
Sarah Scoles
« Lyfe », la vie redéfinieBiochimie 12mn
« Lyfe », la vie redéfinie
Quatre critères suffiraient pour définir la vie en toute généralité ! Pour appuyer cette idée, des chercheurs simulent des systèmes chimiques simples manifestant toutes ces conditions.
David Louapre
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Comment réduire le risque de submersion marine des centrales nucléaires ?
En France, l’industrie nucléaire a adopté des règles pour évaluer le niveau marin extrême, par conséquent les risques d’inondation et les niveaux de protection à mettre en œuvre. La tempête de 1999 a conduit à remettre en cause leurs fondements pour revoir l’évaluation, complexe, de ces risques.
IRSN
Grands formats
Campagnols : l’amour est dans le préNeurosciences 15mn
Campagnols : l’amour est dans le pré
Petits rongeurs monogames, les campagnols des prairies renouvellent notre compréhension de la façon dont naissent l’attachement… et l’amour !
Dev Manoli, Steve Phelps et Zoe Donaldson
Un vieux problème de courbes enfin boucléMathématiques 11mn
Un vieux problème de courbes enfin bouclé
Deux jeunes chercheurs américains ont récemment proposé une démonstration répondant à un problème majeur de géométrie : par combien de points peut-on forcer une courbe à passer sans la dénaturer ?
Clémentine Laurens
Les Bantous dans la forêt des PygméesAnthropologie 22mn
Les Bantous dans la forêt des Pygmées
Au cours du Ier millénaire avant notre ère, les Bantous ont déployé avec un grand succès un mode de vie original dans la forêt tropicale humide africaine. Au cours du millénaire suivant, ils ont connu une crise démographique, dont ils se sont libérés en se reposant sur les premiers habitants de la forêt : les Pygmées.
Geoffroy De Saulieu, Pascal Nlend Nlend et Richard Oslisly
Peut-on mesurer le temps de vol quantique ?Physique théorique 12mn
Peut-on mesurer le temps de vol quantique ?
Aujourd’hui, il est impossible de mesurer précisément le temps mis par des particules pour se déplacer entre deux points. Cette lacune de la physique quantique est-elle en passe d’être comblée ?
Anil Ananthaswamy
L’homme qui voulait répliquer la vieHistoire des sciences 19mn
L’homme qui voulait répliquer la vie
Une machine est-elle capable de se reproduire ? Les automates cellulaires de John von Neumann sont indéniablement dotés de capacités autoreproductrices. Ces créations, qui inspirent encore les réflexions sur le vivant, sont une des facettes de l’œuvre de cet insatiable scientifique, qu’explore une biographie passionnante, parue chez Quanto.
Ananyo Bhattarya
Rendez-vous
Logique & calcul 22mn
Cryptographie : les fonctions « à sens unique » existent-elles vraiment ?
L’art du chiffrement progresse : une percée inattendue a été réalisée concernant l’existence des fonctions « à sens unique », essentielles en cryptologie. Ce progrès mathématique nous rapproche d’un monde où la sécurité sera assurée.
Jean-Paul Delahaye
Art & science 3mn
Le secret des taches mouvantes à la surface du lac Léman
Sur les tableaux du Suisse Ferdinand Hodler, les nappes lisses à la surface du Léman ne sont pas une licence artistique. Elles s’expliquent par l’hydrodynamique du lac.
Loïc Mangin
Idées de physique 6mn
L’art balèze de l’arbalète
Un arc vaut-il mieux qu’une arbalète ? Pas sûr… Chacun a des avantages et des inconvénients que la physique permet de bien saisir.
Édouard Kierlik et Jean-Michel Courty
Chroniques de l'évolution 6mn
Pas de sexe pour Warramaba virgo
Pourquoi les animaux à reproduction asexuée sont-ils si rares ? Un criquet australien suggère pourtant qu’elle est parfois remarquablement efficace…
Hervé Le Guyader
Science & gastronomie 3mn
Des sauces, avec gourmandise, mais rationalité
Pour des sauces goûteuses, il convient de soigner la phase liquide.
Hervé This
(pourlascience.fr)Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600018685 Périodique Revues Exclu du prêt Plusieurs vies en une / Michel Eltchaninoff in Philosophie Magazine, N°75 (29/11/2013)
[article]
in Philosophie Magazine > N°75 (29/11/2013) . - 44-46
Titre : Plusieurs vies en une Type de document : texte imprimé Auteurs : Michel Eltchaninoff, Auteur Année de publication : 2013 Article en page(s) : 44-46 Langues : Français (fre) Catégories : Philosophie Tags : philosophie vie Index. décimale : 100 Philosophie. Psychologie [article] Plusieurs vies en une [texte imprimé] / Michel Eltchaninoff, Auteur . - 2013 . - 44-46.
Langues : Français (fre)
in Philosophie Magazine > N°75 (29/11/2013) . - 44-46
Catégories : Philosophie Tags : philosophie vie Index. décimale : 100 Philosophie. Psychologie Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600003834 Périodique Revues Exclu du prêt L'écume des jours. Boris Vian / Michel Gauthier-Darley (1973)
Titre : L'écume des jours. Boris Vian : Analyse critique Type de document : texte imprimé Auteurs : Michel Gauthier-Darley, Auteur Editeur : Paris [France] : Hatier Année de publication : 1973 Collection : Profil d'une oeuvre num. 45-46 Importance : 159 p. Format : 18 cm ISBN/ISSN/EAN : 2-2198-01912-4 Langues : Français (fre) Catégories : Analyse littéraire
Littérature françaiseTags : L'Ecume des jours (analyse littéraire) Boris Vian (analyse littéraire) Index. décimale : 821.133.1 Littérature française. Littérature de langue française Note de contenu : - le récit et ses récurrences
- la mort au coeur de la vie
- thèmes surréalistes
- Vian et SartreL'écume des jours. Boris Vian : Analyse critique [texte imprimé] / Michel Gauthier-Darley, Auteur . - Hatier, 1973 . - 159 p. ; 18 cm. - (Profil d'une oeuvre; 45-46) .
ISSN : 2-2198-01912-4
Langues : Français (fre)
Catégories : Analyse littéraire
Littérature françaiseTags : L'Ecume des jours (analyse littéraire) Boris Vian (analyse littéraire) Index. décimale : 821.133.1 Littérature française. Littérature de langue française Note de contenu : - le récit et ses récurrences
- la mort au coeur de la vie
- thèmes surréalistes
- Vian et SartreRéservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600015812 Récit (roman, théâtre, biographie...) Littérature (romans, pièces de théâtre, récits de vie...) Disponible N°134p - Décembre 2022- Janvier-Février 2023 - Microtransitions. Temps vides ou temps de vie ? (Bulletin de Le journal des professionnels de l'enfance)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Le journal des professionnels de l'enfance / Philippe Duval
Titre : N°134p - Décembre 2022- Janvier-Février 2023 - Microtransitions. Temps vides ou temps de vie ? Type de document : texte imprimé Année de publication : 2022 Importance : 35 p. Présentation : ill. en coul. Format : 30 cm Prix : 7,5 € Langues : Français (fre) Catégories : Enfance Tags : temps vides:temps de vie aménagement espaces jeu (liberté) épuisement professionnel sommeil créativité Index. décimale : 316 Sociologie Résumé : Temps vides ou temps de vie ?
Dans les structures d’accueil collectif, au-delà des activités et des temps de soin, le quotidien des enfants est rythmé par des moments intermédiaires, autrement appelés microtransitions, tel le passage du temps du repas à celui la sieste, du jeu en intérieur à l’extérieur…
Ces temps de transition peuvent être des moments difficiles, tant pour les enfants qui doivent se plier à certaines consignes dont ils maîtrisent mal la finalité, que pour les équipes pour qui ces temps représentent de potentiels instants de conflits et de tension entre deux activités.
Ces temps sont pourtant une partie non négligeable de la journée en crèche des enfants et restent pensés comme des moments non utiles par les équipes, qui concentrent leur attention sur le soin et les activités alors même qu’ils sont aussi des temps comme les autres pour les tout-petits.
(Tpma)Note de contenu : • 3
Édito
Vers la fin de l’homme en petite enfance ? Pour une mixité non clivée
Philippe Duval et Martine de Gainza
• 4-7
Temps vides ou temps de vie ?
Raymonde Caffari-Viallon
• 8-9
Bien dans son assiette. De la théorie à la pratique
Élodie Declève
• 10-13
Aménagement de l’espace : le chantier de la liberté
Garance Annecou-Falaguet
• 14-17
Le jeu libre l’est-il vraiment ?
Magalie Charrier
• 20-23
D’un métier passion à l’épuisement professionnel
Aurélie Allio
• 24-26
L’enfant introverti en crèche
Diana Alcaide
• 27-29
Sécurité affective et sommeil
Linda Farch
• 30-33
Libre exploration gustative !
Priscille Massa
• 34-35
Points à la ligne
(Tpma)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Le journal des professionnels de l'enfance / Philippe Duval
N°134p - Décembre 2022- Janvier-Février 2023 - Microtransitions. Temps vides ou temps de vie ? [texte imprimé] . - 2022 . - 35 p. : ill. en coul. ; 30 cm.
7,5 €
Langues : Français (fre)
Catégories : Enfance Tags : temps vides:temps de vie aménagement espaces jeu (liberté) épuisement professionnel sommeil créativité Index. décimale : 316 Sociologie Résumé : Temps vides ou temps de vie ?
Dans les structures d’accueil collectif, au-delà des activités et des temps de soin, le quotidien des enfants est rythmé par des moments intermédiaires, autrement appelés microtransitions, tel le passage du temps du repas à celui la sieste, du jeu en intérieur à l’extérieur…
Ces temps de transition peuvent être des moments difficiles, tant pour les enfants qui doivent se plier à certaines consignes dont ils maîtrisent mal la finalité, que pour les équipes pour qui ces temps représentent de potentiels instants de conflits et de tension entre deux activités.
Ces temps sont pourtant une partie non négligeable de la journée en crèche des enfants et restent pensés comme des moments non utiles par les équipes, qui concentrent leur attention sur le soin et les activités alors même qu’ils sont aussi des temps comme les autres pour les tout-petits.
(Tpma)Note de contenu : • 3
Édito
Vers la fin de l’homme en petite enfance ? Pour une mixité non clivée
Philippe Duval et Martine de Gainza
• 4-7
Temps vides ou temps de vie ?
Raymonde Caffari-Viallon
• 8-9
Bien dans son assiette. De la théorie à la pratique
Élodie Declève
• 10-13
Aménagement de l’espace : le chantier de la liberté
Garance Annecou-Falaguet
• 14-17
Le jeu libre l’est-il vraiment ?
Magalie Charrier
• 20-23
D’un métier passion à l’épuisement professionnel
Aurélie Allio
• 24-26
L’enfant introverti en crèche
Diana Alcaide
• 27-29
Sécurité affective et sommeil
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[n° ou bulletin]
est un bulletin de Le français dans le monde / Jean-Pierre Cuq
Titre : N°426 - Novembre-Décembre 2019 - Boris Vian Eternellement Type de document : texte imprimé Année de publication : 2019 Importance : 82 p. Présentation : ill. en coul. Format : 27 cm Langues : Français (fre) Catégories : Français Tags : Boris Vian Index. décimale : 811.133.1 Français Note de contenu : ÉPOQUE
Portrait – Impériale Léonara Miano
Région – Limoges, ville d’art et d’histoire
Tendance – L’amour au temps du numérique
Sport – Nigel, le Kiwi qui compte triple
Idées – Jean-Laurent Cassely : « Il y a une obsession du passé »
Bande dessinée – La gloire des immortels
Anniversaire – La tour Eiffel : une santé de fer
DOSSIER – Boris Vian, éternellement
– « Une urgence à vivre, à écrire, à créer tous azimuts »
– Abécédaire
– Les chansons de Vian : un miroir critique de notre temps
– De Bison Ravi à Boris Vian : jouer avec les mots en classe
LANGUE
Entretien – Metin Arditi : « Chacun peut s’inventer son propre esprit français »
Politique linguistique – Cap-Vert : une diglossie en évolution
Je t’aime… moi non plus – Anglicismes : méfions-nous !
Étonnants francophones – « Les plus belles années de ma vie ! »
Mot à mot – Dites-moi professeur
MÉTIER
Réseaux
Vie de profs – « Si je n’enseigne pas, je meurs »
Question d’écritures – Ils s’aiment un peu, beaucoup…
Initiative – L’écologie pour promouvoir le français, et vice versa
Évènement – La Journée internationale des professeurs de français
Zoom – Le français québécois à l’épreuve de l’interprétation
Astuces de classe – Comment formez-vous des groupes et des binômes en classe ?
Tribune – De la simulation globale à la gestion de projet
Innovation – Animer une page Facebook en classe de français
Ressources
MÉMO
À voir
À lire
À écouter
INTERLUDES
Graphe – Snob
Poésie – Boris Vian : « L’Évadé ou Le temps de vivre »
En scène ! – C’est le jour et la nuit !
BD – Les Nœils : « Juste un verre », « Mamie s’en va »
OUTILS
Jeux – À table !
Mnémo – L’incroyable histoire du pronom « on »
Quiz – Boris Vian
Test – Relativement vôtre
Fiche pédagogique – Vian, artiste aux multiples talents
Fiche pédagogique – Boris Vian : « Le Déserteur »
Fiche pédagogique – Boris Vian : L’Écume des jours
Fiche pédagogique – Écologie : les fruits et les légumes moches
Dans votre espace abonné sur fdlm.org :
Des fiches pédagogiques pour exploiter les articles
Région – Limoges, une ville d’art et d’histoire
Question d’écriture – Ils s’aiment un peu, beaucoup…
Mnémo – L’incroyable histoire du pronom « on »
Les reportages audio
Littérature – Il y a 60 ans, disparaissait Boris Vian
Culture – Quand le cinéma s’invite à l’hôpital
Tendance – France, les étudiants s’occupent des séniors
Expression – « Faire un trou à la lune »
(fdlm)En ligne : https://www.fdlm.org/pdf/fdlm-426-112019.pdf [n° ou bulletin]
est un bulletin de Le français dans le monde / Jean-Pierre Cuq
N°426 - Novembre-Décembre 2019 - Boris Vian Eternellement [texte imprimé] . - 2019 . - 82 p. : ill. en coul. ; 27 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Français Tags : Boris Vian Index. décimale : 811.133.1 Français Note de contenu : ÉPOQUE
Portrait – Impériale Léonara Miano
Région – Limoges, ville d’art et d’histoire
Tendance – L’amour au temps du numérique
Sport – Nigel, le Kiwi qui compte triple
Idées – Jean-Laurent Cassely : « Il y a une obsession du passé »
Bande dessinée – La gloire des immortels
Anniversaire – La tour Eiffel : une santé de fer
DOSSIER – Boris Vian, éternellement
– « Une urgence à vivre, à écrire, à créer tous azimuts »
– Abécédaire
– Les chansons de Vian : un miroir critique de notre temps
– De Bison Ravi à Boris Vian : jouer avec les mots en classe
LANGUE
Entretien – Metin Arditi : « Chacun peut s’inventer son propre esprit français »
Politique linguistique – Cap-Vert : une diglossie en évolution
Je t’aime… moi non plus – Anglicismes : méfions-nous !
Étonnants francophones – « Les plus belles années de ma vie ! »
Mot à mot – Dites-moi professeur
MÉTIER
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Vie de profs – « Si je n’enseigne pas, je meurs »
Question d’écritures – Ils s’aiment un peu, beaucoup…
Initiative – L’écologie pour promouvoir le français, et vice versa
Évènement – La Journée internationale des professeurs de français
Zoom – Le français québécois à l’épreuve de l’interprétation
Astuces de classe – Comment formez-vous des groupes et des binômes en classe ?
Tribune – De la simulation globale à la gestion de projet
Innovation – Animer une page Facebook en classe de français
Ressources
MÉMO
À voir
À lire
À écouter
INTERLUDES
Graphe – Snob
Poésie – Boris Vian : « L’Évadé ou Le temps de vivre »
En scène ! – C’est le jour et la nuit !
BD – Les Nœils : « Juste un verre », « Mamie s’en va »
OUTILS
Jeux – À table !
Mnémo – L’incroyable histoire du pronom « on »
Quiz – Boris Vian
Test – Relativement vôtre
Fiche pédagogique – Vian, artiste aux multiples talents
Fiche pédagogique – Boris Vian : « Le Déserteur »
Fiche pédagogique – Boris Vian : L’Écume des jours
Fiche pédagogique – Écologie : les fruits et les légumes moches
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Question d’écriture – Ils s’aiment un peu, beaucoup…
Mnémo – L’incroyable histoire du pronom « on »
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Littérature – Il y a 60 ans, disparaissait Boris Vian
Culture – Quand le cinéma s’invite à l’hôpital
Tendance – France, les étudiants s’occupent des séniors
Expression – « Faire un trou à la lune »
(fdlm)En ligne : https://www.fdlm.org/pdf/fdlm-426-112019.pdf Réservation
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