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314 résultat(s) recherche sur le tag 'violence(sexuelle)'
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N°395 - Mai 2020 - Lutte contre les violences sexuelles en contexte migratoire : perspectives, outils et pistes pour l'avenir (Bulletin de Journal du droit des jeunes)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Journal du droit des jeunes / Benoit Van Keirsbilck
Titre : N°395 - Mai 2020 - Lutte contre les violences sexuelles en contexte migratoire : perspectives, outils et pistes pour l'avenir Type de document : texte imprimé Année de publication : 2020 Importance : 48 p. Présentation : ill. Format : 30 cm Langues : Français (fre) Catégories : Droit Tags : migrant violences sexuelles mineur d'âge médias (éducation) Index. décimale : 34 Droit. Jurisprudence. Législation Note de contenu : ARTICLES
1
Éditorial : «J’aimerais dire aux décideurs de faire at- tention à nous, les enfants, que vous veilliez sur nous, que vous veilliez sur notre santé à tous et qu’on puisse s’occuper» – Florence Bourton
3
La lutte contre les violences sexuelles pendant les conflits concerne également la Belgique – Melanie Zonderman et Bo Fagardo
5
Sexualité, violences sexuelles et jeunes en exil. Quels outils et quelles pistes pour l’avenir ? – Bo Fagardo et Melanie Zonderman
20
Féminisme et antiracisme : perspectives pour la lutte contre les MGF en Belgique – Le GAMS Belgique
22
Quels droits pour la victime d’un fait qualifié infrac- tion commis par un mineur d’âge en Communauté française de Belgique ? Analyse de la décision Waresiak c. Pologne du 2 avril 2020 – Anne-Sophie Calande
JEUNES À DROIT
30
L’éducation aux médias. Une nécessité dans le par- cours scolaire selon 95,14% des jeunes ! – Le Forum des Jeunes
JURISPRUDENCE
35
CEDH – Décision Irena Waresiak et Eugeniusz Waresiak c. Pologne - Requête n° 58558/13 – 2 avril 2020 – Droit à la vie (art. 2) – Auteur mineur – Droits procéduraux des proches de la victime - Lien avec la finalité principale de la loi de 1982, laquelle tendait principalement à la protection de l’intérêt du mineur délinquant - Les requérants ont été associés à la pro- cédure dans la mesure nécessaire à la protection de leurs intérêts – Requête irrecevable.
38
CEDH – Affaire Detry et autres c. Belgique - Re- quête n° 26565/16 et 6 autres requêtes – 4 juin 2020 Interdiction de la torture et des traitements inhumains ou dégradants (art. 3) – Droit à un recours effectif (art. 13) – Grève des agents pénitentiaires – Mauvaises conditions de détention - Détresse qui a excédé le niveau inévitable de souffrance inhérent à la mesure privative de liberté – Violation.
39
CEDH – Grande chambre, arrêt M.N. et autres c. Belgique – Requête n° 3599/18 – 5 mai 2020 Interdiction de la torture et des traitements inhumains et dégradants (art. 3) - Droit à un recours effectif (art. 13) – Droit à un procès équitable (art. 6) – Visa humanitaire – Famille syrienne – Ambassade belge à Beyrouth – Personnes relevant de la juridiction des États contractants – Le simple fait pour un requérant d’initier une procédure dans un État partie avec lequel il n’a aucun lien de rattachement ne peut suffire à établir la juridiction de cet État à son égard - L’entrée sur le territoire belge qui aurait résulté de l’octroi des visas ne met pas en jeu un droit de caractère civil – Irrecevabilité.
44
CEDH (3ème section, 10 mars 2020) – Dyagilev c. Russie (req. n° 49972/16) – Objection de conscience – Demande de service civil de remplacement – Preuve de caractère sérieux des convictions pacifistes – Commission de recrutement – Indépendance.
45
Cass. (2ème ch.), 29 octobre 2019 Voyeurisme – Diffusion de l’enregistrement visuel d’une personne dénudée ou qui se livre à une activité sexuelle explicite, sans accord ou à son insu – Éléments constitutifs – Identifiabilité non requise
(Jdj)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Journal du droit des jeunes / Benoit Van Keirsbilck
N°395 - Mai 2020 - Lutte contre les violences sexuelles en contexte migratoire : perspectives, outils et pistes pour l'avenir [texte imprimé] . - 2020 . - 48 p. : ill. ; 30 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Droit Tags : migrant violences sexuelles mineur d'âge médias (éducation) Index. décimale : 34 Droit. Jurisprudence. Législation Note de contenu : ARTICLES
1
Éditorial : «J’aimerais dire aux décideurs de faire at- tention à nous, les enfants, que vous veilliez sur nous, que vous veilliez sur notre santé à tous et qu’on puisse s’occuper» – Florence Bourton
3
La lutte contre les violences sexuelles pendant les conflits concerne également la Belgique – Melanie Zonderman et Bo Fagardo
5
Sexualité, violences sexuelles et jeunes en exil. Quels outils et quelles pistes pour l’avenir ? – Bo Fagardo et Melanie Zonderman
20
Féminisme et antiracisme : perspectives pour la lutte contre les MGF en Belgique – Le GAMS Belgique
22
Quels droits pour la victime d’un fait qualifié infrac- tion commis par un mineur d’âge en Communauté française de Belgique ? Analyse de la décision Waresiak c. Pologne du 2 avril 2020 – Anne-Sophie Calande
JEUNES À DROIT
30
L’éducation aux médias. Une nécessité dans le par- cours scolaire selon 95,14% des jeunes ! – Le Forum des Jeunes
JURISPRUDENCE
35
CEDH – Décision Irena Waresiak et Eugeniusz Waresiak c. Pologne - Requête n° 58558/13 – 2 avril 2020 – Droit à la vie (art. 2) – Auteur mineur – Droits procéduraux des proches de la victime - Lien avec la finalité principale de la loi de 1982, laquelle tendait principalement à la protection de l’intérêt du mineur délinquant - Les requérants ont été associés à la pro- cédure dans la mesure nécessaire à la protection de leurs intérêts – Requête irrecevable.
38
CEDH – Affaire Detry et autres c. Belgique - Re- quête n° 26565/16 et 6 autres requêtes – 4 juin 2020 Interdiction de la torture et des traitements inhumains ou dégradants (art. 3) – Droit à un recours effectif (art. 13) – Grève des agents pénitentiaires – Mauvaises conditions de détention - Détresse qui a excédé le niveau inévitable de souffrance inhérent à la mesure privative de liberté – Violation.
39
CEDH – Grande chambre, arrêt M.N. et autres c. Belgique – Requête n° 3599/18 – 5 mai 2020 Interdiction de la torture et des traitements inhumains et dégradants (art. 3) - Droit à un recours effectif (art. 13) – Droit à un procès équitable (art. 6) – Visa humanitaire – Famille syrienne – Ambassade belge à Beyrouth – Personnes relevant de la juridiction des États contractants – Le simple fait pour un requérant d’initier une procédure dans un État partie avec lequel il n’a aucun lien de rattachement ne peut suffire à établir la juridiction de cet État à son égard - L’entrée sur le territoire belge qui aurait résulté de l’octroi des visas ne met pas en jeu un droit de caractère civil – Irrecevabilité.
44
CEDH (3ème section, 10 mars 2020) – Dyagilev c. Russie (req. n° 49972/16) – Objection de conscience – Demande de service civil de remplacement – Preuve de caractère sérieux des convictions pacifistes – Commission de recrutement – Indépendance.
45
Cass. (2ème ch.), 29 octobre 2019 Voyeurisme – Diffusion de l’enregistrement visuel d’une personne dénudée ou qui se livre à une activité sexuelle explicite, sans accord ou à son insu – Éléments constitutifs – Identifiabilité non requise
(Jdj)Réservation
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Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600013256 $Périodique Revues Disponible N°411 - Janvier 2022 - La prise en charge des mineur.e.s victimes de violences sexuelles (Bulletin de Journal du droit des jeunes)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Journal du droit des jeunes / Benoit Van Keirsbilck
Titre : N°411 - Janvier 2022 - La prise en charge des mineur.e.s victimes de violences sexuelles Type de document : texte imprimé Année de publication : 2022 Importance : 48 p. Présentation : ill. Format : 30 cm Langues : Français (fre) Catégories : Droit Tags : mineur violences sexuelles droit à l'asile et à l'accueil Index. décimale : 34 Droit. Jurisprudence. Législation Résumé : L'éditorial du JDJ n°411 par Alexandra Roelandt
Redouane, Jeff et autres machos, au musée de l'histoire
Le 2 février dernier, Redouane Ahrouch, fondateur du parti politique ISLAM, est condamné à quatre mois d’emprisonnement avec sursis par la Cour d’appel de Bruxelles pour son attitude et ses propos tenus lors de l’émission «C’est pas tous les jours dimanche» en 2018 (1).
Il avait alors refusé de répondre aux interrogations de la chroniqueuse et même de la regarder, au motif qu’elle était une femme.
Dans le genre odieux, il n’est malheureusement pas le seul.
En témoignent aussi les propos sexistes et d’incitation à la haine et à la discrimination envers les femmes, tenus par le chirurgien esthétique Jeff Hoeyberghs devant une assemblée d’étudiants de l’Université de Gand, manifestement enthousiastes : «On ne peut pas traiter une femme sur un pied d’égalité sans devenir son esclave», les femmes sont devenues «superflues» et «veulent les privilèges de la protection masculine et de l’argent, mais ne veulent plus ouvrir les jambes».
Comprenez, les femmes qui ne perdent pas leur virginité avant 20 ans n’apprennent jamais, «les meilleures femmes sont déflorées à 14 ans».
Le Tribunal correctionnel l’a condamné en première instance à de la prison ferme (2), mais Jeff Hoeyberghs persiste à croire que son intervention est un «témoignage inspirant» (selon ses propres termes), puisqu’il a décidé de faire appel.
Ces condamnations témoignent d’une avancée heureuse des mentalités. Elles sont l’occasion de rappeler que le mépris à l’égard d’une personne en raison de son appartenance sexuelle, ou le fait de la considérer comme inférieure ou réduite à sa dimension sexuelle (3) est condamnable, en ce compris légalement depuis 2014 (4).
Ces deux décisions judiciaires portent au nombre de trois les condamnations pour sexisme (5). C’est trop peu, quand on sait que plus de 90% des femmes ont déclaré avoir déjà été victimes de harcèlement sexiste dans l’espace public, que ce soit sous forme de sifflements, de commentaires, de regards insistants, voire, dans un tiers des cas, d’attouchements ou de harcèlement physique (6). Quand il n’est pas banalisé, en ce compris par les victimes elles-mêmes, le sexisme n’est pas souvent révélé aux professionnels.
Pourtant, le sexisme est une atteinte grave à l’intégrité et la dignité, mais aussi à la liberté. Porte ouverte au harcèlement, il porte atteinte à une valeur fondamentale de notre société qu’est l’égalité entre les femmes et les hommes.
Alors parlons-en ! Que la loi de 2014 ne reste pas seulement un beau texte symbolique, mais permette de faire évoluer les mentalités en profondeur. Pour que les Redouane et Jeff soient renvoyés au musée des machos lourdingues de l’histoire.
(JDJ)Note de contenu : ARTICLES
1
Redouane, Jeff et autres machos, au musée de l’histoire — Alexandra Roelandt
7
La lutte contre les violences sexuelles basées sur le genre. Focus sur la prise en charge des mineurs victimes de violences sexuelles — Alexandra Roelandt
TRAVAUX PARLEMENTAIRES
22
Question de M. Eddy Fontaine (PS) à Mme Valérie Glatigny, intitulée «Nécessité de conserver la pluridisciplinarité dans les équipes des services d’aide en milieu ouvert (AMO)» - CRIc n° 34-Ens Sup7 (2021-2022), 14 décembre 2021, pp. 52 à 54.
23
Question de Mme Gladys Kazadi (CdH) à Mme Glatigny, intitulée «Maisons d’hébergement des personnes âgées de 18 à 25ans»
24
Question de M. Thierry Witsel (PS) à Mme Glatigny, intitulée «Suivi du rapport d’activité du Centre d’aide et de prise en charge de toute personne concernée par le radicalisme et les extrémismes violents (CAPREV)» - CRIc n° 34-Ens Sup7 (2021- 2022), 14 décembre 2021, pp. 64 et 65.
25
Question de Mme Delphine Chabbert (PS) à Mme Glatigny, intitulée «ASBL Macadam» - CRIc n° 39- Ens Sup8 (2021-2022), 11 janvier 2022, pp. 36 et 37.
DOCUMENTS
26
Victime de violences policières illégitimes et rôle de l’attestation médicale en matière de preuve. Ordre des médecins – Conseil national
JURISPRUDENCE
28
Tribunal de première instance francophone de Bruxelles, section civile (réf.) - 19 janvier 2022 Mesures provisoires urgentes – Art. 584 C.J – Intérêt à agir – Urgence – Apparence de droit – Directive 2013/32/EU relative à des procédures communes pour l’octroi et le retrait de la protection internationale et Directive 2013/33/UE établissant des normes pour l’accueil des personnes demandant la protection internationale – Droit de présenter une demande de protection internationale (anciennement demande d’asile) – Droit à l’accueil (aide matérielle) – Illégalité apparente – Astreinte (Ordonnance définitive et contradictoire)
42
Cass. (2ème ch.), 17 novembre 2020 - P.20.0758.N Attentat à la pudeur et viol – Qualification des faits – Inculpé beau-père de la victime – Poursuites sur la base de l’art. 373, al.2 du Code pénal – Éventuelle requalification sur la base de l’art. 372, al.2
42
Cass. (2ème ch.), 13 avril 2021 - P.21.0045.N Mineur – Différend entre les parents – Exercice de l’autorité parentale – Organisation de l’hébergement – Droits de l’enfant – Opinion de l’enfant - Due considération
42
JP. Kapellen, 16 novembre 2021 Bail d’habitation – Renon donné par le locataire – Prise de cours du délai – Notion de mois – Définition contractuelle
42
Bruxelles (42ème ch.), 25 septembre 2018 Pension alimentaire – Défendeur défaillant – Demande manifestement excessive – Ordre public – Modération de la demande.
JEUNES À DROIT
43
« En Avant !» - Fête des droits de l’enfant et des jeunes - 24 novembre/30 novembre 2021 — Charlotte Lisin
(JDJ)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Journal du droit des jeunes / Benoit Van Keirsbilck
N°411 - Janvier 2022 - La prise en charge des mineur.e.s victimes de violences sexuelles [texte imprimé] . - 2022 . - 48 p. : ill. ; 30 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Droit Tags : mineur violences sexuelles droit à l'asile et à l'accueil Index. décimale : 34 Droit. Jurisprudence. Législation Résumé : L'éditorial du JDJ n°411 par Alexandra Roelandt
Redouane, Jeff et autres machos, au musée de l'histoire
Le 2 février dernier, Redouane Ahrouch, fondateur du parti politique ISLAM, est condamné à quatre mois d’emprisonnement avec sursis par la Cour d’appel de Bruxelles pour son attitude et ses propos tenus lors de l’émission «C’est pas tous les jours dimanche» en 2018 (1).
Il avait alors refusé de répondre aux interrogations de la chroniqueuse et même de la regarder, au motif qu’elle était une femme.
Dans le genre odieux, il n’est malheureusement pas le seul.
En témoignent aussi les propos sexistes et d’incitation à la haine et à la discrimination envers les femmes, tenus par le chirurgien esthétique Jeff Hoeyberghs devant une assemblée d’étudiants de l’Université de Gand, manifestement enthousiastes : «On ne peut pas traiter une femme sur un pied d’égalité sans devenir son esclave», les femmes sont devenues «superflues» et «veulent les privilèges de la protection masculine et de l’argent, mais ne veulent plus ouvrir les jambes».
Comprenez, les femmes qui ne perdent pas leur virginité avant 20 ans n’apprennent jamais, «les meilleures femmes sont déflorées à 14 ans».
Le Tribunal correctionnel l’a condamné en première instance à de la prison ferme (2), mais Jeff Hoeyberghs persiste à croire que son intervention est un «témoignage inspirant» (selon ses propres termes), puisqu’il a décidé de faire appel.
Ces condamnations témoignent d’une avancée heureuse des mentalités. Elles sont l’occasion de rappeler que le mépris à l’égard d’une personne en raison de son appartenance sexuelle, ou le fait de la considérer comme inférieure ou réduite à sa dimension sexuelle (3) est condamnable, en ce compris légalement depuis 2014 (4).
Ces deux décisions judiciaires portent au nombre de trois les condamnations pour sexisme (5). C’est trop peu, quand on sait que plus de 90% des femmes ont déclaré avoir déjà été victimes de harcèlement sexiste dans l’espace public, que ce soit sous forme de sifflements, de commentaires, de regards insistants, voire, dans un tiers des cas, d’attouchements ou de harcèlement physique (6). Quand il n’est pas banalisé, en ce compris par les victimes elles-mêmes, le sexisme n’est pas souvent révélé aux professionnels.
Pourtant, le sexisme est une atteinte grave à l’intégrité et la dignité, mais aussi à la liberté. Porte ouverte au harcèlement, il porte atteinte à une valeur fondamentale de notre société qu’est l’égalité entre les femmes et les hommes.
Alors parlons-en ! Que la loi de 2014 ne reste pas seulement un beau texte symbolique, mais permette de faire évoluer les mentalités en profondeur. Pour que les Redouane et Jeff soient renvoyés au musée des machos lourdingues de l’histoire.
(JDJ)Note de contenu : ARTICLES
1
Redouane, Jeff et autres machos, au musée de l’histoire — Alexandra Roelandt
7
La lutte contre les violences sexuelles basées sur le genre. Focus sur la prise en charge des mineurs victimes de violences sexuelles — Alexandra Roelandt
TRAVAUX PARLEMENTAIRES
22
Question de M. Eddy Fontaine (PS) à Mme Valérie Glatigny, intitulée «Nécessité de conserver la pluridisciplinarité dans les équipes des services d’aide en milieu ouvert (AMO)» - CRIc n° 34-Ens Sup7 (2021-2022), 14 décembre 2021, pp. 52 à 54.
23
Question de Mme Gladys Kazadi (CdH) à Mme Glatigny, intitulée «Maisons d’hébergement des personnes âgées de 18 à 25ans»
24
Question de M. Thierry Witsel (PS) à Mme Glatigny, intitulée «Suivi du rapport d’activité du Centre d’aide et de prise en charge de toute personne concernée par le radicalisme et les extrémismes violents (CAPREV)» - CRIc n° 34-Ens Sup7 (2021- 2022), 14 décembre 2021, pp. 64 et 65.
25
Question de Mme Delphine Chabbert (PS) à Mme Glatigny, intitulée «ASBL Macadam» - CRIc n° 39- Ens Sup8 (2021-2022), 11 janvier 2022, pp. 36 et 37.
DOCUMENTS
26
Victime de violences policières illégitimes et rôle de l’attestation médicale en matière de preuve. Ordre des médecins – Conseil national
JURISPRUDENCE
28
Tribunal de première instance francophone de Bruxelles, section civile (réf.) - 19 janvier 2022 Mesures provisoires urgentes – Art. 584 C.J – Intérêt à agir – Urgence – Apparence de droit – Directive 2013/32/EU relative à des procédures communes pour l’octroi et le retrait de la protection internationale et Directive 2013/33/UE établissant des normes pour l’accueil des personnes demandant la protection internationale – Droit de présenter une demande de protection internationale (anciennement demande d’asile) – Droit à l’accueil (aide matérielle) – Illégalité apparente – Astreinte (Ordonnance définitive et contradictoire)
42
Cass. (2ème ch.), 17 novembre 2020 - P.20.0758.N Attentat à la pudeur et viol – Qualification des faits – Inculpé beau-père de la victime – Poursuites sur la base de l’art. 373, al.2 du Code pénal – Éventuelle requalification sur la base de l’art. 372, al.2
42
Cass. (2ème ch.), 13 avril 2021 - P.21.0045.N Mineur – Différend entre les parents – Exercice de l’autorité parentale – Organisation de l’hébergement – Droits de l’enfant – Opinion de l’enfant - Due considération
42
JP. Kapellen, 16 novembre 2021 Bail d’habitation – Renon donné par le locataire – Prise de cours du délai – Notion de mois – Définition contractuelle
42
Bruxelles (42ème ch.), 25 septembre 2018 Pension alimentaire – Défendeur défaillant – Demande manifestement excessive – Ordre public – Modération de la demande.
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600017367 $Périodique Revues Disponible N°458 - 23 septembre 2020 - Violences sexuelles. Brisons le silence (Bulletin de Le Monde des ados)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Le Monde des ados / Emmanuel Mounier
Titre : N°458 - 23 septembre 2020 - Violences sexuelles. Brisons le silence Type de document : texte imprimé Année de publication : 2020 Importance : 50 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Prix : 4,9 €. Langues : Français (fre) Catégories : Psychologie de l'adolescent Tags : violences sexuelles sexualité (droits) Sarah Abitbol parents (divorce) Capoeira 5G réseaux mobiles crise sanitaire masque abeilles phobie Index. décimale : 159.9 Psychologie [n° ou bulletin]
est un bulletin de Le Monde des ados / Emmanuel Mounier
N°458 - 23 septembre 2020 - Violences sexuelles. Brisons le silence [texte imprimé] . - 2020 . - 50 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
4,9 €.
Langues : Français (fre)
Catégories : Psychologie de l'adolescent Tags : violences sexuelles sexualité (droits) Sarah Abitbol parents (divorce) Capoeira 5G réseaux mobiles crise sanitaire masque abeilles phobie Index. décimale : 159.9 Psychologie Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600013821 $Périodique Revues Disponible Les jeunes, la sexualité et la violence / Véronique, le Goaziou (2017)
Titre : Les jeunes, la sexualité et la violence Type de document : texte imprimé Auteurs : Véronique, le Goaziou, Auteur Editeur : Bruxelles [Belgique] : Ministère de la Communauté française Année de publication : 2017 Collection : Yapaka.be Sous-collection : Temps d'arrêt lectures num. 97 Importance : 55 p. Format : 18 cm Langues : Français (fre) Catégories : Délinquance juvénile
Sexualité
ViolenceTags : délinquance juvénile violence (jeunes) sexualité (jeunes) sexualité (adolescents) éducation sexuelle pornographie sexisme harcèlement sexuel violences sexuelles viol Index. décimale : 316.624 Comportement asocial. Comportement déviant Résumé : La jeunesse, la sexualité et la violence ont au moins un point commun : ce sont des catégories qui sont tenues sous haute surveillance. Les grands interdits sexuels ont faibli dans nos sociétés et la sexualité juvénile, détachée du cadre affectivo-conjugal, est aujourd’hui admise. Mais les normalités sexuelles, loin d’avoir disparu, sont en réalité multiples et elles ne vont pas toujours dans le sens d’une sexualité égalitaire (entre les sexes) et adaptée (suivant les âges). C’est pourquoi les déviances sexuelles des jeunes, réelles ou supposées, et plus encore leurs actes sexuels violents font l’objet de maints questionnements.
La justice en est saisie ainsi que des éducateurs et des soignants. Plus largement, la communauté des adultes tente de trouver le juste équilibre entre la liberté sexuelle, dont nous sommes les héritiers, et l’accompagnement de nos enfants dans la découverte de leur désir et dans celle du désir de l’autre. (4e de couv.)Les jeunes, la sexualité et la violence [texte imprimé] / Véronique, le Goaziou, Auteur . - Ministère de la Communauté française, 2017 . - 55 p. ; 18 cm. - (Yapaka.be. Temps d'arrêt lectures; 97) .
Langues : Français (fre)
Catégories : Délinquance juvénile
Sexualité
ViolenceTags : délinquance juvénile violence (jeunes) sexualité (jeunes) sexualité (adolescents) éducation sexuelle pornographie sexisme harcèlement sexuel violences sexuelles viol Index. décimale : 316.624 Comportement asocial. Comportement déviant Résumé : La jeunesse, la sexualité et la violence ont au moins un point commun : ce sont des catégories qui sont tenues sous haute surveillance. Les grands interdits sexuels ont faibli dans nos sociétés et la sexualité juvénile, détachée du cadre affectivo-conjugal, est aujourd’hui admise. Mais les normalités sexuelles, loin d’avoir disparu, sont en réalité multiples et elles ne vont pas toujours dans le sens d’une sexualité égalitaire (entre les sexes) et adaptée (suivant les âges). C’est pourquoi les déviances sexuelles des jeunes, réelles ou supposées, et plus encore leurs actes sexuels violents font l’objet de maints questionnements.
La justice en est saisie ainsi que des éducateurs et des soignants. Plus largement, la communauté des adultes tente de trouver le juste équilibre entre la liberté sexuelle, dont nous sommes les héritiers, et l’accompagnement de nos enfants dans la découverte de leur désir et dans celle du désir de l’autre. (4e de couv.)Réservation
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Code-barres Support Section Disponibilité 1600010042 !Livre Yapaka Disponible Les violences contre les femmes / Maryse Jaspard (2005)
Titre : Les violences contre les femmes Type de document : texte imprimé Auteurs : Maryse Jaspard (1945-....), Auteur Editeur : Paris [France] : La Découverte Année de publication : 2005 Collection : Collection Repères Sous-collection : Sociologie Importance : 122 p. Format : 18 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-7071-4288-7 Langues : Français (fre) Catégories : Femme
Violence domestique
Violence familialeTags : violence conjugale femme battue couple violence psychologique Index. décimale : 159.9 Psychologie Résumé : La prise en compte des violences contre les femmes en tant que problème de société est relativement récente en France. Mais que recouvre le concept de violences contre les femmes ? Comment identifier les formes de violence ? Quelle est leur ampleur ? Qui sont les victimes ? Qui sont les agresseurs ? L'analyse sociologique de ce phénomène polymorphe est nécessaire pour déconstruire les idées reçues et lever les tabous. L'enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff), menée en 2000, répond en grande partie à ces attentes. Le mouvement mondial de reconnaissance des violences contre les femmes est un élément majeur de la lutte contre les inégalités entre les sexes, mais le chiffrage et les comparaisons internationales relève d'enjeux politiques et sociaux considérables. Si la production de statistiques de cadrage est indispensable, de quelles sources dispose-t-on réellement pour cerner cette question ? Quelle est la pertinence de telles confrontations ? (Decitre) Note de contenu : L'émergence d'un problème sociopolitique
Les violences conjugales en France
Les violences sexuelles
Des comparaisons internationales incertaines
Enjeux sociaux et débats
(Decitre)Les violences contre les femmes [texte imprimé] / Maryse Jaspard (1945-....), Auteur . - La Découverte, 2005 . - 122 p. ; 18 cm. - (Collection Repères. Sociologie) .
ISBN : 978-2-7071-4288-7
Langues : Français (fre)
Catégories : Femme
Violence domestique
Violence familialeTags : violence conjugale femme battue couple violence psychologique Index. décimale : 159.9 Psychologie Résumé : La prise en compte des violences contre les femmes en tant que problème de société est relativement récente en France. Mais que recouvre le concept de violences contre les femmes ? Comment identifier les formes de violence ? Quelle est leur ampleur ? Qui sont les victimes ? Qui sont les agresseurs ? L'analyse sociologique de ce phénomène polymorphe est nécessaire pour déconstruire les idées reçues et lever les tabous. L'enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff), menée en 2000, répond en grande partie à ces attentes. Le mouvement mondial de reconnaissance des violences contre les femmes est un élément majeur de la lutte contre les inégalités entre les sexes, mais le chiffrage et les comparaisons internationales relève d'enjeux politiques et sociaux considérables. Si la production de statistiques de cadrage est indispensable, de quelles sources dispose-t-on réellement pour cerner cette question ? Quelle est la pertinence de telles confrontations ? (Decitre) Note de contenu : L'émergence d'un problème sociopolitique
Les violences conjugales en France
Les violences sexuelles
Des comparaisons internationales incertaines
Enjeux sociaux et débats
(Decitre)Réservation
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Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600008501 !Livre Psychologie Disponible N°146 - Juillet-Août 2023 - Les secrets de la jouissance (Bulletin de Causette)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Causette / Virginie Roels
Titre : N°146 - Juillet-Août 2023 - Les secrets de la jouissance Type de document : texte imprimé Année de publication : 2023 Importance : 98 p. Présentation : ill. en coul. Format : 27 cm Langues : Français (fre) Catégories : Féminisme Tags : jouissance agriculture cannabis Barbie violences conjugales traceurs GPS football féminin paléoclimatologie consommation alcool (procréation) vacances estivales (famille) complainte Index. décimale : 141.72 Féminisme Note de contenu : ACTU
8 L’agenda
10 Le lance-flammes de Fiona Schmidt
12 On nous prend pour des quiches
16 News
16 La badass du mois : Florence Mendez
17 Décryptage : fraude sociale, la chasse aux pauvres
18 L’essai coup de poing : « Politiser le bien-être »
19 À la loupe : avortement : on en est où ?
20 Le sujet qui fâche : les profs non remplacés
22 Autour du monde Turquie : Erdogan réélu, menaces misogynes en vue
24 Débat Tarification de l’eau : une solution pour l’avenir de la planète ?
26 Débat (la suite) Par Camille Besse
28 Dr Kpote Légendes (sexuelles) du siècle
30 BD écolo WTF ?! La guerre du sable ?
MAG
32 En couv Les secrets de la jouissance : le vrai du faux en 30 questions
46 Étranger Géorgie : le cercle de la poétesse disparue
54 Portrait Barbie : de pétasse à badass
60 On en cause : Violences conjugales : traceurs GPS, la nouvelle arme des harceleurs
64 Société Agriculture : CBD, le nouvel or vert ?
70 Sport Football féminin : enfin une ligue pro ?
VIE PERSO
72 Au boulot Amaëlle Landais-Israël paléoclimatologue
74 Corps Futurs papas : boire ou procréer, il faut choisir
76 Parentalité Vacances : l’été meurtrier
79 Parent2 By the Soulce
80 Jeux Les Animots croisés d’Auguste Derrière et Prunelle de Mézieux
CULTURE
81 Expo Balade photographique
82 Cinéma
82 L’interview : Céline Sallette pour Les Algues vertes
83 Les sorties du mois
86 Série
87 Culture Mix
95 Calendrier  2023 par Pascal Gros
96 Histoire
96 Faits divers : faites chanter l’accusé·e
98 Cette année-là…
(Causette)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Causette / Virginie Roels
N°146 - Juillet-Août 2023 - Les secrets de la jouissance [texte imprimé] . - 2023 . - 98 p. : ill. en coul. ; 27 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Féminisme Tags : jouissance agriculture cannabis Barbie violences conjugales traceurs GPS football féminin paléoclimatologie consommation alcool (procréation) vacances estivales (famille) complainte Index. décimale : 141.72 Féminisme Note de contenu : ACTU
8 L’agenda
10 Le lance-flammes de Fiona Schmidt
12 On nous prend pour des quiches
16 News
16 La badass du mois : Florence Mendez
17 Décryptage : fraude sociale, la chasse aux pauvres
18 L’essai coup de poing : « Politiser le bien-être »
19 À la loupe : avortement : on en est où ?
20 Le sujet qui fâche : les profs non remplacés
22 Autour du monde Turquie : Erdogan réélu, menaces misogynes en vue
24 Débat Tarification de l’eau : une solution pour l’avenir de la planète ?
26 Débat (la suite) Par Camille Besse
28 Dr Kpote Légendes (sexuelles) du siècle
30 BD écolo WTF ?! La guerre du sable ?
MAG
32 En couv Les secrets de la jouissance : le vrai du faux en 30 questions
46 Étranger Géorgie : le cercle de la poétesse disparue
54 Portrait Barbie : de pétasse à badass
60 On en cause : Violences conjugales : traceurs GPS, la nouvelle arme des harceleurs
64 Société Agriculture : CBD, le nouvel or vert ?
70 Sport Football féminin : enfin une ligue pro ?
VIE PERSO
72 Au boulot Amaëlle Landais-Israël paléoclimatologue
74 Corps Futurs papas : boire ou procréer, il faut choisir
76 Parentalité Vacances : l’été meurtrier
79 Parent2 By the Soulce
80 Jeux Les Animots croisés d’Auguste Derrière et Prunelle de Mézieux
CULTURE
81 Expo Balade photographique
82 Cinéma
82 L’interview : Céline Sallette pour Les Algues vertes
83 Les sorties du mois
86 Série
87 Culture Mix
95 Calendrier  2023 par Pascal Gros
96 Histoire
96 Faits divers : faites chanter l’accusé·e
98 Cette année-là…
(Causette)Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600019345 $Périodique Revues Exclu du prêt N°156 - Février 2022 - C'est quoi un bon français ? (Bulletin de Philosophie Magazine)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
Titre : N°156 - Février 2022 - C'est quoi un bon français ? Type de document : texte imprimé Année de publication : 2022 Importance : 98 p. Présentation : ill. en coul. Format : 29 cm Langues : Français (fre) Catégories : Philosophie Tags : violences policières Dan Sperber Marx crise identitaire (France) Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Ce n’est sans doute pas un hasard si le candidat Éric Zemmour s’est fait notamment remarquer par une polémique sur les prénoms : la France traverse une crise d’identité, dont le vote d’extrême droite – créditée d’un tiers des suffrages au premier tour de la prochaine élection présidentielle – est l’un des symptômes. En France, la citoyenneté est en principe une abstraction, un contrat entre la nation et l’individu, sans contenu ethnique ni religieux. Mais cet égalitarisme abstrait est attaqué de toutes parts : à droite, parce qu’il nous couperait de nos racines ; à gauche, parce qu’il serait trop peu attentif aux différences réelles. La France est-elle condamnée à refaire ses papiers ? Nous avons voulu y voir de plus près.
(Philomag)Note de contenu : Article 3 min
Le passé ne fait pas le présent (c’est le contraire qui est vrai)
Alexandre Lacroix 13 janvier 2022
Voilà une sensation que j’éprouve souvent en regardant des vieux films, la dernière fois, c’était devant Vincent, François, Paul… et les autres (1974) de Claude Sautet, qui dépeint les galères d’argent et d’amour d’un groupe d’amis joués par Michel Piccoli, Yves Montand ou enco..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Dois-je avoir honte de me mettre en colère ?”
Charles Pépin 05 janvier 2022
Question de Pauline Courbet
“Dois-je avoir honte de me mettre en colère ?”
REPÉRAGES
Article 1 min
Des big data dans l’ADN
Octave Larmagnac-Matheron 07 janvier 2022
La démultiplication des données numériques pose de plus en plus problème. Certes, ces données prennent moins de place que leur version papier, mais le numérique n’est pas immatériel pour autant : il nécessite des serveurs gigantesques, des câbles, une infrastructure encombrante et est s..
Des big data dans l’ADN
Article 1 min
“Transcendance”
Octave Larmagnac-Matheron 07 janvier 2022
“Aspiration à la raison et besoin de transcendance cohabitent en chacun de nous” Emmanuel Macron, L’Express, le 21 décembre 2021. “L’avenir est la seule transcendance des hommes sans Dieu” Albert Camus, L’Homme révolté (1951). ..
Article 1 min
“Accélérationnisme”
Octave Larmagnac-Matheron 07 janvier 2022
Fin novembre, à Montauban, la police arrêtait deux hommes, accusés d’attiser les tensions intercommunautaires par des discours haineux, racistes et xénophobes. Classés parmi l’ultradroite, ils appartenaient à la mouvance accélérationiste, qui vise à précipiter l’éclatement d’une g..
“Accélérationnisme”
Article 1 min
“166 100”
Octave Larmagnac-Matheron 07 janvier 2022
C’est le prix en euros auquel a été adjugé, lors d’une vente organisée par Christie’s le 15 décembre 2021, l’ordinateur sur lequel Jimmy Wales a rédigé la toute première page de son encyclopédie collaborative en ligne Wikipédia, il y a vingt ans. Cette première page d’..
Article 2 min
La concentration du patrimoine
Octave Larmagnac-Matheron 07 janvier 2022
En France 28,4 millions de logements 58 % des ménages sont propriétaires d’au moins un logement 240 000 euros de patrimoine en moyenne Types de logements possédés Maison à 62 % Appartement à 38 % Ont un droit de propriété sur le logement du ménage 71&n..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Abstention, piège à élections ?
Charles Perragin 10 janvier 2022
À l’approche de l’élection présidentielle, le spectre d’une désertion des urnes inquiète en haut lieu. Pourtant, cela n’a rien d’un phénomène nouveau. Et si l’abstentionniste était moins un « mauvais citoyen » qu’une force de contestation qu’il serait urgent de pleinement reconnaître ?
Abstention, piège à élections ?
Article 3 min
Pourquoi la Russie menace-t-elle l’Ukraine ?
Michel Eltchaninoff 10 janvier 2022
En affirmant qu’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan menacerait la Russie, Vladimir Poutine se range sous la bannière de Thomas Hobbes, qui justifie la guerre préventive. Est-ce un bon raisonnement ?
Pourquoi la Russie menace-t-elle l’Ukraine ?
Article 3 min
Denis Moreau : “La doctrine et l’organisation de l’Église favorisent-elles les violences sexuelles ?”
Martin Legros 10 janvier 2022
Suite à la publication du rapport Sauvé estimant à 330 000 le nombre de mineurs victimes de violence dans l’Église depuis les années 1950, le philosophe Denis Moreau, spécialiste de Descartes et lui-même catholique, prend position contre tous ceux qui cherchent à minimiser la gravité du problème.
Denis Moreau : “La doctrine et l’organisation de l’Église favorisent-elles les violences sexuelles ?”
Article 3 min
Métavers : la promesse d’un monde ?
Octave Larmagnac-Matheron 10 janvier 2022
Ces univers virtuels et immersifs sont le nouvel Eldorado des géants de la Silicon Valley. En couvrant tout le spectre de la vie sociale, risquent-ils de concurrencer le réel ?
Le métavers : monde parallèle ou illusion d’optique ?
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
Clic-clac, c’est dans le smartphone
Sven Ortoli 08 janvier 2022
Moins de 10 millions d’appareils photo, argentiques et numériques, ont été vendus en 2020 (soit 10 fois moins qu’en 2010) contre 1,379 milliard de smartphones. 2,5 milliards d’appareils photo numériques sont en circulation. Le nombre de photos stockées dépasse..
Clic-clac, c’est dans le smartphone
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Graines alimentaires. Divin régime
Tobie Nathan 08 janvier 2022
Après les agapes des fêtes de fin d’année, vous vous surprenez à chanter « Fais comme l’oiseau » et à vous contenter de graines de chia, de lin ou de sésame. Une alimentation saine mais aussi empreinte de sacré.
Graines alimentaires. Divin régime
ENQUÊTE
Article 14 min
Rappel à l’ordre
Victorine de Oliveira 13 janvier 2022
Alors que la nature des manifestations s’est profondément transformée, notamment avec le mouvement des « gilets jaunes » puis des « antivax », comment les forces de police s’adaptent-elles ? La doctrine qui régit le maintien de l’ordre et la part de désordre acceptable dans une société doit-elle changer ? Enquête.
Rappel à l’ordre
RÉCIT
Article 14 min
Transhumanisme. Retour vers le futURSS
Michel Eltchaninoff 12 janvier 2022
Alors que le transhumanisme américain travaille de plus en plus activement à repousser les frontières de la mort et à coloniser l’espace, notre rédacteur en chef Michel Eltchaninoff, qui fait paraître Lénine a marché sur la Lune (Solin-Actes sud), a redécouvert l’une de ses sources majeures d’inspiration : le cosmisme russe, courant scientifique et mystique qui imprègne l’histoire du pays jusqu’à nos jours. Que nous disent les cosmistes de nos rêves d’immortalité ?
Transhumanisme. Retour vers le futURSS
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Choisir la couleur
Isabelle Sorente 09 janvier 2022
Comment résoudre nos dilemmes existentiels sans ressentir un déchirement ? Si l’on peut s’appuyer sur sa raison, peut-être faut-il également avoir le courage de répondre à ce qui, intimement, nous appelle.
Choisir la couleur
DOSSIER
6 articles
C’est quoi un bon Français ?
Publié le 13 janvier 2022
Ce n’est sans doute pas un hasard si le candidat Éric Zemmour s’est fait notamment remarquer par une polémique sur les prénoms : la France traverse une crise d’identité, dont le vote d’extrême droite – créditée d’un tiers des suffrages au premier tour de la prochaine élection présidentielle – est l’un des symptômes. En France, la citoyenneté est en principe une abstraction, un contrat entre la nation et l’individu, sans contenu ethnique ni religieux. Mais cet égalitarisme abstrait est attaqué de toutes parts : à droite, parce qu’il nous couperait de nos racines ; à gauche, parce qu’il serait trop peu attentif aux différences réelles. La France est-elle condamnée à refaire ses papiers ? Pour le découvrir, rendez-vous chez votre marchand de journaux ! Et si vous voulez nous retrouver chaque mois et avoir accès à tous nos articles, vous pouvez opter pour l’une de nos trois formules d’abonnement. > Mais pour aborder la question avec le sourire, faites d’abord un test : quel (bon) Français êtes-vous ? Voyez-vous la France comme un ensemble de traditions ou un projet ? Comme une terre où l’on a ses racines ou comme un port d’où l’on peut voyager ? > Depuis 2006, lors du processus de naturalisation, ceux qui aspirent à devenir des citoyens français passent une sorte d’entretien, au cours duquel ils doivent démontrer leur maîtrise de la langue et de la culture françaises. Sur le terrain, ça donne quoi ? Nous avons recueilli des témoignages sur ce rituel pas seulement symbolique, analysé par la philosophe italienne Teresa Pullano. > En voulant revenir à la loi napoléonienne de 1803, qui empêche les parents de choisir librement le prénom de leurs enfants et oblige à piocher dans le calendrier, Éric Zemmour n’a pas seulement provoqué une polémique : il a dévoilé l’essence de son projet politique, qui vise à un assimilationnisme intégral. Analyse. > La réalisatrice Alice Diop a refait, trente ans après, l’expérience de l’écrivain engagé François Maspero sur la ligne du RER B, dont le trajet passe à travers toutes les classes sociales et toutes les appartenances culturelles : elle nous explique ce que cette immersion lui a appris sur l’universalité de l’être humain. > Ex-PS, ex-LREM, le député du Val-d’Oise Aurélien Taché analyse la montée de la politique identitaire en France dans son récent essai Nativisme. Nous l’avons confronté à la philosophe Marylin Maeso, spécialiste d’Albert Camus, afin qu’ils nous donnent leur vision de l’état actuel de l’universalisme républicain.
C’est quoi un bon Français ?
Article 6 min
Identité réfractaire
Cédric Enjalbert 13 janvier 2022
Alors que la question identitaire hante les esprits et monopolise le débat public, peut-on considérer sérieusement les inquiétudes existentielles, politiques et sociales qu’elle soulève sans attiser les peurs ? Reconnaître l’existence d’un certain « esprit français » sans verser dans la réaction nationaliste ? Pari risqué mais philosophique !
Identité réfractaire
Article 11 min
Test. Quel (bon) Français êtes-vous ?
Alexandre Lacroix 13 janvier 2022
Vous êtes enclin à la nostalgie ou bien vous avez hâte de basculer dans le monde d’après ? Pour le savoir, répondez à nos questions.
Test. Quel (bon) Français êtes-vous ?
Article 11 min
Ce pays qui est devenu le mien
Victorine de Oliveira 13 janvier 2022
La France se veut une « exception culturelle ». Au point de demander aux étrangers qui veulent obtenir sa nationalité une forme d’adhésion à sa culture, à sa langue. Celle-ci est évaluée lors d’un entretien aux allures de « grand oral », que détaillent ici cinq témoins qui ont obtenu la naturalisation.
Ce pays qui est devenu le mien
Article 10 min
Zemmour : la méthode assimile
Michel Eltchaninoff 13 janvier 2022
Éric Zemmour a imposé le thème de l’assimilation des personnes d’origine étrangère dans le débat présidentiel. Il insiste notamment sur le choix des prénoms des enfants, qui doit, selon lui, faire référence à la France du passé. D’où vient cette obsession ? Cette position extrême est-elle partagée par les autres candidats ? Est-elle tenable ?
Zemmour : la méthode assimile
Article 6 min
Alice Diop : “J’ai une façon très vaste d’être française”
Cédric Enjalbert 13 janvier 2022
Comment raconter le récit national ? La réalisatrice Alice Diop s’y essaie dans Nous, déjà visible sur Arte.tv avant d’être projeté en salles à partir du 15 février. Elle y suit, trente ans après l’expérience de l’écrivain François Maspero, le parcours du RER B, de Saint-Denis à la vallée de Chevreuse, en passant par le mémorial de la Shoah, à Drancy. Une quête d’individualités où s’illustrent magnifiquement les vies ordinaires, celles qui constituent le portrait de famille de la France contemporaine.
Alice Diop : “J’ai une façon très vaste d’être française”
Dialogue 13 min
Marilyn Maeso-Aurélien Taché : traits d’union
Cédric Enjalbert 13 janvier 2022
Il est député, elle est philosophe. Tous deux ont une vision de ce que pourrait être l’appartenance à une nation qui ne soit pas crispée sur l’identité. Aurélien Taché, élu du Val-d’Oise et auteur d’un récent essai aux accents autobiographiques sur sa conception de l’intégration, défend une approche moins culturalisée des appartenances à la citoyenneté. Marylin Maeso, réfléchissant à l’essentialisme en politique, défend un universalisme critique, fidèle à l’esprit républicain. Ils ont accepté de dialoguer en commençant par répondre à cette question : qu’est-ce qu’être français ?
Marilyn Maeso-Aurélien Taché : traits d’union
ENTRETIEN
Entretien 18 min
Dan Sperber : “arrêtons de faire de la raison un superpouvoir digne des héros Marvel !”
Martin Legros 13 janvier 2022
Son nom ne vous dit peut-être rien, mais les travaux de ce spécialiste de psychologie cognitive se révèlent salutaires à l’heure où les infox et les théories du complot se propagent de manière virale sur les réseaux sociaux. Avec son dernier livre L’Énigme de la raison, Dan Sperber propose une définition révolutionnaire de notre fonctionnement mental, qui va jusqu’à remettre en cause les notions de crédulité et de biais cognitifs.
Dan Sperber : “arrêtons de faire de la raison un superpouvoir digne des héros Marvel !”
L’AVENTURE D’UN CLASSIQUE
5 articles
“Manifeste du parti communiste”. Révolutionnaire !
Publié le 13 janvier 2022
Lorsque Karl Marx et Friedrich Engels se rencontrent, ils ne savent pas encore qu’ils vont écrire le texte qui incitera à dynamiter la société bourgeoise. Outre l’aspect insurrectionnel qu’il renferme, le Manifeste porte en lui un concept révolutionnaire, le matérialisme historique : ce sont les forces productives, et non les idées, qui entraînent des bouleversements sociaux et politiques d’envergure.
Illustration : © Jules Julien pour Philosophie magazine.
Article 11 min
“Manifeste du parti communiste”. Brûlot universel
Victorine de Oliveira 13 janvier 2022
Lorsque Karl Marx et Friedrich Engels se rencontrent, ils ne savent pas encore qu’ils vont écrire le texte qui incitera à dynamiter la société bourgeoise. Outre l’aspect insurrectionnel qu’il renferme, le Manifeste porte en lui un concept révolutionnaire, le matérialisme historique : ce sont les forces productives, et non les idées, qui entraînent des bouleversements sociaux et politiques d’envergure.
Illustration : © Jules Julien pour Philosophie magazine.
Article 3 min
La lutte finale
Victorine de Oliveira 13 janvier 2022
Le Manifeste du parti communiste est un texte célèbre qui a suscité autant d’enthousiasme que de malentendus. Diffusé et traduit dans une multitude de langues, il est de ces œuvres qui ont eu une influence directe sur le cours de l’histoire. De certains concepts, on débat encore aujourd’hui. Voici quelques clés si vous aussi voulez entrer dans la lutte !
Article 3 min
Proudhon, frère ennemi
13 janvier 2022
Marx cherche d’abord son soutien, avant de rapidement devenir son principal rival. Le socialiste français Pierre-Joseph Proudhon est à tel point la bête noire de Marx que, répondant à la Philosophie de la misère de Proudhon, Marx écrit Misère de la philosophie (1847). Dans une lettre à Jean-Baptiste Schweitzer, il revient sur ce qui l’oppose intellectuellement à Proudhon, alors que ce dernier vient de mourir.
Article 5 min
“Manifeste du parti communiste”. Penser une organisation démocratique
Victorine de Oliveira 13 janvier 2022
Au-delà de son aspect insurrectionnel, l’un des aspects les plus novateurs et les plus méconnus du Manifeste du parti communiste est de constituer la classe ouvrière en parti, relève le spécialiste de Marx et d’Engels Jean Quétier. Une structure inédite à l’époque où écrivent les deux penseurs, qui l’imaginent comme une organisation démocratique.
“Manifeste du parti communiste”. Penser une organisation démocratique
Article 17 min
“Manifeste du parti communiste”. Les extraits
13 janvier 2022
Cela peut paraître paradoxal, mais ce sont bien deux membres de la bourgeoisie, Karl Marx (1818-1883) et Friedrich Engels (1820-1895), qui donnent au prolétariat les armes théoriques de sa mobilisation et de son émancipation. Avec le Manifeste du parti communiste, ils amorcent un mouvement révolutionnaire dont les soubresauts sont encore perceptibles aujourd’hui. Nous publions des extraits de ce texte, traduits par Laura Lafargue.
“Manifeste du parti communiste”. Penser une organisation démocratique
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi faisons-nous la grasse matinée ?
Antony Chanthanakone 12 janvier 2022
Le réveil retentit, la lumière du jour pénètre dans votre chambre, mais vous hésitez : rester couché ou vous lever ? Quatre philosophes se glissent dans vos draps.
Pourquoi faisons-nous la grasse matinée ?
Article 1 min
Samar (حفلة)
Octave Larmagnac-Matheron 12 janvier 2022
Langue d’origine : arabe.
Article 2 min
Luxe
Antony Chanthanakone 12 janvier 2022
Pour définir cette notion, ces penseurs ne regardent pas à la dépense.
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Comment être sûr d’avoir bien agi ?
Aïda N’Diaye 04 janvier 2022
Analyse des termes du sujet « Comment » Par quels moyens ? De quelle manière ? Par quel processus ou raisonnement ? « être sûr » Avoir une preuve matérielle, savoir de manière indubitable. « avoir bien agi » Avoir fait le bon choix, avoir agi conformément au bien, avoir produit des effets positifs.
LIVRES
Livre
Catherine Malabou
Au voleur ! Anarchisme et philosophie
Publié le 03 janvier 2022
L’homme peut-il se passer de gouvernement ? Non, a répondu la philosophie pendant des siècles dans le sillage d’Aristote. La vie en société a besoin de politique, et la politique est indissociable d’un arkhê – commencement et commandement –, sans quoi elle sombre dans le chaos de l’anarchie. Il faudra attendre deux millénaires, et l’audace d’un Proudhon, pour que l’anarchie conquière un sens positif et assume une idée que le politique n’a cessé de réprimer : le pouvoir est toujours une forme de domination arbitraire, qu’il est absolument incapable de se justifier lui-même. « L’anarchie […] est paradoxalement déjà là. […] L’anarchie est originaire, qui inscrit la contingence dans l’ordre politique. » Hantée depuis l’origine par cet abîme du « non-gouvernable », du « défaut de nécessité », la philosophie n’a pas tardé à emboîter le pas à l’anarchisme politique. Elle en a dérobé le geste tout en le radicalisant, en l’étendant au-delà de la sphère politique par une déconstruction décisive de l’idée même de « principe », sur laquelle repose toute la tradition occidentale. Catherine Malabou montre ainsi comment l’anarchie est devenue le nouveau centre décentré dans la pensée de six philosophes majeurs du XXe siècle : Reiner Schürmann (« principe d’anarchie »), Emmanuel Levinas (« responsabilité anarchique »), Jacques Derrida (« archiécriture »), Michel Foucault (« anarchéologie »), Giorgio Agamben (« anarchie et création ») et Jacques Rancière (« la politique est fondée sur l’anarchie »). Aucun d’entre eux, pourtant, n’a osé se dire anarchiste, aucun d’eux n’a envisagé jusqu’au bout l’émergence d’une société affranchie du partage de ceux qui commandent et de ceux qui obéissent. C’est ce déni, ce refoulement, qu’il s’agit de comprendre. La société anarchiste, qui doit se réinventer sans cesse pour échapper à la sclérose, paraît impensable, irreprésentable. Mais, surtout, elle reste l’objet d’une inquiétude viscérale. « Identité de l’anarchisme et de l’expérience traumatique », résume Malabou. Renoncer au gouvernement, c’est accepter sans garde-fou la « plasticité de l’être anarchiste » et l’imprévisible de la vie, dont deux mille ans de pensée politique ont martelé qu’il fallait la dresser afin d’en endiguer le déferlement pulsionnel, morbide et destructeur. Aucun philosophe n’a pris au sérieux la possibilité que la vie sans gouvernement puisse se déployer non comme auto-anéantissement mais comme « entraide » spontanée, pour reprendre le révolutionnaire russe Kropotkine. Il faut de l’audace pour faire ce pas supplémentaire auquel nous invite Malabou : celui qui mène vers une société fondée sur le « refus de tout ordre qui ne serait pas librement consenti » – qui déjà toque à la porte. Notre époque est travaillée par une double poussée anarchiste. « Anarchisme de fait », car « l’État a déjà dépéri » en dépit des résurgences autoritaires. « Anarchisme d’éveil » ensuite, à travers « l’expérimentation de cohérences politiques alternatives » aux quatre coins du monde. « Il n’y a plus rien à attendre d’en haut » : voilà l’urgence à laquelle doit répondre la pensée.
Au voleur ! Anarchisme et philosophie
Livre
Jacques Fieschi
Souvenirs de ma vie d’hôtel
Publié le 03 janvier 2022
Premier paradoxe de la mémoire : pour se souvenir, il faut avoir oublié. Nul ne porte la somme entière de sa mémoire, comme Atlas porte le globe terrestre. L’homme absolument dépourvu de la faculté d’oublier imaginé par Nietzsche est d’abord un homme sans antériorité. Second paradoxe de la mémoire : en réveillant le passé, elle le rend aussitôt inaccessible. À la fois ressuscité… et tué derechef. Diable ! Faut-il abandonner l’espoir proustien de recouvrer un peu de temps à l’état pur ? Ce serait sans compter le dernier roman de Jacques Fieschi, qui fut scénariste de Pialat et de Sautet. Son point de départ est cinématographique : les obsèques d’une amie perdue de vue convoquent chez le narrateur un pan perdu de sa jeunesse. Mais la mémoire, outre ses paradoxes, a cette spécificité de fonctionner au touche-à-touche, tels les dominos. René Scheidegger, héros de ce récit, va ainsi régénérer sous les yeux émus ou troublés du lecteur la cartographie d’un triangle amicalo-amoureux qui évoquerait presque celui de Jules et Jim, en moins chiqué. En plus vrai. Au fil d’une plume imbibée de saudade, la mémoire qui flanche renaît sans cacher ses cahots : « Je transcris en brodant sans doute… un numéro de téléphone, que j’ai longtemps su par cœur mais que j’ai oublié… » Ni compléter chaque phrase : « Et j’ai marché dans les rues de ». Jusqu’à cette distinction passionnante entre l’oubli et le non-savoir : « Son bateau dont le nom m’échappait, à moins qu’il ne me l’ait pas dit. » Il faut dire que René est un enfant de l’effacement : on l’a informé du décès de son père « bien après la date ». Quant à sa mère âgée, elle le « reconnaît rarement ». Il l’admet lui-même : « Je regarde la vie des autres, comme si la mienne était finie. » Et tout aurait pu flotter sine die dans cette buée, si les ombres de Jean-Mi et Catherine, Bonnie & Clyde de ce trio juvénile, n’étaient pas remontées, avec leur lot d’épiphanies : premier amour déçu, première marginalité, premier sentiment d’éternité. Alors, la lumière revient : « Un sourire m’a échappé. Pas un sourire amusé ou attendri, plutôt un déclic immaîtrisé, comme si on avait brusquement allumé l’électricité dans une cave obscure. » Elle laissera pour trace la beauté fulgurante d’une langue : « Il advient le moment où ce qui était flou, indistinct, se précise, trouve ses contours, se reconnaît, se parle, où ce qui vivait à l’intérieur se révèle au jour, quand le désir amoureux dans son invasion, nous amène à cet autre état de nous-mêmes. » La vraie madeleine est un cœur content.
Souvenirs de ma vie d’hôtel
Livre
Michel Houellebecq
Anéantir
Publié le 07 janvier 2022
L’immense succès de Sérotonine, paru début 2019, avait placé les éditeurs devant une situation embarrassante. Avec près de 800 000 exemplaires écoulés, le roman de Michel Houellebecq avait rapporté environ 17,5 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le seul Hexagone. Une aubaine, mais l’auteur était lent et cyclothymique, il lui avait fallu près de quatre années pour achever ce livre, et le précédent, Soumission, l’avait occupé cinq ans. Comme il donnait tous les signes extérieurs d’un délabrement physique avancé et qu’il avait déjà 62 ans à l’époque, il ne serait probablement capable de produire encore qu’un ou deux romans du même calibre. Sa carrière s’achèverait sans doute par des poésies sombres pouvant prétendre à un tirage honorable, sans plus. Ce fut alors que le DSI (directeur des systèmes d’information) du groupe d’édition, qui, normalement, ne prenait aucune initiative sur la stratégie littéraire, proposa une solution originale. La dernière génération des ordinateurs Watson développés par IBM – ceux qui avaient battu les champions de Jeopardy en 2011 et qui maîtrisaient les ambiguïtés du langage ordinaire – avait fait des progrès fulgurants grâce au deep learning. N’était-il pas possible de programmer l’une de ces intelligences artificielles (IA) pour écrire le prochain Houellebecq ? Les quatre principaux paramètres de cette programmation furent décidés en accord avec l’auteur. 1. Le héros devait avoir une vie affective et sexuelle désastreuse, son mariage devait être un naufrage. L’IA poussa le bouchon assez loin, mais le résultat était marrant : « Depuis dix ans, il n’avait pas baisé, et encore moins fait l’amour avec Prudence, ni avec qui que ce soit d’ailleurs. » 2. Le héros devait avoir un rapport difficile au vieillissement et à la mort de son père. 3. La société de consommation devait lui procurer des joies compensatoires épisodiques. Pour les décrire, Watson piocha dans le corpus de Houellebecq, en recyclant le Grand Marnier de Sérotonine : « Le Grand Marnier est un alcool exceptionnel, et trop ignoré ; Paul fut cependant surpris de ce choix, dans son souvenir Hervé était adepte de sensations plus âpres […]. Hervé se féminisait peut-être. » Et bien sûr, il lui fut facile d’actualiser quelques phrases d’Extension du domaine de la lutte, qui avaient fait la marque de fabrique de l’auteur, en consultant les sites de la grande distribution : « ‘‘Il faut bien manger quelque chose”, se répétait-il avec sagesse devant son tajine de volaille Monoprix Gourmet. » (Des accords commerciaux furent passés avec les entreprises concernées par ces placements de produits.) 4. Pour le style, l’IA fut entraînée à imiter la phrase classique, d’une extrême épure, mais dont la sobriété n’est qu’une politesse contenant un excès d’émotivité et de tendresse, de Gustave Flaubert, prenant modèle en particulier sur L’Éducation sentimentale. Par moments, cela réussissait merveilleusement : « Des gens m’aiment, se dit Paul avec surprise ; enfin plus exactement ils m’apprécient, n’exagérons rien. » Ou encore : « Une luminosité aveuglante se réverbérait sur les parois du tribunal de grande instance. Il n’avait jamais trouvé aucun mérite esthétique particulier à cette juxtaposition de parallélépipèdes de verre et d’acier, qui dominait un paysage boueux et morne. » Parfois, cependant, le programme semblait bugger, comme dans les pages sur Le Seigneur des anneaux, carrément torchées. Quoi qu’il en soit, l’IA délivra un Houellebecq de 736 pages en quelques mois (Sérotonine faisait moins de la moitié). En ce début d’année 2022, le DSI, les dirigeants du conglomérat éditorial et l’auteur attendaient avec impatience la sanction du marché. Si tout fonctionnait comme prévu, ce serait une révolution : le maillon faible de l’industrie éditoriale avait toujours été l’écrivain. Narcissique, capricieux, névrotique, infantilisé par le succès ou aigri par l’échec, il était la plaie des éditeurs. Avec un peu de chance, cette figure pathétique appartenant au passé, étroitement engluée dans sa subjectivité de petit mâle blanc, allait être anéantie. Et l’on pourrait, une année sur deux (rythme commercial ayant fait ses preuves pour les Astérix), livrer aux lecteurs, avides de rire un peu du désespoir que leur inoculait la civilisation technique, un Houellebecq d’excellente qualité, jusqu’à la fin du monde.
Anéantir
Livre
Yascha Mounk
La Grande Expérience. Les démocraties à l’épreuve de la diversité
Publié le 04 janvier 2022
Les démocraties occidentales sont de plus en plus « multiethniques ». Voilà ce que le politologue américain Yascha Mounk nomme « la grande expérience ». Au fond, elle consiste en une remise en cause du modèle européen de l’État-nation né au XVIIIe siècle où la communauté politique se définit par le récit de son homogénéité ethnico-culturelle. Désormais, nous avançons dans l’inconnu, inquiets des perspectives de la radicalisation des mouvements nationalistes ou encore de la fragmentation ethnique avec la multiplication des violences intercommunautaires. En croisant la psychologie sociale, l’histoire et la philosophie, Mounk développe des pistes visant à orienter les individus pour qu’ils « produisent » des démocraties diverses plus justes. Comme celle, étonnante, du « patriotisme culturel ». Partager des idéaux ne suffit pas. Il faut aussi que le cœur s’attache au multiculturalisme par « les petites choses qui forment le quotidien » : des réseaux denses d’associations (comme des chorales) favorisant les « contacts intergroupes » et l’empathie. Ou alors des « baby bonds », des « prêts bébé » avantageux pour qu’un accès plus large à l’éducation casse la reproduction sociale, tout comme la liberté d’entreprendre était naguère censée casser le pouvoir des monopoles capitalistes.
La Grande Expérience. Les démocraties à l’épreuve de la diversité
Livre
Mathieu Quet
Flux. Comment la pensée logistique gouverne le monde
Publié le 04 janvier 2022
« La logistique s’est immiscée partout où elle le pouvait », constate le sociologue Mathieu Quet. Simple organisation du transport des marchandises à l’heure de la mondialisation ? Non, selon Quet, car la logistique porte en elle une approche globale de l’économie et une nouvelle manière de penser dont on est loin de mesurer les enjeux. Il explique ainsi que, d’origine militaire, la pensée logistique a d’abord conquis l’industrie puis le lean (de l’anglais « maigre », « dégraissé ») management qui s’est mis à concevoir les salariés eux-mêmes comme des « ressources », voire comme « des intrants qu’il s’agit de gérer de façon optimale ». Si les personnes et les marchandises sont devenues interchangeables, c’est parce que nous réfléchissons désormais en termes de gestion de flux, qu’il s’agisse des migrants, des data, des transactions financières ou de la santé. Jusqu’à la pandémie de Covid, qui ressort comme un ensemble de problèmes allant de la circulation du virus à l’orientation des malades, en passant par la distribution de masques, de gels et de vaccins. Mais avec sa volonté de tout fluidifier – contrôle de la supply chain (« chaîne logistique »), réduction des coûts et raccourcissement des circuits –, cette nouvelle rationalité économique permet surtout d’informatiser le « traitement des données » et « la prise de décision ». Et Quet d’appeler à une « alterlogistique », c’est-à-dire à « un nouvel art de la mobilité [qui] reste à réinventer ».
Flux. Comment la pensée logistique gouverne le monde
Livre
François Jullien
Moïse ou la Chine
Publié le 04 janvier 2022
Si François Jullien se plaît à faire dialoguer « philosophes chrétiens » et « lettrés chinois », c’est moins pour savoir « lequel est le plus croyable des deux, Moïse ou la Chine » que pour « faire sortir enfin » la philosophie de son destin occidental, en la confrontant à un autre système de pensée, et découvrir d’autres « configurations du pensable ». Après s’être ainsi intéressé aux concepts fondateurs de la civilisation occidentale que sont le logos (la « pensée rationnelle » en grec) et l’eidos (l’« idéal »), le philosophe s’intéresse ici à la notion de theos (« dieu »), à laquelle il a dédié un séminaire. Les dix chapitres du livre sont consacrés à mesurer l’écart entre les deux cultures et le « travail de fissuration » qui s’opère dans la conscience européenne lorsqu’elle s’aperçoit qu’une autre histoire s’écrit à l’autre bout du monde, qui ne renvoie aucunement à l’idée de Dieu, ni ne fonde sa puissance sur une supposée universalité de la raison. Le retrait de Dieu dans la pensée chinoise semble signifier un autre rapport au monde et à ce qui est originaire, qui n’est pas celui de l’ontologie et de « l’être présent » grec, mais qui est celui du tao, d’une « voie », qui ne conçoit pas l’être dans sa permanence mais modélise son existence en mouvement. Si le concept de Dieu rencontre une limite à la fois historique, géographique et théorique lorsqu’on le confronte à la civilisation chinoise, ce n’est pas tant que le terrain soit occupé par une autre religion, comme le bouddhisme, mais parce qu’il n’y a pas chez elle d’« attente religieuse ». Ce faisant, François Jullien ouvre donc un espace de discussion entre les cultures, qu’il appelle « l’inter-culturalité ». Mieux, il propose un concept alternatif à celui de Dieu dans un autre essai, L’Incommensurable, qui paraît simultanément. Il invite à ne plus « contenir » le monde dans une idée limitée, incitant plutôt à ouvrir notre regard quotidien à ce concept qui excède l’idée de Dieu : l’« incommensurable ». Cela pourrait bien « changer la vie ».
Moïse ou la Chine
Livre
Vincent Delecroix
Leur enfance
Publié le 04 janvier 2022
« Leur enfance commence et la mienne vient de se terminer pour toujours », s’est dit Vincent Delecroix en tenant dans ses bras ses jumeaux nouveau-nés. C’était faux, reconnaît le philosophe, car la nouveauté que porte la naissance bouleverse tout ordre ancien et fait des pères des fils tout aussi bien que l’inverse. C’est donc en se méfiant de deux écueils qu’il tente d’approcher l’enfance. Le premier est d’y chercher la trace de son propre passé ; le second d’y voir la promesse de ce qui sera. Tout discours est « noyé entre la mémoire et l’anticipation », entre l’enfance en tant que pensée des origines et en tant que devenir autre chose, progrès « en attente de l’être ». Delecroix préfère penser la naissance comme « un processus continu et non un événement » et l’enfance comme un état qui n’a pas de fin (ni finalité ni borne). Ces quelques réflexions savamment posées, le philosophe entreprend alors d’approcher modestement « leur » enfance. Ce regard rêveur de son fils, cette agilité de sa fille fonçant vers la mer à quatre pattes, cette tour de Kapla montée jusqu’à l’effondrement et ces pages de livres déchirées et mangées jusqu’à plus faim, lui donnent des choses à penser. C’est ainsi qu’il tente de vivre avec eux dans l’enfance.
Leur enfance
Livre
Alexandre Jollien
Cahiers d’insouciance
Publié le 05 janvier 2022
Le film Presque, qui sort le 26 janvier au cinéma et qu’Alexandre Jollien cosigne et interprète avec Bernard Campan, porte comme sous-titre une phrase d’Érasme : « On ne naît pas homme, on le devient. » C’est cette même formule qui ouvre ces Cahiers d’insouciance, sans doute parce que, pour devenir homme, le chemin est le même sur le papier qu’à l’écran : il faut cesser de se préoccuper de son ego, de « s’accrocher à un but, à un idéal » et de vouloir mener sa vie comme un combat. Avec ses aphorismes inspirés de Nietzsche et du bouddhisme – surtout du Tibétain Chögyam Trungpa –, l’insouciance que Jollien cultive dans ce texte très personnel pourrait paraître une apologie du je-m’en-foutisme, tant il décline le leitmotiv de ce qu’il appelle « CCL, couldn’t care less. Rien à battre ! » En réalité, c’est plutôt la manière qu’a ce sage de vivre son handicap et d’inviter ses lecteurs à dépasser leurs peurs pour accepter l’existence comme elle est. « Origine du problème : chercher une sécurité qui n’existe pas. » Un détachement libérateur.
Cahiers d’insouciance
Livre
Pascal Bruckner
Dans l’amitié d’une montagne
Publié le 06 janvier 2022
Pourquoi gravir une montagne si c’est pour la redescendre presque aussitôt ? Il y a là un mystère qui fait dire à Pascal Bruckner que « la montagne illustre à merveille l’absurdité délicieuse de l’existence » et en exalte la beauté. Plus que le grandiose spectacle promis à ceux qui parviennent à se hisser jusqu’aux sommets, c’est pourtant le défi de l’ascension qui attire à la manière d’une « activité quasi religieuse », selon Bruckner : « Si l’être humain crapahute, c’est d’abord pour être l’auteur d’un événement, si modeste soit-il. » Il raconte comment le randonneur doit d’abord faire l’épreuve de son humilité, avant de pouvoir ressentir sa force et « la joie simple d’avoir accompli quelque chose à sa mesure ». Ce livre est une véritable déclaration d’amour à la montagne et, entre émerveillement et effroi, à l’expérience du sublime qu’elle procure. D’où cette définition : « La randonnée est une servitude volontaire où l’on décide du joug que l’on s’impose parce qu’il est synonyme d’une amitié supérieure avec le monde. »
Dans l’amitié d’une montagne
Livre
Raphaël Enthoven
Krasnaïa, ou quand les hommes sont bêtes
Publié le 07 janvier 2022
Un étrange tournis nous saisit à la lecture de cette fable inspirée à Raphaël Enthoven par la catastrophe de Tchernobyl. Il a en effet découvert que, dans cette zone désertée par les hommes, les bêtes ont survécu. Lecteur de George Orwell et de sa Ferme des animaux, il a donc imaginé une société animale qui a fait table rase de la servitude attachée à la domesticité pour instaurer un régime ultradémocratique. Fondée sur une égalité obsessionnelle (les herbivores ayant canalisé le désir « naturel » des carnivores) et sur une discussion permanente, cette société est pourtant menacée par la guerre civile, sous les coups des revendications des « enragés ». Car, pour l’auteur, les démocraties ne meurent plus de leurs inégalités ou de leurs ennemis extérieurs, comme à l’époque d’Orwell, mais de leurs propres excès. Ce dont témoigne l’amusant glossaire des doctrines qui essaiment dans ce monde, de l’animalisme au femellisme de première, deuxième et troisième générations (qui prône le droit de se soumettre en toute liberté), en passant par le naturisme, qui considère que les plantes sont des êtres pensants. Si la tête tourne, c’est que l’on est un peu trop souvent ramené aux correspondances avec notre époque pour chercher de quelle figure politique ou idéologique l’auteur fait la satire… On se réjouit cependant de l’art d’Enthoven à singer nos « bêtises » politiques.
Krasnaïa, ou quand les hommes sont bêtes
Livre
Pierre Bourdieu
L’Intérêt au désintéressement. Cours au Collège de France (1987-1989)
Publié le 08 janvier 2022
Il y a vingt ans s’éteignait Pierre Bourdieu, qui reste considéré mondialement comme l’un des plus importants sociologues pour son travail sur les mécanismes de reproduction des classes, sur la violence symbolique, sur les goûts comme principe de distinction des dominants ou encore sur la diversité des champs (artistique, politique, juridique…) qui constituent la société. Les éditions du Seuil rendent aujourd’hui accessibles les derniers cours inédits donnés au Collège de France entre 1987 et 1989 par l’un des intellectuels les plus influents du XXe siècle, qui ne cachait pas son engagement à gauche. Prenant pour point d’entrée la question du fonctionnement de l’État, et plus encore celle de l’éthique des « serviteurs de l’État », Bourdieu repose, entre les lignes, dans des domaines aussi différents que la morale, l’administration, l’art ou la science, un problème qui hante la sociologie : « Un acte désintéressé est-il possible ? » Le sociologue extrait le problème d’une analyse purement individuelle du comportement et le réinscrit dans son contexte. L’enjeu du désintéressement, c’est d’abord celui du « processus d’autonomisation par lequel s’est constitué dans le cosmos social un microcosme à l’intérieur duquel se joue un jeu très particulier obéissant aux règles de désintéressement. […] Pour qu’un univers désintéressé fonctionne, il faut à la fois que le désintéressement soit récompensé et que des gens aient intérêt au désintéressement ». Les idéalistes un peu naïfs de la vertu s’offusqueront certainement que l’on parle ainsi d’un « intérêt au désintéressement ». Le problème tient essentiellement, comme l’ajoute Bourdieu dans la réédition de ses Interventions, à ce que « l’on vit sur une définition pauvre, c’est-à-dire économiste, de l’intérêt ». Le sociologue invite à nous déprendre de cette vision monolithique et purement utilitariste pour comprendre comment l’intérêt a pu engendrer des sphères autonomes de désintéressement, des espaces où, indissociablement, « l’universel rapporte des intérêts » et devient l’objet d’un souci sincère. Un universel non pas abstrait du social mais enraciné et engagé en lui. Comme le note Bourdieu à propos de la figure du penseur : « C’est en accroissant leur autonomie […] que les intellectuels peuvent accroître l’efficacité d’une action politique », c’est en cultivant le désintéressement qu’ils gagnent en influence sur le monde social.
L’Intérêt au désintéressement. Cours au Collège de France (1987-1989)
Livre
Pascal Quignard
L’Amour la mer
Publié le 06 janvier 2022
« Il s’éveilla. Le monde se trouva descellé. » En refermant ce livre tissé d’amour et de mort, ce sont des images comme celles-ci qui nous restent. Car Pascal Quignard élabore son récit comme une rêverie, une marqueterie de rêves éveillés déjouant la chronologie au profit de tableaux pensifs et d’aphorismes frappants. Dans ce tombeau littéraire relatant la séparation de deux amants, l’auteur invente le destin de personnages ébauchés dans ses ouvrages précédents, comme Marie enceinte de Meaume, le graveur de Terrasse à Rome (2000), ou Thullyn l’élève de Sainte-Colombe, le musicien de Tous les matins du monde (1991). L’action se situe à un moment paroxystique de l’histoire de France, durant la Fronde, en 1652, quand l’anomie et la violence dans le royaume sont les plus grandes… au moment même où le compositeur Froberger invente l’admirable suite baroque, en musique. Ce roman poétique en forme de vanité est un fil ténu tendu entre deux temporalités : celle de la séparation, de la mort, qui survient dans nos vies singulières, et celle de la vie qui se prolonge indéfiniment comme un flux, dont parlaient déjà les philosophes présocratiques, une génération continuée par-delà la corruption. « Que reste-t-il de l’amour quand l’amour, à l’évidence, n’est plus ? Tellement de choses qu’il est impossible de les énumérer. Tout un monde. Continue le mouvement qui l’initia. N’a pas de fin l’essentiel. »
L’Amour la mer
Livre
Bruno Latour et Nikolaj Schultz
Mémo sur la nouvelle classe écologique
Publié le 06 janvier 2022
Pourquoi restons-nous sourds aux menaces qui pèsent sur la planète ? Comment expliquer que le sauvetage du vivant mobilise moins que, jadis, les enjeux de la production et de la lutte des classes ? Bref et concis, ce « mémo » tente d’établir les conditions d’une nouvelle mobilisation écologique. Au centre de la réflexion de Bruno Latour et de Nikolaj Schultz, son coauteur danois, se trouve la notion de classe, héritée du marxisme. Ce livre apparaît comme une réponse à ceux qui, parmi les penseurs contemporains de gauche, accusent Latour d’ignorer la domination et l’exploitation inhérentes au capitalisme. Le philosophe ne nie pas cette part dévastatrice, pas plus qu’il n’oublie le sens que la lutte des classes a pu apporter à l’histoire et l’énergie transformatrice qu’elle a suscitée. La lutte actuelle pour le climat et la sauvegarde du vivant lui paraît cependant d’une tout autre nature. Contrairement à la cause marxiste, la cause écologiste ne voit pas dans la production l’horizon du combat social. « Produire, écrit Latour, c’est assembler et combiner, ce n’est pas engendrer, c’est-à-dire faire naître par des soins la continuité des êtres dont dépend l’habitabilité du monde. » Dès lors que le sens de l’histoire ne réside plus dans une modernité productrice mais dans une nouvelle façon de prendre soin de ce qui est engendré, une « classe-pivot » doit, selon Latour, se former, une classe transversale associant les scientifiques, les militants et les « gens de bonne volonté ». Elle seule peut devenir le moteur du renversement nécessaire et en forger les outils intellectuels. Cet audacieux Mémo laisse cependant en suspens une question cruciale : dans la grande conversion qui s’annonce, le partage des coûts et des sacrifices sera-t-il équitable ?
Mémo sur la nouvelle classe écologique
Livre
Emmanuel Todd
Où en sont-elles ?
Publié le 10 janvier 2022
Voici un drôle d’essai qui avance sur deux axes. D’un côté, le démographe Emmanuel Todd compulse de nombreux chiffres et cartes qui composent un fascinant tableau de l’évolution de la situation des femmes. On y apprend que le patriarcat est un fait assez circonscrit dans l’Histoire, que le rapport entre hommes et femmes, chez les chasseurs-cueilleurs, fut plutôt de coopération en vue de la survie. Avec un peu d’ironie, Todd montre que ce rapport de coopération est en train de revenir dans la classe moyenne – parce que les femmes travaillent, qu’elles ont un niveau d’études supérieur, que l’impératif de survie revient. De l’autre côté, Todd a des saillies qui tordent l’objectivité du propos. Il considère que le féminisme de troisième vague, la vogue des sorcières et le mouvement #metoo présentent les rapports hommes-femmes comme antagonistes, alors qu’ils n’ont jamais été si égalitaires. Dès la première page, il se plaint qu’on fasse un foin du féminicide, alors qu’il n’y en a jamais eu si peu (90 en 2020). Là, il y a peut-être une faille dans le raisonnement. En effet, quand un phénomène est endémique et qu’on n’a aucun moyen de le résoudre – prenons la grande famine de 1315-1317 –, il entraîne un certain fatalisme. Le scandale commence quand on peut agir, éradiquer un problème, et qu’on ne le fait pas. N’est-ce pas le cas du féminicide aujourd’hui ? Précieuse pour la description, la statistique a ses limites pour la prescription.
Où en sont-elles ?
Livre
Michel Eltchaninoff
Lénine a marché sur la Lune
Publié le 11 janvier 2022
Notre rédacteur en chef Michel Eltchaninoff s’est attaqué à un sujet méconnu, une bizarrerie de l’histoire russe. Dans un essai d’une érudition fourmillante mais d’une écriture très claire, il retrace l’histoire d’un courant de pensée original, le « cosmisme », né dans les années 1880, qui fascina Dostoïevski. Ses figures tutélaires sont le savant Constantin Tsiolkovski (1857-1935), convaincu que le destin spirituel de l’humanité était de se rendre immortelle puis de propager la vie dans l’espace, et le scientifique Vladimir Vernadski (1863-1945), qui a développé le concept de « bio-sphère » et qui voyait la vie comme une puissance active modelant la Terre. Au fil des pages, on découvre que la science russe n’est pas tout à fait comme la science occidentale, qu’elle n’est pas galiléenne, qu’elle ne se contente pas d’une description mathématique du réel, mais qu’elle est empreinte de religiosité. Pourquoi exhumer cette galaxie de personnages excentriques ? C’est que, ironie du sort, les projets cosmistes les plus ahurissants – faire revivre les morts, vaincre le vieillissement, se rendre capables de télépathie, construire des hôtels sur la Lune – inspirent désormais les magnats de la Silicon Valley, Jeff Bezos et Elon Musk en tête.
Lénine a marché sur la Lune
CULTURE
Article 2 min
“Marcel Proust. Un roman parisien” : place de la madeleine
Cédric Enjalbert 08 janvier 2022
Le musée Carnavalet-Histoire de Paris présente, pour les 150 ans de la naissance et les 100 ans de la mort de l’auteur d’À la recherche du temps perdu, une exposition qui met en lumière les rapports qu’entretenait Marcel Proust avec la capitale. À voir jusqu'au 10 avril.
“Marcel Proust. Un roman parisien” : place de la madeleine
Article 2 min
“Ouistreham” : sur le pont
Cédric Enjalbert 12 janvier 2022
En adaptant pour le grand écran Le Quai de Ouistreham, livre d’enquête en immersion de la journaliste Florence Aubenas, Emmanuel Carrère se demande si l’on peut témoigner de ce que l’on a pas vécu. Une réussite à voir au cinéma dès le 12 janvier.
“Ouistreham” : sur le pont
Article 3 min
“La Seconde Surprise de l’amour” : parce que je le Marivaux bien
Cédric Enjalbert 08 janvier 2022
Alain Françon livre une adaptation lumineuse de la pièce de Marivaux, où il est question, bien sûr, d’amour, mais aussi d’un certain rapport à la vérité et à l’authenticité, notion renouvelée au XVIIIe siècle et à qui le théâtre offre le plus juste des miroirs. Un marivaudage à ne pas manquer lors de sa tournée dans toute la France.
“La Seconde Surprise de l’amour” : parce que je le Marivaux bien
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 15. Vaccinons-nous
François Morel 11 janvier 2022
C’est l’hiver, vaccinons-nous. Il n’y a plus une minute à perdre. Il faut se vacciner, je vous dis ! Contre la sinistrose, la mélancolie des arbres nus, des ciels gris, des matins frisquets, des nuits qui, en plein milieu de l’après-midi, tombent beaucoup trop tôt, des jours qui, bi..
Conseil n° 15. Vaccinons-nous
JEU
Article 1 min
Philocroisés #77
Gaëtan Goron 12 janvier 2022
Horizontalement I. Le Capital, c’est aussi son travail. Il « Marchais » mieux jadis. II. Avant omicron. Aura du succès. III. Volume, pas de sa voix, mais dont l’homophone est de Savoie. Nous, c’est elle. IV. À l’heure où blanchit la campagne. III&nbs..
Philocroisés #77
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Bernard Lavilliers. D’ici et d’ailleurs
Noël Foiry 13 janvier 2022
C’est à Buenos Aires que le chanteur-voyageur a trouvé l’inspiration pour son nouvel album, Sous un soleil énorme (Romance musique). Il n’en a pourtant pas oublié d’où il vient, Saint-Étienne, à
(Philomag)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Philosophie Magazine / Alexandre Lacroix (2011)
N°156 - Février 2022 - C'est quoi un bon français ? [texte imprimé] . - 2022 . - 98 p. : ill. en coul. ; 29 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Philosophie Tags : violences policières Dan Sperber Marx crise identitaire (France) Index. décimale : 17 Morale. Éthique. Philosophie pratique Résumé : Ce n’est sans doute pas un hasard si le candidat Éric Zemmour s’est fait notamment remarquer par une polémique sur les prénoms : la France traverse une crise d’identité, dont le vote d’extrême droite – créditée d’un tiers des suffrages au premier tour de la prochaine élection présidentielle – est l’un des symptômes. En France, la citoyenneté est en principe une abstraction, un contrat entre la nation et l’individu, sans contenu ethnique ni religieux. Mais cet égalitarisme abstrait est attaqué de toutes parts : à droite, parce qu’il nous couperait de nos racines ; à gauche, parce qu’il serait trop peu attentif aux différences réelles. La France est-elle condamnée à refaire ses papiers ? Nous avons voulu y voir de plus près.
(Philomag)Note de contenu : Article 3 min
Le passé ne fait pas le présent (c’est le contraire qui est vrai)
Alexandre Lacroix 13 janvier 2022
Voilà une sensation que j’éprouve souvent en regardant des vieux films, la dernière fois, c’était devant Vincent, François, Paul… et les autres (1974) de Claude Sautet, qui dépeint les galères d’argent et d’amour d’un groupe d’amis joués par Michel Piccoli, Yves Montand ou enco..
VOS QUESTIONS
Article 3 min
“Dois-je avoir honte de me mettre en colère ?”
Charles Pépin 05 janvier 2022
Question de Pauline Courbet
“Dois-je avoir honte de me mettre en colère ?”
REPÉRAGES
Article 1 min
Des big data dans l’ADN
Octave Larmagnac-Matheron 07 janvier 2022
La démultiplication des données numériques pose de plus en plus problème. Certes, ces données prennent moins de place que leur version papier, mais le numérique n’est pas immatériel pour autant : il nécessite des serveurs gigantesques, des câbles, une infrastructure encombrante et est s..
Des big data dans l’ADN
Article 1 min
“Transcendance”
Octave Larmagnac-Matheron 07 janvier 2022
“Aspiration à la raison et besoin de transcendance cohabitent en chacun de nous” Emmanuel Macron, L’Express, le 21 décembre 2021. “L’avenir est la seule transcendance des hommes sans Dieu” Albert Camus, L’Homme révolté (1951). ..
Article 1 min
“Accélérationnisme”
Octave Larmagnac-Matheron 07 janvier 2022
Fin novembre, à Montauban, la police arrêtait deux hommes, accusés d’attiser les tensions intercommunautaires par des discours haineux, racistes et xénophobes. Classés parmi l’ultradroite, ils appartenaient à la mouvance accélérationiste, qui vise à précipiter l’éclatement d’une g..
“Accélérationnisme”
Article 1 min
“166 100”
Octave Larmagnac-Matheron 07 janvier 2022
C’est le prix en euros auquel a été adjugé, lors d’une vente organisée par Christie’s le 15 décembre 2021, l’ordinateur sur lequel Jimmy Wales a rédigé la toute première page de son encyclopédie collaborative en ligne Wikipédia, il y a vingt ans. Cette première page d’..
Article 2 min
La concentration du patrimoine
Octave Larmagnac-Matheron 07 janvier 2022
En France 28,4 millions de logements 58 % des ménages sont propriétaires d’au moins un logement 240 000 euros de patrimoine en moyenne Types de logements possédés Maison à 62 % Appartement à 38 % Ont un droit de propriété sur le logement du ménage 71&n..
PERSPECTIVES
Article 3 min
Abstention, piège à élections ?
Charles Perragin 10 janvier 2022
À l’approche de l’élection présidentielle, le spectre d’une désertion des urnes inquiète en haut lieu. Pourtant, cela n’a rien d’un phénomène nouveau. Et si l’abstentionniste était moins un « mauvais citoyen » qu’une force de contestation qu’il serait urgent de pleinement reconnaître ?
Abstention, piège à élections ?
Article 3 min
Pourquoi la Russie menace-t-elle l’Ukraine ?
Michel Eltchaninoff 10 janvier 2022
En affirmant qu’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan menacerait la Russie, Vladimir Poutine se range sous la bannière de Thomas Hobbes, qui justifie la guerre préventive. Est-ce un bon raisonnement ?
Pourquoi la Russie menace-t-elle l’Ukraine ?
Article 3 min
Denis Moreau : “La doctrine et l’organisation de l’Église favorisent-elles les violences sexuelles ?”
Martin Legros 10 janvier 2022
Suite à la publication du rapport Sauvé estimant à 330 000 le nombre de mineurs victimes de violence dans l’Église depuis les années 1950, le philosophe Denis Moreau, spécialiste de Descartes et lui-même catholique, prend position contre tous ceux qui cherchent à minimiser la gravité du problème.
Denis Moreau : “La doctrine et l’organisation de l’Église favorisent-elles les violences sexuelles ?”
Article 3 min
Métavers : la promesse d’un monde ?
Octave Larmagnac-Matheron 10 janvier 2022
Ces univers virtuels et immersifs sont le nouvel Eldorado des géants de la Silicon Valley. En couvrant tout le spectre de la vie sociale, risquent-ils de concurrencer le réel ?
Le métavers : monde parallèle ou illusion d’optique ?
AU FIL D’UNE IDÉE
Article 2 min
Clic-clac, c’est dans le smartphone
Sven Ortoli 08 janvier 2022
Moins de 10 millions d’appareils photo, argentiques et numériques, ont été vendus en 2020 (soit 10 fois moins qu’en 2010) contre 1,379 milliard de smartphones. 2,5 milliards d’appareils photo numériques sont en circulation. Le nombre de photos stockées dépasse..
Clic-clac, c’est dans le smartphone
ETHNOMYTHOLOGIES
Article 3 min
Graines alimentaires. Divin régime
Tobie Nathan 08 janvier 2022
Après les agapes des fêtes de fin d’année, vous vous surprenez à chanter « Fais comme l’oiseau » et à vous contenter de graines de chia, de lin ou de sésame. Une alimentation saine mais aussi empreinte de sacré.
Graines alimentaires. Divin régime
ENQUÊTE
Article 14 min
Rappel à l’ordre
Victorine de Oliveira 13 janvier 2022
Alors que la nature des manifestations s’est profondément transformée, notamment avec le mouvement des « gilets jaunes » puis des « antivax », comment les forces de police s’adaptent-elles ? La doctrine qui régit le maintien de l’ordre et la part de désordre acceptable dans une société doit-elle changer ? Enquête.
Rappel à l’ordre
RÉCIT
Article 14 min
Transhumanisme. Retour vers le futURSS
Michel Eltchaninoff 12 janvier 2022
Alors que le transhumanisme américain travaille de plus en plus activement à repousser les frontières de la mort et à coloniser l’espace, notre rédacteur en chef Michel Eltchaninoff, qui fait paraître Lénine a marché sur la Lune (Solin-Actes sud), a redécouvert l’une de ses sources majeures d’inspiration : le cosmisme russe, courant scientifique et mystique qui imprègne l’histoire du pays jusqu’à nos jours. Que nous disent les cosmistes de nos rêves d’immortalité ?
Transhumanisme. Retour vers le futURSS
MOTIFS CACHÉS
Article 3 min
Choisir la couleur
Isabelle Sorente 09 janvier 2022
Comment résoudre nos dilemmes existentiels sans ressentir un déchirement ? Si l’on peut s’appuyer sur sa raison, peut-être faut-il également avoir le courage de répondre à ce qui, intimement, nous appelle.
Choisir la couleur
DOSSIER
6 articles
C’est quoi un bon Français ?
Publié le 13 janvier 2022
Ce n’est sans doute pas un hasard si le candidat Éric Zemmour s’est fait notamment remarquer par une polémique sur les prénoms : la France traverse une crise d’identité, dont le vote d’extrême droite – créditée d’un tiers des suffrages au premier tour de la prochaine élection présidentielle – est l’un des symptômes. En France, la citoyenneté est en principe une abstraction, un contrat entre la nation et l’individu, sans contenu ethnique ni religieux. Mais cet égalitarisme abstrait est attaqué de toutes parts : à droite, parce qu’il nous couperait de nos racines ; à gauche, parce qu’il serait trop peu attentif aux différences réelles. La France est-elle condamnée à refaire ses papiers ? Pour le découvrir, rendez-vous chez votre marchand de journaux ! Et si vous voulez nous retrouver chaque mois et avoir accès à tous nos articles, vous pouvez opter pour l’une de nos trois formules d’abonnement. > Mais pour aborder la question avec le sourire, faites d’abord un test : quel (bon) Français êtes-vous ? Voyez-vous la France comme un ensemble de traditions ou un projet ? Comme une terre où l’on a ses racines ou comme un port d’où l’on peut voyager ? > Depuis 2006, lors du processus de naturalisation, ceux qui aspirent à devenir des citoyens français passent une sorte d’entretien, au cours duquel ils doivent démontrer leur maîtrise de la langue et de la culture françaises. Sur le terrain, ça donne quoi ? Nous avons recueilli des témoignages sur ce rituel pas seulement symbolique, analysé par la philosophe italienne Teresa Pullano. > En voulant revenir à la loi napoléonienne de 1803, qui empêche les parents de choisir librement le prénom de leurs enfants et oblige à piocher dans le calendrier, Éric Zemmour n’a pas seulement provoqué une polémique : il a dévoilé l’essence de son projet politique, qui vise à un assimilationnisme intégral. Analyse. > La réalisatrice Alice Diop a refait, trente ans après, l’expérience de l’écrivain engagé François Maspero sur la ligne du RER B, dont le trajet passe à travers toutes les classes sociales et toutes les appartenances culturelles : elle nous explique ce que cette immersion lui a appris sur l’universalité de l’être humain. > Ex-PS, ex-LREM, le député du Val-d’Oise Aurélien Taché analyse la montée de la politique identitaire en France dans son récent essai Nativisme. Nous l’avons confronté à la philosophe Marylin Maeso, spécialiste d’Albert Camus, afin qu’ils nous donnent leur vision de l’état actuel de l’universalisme républicain.
C’est quoi un bon Français ?
Article 6 min
Identité réfractaire
Cédric Enjalbert 13 janvier 2022
Alors que la question identitaire hante les esprits et monopolise le débat public, peut-on considérer sérieusement les inquiétudes existentielles, politiques et sociales qu’elle soulève sans attiser les peurs ? Reconnaître l’existence d’un certain « esprit français » sans verser dans la réaction nationaliste ? Pari risqué mais philosophique !
Identité réfractaire
Article 11 min
Test. Quel (bon) Français êtes-vous ?
Alexandre Lacroix 13 janvier 2022
Vous êtes enclin à la nostalgie ou bien vous avez hâte de basculer dans le monde d’après ? Pour le savoir, répondez à nos questions.
Test. Quel (bon) Français êtes-vous ?
Article 11 min
Ce pays qui est devenu le mien
Victorine de Oliveira 13 janvier 2022
La France se veut une « exception culturelle ». Au point de demander aux étrangers qui veulent obtenir sa nationalité une forme d’adhésion à sa culture, à sa langue. Celle-ci est évaluée lors d’un entretien aux allures de « grand oral », que détaillent ici cinq témoins qui ont obtenu la naturalisation.
Ce pays qui est devenu le mien
Article 10 min
Zemmour : la méthode assimile
Michel Eltchaninoff 13 janvier 2022
Éric Zemmour a imposé le thème de l’assimilation des personnes d’origine étrangère dans le débat présidentiel. Il insiste notamment sur le choix des prénoms des enfants, qui doit, selon lui, faire référence à la France du passé. D’où vient cette obsession ? Cette position extrême est-elle partagée par les autres candidats ? Est-elle tenable ?
Zemmour : la méthode assimile
Article 6 min
Alice Diop : “J’ai une façon très vaste d’être française”
Cédric Enjalbert 13 janvier 2022
Comment raconter le récit national ? La réalisatrice Alice Diop s’y essaie dans Nous, déjà visible sur Arte.tv avant d’être projeté en salles à partir du 15 février. Elle y suit, trente ans après l’expérience de l’écrivain François Maspero, le parcours du RER B, de Saint-Denis à la vallée de Chevreuse, en passant par le mémorial de la Shoah, à Drancy. Une quête d’individualités où s’illustrent magnifiquement les vies ordinaires, celles qui constituent le portrait de famille de la France contemporaine.
Alice Diop : “J’ai une façon très vaste d’être française”
Dialogue 13 min
Marilyn Maeso-Aurélien Taché : traits d’union
Cédric Enjalbert 13 janvier 2022
Il est député, elle est philosophe. Tous deux ont une vision de ce que pourrait être l’appartenance à une nation qui ne soit pas crispée sur l’identité. Aurélien Taché, élu du Val-d’Oise et auteur d’un récent essai aux accents autobiographiques sur sa conception de l’intégration, défend une approche moins culturalisée des appartenances à la citoyenneté. Marylin Maeso, réfléchissant à l’essentialisme en politique, défend un universalisme critique, fidèle à l’esprit républicain. Ils ont accepté de dialoguer en commençant par répondre à cette question : qu’est-ce qu’être français ?
Marilyn Maeso-Aurélien Taché : traits d’union
ENTRETIEN
Entretien 18 min
Dan Sperber : “arrêtons de faire de la raison un superpouvoir digne des héros Marvel !”
Martin Legros 13 janvier 2022
Son nom ne vous dit peut-être rien, mais les travaux de ce spécialiste de psychologie cognitive se révèlent salutaires à l’heure où les infox et les théories du complot se propagent de manière virale sur les réseaux sociaux. Avec son dernier livre L’Énigme de la raison, Dan Sperber propose une définition révolutionnaire de notre fonctionnement mental, qui va jusqu’à remettre en cause les notions de crédulité et de biais cognitifs.
Dan Sperber : “arrêtons de faire de la raison un superpouvoir digne des héros Marvel !”
L’AVENTURE D’UN CLASSIQUE
5 articles
“Manifeste du parti communiste”. Révolutionnaire !
Publié le 13 janvier 2022
Lorsque Karl Marx et Friedrich Engels se rencontrent, ils ne savent pas encore qu’ils vont écrire le texte qui incitera à dynamiter la société bourgeoise. Outre l’aspect insurrectionnel qu’il renferme, le Manifeste porte en lui un concept révolutionnaire, le matérialisme historique : ce sont les forces productives, et non les idées, qui entraînent des bouleversements sociaux et politiques d’envergure.
Illustration : © Jules Julien pour Philosophie magazine.
Article 11 min
“Manifeste du parti communiste”. Brûlot universel
Victorine de Oliveira 13 janvier 2022
Lorsque Karl Marx et Friedrich Engels se rencontrent, ils ne savent pas encore qu’ils vont écrire le texte qui incitera à dynamiter la société bourgeoise. Outre l’aspect insurrectionnel qu’il renferme, le Manifeste porte en lui un concept révolutionnaire, le matérialisme historique : ce sont les forces productives, et non les idées, qui entraînent des bouleversements sociaux et politiques d’envergure.
Illustration : © Jules Julien pour Philosophie magazine.
Article 3 min
La lutte finale
Victorine de Oliveira 13 janvier 2022
Le Manifeste du parti communiste est un texte célèbre qui a suscité autant d’enthousiasme que de malentendus. Diffusé et traduit dans une multitude de langues, il est de ces œuvres qui ont eu une influence directe sur le cours de l’histoire. De certains concepts, on débat encore aujourd’hui. Voici quelques clés si vous aussi voulez entrer dans la lutte !
Article 3 min
Proudhon, frère ennemi
13 janvier 2022
Marx cherche d’abord son soutien, avant de rapidement devenir son principal rival. Le socialiste français Pierre-Joseph Proudhon est à tel point la bête noire de Marx que, répondant à la Philosophie de la misère de Proudhon, Marx écrit Misère de la philosophie (1847). Dans une lettre à Jean-Baptiste Schweitzer, il revient sur ce qui l’oppose intellectuellement à Proudhon, alors que ce dernier vient de mourir.
Article 5 min
“Manifeste du parti communiste”. Penser une organisation démocratique
Victorine de Oliveira 13 janvier 2022
Au-delà de son aspect insurrectionnel, l’un des aspects les plus novateurs et les plus méconnus du Manifeste du parti communiste est de constituer la classe ouvrière en parti, relève le spécialiste de Marx et d’Engels Jean Quétier. Une structure inédite à l’époque où écrivent les deux penseurs, qui l’imaginent comme une organisation démocratique.
“Manifeste du parti communiste”. Penser une organisation démocratique
Article 17 min
“Manifeste du parti communiste”. Les extraits
13 janvier 2022
Cela peut paraître paradoxal, mais ce sont bien deux membres de la bourgeoisie, Karl Marx (1818-1883) et Friedrich Engels (1820-1895), qui donnent au prolétariat les armes théoriques de sa mobilisation et de son émancipation. Avec le Manifeste du parti communiste, ils amorcent un mouvement révolutionnaire dont les soubresauts sont encore perceptibles aujourd’hui. Nous publions des extraits de ce texte, traduits par Laura Lafargue.
“Manifeste du parti communiste”. Penser une organisation démocratique
BOÎTE À OUTILS
Article 2 min
Pourquoi faisons-nous la grasse matinée ?
Antony Chanthanakone 12 janvier 2022
Le réveil retentit, la lumière du jour pénètre dans votre chambre, mais vous hésitez : rester couché ou vous lever ? Quatre philosophes se glissent dans vos draps.
Pourquoi faisons-nous la grasse matinée ?
Article 1 min
Samar (حفلة)
Octave Larmagnac-Matheron 12 janvier 2022
Langue d’origine : arabe.
Article 2 min
Luxe
Antony Chanthanakone 12 janvier 2022
Pour définir cette notion, ces penseurs ne regardent pas à la dépense.
BACK PHILO
Bac philo 6 min
Comment être sûr d’avoir bien agi ?
Aïda N’Diaye 04 janvier 2022
Analyse des termes du sujet « Comment » Par quels moyens ? De quelle manière ? Par quel processus ou raisonnement ? « être sûr » Avoir une preuve matérielle, savoir de manière indubitable. « avoir bien agi » Avoir fait le bon choix, avoir agi conformément au bien, avoir produit des effets positifs.
LIVRES
Livre
Catherine Malabou
Au voleur ! Anarchisme et philosophie
Publié le 03 janvier 2022
L’homme peut-il se passer de gouvernement ? Non, a répondu la philosophie pendant des siècles dans le sillage d’Aristote. La vie en société a besoin de politique, et la politique est indissociable d’un arkhê – commencement et commandement –, sans quoi elle sombre dans le chaos de l’anarchie. Il faudra attendre deux millénaires, et l’audace d’un Proudhon, pour que l’anarchie conquière un sens positif et assume une idée que le politique n’a cessé de réprimer : le pouvoir est toujours une forme de domination arbitraire, qu’il est absolument incapable de se justifier lui-même. « L’anarchie […] est paradoxalement déjà là. […] L’anarchie est originaire, qui inscrit la contingence dans l’ordre politique. » Hantée depuis l’origine par cet abîme du « non-gouvernable », du « défaut de nécessité », la philosophie n’a pas tardé à emboîter le pas à l’anarchisme politique. Elle en a dérobé le geste tout en le radicalisant, en l’étendant au-delà de la sphère politique par une déconstruction décisive de l’idée même de « principe », sur laquelle repose toute la tradition occidentale. Catherine Malabou montre ainsi comment l’anarchie est devenue le nouveau centre décentré dans la pensée de six philosophes majeurs du XXe siècle : Reiner Schürmann (« principe d’anarchie »), Emmanuel Levinas (« responsabilité anarchique »), Jacques Derrida (« archiécriture »), Michel Foucault (« anarchéologie »), Giorgio Agamben (« anarchie et création ») et Jacques Rancière (« la politique est fondée sur l’anarchie »). Aucun d’entre eux, pourtant, n’a osé se dire anarchiste, aucun d’eux n’a envisagé jusqu’au bout l’émergence d’une société affranchie du partage de ceux qui commandent et de ceux qui obéissent. C’est ce déni, ce refoulement, qu’il s’agit de comprendre. La société anarchiste, qui doit se réinventer sans cesse pour échapper à la sclérose, paraît impensable, irreprésentable. Mais, surtout, elle reste l’objet d’une inquiétude viscérale. « Identité de l’anarchisme et de l’expérience traumatique », résume Malabou. Renoncer au gouvernement, c’est accepter sans garde-fou la « plasticité de l’être anarchiste » et l’imprévisible de la vie, dont deux mille ans de pensée politique ont martelé qu’il fallait la dresser afin d’en endiguer le déferlement pulsionnel, morbide et destructeur. Aucun philosophe n’a pris au sérieux la possibilité que la vie sans gouvernement puisse se déployer non comme auto-anéantissement mais comme « entraide » spontanée, pour reprendre le révolutionnaire russe Kropotkine. Il faut de l’audace pour faire ce pas supplémentaire auquel nous invite Malabou : celui qui mène vers une société fondée sur le « refus de tout ordre qui ne serait pas librement consenti » – qui déjà toque à la porte. Notre époque est travaillée par une double poussée anarchiste. « Anarchisme de fait », car « l’État a déjà dépéri » en dépit des résurgences autoritaires. « Anarchisme d’éveil » ensuite, à travers « l’expérimentation de cohérences politiques alternatives » aux quatre coins du monde. « Il n’y a plus rien à attendre d’en haut » : voilà l’urgence à laquelle doit répondre la pensée.
Au voleur ! Anarchisme et philosophie
Livre
Jacques Fieschi
Souvenirs de ma vie d’hôtel
Publié le 03 janvier 2022
Premier paradoxe de la mémoire : pour se souvenir, il faut avoir oublié. Nul ne porte la somme entière de sa mémoire, comme Atlas porte le globe terrestre. L’homme absolument dépourvu de la faculté d’oublier imaginé par Nietzsche est d’abord un homme sans antériorité. Second paradoxe de la mémoire : en réveillant le passé, elle le rend aussitôt inaccessible. À la fois ressuscité… et tué derechef. Diable ! Faut-il abandonner l’espoir proustien de recouvrer un peu de temps à l’état pur ? Ce serait sans compter le dernier roman de Jacques Fieschi, qui fut scénariste de Pialat et de Sautet. Son point de départ est cinématographique : les obsèques d’une amie perdue de vue convoquent chez le narrateur un pan perdu de sa jeunesse. Mais la mémoire, outre ses paradoxes, a cette spécificité de fonctionner au touche-à-touche, tels les dominos. René Scheidegger, héros de ce récit, va ainsi régénérer sous les yeux émus ou troublés du lecteur la cartographie d’un triangle amicalo-amoureux qui évoquerait presque celui de Jules et Jim, en moins chiqué. En plus vrai. Au fil d’une plume imbibée de saudade, la mémoire qui flanche renaît sans cacher ses cahots : « Je transcris en brodant sans doute… un numéro de téléphone, que j’ai longtemps su par cœur mais que j’ai oublié… » Ni compléter chaque phrase : « Et j’ai marché dans les rues de ». Jusqu’à cette distinction passionnante entre l’oubli et le non-savoir : « Son bateau dont le nom m’échappait, à moins qu’il ne me l’ait pas dit. » Il faut dire que René est un enfant de l’effacement : on l’a informé du décès de son père « bien après la date ». Quant à sa mère âgée, elle le « reconnaît rarement ». Il l’admet lui-même : « Je regarde la vie des autres, comme si la mienne était finie. » Et tout aurait pu flotter sine die dans cette buée, si les ombres de Jean-Mi et Catherine, Bonnie & Clyde de ce trio juvénile, n’étaient pas remontées, avec leur lot d’épiphanies : premier amour déçu, première marginalité, premier sentiment d’éternité. Alors, la lumière revient : « Un sourire m’a échappé. Pas un sourire amusé ou attendri, plutôt un déclic immaîtrisé, comme si on avait brusquement allumé l’électricité dans une cave obscure. » Elle laissera pour trace la beauté fulgurante d’une langue : « Il advient le moment où ce qui était flou, indistinct, se précise, trouve ses contours, se reconnaît, se parle, où ce qui vivait à l’intérieur se révèle au jour, quand le désir amoureux dans son invasion, nous amène à cet autre état de nous-mêmes. » La vraie madeleine est un cœur content.
Souvenirs de ma vie d’hôtel
Livre
Michel Houellebecq
Anéantir
Publié le 07 janvier 2022
L’immense succès de Sérotonine, paru début 2019, avait placé les éditeurs devant une situation embarrassante. Avec près de 800 000 exemplaires écoulés, le roman de Michel Houellebecq avait rapporté environ 17,5 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le seul Hexagone. Une aubaine, mais l’auteur était lent et cyclothymique, il lui avait fallu près de quatre années pour achever ce livre, et le précédent, Soumission, l’avait occupé cinq ans. Comme il donnait tous les signes extérieurs d’un délabrement physique avancé et qu’il avait déjà 62 ans à l’époque, il ne serait probablement capable de produire encore qu’un ou deux romans du même calibre. Sa carrière s’achèverait sans doute par des poésies sombres pouvant prétendre à un tirage honorable, sans plus. Ce fut alors que le DSI (directeur des systèmes d’information) du groupe d’édition, qui, normalement, ne prenait aucune initiative sur la stratégie littéraire, proposa une solution originale. La dernière génération des ordinateurs Watson développés par IBM – ceux qui avaient battu les champions de Jeopardy en 2011 et qui maîtrisaient les ambiguïtés du langage ordinaire – avait fait des progrès fulgurants grâce au deep learning. N’était-il pas possible de programmer l’une de ces intelligences artificielles (IA) pour écrire le prochain Houellebecq ? Les quatre principaux paramètres de cette programmation furent décidés en accord avec l’auteur. 1. Le héros devait avoir une vie affective et sexuelle désastreuse, son mariage devait être un naufrage. L’IA poussa le bouchon assez loin, mais le résultat était marrant : « Depuis dix ans, il n’avait pas baisé, et encore moins fait l’amour avec Prudence, ni avec qui que ce soit d’ailleurs. » 2. Le héros devait avoir un rapport difficile au vieillissement et à la mort de son père. 3. La société de consommation devait lui procurer des joies compensatoires épisodiques. Pour les décrire, Watson piocha dans le corpus de Houellebecq, en recyclant le Grand Marnier de Sérotonine : « Le Grand Marnier est un alcool exceptionnel, et trop ignoré ; Paul fut cependant surpris de ce choix, dans son souvenir Hervé était adepte de sensations plus âpres […]. Hervé se féminisait peut-être. » Et bien sûr, il lui fut facile d’actualiser quelques phrases d’Extension du domaine de la lutte, qui avaient fait la marque de fabrique de l’auteur, en consultant les sites de la grande distribution : « ‘‘Il faut bien manger quelque chose”, se répétait-il avec sagesse devant son tajine de volaille Monoprix Gourmet. » (Des accords commerciaux furent passés avec les entreprises concernées par ces placements de produits.) 4. Pour le style, l’IA fut entraînée à imiter la phrase classique, d’une extrême épure, mais dont la sobriété n’est qu’une politesse contenant un excès d’émotivité et de tendresse, de Gustave Flaubert, prenant modèle en particulier sur L’Éducation sentimentale. Par moments, cela réussissait merveilleusement : « Des gens m’aiment, se dit Paul avec surprise ; enfin plus exactement ils m’apprécient, n’exagérons rien. » Ou encore : « Une luminosité aveuglante se réverbérait sur les parois du tribunal de grande instance. Il n’avait jamais trouvé aucun mérite esthétique particulier à cette juxtaposition de parallélépipèdes de verre et d’acier, qui dominait un paysage boueux et morne. » Parfois, cependant, le programme semblait bugger, comme dans les pages sur Le Seigneur des anneaux, carrément torchées. Quoi qu’il en soit, l’IA délivra un Houellebecq de 736 pages en quelques mois (Sérotonine faisait moins de la moitié). En ce début d’année 2022, le DSI, les dirigeants du conglomérat éditorial et l’auteur attendaient avec impatience la sanction du marché. Si tout fonctionnait comme prévu, ce serait une révolution : le maillon faible de l’industrie éditoriale avait toujours été l’écrivain. Narcissique, capricieux, névrotique, infantilisé par le succès ou aigri par l’échec, il était la plaie des éditeurs. Avec un peu de chance, cette figure pathétique appartenant au passé, étroitement engluée dans sa subjectivité de petit mâle blanc, allait être anéantie. Et l’on pourrait, une année sur deux (rythme commercial ayant fait ses preuves pour les Astérix), livrer aux lecteurs, avides de rire un peu du désespoir que leur inoculait la civilisation technique, un Houellebecq d’excellente qualité, jusqu’à la fin du monde.
Anéantir
Livre
Yascha Mounk
La Grande Expérience. Les démocraties à l’épreuve de la diversité
Publié le 04 janvier 2022
Les démocraties occidentales sont de plus en plus « multiethniques ». Voilà ce que le politologue américain Yascha Mounk nomme « la grande expérience ». Au fond, elle consiste en une remise en cause du modèle européen de l’État-nation né au XVIIIe siècle où la communauté politique se définit par le récit de son homogénéité ethnico-culturelle. Désormais, nous avançons dans l’inconnu, inquiets des perspectives de la radicalisation des mouvements nationalistes ou encore de la fragmentation ethnique avec la multiplication des violences intercommunautaires. En croisant la psychologie sociale, l’histoire et la philosophie, Mounk développe des pistes visant à orienter les individus pour qu’ils « produisent » des démocraties diverses plus justes. Comme celle, étonnante, du « patriotisme culturel ». Partager des idéaux ne suffit pas. Il faut aussi que le cœur s’attache au multiculturalisme par « les petites choses qui forment le quotidien » : des réseaux denses d’associations (comme des chorales) favorisant les « contacts intergroupes » et l’empathie. Ou alors des « baby bonds », des « prêts bébé » avantageux pour qu’un accès plus large à l’éducation casse la reproduction sociale, tout comme la liberté d’entreprendre était naguère censée casser le pouvoir des monopoles capitalistes.
La Grande Expérience. Les démocraties à l’épreuve de la diversité
Livre
Mathieu Quet
Flux. Comment la pensée logistique gouverne le monde
Publié le 04 janvier 2022
« La logistique s’est immiscée partout où elle le pouvait », constate le sociologue Mathieu Quet. Simple organisation du transport des marchandises à l’heure de la mondialisation ? Non, selon Quet, car la logistique porte en elle une approche globale de l’économie et une nouvelle manière de penser dont on est loin de mesurer les enjeux. Il explique ainsi que, d’origine militaire, la pensée logistique a d’abord conquis l’industrie puis le lean (de l’anglais « maigre », « dégraissé ») management qui s’est mis à concevoir les salariés eux-mêmes comme des « ressources », voire comme « des intrants qu’il s’agit de gérer de façon optimale ». Si les personnes et les marchandises sont devenues interchangeables, c’est parce que nous réfléchissons désormais en termes de gestion de flux, qu’il s’agisse des migrants, des data, des transactions financières ou de la santé. Jusqu’à la pandémie de Covid, qui ressort comme un ensemble de problèmes allant de la circulation du virus à l’orientation des malades, en passant par la distribution de masques, de gels et de vaccins. Mais avec sa volonté de tout fluidifier – contrôle de la supply chain (« chaîne logistique »), réduction des coûts et raccourcissement des circuits –, cette nouvelle rationalité économique permet surtout d’informatiser le « traitement des données » et « la prise de décision ». Et Quet d’appeler à une « alterlogistique », c’est-à-dire à « un nouvel art de la mobilité [qui] reste à réinventer ».
Flux. Comment la pensée logistique gouverne le monde
Livre
François Jullien
Moïse ou la Chine
Publié le 04 janvier 2022
Si François Jullien se plaît à faire dialoguer « philosophes chrétiens » et « lettrés chinois », c’est moins pour savoir « lequel est le plus croyable des deux, Moïse ou la Chine » que pour « faire sortir enfin » la philosophie de son destin occidental, en la confrontant à un autre système de pensée, et découvrir d’autres « configurations du pensable ». Après s’être ainsi intéressé aux concepts fondateurs de la civilisation occidentale que sont le logos (la « pensée rationnelle » en grec) et l’eidos (l’« idéal »), le philosophe s’intéresse ici à la notion de theos (« dieu »), à laquelle il a dédié un séminaire. Les dix chapitres du livre sont consacrés à mesurer l’écart entre les deux cultures et le « travail de fissuration » qui s’opère dans la conscience européenne lorsqu’elle s’aperçoit qu’une autre histoire s’écrit à l’autre bout du monde, qui ne renvoie aucunement à l’idée de Dieu, ni ne fonde sa puissance sur une supposée universalité de la raison. Le retrait de Dieu dans la pensée chinoise semble signifier un autre rapport au monde et à ce qui est originaire, qui n’est pas celui de l’ontologie et de « l’être présent » grec, mais qui est celui du tao, d’une « voie », qui ne conçoit pas l’être dans sa permanence mais modélise son existence en mouvement. Si le concept de Dieu rencontre une limite à la fois historique, géographique et théorique lorsqu’on le confronte à la civilisation chinoise, ce n’est pas tant que le terrain soit occupé par une autre religion, comme le bouddhisme, mais parce qu’il n’y a pas chez elle d’« attente religieuse ». Ce faisant, François Jullien ouvre donc un espace de discussion entre les cultures, qu’il appelle « l’inter-culturalité ». Mieux, il propose un concept alternatif à celui de Dieu dans un autre essai, L’Incommensurable, qui paraît simultanément. Il invite à ne plus « contenir » le monde dans une idée limitée, incitant plutôt à ouvrir notre regard quotidien à ce concept qui excède l’idée de Dieu : l’« incommensurable ». Cela pourrait bien « changer la vie ».
Moïse ou la Chine
Livre
Vincent Delecroix
Leur enfance
Publié le 04 janvier 2022
« Leur enfance commence et la mienne vient de se terminer pour toujours », s’est dit Vincent Delecroix en tenant dans ses bras ses jumeaux nouveau-nés. C’était faux, reconnaît le philosophe, car la nouveauté que porte la naissance bouleverse tout ordre ancien et fait des pères des fils tout aussi bien que l’inverse. C’est donc en se méfiant de deux écueils qu’il tente d’approcher l’enfance. Le premier est d’y chercher la trace de son propre passé ; le second d’y voir la promesse de ce qui sera. Tout discours est « noyé entre la mémoire et l’anticipation », entre l’enfance en tant que pensée des origines et en tant que devenir autre chose, progrès « en attente de l’être ». Delecroix préfère penser la naissance comme « un processus continu et non un événement » et l’enfance comme un état qui n’a pas de fin (ni finalité ni borne). Ces quelques réflexions savamment posées, le philosophe entreprend alors d’approcher modestement « leur » enfance. Ce regard rêveur de son fils, cette agilité de sa fille fonçant vers la mer à quatre pattes, cette tour de Kapla montée jusqu’à l’effondrement et ces pages de livres déchirées et mangées jusqu’à plus faim, lui donnent des choses à penser. C’est ainsi qu’il tente de vivre avec eux dans l’enfance.
Leur enfance
Livre
Alexandre Jollien
Cahiers d’insouciance
Publié le 05 janvier 2022
Le film Presque, qui sort le 26 janvier au cinéma et qu’Alexandre Jollien cosigne et interprète avec Bernard Campan, porte comme sous-titre une phrase d’Érasme : « On ne naît pas homme, on le devient. » C’est cette même formule qui ouvre ces Cahiers d’insouciance, sans doute parce que, pour devenir homme, le chemin est le même sur le papier qu’à l’écran : il faut cesser de se préoccuper de son ego, de « s’accrocher à un but, à un idéal » et de vouloir mener sa vie comme un combat. Avec ses aphorismes inspirés de Nietzsche et du bouddhisme – surtout du Tibétain Chögyam Trungpa –, l’insouciance que Jollien cultive dans ce texte très personnel pourrait paraître une apologie du je-m’en-foutisme, tant il décline le leitmotiv de ce qu’il appelle « CCL, couldn’t care less. Rien à battre ! » En réalité, c’est plutôt la manière qu’a ce sage de vivre son handicap et d’inviter ses lecteurs à dépasser leurs peurs pour accepter l’existence comme elle est. « Origine du problème : chercher une sécurité qui n’existe pas. » Un détachement libérateur.
Cahiers d’insouciance
Livre
Pascal Bruckner
Dans l’amitié d’une montagne
Publié le 06 janvier 2022
Pourquoi gravir une montagne si c’est pour la redescendre presque aussitôt ? Il y a là un mystère qui fait dire à Pascal Bruckner que « la montagne illustre à merveille l’absurdité délicieuse de l’existence » et en exalte la beauté. Plus que le grandiose spectacle promis à ceux qui parviennent à se hisser jusqu’aux sommets, c’est pourtant le défi de l’ascension qui attire à la manière d’une « activité quasi religieuse », selon Bruckner : « Si l’être humain crapahute, c’est d’abord pour être l’auteur d’un événement, si modeste soit-il. » Il raconte comment le randonneur doit d’abord faire l’épreuve de son humilité, avant de pouvoir ressentir sa force et « la joie simple d’avoir accompli quelque chose à sa mesure ». Ce livre est une véritable déclaration d’amour à la montagne et, entre émerveillement et effroi, à l’expérience du sublime qu’elle procure. D’où cette définition : « La randonnée est une servitude volontaire où l’on décide du joug que l’on s’impose parce qu’il est synonyme d’une amitié supérieure avec le monde. »
Dans l’amitié d’une montagne
Livre
Raphaël Enthoven
Krasnaïa, ou quand les hommes sont bêtes
Publié le 07 janvier 2022
Un étrange tournis nous saisit à la lecture de cette fable inspirée à Raphaël Enthoven par la catastrophe de Tchernobyl. Il a en effet découvert que, dans cette zone désertée par les hommes, les bêtes ont survécu. Lecteur de George Orwell et de sa Ferme des animaux, il a donc imaginé une société animale qui a fait table rase de la servitude attachée à la domesticité pour instaurer un régime ultradémocratique. Fondée sur une égalité obsessionnelle (les herbivores ayant canalisé le désir « naturel » des carnivores) et sur une discussion permanente, cette société est pourtant menacée par la guerre civile, sous les coups des revendications des « enragés ». Car, pour l’auteur, les démocraties ne meurent plus de leurs inégalités ou de leurs ennemis extérieurs, comme à l’époque d’Orwell, mais de leurs propres excès. Ce dont témoigne l’amusant glossaire des doctrines qui essaiment dans ce monde, de l’animalisme au femellisme de première, deuxième et troisième générations (qui prône le droit de se soumettre en toute liberté), en passant par le naturisme, qui considère que les plantes sont des êtres pensants. Si la tête tourne, c’est que l’on est un peu trop souvent ramené aux correspondances avec notre époque pour chercher de quelle figure politique ou idéologique l’auteur fait la satire… On se réjouit cependant de l’art d’Enthoven à singer nos « bêtises » politiques.
Krasnaïa, ou quand les hommes sont bêtes
Livre
Pierre Bourdieu
L’Intérêt au désintéressement. Cours au Collège de France (1987-1989)
Publié le 08 janvier 2022
Il y a vingt ans s’éteignait Pierre Bourdieu, qui reste considéré mondialement comme l’un des plus importants sociologues pour son travail sur les mécanismes de reproduction des classes, sur la violence symbolique, sur les goûts comme principe de distinction des dominants ou encore sur la diversité des champs (artistique, politique, juridique…) qui constituent la société. Les éditions du Seuil rendent aujourd’hui accessibles les derniers cours inédits donnés au Collège de France entre 1987 et 1989 par l’un des intellectuels les plus influents du XXe siècle, qui ne cachait pas son engagement à gauche. Prenant pour point d’entrée la question du fonctionnement de l’État, et plus encore celle de l’éthique des « serviteurs de l’État », Bourdieu repose, entre les lignes, dans des domaines aussi différents que la morale, l’administration, l’art ou la science, un problème qui hante la sociologie : « Un acte désintéressé est-il possible ? » Le sociologue extrait le problème d’une analyse purement individuelle du comportement et le réinscrit dans son contexte. L’enjeu du désintéressement, c’est d’abord celui du « processus d’autonomisation par lequel s’est constitué dans le cosmos social un microcosme à l’intérieur duquel se joue un jeu très particulier obéissant aux règles de désintéressement. […] Pour qu’un univers désintéressé fonctionne, il faut à la fois que le désintéressement soit récompensé et que des gens aient intérêt au désintéressement ». Les idéalistes un peu naïfs de la vertu s’offusqueront certainement que l’on parle ainsi d’un « intérêt au désintéressement ». Le problème tient essentiellement, comme l’ajoute Bourdieu dans la réédition de ses Interventions, à ce que « l’on vit sur une définition pauvre, c’est-à-dire économiste, de l’intérêt ». Le sociologue invite à nous déprendre de cette vision monolithique et purement utilitariste pour comprendre comment l’intérêt a pu engendrer des sphères autonomes de désintéressement, des espaces où, indissociablement, « l’universel rapporte des intérêts » et devient l’objet d’un souci sincère. Un universel non pas abstrait du social mais enraciné et engagé en lui. Comme le note Bourdieu à propos de la figure du penseur : « C’est en accroissant leur autonomie […] que les intellectuels peuvent accroître l’efficacité d’une action politique », c’est en cultivant le désintéressement qu’ils gagnent en influence sur le monde social.
L’Intérêt au désintéressement. Cours au Collège de France (1987-1989)
Livre
Pascal Quignard
L’Amour la mer
Publié le 06 janvier 2022
« Il s’éveilla. Le monde se trouva descellé. » En refermant ce livre tissé d’amour et de mort, ce sont des images comme celles-ci qui nous restent. Car Pascal Quignard élabore son récit comme une rêverie, une marqueterie de rêves éveillés déjouant la chronologie au profit de tableaux pensifs et d’aphorismes frappants. Dans ce tombeau littéraire relatant la séparation de deux amants, l’auteur invente le destin de personnages ébauchés dans ses ouvrages précédents, comme Marie enceinte de Meaume, le graveur de Terrasse à Rome (2000), ou Thullyn l’élève de Sainte-Colombe, le musicien de Tous les matins du monde (1991). L’action se situe à un moment paroxystique de l’histoire de France, durant la Fronde, en 1652, quand l’anomie et la violence dans le royaume sont les plus grandes… au moment même où le compositeur Froberger invente l’admirable suite baroque, en musique. Ce roman poétique en forme de vanité est un fil ténu tendu entre deux temporalités : celle de la séparation, de la mort, qui survient dans nos vies singulières, et celle de la vie qui se prolonge indéfiniment comme un flux, dont parlaient déjà les philosophes présocratiques, une génération continuée par-delà la corruption. « Que reste-t-il de l’amour quand l’amour, à l’évidence, n’est plus ? Tellement de choses qu’il est impossible de les énumérer. Tout un monde. Continue le mouvement qui l’initia. N’a pas de fin l’essentiel. »
L’Amour la mer
Livre
Bruno Latour et Nikolaj Schultz
Mémo sur la nouvelle classe écologique
Publié le 06 janvier 2022
Pourquoi restons-nous sourds aux menaces qui pèsent sur la planète ? Comment expliquer que le sauvetage du vivant mobilise moins que, jadis, les enjeux de la production et de la lutte des classes ? Bref et concis, ce « mémo » tente d’établir les conditions d’une nouvelle mobilisation écologique. Au centre de la réflexion de Bruno Latour et de Nikolaj Schultz, son coauteur danois, se trouve la notion de classe, héritée du marxisme. Ce livre apparaît comme une réponse à ceux qui, parmi les penseurs contemporains de gauche, accusent Latour d’ignorer la domination et l’exploitation inhérentes au capitalisme. Le philosophe ne nie pas cette part dévastatrice, pas plus qu’il n’oublie le sens que la lutte des classes a pu apporter à l’histoire et l’énergie transformatrice qu’elle a suscitée. La lutte actuelle pour le climat et la sauvegarde du vivant lui paraît cependant d’une tout autre nature. Contrairement à la cause marxiste, la cause écologiste ne voit pas dans la production l’horizon du combat social. « Produire, écrit Latour, c’est assembler et combiner, ce n’est pas engendrer, c’est-à-dire faire naître par des soins la continuité des êtres dont dépend l’habitabilité du monde. » Dès lors que le sens de l’histoire ne réside plus dans une modernité productrice mais dans une nouvelle façon de prendre soin de ce qui est engendré, une « classe-pivot » doit, selon Latour, se former, une classe transversale associant les scientifiques, les militants et les « gens de bonne volonté ». Elle seule peut devenir le moteur du renversement nécessaire et en forger les outils intellectuels. Cet audacieux Mémo laisse cependant en suspens une question cruciale : dans la grande conversion qui s’annonce, le partage des coûts et des sacrifices sera-t-il équitable ?
Mémo sur la nouvelle classe écologique
Livre
Emmanuel Todd
Où en sont-elles ?
Publié le 10 janvier 2022
Voici un drôle d’essai qui avance sur deux axes. D’un côté, le démographe Emmanuel Todd compulse de nombreux chiffres et cartes qui composent un fascinant tableau de l’évolution de la situation des femmes. On y apprend que le patriarcat est un fait assez circonscrit dans l’Histoire, que le rapport entre hommes et femmes, chez les chasseurs-cueilleurs, fut plutôt de coopération en vue de la survie. Avec un peu d’ironie, Todd montre que ce rapport de coopération est en train de revenir dans la classe moyenne – parce que les femmes travaillent, qu’elles ont un niveau d’études supérieur, que l’impératif de survie revient. De l’autre côté, Todd a des saillies qui tordent l’objectivité du propos. Il considère que le féminisme de troisième vague, la vogue des sorcières et le mouvement #metoo présentent les rapports hommes-femmes comme antagonistes, alors qu’ils n’ont jamais été si égalitaires. Dès la première page, il se plaint qu’on fasse un foin du féminicide, alors qu’il n’y en a jamais eu si peu (90 en 2020). Là, il y a peut-être une faille dans le raisonnement. En effet, quand un phénomène est endémique et qu’on n’a aucun moyen de le résoudre – prenons la grande famine de 1315-1317 –, il entraîne un certain fatalisme. Le scandale commence quand on peut agir, éradiquer un problème, et qu’on ne le fait pas. N’est-ce pas le cas du féminicide aujourd’hui ? Précieuse pour la description, la statistique a ses limites pour la prescription.
Où en sont-elles ?
Livre
Michel Eltchaninoff
Lénine a marché sur la Lune
Publié le 11 janvier 2022
Notre rédacteur en chef Michel Eltchaninoff s’est attaqué à un sujet méconnu, une bizarrerie de l’histoire russe. Dans un essai d’une érudition fourmillante mais d’une écriture très claire, il retrace l’histoire d’un courant de pensée original, le « cosmisme », né dans les années 1880, qui fascina Dostoïevski. Ses figures tutélaires sont le savant Constantin Tsiolkovski (1857-1935), convaincu que le destin spirituel de l’humanité était de se rendre immortelle puis de propager la vie dans l’espace, et le scientifique Vladimir Vernadski (1863-1945), qui a développé le concept de « bio-sphère » et qui voyait la vie comme une puissance active modelant la Terre. Au fil des pages, on découvre que la science russe n’est pas tout à fait comme la science occidentale, qu’elle n’est pas galiléenne, qu’elle ne se contente pas d’une description mathématique du réel, mais qu’elle est empreinte de religiosité. Pourquoi exhumer cette galaxie de personnages excentriques ? C’est que, ironie du sort, les projets cosmistes les plus ahurissants – faire revivre les morts, vaincre le vieillissement, se rendre capables de télépathie, construire des hôtels sur la Lune – inspirent désormais les magnats de la Silicon Valley, Jeff Bezos et Elon Musk en tête.
Lénine a marché sur la Lune
CULTURE
Article 2 min
“Marcel Proust. Un roman parisien” : place de la madeleine
Cédric Enjalbert 08 janvier 2022
Le musée Carnavalet-Histoire de Paris présente, pour les 150 ans de la naissance et les 100 ans de la mort de l’auteur d’À la recherche du temps perdu, une exposition qui met en lumière les rapports qu’entretenait Marcel Proust avec la capitale. À voir jusqu'au 10 avril.
“Marcel Proust. Un roman parisien” : place de la madeleine
Article 2 min
“Ouistreham” : sur le pont
Cédric Enjalbert 12 janvier 2022
En adaptant pour le grand écran Le Quai de Ouistreham, livre d’enquête en immersion de la journaliste Florence Aubenas, Emmanuel Carrère se demande si l’on peut témoigner de ce que l’on a pas vécu. Une réussite à voir au cinéma dès le 12 janvier.
“Ouistreham” : sur le pont
Article 3 min
“La Seconde Surprise de l’amour” : parce que je le Marivaux bien
Cédric Enjalbert 08 janvier 2022
Alain Françon livre une adaptation lumineuse de la pièce de Marivaux, où il est question, bien sûr, d’amour, mais aussi d’un certain rapport à la vérité et à l’authenticité, notion renouvelée au XVIIIe siècle et à qui le théâtre offre le plus juste des miroirs. Un marivaudage à ne pas manquer lors de sa tournée dans toute la France.
“La Seconde Surprise de l’amour” : parce que je le Marivaux bien
OH ! LA BELLE VIE
Article 2 min
Conseil n° 15. Vaccinons-nous
François Morel 11 janvier 2022
C’est l’hiver, vaccinons-nous. Il n’y a plus une minute à perdre. Il faut se vacciner, je vous dis ! Contre la sinistrose, la mélancolie des arbres nus, des ciels gris, des matins frisquets, des nuits qui, en plein milieu de l’après-midi, tombent beaucoup trop tôt, des jours qui, bi..
Conseil n° 15. Vaccinons-nous
JEU
Article 1 min
Philocroisés #77
Gaëtan Goron 12 janvier 2022
Horizontalement I. Le Capital, c’est aussi son travail. Il « Marchais » mieux jadis. II. Avant omicron. Aura du succès. III. Volume, pas de sa voix, mais dont l’homophone est de Savoie. Nous, c’est elle. IV. À l’heure où blanchit la campagne. III&nbs..
Philocroisés #77
QUESTIONNAIRE DE SOCRATE
Article 2 min
Bernard Lavilliers. D’ici et d’ailleurs
Noël Foiry 13 janvier 2022
C’est à Buenos Aires que le chanteur-voyageur a trouvé l’inspiration pour son nouvel album, Sous un soleil énorme (Romance musique). Il n’en a pourtant pas oublié d’où il vient, Saint-Étienne, à
(Philomag)Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600016391 $Périodique Revues Exclu du prêt N°418 - Octobre 2022 - Homoparentalité et liberté de circulation (Bulletin de Journal du droit des jeunes)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Journal du droit des jeunes / Benoit Van Keirsbilck
Titre : N°418 - Octobre 2022 - Homoparentalité et liberté de circulation Type de document : texte imprimé Année de publication : 2022 Importance : 48 p. Format : 30 cm Langues : Français (fre) Catégories : Droit Tags : homoparentalité IVG état civil identité sexuelle Index. décimale : 34 Droit. Jurisprudence. Législation Résumé : Levons les tabous !
Tout le monde a déjà entendu parler de l’Education à la Vie Sexuelle et Affective, au moins de nom.
Du moins, pourrait-on le croire.
Ces clefs d’accompagnement de nos enfants et ados, à une vie relationnelle, affective et sexuelle épanouie, censées faire partie de l’enseignement obligatoire depuis maintenant plus de dix ans (1), ne sont pourtant pas encore assez connues (2).
Un non-sens, à l’heure où on n’a jamais autant parlé du consentement libre et éclairé au coeur des relations, de la lutte contre le harcèlement, le sexisme ou encore les violences basées sur le genre.
A l’heure où créer des espaces de parole autour du corps (3), de sa relation à l’autre, de ses émotions, est indispensable pour faire de nos jeunes pousses des adultes éclairés et responsables.
Et pourtant ! Pour certains (de nombreux ?) adultes, parents ou professionnels, le sujet des relations affectives et sexuelles reste encore un tabou.
Certains parents ne savent pas comment aborder le sujet des règles et de la contraception avec leurs ados. D’autres craignent d’en parler : « Est-ce que parler de sexe à mes enfants ne va pas les pousser à être actifs encore plus jeune ? » « Est-ce qu’il n’y a pas d’autres priorités, comme leur apprendre à lire et écrire ? »
Du côté des écoles non plus, l’éducation à la vie relationnelle, sexuelle et affective n’est pas toujours proposée, parce que vue comme une mission non essentielle, ou parce que crainte par le corps éducatif ou la direction.
Les freins à la généralisation de l’EVRAS tiennent aussi au manque de formation des enseignants (jusqu’en 2022, elle ne faisait pas partie de leur formation de base) et, comme souvent dans le secteur de la jeunesse, de moyens humains et financiers mis à disposition des professionnels.
A cela s’ajoute le manque d’information, notamment sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse, en particulier de certaines catégories de la population, dont les femmes sans accès aux soins en Belgique, comme le montre l’article de Priscilla Fligitter, Céline Glorie et Sarah Melsens de Médecins du monde (ce numéro, p. 11) et les lignes directrices publiées par l’OMS sur l’accès à l’avortement sécurisé (ce numéro, p. 31).
Alors aujourd’hui, même si on avance (on pense notamment aux Stratégies Concertées EVRAS (4) , qui visent une généralisation effective de l’EVRAS dans l’enseignement fondamental et secondaire), la route est encore longue.
L’actualité nous rappelle l’importance d’offrir des outils d’apprentissage au respect, à la tolérance des différences.
L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle y contribue.
Il y a urgence à la promouvoir !
(Jdj)Note de contenu :
L'éditorial du JDJ n°418 par Alexandra Roelandt
Levons les tabous !
Tout le monde a déjà entendu parler de l’Education à la Vie Sexuelle et Affective, au moins de nom.
Du moins, pourrait-on le croire.
Ces clefs d’accompagnement de nos enfants et ados, à une vie relationnelle, affective et sexuelle épanouie, censées faire partie de l’enseignement obligatoire depuis maintenant plus de dix ans (1), ne sont pourtant pas encore assez connues (2).
Un non-sens, à l’heure où on n’a jamais autant parlé du consentement libre et éclairé au coeur des relations, de la lutte contre le harcèlement, le sexisme ou encore les violences basées sur le genre.
A l’heure où créer des espaces de parole autour du corps (3), de sa relation à l’autre, de ses émotions, est indispensable pour faire de nos jeunes pousses des adultes éclairés et responsables.
Et pourtant ! Pour certains (de nombreux ?) adultes, parents ou professionnels, le sujet des relations affectives et sexuelles reste encore un tabou.
Certains parents ne savent pas comment aborder le sujet des règles et de la contraception avec leurs ados. D’autres craignent d’en parler : « Est-ce que parler de sexe à mes enfants ne va pas les pousser à être actifs encore plus jeune ? » « Est-ce qu’il n’y a pas d’autres priorités, comme leur apprendre à lire et écrire ? »
Du côté des écoles non plus, l’éducation à la vie relationnelle, sexuelle et affective n’est pas toujours proposée, parce que vue comme une mission non essentielle, ou parce que crainte par le corps éducatif ou la direction.
Les freins à la généralisation de l’EVRAS tiennent aussi au manque de formation des enseignants (jusqu’en 2022, elle ne faisait pas partie de leur formation de base) et, comme souvent dans le secteur de la jeunesse, de moyens humains et financiers mis à disposition des professionnels.
A cela s’ajoute le manque d’information, notamment sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse, en particulier de certaines catégories de la population, dont les femmes sans accès aux soins en Belgique, comme le montre l’article de Priscilla Fligitter, Céline Glorie et Sarah Melsens de Médecins du monde (ce numéro, p. 11) et les lignes directrices publiées par l’OMS sur l’accès à l’avortement sécurisé (ce numéro, p. 31).
Alors aujourd’hui, même si on avance (on pense notamment aux Stratégies Concertées EVRAS (4) , qui visent une généralisation effective de l’EVRAS dans l’enseignement fondamental et secondaire), la route est encore longue.
L’actualité nous rappelle l’importance d’offrir des outils d’apprentissage au respect, à la tolérance des différences.
L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle y contribue.
Il y a urgence à la promouvoir !
Alexandra Roelandt
(1) Inscription de l’éducation à la sexualité dans le décret «Missions» du 24 juillet 1997, M.B., 23 septembre 1997.
(2) Malgré des efforts, tels que cette série de webinaires «L’EVRAS dans mon école : c’est pas secondaire» (voir : www.evras.be) pour permettre d’aborder ces questions avec les adultes qui accompagnent ces jeunes au quotidien dans leur parcours scolaire, campagne soutenue par le Ministère de l’éducation et malgré la volonté affichée par la Ministre Caroline Désir de travailler «sur la généralisation de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) en milieu scolaire, pour que chaque élève puisse bénéficier de balises communes sur ces question» (Circulaire du 26/09/2022).
(3) Notons ce livret réalisé par SOFELIA, la Fédération militante des centres de planning familial solidaires, « Sang rougir! » qui déconstruit les tabous autour des menstruations.
(4) Elles proposent des outils, des formations, de la documentation à destination des professionnels.
Le sommaire du numéro 418
ARTICLES
1
Éditorial : Levons les tabous ! — Alexandra Roelandt
3
Les enfants et les familles sont-ils les invisibles des crises, et de la crise énergétique ? — Déclaration conjointe des coalitions, organisations et institutions de défense des droits de l’enfant et de lutte contre la pauvreté
6
Arrêt Stolichna Obshtina : homoparentalité et liberté de circulation au sein de l’Union européenne — Chiara De Capitani
11
Accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et à l’aide médicale urgente (AMU) pour les femmes sans accès aux soins en Belgique — Priscilla Fligitter, Céline Glorie et Sarah Melsens Médecins du Monde Belgique
24
«T’as quel âge ?» : Changement d’état-civil et identité sexuelle. Analyse transversale de quelques infra-majorités en droit belge (2e partie) — Delphine de Jonghe
DOCUMENTS
30
Proposition de loi du 8 avril 2021 modifiant la loi du 5 août 1992 sur la fonction de police en vue d’assortir l’usage des menottes de garanties claires dans le cas d’enfants mineurs
31
L’accès à l’avortement sécurisé est essentiel pour la santé des femmes et des filles. Les nouvelles lignes directrices de l’OMS
JURISPRUDENCE
33
Cour eur. D.H. (gde ch.), arrêt H.F. et autres c. France, 14 septembre 2022 — Art. 1er – Juridiction des États – Refus de rapatrier des nationaux placés en détention avec leurs enfants dans des camps sous contrôle kurde après la chute de l’«État islamique» – Absence de «contrôle» effectif de l’État défendeur sur le territoire et les proches des requérants – Une procédure de rapatriement et une enquête pénale pour participation à des activités terroristes à l’étranger ne suffisent pas à déclencher un lien juridictionnel extraterritorial (...)
39
Cass. (1ère ch.), 16 septembre 2022 Obligations alimentaires – Parents pour les enfants – Contribution de chaque parent – Notion de «revenus» - Charges – Indemnité parlementaire
FICHE-JDJ
40
L’exclusion définitive d’un établissement scolaire — Fiche rédigée par Corinne Villée, actualisée par Denis Lamalle, SDJ de Liège
JEUNES À DROIT
43
Des jeunes et Scan-R
Emy, Lena, Chloé, Corentin et anomymes
(Jdj)[n° ou bulletin]
est un bulletin de Journal du droit des jeunes / Benoit Van Keirsbilck
N°418 - Octobre 2022 - Homoparentalité et liberté de circulation [texte imprimé] . - 2022 . - 48 p. ; 30 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Droit Tags : homoparentalité IVG état civil identité sexuelle Index. décimale : 34 Droit. Jurisprudence. Législation Résumé : Levons les tabous !
Tout le monde a déjà entendu parler de l’Education à la Vie Sexuelle et Affective, au moins de nom.
Du moins, pourrait-on le croire.
Ces clefs d’accompagnement de nos enfants et ados, à une vie relationnelle, affective et sexuelle épanouie, censées faire partie de l’enseignement obligatoire depuis maintenant plus de dix ans (1), ne sont pourtant pas encore assez connues (2).
Un non-sens, à l’heure où on n’a jamais autant parlé du consentement libre et éclairé au coeur des relations, de la lutte contre le harcèlement, le sexisme ou encore les violences basées sur le genre.
A l’heure où créer des espaces de parole autour du corps (3), de sa relation à l’autre, de ses émotions, est indispensable pour faire de nos jeunes pousses des adultes éclairés et responsables.
Et pourtant ! Pour certains (de nombreux ?) adultes, parents ou professionnels, le sujet des relations affectives et sexuelles reste encore un tabou.
Certains parents ne savent pas comment aborder le sujet des règles et de la contraception avec leurs ados. D’autres craignent d’en parler : « Est-ce que parler de sexe à mes enfants ne va pas les pousser à être actifs encore plus jeune ? » « Est-ce qu’il n’y a pas d’autres priorités, comme leur apprendre à lire et écrire ? »
Du côté des écoles non plus, l’éducation à la vie relationnelle, sexuelle et affective n’est pas toujours proposée, parce que vue comme une mission non essentielle, ou parce que crainte par le corps éducatif ou la direction.
Les freins à la généralisation de l’EVRAS tiennent aussi au manque de formation des enseignants (jusqu’en 2022, elle ne faisait pas partie de leur formation de base) et, comme souvent dans le secteur de la jeunesse, de moyens humains et financiers mis à disposition des professionnels.
A cela s’ajoute le manque d’information, notamment sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse, en particulier de certaines catégories de la population, dont les femmes sans accès aux soins en Belgique, comme le montre l’article de Priscilla Fligitter, Céline Glorie et Sarah Melsens de Médecins du monde (ce numéro, p. 11) et les lignes directrices publiées par l’OMS sur l’accès à l’avortement sécurisé (ce numéro, p. 31).
Alors aujourd’hui, même si on avance (on pense notamment aux Stratégies Concertées EVRAS (4) , qui visent une généralisation effective de l’EVRAS dans l’enseignement fondamental et secondaire), la route est encore longue.
L’actualité nous rappelle l’importance d’offrir des outils d’apprentissage au respect, à la tolérance des différences.
L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle y contribue.
Il y a urgence à la promouvoir !
(Jdj)Note de contenu :
L'éditorial du JDJ n°418 par Alexandra Roelandt
Levons les tabous !
Tout le monde a déjà entendu parler de l’Education à la Vie Sexuelle et Affective, au moins de nom.
Du moins, pourrait-on le croire.
Ces clefs d’accompagnement de nos enfants et ados, à une vie relationnelle, affective et sexuelle épanouie, censées faire partie de l’enseignement obligatoire depuis maintenant plus de dix ans (1), ne sont pourtant pas encore assez connues (2).
Un non-sens, à l’heure où on n’a jamais autant parlé du consentement libre et éclairé au coeur des relations, de la lutte contre le harcèlement, le sexisme ou encore les violences basées sur le genre.
A l’heure où créer des espaces de parole autour du corps (3), de sa relation à l’autre, de ses émotions, est indispensable pour faire de nos jeunes pousses des adultes éclairés et responsables.
Et pourtant ! Pour certains (de nombreux ?) adultes, parents ou professionnels, le sujet des relations affectives et sexuelles reste encore un tabou.
Certains parents ne savent pas comment aborder le sujet des règles et de la contraception avec leurs ados. D’autres craignent d’en parler : « Est-ce que parler de sexe à mes enfants ne va pas les pousser à être actifs encore plus jeune ? » « Est-ce qu’il n’y a pas d’autres priorités, comme leur apprendre à lire et écrire ? »
Du côté des écoles non plus, l’éducation à la vie relationnelle, sexuelle et affective n’est pas toujours proposée, parce que vue comme une mission non essentielle, ou parce que crainte par le corps éducatif ou la direction.
Les freins à la généralisation de l’EVRAS tiennent aussi au manque de formation des enseignants (jusqu’en 2022, elle ne faisait pas partie de leur formation de base) et, comme souvent dans le secteur de la jeunesse, de moyens humains et financiers mis à disposition des professionnels.
A cela s’ajoute le manque d’information, notamment sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse, en particulier de certaines catégories de la population, dont les femmes sans accès aux soins en Belgique, comme le montre l’article de Priscilla Fligitter, Céline Glorie et Sarah Melsens de Médecins du monde (ce numéro, p. 11) et les lignes directrices publiées par l’OMS sur l’accès à l’avortement sécurisé (ce numéro, p. 31).
Alors aujourd’hui, même si on avance (on pense notamment aux Stratégies Concertées EVRAS (4) , qui visent une généralisation effective de l’EVRAS dans l’enseignement fondamental et secondaire), la route est encore longue.
L’actualité nous rappelle l’importance d’offrir des outils d’apprentissage au respect, à la tolérance des différences.
L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle y contribue.
Il y a urgence à la promouvoir !
Alexandra Roelandt
(1) Inscription de l’éducation à la sexualité dans le décret «Missions» du 24 juillet 1997, M.B., 23 septembre 1997.
(2) Malgré des efforts, tels que cette série de webinaires «L’EVRAS dans mon école : c’est pas secondaire» (voir : www.evras.be) pour permettre d’aborder ces questions avec les adultes qui accompagnent ces jeunes au quotidien dans leur parcours scolaire, campagne soutenue par le Ministère de l’éducation et malgré la volonté affichée par la Ministre Caroline Désir de travailler «sur la généralisation de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) en milieu scolaire, pour que chaque élève puisse bénéficier de balises communes sur ces question» (Circulaire du 26/09/2022).
(3) Notons ce livret réalisé par SOFELIA, la Fédération militante des centres de planning familial solidaires, « Sang rougir! » qui déconstruit les tabous autour des menstruations.
(4) Elles proposent des outils, des formations, de la documentation à destination des professionnels.
Le sommaire du numéro 418
ARTICLES
1
Éditorial : Levons les tabous ! — Alexandra Roelandt
3
Les enfants et les familles sont-ils les invisibles des crises, et de la crise énergétique ? — Déclaration conjointe des coalitions, organisations et institutions de défense des droits de l’enfant et de lutte contre la pauvreté
6
Arrêt Stolichna Obshtina : homoparentalité et liberté de circulation au sein de l’Union européenne — Chiara De Capitani
11
Accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et à l’aide médicale urgente (AMU) pour les femmes sans accès aux soins en Belgique — Priscilla Fligitter, Céline Glorie et Sarah Melsens Médecins du Monde Belgique
24
«T’as quel âge ?» : Changement d’état-civil et identité sexuelle. Analyse transversale de quelques infra-majorités en droit belge (2e partie) — Delphine de Jonghe
DOCUMENTS
30
Proposition de loi du 8 avril 2021 modifiant la loi du 5 août 1992 sur la fonction de police en vue d’assortir l’usage des menottes de garanties claires dans le cas d’enfants mineurs
31
L’accès à l’avortement sécurisé est essentiel pour la santé des femmes et des filles. Les nouvelles lignes directrices de l’OMS
JURISPRUDENCE
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Cour eur. D.H. (gde ch.), arrêt H.F. et autres c. France, 14 septembre 2022 — Art. 1er – Juridiction des États – Refus de rapatrier des nationaux placés en détention avec leurs enfants dans des camps sous contrôle kurde après la chute de l’«État islamique» – Absence de «contrôle» effectif de l’État défendeur sur le territoire et les proches des requérants – Une procédure de rapatriement et une enquête pénale pour participation à des activités terroristes à l’étranger ne suffisent pas à déclencher un lien juridictionnel extraterritorial (...)
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Cass. (1ère ch.), 16 septembre 2022 Obligations alimentaires – Parents pour les enfants – Contribution de chaque parent – Notion de «revenus» - Charges – Indemnité parlementaire
FICHE-JDJ
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L’exclusion définitive d’un établissement scolaire — Fiche rédigée par Corinne Villée, actualisée par Denis Lamalle, SDJ de Liège
JEUNES À DROIT
43
Des jeunes et Scan-R
Emy, Lena, Chloé, Corentin et anomymes
(Jdj)Réservation
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Exemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600016956 $Périodique Revues Disponible N°45 - 2015/2 - Sexe et tabou (Bulletin de Cahiers de psychologie clinique)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Cahiers de psychologie clinique / Alex Lefèbvre (1994-....)
Titre : N°45 - 2015/2 - Sexe et tabou Type de document : texte imprimé Année de publication : 2015 Importance : 250 p. Format : 24 cm Langues : Français (fre) Catégories : Psychologie clinique Tags : genre sexe sexualité identité(sexuée) gender theory masculinité homosexualité parentalité transgression prudence sang transgression frigidité identité de genre castration altérité impossible du réel mariage pour tous psychanalyse homophobie perversion égalité violence(sexuelle) travail du féminin subjectivation adolescence tabou malaise(civilisation) baisse de désir sexuel homéostasie émotions dialogue couple viol génocide Rwanda, groupe(parole) postmoderne latence repères identitaires détresse double agirs codes symboliques Index. décimale : 159.9 Psychologie Note de contenu : Éditorial - Alex Lefebvre
Le genre, le sexe
"Du sexe, de l’identité et autres transgressions du genre" - Stefano Monzani
"Le sexe féminin : entre tabou et interdit" - Jacqueline Schaeffer
"Le genre à deux voix" - Aurore Mairy et Martine Goffin
Sexe, tabou et société
"Les normes sexuelles, la psychanalyse et le « mariage pour tous »" - Vincent Bourseul
"Peut-on encore penser la différence des sexes dans les couples et les familles aujourd’hui ?" - Isabelle Duret
"La violence sexuelle, tabou du féminin ?" - Constance Giuily et François Marty
"Le baromètre émotionnel du désir sexuel" - Alexandra de Troz
"Génocide des Tutsis au Rwanda : quand le viol des femmes est utilise pour annihiler l’origine même de la vie et de la pensée" - Patrick Rwagatare et Jean-Luc Brackelaire
Latence, adolescence
"L’enfant de la latence et le néolibéralisme" - Philippe Bettenfeld
"Sexualité et sensori-motricité durant la période de latence" - Julie Cohen-Salmon
"Les violences sexuelles à l’adolescence et l’épreuve du corps-a-corps : l’illusion d’une sexualité sans tabou ?" - Pascal Roman
Notes de lecture
"Si non è vero…" À propos du livre Ceci est une illusion de Frédéric de Rivoyre - Daniel Weiss
"Perspectives sur L’énigme de la pulsion de mort" Note de lecture pour discussion du livre de M. Lauret - Brigitte Dollé-Monglond
Thème en préparation
Argument numéro 48 soigner, guérir[n° ou bulletin]
est un bulletin de Cahiers de psychologie clinique / Alex Lefèbvre (1994-....)
N°45 - 2015/2 - Sexe et tabou [texte imprimé] . - 2015 . - 250 p. ; 24 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Psychologie clinique Tags : genre sexe sexualité identité(sexuée) gender theory masculinité homosexualité parentalité transgression prudence sang transgression frigidité identité de genre castration altérité impossible du réel mariage pour tous psychanalyse homophobie perversion égalité violence(sexuelle) travail du féminin subjectivation adolescence tabou malaise(civilisation) baisse de désir sexuel homéostasie émotions dialogue couple viol génocide Rwanda, groupe(parole) postmoderne latence repères identitaires détresse double agirs codes symboliques Index. décimale : 159.9 Psychologie Note de contenu : Éditorial - Alex Lefebvre
Le genre, le sexe
"Du sexe, de l’identité et autres transgressions du genre" - Stefano Monzani
"Le sexe féminin : entre tabou et interdit" - Jacqueline Schaeffer
"Le genre à deux voix" - Aurore Mairy et Martine Goffin
Sexe, tabou et société
"Les normes sexuelles, la psychanalyse et le « mariage pour tous »" - Vincent Bourseul
"Peut-on encore penser la différence des sexes dans les couples et les familles aujourd’hui ?" - Isabelle Duret
"La violence sexuelle, tabou du féminin ?" - Constance Giuily et François Marty
"Le baromètre émotionnel du désir sexuel" - Alexandra de Troz
"Génocide des Tutsis au Rwanda : quand le viol des femmes est utilise pour annihiler l’origine même de la vie et de la pensée" - Patrick Rwagatare et Jean-Luc Brackelaire
Latence, adolescence
"L’enfant de la latence et le néolibéralisme" - Philippe Bettenfeld
"Sexualité et sensori-motricité durant la période de latence" - Julie Cohen-Salmon
"Les violences sexuelles à l’adolescence et l’épreuve du corps-a-corps : l’illusion d’une sexualité sans tabou ?" - Pascal Roman
Notes de lecture
"Si non è vero…" À propos du livre Ceci est une illusion de Frédéric de Rivoyre - Daniel Weiss
"Perspectives sur L’énigme de la pulsion de mort" Note de lecture pour discussion du livre de M. Lauret - Brigitte Dollé-Monglond
Thème en préparation
Argument numéro 48 soigner, guérirExemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600009082 $Périodique Revues Exclu du prêt N°46 - 2016/1 - Cadres et institutions (Bulletin de Cahiers de psychologie clinique)
[n° ou bulletin]
est un bulletin de Cahiers de psychologie clinique / Alex Lefèbvre (1994-....)
Titre : N°46 - 2016/1 - Cadres et institutions Type de document : texte imprimé Année de publication : 2016 Importance : 246 p. Format : 24 cm Langues : Français (fre) Catégories : Psychologie clinique Tags : cadre institution supervision tiers métaphore mandat demande recadrage dispositif objectif processus usage fonction interstice clinique dispositif institutionnel corps(relationnel) numérique(évolution) enfant(psychopathologie) adolescent mal-être écoute management visite médiatisée jeux de société situation clinique psychologie clinique interculturelle) thérapie familiale systématique Bolivie Aymara abus(sexuel) recherche-action souffrance(psychique) acting-out acte temps psychose urgence répétition point d'ancrage violence(sexuelle) vignette(clinique) rencontres Index. décimale : 159.9 Psychologie Note de contenu : Éditorial - Philippe Woitchik
Ouverture
"Métaphore du cadre" - Philippe Bivort
"Du bricolage au tissage, à la recherche d’un fil rouge" - Annig Segers-Laurent, Véronique Wenderickx, Claudio Piccirelli et Nicolas De Spiegeleer
"Des usages inattendus d’un dispositif institutionnel : Mises en valeur de l’interstice clinique" - Elodie Leenaert et Marie Vervecken
Pratiques en situation
"L’enfant, l’institutrice et le tableau interactif : Corps relationnel et évolution numérique" - Aurore Jadin et Jérôme Englebert
"Organisations et désorganisation dans les pratiques cliniques en « Point Écoute »" - Christine Louchard Chardon, Yves Morhain et Émilie Morhain
"Visites médiatisées en institution et jeux de société : des éléments du processus thérapeutique ?" - Françoise Cailleau et Véronique Lefèbvre
"Pour une approche thérapeutique interculturelle en situations d’abus sexuel à El Alto (Bolivie)" - Katya Morales et Jean-Luc Brackelaire
Cliniques de l’agir
"De l’agir à l’Acte : la temporalité dans la compréhension de l’acting out chez l’adolescent" - Ludovic Gadeau
"Répétition, passage à l’acte et clinique du point d’ancrage dans des services d’urgences psychiatriques" - Sandrine Desmurger, Diane Helszajn, Kiriaki Stavraetou, Nathalie Vercruysse et Philippe Fouchet
"À la rencontre des adolescents auteurs de violences sexuelles accueillis dans un dispositif de soin spécifique" - Barbara Smaniotto et Marie Réveillaud
Notes de lecture
"Ce qui reste du père et Le complexe de Télémaque. Reconstruire la fonction du père, de M. Recalcati" - Isabelle Counet
"Le récit dans la psychanalyse" de Kohn Max, 1998, 2014, Toulouse, Erès, 2e édition, Paris, MJW Fédition, 2014 - Robert Samacher
"Féminin, maternel, couples. La valse à trois temps d’une psychanalyste" de D. Bastien, Toulouse, Erès (coll. Singulier Pluriel), 2015, 207 p. - Isabelle Counet
"Parents d’adolescents : une crise peut en cacher une autre" de Nino Rizzo, Genève, éditions Médecine et hygiène, 2014 - Stefano Monzani
"Eduquer et soigner en équipe, de Coll. M. Meynckens, C. Vander Borght et P. Kinoo" - Magali Huret
Thème en préparation : Fanatismes[n° ou bulletin]
est un bulletin de Cahiers de psychologie clinique / Alex Lefèbvre (1994-....)
N°46 - 2016/1 - Cadres et institutions [texte imprimé] . - 2016 . - 246 p. ; 24 cm.
Langues : Français (fre)
Catégories : Psychologie clinique Tags : cadre institution supervision tiers métaphore mandat demande recadrage dispositif objectif processus usage fonction interstice clinique dispositif institutionnel corps(relationnel) numérique(évolution) enfant(psychopathologie) adolescent mal-être écoute management visite médiatisée jeux de société situation clinique psychologie clinique interculturelle) thérapie familiale systématique Bolivie Aymara abus(sexuel) recherche-action souffrance(psychique) acting-out acte temps psychose urgence répétition point d'ancrage violence(sexuelle) vignette(clinique) rencontres Index. décimale : 159.9 Psychologie Note de contenu : Éditorial - Philippe Woitchik
Ouverture
"Métaphore du cadre" - Philippe Bivort
"Du bricolage au tissage, à la recherche d’un fil rouge" - Annig Segers-Laurent, Véronique Wenderickx, Claudio Piccirelli et Nicolas De Spiegeleer
"Des usages inattendus d’un dispositif institutionnel : Mises en valeur de l’interstice clinique" - Elodie Leenaert et Marie Vervecken
Pratiques en situation
"L’enfant, l’institutrice et le tableau interactif : Corps relationnel et évolution numérique" - Aurore Jadin et Jérôme Englebert
"Organisations et désorganisation dans les pratiques cliniques en « Point Écoute »" - Christine Louchard Chardon, Yves Morhain et Émilie Morhain
"Visites médiatisées en institution et jeux de société : des éléments du processus thérapeutique ?" - Françoise Cailleau et Véronique Lefèbvre
"Pour une approche thérapeutique interculturelle en situations d’abus sexuel à El Alto (Bolivie)" - Katya Morales et Jean-Luc Brackelaire
Cliniques de l’agir
"De l’agir à l’Acte : la temporalité dans la compréhension de l’acting out chez l’adolescent" - Ludovic Gadeau
"Répétition, passage à l’acte et clinique du point d’ancrage dans des services d’urgences psychiatriques" - Sandrine Desmurger, Diane Helszajn, Kiriaki Stavraetou, Nathalie Vercruysse et Philippe Fouchet
"À la rencontre des adolescents auteurs de violences sexuelles accueillis dans un dispositif de soin spécifique" - Barbara Smaniotto et Marie Réveillaud
Notes de lecture
"Ce qui reste du père et Le complexe de Télémaque. Reconstruire la fonction du père, de M. Recalcati" - Isabelle Counet
"Le récit dans la psychanalyse" de Kohn Max, 1998, 2014, Toulouse, Erès, 2e édition, Paris, MJW Fédition, 2014 - Robert Samacher
"Féminin, maternel, couples. La valse à trois temps d’une psychanalyste" de D. Bastien, Toulouse, Erès (coll. Singulier Pluriel), 2015, 207 p. - Isabelle Counet
"Parents d’adolescents : une crise peut en cacher une autre" de Nino Rizzo, Genève, éditions Médecine et hygiène, 2014 - Stefano Monzani
"Eduquer et soigner en équipe, de Coll. M. Meynckens, C. Vander Borght et P. Kinoo" - Magali Huret
Thème en préparation : FanatismesExemplaires
Code-barres Support Section Disponibilité 1600009081 $Périodique Revues Exclu du prêt