[n° ou bulletin] est un bulletin de / Dominique LegluTitre : | N°221 - Avril-Juin 2025 - La science au Moyen Age | Type de document : | texte imprimé | Année de publication : | 2025 | Importance : | 98 p | Présentation : | ill. en coul. | Format : | 27 cm | Langues : | Français (fre) | Catégories : | 2 Sciences
| Tags : | Science (Moyen Age) astronomie bestiaires Médecine université musique alchimie Notre-Dame chiffres arabes optique Hildegarde de Bingen | Index. décimale : | 600 Sciences appliquées. Médecine. Technologie | Résumé : | Nous sommes à Paris, vers 1250. La silhouette de Notre-Dame, à peine achevée, s’élève telle que nous la connaissons aujourd’hui, dans ce style gothique qui s’est forgé un siècle auparavant. Dans son chœur résonnent des hymnes inconnus : les musiciens de la cathédrale, tout imprégnés de la certitude que la musique est une science qui révèle l’harmonie du monde, viennent d’y inventer la polyphonie. Sur la colline Sainte-Geneviève, une autre invention capitale vient d’advenir : celle de l’université. Et les étudiants y affluent pour apprendre les nouvelles connaissances…
La redécouverte d'Aristote
Quelles images avons-nous de la science du Moyen Âge ? Aucune ! Elle est la grande absente des films, séries ou livres, peu avares pourtant de châteaux, de chevaliers, de violence. D’après les parchemins, on les imagine, ces savants – des hommes, si peu de femmes –, sagement penchés sur un manuscrit, absorbant à grands traits la sagesse des Anciens. Mais ne nous laissons pas abuser par l’aspect naïf de ce monde en miniatures. Cette image convient peut-être au moine, l’intellectuel type des premiers siècles de la période, dont le savoir se bâtit sur la Bible et quelques auteurs romains. Mais à partir du XIIe siècle, c’est un tout autre paysage qui s’ouvre, un monde empli des saveurs de la philosophie grecque et des parfums de l’Orient. Car c’est l’époque où l’Occident redécouvre Aristote, le maître absolu de la science pour les siècles à venir – oui : le grand homme de la science médiévale est un Grec du IVe siècle avant notre ère ! – et prend acte des découvertes capitales réalisées par les savants arabes, qui les ont précédés dans cette redécouverte.
À l’image de ces cathédrales que l’on souhaite les plus hautes possible pour emplir les fidèles de lumière divine, les hommes du temps veulent se nourrir de la lumière de la raison, pour éclairer et le monde, et leur foi. Il y a même alors un moment rationaliste, nous dit l’historien Nicolas Weill-Parot : les savants pensent, par la raison, pouvoir tout expliquer. Dans ce numéro, nous avons souhaité nous couler dans l’esprit d’un savant médiéval, avide de toutes les connaissances de son temps : biologie, physique, astronomie, alchimie, et même magie… Sa pratique de la science nous semble étrange. Il ne réalise pas d’expériences, ignore les mesures, semble se complaire dans une science de parchemin tirée des Anciens… Car penser, alors, c’est lire.
Gare au poncif : "on n’est pas au Moyen Âge !"
Mais surtout parler ! À l’infini, maîtres et étudiants dissèquent le moindre problème, exposent leurs arguments logiques. Un échange incessant qui peu à peu met en place les prémisses de la science moderne. Et ne se limite pas aux murs de la ville. De part et d’autre de la Méditerranée, juifs, musulmans ou chrétiens échangent, unis par la passion d’une science féconde et ouverte, universelle.
Gageons qu’aujourd’hui où la science est attaquée de toute part, il s’en trouvera certains pour assener le poncif : "Il faut défendre la science, quand même, on n’est pas au Moyen Âge !" On pourra leur rétorquer que partir sur les traces de la science médiévale, c’est revenir à une période d’intense confiance en l’humain, en la vie et en la raison. Ne serait-ce que pour cette raison – mais il y en a tant d’autres ! – l’étudier est une nécessité.
(sciencesetavenir.fr) |
[n° ou bulletin] est un bulletin de / Dominique LegluN°221 - Avril-Juin 2025 - La science au Moyen Age [texte imprimé] . - 2025 . - 98 p : ill. en coul. ; 27 cm. Langues : Français ( fre) Catégories : | 2 Sciences
| Tags : | Science (Moyen Age) astronomie bestiaires Médecine université musique alchimie Notre-Dame chiffres arabes optique Hildegarde de Bingen | Index. décimale : | 600 Sciences appliquées. Médecine. Technologie | Résumé : | Nous sommes à Paris, vers 1250. La silhouette de Notre-Dame, à peine achevée, s’élève telle que nous la connaissons aujourd’hui, dans ce style gothique qui s’est forgé un siècle auparavant. Dans son chœur résonnent des hymnes inconnus : les musiciens de la cathédrale, tout imprégnés de la certitude que la musique est une science qui révèle l’harmonie du monde, viennent d’y inventer la polyphonie. Sur la colline Sainte-Geneviève, une autre invention capitale vient d’advenir : celle de l’université. Et les étudiants y affluent pour apprendre les nouvelles connaissances…
La redécouverte d'Aristote
Quelles images avons-nous de la science du Moyen Âge ? Aucune ! Elle est la grande absente des films, séries ou livres, peu avares pourtant de châteaux, de chevaliers, de violence. D’après les parchemins, on les imagine, ces savants – des hommes, si peu de femmes –, sagement penchés sur un manuscrit, absorbant à grands traits la sagesse des Anciens. Mais ne nous laissons pas abuser par l’aspect naïf de ce monde en miniatures. Cette image convient peut-être au moine, l’intellectuel type des premiers siècles de la période, dont le savoir se bâtit sur la Bible et quelques auteurs romains. Mais à partir du XIIe siècle, c’est un tout autre paysage qui s’ouvre, un monde empli des saveurs de la philosophie grecque et des parfums de l’Orient. Car c’est l’époque où l’Occident redécouvre Aristote, le maître absolu de la science pour les siècles à venir – oui : le grand homme de la science médiévale est un Grec du IVe siècle avant notre ère ! – et prend acte des découvertes capitales réalisées par les savants arabes, qui les ont précédés dans cette redécouverte.
À l’image de ces cathédrales que l’on souhaite les plus hautes possible pour emplir les fidèles de lumière divine, les hommes du temps veulent se nourrir de la lumière de la raison, pour éclairer et le monde, et leur foi. Il y a même alors un moment rationaliste, nous dit l’historien Nicolas Weill-Parot : les savants pensent, par la raison, pouvoir tout expliquer. Dans ce numéro, nous avons souhaité nous couler dans l’esprit d’un savant médiéval, avide de toutes les connaissances de son temps : biologie, physique, astronomie, alchimie, et même magie… Sa pratique de la science nous semble étrange. Il ne réalise pas d’expériences, ignore les mesures, semble se complaire dans une science de parchemin tirée des Anciens… Car penser, alors, c’est lire.
Gare au poncif : "on n’est pas au Moyen Âge !"
Mais surtout parler ! À l’infini, maîtres et étudiants dissèquent le moindre problème, exposent leurs arguments logiques. Un échange incessant qui peu à peu met en place les prémisses de la science moderne. Et ne se limite pas aux murs de la ville. De part et d’autre de la Méditerranée, juifs, musulmans ou chrétiens échangent, unis par la passion d’une science féconde et ouverte, universelle.
Gageons qu’aujourd’hui où la science est attaquée de toute part, il s’en trouvera certains pour assener le poncif : "Il faut défendre la science, quand même, on n’est pas au Moyen Âge !" On pourra leur rétorquer que partir sur les traces de la science médiévale, c’est revenir à une période d’intense confiance en l’humain, en la vie et en la raison. Ne serait-ce que pour cette raison – mais il y en a tant d’autres ! – l’étudier est une nécessité.
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