Titre : | Oeuvres complètes : L'ancre de miséricorde - Le quai des brumes | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Pierre Mac Orlan (1883-1970), Auteur ; Raymond Queneau, Préfacier, etc. ; Gilbert Sigaux, Collaborateur | Editeur : | Cercle du Bibliophile | Importance : | 395 p. | Format : | 21 cm | Langues : | Français (fre) | Catégories : | Littérature française
| Index. décimale : | 821.133.1(493) Littérature française de Belgique. Littérature belge d'expression française | Résumé : | L'ancre de miséricorde
Brest au mitan du XVIIIe siècle : époque de tous les plaisirs, de tous les commerces, de toutes les guerres. Yves-Marie Morgat, gamin encore mais déjà reluqué par les filles, fait pour l’heure comme la rade qui l’a vu naître : il ouvre la bouche (et les yeux) vers l’horizon de l’ouest, celui de l’aventure. C’est qu’il en a entendu, le morveux, caché derrière le comptoir du père Morgat, fournisseur de la Marine tenant boutique rue de Siam, à l’enseigne de l’Ancre de Miséricorde (l’ancre qu’on garde à fond de cale dans l’attente du jour où, ayant laissé toutes les autres par le fond, sonne pour l‘équipage l’heure de jouer son va-tout). L’aventure, il l’a tétée, dès l’instant où il s’est détourné du sein de sa nourrice, c’est dire. Car on en conte de belles, sur le plancher du père Morgat. Mais entre ce qui se dit et ce qui se fait… « Petit-Morgat », au long de ces deux cents pages débarrassées de toute graisse, va prendre cette mesure, justement ; et apprendre à distinguer, l’un suivant l’autre, ce à quoi l’on peut rêver de ce qu’il est permis de faire. Il est sûr que Jean de la Sorgue (dans l’argot des voleurs : Jean de la Nuit), pensionnaire au « Grand collège » (c’est le nom du bagne local), n’est pas un forçat comme les autres, et que si sa jambe a traîné longtemps le boulet d’infamie, ce fut à la suite d’une de ces erreurs dont la justice des hommes, même celle des rois, est tristement coutumière. Il est non moins sûr, et cela « Petit-Morgat » mettra du temps à le saisir, que ce diable de Jean a fréquenté en ses belles années de drôles de chrétiens : des aventuriers, comme il fait bon de dire, jusqu’à le devenir un peu à son tour, et même beaucoup. Or le propre des aventuriers (ce qui est façon de parler) est de finir au bout d’une corde : et cela n’a jamais fait rêver personne. « Petit-Morgat » aura sa vie pour méditer la leçon, pour en remâcher l’amertume (les poètes diraient la nostalgie).
Quai des brumes
C'est la seule femme dans cette salle dont la chevelure ne soit pas coupée sur la nuque... L'odeur secrète du dancing, comme celle de l'année 1919, est encore l'odeur doucereuse et fade du sang. Nelly est belle, d'une beauté nettement parisienne. C'est vraiment une fille de la rue élevée au grand pouvoir. La bouche est une bouche pâle de la rue, et les yeux, durs et gris, ont pris leur éclat définitif dans un autre décor que celui-là. (Babelio) |
Oeuvres complètes : L'ancre de miséricorde - Le quai des brumes [texte imprimé] / Pierre Mac Orlan (1883-1970), Auteur ; Raymond Queneau, Préfacier, etc. ; Gilbert Sigaux, Collaborateur . - [S.l.] : Cercle du Bibliophile, [s.d.] . - 395 p. ; 21 cm. Langues : Français ( fre) Catégories : | Littérature française
| Index. décimale : | 821.133.1(493) Littérature française de Belgique. Littérature belge d'expression française | Résumé : | L'ancre de miséricorde
Brest au mitan du XVIIIe siècle : époque de tous les plaisirs, de tous les commerces, de toutes les guerres. Yves-Marie Morgat, gamin encore mais déjà reluqué par les filles, fait pour l’heure comme la rade qui l’a vu naître : il ouvre la bouche (et les yeux) vers l’horizon de l’ouest, celui de l’aventure. C’est qu’il en a entendu, le morveux, caché derrière le comptoir du père Morgat, fournisseur de la Marine tenant boutique rue de Siam, à l’enseigne de l’Ancre de Miséricorde (l’ancre qu’on garde à fond de cale dans l’attente du jour où, ayant laissé toutes les autres par le fond, sonne pour l‘équipage l’heure de jouer son va-tout). L’aventure, il l’a tétée, dès l’instant où il s’est détourné du sein de sa nourrice, c’est dire. Car on en conte de belles, sur le plancher du père Morgat. Mais entre ce qui se dit et ce qui se fait… « Petit-Morgat », au long de ces deux cents pages débarrassées de toute graisse, va prendre cette mesure, justement ; et apprendre à distinguer, l’un suivant l’autre, ce à quoi l’on peut rêver de ce qu’il est permis de faire. Il est sûr que Jean de la Sorgue (dans l’argot des voleurs : Jean de la Nuit), pensionnaire au « Grand collège » (c’est le nom du bagne local), n’est pas un forçat comme les autres, et que si sa jambe a traîné longtemps le boulet d’infamie, ce fut à la suite d’une de ces erreurs dont la justice des hommes, même celle des rois, est tristement coutumière. Il est non moins sûr, et cela « Petit-Morgat » mettra du temps à le saisir, que ce diable de Jean a fréquenté en ses belles années de drôles de chrétiens : des aventuriers, comme il fait bon de dire, jusqu’à le devenir un peu à son tour, et même beaucoup. Or le propre des aventuriers (ce qui est façon de parler) est de finir au bout d’une corde : et cela n’a jamais fait rêver personne. « Petit-Morgat » aura sa vie pour méditer la leçon, pour en remâcher l’amertume (les poètes diraient la nostalgie).
Quai des brumes
C'est la seule femme dans cette salle dont la chevelure ne soit pas coupée sur la nuque... L'odeur secrète du dancing, comme celle de l'année 1919, est encore l'odeur doucereuse et fade du sang. Nelly est belle, d'une beauté nettement parisienne. C'est vraiment une fille de la rue élevée au grand pouvoir. La bouche est une bouche pâle de la rue, et les yeux, durs et gris, ont pris leur éclat définitif dans un autre décor que celui-là. (Babelio) |
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